Note de l'auteure : La chanson ayant servi de titre à ce chapitre est : Il y avait une ville de Claude Nougaro.

Bonne lecture.

Lili


Il y avait une ville.

Izuku ouvrit doucement un œil, perturbé par il ne savait quoi. La première chose qu'il vit fut la masse de cheveux blonds reposant sur ses cuisses. Les souvenirs douloureux de la veille lui revinrent immédiatement en mémoire et il posa un regard désespéré sur le dos lacéré de son ami d'enfance. Il avait besoin de soins, mais dans cette cage, personne ne lui en donnerait. Lentement, il leva les yeux, ceux-ci s'écarquillant largement en voyant son environnement.

- Kacchan... souffla-t-il pour réveiller son compagnon de galère.

- Hmm...

- On n'est plus dans la cage.

Ces quelques mots suffirent à sortir complètement Katsuki de sa somnolence douloureuse. Il se redressa, un peu trop brusquement, serrant les dents sous la souffrance que cela provoqua.

Les deux adolescents regardèrent autour d'eux, analysant leur nouvel environnement. Ils étaient assis sur du carrelage beige, au beau milieu de ce qui semblait être une allée de supermarché. Mais les rayonnages près d'eux étaient vides, désespérément vides. Izuku se pencha sur une étiquette encore en place et lut à voix haute :

- Unicorn Froot Loops, Kellogg's.

- Parle pas trop fort, marmonna Katsuki. On n'est peut-être pas seuls !

Alerté, Izuku tendit l'oreille pour percevoir un bruit, un son, quelque chose, n'importe quoi pouvant signifier la présence d'une tierce personne. Il sentit quelque chose sur ses poignets et baissa rapidement les yeux prêt à se défendre. Mais il ne vit que les mains de Katsuki s'acharnant à dénouer la corde qui les entravait toujours. Le blond batailla de longues secondes avec les nœuds, y mettant finalement les dents, mais finit par vaincre, libérant son ami de ses entraves. Ce dernier le libéra à son tour avant de l'aider à s'asseoir correctement, un mouvement qui lui soutira des grincements de dents.

- Il faut te soigner, affirma Izuku.

- Sans blague ?! cracha Katsuki. Et comment tu comptes faire ça sans rien, le nerd ?!

- On est dans un supermarché, il doit bien y avoir quelque part de quoi désinfecter et soigner des plaies, expliqua Izuku.

Puis, après s'être assuré que le blond était relativement bien installé, il lui dit :

- Je vais aller voir ce que je trouve. Toi, tu restes là !

- Je viens avec toi, décréta Katsuki en essayant de se lever.

- Non, tu restes là et tu ne bouges pas, ordonna Izuku les sourcils froncés. Tu n'es pas en état et s'il y a quelqu'un d'autre, je serai plus discret seul.

- Me donne pas d'ordre !

Mais Izuku ne s'attarda pas plus longtemps, et fila en vitesse au bout du rayon vide. Un léger sourire étira ses lèvres en entendant son ami d'enfance bougonner derrière lui. Après s'être assuré qu'il n'y avait personne dans l'allée, Izuku la traversa rapidement, allant se cacher dans le rayon suivant, disparaissant du champ de vision de son camarade. Laissé seul, Katsuki serra les poings. Il n'aimait pas ça... Dans ces circonstances, se séparer était la pire chose à faire selon lui. Il n'avait pas la moindre idée d'où ils étaient, et si quelqu'un s'en prenait à Izuku, il ne pourrait pas l'aider. Certes, celui-ci savait se battre, mais quand même...

N'ayant rien d'autre à faire, il tendit l'oreille cherchant à entendre les pas d'Izuku ou tout autre bruit suspect. Mais rien... Le silence régnait en maître dans ces lieux. Les sourcils froncés, Katsuki examina son environnement : des rayons complètement vides, poussiéreux et habités par des araignées, pas d'éclairage, un carrelage à la propreté douteuse... Ce supermarché avait l'air abandonné depuis des lustres. Seule la lumière du jour, coupée par les nombreuses gondoles, éclairait l'endroit aux allures sinistres.

Lentement, le blond se redressa, grimaçant quand son dos lui rappela douloureusement le cruel traitement subi quelques heures plus tôt. En se tenant d'une main à la gondole, il marcha lentement en direction de la lumière du jour, dans le sens opposé à celui qu'avait pris Izuku. Arrivé au bout du rayon, il passa une tête prudente dans l'allée, soufflant discrètement en la voyant vide de toute présence. A quelques mètres de là, il vit les caisses avec leurs tapis roulants immobiles jonchés d'articles disparates qui semblaient avoir été abandonnés là depuis un bon moment.

