Ses écouteurs visés sur les oreilles, il échauffa ses muscles une dernière fois. Il délia ses doigts, fit craquer ses poignets, inspira une dernière fois profondément et relâcha toute la pression. Yuuri avait appris à gérer son stress qui ne cessait de monter de minutes en minutes. La crise de panique, le guettait du coin de l'œil mais il ne pouvait pas se le permettre. Pas aujourd'hui. Dans la salle réservée aux patineurs et aux membres VIP, une entrée se fit remarquer bien plus que les autres. Victor venait à peine de passer le pas de la porte que déjà d'autres patineurs venaient vers lui pour le saluer.
Entendant cette agitation, Yuuri n'eut pas besoin de tourner la tête pour voir de quoi il s'agissait. Il se concentra sur la musique de son programme court pour mieux l'avoir dans la peau. Il avait découvert cette musique avec une des nombreuses connaissance de Phichit. Dès qu'il l'avait entendu, il en était tombé amoureux. Tout comme son programme libre, son inspiration fût sans bornes et Celestino dû le recadrer pour qu'il n'aille pas dans tous les sens. Ceux qui connaissaient Yuuri avaient bien compris que les paroles correspondaient avec ce qu'il ressentait à l'heure actuelle et que patinait été devenu son meilleur moyen de s'exprimer. Son point fort avait toujours été l'interprétation et malgré sa grande amélioration au niveau technique, son entraîneur lui avait fortement conseillé de jouer sur ça, surtout au début de la saison. Surprendre le public mais surtout les juges était primordial dans ce genre de compétition.
Au moment où il ouvrit les yeux pour reprendre contact avec le monde qui l'entourait, il vit le patineur Suisse, Chris, qui parlait avec Victor avec engouement tout en s'échauffant ensemble. Leurs rires emplissaient la pièce et la rage de Yuuri en fit plus grande. Le Russe avait l'air d'aller parfaitement bien, et après tout ce temps Yuuri aurait aimé le voir anéanti autant qu'il avait été mais c'était Victor. L'inatteignable Victor dont on parlait. Le voir n'était vraiment pas bon pour lui, mais heureusement la sonnerie stridente annonçant l'heure des échauffements sur la glace le sauva.
« -Katsuki Yuuri from Japan! Nihon no Katsuki Yuuri!"
(Activez la musique du PC ici→ watch?v=JHt63PDc6Qc. C'est important pour vous mettre dans l'ambiance.)
Après avoir fait le tour de la piste, il se plaça au milieu et pris sa pose de départ, les deux mains posées en forme de croix sur sa poitrine et son regard levé vers le ciel. Les premières notes au violon se firent entendre et Yuuri bougea ses bras gracieusement avec elles. Les paroles en portugais avaient fasciné le japonais dès sa première écoute et il n'avait pu s'empêcher d'avoir les larmes aux yeux ressentant une profonde tristesse en l'écoutant. Son instinct avait eu juste parce qu'en regardant la traduction, il était sujet d'un amour à sens unique dont les paroles exprimaient à la perfection ce que Yuuri avait au plus profond de lui sans réellement se l'avouer. Il allait commencer à faire le deuil de ses sentiments pour Victor sur la glace et le monde entier lui en serait témoin.
Son haut de costume d'un vert émeraude était incrusté de strass discrets qui mettaient en valeur les traits du jeune patineur. La présence au long de ses bras de plumes qui flottaient dans l'air à chacun de ses mouvements. Si personne n'avait encore vu un ange jusqu'à présent, il était descendu pour eux sur la glace. Yuuri arborait une expression d'une tristesse angélique et ses traits se déformaient d'une souffrance qu'il avait du mal à supporter. Tout le stade fût captivé par ce spectacle presque irréel. Au moindre bras levé, à la moindre respiration, Yuuri emportait le public avec lui et lorsque le refrain arriva, c'était comme s'il flottait sur la glace. Il exécuta son triple axel mais il ne se réceptionna pas comme il aurait voulu, brisant presque la magie autour de lui. Il se rattrapa bien vite en se laissant de nouveau porter par ses émotions, ne laissant pas cette erreur le perturbait.
