Chapitre 7 : Première rencontre
Face à ses amis, Draco fit semblant de ne pas tenir compte de leurs avis ni du coup d'éclat de Théo. Même si sa fierté lui interdisait de le reconnaître, il avait pourtant été secoué par les paroles de son ami. Durant les jours qui suivirent, il recommença à s'isoler mais la solitude pesa rapidement sur ses épaules. D'un côté il ne voulait pas retourner vers ses amis et admettre qu'ils avaient raison, et de l'autre Hermione l'ignorait royalement. Il finit par craquer, réalisant que c'était stupide d'agir ainsi alors qu'il y avait autant en jeu. Il griffonna donc un mot assez vague sur un parchemin et le glissa dans le sac de la gryffondor dès qu'il en eut l'occasion.
Alors qu'elle sortait ses livres de cours, Hermione découvrit avec surprise un bout de parchemin soigneusement plié. En lisant son contenu, elle dût se retenir de le jeter au feu immédiatement :
"Granger, viens avec tes amis de Gryffondor dans la Salle-sur-demande vendredi à 17h. Je suis prêt pour ce dont on a parlé."
Mais pour qui il se prenait? D'abord il l'insultait et maintenant il lui donnait des ordres? Elle était vraiment tentée de l'ignorer et de ne pas se rendre au rendez-vous. Mais ça aurait été vraiment puéril, en plus de gâcher tous les efforts et le rapprochement entre Draco et elle. Et malgré sa colère, elle devait admettre qu'elle était soulagée que le serpentard se soit enfin décidé. Elle rejoignit donc Harry et Ginny après que "Ron-Ron" soit parti rejoindre sa Lavande et leur tendit le mot sans rien dire. Ils le lisèrent ensemble avant que Ginny prenne la parole.
- Tu crois vraiment que Malfoy dit la vérité?
- Je ne peux pas tout vous raconter, parce que ce sont ses secrets, mais oui, je suis certaine qu'il est sincère. Pour être honnête, c'est même moi qui l'ait approché...
- Mais... Pourquoi Mione? Enfin, je me plains pas du résultat mais vous avez quand même passé 5 ans à vous détester...
- Je sais Harry. Je vous expliquerai la raison derrière tout ça, mais... Pas tout de suite. Je te promets que je vous le dirai, j'ai juste besoin d'un peu de temps!
Le brun hocha la tête, pas totalement satisfait de sa réponse mais soulagé qu'elle compte leur en parler.
- Tant mieux. Je ne veux plus de secrets entre nous! Et en parlant de ça... Il va falloir qu'on prévienne Ron. Je n'aime pas le laisser en dehors de tout ça.
Hermione baissa la tête avec un air coupable. Elle avait beau être une gryffondor, elle avait peur de la réaction du rouquin. C'était l'un de ses meilleurs amis, elle supporterait mal de le perdre après tout ce qu'ils avaient traversé ensemble. Ginny approuva Harry en les regardant.
- Je sais que tu appréhendes sa réaction mais il faut que ce soit toi qui lui dises. A mon avis, ce sera encore pire si c'est Harry ou moi! Et puis c'est mon frère, je le connais, il va tirer la gueule et quand il sera calmé, il reviendra s'excuser. C'est agaçant parfois mais c'est comme ça qu'il marche...
- Très bien... Quand il revient alors? Autant faire ça dès que possible. Et avec un peu de chance, il sera moins fâché vendredi.
Ils patientèrent donc tous les trois dans la salle commune en discutant de tout et de rien. Malgré l'apparente légèreté de la conversation, ils étaient tendus. Hermione regardait sans arrêt vers le portrait de la Grosse Dame, Harry jouait distraitement avec une plume et Ginny tapotait du pied. La salle commune s'était peu à peu vidée et ils n'étaient plus que tous les trois. Lavande fut la première à revenir et ils la regardèrent partir vers le dortoir en gloussant. Lorsque enfin Ron revint aussi dans la tour Gryffondor, la brune manqua de sauter sur ses pieds par impatience. Malgré son manque habituel de perspicacité, il remarqua tout de suite que quelque chose clochait. Un peu inquiet à l'idée d'avoir fait quelque chose de mal, il s'approcha lentement d'eux en les regardant alternativement.
- Euh... Vous m'attendiez?
Hermione se tordit nerveusement les mains en évitant de le regarder et Harry lui répondit à sa place.
- En fait oui... On a besoin de te parler de quelque chose. S'il te plaît, essayes de nous écouter calmement et jusqu'au bout, c'est important.
Sa meilleure amie lui adressa un regard reconnaissant et Ron s'assit face à eux, méfiant.