Toujours aussi lentement, il s'y dirigea, restant à l'affût du moindre bruit suspect. Il atteignit enfin les caisses et ses sourcils se froncèrent un peu plus en voyant les tiroirs grands ouverts et vides de toute monnaie. Près des caisses, des présentoirs exposaient encore des magazines divers et variés, dont un journal local. Il s'en saisit et s'apprêtait à le feuilleter quand un mouvement à proximité le fit brutalement plonger au sol, retenant difficilement une exclamation douloureuse quand son dos protesta. Il rampa laborieusement pour se camoufler et risqua un regard pour mieux voir ce qu'il n'avait que perçu du coin de l'œil.

Ses yeux s'agrandirent sous le choc. Là, à quelques mètres de lui, de l'autre côté des portes vitrées du supermarché, une femme marchait. Sa démarche lourde et hésitante, ses bras ballants, sa bouche démesurément ouverte et surtout sa peau tombant en lambeaux, lui donnèrent des sueurs froides. Avec mille précautions, pour ne surtout pas attirer l'attention de l'étrange et peu ragoutante femme, il recula en rampant, retrouvant rapidement la sécurité des rayons.

Aussi vite qu'il le put, il retourna à son point de départ, s'assurant de ne pouvoir être vu de l'extérieur. Le cœur battant à tout rompre, il examina le journal qu'il tenait toujours dans les mains.

- Et merde, grogna-t-il, en voyant ses pires craintes confirmées.

- Kacchan, souffla une voix dans son dos, qu'est-ce que tu fais debout ?

Se retournant brusquement, Katsuki tomba nez à nez avec Izuku qu'il s'empressa de bâillonner de sa paume.

- Ta gueule ! grogna-t-il. T'as vu quelqu'un ou quelque chose ?

Le signe de dénégation le rassura et il baissa sa paume.

- Faut pas qu'on nous voit, ni qu'on nous entende, compris ?! reprit-il en chuchotant.

- J'ai trouvé de quoi te soigner, répondit Izuku sur le même ton. J'ai même trouvé un vestiaire avec une douche et des WC. Mais je t'avais dit de rester là, ce n'est pas prudent dans ton état.

Katsuki lui tendit le journal et lui désigna la date.

- Je sais où on est, et surtout quand, expliqua-t-il. Et c'est pas bon, pas bon du tout.

Izuku leva les yeux vers lui, attendant qu'il poursuive ce qu'il fit, toujours à voix basse.

- C'est un journal anglais donc on est en Angleterre, à Bristol pour être exact. Tu te souviens des cours d'histoires au collège ?

Izuku hocha la tête, les sourcils froncés. L'Angleterre, oui il se souvenait de ce pays à l'histoire tragique. Fin 2019, un virus parti de Chine avait déclenché une pandémie mondiale, provoquant un effondrement économique et une course au vaccin. L'Angleterre avait été parmi les premiers à vacciner à tour de bras, avec un vaccin trouvé rapidement, trop rapidement. Et les effets secondaires avaient été dramatiques.

Ceux qui n'étaient pas mort de la Covid 19, moururent du vaccin contre la maladie. Mais contrairement aux premiers, les seconds s'étaient relevés, affamés de chair fraîche. Des zombies... des Morts vivants... Qui avaient propagé la mort à une vitesse hallucinante. Très vite, l'ensemble du monde avait arrêté tout échange avec l'Angleterre, laissant la situation dégénérer sur l'île qui s'était alors retrouvée coupée du monde.

En à peine un an, le Royaume Uni était devenu un pays peuplé uniquement de zombies. Après de longues tergiversations, la décision avait été prise par les autres pays du monde de raser l'île et ses habitants. Purement et simplement. Le reste du monde voulait à tout prix éviter que l'épidémie zombie ne se propage sur la planète. Les personnes ayant été vaccinées, avec le vaccin responsable de ce drame à travers le monde, avaient été tout bonnement exécutées et leurs corps brûlés. Et début 2021, l'Angleterre avait été rasée de la carte mondiale par rien de moins que dix bombes atomiques.

Izuku blêmit et observa plus attentivement la date du journal entre ses mains, pâlissant encore plus quand il la vit : 09.23.2020.

- J'ai trouvé ça près des caisses, et j'ai vu une femme à travers les vitres. C'était un putain de zombie ! Je sais pas depuis quand ce foutu supermarché est à l'abandon, mais ça fait au moins plusieurs semaines, reprit Katsuki.

Voyant la panique se dessiner sur les traits de son ami d'enfance, Katsuki lui saisit les bras, l'obligeant à le regarder.