Lorsque les dernières notes au piano retentirent dans l'arène, Yuuri laissa sa respiration devenir plus lourde soulevant sa cage thoracique en des mouvements profonds. Ses joues devinrent légèrement rosés lui donnant l'air d'une poupée. Des acclamations ainsi qu'un tonnerre d'applaudissement se firent entendre. Des drapeaux de sa patrie se soulevèrent et son nom fût scandé en cœur. Il ramassa par politesse les bouquets de fleurs et les peluches qui tombaient en pagaille sur la piste. Il fit une profonde révérence et sortit. Celestino l'attendait tout sourire en lui tendant une serviette et un rafraîchissement. Puis, ils allèrent au Kiss-and-Cry avec un Yuuri pas entièrement satisfait de sa prestation, et lorsque les scores s'affichèrent, ce fût un certain déchirement qui s'opéra en lui. Il était classé quatrième, sa faute lors du triple axel lui avait coûté cher et l'avait légèrement déstabilisé par la suite, ce que l'œil expert des juges n'avait pas loupé malgré son haut score artistique. Celestino, le prit par les épaules en le rassurant, le but n'étant pas d'être premier mais d'être dans le top 3 à cette compétition. Il lui restait encore le programme libre de demain et il devait à tout prix s'arracher la troisième place.
Pour éviter de se mettre une pression supplémentaire0.
avant de passer, il n'avait pas regardé le programme de Victor étant trop occupé à se préparer pour le sien et voulant à tout prix ne pas être perturbé plus qu'il ne l'était déjà. Mais au vu des scores et à l'agitation qu'il y avait eu lorsqu'il le Russe était passé, Yuuri savait qu'il avait été formidable comme à son habitude. Pendant ses deux années, il n'avait plus regardé un seul concours de patinage, ne voulant pas être influencé et surtout ne voulant pas voir Victor qui lui manquait tant sur la glace.
Lorsqu'il put enfin rejoindre sa loge, il se laissa tomber sur le canapé, épuisé par les journalistes et leurs milles questions. Son choix de musique avait surpris et ému le public mais la question avait été pourquoi un tel choix et surtout à qui avait-il pensé quand il avait patiné ? D'une manière habile, il avait réussi à détourner ce genre de questions gênantes pour en dire plus sur son retour.
Son entraîneur, lui, était encore avec certains journalistes et s'occupaient de différents papiers pour la compétition. C'est pourquoi quand la porte s'ouvra, Yuuri ne prit pas la peine d'ouvrir ses yeux pensant que son coach avait enfin finis les tâches qui l'accommodaient. Il entendit un clic, signalant que la porte était à présent verrouillée. Le japonais ne se posa pas plus de questions et vu qu'il n'entendait pas la voix de Celestino lui parler dans son demi-sommeil, Yuuri pensa que ce dernier voulait le laisser tranquille avant le départ vers leur hôtel.
Délicatement, il sentit qu'on s'asseyait à sa droite. Nullement surpris, il n'ouvrit pas les yeux. C'est quand il sentit des doigts froids et doux se baladaient sur ses lèvres qu'il les ouvrit, paniqué. C'était loin d'être l'Italien aux cheveux longs qui se tenait en face de lui, mais Victor qui avait l'air autant surpris que lui. Le Japonais recula au fond du canapé.
« -Qu'est-ce que tu étais en train de faire ?! cracha-t-il à l'attention du Russe.
-R-rien ! Je ne voulais pas t'effrayer…Je suis désolé, répondit-il en essayant de s'approcher à nouveau. »
C'était peine perdu puisque Yuuri se leva et marcha à grande enjambée jusqu'à la porte, fuyant la scène qu'il venait de se passer. D'une vivacité son nom Victor l'arrêta lorsqu'il mis la main sur la poignée. Il plaqua une de ses mains sur la porte pour empêcher celle-ci de s'ouvrir et retînt de son autre main l'avant-bras de Yuuri.
