Note de l'auteur : Chanson ayant servi de titre au chapitre : Coquillages et crustacés de Brigitte Bardot (oui, c'est vieux comme chanson mais je suis sûre que vous connaissez).

Bonne lecture,

Lili.


Coquillages et crustacés.

Ce fut des rires d'enfants qui réveillèrent Izuku. Papillonnant des yeux, il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu'ils n'étaient plus dans la cabane. Un sourire éclaira son visage et il se redressa, prenant garde à ne pas réveiller Katsuki qui dormait encore. Ils étaient sur une plage, une belle plage de sable blanc. Et surtout, il y avait des gens ! Des gens habillés normalement : maillots de bain et tenues légères. Pas de tenues moyenâgeuses... Pas d'os dans le nez... Juste des maillots de bain et des tenues d'étés normales.

Il sauta rapidement sur ses pieds, l'espoir d'être enfin rentré lui tordant les entrailles. Il hésita à réveiller Katsuki mais, en voyant une échoppe à quelques dizaines de mètres, il changea d'avis. Il ferait mieux de vérifier sa théorie avant de le sortir d'un sommeil réparateur. En plus, Katsuki était loin d'être en forme, dormir un peu plus ne lui ferait pas de mal. D'un pas rapide, il s'éloigna de son ami d'enfance et se dirigea vers le bar de plage.

Là, il chercha rapidement un indice pouvant lui indiquer le jour et le lieu. Ses yeux tombèrent sur une pile de journaux et il se saisit vivement de l'un d'eux. Il ne regarda pas les gros titres, cherchant juste la date. Ses espoirs fondirent comme neige au soleil quand il la trouva enfin : 26 décembre 2004. Non, ils n'étaient pas de retour finalement. Un peu dépité, il reposa le journal et se tourna vers le barman occupé à nettoyer des verres.

- Excusez-moi, tenta-t-il.

Le barman, surpris, se tourna vers lui, ne l'ayant apparemment pas remarqué plus tôt.

- Hello, dit ce dernier avec un fort accent. How can I help you ?

Izuku retint une grimace. Visiblement, ils n'étaient pas au Japon. Il sourit cependant à l'homme pour lui demander, avec un anglais plus ou moins parfait, le nom de l'endroit où il se trouvait.

Il regretta de n'avoir pas réveillé Katsuki qui parlait et comprenait parfaitement l'anglais lui, mais après quelques minutes de conversation laborieuse, Izuku eut enfin sa réponse. Avec un sourire poli, il remercia le barman et se dirigea vers Katsuki qui n'avait pas bougé de l'endroit où il l'avait laissé. Il était déçu. Ils n'étaient clairement pas au Japon et pas à leur époque. Et ils n'avaient toujours pas d'alter. Cependant, quelque chose le dérangeait. Mais il ne savait pas quoi. Il était pourtant sûr et certain qu'il passait à côté de quelque chose d'important.

Machinalement, Izuku leva les yeux, étudiant les abords de la plage. Au loin, il vit ce qui semblait être une église avec une horloge. Il fronça les sourcils en voyant l'heure affichée : 7h45. Son impression de louper quelque chose s'intensifia. Brusquement, il se figea... Ses yeux s'agrandirent démesurément... Il reprit son chemin, en courant à toute allure cette fois. Il devait absolument réveiller Katsuki. Ils devaient s'éloigner de la plage le plus vite possible !

- Kacchan !

Le cri tira Katsuki de son sommeil, le faisant grogner. Qu'est-ce qu'il lui arrivait encore à ce nerd ?

- Kacchan ! Réveille toi !

La panique dans la voix de son ami d'enfance finit par sortir complètement Katsuki des bras de Morphée. Il se redressa d'un coup, constatant qu'il était assis sur une plage.

Mais il n'eut pas le temps de s'attarder plus que cela sur son environnement, une main lui saisissant le bras et le tirant sans ménagement.

- Vite, Kacchan ! Viens !

L'urgence dans la voix d'Izuku et sa main tirant sur son bras, obligea Katsuki à se lever rapidement, et il emboîta le pas à son camarade. Izuku courrait aussi vite qu'il le pouvait, tenant le bras de Katsuki d'une poigne ferme.

Courir sur le sable n'était pas chose aisée, aussi Izuku bifurqua-t-il rapidement vers la route et s'enfonça dans les rues à vive allure, ne prêtant aucune attention aux gens qu'ils croisaient, ni à rien d'autre. Il n'avait qu'une seule et unique chose en tête : Fuir ! Fuir le plus loin possible de la plage ! Fuir et trouver un endroit en hauteur ! C'était leur seule chance de s'en sortir.

- Bordel, Deku ! râla Katsuki en bousculant pour la énième fois quelqu'un. Tu vas me dire ce qu'il se passe, merde ?!

- Sumatra, haleta Izuku. Le 26 décembre 2004. Tsunami !

Katsuki écarquilla les yeux avant de brutalement accélérer, faisant fi de sa cheville douloureuse et des frissons qui le parcouraient depuis son réveil.

Ils avaient appris ça au collège. L'une des plus grandes catastrophes naturelles des années 2000. Des centaines de milliers de morts. Ils étaient dans la merde ! Finalement, se retrouver enfermés dans un supermarché, cernés par des zombies sous la menace de bombes nucléaires, c'était presque mieux. Parce qu'ils étaient à l'abri des zombies et qu'il y avait une chance pour qu'ils soient partis avant que les bombes arrivent.

