Yuuri sentait un léger vent venir lever ses vêtements, ou plutôt les pans de sa robe. Heureusement, qu'il avait sa veste sur son dos, mais il regretta tout de même de ne pas s'être changé. Le printemps de cette année restait tout de même assez froid surtout lorsque la nuit tombait. Il leva sa tête en direction des panneaux d'affichages, son train n'arrivait que dans quelques heures et dans cette nuit froide, il regrettait vraiment d'être parti sur un coup de tête. Il n'avait aucun papiers sur lui et avait fait passer sa course de taxi sur le compte de la fédération.
Yuuri savait qu'il avait bien fait de partir. Il ne méritait pas de s'infliger une telle torture. De brèves images du couple revinrent dans son esprit sans qu'il ne puisse les arrêter. Leurs sourires tendrement échangés, leurs regards qu'ils ne se lançaient qu'à l'un et à l'autre, avait renforcé le besoin de Yuuri de s'isoler loin de tout.
Son cœur avait crié au secours, surtout quand il se voyait sur la glace, deux ans auparavant dans la même position qu'avait occupé Anastasia ce soir. Il n'avait pas pu tenir plus longtemps, il avait dû partir. Son besoin avait été urgent et il s'était retrouvé à la gare plus vite qu'il ne l'aurait pensé. Il aurait aimé prévenir sa famille de son arrivée, mais dans son impulsivité, il n'avait pas pris son téléphone, rendant il le savait, ses proches inquiets.
Sur le quai, il était le seul à cette heure-ci et cela le rendait un peu inquiet. Soudainement, dans son champ de vision, apparût une veste rouge et blanche qui s'approchait dans sa direction.
« -Yuuri ! »
Il n'avait pas besoin de réellement regarder pour savoir de qui il s'agissait, son prénom prononcé avec cet accent, ne pouvait être qu'une seule personne. « Yuuri ! », entendit-il une deuxième fois. Il était loin d'être sourd, mais il avait juste envie d'être seul, alors pourquoi est-ce que Victor lui faisait honneur de sa présence alors que tout ce qu'il souhaitait était d'être loin de lui ?
« -Yuuri… »
La main de Victor se posa délicatement sur son épaule et il n'eût aucune réaction. Tout un tas d'émotions qu'il ne savait gérer le traversait. Il avait envie de crier, fuir, repousser Victor qui était maintenant face à lui et qui le regardait, inquiet.
« -Parle-moi, Yuuri ! quémanda Victor qui avait à présent ses deux mains sur le visage de celui-ci. »
Aucun son ne sortit. Les mots étaient restés bloquer dans sa gorge et il fixa un point derrière le visage de Victor. La semaine avait été riche en émotions et voir le Russe ainsi était la goutte de trop. Son point de non-retour venait d'être atteint. Des larmes jaillirent de ses yeux sans pour autant que son visage n'exprime autre chose que de l'impartialité. Il pleurait en silence comme vidé de toute énergie vitale.
Face à une telle scène, Victor enlaça Yuuri. Il resserra son étreinte autour des frêles épaules du Japonais. Les bras le long du corps, Yuuri n'avait pas bougé d'un millimètre. Juste ses larmes, manifestaient encore leur présence. Ainsi, il ressemblait à une poupée à qui on avait oublié d'arrêter la fonction pleurer. Au bout d'un moment, épuisé, il ferma ses yeux et se laissa aller dans l'étau offert par Victor.
Lentement mais sûrement, ses yeux s'ouvrirent. Enveloppé dans un plaid, Yuuri prit conscience de son environnement. Il reconnût sans peine, le bruit du train dans lequel il était. La douce chaleur qui l'enveloppait, n'était pas seulement dû à la couverture qui était sur lui, sa tête était posée sur l'épaule de Victor qui avait-lui-même sa tête posée sur la sienne. De plus, sa main était entrelacée avec celle du Russe. Yuuri était comme coincé et ne pouvait bouger de peur de réveiller Victor qui semblait dormir profondément.
Même si la sensation de la chaleur de Victor contre lui était loin d'être désagréable, il aurait aimé être ailleurs qu'ici. Conscient qu'il n'avait pas le choix, il referma les yeux et se rendormit jusqu'au terminus.
« -Merci de m'avoir accompagné, dit d'une voix blanche Yuuri en courbant sa tête. »
Pas une fois depuis qu'il s'était réveillé, son regard n'avait croisé celui de Victor et il lui tourna le dos marchant d'un pas rapide vers les taxis qui attendaient devant l'entrée de la gare. Il allait faire signe à un taxi qui passait par là mais un bras plus rapide que le sien, le dépassa. La voiture s'arrêta et deux passagers embarquèrent direction Hasetsu.
