Chapitre 6

Première heure de cours de la semaine et donc... cours de maths. Morgan nous distribuait des feuilles pour l'exercice que nous devions faire sans calculatrice sur le chapitre que nous avions vu vendredi dernier. Ayant eu les explications et connaissant mes tables de multiplications et d'additions par cœur, j'étais totalement confiante pour résoudre les différents problèmes qu'il allait y avoir. Ça allait être facile. Je n'avais toujours pas lancé un seul regard vers mon prof sexy et je pense qu'Edward pouvait être fier de moi.

Mon téléphone vibra dans ma poche alors que je résolvais le second problème. Je le sortis, c'était James.

Où tu te caches ?

Tu crois vraiment que tu vas m'échapper ?

Tu sais que je vais te retrouver, que tu me fuis ou pas !.

Je souris et glissai mon tel dans ma poche de nouveau, sans répondre. J'allai le laisser mijoter un peu avant de, peut-être, lui dire que je n'étais plus à Seattle. De nouveau une vibration.

Jamie... plus tu me feras attendre plus ce sera violent

hâte de te coincer contre un arbre ou tout ce que je

trouverai d'assez solide pour ce que j'ai prévu pour toi

tu n'y échapperas pas cette fois, crois-moi.

Je laissai un rire silencieux m'échapper. La façon qu'avait James de me courtiser m'amusait toujours même s'il savait que jamais il n'allait réussir à me battre pendant la lutte de pouvoir.

« Jamie ! Gronda le prof.

Je calai mon regard au sien, ce qui ruina tous mes efforts pour ne pas le regarder, mon téléphone toujours en main, mon sourire totalement disparu. Il me fit signe de venir, je me levai et m'arrêtai face à son bureau. Il n'avait pas l'air très content.

« Ce n'est pas parce que ce n'est pas noté que tu as le droit de tricher.

Je baissai mon regard sur mes mains qui tenait mon appareil et les remontai vers lui.

« Je triche pas, lui indiquai-je.

Il me tendit la main, j'y déposai mon téléphone. Le mouvement déverrouilla la mise en veille de l'appareil et il ne se gêna pas pour lire. Son visage se durcit tandis que ses mâchoires se contractaient, je voyais clairement les muscles de celles-ci se durcir.

« Viens me chercher dans la salle des profs après les cours, ce soir, m'ordonna-t-il plutôt sèchement.

Je tendis mon bras pour récupérer mon portable mais il l'éloigna et le posa sur son bureau avec un regard réprobateur.

À la fin des cours, j'allai donc frapper à la porte en question. Le prof de sport des terminales m'ouvrit et me demanda ce que je voulais.

« Mr Riverson m'a demandé de venir le voir, répondis-je.

Morgan qui avait entendu s'était levé et sortit de la salle en me demandant de le suivre. Il me fit entrer dans une pièce, faiblement décorée au centre de laquelle se trouvait un bureau, deux chaises face à celui-ci et un fauteuil de l'autre côté. Il y avait un ordinateur de biais dans le coin du bureau et derrière des étagères de rangement avec tout plein de dossiers. Morgan me fit m'asseoir sur l'une des chaises et s'assit sur le fauteuil, face à moi.

« Ton père ne devrait pas tarder.

« Tu l'as appelé ? M'enquis-je.

Il hocha la tête.

« Juste parce que j'utilisai mon tel en cours ? Tu aurais pu mettre un mot dans le carnet de correspondance.

« C'est à moi de juger si oui ou non cela nécessite un rendez-vous avec ton père, Jamie, gronda-t-il. Tu ne sembles pas vraiment réaliser la gravité de la situation.

Il fronça les sourcils.

« C'est si grave que ça ? J'ai juste lu des sms, j'y ai même pas répondu.

Il ressemblait à quelqu'un qui se demandait si j'étais stupide.

« Je parle de ce qu'il y a d'écrit dans ces messages, expliqua-t-il.

Oh...

« Quel est le problème ? Demandai-je, dans l'incompréhension.

« Jamie, ce sont des menaces de viol, que tu as reçu.

Ah. Évidemment. Il pensait que j'étais humaine. Cela ressemblait exactement à cela chez les humains. Chez les vampires, c'était une parade nuptiale comme une autre.

« Euh... » fut tout ce que je pus répondre.