Mais là... La catastrophe avait eu lieu le matin. Et ils n'avaient aucun abri ! Tout en courant et en zigzagant entre les passants, Katsuki leva les yeux au ciel, cherchant à deviner l'heure. Si ses souvenirs étaient bons, la vague destructrice s'était abattue sur l'île un peu après 8h du matin. Malheureusement, il n'avait aucune idée de quelle heure il pouvait être. Il vit le toit d'un bâtiment, un toit assez haut, surplombant tous les autres. Sans réfléchir plus, il se dirigea vers ce toit, entraînant Izuku à sa suite.

Izuku se mordit les lèvres pour ne pas hurler à tous ceux qu'ils croisaient de fuir, de ne pas se diriger vers la plage, de ne pas rester là. A quoi cela servirait-il ? Il n'était pas sûr que ces gens le comprendraient. Et même dans le cas où ils parleraient suffisamment anglais pour ça, le croiraient-ils ? Pas sûr du tout. Et il n'avait pas le temps de les convaincre, de leur expliquer.

Leur expliquer quoi de toute façon ? Qu'ils venaient du futur et savaient ce qui allait se passer ? C'était un coup à se retrouver dans une situation encore pire que celle-là. Tant pis, il jouerait au héros une autre fois... En plus, modifier le passé n'était jamais une bonne idée. S'il sauvait les gens maintenant, quelles répercussions cela aurait-il sur l'avenir ? Et si à cause de ça, il ne venait jamais au monde ? Ou si Katsuki ne voyait jamais le jour ? Il ne pouvait pas prendre ce risque. Il fit une nouvelle fois taire sa conscience...

Grimaçant, Katsuki courait. Sa cheville gauche le lançait, mais il l'ignora. Comme il ignora son dos qui protestait douloureusement à chaque pas, à chaque fois que le sac qu'il portait s'abattait brutalement sur ses reins. Ils devaient atteindre ce foutu bâtiment et monter sur le toit, avant l'arrivée de la vague. Et il n'avait pas la moindre idée du temps qu'ils avaient devant eux pour faire tout ça.

Le bâtiment était en vue. Cela semblait être un hôtel. Les deux adolescents s'y engouffrèrent en courant. Un coup d'œil sur une pendule dans le hall d'entrée leur apprit qu'il était 8h03. La catastrophe était imminente, ils le savaient. Et ils n'étaient pas assez loin de la plage pour espérer y échapper. Sans ralentir le rythme de leur fuite en avant, ils montèrent les escaliers jusqu'au dernier étage, ignorant volontairement les ascenseurs. Si la vague arrivait pendant qu'ils étaient dans cabine, ils n'auraient aucune chance de s'en sortir.

Ils avalèrent les couloirs à la recherche d'un accès au toit. Mais ils ne trouvèrent rien ! Pas de trappe, pas d'escalier, rien ! Izuku jeta un œil par une fenêtre et blêmit.

- Kacchan... souffla-t-il. Regarde...

Katsuki obéit et sentit son souffle se couper. La vague arrivait ! Il la voyait ! Elle était énorme ! Et elle allait tout détruire sur son passage.

- Et merde, grogna-t-il.

Lâchant la main d'Izuku qu'il n'avait même pas conscience de tenir jusque là, il monta sur le bord de la fenêtre ouverte. Le toit était juste là, ils pouvaient monter par là.

- Ramène toi, ordonna-t-il à son ami d'enfance.

Izuku grimpa à son tour sur le bord de la fenêtre, puis, sur ordre de Katsuki, se saisit du bord du toit, à moins d'un mètre au-dessus de lui.

Forçant sur ses bras, il se hissa sur le toit, Katsuki l'aidant en poussant ses jambes. A peine arrivé, il se retourna pour aider son camarade. Ce dernier n'avait pas attendu pour commencer à se hisser lui aussi. Izuku l'attrapa par les aisselles et le tira vers lui de toutes ses forces. Ils s'éloignèrent rapidement du bord, montant la pente douce formée par la toiture et arrivèrent sur le fait où ils s'assirent.

Instinctivement, ils se serrèrent l'un contre l'autre, s'agrippant mutuellement, le cœur battant à tout rompre. Les yeux écarquillés d'horreur et d'angoisse, ils virent la vague s'abattre sur l'île. Ils la virent avancer à toute allure, emportant tout ce qui se trouvait sur son passage. Ils entendirent les hurlements, la panique des gens en bas. Ils virent les premiers bâtiments tomber sous la force destructrice de l'eau.

Ils virent la vague s'approcher d'eux, charriant trop de choses qu'ils ne voulaient surtout pas identifier. Puis, ce fut le choc. Le bâtiment trembla violemment, des craquements sinistres résonnèrent tout près d'eux. Trop près. Izuku resserra son étreinte autour du corps de Katsuki, s'agrippant à lui avec toute la force du désespoir. Pourvu que le bâtiment tienne ! Pourvu que le toit tienne ! Pourvu qu'ils survivent !

Mais les craquements se firent de plus en plus fort. Les restes des immeubles détruits précédemment se heurtèrent violemment à l'hôtel qui résista vaillamment. Katsuki serra les dents. Ça ne tiendrait pas... Il le sentait. Ça ne tiendrait pas... Et ils se feraient emporter comme des fétus de paille... Avec leurs alters ils auraient pu s'en sortir facilement, mais sans, ça s'annonçait compliqué. Il se concentra, faisant fonctionner ses méninges à toute allure, envisageant toutes les solutions possibles.

