Une lumière douce filtrait à travers les rideaux et éclairait deux corps endormis, l'un contre l'autre. Une même énergie les unissait à travers leurs respirations calmes. Le brun détendu, souri dans son sommeil. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas aussi bien dormi et c'est avec grande difficulté qu'il émergea.

En face de lui, se tenait un ange qui semblait lui aussi dormir paisiblement. Une chevelure argentée couplé de longs cils de la même couleur donnait un spectacle irréel au seul spectateur de la pièce. Admirant la scène qui se déroulait sous ses yeux, il détaillait minutieusement chaque détail sur le visage qui lui faisait face. Un long nez fin débouchant sur des lèvres fines et pâles. Des lèvres qui avaient prononcé son prénom maintes fois avec cet accent unique. Un léger rouge vînt colorer ses joues, le brun commençait à s'égarer.

Même si on était dimanche, l'onsen ne tournait pas tout seul et c'était aujourd'hui que le plus d'arrivées-départs s'effectuaient. Avec habileté, il réussit à s'extirper du cocon de chaleur dans lequel il était.

Son regard se posa sur les quelques vêtements éparpillés sur le sol. Ecarlate, il devînt. Sa timidité reprit le dessus et il commença à réfléchir à tous les événements de la veille. De légers picotements vinrent éclore dans son bas-ventre. Fichu hormones. Et tout était la faute de cette ange, toujours endormi. Il laissa ses regrets pour plus tard et s'habilla. Sur la pointe des pieds il quitta la pièce en jetant un dernier regard à l'homme qui était dans son lit.

De grands yeux azur s'ouvrirent et sondèrent les environs. Plus aucune trace du brun dans la pièce. De légères vagues s'élevèrent dans son regard. La tempête n'était pas loin pour une raison qui lui était inconnue. Il enfouit sa tête au plus profond dans les draps et se roula dans la couette. L'odeur de son bien-aimé était présente et il avait bien failli n'en faire plus qu'une bouchée hier soir. Il pouvait ressembler certes à un ange dans ses meilleures moment, mais si le monde avait connaissance de ce visage, il en serait fini de son image.

Son ventre gargouilla, il avait faim. C'était comme si, il s'était réveillé d'un long sommeil et la faim qui le tenaillait n'était pas humaine. Ses yeux pourtant claires, prirent une couleur plus foncée et la lueur qui était présente à l'intérieur n'annonçait rien de bon. Il allait bientôt devoir se nourrir et le plus tôt serait le mieux.

Pour échapper à ses propres chaleurs, il se leva et croisa son propre reflet dans le seul miroir de la pièce. Il eût presque un mouvement de recul en voyant une telle image de lui-même. Ses cheveux en bataille, son regard sans équivoque, ses lèvres légèrement entrouvertes et son souffle qui levait sa poitrine comme s'il venait de courir un marathon. Un ange en rut était né, pour son plus grand salut et son plus grand désarroi.

Après avoir passé un long moment au téléphone avec Celestino, Yuuri savait qu'il lui restait peu de temps avec sa famille et que bientôt la bulle temporelle dans laquelle il était allée bientôt éclater.

« -Victor est avec toi, n'est-ce pas ? » avait demandé son entraineur.

« -Oui… »

« -Bien, prenez le temps de régler vos différends et faîtes attention, il pourrait y avoir des paparazzis dans le coin. »

Cet avertissement avait ramené quelque peu Yuuri à la réalité. Maintenant qu'il était médaillé d'or, il allait devoir faire plus attention lors de ces apparitions publiques. Il jeta un coup d'œil à Victor qui ne semblait pas du tout inquiet de la situation au vu de son sourire béat lorsqu'il parlait avec sa mère, Hiroko. Le jeune médaillé craignait de causer du tort au Russe, surtout au vu de la situation actuelle de ce dernier. Si quelqu'un découvrait le pot-aux-roses, Victor ne pourrait sans doute plus se promener aussi tranquillement qu'il le faisait jusqu'à maintenant.

La nature anxiogène du brun le fît grincer des dents. Malgré leurs différends, il ne voulait plus être au cœur de ce genre de scandale et surtout ne pas entraîner dans la boue Victor. Il avait retenu la leçon avec Phichit, et il ne voulait plus que cela arrive.

« -Celestino…est-ce que vous pouvez me rendre un service ? » avait-il demandé, la voix tremblante.

« -Oui, je t'écoute. »

« -Est-ce que par hasard, vous aurez le numéro de ? »

Le morceau de papier dans la main, il le regardait anxieusement. Victor devait partir, pour le bien de leur relation. Le lien qui les unissait était si fragile et Yuuri ne se sentait pas capable de faire un pas dans sa direction pour le moment. Beaucoup trop de rancœur et de haine, rongés toujours ses sentiments envers le Russe et il avait besoin de temps. De temps loin de lui. La nuit dernière, lui avait prouvé la nature de leurs sentiments, mais ils s'étaient fait beaucoup trop de mal pour passer d'une chose à l'autre sans prendre le temps de se poser.

Inconsciemment, il craignait que les choses aillent également trop loin et trop vite entre eux. Peur que Victor, s'amuse toujours de lui et s'en aille après avoir eu ce qu'il voulait. Il savait très bien qu'il ne supporterait pas si cela devait arriver encore une fois.

Puis juste à l'évocation de ces fichus journalistes qui auraient pu les suivre sans qu'ils s'en aperçoivent, maintenait Yuuri dans une position délicate.

Son regard perdu dans le vide, il n'avait pas entendu les pas du Russe se rapprochait de lui.

« -Yuuri ? Qu'est-ce qui ne va pas ? »

Déconcerté, il leva la tête dans ce regard qui le sondait et plia dans sa main droite, le papier sur lequel était marqué le numéro de l'entraîneur Russe.

« -Rien, tout va bien. »

« -Décidément tu ne sais toujours pas mentir. » fit remarquer Victor.

Yuuri essaya un faux sourire. Première tentative raté. Le plus âgé n'était pas dupe. Yuuri se mit alors sur la pointe des pieds et posa ses lèvres sur la joue du Russe. Deuxième tentative réussie. Victor s'était figé et ne pipa mots.

« -Tout va bien. » répéta Yuuri confiant.

Victor lança un regard dans sa direction. Dire que depuis ce matin, il se retenait, restait à un mètre de distance, éviter d'être seul avec lui et voilà que le Japonais avait l'audace de le toucher, pire de lui déposer un bisou sur sa joue et qu'il souriait comme si de rien n'était. Une plume d'ange s'échappa de son dos et il laissa les frissons descendre son échine. Il envoya un rapide sourire à Yuuri qui apparemment sondait à son tour sa réaction. Si un simple baiser innocent avait réussi à le mettre dans un état pareil, il n'allait pas faire long feu.

Yuuri ne le savait sans doute pas mais il venait d'échapper au pire. La présence de clients qui passaient non loin d'eux l'avait sauvé des pulsions animales de Victor. Heureusement, qu'une chambre s'était de nouveau libéré et qu'ils ne dormiraient plus ensemble à partir de ce soir. Le Japonais, s'était senti amplement soulagé à cette nouvelle. Il décida, qu'il appellerait Yakov demain, sûr que ce dernier se doutait de la présence de Victor ici.