Chapitre 8 : Un rapprochement inattendu
Richard était... adorable. Après l'avoir aidée à guérir, à la manière moldue de surcroît, il l'avait laissée rester chez lui. Cela faisait jaser chez les voisins mais il lui disait qu'il s'en fichait. En tant que futur médecin, seul lui importait le bien être des autres. Merope n'avait jamais rencontré quelqu'un comme lui. Il était si différent de Tom. Il n'avait pas sa beauté froide, il n'était même pas particulièrement séduisant, mais il y avait quelque chose de chaleureux chez lui, une étincelle qui le distinguait. Elle avait donc accepté de rester, à condition qu'il la laisse travailler. Au moins, ça lui occuperait l'esprit qui restait hanté par son passé, et elle ne serait pas dépendante de lui. Richard était réticent à ce qu'elle trouve un emploi, arguant que sa famille était bien assez riche, mais il avait fini par céder. Il lui dégota un travail à l'hôpital, pour s'occuper des enfants. La jeune sorcière avait d'abord pensé que ce serait trop douloureux mais finalement, cela lui permettait d'exorciser son mal. Elle n'oubliait pas son fils, mais prendre soin d'enfants rendait la peine supportable.
Après quelques mois de cohabitation, Merope réalisa qu'elle était éperdument amoureuse de Richard. Il n'avait pas seulement soigné son corps, il avait aussi guéri son coeur. Elle craignait qu'il ne la voit que comme une patiente ou une soeur après tout ce temps, aussi fut-elle surprise lorsqu'il vint de lui-même lui proposer une sortie. Ils ne mirent pas longtemps à se mettre en couple et c'est là que Merope réalisa ce qu'était l'amour. Une potion était incapable de recréer ce sentiment, ce lien entre deux êtres. Elle avait eu tort de vouloir jouer avec le destin et elle ne referait plus cette erreur. La magie devait disparaître de sa vie, elle n'était plus Merope Gaunt la presque cracmole mais Mary Smith la moldue. Et c'est sous ce nom qu'elle épousa Richard, certaine qu'à ses côtés elle aurait une vie heureuse et paisible.
Le bébé hurlait, encore et encore. Merope se débattait tandis qu'on lui arrachait son enfant pour l'emmener loin d'elle. Elle criait après lui, versant toutes les larmes de son corps, mais personne ne l'écoutait. Mais après que la porte fut close elle continuait d'entendre son fils. Et elle se réveilla en sursaut. Elle resta quelques instants sans bouger ni même respirer, encore sous le choc du rêve violent. Puis elle réalisa qu'il y avait effectivement un bébé qui hurlait. Elle sourit avec tendresse et se leva pour le rejoindre. Son bébé, son petit Robert adoré. Elle le prit dans ses bras et le berça en lui chantant une berceuse sorcière pour le calmer. Elle avait perdu Tom mais elle ferait tout pour protéger son deuxième fils. Y compris lui enlever toute magie.
La première réunion entre serpentards, gryffondors et serdaigle fut plutôt productive. Draco et ses amis expliquèrent tour à tour pourquoi ils voulaient rejoindre l'Ordre, sans entrer dans les détails. Ron se montra plus réticent que ses amis à l'accepter mais il finit par se faire une raison. L'alliance entre les maisons était scellée et Hermione se réjouissait d'avoir dérobé la prophétie qui avait permis d'en arriver là. Blaise et Ginny eurent ensemble l'idée de se réunir toutes les semaines pour apprendre à se connaître et à se faire confiance. Au départ hésitant, ils finirent tous par accepter avant de se séparer pour rejoindre la Grande Salle. Avant de quitter la pièce, Hermione interpella Malfoy après avoir dit à ses amis d'y aller sans elle.
- Draco?
Il s'arrêta avant de passer la porte et regarda ses amis.
- C'est bon, ne m'attendez pas. Je vous rejoins après.
Il se tourna ensuite vers la gryffondor avec un sourire en coin.
- "Draco"? Je ne savais pas qu'on en était aux prénoms, Hermione.
Elle sourit en haussant les épaules et s'approcha de lui.
- C'est plus simple, non? Et puis, je trouve que ça marque bien le changement dans nos relations...
