Chapitre 18

Une semaine était passée, j'allais devenir folle mais j'étais sur le point de sortir de ce cachot. Je ne pouvais en sortir que pour me rendre à la salle de bain, à l'entrée des cachots pour me laver et me changer. Malheureusement, il y avait désormais du personnel humain qui travaillait au château ce qui me forçait à devoir me nourrir et le repas allait bientôt arriver. Je jouais avec mon don pour tenter d'en deviner la nature. Les scintillements cessèrent et l'aura de Demetri, debout devant moi, disparurent ainsi que les particules qui voyageaient entre Hayden et moi. Je n'avais pas revu Hayden depuis qu'il s'était énervé contre moi et je m'en voulais de l'avoir déçu. Et je m'en voulais de m'en vouloir pour ça parce que je ne pensais pas réellement lui devoir quelque-chose. Je n'avais pas revue Emelyne non plus, Demetri m'avait parlé d'un entraînement mais je n'avais pas posé de questions.

J'optai à présent pour la paroi invisible et elle se matérialisa devant moi tandis que les points voletaient dans mon esprit. Je posai ma main dessus et sentis l'air dense que les particules formaient, m'empêchant de l'avancer plus. Je laissai la paroi s'évaporer et voulus tenter d'attirer un truc vers moi mais il n'y avait pas d'objet à ma disposition. Je me demandais si ça marchait avec les gens puis je me souvins que j'avais attiré l'humain à moi, quand j'étais folle. Voyons si ça marchait avec les vampires.

Comment avais-je fait ? Je n'étais plus vraiment moi-même à ce moment. J'avais souris, alors je souris à Demetri qui se contenta de me le rendre. Mh. J'avais pas simplement souris, j'avais charmé l'humain. Je modifiai mon attitude pour devenir charmeuse. Je sentis les points de mon aura tournoyer, ce n'était pas dans mon esprit que ça se passait, cette fois. L'attitude de Demetri changea en réponse alors que les particules de son aura semblait être attiré par moi. Il fit un pas dans ma direction, se lécha la lèvre puis réalisa que ce n'était pas normal.

« Tamsyn, me prévint-il doucement.

Je reculai pour m'éloigner mais mon attitude était toujours charmeuse, lui souriant et lui lançant un regard séducteur. Il fit un autre pas, ne résistant pas à mon pouvoir attractif mais régulièrement, son visage prenait un air interrogateur.

« Tamsyn, c'est mon instinct que tu titilles, pas ma conscience. Je ne peux pas m'empêcher de te vouloir alors arrête ça.

Je pouffai.

« Tamsyn, je t'en prie, je vais te sauter dessus et Hayden va me tuer.

Je perdis mon sourire et mon don cessa. Il soupira un « merci » avant de se reculer.

« Bordel, c'était quoi ça ? Lâcha-t-il.

« J'avais réussi à soulever des cailloux, l'autre jour, sans les toucher mais il n'y a pas d'objet, je voulais faire la même chose avec toi.

« Je ne pense pas que ce que tu m'aies fait soit la même chose que ce que tu as fait aux cailloux.

« Qu'est-ce que tu as ressenti ?

« Tamsyn, râla-t-il.

« J'essaye d'en savoir plus sur mon don, il a beaucoup trop de facettes. Dis-moi, il faut bien que je le comprenne sinon, je vais devoir recommencer sur le prochain et je doute qu'Alec apprécie.

Il soupira de lassitude.

« Je me suis senti attiré par toi.

« Comme un aimant ou sexuellement attiré ?

« Les deux, soupira-t-il. Ton don a marché sur mon instinct uniquement, j'avais conscience que mon attirance n'était pas réelle.

« Tu n'es pas allé contre.

« Mon instinct contrôlait, soupira-t-il. Ne refais plus ça.

Je lui souris avec espièglerie et il me lança un regard sévère. J'entendis un battement cardiaque avant d'entendre les pas de l'humain qu'Alec m'amenait. Et merde. Je coupai ma respiration, Demetri sortit du cachot et Alec propulsa l'humain qui atterrit à quatre-pattes à mes pieds. Je me reculai le plus loin possible de lui.

« Du sang frais, m'annonça Alec.

Je le fusillai du regard.

« Allez, nourris-toi, m'enjoignit-il.

Il s'accouda à l'ouverture du cachot en croisant les bras sur son torse, croisant également le pied qui ne supportait pas son corps sur l'autre.

« Pitié, non, supplia l'humain.

Je baissai mon regard sur l'humain qui se tenait en boule, sur ses genoux, les deux mains au-dessus de sa tête pour se protéger.

