Note de l'auteure : Chanson ayant servie de titre à ce chapitre : Le Lion est mort ce soir d'Henri Salvador (reprise par Pow Wow bien plus tard). Et je sais que vous êtes déjà tous en train de chanter, surtout les A-wimboé ! Ayez une pensée émue pour vos proches/voisins/colocataires et chantez encore plus fort ! XD
Bonne lecture,
Lili.
Le lion est mort ce soir.
Sentant un truc froid glisser sur lui, Izuku ouvrit difficilement les yeux. Surpris, il regarda devant lui. Ils n'étaient plus du tout dans le vestiaire du supermarché là ! La sensation de fraîcheur s'accentua sur sa jambe et il baissa la tête, tombant nez à nez avec un magnifique, mais énorme, serpent jaune et blanc qui remontait tranquillement le long de son mollet nu. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser...
- AAAAHHHHHHHHHHH !
Le hurlement résonna aux oreilles de Katsuki qui tomba brutalement sur le côté quand son oreiller l'abandonna, son visage heurtant violemment la mousse recouvrant le sol.
- Kacchan ! Aide moiiiiiiiiiiiiiiiii ! KACCHAAAAAAAANNNNNNNN !
Se redressant d'un bond, Katsuki se précipita au secours de son ami d'enfance qui s'agitait dans tous les sens à peine deux mètres plus loin, pourtant difficilement visible à cause des arbres et des feuillages qui les entouraient.
- Deku, calme toi bordel ! rugit-il en ne voyant pas ce qui provoquait une telle panique chez Izuku.
- Enlève-le ! Enlève-le ! Kacchan ! Pitié !
- Mais de quoi tu parles putain ? tonna le blond, cherchant vainement la source d'un tel affolement.
- Làààààààààà ! Ma jambe ! Aaaaaaaahhhh ! Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !
Baissant les yeux, Katsuki vit alors le serpent enroulé autour du mollet de son camarade. Un beau serpent jaune et blanc, aussi gros que son avant-bras et d'une belle longueur.
- Arrête de bouger bordel ! ordonna-t-il sèchement.
Izuku se figea instantanément, en une position grotesque, les bras en l'air, sa jambe prisonnière du reptile, elle aussi, en l'air. Katsuki se pencha et observa de près la bête.
- T'as de la chance, il n'est pas venimeux, souffla-t-il. Vu comment tu t'es agité, il t'aurait mordu et tu serais déjà mort, sale nerd !
- Enlève-le, supplia Izuku. J'ai horreur de ça !
- Imagine que c'est juste un gros vers de terre, tenta Katsuki en tendant les mains vers le reptile.
- J'ai horreur des vers de terre, avoua Izuku d'une petite voix.
Katsuki hocha la tête. Effectivement, maintenant qu'il le disait, le blond s'en souvenait. Les vers de terre avaient toujours provoqué des réactions violentes chez son ami d'enfance. Pas étonnant qu'il ait réagi ainsi face à un si magnifique, mais impressionnant, python doré.
Le jeune homme à l'alter explosif attrapa le serpent juste à l'arrière de sa tête. Puis, il déroula le reptile, avant de le poser doucement au sol. Un sifflement plus tard et la bête disparut sous les feuilles couvrant le sol.
- Voilà, c'est fait, râla Katsuki en se redressant. Tu parles d'un réveil toi...
- Ah, désolé, Kacchan, c'est juste que j'ai eu peur, avoua Izuku plus serein maintenant que le reptile était hors de sa vue.
Soufflant d'agacement, Katsuki regarda autour de lui, constatant, sans surprise et avec un certain soulagement, qu'ils avaient quitté le supermarché pendant leur sommeil. Et vu la végétation qui les entouraient, ils étaient en pleine jungle. Levant les yeux vers ciel, il tenta de voir le soleil, mais le feuillage était trop dense pour lui permettre d'évaluer l'avancée de l'astre céleste.
- La bonne nouvelle, dit Izuku, le tirant de ses pensées, c'est qu'on a bel et bien gardé nos sacs avec nous.
Machinalement, Katsuki posa un bras sur le sac Hello Kitty qu'il portait sur son torse. Oui, c'était plutôt une bonne nouvelle. Au moins, ils avaient de l'eau potable, de la bouffe et le strict minimum pour survivre en milieu plus ou moins hostile. Clairement, la jungle : niveau hostilité, c'était déjà un bon niveau. Mais il préférait ça à des zombies, des bombes atomiques ou des tarés du Moyen Âge.
