Chapitre 4
J'adorai la gym. J'adorai faire des figures et plier mon dos dans un sens puis dans l'autre comme si j'étais un chewing-gum. Le seul soucis était de garder une vitesse humaine pendant que je faisais tout cela. J'avais traîné à aller me changer quand la cloche a retenti et je fus la dernière à sortir des vestiaires. Je me rendis compte que le gymnase était vide en dehors de moi et du lycan qui attisait tous mes fantasmes. Il ne m'avait pas vue, il me tournait le dos et lança le ballon qu'il tenait pour l'envoyer dans le grand panier à ballons. Quand il fit demi-tour, il me repéra et vit que je le fixai, je n'avais pas bougé, coincée dans l'encadrement de la porte qui séparait le gymnase des vestiaires des filles.
Il s'approcha de moi en silence et s'arrêta devant moi. Je n'arrivais pas à me sentir en danger parce que mes hormones me faisait me sentir autrement. Cet homme était beaucoup trop dangereux pour moi. Pas seulement parce qu'il pouvait me tuer d'une morsure. J'allai mourir s'il ne se décidait pas à me courtiser, je voulais bien mettre le combat de côté et passer directement au sexe avec lui.
« Qui est l'homme avec qui tu faisais les courses, l'autre jour ? Me demanda-t-il.
Il avait le don pour calmer mes ardeurs.
« Edward, répondis-je. Mon père adoptif, il s'occupe de moi depuis quelques temps.
Il hocha la tête. Leva sa main pour la poser sur ma joue, sa main vibrait toujours et je voulus apprécier le contact mais les paroles d'Edward me revinrent en mémoire, je me reculai.
« Non. Dis-je trop abruptement.
Il laissa redescendre sa main. Me fixant d'un regard devenu impassible.
« Edward m'a dit que tu ne chercherais pas à m'approcher, si je le voulais pas. Parce que je suis... humaine... et toi, non.
Il parut blessé mais mon mensonge était passé.
« J'y serai obligé, en effet, confirma-t-il. Ça fait partie de nos lois parce qu'on doit également respecter les vôtres. Vous n'avez pas les mêmes codes que nous.
J'essayai de ne pas trop inspirer, parce que j'allai lui sauter dessus.
« Es-tu sûre de ne pas le vouloir ? S'enquit-il arquant un sourcil.
Je hochai la tête.
« Je sais que tu mens, affirma-t-il d'une voix plus rauque. Mais soit, ce sont tes paroles qui comptent et non ton corps. Je ne t'approcherai pas.
Il s'en alla après ces mots et je fus déçue qu'il n'aie pas écouté mon corps, plutôt. Je décidai de passer la récré assise contre le mur du gymnase.
Après le déjeuner, j'avais histoire et donc j'allai devoir calmer mes hormones pour maintenir ce qu'il me restait de volonté. Heureusement, je n'aurais qu'à me focaliser sur les questions du contrôle et non sur sa voix. Je n'aurais même pas à lever les yeux sur lui. Quand il entra, j'étais déjà assise et je m'obstinai à ne jamais le regarder. Pendant que je répondais aux questions, je sentis plusieurs fois son regard sur moi sans avoir besoin de vérifier qu'il me regardait vraiment. Edward avait peut-être raison, ça serait plus simple de me faire changer de lycée. La semaine passa et Mr Riverson ne m'avait plus approchée ni même adressé la parole.
Au lieu de faire mes devoirs dans ma chambre, je me faisais tourner sur ma chaise de bureau. Ma chambre était composée de mon lit double, collé au mur, d'une grande armoire et de mon bureau.
Je n'arrivai pas à penser à autre chose qu'à monsieur saucisses-lentilles. Il n'avait sérieusement pas l'air d'avoir envie de me tuer mais peut-être que son loup le voulait et qu'il luttait contre lui pour ne pas le faire ? C'était peut-être cette lutte qui le faisait vibrer ?
Il savait que j'avais des pensées peu avouables à son sujet puisqu'il avait su que je lui mentais en lui disant que je ne voulais pas qu'il m'approche. Puis il m'avait quand même empêcher de lui sauter dessus pendant qu'il m'avait prise à part, le premier jour.
Je pensai vaguement à me prendre un substitut pour calmer mes ardeurs mais je savais que l'homme que j'aurais choisi n'allait jamais réussir à obtenir quoique ce soit. D'autres avaient déjà essayé sans réussir alors que je n'avais même pas cette explosion de désirs à propos d'un autre.