« Allons Tamsyn, tu es un vampire maintenant et cet humain est condamné, maintenant qu'il sait... il ne sortira pas vivant donc ne gâche pas la nourriture.

Je n'allais certainement pas le tuer mais il allait pouvoir être utile. Il fallait que je sache si en utilisant le pouvoir attractif de mon don, il réaliserait lui aussi que ce n'était pas réel. Je fis donc comme tout à l'heure, modifiai mon attitude pour paraître plus charmeuse mais comme l'humain ne me regardait pas, je ne savais pas si ça marcherait. Cependant, les particules de son aura étaient bien attirés par moi. Il desserra l'emprise de ses mains autour de sa tête et la releva pour me regarder. J'espérai qu'il allait bientôt se lever parce que j'avais l'impression qu'il se prosternait devant moi et ça me mettait mal à l'aise. Il se détendit et se redressa, posant sur moi un regard admirateur. Il se leva finalement et m'approcha sans me quitter des yeux.

« Vous êtes magnifique, me complimenta-t-il.

Ce qui agrandit mon sourire.

« Je vous aime, m'avoua-t-il.

Il leva la main vers mon visage et je fis cesser le don. Il arrêta son mouvement et réalisa qu'il s'était rapproché de moi mais il n'eut pas peur. Je regardai Alec qui me regardait stupéfait et Demetri ne semblait pas m'en vouloir d'avoir tester ceci sur l'humain. Je reportai à nouveau mon regard sur l'humain.

« Vous avez ressenti quoi ?

« Euh... rougit-il. Vous m'attiriez, je pensais être amoureux de vous.

« C'était réel, pour vous ?

« Oui, affirma-t-il. Je ne comprends pas, je ne ressens plus ça maintenant. Ça m'était jamais arrivé... C'était un coup de foudre ?

« Non, c'était pas réel. Vous n'avez pas peur de moi ?

« J'ai... j'ai peur d'eux... mais pas de vous. Enfin, au départ, je pensais que vous alliez me tuer... et c'était pourquoi j'avais peur de vous.

Je fis venir mon radar à particules mais aucune particule n'allait de lui à moi. C'était probablement un effet résiduel de mon aura, qui faisait que tout le monde m'aimait bien, comme Emelyne l'avait prédit.

« Tue-le maintenant, s'impatienta Alec.

Je regardai Alec avec tout le mépris dont je pouvais faire preuve, Alec avait été sympa, jusque là, pourtant. J'aurais bien aimé qu'il tombe. Genre, si la grille disparaissait... pouf. Un Alec par terre, ça serait drôle. La grille ne disparut pas mais Alec dut se rattraper vivement pour ne pas tomber. Je regardai le barreau qui venait littéralement de fondre sur une bonne partie, là où Alec s'était tenu.

« Quoi ? Fit-il avec étonnement.

Il passa sa main sur le métal qui s'était figé en dégoulinant sur lui-même. Je l'avais vu, il l'avait senti, le barreau avait fondu et ça l'avait fait basculer puisqu'il s'appuyait dessus. C'était moi qui avait fait ça, j'avais senti le bourdonnement dans mon esprit. Je fus contre les barreaux en une seconde à peine et posai mon doigt sur l'un d'eux. C'était solide. Je me concentrai, refis bourdonner les points et testai de nouveau. Mon doigt s'enfonça dans le barreau qui commençait à fondre, quand je le retirai, le barreau s'était de nouveau solidifié avec un trou laissé par mon doigt.

J'avais suivi une année d'études scientifiques, c'était scientifiquement impossible. Et bien, plutôt scientifiquement improbable, du coup. J'avais changé l'état du métal. Si j'avais pu changé l'état du métal, c'était que j'en avais modifié les molécules et pour modifier les molécules, il fallait... manipuler les atomes.

Alors ces petites particules... je n'avais pas fait léviter les cailloux, j'avais manipuler leurs électrons pour qu'ils soient attirés par ma paume, comme un aimant. C'était mes atomes qui attiraient les électrons des gens, du coup, ils se sentaient attirés et leur esprit mettait une émotion sur cette attirance, comme l'amitié, pour que ça fasse sens. C'était l'explication la plus logique que j'avais jusqu'à présent.

« J'ai compris mon don, informai-je.

« Vraiment ? Un seul don ? S'étonna Demetri.

« Je manipule les atomes ce qui se révèle être un don plutôt évasif, je pense vraiment que c'est ça. C'est comme ça que je créé la paroi invisible, que je peux attirer des cailloux vers ma main ou des gens vers moi ou que le barreau d'Alec a fondu. Et je pense que vos dons sont provoqués par des électrons que vous envoyez et donc, je les détecte.

« Ça fait sens, en convint Demetri.