- Ces putains de bombes ont été lâchées en pleine nuit. Donc tant qu'il fait jour, on est tranquille. Et vu que chaque nuit on change de lieux, ou d'époque, on devrait s'en sortir. Mais il faut absolument qu'on se fasse discrets. Les zombies réagissent au mouvement et au son. Il faut éviter à tout prix de s'approcher des vitres et surtout ne pas faire de bruit. Les portes sont fermées, elles ne se sont pas ouvertes quand cette fichue zombie est passée devant, donc ils ne peuvent pas entrer. Alors reste calme !

Le hochement de tête d'Izuku le rassura. Il n'était pas certain de ce qu'il avançait mais il espérait vraiment qu'ils auraient déserté l'endroit avant que les bombes atomiques ne s'abattent sur eux. De toute façon, c'était leur seule chance de s'en sortir. Affronter une armée de zombie sans alter et sans armes aurait été suicidaire. Et puis pour aller où de toute façon ? Ils étaient sur une putain d'île... encore !

Izuku prit une profonde respiration et posa le journal sur l'un des rayons, avant de prendre le bras de Katsuki et de le poser sur ses épaules.

- Maintenant qu'on est d'accord sur ça, on va à la douche et te soigner. On verra la suite après, décréta-t-il.

Katsuki soupira mais ne protesta pas. Ils étaient dans un état lamentable, il fallait être aveugle et stupide pour ne pas s'en rendre compte. Et clairement, une douche était plus que nécessaire.

- T'aurais pas vu des fringues en passant ? demanda-t-il en jetant un regard dégoûté sur la tenue de son ami d'enfance.

La combinaison verte n'avait plus rien de vert. Et sentait particulièrement mauvais. Katsuki savait bien que son pantalon était dans le même état, même si sa couleur noire limitait la casse visuellement. Il se sentait particulièrement crade. Il avait horreur de ça ! Et non, il n'était pas un maniaque de l'hygiène, mais il n'aimait pas être sale. Son corps était son outil de travail bordel, il devait le respecter un minimum ! Et donc en prendre soin autant que possible. Une bonne hygiène était la base !

- Le rayon vêtements est sur notre route, avoua Izuku. Il me semble avoir vu des trucs. On s'y arrêtera en passant.

Lentement, les deux garçons avancèrent silencieusement dans les allées vides, s'assurant à chaque fois qu'ils étaient bel et bien seuls. Ils arrivèrent devant les vêtements et Katsuki grimaça en constatant qu'il ne restait pas grand-chose.

En faisant attention de faire le moins de bruit possible, ils cherchèrent de quoi se vêtir, des trucs à leur taille de préférence, enfin à peu près, vu le peu de choix qu'il restait. Trouvant deux sacs, Katsuki s'en saisit, songeant que ça pourrait leur être utile pour la suite. Le blond y fourra tout ce qu'Izuku avait ramené et ce qu'ils venaient de récupérer. Ils mirent aussi la main sur des chaussures et, estimant avoir tout ce qu'il leur fallait, ils reprirent la route des vestiaires repérés un peu plus tôt par Izuku.

Les vestiaires étaient aussi vides que le reste du magasin et très simples. Des murs en béton gris, un carrelage blanc, des casiers en métal, et deux portes : l'une ouvrant sur une douche, l'autre sur des WC. Les deux étaient relativement propres et cela suffit amplement aux jeunes hommes. Aucune fenêtre ne venait éclairer l'endroit, mais l'électricité fonctionnait encore, leur permettant d'allumer la lumière.

- Toi d'abord, grogna Katsuki en poussant Izuku vers la douche avant de se laisser tomber sur le banc posé au milieu de la pièce.

Pendant qu'Izuku se déshabillait, non sans mal, sa combinaison étant devenue raide de saletés, Katsuki ouvrit les sacs et en sortit du gel douche, du shampooing et un lot de trois boxers. Il ouvrit le sachet plastique et en sortit un sous-vêtement bleu et blanc qu'il posa sur le banc à côté de lui. Extirpant du sac une serviette de toilette, il en arracha l'étiquette avant de la poser avec le boxer.

Izuku ouvrit l'eau et attendit quelques secondes qu'elle devienne chaude, puis il se glissa non sans délectation sous le jet. Il frotta énergiquement pour enlever toute la crasse de son corps, mais surtout de ses pieds et de ses mains, avant de se savonner abondamment.

- T'as oublié ça, l'informa Katsuki en lui tendant une brosse à dent et du dentifrice.

Se saisissant des objets, non sans avoir remercié son ami, Izuku entreprit de se brosser les dents énergiquement avant de se shampouiner avec force.