- Okay... Vous me faites vraiment peur là. Il faut que je m'inquiète?
- Non non, ce n'est rien de grave! Enfin, pas vraiment. Tu n'as pas à avoir peur en tout cas.
La lionne regarda Harry et Ginny qui lui adressaient des sourires de soutien et elle continua prudemment.
- Il y a quelques temps, j'ai commencé à discuter avec... un serpentard. Il est assez sympa et plutôt différent de ce que j'imaginais. En plus, ses amis aussi se sont montrés plutôt... amicaux avec moi. On a commencé à évoquer le sujet de Voldemort et il ne veut pas le suivre. Donc ça serait bien qu'on se voit tous ensemble...
Ron fronça les sourcils et secoua la tête.
- Des serpentards? Mione, je ne suis pas sûr... Mais bon, si tu me dis qu'ils sont réglos. De toute façon, ce n'est pas comme si c'était Malfoy!
Il termina sa phrase avec un rire qui se stoppa net lorsqu'il prit conscience de l'expression de ses amis. Il bondit de son fauteuil en serrant les poings.
- Vous vous foutez de moi là? Hermione! Je n'arrive pas à le croire! T'as copiné avec la fouine? Mais qu'est-ce que t'as dans la tête? Comment tu as pu oublier tout ce qu'il t'a fait, toutes les insultes qu'il nous a balancé?! Alors là, vous pouvez rêver pour que j'accepte!
- Ron, est-ce que pour une fois dans ta vie tu pourrais réfléchir deux secondes? Je ne te demande pas d'oublier le passé, personnellement je m'en rappelle très bien! Mais on a besoin de tous les alliés nécessaires!
- Et ben on se passera de l'aide de cette fouine pexorydée!
- "Peroxydé"! Et tu pourrais au moins faire l'effort de venir avant de juger! Je suis ton amie, tu devrais me faire confiance!
- Te faire confiance?! Tu plaisantes? Après que tu sois allée fricoter dans notre dos avec ce serpentard, sûrement pas!
Au fur et à mesure de la dispute, les deux devenaient rouges de colère. Sentant que la situation était sur le point d'exploser, Ginny se leva et lança une gerbe d'étincelles entre eux deux avec un sort.
- Stop! Temps mort!
Son intervention permit de faire redescendre la tension mais avant que l'un d'entre eux ait eu le temps d'ouvrir la bouche, Ron fit demi-tour pour ressortir. En le regardant partir, Hermione sentit sa vue se brouiller de larmes et elle se laissa tomber dans un canapé en pleurant. Ce n'était pas la première fois qu'ils se disputaient, mais vu la cause cette fois, elle craignait que ça ne brise leur amitié. Ginny vint s'asseoir sur l'accoudoir près d'elle pour la réconforter et Harry pressa doucement sa main dans la sienne.
- Ne t'inquiètes pas Mione, il finira par se calmer... Il n'est pas comme toi, il pardonne rarement sauf si on lui prouve par a+b qu'il était en tort. Je vais aller lui parler...
Il déposa un baiser sur les cheveux de sa meilleure amie avant de la laisser avec la benjamine Weasley. Il lui faisait confiance, elle saurait trouver les mots pour la calmer, même s'il fallait traiter son frère de tous les noms pour cela.
Le lendemain matin, il les rejoignit à la table des Gryffondors pour petit-déjeuner et devant leurs airs interrogatifs, il répondit simplement.
- Il viendra.
Même si Harry avait convaincu Ron de venir, il n'était pas parvenu à faire disparaître son ressentiment contre Hermione. Le rouquin passait donc tout son temps collé à sa copine, alors que lui même admettait quelques jours avant qu'il commençait à étouffer avec elle. Hermione souffrait de cette distance entre eux mais elle espérait que le vendredi, Ron réaliserait qu'il avait eu tort.
Le jour J, les quatre gryffondors se rendirent ensemble en direction du septième étage. Hermione tenta bien un timide sourire pour Ron mais il se contenta de détourner la tête sans rien dire. Ca n'allait pas être simple... Une fois devant le mur de la Salle-sur-demande, Harry passa trois fois devant en demandant mentalement un salon où ils pourraient discuter en paix. Lorsque la grande porte sculptée apparut, ils entrèrent tous les quatre. La pièce était sobre mais chaleureuse et ressemblait beaucoup à la salle commune des gryffondors. Elle arborait d'ailleurs les mêmes couleurs et Hermione ne put s'empêcher de sourire en imaginant l'expression qu'aurait Draco en voyant ça. Ils s'installèrent d'un côté des canapés et fauteuils de la pièce puis patientèrent. A 17h pile, Draco et ses amis, à l'exception de Théo, entrèrent la pièce. Les gryffondors adressèrent un regard surpris à Hermione. Même s'ils savaient tous les trois que la bande de Malfoy avait aussi évolué, ils ne pensaient pas qu'ils viendraient avec lui. Hermione se contenta de hausser les épaules, pas plus informée qu'eux. Ils se levèrent tous, assez mal à l'aise de se retrouver là comme ça. Finalement, ce furent Draco et Hermione qui engagèrent l'échange en s'adressant un petit sourire.