Voyant qu'il haussait un sourcil, elle lui donna une petite tape en rougissant.
- Je ne parle pas de ça! Je veux dire... Si on commence tous à bien s'entendre, c'est mieux de passer aux prénoms.
- Si ça te fait plaisir, personnellement j'ai un petit faible pour Granger.
Elle se mordit la lèvre en se demandant s'il y avait un double sens à ses paroles puis se rappela ce dont elle voulait lui parler.
- C'est toi qui vois. Je voulais aussi te demander... Est-ce que tu vas raconter aux autres ta mission? Il faudra bien qu'ils sachent un jour, même si tes amis s'en doutent, non?
Le sorcier poussa un profond soupir en l'entendant et passa sa main dans ses cheveux.
- Oui, je suppose... Par contre, je compte sur toi pour empêcher le ba... Potter et Weasley de me sauter à la gorge!
Elle émit un petit rire et acquiesça pour le rassurer.
- Promis! Et puis, ce qui compte c'est que tu ne le fasses pas! Pour être honnête, ça pourrait être pire parce qu'Harry est déjà plus ou moins au courant...
Voyant qu'il fronçait les sourcils, elle secoua à la tête.
- Ah non, tu ne vas pas me remettre sur le dos! C'est lui qui n'arrêtait pas de te soupçonner depuis la fois où on vous a suivi chez Barjow et Beurk. Il en parlait souvent, il avait même compris que ta mission était de t'en prendre à Dumbledore. Alors ne t'inquiète pas trop, ça devrait bien se passer.
Il reprit son sourire malfoyien et afficha un air fier.
- Je ne m'inquiète pas! Je suis un Malfoy, ce n'est pas Potter qui va me faire peur!
Hermione rit de nouveau de son attitude.
- Mais bien sûr... Aller Monsieur Malfoy, on va manger!
En voyant son sourire s'élargir, elle comprit qu'elle avait fait une erreur.
- Oh non Draco, hors de question que je t'appelle "Monsieur Malfoy"! Tu peux courir!
Ils s'adressèrent un dernier sourire avant de prendre des chemins différents pour rejoindre la Grande Salle, ne voulant pas que quelqu'un les remarque.
Les deux groupes prirent ainsi l'habitude de se réunir régulièrement dans la Salle-sur-demande. Très vite, différentes affinités se formèrent. Daphné avait des discussions philosophiques avec Luna, Ron racontait à Blaise les dernières créations des jumeaux Weasley, Ginny et Pansy parlaient quidditch et garçons, Théo et Hermione se conseillaient des ouvrages et à la surprise de tous, Harry et Draco aimaient discuter de sports. Chacun était encore un peu sur ses gardes mais les barrières tombaient peu à peu entre eux, pour le plus grand bonheur d'Hermione. Un jour qu'elle quittait l'un de leurs rendez-vous, elle fut surprise d'être attirée brusquement derrière une tapisserie. Cette fois, elle ne se débattit pas, reconnaissant le parfum de Draco. Elle se tourna vers lui avec un sourire amusé.
- Il va vraiment falloir que tu arrêtes de faire ça, sinon tu risques de te prendre un coup là où ça fait mal...
Il haussa les épaules, pas repentant pour un sou.
- Je voulais qu'on parle tranquillement et comme je t'ai vue passer...
- Tu t'es dit que tu allais agir en sauvage et me tirer ici au lieu de gentiment me demander de te suivre?
Il la regarda, faussement offusqué.
- Moi, un sauvage? Dois-je te rappeler comment ton ami Weasley mange?
Elle se mordit la lèvre pour réprimer un rire avant de se reprendre, réalisant qu'il avait vraiment une mauvaise influence sur elle.
- Draco! Vous n'êtes peut être pas amis mais maintenant vous vous... côtoyez, alors il faut faire un effort!
- Mouais...
- Draco...
- C'est bon, t'as gagné!
Il leva les mains en signe de reddition, la faisant rire.
- Et sinon, tu voulais qu'on parle de quoi?
A sa question, il parut gêné et détourna le regard en se frottant la nuque.