Tout le long du trajet, ce fût dans le silence le plus total. Yuuri s'était laissé bercer par les paysages et n'avait pas prêté attention au passager à côté de lui. Il n'avait pas le désir de s'occuper du problème que représentait Victor, trop fatigué mentalement pour se confronter à lui.
Ils arrivèrent devant la station balnéaire que tenait ses parents et il entendit Victor payer le taxi avant qu'ils ne se retrouvent de nouveau seuls. Yuuri avança dans l'établissement toujours suivi du Russe.
« -Yuuri ! Ma magnifique…fille, l'embêta sa mère en passant ses mains dans la perruque de son fils. Viens dans mes bras, tu m'as tellement manqué ! »
Ils s'enlacèrent un moment et Yuuri avait miraculeusement retrouvé le sourire. Toujours en arrière, Victor ne ratait rien de la scène. La mère du Japonais, l'avait bien sûr reconnu et était venu à sa rencontre.
« -Comme je suis ravie de te revoir Victor ! s'exclama-t-elle le prenant aussi dans ses bras. C'est si gentil d'être venu !
-Moi aussi, je suis très heureux de vous revoir, répondit-il ne cachant pas sa joie d'avoir remis les pieds dans ce petit établissement chaleureux. »
Sans même prendre le temps de les laisser respirer, Hiroko en tant que maîtresse de maison, prit des clés et les emmena directement dans un des bains privés.
« -Voilà les garçons, lavez-vous tranquillement, détendez-vous et surtout prenez votre temps ! J'ai encore beaucoup de clients à m'occuper ! Je viendrai vous cherchez à l'heure du dîner ! »
Avant que Yuuri ne puisse dire quoi que ce soit, sa mère avait déjà refermé la porte et était partie. Un silence gênant s'installa entre le blanc et le brun. Aucun des deux n'osa parler, mais Yuuri fît comme si de rien n'était et se comporta comme si Victor n'existait pas.
Il commença à retirer cette fameuse perruque qui commençait vraiment à lui gratter, puis commença à retirer sa robe. Détail qu'il avait oublié, la fermeture éclair était dans son dos et il n'arrivait pas à l'attraper. Au bout de quelques essais, irrité, il essaya d'enlevait sa robe par le bas mais c'était mission impossible. Victor qui avait eu le temps de se changer entre temps, serviette de bain autour des hanches s'approcha de lui.
« -Je peux ? demanda-t-il. »
Yuuri hocha la tête et le Russe descendit lentement le zip. La main du Russe effleura par inadvertance son dos et il resta au goût de Yuuri un peu trop longtemps derrière lui alors que sa robe était finalement détachée.
« -Merci, peina-t-il à dire. »
Victor se rendant compte de la situation s'écarta aussi vite et Yuuri pût finir de se changer.
Aucun des deux ne parlaient mais le Japonais voulait savoir la raison de la présence de Victor pour mieux se débarrasser de lui. Allongé dans la source chaude, une serviette humide sur les yeux, il demanda indifférent :
« -Pourquoi tu es ici ?
-Parce que je t'ai suivis, répondit sournoisement l'argenté. »
Juste dans le ton de sa voix, Yuuri entendit son sourire et eût envie de le noyer sur place mais il se retînt.
« -Sans blague. Pourquoi tu m'as suivi ?
-Une envie. »
Yuuri souleva délicatement la serviette sur ses yeux et l'envoya sur Victor.
« -Tu te fiches de moi !
-Merci, répondit le Russe ayant rattrapé la serviette lancée.
-Il est hors de question que tu restes une seconde de plus ici ! »
Le bain lui avait permis d'avoir un regain d'énergie et il laissa sa colère le submerger. Il se leva d'un bond et commença à sortir mais Victor se leva à son tour et le rattrapa.
« -Ne me touches pas ! avait vociféré Yuuri. »
Le Russe plaqua un doigt sur les lèvres du brun faisant de même sur les siennes.
« -Chuuut…Nous ne sommes pas seuls. »
Yuuri passa à la couleur écarlate en moins d'une seconde et demie. En plus de la proximité qu'il y avait entre lui et Victor, il avait oublié le temps d'un instant qu'ils étaient nus. Le corps de Victor quasiment plaqué au sien avec des gouttes d'eau qui ruisselaient le long de ses muscles si parfaitement dessinés.
A dire vrai, si Victor l'avait suivi c'était tout simplement pour qu'il puisse parler et que Yuuri ne le fuis pas une fois de plus. C'était ce que se disait Victor, il était juste là pour lui parler mais la vue qu'il avait actuellement sur les fesses du brun l'empêchait de penser correctement. Par chance, le Japonais s'était retourné et il ne voyait donc pas l'expression qu'avait Victor à ce moment précis.