- Ouais, mais niveau sales bestioles là, on va être servis, grogna-t-il pour lui-même, faisant légèrement blêmir son camarade.
Machinalement, Katsuki tira sur son tee-shirt. Il faisait chaud, lourd et moite. Il transpirait déjà comme un bœuf alors qu'il n'avait encore rien fait. Et les bandages n'arrangeaient rien. Il envia son camarade qui ne portait qu'un débardeur sous sa salopette légère.
- Qu'est-ce que tu veux dire par sales bestioles ? s'enquit Izuku en se rapprochant de lui.
- Serpents, fauves, araignées, singes... Des trucs comme ça quoi, répondit Katsuki en fouillant son sac, inconscient des sueurs froides que sa réponse provoqua chez son ami.
Il en sortit finalement ce qu'il voulait et tendit la fourchette pour barbecue à Izuku, gardant le couteau de cuisine pour lui.
Devant le regard dubitatif de son camarade, il soupira lourdement et expliqua :
- Pour te défendre, sale nerd !
Izuku fixa d'un œil torve la longue fourchette, ayant des doutes sur le fait que ça puisse l'aider à faire face à des prédateurs affamés. Mais il ne dit rien et emboîta le pas à Katsuki quand celui-ci s'enfonça dans l'épaisse végétation.
Il n'était pas froussard, enfin plus autant qu'au collège. Il avait affronté des vilains bien plus terrifiants que tous les prédateurs du monde animal. Mais il avait un alter pour ça, et là il n'avait qu'une simple fourchette, certes plus longue que la moyenne mais ce n'était tout de même qu'un simple accessoire de cuisine. Alors non, s'il s'accrochait à la ceinture du short rose de Katsuki tout en jetant frénétiquement des regards tout autour de lui, ce n'était pas par peur, mais par prudence. Izuku ne voulait pas perdre son ami d'enfance dans la jungle et il surveillait leurs arrières. Rien à voir avec la peur donc.
Katsuki grimaça en coupant les lianes qui lui barraient le chemin. Il se servait de son couteau comme d'une machette pour ouvrir un chemin quand la végétation était trop dense. Mais son dos le rappelait méchamment à l'ordre, le tiraillant fortement, des pointes douloureuses le transperçant quand ses gestes étaient trop brusques ou amples. Le sac qu'il portait sur son torse le gênait, mais le passer sur son dos n'aurait fait que le faire souffrir un peu plus, alors il faisait avec, maudissant entre ses dents l'enfoiré responsable de son état à qui il reviendrait bien exploser la gueule dès qu'il aurait retrouvé son alter.
Il espérait trouver une sorte de clairière, un espace assez dégagé pour qu'ils puissent se poser tranquillement et attendre la nuit. Ils pourraient faire un feu qui tiendrait à distance les prédateurs et le tour serait joué. En espérant que demain ils seraient dans un endroit un peu plus hospitalier. Un mouvement lui fit lever la tête. A quelques mètres au-dessus d'eux, un chimpanzé les regardait fixement. Sans mot dire, Katsuki accéléra le pas. Les chimpanzés pouvaient être dangereux, autant ne pas tenter le diable en restant trop près de l'un d'eux.
Izuku grimaça en voyant une énorme araignée sur un tronc à quelques centimètres de lui. Heureusement, l'arachnide ne bougea pas quand ils passèrent à côté d'elle, continuant sa petite vie tranquille. Ce n'était pas la première bestiole qu'ils croisaient, et si certaines étaient très jolies, la plupart ne lui inspirait que de la défiance. Et c'était sans compter les insectes volants qui bourdonnaient joyeusement autour de lui et qu'il préférait ne pas identifier.
Très concentré sur son environnement, Izuku trébucha sur une racine traîtresse, se rattrapant comme il pu à ce qu'il avait sous la main : le short de Katsuki. Ce dernier râla quand le vêtement s'abaissa brusquement, dévoilant le boxer noir et rouge qu'il portait.
- Putain Deku ! Tu peux pas faire gaffe, merde !
- Désolé Kacchan, souffla Izuku en se relevant, remontant le short de son ami dans la foulée.
Ses sourcils se froncèrent et il souleva le tee-shirt du blond, dévoilant son dos bandé.
- Kacchan, ça saigne, s'inquiéta-t-il en voyant le pansement taché de sang.
- Laisse tomber, on refera ça plus tard, grogna Katsuki en rabaissant violemment son tee-shirt vert et jaune fluo de toute façon trop court pour cacher tous les bandages.
