Chapitre 10

Plusieurs jours étaient passés, c'était aujourd'hui mon dixième jours de captivité, ce qui revenait à mardi 7 juin, calculai-je. Les phases de deuil commençaient à s'espacer mais les cauchemars ne voulaient pas me laisser une seule nuit de répit. Hayden avait eu droit à d'autres coups de colère, qui cette fois n'étaient pas dirigés contre lui, et quelques crises de larmes mais j'arrivai à me contrôler quand Demetri venait discuter, ou plutôt quand il venait me lancer ses blagues.

Je savais qu'Emelyne avait fini sa transformation mais elle n'avait pas encore été autorisée à me voir. Elle apprenait à user de ses sens de vampires, à se nourrir et à utiliser son pouvoir. Je n'avais pas demandé de détails, surtout en ce qui concernait sa nouvelle façon de se nourrir.

Mes migraines devenaient plus répétitives et Hayden avait été obligé de faire acheter des médicaments pour moi, il ne comprenait pas ce qu'il m'arrivait et je lui avais simplement dit que j'étais migraineuse, il s'était contenté de cette réponse, ce qui m'avait soulagée. On se lamentera le dernier jour.

La porte s'ouvrit sans que la personne ne frappe. Je fus surprise de voir Alec me faire face, il m'examina d'un air ennuyé, me jaugeant sans honte.

« Le chiot pour lequel il m'a échangée n'est pas encore arrivé, lui signalai-je avec amusement.

Il fut surpris mais esquissa un sourire.

« Aro te demande, m'apprit-il.

« Oh » fut tout ce qui sortit de ma bouche. En dehors des deux rencontres – dont celle-ci –avec Alec, je n'avais eu affaire qu'à Hayden et Demetri. Hayden n'était pas là aujourd'hui et je ne savais pas où était Demetri. Aro était l'un des rois, ils étaient trois, de ce que j'en savais Caïus était le blond, Marcus le brun le plus âgé et Aro était le brun plus jeune, de ce que m'avait dit Hayden. Je suivis donc Alec sans protester sans savoir vraiment à quelle sauce j'allai être mangée. L'idée qu'ils profitent qu'Hayden soit parti pour me tuer ou me transformer me vint à l'esprit mais je laissai ça aller dans mon esprit. Je n'arrivai cependant pas à calmer les battements de mon cœur.

« Aro veut seulement s'assurer qu'il peut te faire confiance, il va lire tes pensées et tes souvenirs et si ce qu'il y lit lui convient, tu pourras récupérer ton portable afin de rassurer tes proches.

Il devait probablement avoir ressenti ma panique ou bien peut-être que mon cœur était suffisamment bruyant pour qu'il l'entende et il avait décidé de mettre fin à mon calvaire d'ignorance. Ce qui était appréciable, surtout venant d'un vampire qu'Hayden avait qualifié de connard.

« D'accord, ça va être amusant.

Il nota l'ironie.

« Jane est ta sœur, si je me rappelle bien ?

« Ma jumelle oui, confirma-t-il.

« Désolée pour toi.

Il me lança un regard stupéfait puis sourit.

« Tu n'as pas froid aux yeux, fit-il, impressionné, et tu es marrante, dommage qu'il te remplace par un chiot, finalement.

« Le karma, lui lançai-je. Je pisse pas sur les tapis, moi. Bonne chance avec le chiot.

Il rit puis s'arrêta devant une porte qu'il ouvrit.

« Amuse-toi bien, s'enjoua-t-il.

Je lui souris et entrai dans un bureau rempli de tout un tas d'étagères sur lesquelles se trouvaient nombre de trucs, allant de manuscrits anciens à des classeurs, plus modernes. À l'intérieur, trois vampires, un assis derrière, deux debout me tournant le dos, ils s'affairaient avec des documents et l'idée même que des vampires, rois de surcroît, s'occupent de choses administratives me fit rire intérieurement. Les deux vampires qui me tournaient le dos s'étaient retournés et je les reconnus. Il s'agissait des trois seuls qui portaient une cape noire, ce jour-là. Je me renfrognai, laissant la colère et la tristesse m'envahir puis les laissai repartir après quelques inspirations pour me calmer. Bien, bien, bien. Ils ne portaient pas de cape aujourd'hui mais arboraient toujours le même air. Le brun aux cheveux frisés, assurément le plus vieux était assis derrière le bureau et était maussade, Marcus donc, Caïus le blond à la coupe au carré était le plus jeune des trois et était renfrogné, il ne restait plus qu'Aro, le brun dont les cheveux noirs étaient coiffés en arrière. celui-ci frappa dans ses mains avec un grand sourire joyeux.