Il savoura les longues minutes qu'il passa à se laver, appréciant de sentir à nouveau bon et la sensation de propre qui l'enveloppait. Il coupa l'eau et quitta la cabine de douche en se séchant avant d'enrouler la serviette autour de sa taille. Levant les yeux, il vit Katsuki assis sur le banc, une serviette et un boxer propres posés près de lui, le pantalon sur les chevilles, grimaçant tout en bataillant avec son vêtement pour l'enlever. Les traits froncés du blond signifiaient clairement que l'entreprise était douloureuse et Izuku n'hésita pas une seconde à voler à son secours.

Une fois Katsuki entièrement nu, il l'aida à se relever et à se glisser sous le jet d'eau tiède. Un sifflement douloureux échappa au blessé quand l'eau tomba sur son dos lacéré. Izuku se saisit d'un gant de toilette avant de se faufiler dans la cabine exiguë avec son camarade.

- Je m'occupe de ton dos, dit-il en enfilant le gant de toilette.

- J'peux le faire tout seul, grogna Katsuki.

- Laisse-moi t'aider pour une fois, claqua Izuku.

Puis, sans attendre de réponse, il entreprit de nettoyer le dos de son ami d'enfance. Très doucement, il passa le gant humide sur la peau lésée, ôtant le sang séché, et dévoilant peu à peu les nombreuses plaies, rougeurs et hématomes laissés par le fouet. Il se mordit les lèvres pour ne pas pleurer devant l'état du dos du blond.

- Je te fais mal ? demanda-t-il d'une petite voix en voyant que Katsuki ne bougeait plus.

Les deux mains posées à plat sur la cloison devant lui, la tête baissée, Katsuki retenait les exclamations douloureuses qu'il sentait monter dans sa gorge à chaque fois qu'Izuku l'effleurait. La question le fit grincer des dents, mais il y répondit avec sa franchise habituelle, son ton moins mordant qu'à l'accoutumée :

- Ouais, mais fais ce que t'as à faire ! Je peux le supporter.

Sans un mot, Izuku se saisit du gel douche et savonna avec une douceur infinie le dos pâle. Il retint un sanglot en voyant des lambeaux de peaux pendre le long de certaines plaies qui se remirent à saigner un peu. Une fois qu'il eut fini, il poussa doucement le blond un peu plus sous le jet d'eau, laissant celui-ci enlever la mousse et les dernières saletés. Puis, il s'agenouilla et entreprit de laver les pieds de son camarade.

- Qu'est-ce que tu fous ? s'exaspéra ce dernier.

- Les plaies se sont rouvertes, tirer sur ton dos ne ferait qu'aggraver les choses, expliqua calmement Izuku d'une voix tremblante de pleurs contenus. Alors je m'occupe de tes pieds, et de tes jambes. Je te ferai un shampoing aussi.

- Sérieusement ?! s'offusqua Katsuki. Je suis pas un môme, bordel !

- Tu la fermes ! s'exclama Izuku en levant ses yeux furieux et remplis de larmes vers son indocile patient. Pour une fois dans ta putain de vie, tu vas te laisser faire et te taire ! De toute façon, je te laisse pas le choix et tu n'es pas en état de me battre ! Alors ta gueule et savonne-toi !

Katsuki ouvrit de grands yeux choqués devant le ton autoritaire d'Izuku. Mais il ne dit rien et s'exécuta en silence. Les prunelles émeraudes brillantes de larmes et de fureur lui avaient cloué le bec aussi efficacement que le ton sans réplique de son ami d'enfance. Il eut un léger rictus en songeant que ce sale nerd lui ressemblait vachement quand il s'énervait. Il devrait essayer de le mettre dans cet état à l'académie, juste pour voir la tête que tireraient les autres en voyant le si gentil Izuku en mode Katsuki. Sûrement que ça lui donnerait l'occasion de se foutre de leurs gueules pendant quelques jours.

Il se savonna avec délectation, savourant de sentir la crasse disparaître sous la mousse fleurant bon la vanille. Il ne se formalisa pas de sentir les mains d'Izuku sur ses jambes et ses fesses. Après tout, ils se connaissaient depuis des lustres, et plus jeunes ils avaient régulièrement pris leur bain ensemble, s'amusant à se laver l'un l'autre. Ils avaient certes bien grandi depuis cette époque, mais au dortoir, les douches étaient communes, ils avaient donc eu largement l'occasion de se voir nus depuis.

Et la nudité n'était pas quelque chose qui gênait particulièrement Katsuki en général. Ils étaient tous plus ou moins foutus pareils de toute façon, pas de quoi en faire tout un plat. Denki lui avait souvent mis sous le nez des photos de filles plus ou moins dénudées, et s'il avait été curieux, il n'avait pas compris la gêne des autres. Il suffisait d'ouvrir un livre d'anatomie pour voir la même chose. Et l'étude du corps humain était un enseignement obligatoire au collège. Il ne voyait pas pourquoi il devrait rougir comme une pucelle devant une paire de seins, même s'il était effectivement puceau.