Ce qu'approuva Alec.

« Bien, bois, maintenant, lâcha ce dernier.

Je me décomposai. Je n'avais plus d'air en stock pour protester et je ne pouvais pas prendre d'inspiration sous peine de voir mon instinct prendre le dessus et devenir folle.

« Bois ou je vais chercher Hayden, menaça Alec.

Hayden me manquait donc je n'étais pas contre, il pouvait tout de même faire mieux comme menace.

« Il ne sera pas content d'être obligé de sortir de sa bouderie, me prévint-il en haussant un sourcil.

Ah, oui, peut-être qu'il était bien là où il était, finalement. Je ne voulais pas qu'il soit fâché contre moi. Encore plus, je voulais dire.

« Bien, soupira-t-il, voyant que je ne bougeai toujours pas.

Alec disparut et il fallut quelques secondes à Hayden pour nous rejoindre, Demetri, l'humain et moi. Il n'était effectivement pas content d'avoir dû se déplacer. Il ne dit rien, cependant, il s'avança vers l'humain qui recula autant qu'il put. Hayden lui brisa la nuque et m'envoya le corps. Je me décalai et le corps s'abattit contre les barreaux puis sur le sol. Il n'allait pas avoir de bleu de toute façon.

« Bois, claqua-t-il.

Il était mort, alors... je m'accroupis récupérai son bras mort et enfonçai mes dents dans son avant-bras. Bordel, que c'était bon ! Je me délectai du sang chaud au goût divin sans penser à quoi que ce soit d'autre que le délice que c'était.

Quand j'eus fini, je culpabilisai de nouveau. Un humain était mort pour me nourrir, encore une fois. Je cherchai Hayden du regard, il était adossé contre les barreaux du cachot d'en face et me fixait impassible. Vision périphérique, je ne voulais toujours pas jeter mon regard dans le sien.

Demetri nous regarda tour à tour, dépité. Il prit le corps de l'humain qu'il balança sur son épaule.

« Réglez vos problèmes de couple, marmonna-t-il avant de disparaître.

Je levai les yeux au ciel, pour la forme vu qu'il était parti. Je reportai mon regard sur Hayden, sur sa bouche pour ne pas regarder ses yeux. Non, le torse, c'était mieux, moins... dangereux.

« Je suis désolée, gémis-je. Arrête de m'en vouloir, je ne contrôle pas mes sentiments.

« Moi non plus, figure-toi.

Je soupirai.

« Peux-tu au moins me regarder ? Tes yeux, tu les contrôles, non ?

Je relevai les yeux mais mon regard s'arrêtait au niveau du bout de son nez. Ce qui le fit gronder. Je reculai d'un pas et baissai mon regard.

« Viens, soupira-t-il, laissant retomber ses bras, je te ramène à ta chambre.

J'étais complètement ravie de retrouver ma chambre. J'avais oublié la télé, elle avait été installée mais n'avait jamais servie, ma transformation n'était pas prévu dans le programme d'anniversaire d'Emy. Mon portable était resté sur ma table de chevet et je lorgnai dessus mais décidai que ça pouvait bien attendre un peu, ne voulant pas paraître impolie. Bien qu'Hayden m'aie transformée contre ma volonté, ce qui était le paroxysme de l'impolitesse, ce qui faisait de moi une meilleure personne. Je me laissai m'écrouler sur mon lit, moelleux, confortable, je ne l'avais pas vu depuis une éternité et je réalisai, maintenant que j'étais dessus, qu'il m'avait manqué.

Hayden commença à sortir.

« Tu retournes bouder ? Lui reprochai-je.

Il s'arrêta, la main sur la tranche de la porte, prêt à la fermer, il attendit quelques secondes et se tourna vers moi.

« Tu me manques, avouai-je.

Je ne voulais pas vraiment en arriver là, à admettre qu'il me manquait parce que ça allait contre ma colère résiduelle envers lui mais le fait était que depuis que j'étais un vampire, il se passait des trucs incompréhensibles comme le besoin que j'avais qu'il soit content de moi. Et là, il n'était pas content de moi.

Il referma la porte mais resta à l'intérieur et s'avança vers moi. Je m'assis en tailleur sur le lit, il s'assit, face à moi, pliant l'une de ses jambes mais laissa l'autre hors du lit.

« Ne sois pas fâché, je ne sais pas comment arranger les choses.

« Je ne suis plus fâché, me rassura-t-il. Mais j'ai pas vraiment envie d'être près de toi alors que tu penses à Tyler.

Je grimaçai.

« Je ne pensais pas à lui, là, râlai-je. Je ne pense pas constamment à lui.