« Tamsyn ! S'exclama-t-il avec engouement. L'humaine préférée du chef de ma garde, comment vas-tu ?

Je le regardai avec suspicion. Pourquoi cette joie exagérée ? Hayden était donc un chef, ce qui était logique après coup, comment aurait-il pu interdire l'accès à toute une partie du château aux autres vampires autrement ?

« Je vais bien, répondis-je. Pour une prisonnière, s'entend. Et vous, comment allez-vous, depuis la dernière fois ?

Ouais, je plaisantai avec des rois vampires. J'ai dépassé le stade de la peur, enfin, je la ressentais mais je l'avais apprivoisée, que pouvait-il m'arriver de pire que la transformation ? (et oui, la mort était moins pire que ça). Ma franchise et mon humour avait déridé Alec, Hayden m'avait dit qu'il détestait les humains et pourtant il n'avait pas été un connard, je voulais voir jusqu'où je pouvais aller. Je n'avais, de toute façon, rien à perdre et ce n'était même pas de la provocation. Mon capital sympathie et mon espièglerie légendaire uniquement. Ça ne marchait pas des masses pour deux d'entre eux mais le plus jeune brun riait.

« Nous allons bien, rit-il. Tu n'as pas l'air d'avoir peur de nous.

« Au fond, je suis terrifiée, avouai-je. Mais j'ai décidé d'être sympa, j'ai confiance en Hayden, il m'a dit que rien de mal ne me sera fait.

Il afficha un grand sourire.

« Tu m'en vois ravi, s'enjoua-t-il.

« De ta confiance envers Hayden, ajouta-t-il avant que je ne me méprenne.

Je hochai la tête. Hayden était devenu un ami plus qu'un allié aujourd'hui, tout comme Demetri.

« J'aime bien aussi Demetri, eus-je envie de confier.

Ça ne coûtait rien d'énoncer ma liste d'amis. Liste qui s'arrêtait là, de toute façon.

« Puis-je ? Me demanda-t-il en tendant sa main vers moi.

Je savais qu'il voulait que j'y mette la mienne, j'hésitai malgré moi mais il fallait qu'il vérifie mes intentions, je n'en avais pas de mauvaises, de son point de vue, mais l'idée qu'il viole mon intimité me rebutait. Je déposai ma main dans la sienne et fus surprise de sa froideur, j'avais oublié cette caractéristique, Hayden n'avait manipulé que la sensation de sa peau à lui, jugeant probablement que ce serait inutile pour les autres

Le don d'Aro fut différent que les autres que j'avais ressenti jusqu'à présent. Alors que d'habitude, ils fourmillaient de différentes façons autour de mon esprit, cette fois, les petits points entraient en moi à travers la main d'Aro, remontèrent mon bras et se cognèrent comme en dessous de mon esprit. De façon fourbe... seulement, je venais de le bloquer ce qui n'allait pas instaurer un climat de confiance entre nous alors je tentai de penser à autre chose que ces points et me détendis en imaginant Tyler sous la douche. Juste parce qu'il allait tomber directement dessus et cette idée m'amusa. Les points entrèrent et je sus qu'il était effectivement tombé sur Tyler nu au vu des ses lèvres qui s'étaient redressées.

« Voyons, Tamsyn, un peu de tenue, me serina-t-il.

Il perçut mon amusement dans mes pensées qui finirent par se modifier sans que je n'y puisse rien. C'était très perturbant d'avoir quelqu'un dans ma tête, contrôlant le flux de mes souvenirs. Il fouilla mes souvenirs avec Hayden, espionnant nos conversations et mes pensées qui y étaient liées, il découvrit alors que je possédais un don et chercha les moments où l'on en avait parlé, mais ils n'étaient pas nombreux. Oui, j'arrivai à savoir si on utilisait un don sur moi et le laissai ou non faire effet, rien de bien intéressant.

Pour je ne sais quelle raison, il fouilla mon enfance épanouie avec mes parents et mes amis d'école. J'avais déjà beaucoup d'amis à l'époque, me rappelai-je tandis que les images défilaient avec parfois, les paroles qui venaient avec. Il fit défiler beaucoup de mes souvenirs de ma jeunesse, primaire, collège, lycée et mon unique année d'université... j'avais toujours été très entourée, réalisai-je et je comprenais alors l'effet attractif que me reprochai Emelyne qui avait plus de mal à se lier aux autres mais pourtant, nous avions les mêmes amis et elle appartenait elle aussi au noyau dur de notre groupe d'amis, tout le monde était ami avec ce noyau, avec elle aussi, du coup.