- De rien en fait... Ou plutôt de tout. Comment dire... C'est plutôt sympa les réunions tous ensemble, mais j'aimais bien aussi quand on était que tous les deux.
Elle écarquilla les yeux en l'entendant admettre ça, ayant pensé qu'elle était la seule qui aurait voulu qu'ils se retrouvent un peu tous les deux.
- Oh... Et bien, je voulais aller travailler à la bibliothèque mais pourquoi pas! On va au même endroit que d'habitude?
Il sourit en coin en l'entendant évoquer la bibliothèque puis hocha la tête avant de partir le premier. Elle attendit quelques minutes avant de le suivre, contente qu'il l'ait proposé. Elle n'aurait jamais osé faire le premier pas même s'ils s'entendaient bien maintenant. Une fois qu'elle l'eut rejoint, elle entama la discussion en s'asseyant à côté de lui.
- Alors, tu comptes faire quoi pour Noël?
- Pas grand chose. Avec les autres, on reste à Poudlard. La mère de Blaise est repartie en Italie, Théo veut éviter qu'on lui impose la marque, Pansy ne veut pas voir ses parents et Daphné reste là pour être avec nous.
Elle l'observa avec attention, connaissant parfaitement la raison pour laquelle il restait aussi.
- Ta tante continue de te mettre la pression, hein?
- Elle s'impatiente oui... J'aurais voulu voir ma mère à Noël, pour qu'elle ne soit pas toute seule mais...
Il se remit debout, énervé contre lui même, et shoota dans une des portes de cabinet qui s'ouvrit avec fracas.
- Je ne suis qu'un putain de lâche! Elle n'a plus personne, elle doit supporter sa folle de soeur et les mangemorts qui squattent notre manoir depuis des mois, et je ne suis même pas capable de venir deux semaines!
Hermione se leva à son tour et après un instant d'hésitation, elle vint dans son dos pour l'enlacer.
- Tu n'es pas lâche... Ces types sont des monstres, tu as été torturé plusieurs fois, c'est normal que tu ne veuilles pas rentrer. Et dis toi que s'ils t'interrogent et que les réponses ne leur plaisent pas, ils risquent de se défouler aussi sur ta mère. Au final, c'est peut être mieux pour elle que tu ne rentres pas... C'est ta mère en plus, et la plupart des mères veulent que leurs enfants soient en sécurité.
S'il avait été surpris de son étreinte, il se relâcha dans ses bras et posa ses mains sur les siennes. Même s'il n'était pas totalement convaincu par ce qu'elle disait, ça lui faisait du bien de l'entendre. Il se calma donc et murmura.
- Merci Hermione...
La lionne sourit doucement en l'entendant et posa sa joue contre son dos, écoutant ses battements de coeur ralentir.
- De rien Draco.
Le vendredi soir, la veille du départ du Poudlard Express, les dix sorciers se réunirent une dernière fois dans la Salle-sur-demande. Alors que tout le monde discutait avec entrain, Draco prit son courage à deux mains et se plaça devant eux. En le voyant faire, Blaise se mit à rigoler.
- Ben alors Draco, tu nous prépares une petite chanson de Noël?
A sa remarque, le blond le fusilla du regard en essayant de récupérer un peu de dignité malgré les rires.
- Je veux vous parler d'un truc sérieux!
Ron chuchota à l'oreille de Harry, mais pas assez bas pour que les autres n'entendent pas.
- On dirait Percy...
Ginny et Hermione gloussèrent à l'image qui leur vint en tête et le serpentard s'impatienta.
- Par Morgane, c'est Noël qui vous rend aussi intenables? Laissez-moi un peu parler!
Il les regarda tous avec un air sévère, les défiant de l'interrompre de nouveau, et après quelques derniers gloussements incontrôlés, il put reprend.
- Comme je le disais, je dois vous parler de quelque chose. Seule Hermione est vraiment au courant.
Il releva lentement sa manche avec un air dégoûté, dévoilant la marque des ténèbres. Cette fois, tout le monde perdit l'envie de rire. Ginny eut un petit hoquet de surprise en découvrant qu'il avait reçu la marque et Luna pencha la tête sur le côté en l'observant avec sérieux et intérêt.