Sauter et se laisser porter par le courant était leur meilleure solution. Mais pas sans quelque chose qui flotte et à quoi s'accrocher, éventuellement quelque chose d'assez gros pour qu'ils puissent tenir dessus. Il y avait trop de risques de se faire heurter par des gravats, de s'épuiser, de se noyer... Mais s'ils restaient sur le toit quand l'hôtel s'effondrerait, ce serait encore pire. Ils se retrouveraient coincés dans un amas de murs, de bois, de tuiles et d'autres choses et seraient blessés, sûrement gravement, et se noieraient sans le moindre doute.

Katsuki se retourna, regardant derrière eux. La vague poursuivait son chemin implacablement destructeur. Il chercha désespérément quelque chose, n'importe quoi, qui puisse leur servir de radeau de fortune.

- Kacchan, on doit partir d'ici, cria Izuku attirant son attention.

- Je sais, claqua Katsuki. Regarde si tu vois un truc qui puisse nous servir de radeau !

Izuku tourna la tête, à droite et à gauche, cherchant ce que le blond lui avait demandé, conscient que ce dernier faisait de même. Lui aussi savait que l'hôtel ne tiendrait pas. Lui aussi était arrivé aux mêmes conclusions que son ami. Mais la panique l'empêchait de réfléchir et de trouver une solution concrète. Il ne put s'empêcher d'admirer Kacchan qui réussissait à garder un minimum de sang froid, même dans une situation aussi catastrophique.

Soudain, il la vit : une table. Une table ronde qui sortait de l'hôtel, flottant au gré des flots ravageurs.

- Là ! s'exclama-t-il en tendant un doigt tremblant vers la table.

- Parfait, dit Katsuki en voyant leur futur radeau de fortune.

Se tournant vers Izuku, il planta son regard carmin dans le sien et dicta d'une voix ne souffrant aucune contestation.

- On nage jusqu'à la table et on s'y accroche. Et surtout, on ne se lâche pas ! C'est clair ?!

Izuku hocha la tête en guise d'assentiment. Il serra fort la main de Katsuki dans la sienne, et se laissa glisser le long du toit, sur la pente opposée à celle où ils étaient montés, tournant le dos à la plage. Arrivés au bord, les deux adolescents échangèrent un regard, essayant de se rassurer l'un l'autre. Ils pouvaient le faire ! Ils allaient le faire !

Leurs mains s'agrippèrent plus fortement encore et ils se laissèrent tomber dans l'eau. Le froid les saisit, leur coupant la respiration. Mais ils n'eurent pas le temps d'y réfléchir, le courant les emportant déjà dans sa course. Ils battirent férocement des jambes, ignorant les choses non identifiées qui les frôlaient ou les bousculaient. Ils n'avaient qu'un seul objectif : la table flottant à quelques mètres devant eux.

Sa main libre tendue devant lui, Izuku battit des jambes encore plus fort en voyant qu'ils se rapprochaient de la table. Celle-ci était retournée, ses quatre pieds pointés vers le ciel. Il réussit à attraper l'un des pieds, s'y agrippant avec force, tirant sur son autre bras pour aider Katsuki à se rapprocher de la table. Ce dernier attrapa lui aussi le pied de table et ils se hissèrent sur le plateau. Celui-ci tangua sous leur poids mais tint bon.

Au moment même où ils furent sur leur radeau de fortune, un bruit terrible retentit et ils virent l'hôtel, qu'ils venaient de quitter, céder sous la force des flots. En voyant le toit s'effondrer, se disloquer et s'éparpiller dans l'eau, ils eurent tous deux la même pensée: juste à temps ! Ils s'accrochèrent à la table qui fut secouée de toute part quand la masse d'eau retenue par le bâtiment arriva comme une vague, charriant moult nouveaux débris avec elle.

- Bordel, grogna Katsuki en manquant tomber suite à une collision violente entre leur radeau improvisé et un gravas quelconque.

Du coin de l'œil, il vit Izuku glisser lui aussi et il tendit brusquement le bras, rattrapant son ami d'enfance par le col avant qu'il ne plonge dans le tourbillon infernal qui les emportait.

- Accroche toi, bordel ! rugit-il.

Izuku remercia intérieurement Katsuki de l'avoir rattrapé et agrippa plus fort l'un des pieds de table, peu désireux de se noyer. Il baissa les yeux vers les eaux déchaînées et le regretta immédiatement. Là, à quelques mètres d'eux, flottait un cadavre. Retenant un haut le cœur, il reporta son attention sur son compagnon de galère, croisant les prunelles écarlates de ce dernier. Katsuki l'avait vu lui aussi...

Un cri attira leur attention. Accroché à ce qui ressemblait à une poutre, ils virent un enfant. L'enfant pleurait, criait, s'accrochait au morceau de bois, mais ils comprirent immédiatement qu'il ne tiendrait plus longtemps. Ils échangèrent un regard empli d'interrogation et de doutes. Devaient-ils sauver ce gamin au péril de leurs propres vies ? Ils ne devraient même pas être là à la base...

Ils lurent la décision de l'autre dans ce simple échange de regards. Katsuki ôta son sac à dos et le donna à Izuku qui protesta :

- Je vais le faire !

- Je nage mieux que toi, contra Katsuki.

- Mais tu es blessé et fiévreux, argumenta Izuku.

- On a pas le temps bordel, rugit Katsuki. Je suis plus près !

Et, sans attendre de réponse, le blond plongea. Izuku blêmit, surveillant le moment où il le verrait réapparaître. Il fut infiniment soulagé en voyant la tignasse blonde émerger quelques secondes plus tard. Il ne le quitta pas des yeux, son ami d'enfance bataillant contre le courant pour approcher l'enfant. Voyant ce qui ressemblait à une barrière en bois arriver à toute allure vers l'apprenti héros, Izuku hurla :

- Kacchan !