Il jeta un œil à d'autres souvenirs mais dans le désordre de leur survenue. La descente aux enfers à propos de la tumeur de ma mère se déroulait, ce qui m'y replongea avec une grande peine. Puis le soulagement de la disparition de sa maladie et la découverte de ma tumeur. Cela sembla le perturber puisqu'il revint en arrière, cherchant quelque-chose dans ce qu'il se passait pendant que ma mère était malade. Il tomba sur le moment où je m'étais faufilée dans sa chambre et avais fait ma prière. Cela le rendit curieux puisqu'il repassa le souvenir.

Pourquoi ? Pensait-il que j'avais volé la tumeur de ma mère ? Parce que c'était impossible. Il fouilla d'autres souvenirs et vint l'accident de mon père. C'était aussi triste que banal. Un accident de voiture, en rentrant des courses lorsque j'avais 11 ans, il m'avait amenée, j'avais survécu, lui non. Il repassa un moment de l'accident plusieurs fois comme s'il cherchait à savoir dans quel angle ma tête avait frappé la vitre, repassant le souvenir au ralenti. Je me demandai s'il cherchait à me torturer. Il ralentit davantage la scène, me pétrifiant davantage aussi. C'était la vitre qui l'intéressait, réalisai-je, je me focalisai donc dessus. Ce que je me rappelai : ma tête a cogné la vitre qui a explosé puis trou noir. Les faits : la vitre a explosé une demi-seconde avant. Il y avait forcément une explication raisonnable, une raison technique qui expliquait le phénomène. Mon don ne pouvait pas être autre chose que ''détecter l'activation d'un don sur moi''. Un souvenir plus récent survint, plus glauque et affreux aussi. Le moment où Emelyne nous protégeait de sa paroi invisible. Il repassa la scène, Emelyne lève les mains, les vampires sautent et sont bloqués.

Il relâcha ma main, semblant satisfait. Un grand sourire s'afficha sur son visage.

« Tout cela était très intéressant, désolé pour la gêne et les mauvaises choses que cela a dû produire en toi. Tu as un don, s'extasia-t-il.

« Vous ne pouvez pas me transformer, m'alarmai-je. Hayden ne le voudra pas.

« Hayden est sous mes ordres, me rappela-t-il. Mais il est vrai que ça risquerait d'être compliqué à gérer, son lien avec nous est fragile, à cause de son don.

« Qu'as-tu vu ? Demanda Caïus à Aro.

« Tamsyn détecte nos dons mais pas leur nature, elle sait quand il y en a un d'actif sur sa personne et les laisse ou non passer, Hayden pense qu'il y arrive en la touchant, il ne sait pas que ces fois-là, elle l'a laissé faire.

« Un autre bouclier ?

« Peut-être, elle me bloquait au départ, il y a eu cependant deux anomalies dans sa vie mais cela peut-être les dons de sa mère et de son père.

« Des parents et leur fille, possédant tout trois un don ? Fit le blond peu convaincu.

« J'ai deux ancêtres qui ont été soupçonnées d'être des sorcières, avançai-je. Elles ont d'ailleurs survécu après vingt minutes d'apnée et ont donc été brûlées. Ça ne fait que deux mais j'imagine que ma famille peut avoir ça dans les gênes.

« Elles étaient peut-être des vampires.

Je n'avais pas pensé à ça, ça enlevait l'une des théories d'Hayden.

« Tu as leurs noms ?

« Mary et Sarah Parker.

« Je n'ai connu aucun de ces noms, ont-elles été brûlées démembrées ?

« Non, dans un bûcher normal de sorcières.

« Pas des vampires, alors.

« Un don d'apnée ou un truc comme ça, alors. Ou bien véritablement des sorcières.

Je pris un temps pour réfléchir.

« Mon père avait un don et ma mère en aurait un, alors ? C'est pour ça que vous repassiez les scènes. Mon père m'aurait protégée plutôt que lui mais ma mère, je ne comprends pas, elle ne m'aurait pas rendu malade pour se sauver.

« Elle est humaine, de plus, elle dormait, elle a fait ça inconsciemment. Je suis certain que si elle était au courant et qu'elle le maîtrisait, elle ferait le processus inverse.

« Non, je ne lui ferai pas faire cela, je ne veux pas qu'elle meure.