- Tourne-toi.

La voix d'Izuku le sortit de ses pensées, et il se tourna vers son ami d'enfance qui était debout. Ce dernier avait les joues rouges, lui faisant hausser un sourcil interrogateur avant qu'un sourire moqueur n'étire ses lèvres.

- C'est toi qui a voulu le faire, s'amusa-t-il. Alors rougis pas comme ça parce que tu m'as touché le cul, sale nerd !

Pour son plus grand plaisir, les rougeurs sur les joues d'Izuku s'accentuèrent, le faisant ricaner. Izuku ne répondit pas, se contentant de le fusiller du regard, avant de l'obliger à baisser la tête pour la lui shampouiner. Katsuki ferma les yeux, savourant le traitement qu'il subissait. Il y avait bien longtemps que personne ne lui avait lavé les cheveux et il avait oublié à quel point c'était agréable de sentir des doigts passer sur son crâne ainsi. Trop vite à son goût, Izuku acheva sa tâche et le poussa à nouveau un peu plus sous le jet d'eau pour qu'il se rince.

Katsuki se brossa les dents et profita encore un peu de l'eau tiède, avant de la couper et de sortir tout en attrapant la serviette tendue par son ami d'enfance. Il se sécha le visage, le torse, les bras et l'entrejambe avant qu'Izuku, qui en avait profité pour enfiler un boxer, ne lui enlève la serviette des mains pour lui sécher les cheveux puis les fesses, les jambes et enfin les pieds. Les rougeurs qui resurgirent sur les joues parsemées de taches de rousseur l'amusèrent beaucoup.

- J'ai un si beau cul que ça ? ricana-t-il.

Le regard furibond qu'il se prit le fit ricaner un peu plus.

- Assieds-toi ! ordonna Izuku en le fusillant de ses pupilles couleur de jade. Je vais m'occuper de ton dos.

Sans protester, Katsuki s'assit à califourchon sur le banc, laissant la place à son infirmier auto-proclamé de s'installer derrière lui. Il serra les dents en sentant la serviette sur son dos à vif. Pourtant, Izuku y allait en douceur, tapotant précautionneusement pour sécher la peau lésée sans l'abîmer plus. Mais le moindre effleurement le mettait au supplice. Il en venait à sincèrement regretter les bisous magiques de cette vieille baveuse d'infirmière.

Après avoir séché le dos du blond, Izuku entreprit de désinfecter les plaies, bien trop nombreuses à son goût. Il prit mille précautions, mais nota tout de même les poings serrés de son patient qui pourtant ne dit rien, le laissant faire. Il n'avait pas trouvé grand-chose dans les rayons, juste du désinfectant, de la crème contre les brûlures, de la gaze, des bandes et du sparadrap. Ses connaissances dans ce domaine étant très limitées, il espérait ne pas aggraver les choses en voulant bien faire.

Une fois chaque plaie désinfectée, il étala avec douceur la crème sur les stries rouges, là où la peau ne s'était pas déchirée sous les coups de fouet. Il n'osa pas en mettre sur les plaies à vif, ni tirer sur les lambeaux de peau qui s'étaient partiellement détachés. Puis, il observa attentivement toute l'étendue à couvrir, espérant avoir suffisamment de gaze et de bandages pour pouvoir le faire.

Les larges lacérations allaient de la nuque au bas des reins et sur toute la largeur du dos, épaules comprises. Et l'hématome sur le bras droit était d'un beau violet sombre, n'arrangeant rien au tableau.

- C'est si moche que ça ? demanda soudainement Katsuki.

Izuku se mordit les lèvres, hésitant. Puis, il se souvint que son ami détestait les mensonges.

- Oui, avoua-t-il finalement d'une petite voix. Recovery Girl aurait pu te soigner, mais...

- Elle est pas là, grogna le blond. Fais avec ce que tu as et ça ira.

Lentement, Izuku posa les gazes sur la peau blessée, les dédoublant pour en utiliser le moins possible. Après tout, il serait sûrement amené à devoir refaire ce pansement et il n'était pas sûr de pouvoir retrouver du matériel facilement. Il incita Katsuki à se pencher en avant pour que les compresses ne tombent pas. Puis, il commença à enrouler la bande autour de la taille de son ami d'enfance, celui-ci l'aidant en récupérant le petit rouleau quand il passait devant lui. Izuku le banda des hanches à la nuque, sans oublier les épaules, usant du sparadrap pour que tout tienne bien.

- Voilà, j'ai fini, dit-il en se levant.