L'eau était froide, sombre, dégueulasse, pleine de trucs que Katsuki préférait ne pas identifier. Il batailla contre le courant, ignorant les frissons qui le parcouraient et la douleur de plus en plus prégnante dans son dos. Il devait atteindre ce gosse ! Pas question qu'il laisse mourir un gamin alors qu'il pouvait le sauver ! Pas question non plus de laisser Izuku nager dans ce merdier alors qu'il était bien meilleur nageur que ce nerd !

- Kacchan !

Ledit Kacchan tourna la tête et, voyant l'imposant morceau de bois, plongea pour l'éviter, avant de réapparaître un peu plus loin, tout proche de sa cible. Depuis la table, Izuku vit Katsuki attraper l'enfant, celui-ci s'accrochant au cou de son sauveur. Son camarade d'infortune batailla à nouveau contre le courant pour le rejoindre. Il sembla au porteur du One for All que cela dura des heures. Il hurla souvent pour prévenir le duo quand des obstacles arrivaient droit sur eux.

Le gosse s'agrippait à lui avec force, l'étranglant par sa poigne, mais Katsuki ne s'en formalisa pas. Il devait regagner leur radeau de fortune ! Il avait mal, ses bras le brûlait, son dos le faisait atrocement souffrir et ses jambes protestaient contre l'effort qu'il leur demandait. Mais il ne lâcherait pas. Pas question de crever ici ! Alors l'adolescent luttait, avançant vaillamment, avec l'angoissante impression de faire du sur place. Mais la table se rapprochait... Il allait y arriver !

S'allongeant de tout son long sur le plateau, Izuku tendit les bras aussi loin que possible au-dessus des flots tumultueux. Il en aurait pleuré de soulagement quand une main calleuse se referma sur la sienne. Il tira le nageur et son fardeau jusqu'à lui, luttant contre le courant qui voulait les emporter au loin. Katsuki agrippa le pied de table, et aida l'enfant à se hisser en sécurité, Izuku le réceptionnant immédiatement.

Concentré sur le gosse, Katsuki ne vit pas le corps sans vie arriver sur lui. Il ne put l'éviter et fut percuté de plein fouet. Surpris, il lâcha prise. Mais Izuku l'avait vu. Son ami d'enfance se jeta littéralement en travers de la table, la faisant tanguer dangereusement. Il réussit à saisir le poignet de Katsuki, juste à temps. Usant de toutes ses forces, le porteur du One for All hissa tant bien que mal son compagnon sur le plateau.

- Kacchan ! s'affola Izuku tout se jetant sur lui. Ça va ? Tu n'as rien ?!

Mais Katsuki fut incapable de lui répondre immédiatement. Il avait bu la tasse... Et putain, il ne voulait absolument pas penser à ce qu'il y avait dans cette flotte. Le blond toussa, cracha, vomit même, sa respiration sifflant de manière inquiétante entre deux. Il lui fallut plusieurs secondes pour se reprendre.

Izuku le tenait fermement, un bras autour de sa taille. De son autre bras, il retenait contre lui l'enfant qu'ils avaient sauvé. Son regard naviguait de l'un à l'autre, surveillant les deux en même temps. Leur radeau tanguait, ballotté par les flots déchaînés, mais il tenait bon.

- Ça va, finit par répondre Katsuki d'une voix rauque. J'ai juste bu la tasse... Le gosse ?

- Il va bien, le rassura Izuku. Enfin, je crois.

Katsuki leva les yeux, examinant rapidement le gamin. Celui-ci ne devait pas avoir plus de sept ou huit ans. Son teint pâle, ses cheveux roux et ses grands yeux bleus indiquaient qu'il n'était clairement pas originaire de l'île. Sûrement un touriste. Il était trempé et claquait des dents, des larmes coulant en continu sur ses joues rondes. Mais il n'avait aucune blessure apparente.

Un brusque accoup manqua les faire tomber de la table et les deux adolescents décidèrent rapidement de se raccrocher aux pieds de celle-ci. Ils s'assirent au centre du petit plateau, une main fermement agrippée à l'un des pieds. Ils installèrent le gamin entre eux, enroulant leurs bras libres autour de sa taille. Ils ne pouvaient rien faire de plus pour l'instant. Ils devaient juste tenir sur leur radeau de fortune, ne pas tomber et attendre...

Attendre... Que les flots se calment et arrêtent de les entraîner avec eux... Attendre que les secours arrivent... Attendre... En claquant des dents... En ne regardant pas les cadavres qui passaient à côté d'eux... En luttant contre la nausée qui leur montait à la gorge à chaque fois que leur radeau bougeait trop... Attendre... En espérant que bientôt ce serait fini... Que bientôt ils seraient en sécurité...

Izuku glissa son bras un peu plus haut sur la taille de l'enfant, allant serrer sa main sur le coude de Katsuki. Il sentit le bout des doigts de Katsuki caresser son bras en une discrète réponse à son étreinte. Ils allaient s'en sortir... Izuku refusait qu'ils ne s'en sortent pas... Cet enfer allait forcément se finir. Il tenta de se rappeler ce qu'il avait appris sur cette catastrophe quand il était encore au collège. Mais la seule chose dont le lycéen parvenait à se souvenir n'était pas réjouissante : des centaines de milliers de morts.

Le courant les emportait à une vitesse folle, ballotant leur radeau de fortune dans tous les sens. Des gravas heurtèrent violemment la table à de nombreuses reprises, manquant de les faire tomber plus d'une fois. L'eau déchaînée arrachait tout sur son passage : arbres, bâtiments, véhicules... Rien ne lui résistait. Et eux ne pouvaient que s'accrocher, toujours plus fort, en espérant que leur embarcation sommaire tiendrait le coup.