« -Ne m'ignore pas s'il te plaît…supplia Victor d'une voix brisée. »
A cette supplication, il avait posé sa tête sur le haut du dos du Japonais. Celui-ci, ne répondit et ne bougea pas. Aucun son ne voulait sortir de sa gorge et aucune phrase cohérente ne lui venait à l'esprit. Le contact de Victor l'avait électrisé et l'empêchait de penser correctement. Cela faisait si longtemps. Face à son silence, Victor repris la parole :
« -Tu étais magnifique sur la glace…Personne ne pouvait détacher son regard de toi, tu les as tous charmés…souffla-t-il tout en laissant sa main glissait sur la hanche du plus jeune. »
Yuuri ne pût s'empêcher intérieurement de se maudire de réagir aussi intensément à son contact. Il avait envie de se retourner et de prendre Victor dans ses bras mais peu importe à quel point ses envies voulaient prendre le dessus, il n'en ferait rien. Sa colère, sa haine, sa tristesse réapparurent instantanément face à ce genre de pensées. Soulagé de pouvoir rassembler un peu d'ordre dans son esprit, il se dégagea de l'étreinte de l'homme qui a présent lui faisait face.
« -Qu'est-ce qui t'amènes Nikiforov ?»
Le regard de Victor passa de la tristesse à la surprise à nouveau en une fraction de seconde. Entendre son nom de famille dans la bouche de Yuuri ne lui était jamais arrivé et dans les coutumes japonaises, appelait quelqu'un par son nom était une forme de respect mais surtout une forme de montrer que les deux individus n'étaient pas proches, n'en déplaise à Victor qui arborait maintenant une expression indéchiffrable.
« -Rien. Je venais juste te féliciter.
-Très bien, c'est chose faite, tu peux partir dans ce cas, annonça le brun en jetant un coup d'œil vers la porte. »
Victor sembla hésiter un instant. Sans que Yuuri puisse anticiper quoi que ce soit, le blanc avait réduit l'espace entre eux et lui donnait un baiser des plus passionné. Ses mains encadraient le visage du Japonais et ses lèvres dévoraient celles en face de lui qui tremblaient face à la pression qu'on leurs infligeaient. Yuuri voulut se dégager mais sentant cela, les mains de Victor se plaquèrent dans son dos pour le ramener fermement contre lui. Sous un Victor aussi enflammé, il tremblait de passion et toutes ses résistances qu'il s'était forgé commencèrent à céder.
Face à un tel assaut, il ne pouvait résister et commença à répondre sans le vouloir. Leurs lèvres se cherchèrent et se dévorèrent sans aucune retenue. Haine et amour n'avaient jamais été aussi proches. Personne n'avait embrassé Yuuri de la sorte. Le seul baiser qu'il avait connu avait été donné, lui aussi par Victor mais pas de cette manière. En aucun cas à ce moment-là Yuuri avait senti un tel désir envers lui. Il plaqua ses mains contre le torse de Victor et les remonta le long de son cou. Ce geste fût suffisant pour que la tension entre eux augmente. Le Russe commença à insérer sa langue dans la bouche de Yuuri qui se laissa faire, à raison de lutter contre une telle chaleur qui l'envahissait. Dans le feu de l'action, leurs dents se cognèrent entre elles mais ce choc fût vite remplacé par un bal endiablé de leurs langues que Victor menait.
A bout de souffle, Victor rompu le contact entre leurs lèvres. Il laissa ses mains autour du visage du plus jeune et en dessina les contours avec ses doigts. Si on lui avait dit un jour que le grand Victor Nikiforov le regarderait ainsi, Yuuri ne l'aurait jamais cru. Ses yeux scrutaient le Japonais sans aucune retenue. Il y avait un éclair de bestialité dans son regard qui contrastait avec la douceur de ses gestes.
« -Yuuri…, murmura-t-il d'une voix rauque couplé à son accent.
-Pourquoi… ? susurra ce dernier.