Edward toqua à ma porte, l'ouvrit et s'arrêta à moitié dans le salon à moitié dans ma chambre. Il me découvrit en train de tournoyer, j'arrêtai le fauteuil en posant mes pieds au sol.
« Du mal à te concentrer ? Me demanda-t-il.
Je hochai la tête.
« Viens, on va faire un tour, fit-il avec un mouvement de tête. On ne va pas rester tout le week-end enfermés.
Nous sortîmes tandis que la nuit avait déjà bien débuté et nous nous baladions dans Chicago sans but précis. Edward m'apprit qu'il avait trouvé du travail dans une boite de nuit à la mode. Il allait être barman, je lui demandai si j'allais pouvoir lui rendre visite mais il me dit que la boite était aussi fréquentée par les lycans. Il me donna tout de même son accord en voyant mon air renfrogné, en me faisant promettre de faire attention et seulement si je m'étais nourrie récemment.
Il parla beaucoup et je l'écoutai. Jusqu'à ce qu'une odeur me parvienne. Une odeur de sang si alléchante que j'eus du mal à rester sur place et ne pas me précipiter dessus pour l'obtenir. Edward s'arrêta très vite après moi et me fit face.
« Qu'y a-t-il ?
« Quelqu'un saigne, lui appris-je. J'ai du mal à résister, ça sent vraiment bon.
« On s'éloigne, m'invectiva-t-il en me prenant par le bras mais je ne bougeai pas.
« Jamie, il faut y aller.
J'étais bloquée, occupée à calculer où était ma proie et si j'allai réussir à m'échapper d'Edward pour assouvir ma soif. Un bras se colla à ma bouche et n'eut pas besoin de faire pression pour que je le morde et en aspire le sang. Je le maintins contre ma bouche et grondai sur Edward pour qu'il ne me retire pas ma proie. Même si ma proie était son bras. Il ne fit rien de cela et me laissa me nourrir. Je le sentais bouger et devinai qu'il regardait si quelqu'un pouvait nous voir. Je relâchai finalement son bras et essuyai la goutte de sang qui perlait sur mon menton.
« Ça va mieux ? S'enquit-il.
Je hochai la tête et je remarquai alors l'odeur qui accompagnait le sang.
« Il faut que j'y aille.
« Jamie ! Gronda-t-il.
« L'humain qui saigne se fait mordre par un vampire, je le sens lui aussi.
Edward écarquilla les yeux.
« C'est trop tard, souffla-t-il. Si tu interviens, le vampire ne va pas le tuer et il va se transformer.
« Sauf si j'aspire le venin à travers sa morsure.
« Tu peux faire ça sans le tuer ?
« Je peux au moins essayer.
« Attends qu'il perde connaissance avant d'intervenir.
Je hochai la tête et escaladai l'immeuble en vitesse puis sautai sur quelques toits pour arriver au-dessus de l'impasse où le vampire se nourrissait d'une jeune femme. Elle était encore consciente mais plus pour longtemps. Quand elle ferma les yeux et devint molle entre les mains du vampire, je me laissai tomber du toit derrière le vampire et l'agrippai. Il lâcha sa proie pour m'attaquer en retour mais je le propulsai contre l'immeuble opposé. Cela provoqua des fissures sur le mur et il grondait en position d'attaque à mon encontre. J'étais exactement dans le même état que lui. Il sembla hésiter à m'attaquer et je me demandai si c'était parce qu'il avait remarqué que je n'avais pas l'odeur d'un vampire. Il m'attaqua finalement à pleine vitesse, j'esquivai facilement son attaque et me plaçai derrière lui pour lui tordre le cou. Il s'écroula au sol comme un vampire mort. Ce qu'il était.
Mon côté humain était une faiblesse, selon mon père, il m'avait donc appris à me battre contre les autres vampires. Ce fut à ce moment qu'Edward apparut dans la ruelle et me découvrit debout devant un cadavre que j'avais moi-même tué. Il tourna sa tête vers la jeune femme, tombée au sol plus tôt. Elle était inconsciente mais ses muscles se contractaient au niveau de son cou et de son épaule, signe que le venin agissait.
« Tu vas pouvoir le faire ? S'enquit Edward.
Comme j'avais les yeux fixé sur le sang qui s'écoulait de sa blessure, je n'avais pas gardé le contrôle de moi-même et mon instinct commençait à se réveiller, de nouveau.
« Jamie ! Gronda-t-il en se relevant pour me faire face.