Katsuki baissa les yeux vers son torse entièrement masqué par les bandages, touchant du bout des doigts son cou tout aussi caché.

- Super, grommela-t-il. J'ai l'air d'une momie...

- Mais heureusement, ton joli postérieur a été épargné.

Choqué, Katsuki leva brusquement les yeux vers celui qui venait de lui sortir ces mots-là d'une voix moqueuse. Depuis quand Izuku faisait ce genre de blague ? Il eut un rictus en voyant ce dernier virer au rouge écrevisse, visiblement très gêné par ce qu'il venait de dire, un sourire qui se voulait moqueur tremblotant sur ses lèvres. Katsuki éclata de rire.

- Sors pas des trucs comme ça si tu les assumes pas, Deku ! Tu verrais ta tronche !

Seule une moue boudeuse lui répondit, Izuku marmonnant qu'il voulait juste lui changer les idées, ce qui amusa un peu plus Katsuki.

- C'est toi qui a commencé, grommela-t-il. Je savais pas que tu étais aussi pervers que Denki et Minoru !

Tout en enfilant un boxer propre, Katsuki s'empressa de contredire son camarade :

- C'est toi qui a rendu ça pervers, sale nerd ! Et personne ne peut être plus obsédé que ces deux-là. Bon, qui met quoi ?

Izuku reporta alors son attention sur les vêtements pris dans le magasin qu'il avait sorti du sac. Il tendit à Katsuki un tee-shirt et un short et prit pour lui-même un débardeur et une salopette courte.

- On va avoir un look d'enfer, soupira-t-il en regardant les morceaux de tissus.

- Pourquoi j'ai pas le débardeur ? râla Katsuki.

- Parce que tu es blessé et qu'il vaut mieux couvrir les bandages au maximum pour éviter de les salir, rétorqua Izuku.

- Tsss...

Les deux garçons s'habillèrent rapidement avant de se regarder mutuellement. Katsuki ne put retenir un rictus moqueur en voyant Izuku vêtu d'un débardeur orange fluo et d'une salopette blanche à fleurs rouges ornées de paillettes, qui lui arrivait juste au-dessus des genoux. Il croisa le regard malicieux de son ami d'enfance et comprit qu'il ne devait pas avoir une meilleure allure avec son tee-shirt trop court qui laissait entrevoir les bandages autour de sa taille. La couleur ne devait rien arranger non plus : vert et jaune fluo. Et le short, lui arrivant à mi cuisse, d'un beau rose fushia devait parfaitement compléter le tout.

Sans un mot, ils enfilèrent des chaussettes avant de se pencher sur les chaussures. Là encore, ils n'avaient pas vraiment eu le choix. Izuku enfila donc la seule paire de chaussures à sa taille, une très jolie paire de baskets arc-en-ciel pailletées, pendant que Katsuki chaussait les baskets montantes d'un violet très girly à sa pointure, songeant que décidément ils avaient un look de gonzesse et que si les autres les voyaient comme ça ils se foutraient de leurs tronches pendant des plombes.

Le nécessaire de toilette et de soin fut glissé dans le sac à dos rose à l'effigie d'Hello Kitty qu'ils avaient trouvé un peu plus tôt, laissant le sac bandoulière d'un beau bleu clair avec un cochon rose dessus vide.

- Tu sais qui c'est Peppa Pig ? demanda Izuku en voyant le nom sur le sac bleu.

- Aucune idée, avoua Katsuki. Bon, ramène toi, on va voir si on peut trouver des trucs utiles dans ce foutu magasin.

Les deux adolescents quittèrent le vestiaire, prenant bien garde à rester loin des portes vitrées du supermarché, restant attentifs au moindre bruit suspect. Ils parcoururent les divers rayons, fouillant sous les gondoles vides et poussiéreuses en espérant trouver leur bonheur. Ils réussirent à mettre la main sur une lampe torche et des piles, un lot de briquets, du fil dentaire, deux gourdes, un rouleau de papier toilette, deux paquets de lingettes nettoyantes, un grand couteau de cuisine et une fourchette à barbecue.

Ils eurent beaucoup plus de mal à trouver de la nourriture. Tout ce qui était frais était visiblement périmé, et les quelques surgelés restants ne l'étaient plus. Ce fut Katsuki qui fit remarquer que le supermarché devait avoir une réserve. Après avoir poussé une première porte menant à un bureau, ils trouvèrent ladite réserve. Cette dernière avait déjà été visitée, mais ils y trouvèrent malgré tout leur bonheur. Ainsi, leurs sacs accueillirent des paquets de biscuits, des barres de céréales, des sachets de chips, des boîtes de ramen instantanées et des gâteaux apéros. Quatre petites bouteilles d'eau rejoignirent leurs provisions.

