Contribution : Isa'ralia Faradien
#5 - Culpabilisation et confrontation
Les gardes la reposèrent brutalement sur une chaise. Son visage et ses cheveux étaient encore humides de la première séquence de torture, mais elle était fière d'y avoir résisté, même si la fatigue se faisait déjà sentir. Elle inspira goulument de grandes bouffées d'air frais.
Tandis que les gardes sortaient, une autre personne faisait son entrée, refermant la porte derrière elle. En relevant la tête, elle s'aperçut qu'il s'agissait de Lydia.
- Ce Lieutenant est très obstiné, la prévint-elle sèchement. Si tu ne coopères pas, j'ai peur que ta situation s'aggrave. Derobert, Deeric, Dehoward et les autres, ce sont toutes des fugitives recherchées et en danger à cause de toi.
Lydia la pointa du doigt.
- Ramène-les chez elles, insista la Tante..
- Ce n'est pas chez elle, répliqua-t-elle.
- Parce que tu les as perverties. Leur vie avait un sens ici. Une vie utile !
- Rien n'a de sens ici, cracha-t-elle en secouant la tête. Il n'y a que de la violence.
Lydia soupira d'un air entendu en levant les yeux au ciel.
- Vous avez dit à ces femmes, poursuivit-elle en forçant sur son souffle court, que si elles suivaient les règles, tout irait bien.
Lydia la fixa en fronçant les sourcils.
- Puis, termina-t-elle pour enfoncer le clou, vous les avez envoyées se faire violer, se faire battre, et se faire humilier, encore et encore ! Et encore…
Les deux femmes se fixèrent avec hargne.
- Vous les avez abandonnées, sanglota-t-elle.
- Tais-toi ! cria Lydia.
La Tante la poussa violemment au sol, et fit valdinguer la chaise. Elle la toisa ensuite de toute sa hauteur.
- Vous les avez abandonnées, ricana la détenue. Pas vrai ?
Elle s'enorgueillissait d'avoir poussé Lydia hors de ses gonds.
- Vous avez abandonné vos filles adorées. C'est votre faute, Tante Lydia.
Celle-ci se précipita vers la porte, apparemment secouée par les reproches qui lui étaient adressés.
- Lieutenant ! réclama Lydia.
- Votre faute ! insista-t-elle. Votre faute ! N'est-ce pas ? Écoutez-moi. C'est votre faute.
- Debout, allez ! souffla la Tante en la relevant. Debout, j'ai dit !
Elle la reposa sur la chaise.
- Tu n'es qu'une brute abjecte, se défendit-elle.
- Lydia ? appela-t-elle lorsque celle-ci s'éloigna.
La dénommée revint vers elle d'un air ahuri.
- Comment m'as-tu appelée ?
- Lydia…, soupira-t-elle dramatiquement.
Elle ricana, satisfaite de détenir actuellement davantage de pouvoir psychologique que cet horrible vautour à la robe brune.
- Vous savez, Janine ? insista-t-elle. Votre chère enfant ? C'était tellement facile… Elle s'est retournée contre vous en une fraction de seconde.
Lydia ne cachait même plus à quel point elle était chamboulée par ses paroles. Bien. C'était ce qu'elle voulait. Déstabiliser pour mieux régner.
La porte se fit de nouveau entendre, tandis qu'elle gardait le regard rivé dans les yeux hébétés de Lydia.