Ma gorge me démangeait atrocement mais je venais de me nourrir alors je n'étais pas en total perte de contrôle. Je levai la main devant moi pour signifier à Edward que je pouvais le faire, je ne pouvais tout simplement pas parler avec ma gorge devenue asséchée. Ma bouche produisit plus de salive pour compenser, signe que tout mon corps savait que j'étais sur le point d'avaler du sang.
Je m'approchai de la fille et m'accroupis à ses côtés, je la redressai et je vis les muscles du haut de son bras commencer à se contracter, le venin s'étendait. Je calquai ma mâchoire à la morsure infligée par le vampire croquai et aspirait le sang contaminé par le venin. Cette fille n'était pas en train de se transformer. C'était un lycan, les soubresauts de ses muscles n'étaient pas dû à la transformation mais à la toxicité du venin sur les lycans. Edward s'agitait derrière moi et me demandait d'arrêter mais il ne fallait laisser aucune goutte de venin. Une faible quantité n'allait pas la tuer mais ça lui ferait passer pas mal de mauvais jours.
Je me détachai du cou de la fille et croquai mon poignet et lui fit avaler un peu de mon sang pour qu'elle guérisse plus vite qu'elle ne l'aurait fait sans ça. Je la reposai au sol assez délicatement et me redressai. J'ouvris la bouche et mes paroles ne sortirent pas en voyant Edward se figer. Il se passait quelque-chose.
« Sauve-toi, murmura-t-il.
Je ne pris pas le temps de demander pourquoi et me servis des rebords de fenêtre pour atteindre le toit de l'immeuble et me cacher. J'entendis un grognement et m'autorisai à jeter un œil en restant le moins au bord du toit possible. Un groupe de trois hommes avaient rejoints Edward. Celui qui était le plus proche d'Edward était monsieur saucisses-lentilles et de là où j'étais, j'avais l'impression qu'il était sur le point de sauter à la gorge d'Edward. Ce dernier prit une posture qui indiquait qu'il n'allait pas attaquer et attendit que le grognement de mon prof cesse pour expliquer la situation. Edward lui fit croire qu'il avait senti le vampire, qu'il l'avait traqué et qu'il l'avait tué. Riverson s'est penché sur la fille et a regardé la blessure, il a demandé ce qu'il avait fait pour que Sarah – la victime du vampire – ne soit pas sous la douleur du venin et il dit un mot au sujet de la plaie qui s'était déjà refermée. Edward ne savait pas comment répondre à ça.
« Tu es un guérisseur ? S'enquit Riverson.
« Pas exactement, répondit Edward, un peu piégé.
Il ne pouvait pas dire que son pouvoir de guérisseur se trouvait être une demi-vampire.
« Morgan Riverson, se présenta mon prof en levant sa main devant Edward. Fils d'Alistair, l'alpha des Darkrivers.
Edward m'avait expliqué que c'était un signe de confiance, chez les lycans. Il ne serrait la main qu'à ceux en qui ils avaient confiance. Edward prit la main de Morgan saucisses-lentilles Riverson et se présenta lui aussi sans donner le nom de sa meute, vu qu'il n'en avait pas. Deux femmes arrivèrent derrière Morgan et ses sbires. L'une d'elle se précipita vers la victime et l'autre resta un peu en arrière de Morgan.
Au bout de quelques secondes, je me rendis compte qu'Edward et elle ne bougeaient plus trop et se regardaient fixement. Je le réalisai parce que la tête de Morgan faisait des allers-retours entre eux deux. Ça me rappela le moment que j'avais eu avec lui au magasin et me demandai s'il arrivait la même chose à Edward et la fille.
« Mike, Ben, emmenez Sarah à la voiture avec Jessica. Bella, tu as cinq minutes.
L'un des sbires de Morgan prit la victime dans ses bras les autres le suivirent. Morgan lança un regard qui me sembla être un avertissement à Edward et répéta « cinq minutes », il sortit une boîte d'allumettes, en craqua une et la balança sur le vampire. Le corps s'enflamma directement, puis il s'en alla lui aussi, laissant Edward et Bella seuls. J'ignorai que les vampires flambaient.
« Tu es donc Bella, fit Edward, rompant le silence entre les deux.
Bella sourit et hocha la tête, avec timidité.
« Edward, se présenta-t-il.