Je ne pouvais pas vraiment lui expliquer sans lui annoncer de but en blanc que j'étais un vampire et que si j'avais pas envie de coucher avec James, il me suffisait simplement de gagner et de ne pas coucher avec James. Et que perdre m'aurait, de toute façon, donné envie de le faire. On se cassait pas la tête, nous, notre instinct faisait tout le boulot.

Quelqu'un frappa à la porte, Morgan émit un « oui » et la porte s'ouvrit. Je me tournai et vit la moitié de la secrétaire apparaître.

« Mr Cullen est arrivé, dit-elle d'une voix mielleuse.

« Faites-le entrer, l'invectiva-t-il.

Elle hocha la tête et disparut tout en laissant la porte ouverte.

« Mr Cullen, fit-elle la voix tout aussi mielleuse.

Edward entra et me lança un regard lourd de reproches. Je ne savais pas si c'était parce qu'il avait été tenu au courant du contenu des messages, si c'était parce que j'avais sorti mon tel en cours ou si c'était parce que je ne m'étais pas si bien tenue éloignée de Mr saucisses-lentilles. Je me demandai si Edward allait réussir à trouver une meilleure excuse que « euh » face à Morgan. Ils se serrèrent la main et Edward prit place quand Morgan le lui demanda.

« Qu'a-t-elle fait ? Demanda Edward directement.

Je fus outrée par le fait qu'il aie directement pensé que j'avais fait quelque-chose. Je n'avais pas fait quelque-chose, j'avais reçu quelque-chose.

« Jamie a sorti son téléphone en cours pendant un exercice, j'ai d'abord cru qu'elle trichait mais ce que j'ai découvert sur son portable vaut toute ton attention et la mienne.

Il lui tendit mon portable, quand il se déverrouilla par le mouvement produit par l'échange, il était toujours sur les sms de James. Edward lut les sms et prit un air sérieux en le posant sur le bureau face à lui. Je me demandai bien ce qu'il allait dire. Je n'étais pas vraiment entré dans les détails sur les différentes manières que nous avions de nous séduire aussi peut-être que cela ne lui semblait pas aussi normal qu'à moi.

« Ta fille ne semble pas réaliser la gravité de ces messages, reprit Morgan d'une voix sévère alors qu'Edward semblait réfléchir à quoi répondre.

Soit Edward n'avait pas compris que James me courtisait et il cherchait un moyen de me sauver soit il ne savait pas comment expliquer que les choses n'étaient pas graves.

« Si ce James est humain, continua Morgan, il a clairement l'intention de la violer, s'il ne l'est pas, il ne prend pas en compte qu'elle est humaine et cela restera un viol.

Et bien, je n'étais pas humaine, Edward le savait mais pas Morgan. Cela n'allait probablement pas être drôle.

« Je vais faire le nécessaire, fit Edward avec sévérité. Je n'arrive simplement pas à le croire. Au moins, elle est loin de Seattle maintenant.

« Ta meute est-elle encline à la protéger, même si elle est humaine ? S'enquit Morgan avec intérêt. D'ailleurs, quelle est ta meute ?

Edward devint blême mais je ne savais pas pourquoi. Il n'y avait rien de mal à être solitaire, d'après ce que j'avais compris.

« Je n'ai pas de meute, je suis solitaire.

Un grondement sortit de la gorge de Morgan mais il se calma vite.

« Alistair le sait-il ? Bella l'en a-t-elle informé ?

« Elle m'a dit qu'elle lui dirait en rentrant, ce matin.

Il hocha la tête.

« Il ne sera pas d'accord à la laisser emménager chez toi et tu comprendras que je ne serai pas d'accord à laisser Jamie sous ta seule protection.

Edward avala sa salive et je m'agitai soudainement sur ma chaise. La direction que prenait les choses n'étaient pas bonnes. Mais de toute façon, son accord n'était pas important ? Il était juste mon prof.

« Jamie ne peut pas... intégrer ta meute, répondit Edward avec précaution.

Morgan fronça les sourcils et gronda de nouveau. Edward se redressa, signe qu'il n'allait pas se soumettre pour que Morgan obtienne raison.

« Je sais que si elle ne veut pas que je l'approche est entièrement dû au fait que tu ne veux pas que je le fasses. Je peux comprendre et l'admettre mais il est absolument hors de question qu'elle ne soit pas sous la protection de ma meute. Les humains se défendent aussi mal que les soumis et tu le sais. La police humaine ne pourra rien si James n'est pas humain et quand bien même le serait-il, elle doit intégrer ma meute.