- Officiellement, je suis un mangemort. On ne m'a pas vraiment laissé le choix en fait. Et en plus de la marque, Vous-savez-qui m'a confié une mission...
Il regarda en direction d'Harry qui serra les dents en comprenant qu'il avait eu raison.
- Je suis censé tuer Dumbledore et faire entrer les mangemorts dans Poudlard, sinon ils tueront ma mère.
A ses mots, un silence pesant tomba dans la salle. Draco resta debout devant eux, prêt à faire face à leurs jugements. Il savait qu'il avait fait une énorme erreur en essayant d'accomplir cette mission. En voyant Harry se lever, il se tendit un peu en se demandant si le survivant allait le frapper. Aussi fut-il très surpris quand au lieu de lui balancer son poing, le gryffondor lui tendit la main. Devant son incompréhension, le jeune homme développa avec un mince sourire.
- Il y a presque 5 ans et demi, un gamin de 11 ans m'a tendu la main pour devenir mon ami et je l'ai repoussé. Peut-être que si je ne l'avais pas fait, les choses auraient été différentes. Mais maintenant, tu n'es plus ce gamin arrogant et raciste... Enfin, tu n'es plus raciste en tout cas -sa reprise déclencha quelques rires- et je pense qu'il est temps de tourner la page. Tu l'as dit toi-même, on ne t'a pas laissé le choix, et de ce que j'ai vu ces derniers temps, vous n'êtes sûrement pas de futurs mangemorts. Vous êtes même prêts à nous aider et à rejoindre l'Ordre, parfois contre vos familles! Alors je ne vais pas t'en vouloir pour une mission que tu as refusé d'accomplir, avec la vie de ta mère en jeu.
Il continua de lui tendre la main et cette fois-ci, Draco la serra en lui rendant son sourire. Hermione observait la scène avec des yeux humides d'émotion, fière de la maturité dont Harry faisait preuve. En regardant faire son meilleur ami, Ron se décida à faire lui aussi un pas vers les serpentards. Il se leva et tendit à son tour la main à Draco en bredouillant.
- C'est pas parce que nos familles sont ennemies qu'on doit l'être aussi. Si Hermione et Harry te laissent une chance, alors... moi aussi.
Son acte surprit autant les serpentards que les gryffondors et Luna. Draco lui répondit d'un signe de tête reconnaissant en lui donnant une poignée de main. Ils se rassirent ensuite et Ginny prit la parole pour détendre l'ambiance. Et aussi pour s'amuser, il fallait le reconnaître.
- A part ça Draco, tu n'as pas un autre secret à nous partager?
Devant son regard méfiant, elle compléta sa question avec un sourire malicieux.
- Sur ta relation avec Hermione par exemple...
La concernée rougit violemment à son insinuation et secoua vivement la tête.
- Ginny!
L'intervention de Pansy ne l'aida pas vraiment.
- Weaslette a raison, vous n'allez pas nous dire qu'il n'y a rien entre vous... Vous passez des heures ensemble toutes les semaines depuis des mois, il y a forcément eu quelque chose! J'ai toujours su qu'il y avait une tension sexu...
Elle n'eut pas le temps de terminer que Daphné plaquait déjà sa main sur sa bouche pour l'arrêter en retenant un rire.
- C'est bon Pansy, je crois qu'ils ont compris...
Hermione continuait de rougir, ce qui l'assortissait étonnamment à l'ameublement gryffondor, tandis que Draco gardait un visage serein, pas vraiment perturbé. Il savait parfaitement masquer ses émotions quand il le voulait, et il bénissait mentalement son père de lui avoir appris quelque chose d'utile.
- Il n'y a rien à dire sur le sujet. Et même si c'était le cas, je ne crois pas que ça vous concerne.
Sa réponse déçut beaucoup la serpentarde et la gryffondor mais elles s'en contentèrent, persuadées d'avoir raison. Elles en avaient parlé plusieurs fois et elles étaient aussi certaines l'une que l'autre qu'il y avait strangulot sous roche. Ce n'était donc que partie remise et d'un regard complice, elles s'accordèrent pour interroger en privé Draco et Hermione.