Il lui caressa la joue et elle leva des yeux brillants vers lui. Bordel, ils allaient probablement s'accoupler. Au lieu de ça, Bella fouilla sa poche et en sortit un téléphone, elle appuya dessus quelques fois et le tendit à Edward qui le prit et devait être en train d'y inscrire son numéro. Puis j'entendis la sonnerie d'Edward pendant une seconde avant qu'il ne raccroche sur le téléphone de Bella. Elle se colla à lui et posa ses lèvres sur sa joue, lui, il enfonça son nez dans son cou puis elle se recula, lui sourit et fit un pas pour s'en aller mais Edward l'agrippa et la maintint contre lui avant de se jeter sur sa bouche pour l'embrasser. Baiser auquel elle répondit, succombant totalement aux charmes d'Edward. Il finit par la relâcher et elle s'en alla non sans lui adresser un sourire séducteur. Edward l'avait facilement obtenue et je me demandai s'il obtiendrait plus aussi facilement.
Edward resta planter là, songeur. J'attendis d'être sûre que les lycans soient partis pour me laisser retomber
« C'était quoi, ça ? Lui demandai-je.
Chez les vampires, les hommes n'obtenaient pas si facilement les femmes et les femmes, pas si facilement les hommes. Quand l'un ou l'autre succombait aux charmes de l'un ou l'autre, il y avait tout un système de séduction mis en place pour mettre l'autre en condition puis un combat de domination suivait. Le gagnant décidait s'il y aurait suite ou non.
Il tourna son regard vers moi.
« Je viens de rencontrer ma compagne.
Ceci expliquant cela. Il jeta un œil au vampire qui venait de finir de flamber et dont il ne restait que poussière et me fit signe qu'on y allait.
« Elle t'a laissé l'embrasser facilement et, toi aussi, l'accusai-je. Quelque-chose cloche chez vous.
Il me sourit tandis que nous marchions de nouveau dans les rues de Chicago.
« Parce qu'elle est ma compagne et moi son compagnon, les choses se font instantanément.
« Mais comment allez-vous décider de qui va avoir le dessus sur l'autre ?
« Nos caractères respectifs. Chez les lycans, il y a les dominants, les neutres et les soumis. Je suis dominant, elle est neutre.
« Soumis ? Genre, menottes et fouet ?
Il rit.
« Pas du tout, on ne fait pas de mal aux soumis, on en prend soin. Ça ne ressemble pas aux trucs BDSM de certains humains.
Il rit de nouveau, sans doute en pensant à cela.
« D'ailleurs, comment ça se passe, chez les vampires ? Que vous soyez compagnons ou non.
« Ben, quand un vampire, mâle ou femelle, a envie de coucher avec un autre vampire, mâle ou femelle, compagnons ou pas, cela n'a pas d'importance, il entre d'abord dans une phase de séduction, l'autre vampire sait alors ce que le premier veut de lui ou d'elle. Puis ils se combattent pour établir qui domine l'autre et le gagnant décide s'ils couchent ensemble ou pas. Sachant que l'instigateur de cette séduction peut tout à fait avoir changé d'avis à la fin, s'il gagne. Parfois parce qu'il n'a plus envie ou par plaisir de laisser l'autre dans une grande frustration même si du coup, ça le frustre lui aussi.
« Je vois.
« Par contre, la seule chose qui diffère de deux vampires lambdas, c'est qu'après la première fois, les compagnons n'ont plus à lutter pour établir qui domine l'autre, cela reste établi depuis la première lutte de pouvoir même si ça n'empêche pas d'essayer, ils ré-essayent juste parce que c'est excitant, ils savent qu'ils ne pourront pas obtenir le dessus ensuite. Les non-compagnons doivent établir la dominance avant chaque accouplement.
« Ça t'es déjà arrivé ? S'enquit-il alors que nous entrions dans le square où nous habitions.
« De me faire courtiser ? Ouais mais ils ont jamais réussi à m'obtenir, j'aime bien la lutte pour le pouvoir mais la suite m'intéresse pas plus que ça et je n'ai pas encore perdu à ce jeu, souris-je. Cela dit, il y en a un qui retente souvent sa chance.
James, le blond sexy aux cheveux longs. J'avais bien failli flancher et le laisser gagner une fois mais en voyant que j'étais sur le point de perdre, il avait eu son petit air de fierté qui avait titillé mon propre égo et j'avais repris le dessus. Je pourrais bien laisser un autre mâle sexy m'obtenir, s'il voulait. Je soupirai en me rendant compte que ça n'arriverait jamais. Je ne pouvais pas laisser le lycan sexy m'approcher et il n'avait pas l'air de vouloir me désobéir. Je pensais que les alphas n'aimaient pas obéir.
Edward me jeta un œil, alerté par mon soupir j'imagine, mais ne dit rien tandis qu'il posa son badge pour ouvrir la porte de notre immeuble.