« Pourtant tu devrais, si c'est ton âme-sœur, ça devrait t'obséder vu qu'il n'est pas là. Comment tu expliques ça ?

« Qu'est-ce que j'en sais ? Grommelai-je. Je suis un vampire depuis une semaine.

« Pourquoi es-tu si sûre qu'il est ton âme-sœur ?

J'allais répondre mais je refermai la bouche. Je n'avais pas vraiment réfléchi au pourquoi. C'était ça, c'était tout. Ça devait être ça, sinon, ça n'aurait pas été à lui que j'aurais pensé pendant ma transformation, donc c'était juste de la logique.

« Ça a été le seul amour de ma vie, je n'avais jamais été amoureuse avant lui alors ça ne peut être que ça. Ça me semble logique qu'il le soit.

« Et s'il ne l'est pas ?

« Impossible.

« Tu ne te le rappelles peut-être pas mais on a failli s'embrasser et je sais que tu me voulais, à ce moment-là.

« Comment ç...

Merde. Je savais qu'il ne fallait pas que je le regarde dans les yeux. Stupéfaite, j'avais calquer mes yeux aux siens et maintenant, j'étais prisonnière. Oh mon dieu, c'était quoi tout ce que je ressentais ? L'univers était à sa place, du moins, c'était la sensation que j'avais.

Je voulais le toucher, je devais le toucher. Je me déplaçai vers lui, il déplia sa jambe et tourna son corps tandis que je m'assis sur ses genoux. La partie de moi qui raisonne commençait à protester alors je la bouclai dans un coin de mon esprit. Il était à moi. Je mis mes mains de chaque côté de son visage, les siennes étaient sur mes hanches. J'approchai mes lèvres des siennes et l'embrassai. Dieu, pourquoi ne m'avait-il pas fait ça avant ? Le baiser était passionné et s'approfondit alors qu'il enfonçait ses doigts plus durement contre la peau de mes hanches, il mit fin au baiser sous ma plainte.

« Tamsyn ? Murmura-t-il me forçant à reculer mon torse.

Il me regarda dans les yeux, je le fis aussi, c'était ce qu'il voulait depuis le début non ? Que je le regarde ? Je le regardais à présent mais j'avais besoin de plus de peau contre la sienne.

« Tamsyn, quelle partie de toi te contrôle ? Me demanda-t-il, me bloquant pour ne pas que je l'embrasse à nouveau.

Je grondai avec un sourire plein de promesses sexuelles.

« Et merde, tu n'es pas vraiment toi.

J'étais la meilleure partie de moi.

« Je te veux, clamai-je.

« Je le vois bien mais tu vas un peu regretter ensuite, si je te laisse faire.

« Laisse-moi faire, le suppliai-je.

« Calme-toi, me rabroua-t-il.

« Je te veux, me plaignis-je.

« Tu m'auras mais pas maintenant.

Je laissai échapper un grognement plaintif accompagné d'une grimace agacée.

Et merde. Me voilà bien. Mon instinct avait pris le dessus et j'étais à présent assise sur les genoux d'Hayden. Pas assise de façon sage, j'étais face à lui, une jambe pliée de chaque côté de lui et mes mains étaient sur ses épaules. Je voulais bien faire comme si j'avais oublié tout ce passage, n'ayant pas été moi-même, mais je savais qu'il ne me croirait pas. Puis ça serait probablement vexant pour lui. Je ne pouvais pas nier qu'il y avait un truc entre Hayden et moi, pas un truc unilatéral comme je pensais, en tout cas, ce qui me faisait douter du lien que j'avais avec Tyler.

Contrairement à ce dont je m'attendais, je ne culpabilisais pas mais j'étais persuadée que j'aurais dû, quand bien même Tyler m'avait quittée. Le fait que je ne culpabilisais pas s'ajoutait aux doutes que j'avais mais c'était peut-être parce que j'étais humaine la dernière fois que j'avais vu Tyler et peut-être parce qu'il m'avait quittée et que quelque-part, je me sentais un minimum célibataire. Il fallait que j'en ai le cœur net pour que soit j'arrête de penser que Tyler était mon âme-sœur soit je mette une distance sécuritaire entre Hayden et moi, pour son propre bien. Instinctivement, je me rebiffais contre l'idée de ne plus voir Hayden. Je mis ça sur la pile des doutes.

« Il faut que je vois Tyler, lançai-je abruptement.

« Putain ! Grogna Hayden en me balançant dans le lit.

Je rebondis sur le lit puis m'assis et regardai le dos d'Hayden qui s'était levé. Ses muscles étaient tendus et je me rendis compte que j'avais encore dit une connerie.


Hey, ça avance, un peu, non ?