« Lâche-moi…, lança finalement Yuuri. »
Pour toute réponse, Victor franchit les derniers centimètres qui les séparaient et se retrouva coller le long du dos du Japonais. Son corps avait bougé tout seul et son instinct animal avait fait surface. Il avait gardé dans sa main le poignet fin et délicat de Yuuri qui essayait de se débattre de cette emprise. L'autre main du Russe descendait le long du torse de Yuuri pour aller attraper quelque chose qui commençait doucement à se lever.
« -Réserves ce traitement à Anastasia, réussit à dire le brun. »
Victor se prit comme une claque à l'entente de ce prénom. Sans le vouloir, il lâcha son emprise et cela suffit pour que Yuuri profite de décamper au plus vite.
« -Tu es fidèle à ta réputation ! lui rappela le Japonais en lui lançant un regard meurtrier. »
Il vit Yuuri enfiler un peignoir et courir hors de la pièce. Victor se laissa retomber dans l'eau chaude lourdement. Brûlante erreur puisque cela ne l'aida pas d'un iota à calmer ses ardeurs.
Après une bonne douche glacée, Victor s'approcha de la cuisine dans laquelle Marie,Hiroko et Yuuri s'affairaient. Il allait signaler sa présence quand il entendit son prénom dans la discussion.
« -…Victor ne nous dérange pas, il nous reste une seule chambre de libre alors il peut bien rester ! disait la mère de Yuuri. Et puis, vous êtes arrivés au bon moment, nous manquons de main d'œuvre ! Donc dis-toi que Victor va t'alléger la charge de travail !
-J'aurai préféré être seul ! pesta Yuuri.
-C'est quand même un peu grâce à lui que tu as pu remporter la médaille d'or, cette saison non ? intervînt sa sœur.
-On peut dire ça…
-Alors c'est décidé il va rester avec nous ! Et puis avec le temps qu'il a passé parmi nous, il fait partie de la famille maintenant ! lança joyeusement sa mère. »
Yuuri savait qu'il ne faisait pas le poids face à ses deux femmes et peu importe ce qu'il aurait pût bien dire, la décision finale ne lui revenait pas. D'ailleurs pour son retour, sa famille lui avait prévu une fête avec tout le village. Yuuri en était à la fois très excité parce qu'il allait retrouver ses amis qu'il n'avait pas vu depuis longtemps mais appréhendait la soirée puisque Victor était présent. Il se souvenait que la dernière fois, sous l'emprise des effluves de l'alcool tout ne s'était pas passé comme prévu.
C'est d'ailleurs à cet instant que Victor choisi de rentrer dans la pièce.
« -Oh Victor tu es là ! s'écria toujours sur un ton joyeux Hiroko. Nous nous sommes permis de faire une soirée en votre honneur pour votre retour à tous les deux !
-C'est très gentil, mais il ne fallait pas, vraiment !
-Victor pas de manières entre nous, pas après tout ce temps ! »
Le Russe éclata d'un rire sincère. La bonne humeur de la Japonaise l'avait finalement contaminé et il surprit même un furtif sourire éclairer le visage de Yuuri.
Hiroko, les chassa de la cuisine pour qu'ils aillent accueillir dans le salon de la maison familiale situé à côté de l'Onsen, les invités qui arrivaient petit à petit, tous ravis de revoir Yuuri parmi eux. Le salon ouvert sur le Jardin, se remplissait bien vite.
La soirée se déroula dans la joie et la bonne humeur et Yuuri pût enfin se détendre après tous ces mois de stress intense. La pression avait été pour lui à son comble surtout avec toutes les machinations qui s'étaient opérés dans son cœur. Entouré de sa famille et de ses amis, il se sentait de nouveau vivant mais Yuuri était un solitaire. Malgré l'ambiance de la soirée, il avait tout de même besoin de prendre l'air et marcha dans le jardin jusqu'à un marécage un peu isolé. Il s'assit sur le banc qui était là et sirota son fond de bière.
Ses deux orbes marrons, s'étaient teintés d'une couleur plus sombre et s'était perdu dans le marécage qui s'était transformé en lac avec les dernières pluies diluviennes. Le feuillage fît un peu de bruit, quelqu'un venait vers lui. C'est sans surprise, que dans le reflet de l'eau, quelque chose d'argenté brillait.
« -Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Yuuri légèrement pompette.
-Te parler. »
Le plus âgé se posa à côté de lui. Ils restèrent ainsi sans se parler pendant quelques minutes avant que Victor ne reprenne la parole.
