Auteur: Kuro-Hagi – 09/08/2021
Genre: Amitié - Romance – Yaoi - Hurt/Comfort
Disclaimer: Tout ce monde et ces personnages appartiennent à Tadatoshi Fujimaki.
Notes : Merci à tous pour votre soutien ! Vous le savez c'est sport et certains chapitres sont plus longs que d'autre ! (et plus long que prévu surtout ! XD)
Ju : Merci pour ta review ! Oui les chapitres ne sont pas de longueurs homogènes ! J'écris au jour le jour selon l'inspiration ! Et parfois y'a plus de choses à dire que d'autres !
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9 août
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C'est étrange comme parfois la vie ne suit pas le chemin qu'on attendait. L'après-midi avec Daiki a été très agréable. Non plus que ça, magique. Il n'avait pas ri autant depuis longtemps. Il n'avait pas eu l'impression d'être aussi ancré dans le présent depuis longtemps.
Parfois il a cette impression de survoler sa vie, il ne sait pas trop quand ça a commencé, il a envie de blâmer sa blessure, mais il a l'intuition que ça remonte à plus loin que ça. Comme si, il lui manquait quelque chose, ou qu'il attendait quelque chose… Comme s'il était en pause d'une certaine façon attendant un déclic.
Il ne se sent pas malheureux, pas depuis qu'il a commencé à remonter la pente grâce à Steve… Mais il n'est pas vraiment heureux non plus. Il ne se plaint pas. Il n'a pas non plus l'impression de gâcher sa vie et de ne pas profiter. Non. Ce n'est pas ça. Il profite, il est content de son boulot, il apprécie vraiment Steve et Helen, ainsi que ses autres amis, même s'il est toujours un peu solitaire. Mais la solitude ne lui pèse pas, il aime le surf parce que c'est une activité solitaire, comme aller nager ou courir, il aime être seul avec lui-même, mais il n'aime pas l'inactivité ce qui peut sembler paradoxal peut-être. Mais les interactions sociales lui demande un effort quand elles semblent si simples pour certain.
Non vraiment ce n'est pas une question de ne pas se sentir bien dans ce qu'il fait et dans sa vie. Il a juste l'impression qu'il manque quelque chose pour se sentir vraiment en phase avec le présent. Il se demandait si ce n'était pas simplement l'adrénaline qui lui manquait… Quand il dompte les vagues ou quand il est sur un terrain de basket, cette impression disparaît et il aime se sentir vivant comme c'est le cas quand il fait du sport.
Mais hier, même quand il ne surfait pas. Même quand il était juste au restaurant à dîner avec Daiki. Même quand ils ne faisaient que discuter… Il s'est senti posé, serein… Vivant.
Et maintenant, il se demande si le vide qu'il ressent habituellement, cette impression de survoler les choses, n'existe pas depuis qu'il est parti du Japon, depuis que Daiki ne lui parle plus.
Il n'a pas oublié le sentiment d'abandon quand Daiki a décidé de couper les ponts. La tristesse, l'incompréhension, la déception, la colère… Le manque… Et la solitude. La solitude qui est pourtant une compagne qu'il connaît et qu'il apprécie. Quand Daiki est sorti de sa vie, elle s'est avérée soudain très pesante. Jusqu'à ce qu'il l'apprivoise de nouveau, mais ce vide qu'il ressent c'est ce bout de solitude qui lui semble s'être accroché à lui, celui laissé par Daiki et l'empêche de voir tout en couleur vive, comme s'il posait un voile sur le monde autour de lui.
Il soupire et tente de desserrer ce poing qui semble étreindre son cœur et nouer sa gorge.
Il n'a pas envie de vivre ça de nouveau. Et pourtant, pourtant, cet après-midi avec Daiki a été absolument magique… Comme s'il pouvait enfin respirer.
Ce qu'il a dit à Steve est vrai… Il se considère ouvert d'esprit. Ce qui n'est pas moins vrai qu'il n'a jamais été attiré par un homme. Daiki inclus.
L'angoisse se niche désagréablement au creux de son ventre.
Si Steve pense juste et que Daiki était amoureux de lui… Si Daiki est encore amoureux de lui… Et s'il ne peut pas être… avec lui comme ça. Est-ce que Daiki va partir une nouvelle fois ?
L'angoisse étreint son cœur.
Il ne veut pas revivre ça.
Pourquoi est-ce que Daiki est si important ?
Pourquoi ?