« N'ai-je pas mon mot à dire là-dedans ? Fis-je avec véhémence.

Ils semblèrent remarquer que j'étais toujours là et tournèrent la tête vers moi.

« Non, trancha Morgan.

« Comment ça, non ?! Me rebiffai-je. Tu ne peux pas décider pour moi où je vais vivre.

« Si, parce que tu es ma compagne.

Le dernier mot arrêta toute protestation de ma part. Quoi ?

« Quoi ?!

Morgan lança un regard interrogateur à mon encontre.

« Tu ne le savais pas ? Me demanda-t-il doucement, sous l'incompréhension.

Il leva un regard furieux sur Edward, gronda et se leva avec hostilité. Edward se leva immédiatement et prit un air hostile lui aussi, en réponse.

« Tu lui as ordonné de me dire de ne pas l'approcher sans lui expliquer qui j'étais ?!

Edward resta d'abord impassible, sembla peser le pour et le contre et décida de détendre ses muscles, signe de soumission. Il leva les mains devant lui, signe qu'il ne voulait pas de combat contre Morgan pour obtenir ce qu'il voulait obtenir – le fait que je n'intègre pas la meute de Morgan, en somme.

« Elle est humaine, cela la dépasse.

« Ce n'est pas une raison, tu es un lycan et son père adoptif, tu avais le devoir de lui expliquer. Tu savais ce que j'étais pour elle.

« Tu savais ? M'étranglai-je en regardant Edward.

J'étais blessée qu'il ne me l'aie pas dit. Il se rassit doucement, ne voulant pas montrer un signe d'hostilité contre Morgan qui était toujours sur le point de bondir sur lui. Edward me fit face, hésita puis :

« Oui, je le savais, je l'ai senti quand vous vous regardiez, dans le magasin et dans ta manière de... rester focaliser sur tes pensées.

« Mais... mais... pourquoi son loup veut me faire du mal alors ?

J'étais vraiment intéressée. Morgan grogna rageusement, bondit par dessus le bureau, renversa Edward qui s'étala au sol. Morgan le surplombait, le maintenant par le cou fermement, il était prêt à le mordre, tous crocs sortis. Edward avait aussi sorti les crocs et je vis qu'il allait se défendre en le griffant au niveau de l'abdomen car sa main, dont les doigts se terminaient désormais par des griffes, s'éloignait de leurs corps, signe qu'il voulait prendre de l'élan pour le blesser suffisamment dans l'espoir de reprendre le dessus. Morgan dût sentir qu'il préparait quelque-chose car son grognement s'intensifia et ses crocs se rapprochaient de la jointure du cou et de l'épaule d'Edward. Edward le griffa mais Morgan ne recula pas, au contraire. Il planta ses crocs dans la chair d'Edward, celui-ci se débattit mais finit par ne plus bouger. Je crus tout d'abord qu'il était mort mais il s'était juste soumis pour ne plus que Morgan ne l'attaque. Ce dernier resta un moment au-dessus d'Edward puis se releva, relevant prestement Edward par le cou.

« Mais arrêtez, bordel.

« Ne t'en mêle pas, réussit à dire Edward d'une voix comprimée.

Morgan cogna sans retenu le corps d'Edward contre le mur.

« Tu lui as dit que je voulais lui faire du mal ? Grogna Morgan d'une voix plus rauque.

La voix de son loup.

« Je ne l'ai pas expressément dit mais ouais, je lui ai fait comprendre, je veux seulement la protéger.

Morgan grogna, réfléchissant sans doute à ce qu'Edward venait de dire. J'aurais peut-être dû attendre avant de lui demander des explications.

« J'aurais dû laisser mon loup te tuer, râla Morgan de sa voix d'humain.

Il relâcha Edward et je soupirai tout l'air que j'avais retenu depuis. Pas que j'ai réellement besoin de respirer. Morgan tourna le dos à Edward, signe qu'il n'avait absolument aucune crainte d'une éventuelle attaque de celui-ci et me fit face.

« Tu vas intégrer ma meute, m'indiqua-t-il sévèrement.

Je sus que ça ne servait à rien de protester.

« Je resterai loin de toi tant que tu ne m'auras pas donné de consigne contraire, ajouta-t-il.

Un vampire dans une meute de lycans. Ça n'allait pas être drôle. Personne n'aimait les vampires, encore moins les lycans.