Finalement, les flots se calmèrent peu à peu, les entraînant toujours avec eux. Et leur frêle esquif se retrouva à flotter sagement, au milieu d'une mer de débris divers et variés. Katsuki regarda autour de lui. Il n'y avait personne... Rien que des gravas, des morceaux de bâtiments et de l'eau à perte de vue. Il aperçut quelques corps sans vie flottant au milieu de tout ça, son regard s'en détournant... Le jeune homme ne pouvait rien faire de toute façon. Pour ces pauvres malheureux, c'était trop tard.

Il lâcha le pied de table et récupéra son sac Hello Kitty qu'Izuku avait rapidement enfilé sur ses épaules quand il le lui avait donné. Le sac était trempé... Par acquis de conscience, Katsuki l'ouvrit, examinant son contenu. Mais comme il s'en doutait, leurs réserves de nourriture étaient foutues. Il ne restait que les deux gourdes remplies de neige fondue. Le blond s'assura qu'elles étaient bien fermées et n'avaient pas été contaminées par l'eau dégueulasse sur laquelle ils flottaient, avant de les tendre vers ses deux compagnons d'infortune.

L'enfant le remercia dans un anglais tremblotant avant de boire. Izuku sourit et entreprit de faire parler leur petit protégé pour essayer de lui faire oublier ce qui les entourait. Le petit garçon s'appelait Dylan, vivait en Australie et était venu à Sumatra pour les vacances avec ses parents et sa grande sœur. Il avait six ans et était dans leur chambre avec sa sœur quand la vague avait dévasté leur hôtel. Le garçonnet s'était accroché à ce qu'il avait pu mais ne savait pas où étaient sa sœur et ses parents.

- On les retrouvera peut-être quand les secours arriveront, dit tant bien que mal Izuku dans un anglais hésitant, un sourire tremblant sur ses lèvres.

Ni lui, ni Katsuki n'eurent le cœur de dire à Dylan qu'il y avait de forte chance pour que toute sa famille soit morte. Et puis, peut-être que l'un d'entre eux avait eu de la chance et s'en était aussi sorti.

Katsuki laissa Izuku faire la conversation avec le gamin, écoutant d'une oreille tout en surveillant les alentours. Il leva les yeux au ciel en entendant le bruit d'un hélicoptère. Voyant l'engin approcher lentement, il se leva doucement pour ne pas faire basculer leur embarcation et agita les bras, hurlant de toute sa capacité pulmonaire :

- Oï ! On est là ! Ici ! Oï !

Izuku et Dylan levèrent les yeux au ciel eux aussi et ne tardèrent pas à imiter le blond. L'hélicoptère se rapprocha d'eux, volant juste au- dessus d'eux.

- Oh putain, Yes ! souffla Katsuki en voyant l'appareil enfin se stabiliser en vol stationnaire au-dessus de leurs têtes.

Un secouriste descendit de l'hélicoptère, accroché à un long câble métallique. Il les rejoignit et leur expliqua qu'ils allaient être remontés. Il leur assura qu'il n'y avait aucun risque, le harnais qui les remonterait étant accroché au câble. Le secouriste mit le harnais à Dylan, y accrocha le filin, et Katsuki souleva le gamin pour qu'il puisse s'installer dans les bras du secouriste.

Depuis leur radeau de fortune, Izuku et Katsuki virent Dylan monter jusqu'à l'appareil et y disparaître, un autre secouriste le réceptionnant. Le câble et le sauveteur furent renvoyés vers eux, et Izuku fut le suivant, puis Katsuki quelques secondes plus tard. Ses trois nouveaux passagers installés à bord, l'hélicoptère s'éloigna rapidement de la zone. A l'intérieur de l'engin, Dylan blotti entre eux, les deux adolescents répondirent aux questions des secouristes qui leur expliquèrent qu'ils allaient les déposer dans un hôpital de fortune monté en catastrophe à plusieurs kilomètres de là.

L'hôpital n'avait d'hôpital que le nom. Un simple bâtiment, sûrement agricole, qui avait été converti en centre de soins d'urgences, faute de mieux. A leur arrivée, ils furent immédiatement pris en charge par un homme d'une trentaine d'années qui leur demanda leurs noms, prénoms, nationalités et dates de naissance. Ils répondirent la vérité, sauf pour leur année de naissance. En 2004, même leurs arrières-grands-parents n'étaient pas encore nés... Donner leur véritable année de naissance n'était définitivement pas la chose à faire.

L'homme les accompagna à travers une grande salle, déjà pleine de gens, jusqu'à un lit de camp. Il leur donna deux couvertures, et leur conseilla de s'installer. L'un de ses collègues viendrait pour faire le point avec eux sur leurs blessures diverses et variées. Izuku posa les couvertures sur le lit de camp, leurs sacs au sol juste à côté, et regarda autour de lui, voyant la détresse, la souffrance et la peur sur les visages des rescapés.

- Hey Dylan, dit Katsuki près de lui. Enlève tes vêtements, je vais t'enrouler dans la couverture, poursuivit-il dans un anglais parfait.

- Pourquoi tu veux que j'enlève mes vêtements ? balbutia l'enfant.

Katsuki soupira profondément avant d'expliquer d'une voix étonnamment calme.

- Si tu t'enroules dans la couverture avec tes vêtements mouillés, tu vas mouiller la couverture et tu auras toujours froid. On va poser tes vêtements là, ils vont sécher et toi tu vas te réchauffer dans la couverture sèche. Ok ?