Izuku ne dit rien, sachant que le moment et le lieu n'étaient effectivement pas vraiment propices à la réfection du pansement.
Il leva les yeux vers le visage de son ami d'enfance, constatant que ce dernier transpirait à grosses gouttes et grimaçait légèrement. Ses sourcils se froncèrent un peu plus. Il faisait chaud, très chaud, et lui-même suait abondamment, mais il espérait que Katsuki n'avait pas de fièvre. Il était cependant difficile d'en juger vu les températures environnantes.
- Ça va ? demanda-t-il, son inquiétude transparaissant dans sa voix.
- Ouais, grommela Katsuki en haussant les épaules avant de se retourner et de reprendre sa progression.
Izuku ne posa pas plus de questions et emboîta le pas au blond, s'agrippant de nouveau à la ceinture du short rose fushia. Ils progressaient lentement, ralentis par la végétation luxuriante. Le sol inégal et couvert de feuilles, de lianes et de racines ne leur facilitait pas la tâche. Plus d'une fois, ils trébuchèrent, se rattrapant comme ils pouvaient pour ne pas tomber. Katsuki avait arrêté de râler après Izuku à chaque fois que son short s'abaissait brusquement. Izuku agrippait plus fort ledit short quand Katsuki manquait de tomber, lui évitant une rencontre inopinée et douloureuse avec le sol.
Les branches leur fouettaient régulièrement le visage, les branchages bas leur griffant les mollets au fur et à mesure de leur progression. La chaleur était étouffante, l'air moite et lourd. Mais ils avançaient encore et toujours, soufflant, transpirant, trébuchant, mais déterminés. Ils n'avaient aucun repère, le feuillage au-dessus de leurs têtes ne leur permettant pas de voir le ciel et encore moins le soleil. Mais ils avançaient.
Soudain Izuku se figea, l'oreille aux aguets.
- Kacchan, souffla-t-il en tirant sur le vêtement qu'il tenait toujours fermement.
- Quoi ?
- Écoute !
Katsuki cessa tout mouvement, retenant même sa respiration pour percevoir au mieux les bruits autour d'eux.
C'était assez faible, mais il l'entendit aussi. Un clapotis... De l'eau... Il y avait un cours d'eau assez près d'eux pour qu'ils l'entendent. Concentré, il ferma les yeux et tourna lentement sur lui-même, cherchant à définir dans quelle direction aller pour rejoindre le cours d'eau. Avec un peu de chance, la végétation serait un peu moins dense sur les rives. Il ouvrit soudain les yeux et se tourna vers Izuku :
- Par là !
Izuku confirma d'un signe de tête, lui-même ayant imité son compagnon d'infortune. Avec enfin un but précis, ils reprirent leur progression toujours aussi laborieuse. Régulièrement, ils faisaient un arrêt, le temps d'être sûrs de suivre la bonne direction. Le bruit de l'eau se fit de plus en plus fort, les rassurant sur le fait qu'ils se rapprochaient un peu plus à chaque pas. En son for intérieur, Katsuki espéra que ce n'était qu'un petit cours d'eau et pas une rivière immense où pullulaient sûrement tout un tas de bestioles toutes plus antipathiques les unes que les autres.
Après ce qui leur parut des heures, ils arrivèrent enfin dans une sorte de clairière. La végétation y était beaucoup moins épaisse, leur permettant de voir à plus de deux mètres devant eux. Ils trouvèrent facilement le cours d'eau qui s'avéra être le bras d'une rivière assez large. Mais, la partie devant eux était plutôt étroite. Il leur fut cependant impossible d'estimer à l'œil nu la profondeur, l'eau étant trop sombre pour en voir le fond. A leur grande surprise, ils trouvèrent aussi une sorte de pirogue, assez longue et étroite, accrochée par une cordelette fine à un tronc d'arbre.
- Tu crois qu'il y a des gens qui vivent ici ? s'enquit Izuku en fixant l'embarcation d'un air soucieux.
- Il doit bien y avoir des tribus indigènes dans le coin, ouais, confirma Katsuki. Avec de la chance, on les croisera pas.
Izuku recula prudemment loin de la berge, jetant un regard inquiet autour de lui, cherchant à savoir s'ils avaient été repérés par de potentiels indigènes.
Une bouteille d'eau surgit sous son nez, le tirant de ses pensées. Avec un remerciement, Izuku s'en saisit et but avidement l'eau claire, regrettant qu'elle ne soit pas plus fraîche. Mais vu la chaleur environnante, il était impossible que l'eau soit restée fraîche dans leurs sacs absolument pas isothermes. Il se tourna vers Katsuki qui fouillait dans son sac à dos rose Hello Kitty et sourit en le voyant en extirper un paquet de biscuits.