Il n'a jamais ressenti une telle connexion avec personne, une telle sérénité, une telle facilité à échanger simplement et à se confier comme si les mots sortaient tout seul. Avec lui il s'est toujours senti en confiance, rassuré. En fait, il n'a jamais eu peur de se montrer faible ou vulnérable face à Daiki. Il était juste lui-même, sans essayer de paraître fort, ou gentil, ou pas grincheux. Et Daiki ne lui demandait pas d'être plus gentil, de meilleure humeur, il le prenait juste comme il était. Ce qui peut sembler étrange quand on voit comme ils ont passé un temps fou à se prendre la tête. Mais malgré ça, il y a toujours eu quelque chose de simple et fluide avec Daiki. Sa présence ne lui a jamais semblé oppressante, épuisante… Même s'il était exécrable. D'ailleurs, il était toujours prêt à lui ouvrir sa porte et n'avait qu'une hâte encore et encore l'affronter au basket.
Pourquoi Daiki ? Et qu'est-ce que ça veut dire ?
Une petite voix au fond de son esprit qu'il ne veut pas entendre lui souffle qu'il est sûrement bien plus attaché à Daiki qu'à un ami et même qu'à un meilleur ami. Qu'on ne ressent pas ça avec beaucoup de monde, qu'on n'a pas cette capacité à juste être soi-même avec n'importe qui. Surtout pas lui.
« Fuck… Fuck… Fuck... »
Il se lève et récupère son téléphone.
[Kagami — 19h11]
Hey. T'es dispo ?
[Aomine — 19h12]
Hey. Oui. A l'hôtel. Je pars tôt demain matin.
[Kagami — 19h12]
Il faut que je te pose une question. On peut se voir dans un bar ? Pas loin de ton hôtel si tu veux.
[Aomine — 19h13]
Oui. Pas de problème… Mais… Tout va bien ?
[Kagami — 19h13]
Yeah… Faut juste que je te parle. Donne-moi l'adresse de ton hôtel que je trouve un bar pas trop loin.
Il donne rendez-vous à Daiki pour huit heures et comme il est un peu nerveux, il sort sur son balcon et prend le temps de fumer un petit joint pour se détendre. Il essaie de ne pas trop en consommer. Il a beaucoup abusé, de ça et de plein d'autres choses pendant sa descente aux enfers. Il se montre plus raisonnable, mais des fois… Des fois ça reste un bon moyen de se détendre. Et il a besoin de se calmer un peu avant de retrouver Daiki, d'apaiser l'angoisse qui contracte son ventre.
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Il entre dans le bar, se prend une bière au comptoir puis il scanne la pièce du regard. Daiki l'a prévenu qu'il l'attendait. Il le repère dans un coin isolé et le remercie intérieurement pour ça. Il s'avance toujours un peu nerveux et pose son verre sur la table en s'installant face à lui.
« Hey.
— Salut. »
Daiki lui sourit. Il y a de la douceur dans ce sourire et de la chaleur dans son regard, qui peut être parfois si menaçant, si déstabilisant.
« Tu pars demain… Je te dérange pas ? Tu avais peut-être des trucs à faire avant de partir…
— Non. T'inquiète. J'étais juste en train de ranger ma valise.
— Ok… T'as fait quoi aujourd'hui ? »
Daiki le regarde surpris. Son regard change un peu, une lueur inquiète assombrit le bleu limpide. Il affiche un léger sourire mais répond à la question et lui raconte rapidement ce qu'il a visité dans la journée. Il apprécie que Daiki, le suive dans cette conversation. Il ne sait pas comment formuler la question qu'il souhaite lui poser, il n'est même pas sûr de savoir quelle question exactement il veut poser, quelles réponses il cherche.
Ils discutent, prennent une autre bière. Ils plaisantent. Il rit. Et il a presque oublié pourquoi il est venu au départ. Mais il commence à se faire tard et Daiki soudain ne rit plus. Il semble tendu et il fuit son regard.
« Taiga… Pourquoi tu voulais me voir vraiment ? »
Fuck… Aussitôt, il a l'impression qu'un poids comprime ses poumons et son estomac fait des nœuds. Il inspire doucement et passe sa main dans ses cheveux nerveusement. Il laisse quelques instants de silence s'installer, il ne sait pas exactement. Qu'est-ce qu'il voulait déjà ?
Au fond il sait, mais il a peur des réponses. Et le plus stupide ? Il a autant peur d'un oui que d'un non. Il suppose que ça lui donne des réponses à lui-même aussi.