Tant qu'à y être, ils en profitèrent pour se remplir l'estomac, n'ayant pas mangé grand-chose depuis plus de quarante-huit heures maintenant. Ils retournèrent dans les rayons, Izuku tenant à récupérer le journal, comme preuve, assurant à son compagnon que personne ne les croirait sans ça. Katsuki leva les yeux au ciel mais laissa son nerd personnel faire. Il lui trouva même un stylo et un petit carnet avec une jolie licorne sur la couverture. Izuku le remercia chaleureusement et glissa ses nouveaux biens dans la poche de poitrine de sa salopette.

La lumière commençait à baisser, signe que le jour touchait à sa fin. Les deux adolescents décidèrent d'aller s'installer dans le vestiaire, pour des raisons de commodités. La pièce étant dépourvue de fenêtre, ils pourraient allumer la lumière sans risquer d'être repérés par les zombies dehors. Zombies qu'Izuku avait aperçu de loin lui aussi, bien caché dans un rayon, et qu'il ne tenait pas à voir de plus près. En plus, c'était le seul endroit où il y avait des toilettes et ce petit luxe n'était pas négligeable dans leur situation.

Ils s'assirent à même le sol, s'adossant contre la porte du vestiaire. Katsuki enfila le sac à dos à l'envers, le portant sur son ventre, pendant qu'Izuku calait le sac bandoulière sur son épaule. Katsuki était sûr que les sacs les suivraient s'ils les tenaient. En tout cas, il l'espérait sincèrement, parce qu'ils s'étaient donné du mal à trouver de la bouffe et de quoi survivre en milieu plus ou moins hostile, ce serait foutrement dommage de tout laisser derrière eux.

Izuku sortit son carnet, tout neuf, et son stylo, tout aussi neuf, et commença à écrire frénétiquement. Katsuki pencha la tête vers lui pour voir ce qu'il faisait, lisant les mots au fur et à mesure qu'ils noircissaient la page blanche. Tendant la main, il prit le stylo et commença à dessiner un cocotier. Un sourire étira les lèvres d'Izuku, qui reprit le stylo tendu par son ami d'enfance.

Le silence s'étira, confortable, seulement rompu par le crissement du stylo sur le papier, les deux amis couvrant les pages du carnet, l'un de mots, l'autre de dessins.

- Tu crois qu'ils nous cherchent ? demanda finalement Izuku dans un chuchotement.

- Sûrement, mais ça va être compliqué de nous retrouver, lui répondit Katsuki sur le même ton.

- Kacchan ?

- Hmm ?

- Tu as mal ?

- Moins... Et toi ?

Izuku leva les yeux, surpris par la question. Katsuki soupira et grommela :

- Je t'ai vu sous la douche ducon ! T'as des bleus...

- Ah ? J'ai pas senti, avoua Izuku.

- Au moins, t'as pas mal, grogna le blond.

Puis, d'un geste brusque, il retira le carnet des mains d'Izuku et commença à dessiner.

Izuku tenta de voir ce que son ami d'enfance faisait, mais ce dernier le lui cachait en ricanant.

- Kacchan ! Je t'ai laissé lire ! protesta Izuku en désespoir de cause.

- Pas ma faute si t'es trop con, rétorqua Katsuki concentré sur son œuvre.

- Dis moi au moins ce que tu dessines, bouda Izuku.

- Ton cul, répliqua Katsuki platement, faisant rougir Izuku.

Voyant ça, le blond se moqua ouvertement :

- T'es sérieux là ?! Putain Deku, t'es encore plus coincé que Double face !

- Je suis pas coincé, protesta le porteur du One for All.

- T'as rougit devant mon cul, contra Katsuki. C'est juste un cul, le nerd. Tout le monde en a un, même toi !

- Oui, mais j'en avais jamais vu un d'aussi près, se défendit Izuku. Et encore moins touché un autre que le mien.

- C'est toi qui l'a voulu, lui signala le blond en continuant son dessin. Je t'avais rien demandé moi. Et t'as déjà vu et touché le mien quand on était gosses, tête de nœud !

Croisant les bras, Izuku bouda, tournant la tête du côté opposé à son ami qui se foutait de lui. Sans s'en rendre compte, il se mit à marmonner. Ce qui amusa Katsuki qui n'eut pas besoin de tendre l'oreille pour comprendre quelques mots, lui donnant une idée générale des récriminations de son voisin.

- ...blessé... mal... aider... pas penser... pervers...

- Oï Deku !