Son estomac jugea bon de se manifester à ce moment-là, faisant ricaner le blond qui lui tendit le paquet de biscuits ouvert. Izuku s'en saisit avec une moue boudeuse, vexé que son ventre gargouille si bruyamment.
- Pourquoi pas les chips ? rouspéta-t-il.
- Parce que ça donne soif, abruti, claqua Katsuki en prenant le biscuit que son ami d'enfance lui tendit.
Ils grignotèrent en silence, attentifs à leur environnement qu'ils savaient hostile. Izuku tourna brutalement la tête avec l'étrange sensation d'être observé. Mais, il ne vit rien d'autre qu'un paresseux suspendu à une branche. Cependant, cette sensation ne le quitta pas, le mettant très mal à l'aise. Il se rapprocha de Katsuki, agrippant discrètement le tee-shirt flashy de ce dernier pour attirer son attention.
Katsuki tourna la tête vers lui, fronçant les sourcils en le voyant si tendu.
- Oï, Deku, souffla-t-il. Qu'est-ce que t'as ?
- On nous observe, répondit Izuku sur le même ton.
L'adolescent à l'alter explosif se tendit légèrement, tous ses sens en alerte. Il recala son sac sur ses épaules et resserra sa prise sur le manche de son couteau de cuisine, se préparant à toute éventualité.
Un bruissement attira l'attention des deux adolescents vers l'extrémité opposée de la clairière, mais rien de vint. Instinctivement, ils se rapprochèrent l'un de l'autre, leurs armes de fortunes devant eux. Du coin de l'œil, Katsuki perçut un léger mouvement dans la végétation, beaucoup plus proche d'eux que le bruissement précédent. Avant même qu'il puisse réagir, il entendit Izuku gémir sourdement.
Le porteur du One For All sentit une piqûre soudaine sur sa cuisse. Sans réfléchir, il baissa les yeux, constatant qu'il avait une fléchette plantée dans la jambe. Il l'arracha rapidement, espérant que ce n'était pas du poison. Avant même qu'il puisse prévenir Katsuki, il se sentit brutalement poussé dans le dos, une voix autoritaire lui ordonnant :
- Cours ! La pirogue !
Il réagit immédiatement, ses jambes se mettant en branle pour le porter vers l'embarcation sommaire. Mais il ne put faire que quelques pas avant que sa jambe droite ne le lâche, refusant de lui obéir.
- Kacchan ! Ma jambe ! cria-t-il.
Mais avant même qu'Izuku ne tombe complètement au sol, un bras puissant se glissa autour de sa taille, un autre sous ses genoux et il se retrouva dans les bras de Katsuki qui courrait aussi vite qu'il le pouvait vers la rivière.
Ce n'était que quelques mètres, mais avec un sol inégal et parsemé d'embûches cela sembla beaucoup plus. Izuku risqua un œil par-dessus l'épaule du blond, ses yeux s'écarquillant en voyant un groupe d'hommes à moitié nus surgir dans la clairière. Ces hommes avaient le teint basané, étaient vêtus en tout et pour tout que de quelques feuilles accrochées à leurs tailles et surtout, avaient des os plantés dans diverses parties de leurs corps.
- Des cannibales ! s'affola-t-il.
Mais il n'eut pas le temps d'en voir plus, son dos rencontrant brutalement le fond de la pirogue quand Katsuki l'y lâcha sans douceur. Se redressant rapidement, Izuku vit le blond couper la cordelette qui empêchait la barque de dériver. Il vit aussi leurs poursuivants pointer ce qui ressemblait à des sarbacanes dans leur direction.
Sans réfléchir, il agrippa Katsuki le faisant tomber sur lui, alors qu'une volée de fléchettes passait au-dessus de leurs têtes.
- C'est quoi cette merde ? grogna Katsuki en se relevant un peu, jetant un œil par-dessus les bords de leur embarcation de fortune.
- J'en sais rien, souffla Izuku. Mais je m'en suis pris une dans la jambe droite et depuis je la sens plus.
Katsuki se redressa un peu plus, se mettant à genoux, jugeant que leurs assaillants étaient trop loin pour les atteindre. Il remercia intérieurement le courant de les porter assez rapidement loin des indigènes, visiblement peu accueillants. Il se défit de son sac, le déposant sans ménagement sur le torse d'Izuku, puis il bougea prudemment, glissant le long des jambes de son ami d'enfance jusqu'à avoir le visage au niveau de ses cuisses.