- Malfoy.
- Granger.
La lionne tourna ensuite son attention vers les autres serpentards et les salua un par un.
- Parkinson, Zabini, Greengrass... Je suis contente que vous soyez venus.
Ginny suivit son exemple et les salua tous les quatre avec un sourire un peu crispé. Les serpentards leur répondirent mais en dissimulant habilement la gêne similaire qu'ils éprouvaient. Quant à Ron et Harry, ils restèrent un peu en retrait. Le premier parce qu'il était toujours mécontent d'être là et le second pour ne pas isoler un peu plus son meilleur ami. Pansy roula des yeux devant l'attitude des deux gryffondors, les trouvant immatures. Elle se planta devant eux, les mains sur les hanches.
- Bon, je sais que vous ne nous appréciez pas et qu'il y a un passif entre nous. Mais franchement, vous ne croyez pas qu'il est temps de mettre ça de côté? Si on est là, ce n'est pas pour rien, nous avons changé alors cessez de vous comporter comme deux gamins, on gagnera du temps!
Hermione se couvrit les yeux, craignant la catastrophe qui n'arriva pas. Les deux lions étaient estomaqués, surtout Ron qui rougissait de honte, mais Harry finit par sourire.
- Je crois que tu as raison Parkinson. On n'est plus des gamins et les enjeux sont sérieux. Alors faisons au moins une trêve!
Ils approuvèrent tous les uns après les autres, y compris Ron, avant de s'asseoir. Draco eut un regard dédaigneux pour le rouge vif des canapés et il leva le regard vers Hermione qui l'observait avec amusement. Voyant qu'elle avait l'air d'être très fière de leur choix de décoration, il lui sourit en coin. Puis il demanda à la salle d'apporter une touche serpentard à la pièce, donnant ainsi un mixte étrange entre les deux maisons. Mais avant qu'un débat ne soit lancé, la porte s'ouvrit de nouveau pour laisser passer Théo ainsi que Luna. Devant l'air étonné de ses amis et des gryffondors, il répondit simplement.
- Nous sommes amis.
Ils s'installèrent ensuite entre les deux groupes, Théo du côté des serpentards et Luna du côté des gryffondors. Un silence tendus s'installa de nouveau et Blaise décida d'y remédier. Fixant Hermione, il prit un air boudeur en secouant la tête.
- Tu sais Granger, même si on fait cette réunion, je ne te pardonne toujours pas!
Tout le monde le regarda avec incompréhension, y compris la concernée.
- Pardon?
- Ben oui! Tu te rends compte que tu m'as volé mon meilleur ami?
En l'entendant, les deux serpentardes levèrent les yeux au ciel avec un sourire en soufflant.
- Ca y est, il est reparti...
- Mais je ne plaisante pas! C'est pas sympa du tout! Du coup, moi aussi il faut que je te vole ton meilleur ami! Potter, ça te dit de venir avec moi dans les toilettes?
Le survivant le regardait, complètement sidéré.
- Que... quoi?
Pansy et Daphné se mirent à rire de la comédie de leur ami et les filles gryffondors les rejoignirent après avoir compris que Blaise n'était pas du tout sérieux. Théo, Luna et Draco observaient la scène avec un sourire, amusé pour les premiers et moqueur pour l'autre. Ron lui se contentait de les regarder tous comme s'il ne savait pas trop ce qu'il faisait là. Il finit par sourire aussi, même si cela semblait un peu forcé. Pendant ce temps, Blaise faisait une "cour" assidue à Potter pour qu'il accepte de devenir son nouveau meilleur ami. Finalement, Pansy mit une claque derrière la tête de l'italien.
- Aie! Mais ça fait mal Pansy! Il faut vraiment que tu arrêtes avec ça!
- Alors cesse un peu de faire l'enfant, tu es en train de terroriser Potter! Ce serait embêtant qu'il claque sa pile avant d'avoir vaincu Tu-sais-qui...
Ca y est, le sujet était lâché. L'ambiance redevint tout de suite plus sérieuse mais les pitreries de Blaise avaient permis de dissiper la tension. Ils n'étaient pas encore amis mais ils semblaient au moins d'accord pour se tolérer.