Sortant de sa bouderie, Izuku tourna les yeux vers le blond qui lui tendait, avec un sourire moqueur, le carnet. Suspicieux, Izuku reprit son bien et baissa les yeux vers le dessin. C'était une femme, debout, un peu de profil. Sa jambe levée et pliée cachait son entrejambe pendant qu'un bras masquait sa poitrine généreuse. Son autre bras était levé au-dessus de sa tête. La femme sur le dessin, avait un sourire mutin, et faisait un clin d'œil malicieux.

- Tu dessines vachement bien, souffla Izuku.

Katsuki ne dit rien, attendant le moment où son ami d'enfance réaliserait ce qu'il avait sous les yeux. Rapidement, les joues mouchetées de taches de rousseur se teintèrent de rouge, pour le plus grand amusement du blond.

- Mais... elle... Nue ! bafouilla Izuku tout en rougissant.

Un doigt pâle se posa sur le dessin, le poussant à regarder de plus près le visage de la jeune femme. Katsuki se mordit les lèvres pour ne pas rire. Il était sûr de voir de la fumée sortir des oreilles de son ami d'enfance quand ce dernier repoussa le carnet en criant :

- Ochako ! Argh ! Mais... Kacchan !

Izuku plongea son visage dans ses mains, en marmonnant :

- Comment je vais faire pour la regarder en face moi maintenant ?! Méchant Kacchan !

Ce fut trop pour Katsuki qui éclata franchement de rire. Izuku se vengea en lui frappant le haut du crâne, et les deux adolescents se chamaillèrent en riant, tels les deux sales gosses qu'ils étaient encore. Puis, petit à petit, ils se calmèrent, finissant par s'endormir, assis l'un contre l'autre, la tête blonde posée sur l'épaule d'Izuku et servant d'oreiller à celle ornée d'une touffe verte.

Pendant que l'ombre filandreuse s'étendait peu à peu dans le vestiaire, les engloutissant tous deux, bien plus haut dans le ciel, dix avions larguaient les bombes devant tout détruire pour éviter une destruction plus grande encore. Quand les bombes touchèrent le sol, il ne restait plus personne dans la pièce, seulement deux boxers sales, un pantalon noir et une combinaison verte abandonnés là et ayant connus des jours meilleurs.

A suivre...


Commentaire de l'auteure :

Bon alors, je vous accorde que Katsuki est peut-être légèrement OOC sur ce coup-là. Je suis pas sûre qu'il soit aussi à l'aise que ça avec la nudité en général dans le manga. Mais bon... Par rapport à Izuku, tout le monde est à l'aise, hein...

Pour le choix de la chanson qui sert de titre au chapitre. Il s'agit de : Il y avait une ville de Claude Nougaro. Cela parle d'une ville détruite par la bombe atomique... Voilà... J'ai cherché une chanson qui ne s'appelle pas : fin du monde, zombie ou radioactive... Et je me suis souvenue de cette vieille chanson qui évoque le sujet tout en subtilité.

Si, par hasard, vous êtes originaire ou vivez au Royaume Uni, que les choses soient claires : je n'ai absolument rien contre vous ni votre beau pays. C'est juste que comme c'est une île, c'est plus facile à annihiler totalement qu'un continent entier...

Et oui, j'ai décidé de manière totalement arbitraire que My Hero Academia se passe dans le futur... Voilà !

PS IMPORTANT : Ceci est une fiction ! Vous n'allez pas vous transformer en Zombie à cause d'un vaccin !


Bureau des plaintes et réclamations des personnages martyrisés :

Lili soupire de soulagement, posant enfin le point final de ce chapitre.

- Pourquoi moi ?! rugit Ochako en lui sautant dessus.

- C'est aussi la question que je me pose, avoue Lili. Comme d'habitude, j'avais une idée, mais ils n'en font qu'à leurs têtes... Du coup, pour toutes réclamations, tu t'adresses aux deux zigotos dans le sac de couchage là-bas.

- Je ne vois pas pourquoi tu dis que je suis coincé, intervient Shoto. Je ne suis enfermé nulle part et je bouge librement.

- Alors premièrement, c'est Katsuki qui le dit, répond placidement Lili. Deuxièmement, c'est une expression. Et, pour toute explication complémentaire, va voir Katsuki. Il est là-bas, dans le sac de couchage avec Izuku. Pense à lui enlever le bâillon avant...

- Tu comptes renvoyer tout le monde vers ces deux-là ? demande Hawks amusé.

- Tout à fait, confirme Lili.

Puis, voyant Hawks fixer le sac de couchage d'un air intense, elle soupire :

- Si tu veux vérifier si Kitty-chan a un si joli cul que ça, c'est par là-bas que ça se passe.

Puis, se tournant vers les lecteurs, elle sourit innocemment :

- Et vous ? Vous en pensez quoi de tout ça ? Une petite review pour me le dire ?


Rendez-vous au chapitre 4 : Le lion est mort ce soir.