- La droite ? demanda-t-il en relevant le bas de la salopette pour retrouver la trace de piqûre.
- Oui, confirma Izuku.
Il vit la tête blonde se pencher, et ses yeux s'écarquillèrent quand il vit Katsuki poser sa bouche sur sa cuisse découverte.
- Ka... Kacchan ? Qu'est-ce que tu fais ?
Mais il n'obtint aucune réponse, son camarade visiblement concentré sur sa tâche. Il le vit se redresser et cracher par-dessus bord, avant de reposer ses lèvres contre sa peau. Izuku comprit alors que Katsuki était en train d'aspirer le poison, essayant ainsi de limiter ses effets. Il se maudit intérieurement d'avoir cru, l'espace d'un quart de seconde, que son ami d'enfance puisse avoir des idées plus perverses en tête. Et il se dit que vraiment il fallait qu'il arrête d'écouter Mineta quand celui-ci fantasmait à voix haute sur tout et n'importe quoi. Ça lui donnait des idées bizarres.
Katsuki aspira une énième fois, le sang d'Izuku emplissant sa bouche de son goût métallique si caractéristique. Il ne sentait plus le goût âcre et piquant du poison. Rassuré, il cracha par-dessus bord une dernière fois, et se dépêcha de sortir une bouteille d'eau pour se rincer la bouche. Il se gargarisa plusieurs fois, pour être totalement sûr de ne pas ingérer lui-même la substance empoisonnée.
Puis, il se pencha à nouveau sur la jambe de son compagnon de galère et lui pinça fortement l'orteil.
- Aïe ! S'exclama Izuku.
- Dis moi quand tu sens plus, expliqua Katsuki en pinçant plus haut.
Après avoir pincé, non sans un certain plaisir sadique, toute la jambe d'Izuku, le faisant râler à chaque pinçon, Katsuki lui fit bouger la jambe. Mais impossible pour le porteur du One for All de plier le genou, ce dernier restant désespérément raide, même quand Katsuki tenta de le plier de force.
- Merde ! grogna Katsuki. Tu fais chier Deku !
Izuku grimaça sous le reproche, mais ne dit rien, bien conscient qu'il n'y était pour rien et que Katsuki le savait parfaitement. Ce dernier s'assit dans la pirogue, observant le paysage. La rivière s'était élargie et le courant les poussait rapidement vers l'avant. De là où ils étaient, il ne voyait personne sur les rives arborées.
Il se pencha doucement par dessus bord pour essayer de voir le fond, mais un brusque coup dans l'embarcation le fit retomber sur ses fesses. Ses yeux s'agrandirent en identifiant le responsable. Merde ! Il fallait se barrer de là ! Et vite ! Affolé, il fouilla le fond de la pirogue, bousculant Izuku, espérant y trouver une rame, voire d'eux.
- Kacchan, qu'est-ce qu'il se passe ? s'inquiéta Izuku.
Katsuki finit par mettre la main sur deux petites rames très courtes. Il en tendit une à Izuku et d'un ton ne souffrant aucune réplique, claqua :
- Assieds-toi et rame !
Izuku se redressa, réussissant à s'asseoir malgré sa jambe paralysée, et commença à ramer, calant ses mouvements sur ceux de Katsuki qui lui tournait le dos.
Il comprit rapidement que le blond les dirigeait vers la rive la plus proche, mais il ne voyait pas pourquoi. N'étaient-ils pas plus en sécurité au milieu de l'eau qu'au milieu d'une jungle peuplée d'animaux dangereux et de cannibales ? Un plouf proche d'eux attira son attention et il réalisa quel danger les menaçait : des crocodiles ! Izuku accentua ses gestes, ramant plus vite et plus fort, pressé de s'éloigner le plus rapidement possible du prédateur.
Les dents serrées, les yeux rivés sur son but, Katsuki ramait de toutes ses forces. Ne pas céder à l'affolement, ne surtout pas céder à l'affolement ! Il détestait les crocodiles ! De tout le règne animal, c'était le seul qui lui foutait une trouille bleue. Et il y en avait plusieurs autour de lui ! Mais il devait se contenir. Paniquer ne servirait à rien. Bien au contraire. Il devait garder son calme pour ramer efficacement et s'éloigner le plus vite possible de ces saletés.