Mais Daiki part demain. Il ne reviendra qu'en septembre. C'est finalement le bon moment pour couper les ponts définitivement si nécessaire, avant qu'ils aient eu le temps de réapprendre vraiment à se connaître.
« Tai ? »
La voix de Daiki semble angoissée, inquiète. Il relève les yeux sur lui, et il voit la peur dans cette lèvre qu'il mordille, dans ce regard terni.
« Pourquoi tu as arrêté de me parler ? Vraiment… Je comprends que tu te sois senti trahi… Mais huit ans c'est long pour en vouloir à un pote… Pourquoi tu as disparu ? Pourquoi tu m'as abandonné ? Et… Pourquoi tu es revenu aujourd'hui ? »
Daiki le regarde surpris et blessé.
« Abandonné ?! Je ne t'ai pas abandonné… C'est toi qui es parti…
— Parti… Parti dans un autre pays pour suivre mon rêve… Mais tu restais mon ami et j'espérais partager ça avec toi… Oui ça aurait été différent et je savais que tu me manquerais… Mais ne plus avoir du tout de nouvelles de toi… C'était rude. Fucking awful… Je l'ai ressenti comme si tu m'avais abandonné… Alors pourquoi ? Pourquoi tu ne pouvais plus être ami avec moi ? Et pourquoi… Maintenant… C'est de nouveau possible ? »
Son ami est nerveux, il le devine à cette main qui vient frotter sa nuque. Daiki a toujours fait ça, quand il avait un truc embarrassant à avouer.
« J'étais un idiot… Égoïste… Je suis désolé… Je n'ai pas pensé une seule seconde à ce que tu ressentirais… Je pensais que tu avais pas besoin de moi… Je pensais uniquement à moi et à ce que cette nouvelle m'a fait…
— Je crois que j'ai compris cette partie Daiki… Et j'ai entendu tes excuses… Et je pense que quelque part je t'ai déjà pardonné enfin en partie… Comment tu as pu croire que j'avais pas besoin de toi ?! Mais ça répond pas à ma question. »
Daiki se cache quelques minutes derrière ses mains et il devine sa gêne grandissante.
« Dai ?
— J'étaisamoureuxdetoi... »
Les mots sont sortis si vite de sa bouche qu'il n'est pas sûr d'avoir bien entendu. Il n'ose pas lui demander de répéter, sous le choc des mots qu'il a compris et pourtant quelque part qu'il attendait. Mais il n'a pas le temps de prononcer quoique ce soit que Daiki reprend en soupirant, d'une certaine manière soulagé de l'avoir dit, parce qu'il le répète plus posément.
« J'étais amoureux de toi… »
Et ce n'est pas moins choquant la deuxième fois. Son cœur s'affole dans la poitrine et il a du mal à analyser ses mots.
« Je suis désolé Taiga… C'était au-dessus de mes forces de rester juste ami avec toi… Peut-être que j'avais de faux espoirs… Peut-être que je me faisais l'illusion que j'étais spécial pour toi… On passait beaucoup de temps ensemble… J'crois que je m'inventais un peu des histoires… Je passais presque tout mon temps chez toi… J'imaginais pas la vie de couple tellement différente de ce qu'on avait… Il manquait juste… Le sexe. Alors ouais je crois que je m'y suis un peu trop cru… »
Il rougit un peu parce que cette révélation est un peu trop familière. Il n'a jamais pu vivre avec des colocataires… Il est trop maniaque ça ne collait jamais… Pourtant avec Daiki… Il n'avait eu aucun problème. Il se disait que c'était parce que Daiki était un invité chez lui, mais pas tant que ça, il le sait.
« Ok…
— Taiga…
— Non… It's ok… It's fine… J'crois que je m'y attendais un peu… Mais l'entendre c'est un peu différent.
— Oh… mais tu es moins naïf qu'à l'époque alors.
— Aho ! J'étais pas naïf.
— T'as jamais vu toutes les nanas qui te tournaient autour… Et les mecs… J'étais dingue de jalousie… J'attendais le moment où tu verrais LA nana…
— Idiot ! J'étais surtout concentré sur le basket. »
Taiga inspire profondément, pour essayer de libérer un peu de l'étau qui comprime sur sa poitrine.
« Et pourquoi maintenant ?
— Honnêtement, j'y pense depuis un moment… Depuis que je suis arrivé aux États-Unis. Mais on était loin… Et je savais pas comment reprendre contact avec toi et renoué des liens en étant pas dans la même ville. Je crois… Que j'attendais l'opportunité de me rapprocher.