« Tu es, de ce fait, mourante, se désola-t-il.

« Je sais, je l'ai accepté.

« Qu'en pense Hayden ?

« Ce n'est pas son affaire.

« Comptes-tu lui dire ou lui cacher jusqu'à ce qu'il te découvre morte, un jour au hasard ? Me reprocha-t-il.

« Je lui dirai, quand je sentirai que ça sera la fin, j'ai encore du temps et je ne veux pas qu'il change d'attitude avec moi.

« Parfait, s'enjoua-t-il en frappant dans ses mains.

Je sursautai parce que je ne m'attendais pas à une telle réaction.

« Je ne te transformerai pas, sois sans crainte, je vous laisse régler ça entre vous. Je te ferai apporter ton téléphone, tu n'as pas l'intention de créer de problèmes, ce qui est rassurant pour la survie de ta mère et d'Audric.

Je savais que la menace était pour le cas où récupérer mon portable me donnerait des ailes et de toute façon, ce n'était pas avec les semaines qu'il me restait que j'allais profiter d'une liberté retrouvée. Puis j'aimais bien Hayden et Demetri. La seule chose que j'étais pressée de faire, c'était d'appeler Tyler et pouvoir enfin entendre sa voix de nouveau. Je sortis de la salle et me retrouvai seule dans le couloir, je n'avais pas vraiment prêté attention au chemin qui séparait ma chambre du bureau des rois, aussi espérai-je ne pas me perdre, Alec ayant disparu.

« Cela doit être fait avant demain, fit une voix féminine et froide.

J'étais dans les escaliers qui séparaient le premier du second étage quand j'entendis ça. Je ne m'arrêtai pas pour autant, ne voulant pas que l'on croit que j'espionnais et me figeai devant l'adolescente blonde au chignon parfait qui se tournait dans ma direction pour se figer à son tour en me voyant. J'avais un regard assassin et empli de rage. Toute cette rage était contre elle. D'un air impassible, elle me fixa puis un sourire mesquin apparût et je sentis des petits points piquer autour de ma conscience, comme s'ils chutaient tout autour du voile de mon esprit à vive allure. Elle perdit alors son sourire et les points disparurent. Je lui lançai alors un sourire narquois. Ce n'était pas mon habitude de provoquer les gens, surtout si ceux-ci étaient des vampires qui pouvaient facilement me tuer, mais cette adolescente était mon ennemie depuis qu'elle avait tué Mallory. Je n'avais jamais eu d'ennemi, avant, je n'avais jamais expérimenté le fait de ne pas aimer quelqu'un ni le fait qu'on ne m'aime pas. Je détestais cette fille et la réciproque semblait présente.

Elle eut un soupire dédaigneux.

« Je ne perdrais pas mon temps avec un insecte.

Elle tourna les talons et disparut. Je me détendis et continuai mon chemin jusqu'à ma chambre où je reçus rapidement la visite d'une nouvelle vampire. Elle était magnifique avec ses longs cheveux bruns clairs possédant des ondulations serrées, plutôt petite, elle avait une taille de guêpe qui relevait sa féminité. Elle me lança un sourire timide et s'approcha de moi sans vraiment oser me regarder en face. Elle tenait dans sa main, mon portable qu'elle me tendit.

« Bonjour, je suis Chelsea... n'aie pas peur de moi, je ne te ferai rien.

Sa voix était posée, douce. Je tendis la main et pris mon portable. Je la reconnus, elle avait été parmi les vampires de l'attaque. Elle était difficilement reconnaissable maintenant qu'elle se trouvait devant moi dans un autre contexte. Je dus réprimer la colère et la peine, ne voulant pas rendre les choses compliquées.

« Tamsyn, me présentai-je.

Même si je supposai que tout le monde connaissait mon nom. Cependant, elle me sourit faiblement plutôt que m'indiquer qu'elle le savait déjà.

« Je suis navrée, fit-elle. Pour tout cela.

Je haussai les épaules et lui offris un demi-sourire parce que la pauvre, elle semblait avoir peur de mes réactions. Ce qui était plutôt ironique. Je sentis des petits points caresser mon esprit mais à un endroit précis. Je me rappelai que le don de Chelsea était inconnu pour tous, sauf peut-être les rois, je bougeai dans la pièce pour faire comme si je ne sentais rien de ce qu'elle faisait. Je me rendis compte que l'endroit que les petits points caressaient bougeait autour de mon esprit. Je tentai quelques demi-tour et un tour complet. L'endroit que ces points caressaient était toujours l'endroit le plus proche d'où se trouvait Chelsea.