Le cœur battant à tout rompre, Katsuki vit la berge se rapprocher rapidement. Il ne chercha pas à faire tourner l'embarcation, la laissant s'échouer sur la rive la pointe en avant. Il se redressa rapidement, repris son sac à dos qu'il enfila sur son torse, puis il se saisit d'Izuku qui se redressait péniblement. Passant son bras autour de la taille de son ami d'enfance, il l'aida à sortir de la pirogue, tournant souvent la tête pour s'assurer que les reptiles ne les suivaient pas.
Malheureusement, trop occupé à surveiller ses arrières, il trébucha et s'étala de tout son long sur le sol boueux, entraînant Izuku dans sa chute. Son bras glissa dans l'eau et une douleur fulgurante le fit hurler.
- Kacchan ! s'affola Izuku en entendant le cri de son ami.
Sans réfléchir, il tira Katsuki à lui, rampant comme il put sur le sol pour s'éloigner le plus vite possible de l'eau.
- Ça fait mal putain ! Saleté de bestioles de merde !
Le rugissement de Katsuki ne rassura nullement Izuku qui se traîna difficilement pour se rapprocher du blond mugissant. Assis par terre, Katsuki tenait son bras gauche tendu devant lui, le soutenant avec son bras droit. Izuku se mordit les lèvres pour ne pas rire. Katsuki n'avait pas rit pour le serpent, il ne rirait donc pas pour le bébé crocodile accroché par les dents au majeur de son ami d'enfance.
Malheureusement, son rire dut se voir dans ses yeux parce que Katsuki l'invectiva vertement, ses iris rubis larmoyants.
- Te fous pas de ma gueule connard ! Ça fait super mal bordel !
- Je te crois, Kacchan, souffla Izuku. Je vais te l'enlever. D'accord ?
- Il est en train de me bouffer le doigt, rugit Katsuki. Je vais en faire un putain de sac à main de cette merde ! Et je l'offrirai à ma vieille ! Ça lui fera les pieds !
Tout en détachant doucement le bébé crocodile vorace, Izuku secoua lentement la tête.
- Vu sa taille, ça fera vraiment un tout petit sac.
- Rien à foutre ! Il m'a déchiqueté le doigt, bordel de merde !
Izuku réussit à faire lâcher prise à l'animal qu'il trouvait plutôt mignon et le relâcha dans l'eau.
- Putain, regarde ça ! Il m'a percé le doigt ! Connard de crocodile de merde !
Mais Izuku ne prêta pas attention aux vociférations du blond. Là, à quelques mètres d'eux, l'eau bougea, annonçant l'arrivée d'un prédateur autrement plus gros que le bébé libéré plus tôt.
- Kacchan...
Le ton terrifié d'Izuku sortit immédiatement Katsuki de ses lamentations sur la rencontre entre son infortunée phalange et les dents d'un bébé crocodile. Un seul regard vers l'eau suffit pour qu'il comprenne. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il était debout, portant Izuku comme une jeune mariée et courait à toute allure loin, très loin du reptile qui sortait de l'eau et s'élançait à leur poursuite.
Katsuki courait... Aussi vite que le lui permettait ses jambes... Sautant par-dessus les arbres couchés sur son chemin, zigzaguant entre les lianes et les végétaux trop denses... Il ignora son dos déchirant de douleur. Il ignora ses bras protestant sous le poids qu'il leur imposait. Il ignora ses poumons brûlants, sa gorge en feu, la transpiration qui lui coulait dans les yeux, l'aveuglant par moment. Il courait... L'adrénaline lui donnait des ailes.
- C'est bon Kacchan, souffla Izuku au bout d'un long moment. Je crois qu'on l'a semé...
Il fallut quelques longues secondes à Katsuki pour comprendre ce que venait de lui dire Izuku. Lentement, il ralentit, finissant par s'arrêter complètement, avant de se laisser tomber lourdement sur le sol, épuisé. Izuku lâcha le cou auquel il s'était accroché de toutes ses forces et se décala pour libérer les jambes du blond en travers desquelles il se retrouvait assis.
- Bordel... lâcha Katsuki entre deux respirations laborieuses, t'es lourd... sale... nerd...
Tout en fouillant dans le sac de Katsuki, Izuku s'enquit, presque timidement :
- Pourquoi tu m'as porté ?
- Plus rapide... ta jambe... souffla péniblement le blond.
Izuku ne dit rien, mais sortit du sac une bouteille d'eau qu'il tendit à son ami. Il grimaça en constatant que la nourriture présente dans ledit sac était écrasée, mais les bouteilles avaient heureusement survécu.