« -Tu aimes, Phichit ? questionna Victor sortit de nulle part. »
Yuuri recracha sa gorgée et toussa légèrement. Il se retourna vers le Russe, complétement outré et choqué de la question.
« -Q-Quoi ? finit-t-il par articuler. Depuis quand ma vie sentimentale t'intéresse ?
-Tu aimes, Phichit Chalunont ? répéta imperturbable Victor. »
Yuuri laissa couler quelques minutes pas sûr de comprendre où il venait en venir. Le pire dans l'histoire était que Victor arborait une expression tout à fait sérieuse ce qui rendait le Japonais encore plus confus.
« - Tu aimes, Anastasia Minarow ? copia Yuuri pour couper court à la conversation.
-Pourquoi tu me demandes ça ?
- Vous êtes ensemble, non ?
-Mince… ce détail m'avait échappé, souffla Victor avec un demi-sourire. »
Face à l'homme qu'il l'aimait, le blanc s'était laissé aller, oubliant totalement sa couverture. S'il voulait faire avancer les choses avec lui, Victor savait qu'il devait abaisser ses défenses.
« -Anastasia n'est qu'un prétexte.
-Un prétexte ?
-Oui, nous n'avons jamais été ensemble et nous ne le serons jamais…
-Mais pourquoi-
-Pourquoi, nous avons fait semblant ? le coupa Victor.
-Oui…
- Parce que j'aime un homme. »
Au choc de cette révélation, Yuuri tomba des nues. Avant qu'il ne puisse lui demander quoi que ce soit d'autre Victor poursuivit :
« -J'ai reçu quelques menaces qui ont alerté l'instinct protecteur de Yakov ces derniers temps et c'est avec contrainte que j'ai dû tromper le monde entier.
-…
-Donc non, pour répondre à ta question je n'aime pas Anastasia, affirma-t-il en planta son regard dans les deux abysses noirs qui le fixaient. »
Aucun son ne franchit les lèvres de Yuuri. Son cerveau embué par le peu d'alcool qui l'avait ingéré et la fatigue qui lui tombait dessus, il avait dû mal à traiter les informations qui venaient de lui être donné.
« -Tu as la bouche ouverte mais tes lèvres sont scellés…Comment cela se fait ? questionna Victor intrigué tout en se rapprochant de Yuuri. »
Il passa son pouce sur la lèvre inférieure du Japonais et commença à rapprocher son visage. Leurs souffles chauds s'entremêlèrent. Leurs lèvres à quelques millimètres de se toucher, Victor s'arrêta. Il repensait à ce qu'il s'était passé cette après-midi et a cette fois dans les toilettes du Karaoké où l'alcool les avait portés bien loin.
Victor n'était même pas sûr que Yuuri se souvienne de cette nuit et il ne voulait pas en profiter davantage sachant le Japonais non conscient de ses faits et gestes. Il se fît violence pour résister à l'appel de ses lèvres douces qui allait il le savait, le hanter toute cette nuit. Pendant que leurs respirations augmentaient de plus en plus en attendant le moment fatidique, Victor murmura contre les lèvres du brun :
« -J'aime un homme, Yuuri. »
Et il se détacha de lui pour mieux reprendre ses esprits, laissant le Japonais encore plus confus.
Tremblant de tout son être Yuuri se leva du mieux qu'il pût et regagna la soirée. Rien de ce qu'il venait d'entendre ou de ce qu'il s'était passé n'avait de sens dans son esprit. Au prix d'un ultime effort, il essaya de se sortir de la tête ce qu'il venait de se passer parce qu'il n'y comprenait rien à rien et que cela l'embrouillait plus qu'autre chose.
Star de la soirée, il ne pouvait quitter la célébration avant que les invités ne s'en aillent mais la tentation était forte. Il savait que c'était malpoli ce qu'il allait faire mais il avait besoin d'être au calme dans sa chambre loin de cette agitation.
Dos à la porte de sa chambre, il se laissa glissa le long du sol.
« -C'était quoi ça ? se demanda-t-il à lui-même repensant à ce qu'il venait de se passer. »
La simple pensée qu'il puisse s'agir de lui, lui donna des frissons. Il s'agissait de Victor Nikiforov, son ex-idole ou idole par certains moments et c'était impossible. Le grand prodige Russe aimait Yuuri ? Inconcevable aux yeux du concerné. Toute sa confiance en lui avait comme voler en éclats et il ne voulait pas voir la vérité pourtant si évidente en face.
J'espère que ça vous a plu ahah...XD Victor a été clair selon vous ? Il aurait pu l'être plus, je pense...XD Merci d'avoir lu !