Je me demandais ce qu'elle cherchait à faire et aussi pourquoi les points ne réagissaient jamais de la même manière autour de mon esprit protégé. Ça devait être à cause de la nature des dons, supposai-je.

« Tu essayes de me manipuler ? Lui demandai-je.

Elle cessa son don immédiatement en écarquillant les yeux.

« Tu sens que je fais quelque-chose ?

« Ouais, fis-je faussement désolée.

« Je suis désolée, Aro m'a dit d'essayer.

C'était probablement pour que je me sentes plus à l'aise dans cette famille. Enfin, Hayden appelait ça un clan. C'était ce qui était arrivé à Hayden quand il était arrivé, il s'était senti comme chez des amis.

« Manipulation mentale aussi ? Pour nous forcer à faire ami-ami ? Tu dois bien t'entendre avec Hayden, un couple de manipulateurs, souris-je. Vous iriez bien ensemble.

« Hayden et moi ? S'étonna-t-elle.

Elle fronça les sourcils en me regardant étrangement puis haussa les épaules.

« Mon compagnon est Afton, tu le rencontreras peut-être, il est ami avec Hayden.

« Oh, ok, lâchai-je.

Elle s'en alla après m'avoir fait un salut de la main. J'allumai aussitôt mon téléphone mais il resta éteint, plus de batterie. Je cherchai mon chargeur dans l'un des tiroirs de ma commode et le branchai à la prise murale près de mon lit pour ensuite brancher l'autre extrémité au téléphone que je posai sur la table de chevet, patientant quelques instants.

Quand je ne pus plus tenir, je pris mon téléphone, m'assis en tailleur et l'allumai tout en le laissant branché. L'allumage me parut interminable. J'avais de nombreux appels en absence, beaucoup d'sms et une certaine quantité de messages vocaux, d'après le logo du répondeur. Découragée, j'ignorai le tout et appelai directement Tyler. Mon cœur tambourinait dans ma cage thoracique sous l'anticipation d'entendre de nouveau sa voix, le matin où il m'avait quitté me semblait si loin. Troisième tonalité et toujours pas de réponse, la peur qu'il ne décroche pas s'insuffla en moi. Quatrième tonalité et le répondeur se déclencha. Il devait être au chevet de sa mère et avait laissé son téléphone en silencieux. Le bip prévenant qu'on pouvait débuter le message retentit.

« Coucou, c'est moi, je viens de retrouver mon téléphone, euh, je l'avais paumé à l'université... mais quelqu'un l'a ramené au secrétariat. Tu me manques, je t'aime.

Je regardais mes sms, beaucoup de mes amis se demandaient où j'étais passée, ils étaient tous restés sans réponse. J'appuyai sur le logo du répondeur et la boîte m'indiqua un nombre impossible de messages vocaux et me prévint que ma boîte vocale était pleine. Les premiers messages n'étaient pas inhabituels ma mère m'avait appelée le samedi soir de ma disparition, ne me voyant pas rentrée puis de nouveau dimanche, plus inquiète. J'eus pas mal de messages de mes amis qui suivaient la même licence que moi, me demandant si j'étais malade ou non. Et plus les messages défilaient plus ils avaient l'air inquiet, certains pensaient que j'avais décroché et tentaient de me convaincre de revenir, d'autres me demandaient s'il m'était arrivé quelque-chose et l'une d'entre eux me demanda si je n'étais pas en dépression et s'excusa de n'avoir rien vu parce que je paraissais heureuse mais qu'elle savait que l'apparence pouvait être trompeur.

J'allais dans le groupe whatsapp de la promo, beaucoup de messages avaient été échangés et en remontant, je me rendis compte que ma disparition était le sujet principal du moment depuis la semaine dernière. Les théories d'un accident, d'une maladie et d'une dépression avaient été énoncées. Jusqu'à ce que Tom leur indique qu'il était passé voir chez moi et que j'avais abandonné les études pour trouver un travail qui me faisait voyager à travers le monde. Ils étaient contents pour moi mais regrettai que je ne leur ai pas dit au revoir. Je commençai donc un message d'excuse :

Hey tout le monde !

Désolée pour le silence, problème de tel

et désolée d'être partie comme une voleuse

il se trouve que j'ai effectivement volé un travail

chargée d'affaires internationales, qui peut le croire ?

Tout s'est enchaîné très vite mais je vous tiens au courant

si jamais je repasse par Salem.