- Il faudrait qu'on trouve un abri, réfléchit-il à haute voix en regardant tout autour de lui.
- Ouais, confirma Katsuki. Mais on a pas eu de bol jusqu'à présent.
Izuku ne répondit pas et se leva, s'appuyant sur un tronc pour tenir debout. Il constata avec soulagement qu'il pouvait s'appuyer sur sa jambe même si son genou refusait toujours de lui répondre.
A ses côtés, Katsuki l'imita, puis passa un bras autour de sa taille, l'obligeant à passer le sien sur ses épaules. Lentement, appuyés l'un sur l'autre, les deux adolescents s'enfoncèrent dans la jungle. Si quelques heures plus tôt, ils avaient trouvé qu'avancer dans cette végétation dense et sauvage l'un derrière l'autre était laborieux, y progresser de front était encore pire. Mais ni l'un ni l'autre ne se plaignirent, avançant lentement mais sûrement, essayant de ne pas prêter attention aux prunelles animales qui les observaient entre les feuillages.
Après un temps qui leur parut infini, ils arrivèrent auprès d'un énorme rocher en grande partie masqué par les racines rampantes des arbres qui le surplombaient. En se rapprochant, ils constatèrent qu'il y avait une cavité derrière les racines.
- Ce serait pas mal ça comme abri, suggéra Izuku.
- Ça a pas l'air grand, va falloir se tasser, grogna Katsuki.
- On n'est plus à ça près, fit remarquer le plus jeune.
- Tu vas réussir à passer avec ta jambe ? s'enquit le blond.
D'un hochement de tête, Izuku confirma. Katsuki se faufila entre les racines, se contorsionnant parfois pour passer dans l'enchevêtrement. Il aida Izuku à franchir les endroits les plus difficiles. Quand ils atteignirent enfin la cavité, ils constatèrent qu'elle était vide de tout habitant autre que quelques insectes. Izuku se laissa tomber le long de la paroi rocheuse, soufflant de soulagement. Enfin, ils allaient pouvoir se reposer un peu.
Katsuki se glissa tout près de son camarade, grimaçant en sentant son dos le lancer fortement. Il était sûr que certaines plaies s'étaient rouvertes, mais dans les circonstances actuelles impossible de refaire le pansement. Il n'avait plus qu'à espérer que le lendemain serait meilleur.
- Tu crois que c'était vraiment des cannibales ? demanda soudain Izuku, le sortant de ses pensées.
- J'en sais rien, avoua-t-il. C'est toi qui a dit ça, sale nerd !
- Ils avaient des os dans le nez, les oreilles et le menton ! expliqua Izuku, un peu terrifié rien qu'en y repensant.
- Et des fléchettes paralysantes, renchérit Katsuki. Même s'ils étaient pas cannibales, ils nous voulaient pas du bien.
- Ça va ton doigt ?
Katsuki leva sa main, examinant son majeur maltraité. Mais la pénombre ambiante ne lui permit pas de voir grand chose.
- File la lampe torche, dit-il.
Izuku fouilla son sac, sortit la lampe et l'alluma pour éclairer la main gauche du blond. La cavité était vraiment petite et leurs jambes s'entremêlaient, mais aucun d'eux n'en ressentit la moindre gêne.
A la lumière de la torche, Katsuki examina son majeur, grommelant contre ce foutu bébé croco qui lui avait laissé quelques petits trous en guise de souvenirs. Instinctivement, il voulut porter sa phalange à sa bouche pour la sucer et ainsi arrêter le léger saignement qui persistait, mais Izuku l'en empêcha.
- Mets pas ça dans ta bouche ! On a du désinfectant et des pansements !
Katsuki soupira mais reconnut que son ami d'enfance n'avait pas tort. Après tout, il ne savait pas ce que cette bestiole avait bouffé avant de le mordre aussi voracement.
- File moi ça, grogna-t-il.
Izuku sortit de son sac des compresses, le désinfectant et le sparadrap, puis il tint la lampe, laissant le blond soigner seul son majeur. Une fois son doigt bien enroulé dans une compresse et du sparadrap, Katsuki sortit de son sac le paquet de biscuits entamé plus tôt et ensemble ils le finirent, même si lesdits biscuits étaient en miettes. Ce n'était pas grand chose, mais ça allait caler leurs estomacs. Et puis, ils n'avaient pas grand chose de mieux à faire, coincés comme ils l'étaient.