Dylan hocha la tête et ôta le tee-shirt et le short qu'il portait. Il était pieds nus, ayant probablement perdu ses chaussons dans l'eau. Il jeta un regard hésitant à Katsuki en portant les mains à son slip. Mais le blond ne lui laissa pas le temps de se poser plus de questions, l'emmitouflant dans la couverture rapidement. Il s'assura que le gamin était couvert de la tête aux pieds avant de l'inciter à s'allonger sur le lit de camp pour dormir un peu.

Izuku, suivit la scène, amusé de voir Katsuki s'occuper de l'enfant apeuré, tout en étalant les vêtements de Dylan au pied du lit de fortune. Suivant les conseils de son ami d'enfance, il se déshabilla à son tour avant d'enrouler la couverture autour de lui. Katsuki l'imita, mais quand Izuku se rapprocha de lui pour qu'ils partagent la couverture, il le repoussa doucement.

- Mes bandages sont trempés...

- Il faut les enlever, décréta Izuku. Tu peux pas rester avec un pansement comme ça. C'est déjà infecté, ça va pas s'arranger si tu les gardes.

- Et montrer mon dos à tout le monde ? grogna Katsuki. Tu crois qu'ils ont pas déjà assez vu d'horreur pour aujourd'hui ?

Mais Izuku avait la solution.

Il s'assit au pied du lit de camp, tournant le dos aux autres rescapés, et incita Katsuki à s'asseoir entre lui et la couche. Puis, il étendit les coins de la couverture devant lui, le tissu toujours glissé dans son dos.

- Tiens ça, ordonna-t-il.

Katsuki comprit ce que comptait faire son nerd personnel et attrapa les coins de l'étoffe, la tenant ainsi assez écartée pour qu'elle ne touche pas sa peau et qu'elle ne gène pas son infirmier personnel, caché par l'épaisse étoffe qui passait dans son dos. Mais ainsi, celui-ci put défaire ses bandages à l'abri des regards, caché par la couverture.

Une fois cela fait, Izuku enroula ses bras autour de la taille de son ami d'enfance, ce dernier rabattant l'avant de la couverture sur lui, les enfermant dans un cocon sec et chaud. Katsuki posa sa tête sur le lit, juste à côté de Dylan qui somnolait, des larmes silencieuses coulant sur ses joues. Dans son dos, il sentit Izuku poser sa tête sur son épaule. Ce dernier essayait de ne pas trop coller son torse à son dos blessé, mais la couverture n'étant pas très grande, il n'avait guère le choix.

L'attente reprit, entrecoupée de cris, de larmes et d'allées-venues. De temps en temps, Izuku ouvrait les yeux pour regarder les nouveaux venus s'installer. De temps en temps, Katsuki tendait l'oreille pour capter des mots, des phrases, des bouts de conversations. L'une d'elle attira tout particulièrement son attention. Il se redressa lentement, tournant la tête pour voir l'entrée du bâtiment.

Un homme, assez grand et roux, parlait fort, s'agitant devant l'homme qui les avait accueillis. Les sourcils froncés, Katsuki essaya de comprendre le flot paniqué de mots qui sortait de la bouche de l'homme.

- Deku, appela-t-il.

- Hmmm ?

- Je crois que c'est le père du gosse là-bas.

Izuku leva la tête si vite que sa nuque craqua. Il fixa l'homme qui s'agitait toujours en pleurant, semblant supplier.

- Je vais voir, décida-t-il en se levant, lâchant la couverture qui les couvrait.

Katsuki regarda Izuku s'éloigner rapidement en boxer. Il tourna la tête vers Dylan qui somnolait toujours et le secoua doucement.

Les grands yeux bleus s'ouvrirent et Katsuki lui demanda en anglais s'il connaissait le monsieur là-bas. L'enfant se redressa, dévisageant l'homme qui parlait à Izuku. Ce dernier pointa le doigt dans leur direction, l'homme tourna la tête et cria :

- Dylan !

L'enfant se remit immédiatement à pleurer et voulut se précipiter. Mais enroulé comme il l'était dans la couverture, il ne put faire qu'un seul pas avant de tomber.

Katsuki le rattrapa et, le soulevant, se dirigea d'un pas rapide vers l'adulte, l'enfant dans les bras. Il n'eut pas à aller bien loin, l'homme ayant couru jusqu'à eux. Et les deux adolescents sourirent en voyant les retrouvailles entre le père et son fils. Les laissant à leur étreinte, les deux garçons retournèrent à leur lit de fortune. Izuku ramassa les vêtements de Dylan et alla les rendre à l'enfant.

Il resta un long moment avec le duo. En voyant le regard rempli de gratitude que l'adulte lui lança, Katsuki comprit qu'Izuku devait expliquer comment Dylan s'était retrouvé avec eux. Il fut tiré de sa contemplation par une voix dans son dos.

- Et ben on peut dire qu'on vous a pas raté.

Sursautant, Katsuki se retourna pour voir un homme grisonnant, vêtu d'une blouse blanche.

Avec une grimace, il se rendit compte qu'il avait lâché la couverture, laissant son dos à découvert. L'homme ne sembla pas se formaliser de sa grimace, se penchant immédiatement sur les plaies.

- C'est infecté, rien de surprenant avec cette flotte dégueulasse, dit-il.

Il tendit un appareil vers le front de Katsuki qui faillit le lui arracher des mains avant de comprendre qu'il s'agissait d'un simple thermomètre.

- Vous aviez déjà désinfecté tout ça avant ? demanda-t-il en regardant le chiffre donné par le thermomètre.