-Моя любовь..., répondit-il dans sa langue natale. » (Mon amour…)
A ses mots, Yuuri écarquilla ses yeux. Même s'il n'avait pas compris le sens de ses mots, instinctivement il pût saisir que Victor avait prononcé de douces paroles à son intention. Il n'eut pas le temps de lui demander la traduction que le Russe replaqua ses lèvres sur les siennes reprenant là où ils s'étaient arrêtés. Un contact froid se fit sentir sous la veste de Yuuri qui voulait se mêler à la chaleur de sa peau brûlante. La main de Victor passa dans son dos, lui provoquant de délicieux frissons. Sans le vouloir, il s'arqua sous son contact et pressa son corps davantage à celui de Victor. Au moment, où la main du Russe allait descendre plus bas, on toqua.
« - Yuuri ? Réveille-toi s'il te plaît, le taxi nous attend pour l'hôtel, fit religieusement Celestino ne se doutant pas une seule seconde de ce qu'il pouvait se passer à l'intérieur. »
Yuuri se détacha aussi vite qu'il le pût de Victor mais celui-ci n'obtempéra pas totalement. Il garda Yuuri à l'intérieur de ses bras, resserrant son étreinte et faisant glisser ses lèvres le long de son cou. Avec tout le mal du monde il réussit à articuler :
« -J'-j'arrive, laisse-moi 5 minutes…
-Tout va bien ? demanda son entraîneur inquiet.
-O-oui oui !
-Bon, je t'attends devant l'entrée. »
Pendant ce temps, Victor n'avait pas cessé ses baisers au creux de son cou. Bien au contraire, il les avait accentués et commençait à mordiller sa chair. Reprenant ses esprits petit à petit et se rendant compte de la situation dans laquelle ils étaient, Yuuri prit par les cheveux Victor et lui fit face. Retrouvant son masque froid et placide, il chuchota :
« - Caches-toi et sort 10 minutes après moi. »
Le ton employé avait été dur et cela ramena Victor à la réalité puisqu'il se détacha de la poigne de Yuuri sans contrainte. Sans lui jeter un regard, le patineur Japonais rassembla ses affaires, mit un semblant d'ordre dans ses cheveux et essaya de calmer les battements erratiques de son cœur. Quand il vit son reflet dans le miroir, il ne pût s'empêcher de froncer ses sourcils. Ses lèvres rouges et gonflées, mettait son visage en valeur sans pour autant calmer la colère noire qui commençait à enfler en lui. Personne ne devait le voir comme ça. Alors il prit son masque en tissu qu'il avait toujours sur lui et se cacha derrière.
Yakov après avoir vu Yuuri sortir de la loge s'approcha d'un pas naturel de cette dernière. Il poussa délicatement la porte et dans la demi-pénombre qui régnait, l'entraîneur Russe poussa un profond soupir. Il regarda tout autour de lui et ne vît personne dans les alentours.
« -Vitya, je sais que tu es là. Tu peux sortir, il n'y a plus personne. »
Au fin fond de la pièce, une silhouette se dessina et avança vers Yakov.
« -Qu'est-ce que tu faisais avec lui ? reprit-il.
-Je vérifiais quelque chose, répondit vaguement Victor en passant ses doigts sur ses lèvres encore gonflés de désir.
-Tsst, toi et tes bêtises…maudit gamin, jura Yakov. »
Victor lui fit un sourire enjôleur en retour et ils avancèrent eux aussi jusqu'à la sortie.
Bonsoir à tous ! J'espère que vous vous portez bien ce dimanche ! Je suis désolée du retard que j'ai eu (quelques heures mais tout de même), je suis actuellement dans le sud et je n'avais pas beaucoup de connexion –'
Passez de bonnes vacances si vous en avez et je vais peut-être accélérer le rythme de publication
Je vais certainement publier aussi le jeudi car je vous avoue, j'ai vraiment hâte de publier la suite et je suis en vacances, j'ai donc plus de temps ! Ce sera sûrement le temps de cet été !
Des bisous