— Ok… »
Il regarde son ami, ses yeux bleu sombre, son visage familier mais qui s'est encore un peu durci avec les années. Il était beau, il l'est encore plus aujourd'hui, un peu ténébreux et… Il déglutit. Il n'a pas eu tout à fait la réponse à sa dernière question. Mais il ne sait pas comment lui demander. Il soupire.
« Oui... »
Il relève la tête subitement sur Daiki.
« Quoi ?! Oui ? Oui à quoi ?
— A ta question… Celle que tu oses pas poser… Oui… J'ai encore des sentiments pour toi…
— Oh... »
Il ne peut s'empêcher de se reculer un peu, complètement perdu finalement. Pourquoi Daiki est là si c'était trop difficile ?
« Alors… pourquoi tu es revenu ?
— Je pensais en huit ans… Être passé à autre chose… Sauf que visiblement non c'est pas le cas… Mais j'ai pas envie de renoncer à notre amitié… En tout cas celle que j'espère on est en train de reconstruire. Je suis désolé de pas avoir été là quand tu avais besoin de moi… Honnêtement je m'en veux vraiment pour ça… Je préfère qu'on soit ami… Plutôt que de ne pas t'avoir du tout dans ma vie… Tu m'as manqué Tai… Et on était que ami, peu importe mes sentiments derrière… Ma réaction à l'époque… J'étais un gamin ok ? Aujourd'hui, je saurais faire la part des choses… Je ne me ferais pas de faux espoirs je sais que tu es hétéro et c'est ok… »
Il soupire et se retient de dire tout haut ce qu'il pense.
Pourquoi vous assumez tous ce que je suis ? Est-ce que j'ai un jour dis à qui que ce soit que j'étais hétéro ?
Mais il se tait, parce que justement ne veut pas donner de faux espoirs à Daiki, il a besoin d'encaisser tout ça, de réfléchir et peut-être qu'il serait temps qu'il découvre ce qu'il est vraiment. Parce que non décidément, hétérosexuel ça ne lui convient pas et il n'est pas sûr de savoir exactement pourquoi… Parce que les plus conventionnels de l'arc-en-ciel, homosexuel et bisexuel, non plus. Et il n'a été attiré physiquement que par des filles. Pourtant, non le standard ça ne lui convient pas. Peut-être justement à cause de ce sentiment confus qu'il éprouve pour Daiki depuis presque toujours. Cette connexion qu'il ne connaît qu'avec lui…
Il manquait juste… Le sexe.
Ce sentiment ferait tellement plus sens s'il était attiré sexuellement par Daiki. Mais après tout il ne s'est jamais vraiment permis d'explorer cette possibilité, peut-être qu'il avait peur, parce que le rejet de Daiki aurait été encore pire en acceptant ce sentiment pour ce qu'il est.
Il a conscience que ce sentiment peut exister sans attirance sexuelle, mais dans son cas il n'y croit pas. S'il y a une chose sur laquelle il peut être honnête c'est qu'il aime le sexe, il a juste besoin de se sentir à l'aise et d'avoir une certaine connexion avec la personne, comme avec Helen, pour se faire vraiment plaisir et mieux explorer. Et il est certain, sans vraiment comprendre pourquoi, qu'il ne pourrait pas être amoureux d'une personne et coucher avec une autre. Pour lui c'est le package complet ou rien du tout…
« OK…
— Écoute Taiga… Je pars demain pour Chicago. Je reviens en septembre… Si c'est gênant pour toi on en parle plus… La ville est grande on n'est pas obligé de se croiser. »
Ces mots le sortent aussitôt de sa torpeur et il agrippe le poignet de Daiki.
« Quoi ?! Non ! Non… Si tu es sûr que c'est ok pour toi… Alors c'est ok pour moi… Je veux juste pas que tu souffres... Tu m'as vraiment manqué aussi Dai ok ? Alors… Maintenant que tu es honnête avec moi, si tu me dis que c'est trop dur… Je comprendrai mais… Sinon, je t'ai toujours considéré comme un de mes plus proches amis Daiki… Et je suis content de te revoir... »
Daiki semble soulagé, un sourire étire ses lèvres.
« Cool… Cool. Je suis content aussi Taiga… Je suis désolé encore une fois de ne pas avoir été honnête… J'avais peur que ce soit gênant entre nous…
— À nous de faire en sorte que ce ne soit pas un problème. »