- Ouais, grogna Katsuki. Avec ça... expliqua-t-il en anglais.

Il vida le contenu du sac Peppa Pig sur le lit, avant de tendre la bouteille de désinfectant à l'infirmier, ou médecin, il ne savait pas trop.

- Hm... C'est pas mal. Mais je vais vous donner quelque chose de mieux. Je vais aussi vous donner des antibiotiques et de quoi refaire un pansement propre. Vu le matériel que vous avez, votre ami sait les faire. Je vais aussi vous donner quelque chose contre la fièvre. Vous avez d'autres blessures ?

- Non... répondit Katsuki, jugeant la liste trop longue pour se donner la peine de tout énumérer et n'ayant nullement l'envie de se justifier.

De toute façon, si ce mec leur ramenait de quoi soigner son dos, ils pourraient s'en servir pour leurs autres blessures.

- Et votre ami ?

- Non plus...

- Ok, je reviens.

L'homme s'éloigna rapidement tout en secouant la tête. Dans son métier, il en voyait de toutes les couleurs et malheureusement les blessures causées par des coups de fouet étaient monnaie courante dans ce pays. Que ce soit des gamins ayant été achetés comme esclaves par de riches familles ou embrigadés dans des réseaux de prostitution, il en avait trop vu pour ne pas reconnaitre ce type de blessure.

Katsuki observa l'homme s'éloigner et soupira lourdement.

- Au moins, on aura de quoi mieux te soigner, souffla Izuku qui l'avait rejoint.

Katsuki hocha la tête, et leva les yeux vers Dylan et son père qui les regardaient avec hésitation. D'un geste, il les invita à s'installer. Dylan retrouva le lit de camp sous la surveillance de son père qui le remercia chaleureusement pour avoir sauver son fils.

L'infirmier ou médecin revint et tendit tout le matériel aux adolescents, leur expliquant quand prendre les médicaments et comment bien refaire les pansements. Il leur donna aussi un sac avec quelques denrées alimentaires et de l'eau. Avec un doux sourire compatissant, il leur demanda :

- Vous travaillez dans quel quartier ?

Surpris, Katsuki et Izuku échangèrent un regard, se demandant bien pourquoi l'homme leur posait une telle question. Sans réfléchir, Katsuki répondit finalement :

- Le long du port.

Il devait bien y avoir un port sur cette foutue île, se dit-il. Ce que le blond ignorait c'était que le port était un haut lieu de la prostitution infantile.

L'homme secoua doucement la tête. Ainsi ces deux gamins vendaient leurs corps, et vu l'état du dos du blond, ils devaient accepter des pratiques extrêmes.

- Tu ne devrais pas accepter ce genre de chose, dit-il à Katsuki en désignant son dos du menton. Même contre beaucoup d'argent.

- De l'argent ? s'étonna Izuku.

Katsuki le fusilla des yeux, lui intimant silencieusement de se taire, ce qu'Izuku fit immédiatement, un air coupable sur le visage. L'homme fronça les sourcils en voyant l'échange silencieux entre les deux adolescents. Posant une main rassurante sur l'épaule du plus petit, il lui sourit doucement :

- Je comprends que vous n'ayez pas toujours le choix, mais je connais des associations qui pourraient vous aider. Je vous donnerai leurs coordonnées plus tard. La prochaine fois, ne vas pas si loin, même pour une grosse somme. Vous êtes amis n'est-ce pas ? La prochaine fois, refuse de faire ça.

Sur ces mots, l'homme partit, laissant derrière lui un Izuku qui n'avait pas tout compris à ce qui venait de se dire. Il tourna la tête vers Katsuki pour lui demander des explications, mais se figea en le voyant. Ce dernier était rouge écrevisse et avait le visage déformé par une expression à mi-chemin entre la colère et le fou rire. Le tout donnait à Katsuki un visage assez inédit.

- Kacchan ?

Les yeux rubis qui se posèrent sur lui le firent se recroqueviller sur lui-même. Katsuki avait l'air furieux mais en même temps totalement hilare. C'était très étrange.

Le blond lui tourna brusquement le dos, le laissant refaire son pansement sans donner plus d'explications et Izuku n'insista pas. Il s'appliqua, désinfectant avec de la bétadine les nombreuses plaies. Il enroula le dos de son ami d'enfance dans les bandages maintenant les épaisses compresses posées sur sa peau lésée. Il profita d'avoir des bandes propres pour refaire également le bandage à la cheville et refaire un pansement au doigt de Katsuki.

Leurs vêtements étant secs, ils se rhabillèrent avant de manger un peu. Ils discutèrent un peu avec le père de Dylan et avec d'autres rescapés. Izuku rangea soigneusement leurs nouvelles acquisitions dans les sacs. Finalement, son sac Peppa Pig serré contre lui, il s'allongea au sol près de Katsuki qui avait remis le sac Hello Kitty sur ses épaules. Ils se blottirent sous la couverture, Izuku dans le dos de Katsuki, juste à côté du lit de camp où Dylan et son père avaient pris place .

- Kacchan ? demanda Izuku.

- Quoi ! grogna Katsuki.

- Tout à l'heure... Pourquoi il a dit ça le médecin ?

- Pas sûr que ce soit un médecin, esquiva Katsuki. C'est peut-être juste un infirmier.

- Kacchan, râla Izuku. Réponds moi !

Katsuki eut un drôle de rictus avant de se retourner pour faire face à son ami d'enfance.

- T'es sûr que tu veux savoir ? s'assura-t-il, clairement moqueur.

- Oui, répliqua Izuku d'un ton ferme.