Izuku extirpa de sa poche son petit carnet et son stylo, et commença à noter leurs aventures du jour, Katsuki tenant la lampe torche. Ils ne parlèrent pas, seuls les bruits de la jungle coupant le silence qui les entourait. De temps en temps, un cri plus perçant que les autres les faisait sursauter, un grognement bestial les faisait frissonner. Mais ils ne bougèrent pas, guettant du coin de l'œil les racines qui les cachaient pour s'assurer qu'aucun animal ne venait leur rendre visite.
Un poids se posant sur son épaule, tira Izuku de ses notes. Il tourna doucement la tête, tombant sur la masse de cheveux blonds de Katsuki. Doucement, il leva la main et posa sa paume sur le front de son compagnon d'infortune. Katsuki transpirait et était chaud. Mais il n'arrivait pas à déterminer s'il avait de la fièvre ou pas. Il faisait trop chaud, trop lourd, trop moite. Et leur proximité n'arrangeait rien.
- Kacchan... souffla doucement Izuku. Tu vas bien ?
- J'pète le feu crétin, grogna Katsuki sans bouger. Ta jambe ?
Izuku testa son genou, constatant avec plaisir que celui-ci se décidait enfin à lui obéir.
- C'est bon, je la bouge de nouveau, répondit-il soulagé.
Mais il n'obtint aucune réponse.
Doucement pour ne pas réveiller Katsuki, Izuku rangea son carnet et son stylo. Puis, il passa son bras sur les épaules de son ami, le calant mieux contre lui. Katsuki marmonna vaguement, mais se laissa faire, profondément endormi. Izuku veilla longtemps, la pénombre devenant obscurité, seulement percée par la lumière faiblarde de la lampe torche qu'il tenait. Il finit par s'endormir à son tour, son bras toujours enroulé autour des épaules de Katsuki.
Un jaguar s'approcha des racines, reniflant l'odeur curieuse et alléchante qui embaumait l'air. Il y avait une proie cachée là. Une proie blessée... Il pouvait sentir l'odeur du sang, faible certes, mais il la sentait quand même. Il bondit brusquement en arrière en voyant une ombre s'étendre devant lui. Se tassant sur lui-même, il surveilla l'ombre qui finit par disparaître. Et avec elle, l'odeur de sa proie. Déçu, le jaguar quitta les lieux, partant chasser ailleurs son repas. Après tout, des proies, il y en avait plein d'autres dans cette jungle.
A suivre...
Commentaire de l'auteure :
Je dédicace ce chapitre à Maeglin Surion et à son bébé croco XD Merci Maeglin pour cette petite anecdote qui, comme tu le vois, m'a bien servi.
Pour le titre, je crois que vous avez tous compris pourquoi cette chanson-là. Certes, il n'y a pas de lion, mais c'est dans la jungle... terrible jungle !
J'espère en tout cas que ce chapitre plein de bucolisme vous a plu.
Bureau des plaintes et réclamations des personnages martyrisés :
Assise devant leurs ordinateurs, Yzan souffle sur son sacro-saint café. Fini le bucolisme des petits oiseaux dans la forêt ou le délicat cri des mouettes en bord de mer. Pour une fois, c'est tout un bestiaire plutôt coriace qui a débarqué sans crier gare.
- Dans la jungle, terrible jungle, le lion est mort ce soir...
- Et les hommes, tranquilles, s'endorment, le lion est mort ce soir...
- A-wiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimboé !
- A-wiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimboé !
Assis sur le canapé, Aizawa regarde d'un air blasé, Lili et Hawks qui chantent aussi faux l'un que l'autre mais avec un entrain remarquable.
Soudain, les deux chanteurs se tournent vers lui et le fixent avec des yeux de chat poté. Avec un soupir à fendre l'âme, Aizawa ouvre la bouche et se joint aux deux autres :
- A-wimboé, a-wimboé, a-wimboé...
Depuis le sac de couchage où ils sont toujours emprisonnés, Katsuki et Izuku regardent, hallucinés, l'étrange trio.
- Sont même pas foutus de chanter juste, râle Katsuki.
- Chutt, souffle Izuku. Va pas les énerver, elle pourrait faire pire que ce qu'elle nous a déjà fait.
- Si ça pouvait tomber sur ta tronche pour changer !
- Chuuttttt !
Puis, se tournant vers les lecteurs, Izuku supplie :
- Une petite review pour la convaincre d'arrêter de nous martyriser ? Elle va finir par tuer mon Kacchan à ce rythme !
- D'où t'as vu que j'étais TON Kacchan, Sale nerd !
A suivre : Chapitre 5 : Loin du froid de décembre.