Le rictus de Katsuki s'agrandit, inquiétant un peu Izuku.

- Ce mec est pas totalement con, il a bien compris que c'était des coups de fouet, commença Katsuki. Et il pense que c'est toi qui m'a fouetté...

Izuku écarquilla les yeux, choqué.

- Mais pourquoi ?

- Sérieusement, tu traînes avec l'autre pervers en permanence et tu n'as jamais entendu parler de BDSM ? ricana Katsuki. Pikachu est très branché là-dessus pourtant ...

Voyant que son ami d'enfance ne comprenait pas, Katsuki souffla doucement et précisa :

- Bondage, Domination, Soumission et Masochiste... BDSM...

Le hoquet et les rougeurs qui s'étalèrent à vitesse grand V sur les joues parsemées de taches de rousseurs amusèrent beaucoup Katsuki.

- Mais... Mais... bafouilla Izuku, incapable de faire mieux.

Le rictus moqueur de Katsuki s'agrandit, faisant bafouiller encore plus Izuku. Soudain, un détail de la conversation lui revint et Izuku se reprit :

- Pourquoi il a parlé d'argent ?

La grimace de Katsuki l'inquiéta un peu, mais le blond lui expliqua rapidement :

- Il a dû croire qu'on faisait ça pour de l'argent.

- Quoi ? Mais... protesta Deku.

- Si ma mémoire est bonne, l'interrompit le blond, il y avait pas mal de prostitution à Sumatra, y compris de la prostitution infantile. Quand il a demandé dans quel quartier on travaillait... J'ai répondu au pif, mais à tous les coups, le port est un coin à putes. Du coup, il doit penser que t'es un foutu sadique qui me fouette pour du fric !

Izuku ne savait plus où se mettre. Il avait l'impression qu'il allait entrer en combustion spontanée d'un instant à l'autre. Cet homme croyait que... lui et Kacchan... Et qu'il... Oh ! Mon ! Dieu ! Il croyait que lui, Izuku, était un putain de sadique qui... faisait du mal à... Kacchan ! Et bien sûr Katsuki se marrait comme une baleine ! Izuku se vengea en frappant le crâne blond devant lui, amusant encore plus ledit blond qui souffla un "sadique" hilare.

Ce que Katsuki se garda bien de dire, c'était tout ce que cela sous-entendait. Cela sous-entendait que lui, Katsuki Bakugo, vendait son corps et acceptait de se faire fouetter pour de l'argent. Il avait eu des envies de meurtre en entendant l'homme sous-entendre de telles choses. Sérieusement, il avait la gueule d'une pute soumise peut-être ? Il avait vu jouer ça où l'autre enfoiré ? Comme si lui, oui lui, Katsuki Bakugo, accepterait ce genre de merde ! Jamais putain ! Même pour des millions ou des milliards !

Les deux adolescents finirent par s'endormir, blottis dans les bras l'un de l'autre sous la couverture kaki, allongés sur le sol de l'hôpital de fortune. Autour d'eux, les rescapés continuaient d'arriver, ceux déjà sur place se rapprochant les uns des autres pour laisser de la place aux nouveaux venus. Sur le lit de camp, Dylan dormait, veillé par son père. Aucun d'eux ne virent l'ombre s'étendre peu à peu pour emporter finalement les deux adolescents avec elle quand elle se dissipa, ne laissant comme seules traces de leur passage que leurs noms sur un papier.

A suivre...


Commentaire de l'auteure :

Et une nouvelle mésaventure pour nos héros ! Une !

Dylan et son père sont sortis tout droit de mon imagination. Toute ressemblance avec des personnes réelles est totalement fortuite.

Mes pensées vont à toutes les personnes qui ont vécu ce drame de près ou de loin.

Pour le choix de la chanson servant de titre au chapitre, c'est très tiré par les cheveux et pleinement assumé. Coquillages et crustacés de Brigitte Bardot parle de retour de vacances. Mais de vacances à la plage ! Voilà... Ah, je vous avais prévenu que certains rapprochements entre titres de chansons et chapitres étaient tirés par les cheveux !


Bureau des plaintes et personnages martyrisés :

Aizawa pose un œil morne sur Lili, qui chantonne "coquillages et crustacés".

- T'es une vraie sadique en fait, souffle-t-il.

- Pourquoi tu dis ça ? s'offusque Lili.

- Il t'a fallu trois jours pour écrire le chapitre précédent, où il ne se passe pas grand chose de grave pour eux. Et celui-là, en un après-midi, c'est bouclé.

- C'est juste un hasard, proteste Lili.

Aizawa lève les sourcils, septique.

- Tu veux qu'on parle du second chapitre que tu as bouclé en une matinée, alors qu'il t'a fallu deux jours pour le premier ?

- Mais euh... râle Lili à court d'arguments.

Pendant ce temps, Hawks fixe d'un œil amusé les deux adolescents toujours prisonniers du sac de couchage jaune. Le visage d'Izuku est rouge cramoisi, offrant un joli contraste avec celui de Katsuki qui est blanc comme un linge.

- Vous nous avez caché des choses tous les deux, dit-il amusé.

L'explosion qui retentit ne le surprit même pas. Avant que Katsuki n'ait pu réagir plus que cela, Aizawa intervint, mettant fin à toute tentative de rébellion.

- On se calme les deux gamins à problèmes ! Sinon, je demande aux lecteurs de supplier Lili de leur écrire un PWP BDSM avec vous deux dans leurs reviews... Et bien sûr Bakugo, vu que c'est Lili, tu seras forcément le soumis-masochiste !


A suivre : Chapitre 7 - Amour censure.