Note de l'auteure : Chanson ayant servi de titre à ce chapitre : Amour censure de Hoshi.

Bonne lecture,

Lili.


Amour censure.

- Oh Boys ! Wake Up !

Izuku et Katsuki soupirèrent de concert en entendant la voix joyeuse résonner tout près d'eux. Ils ouvrirent les yeux, tombant directement dans le regard de l'autre. Instinctivement, ils reculèrent rapidement, surpris de se retrouver allongés dans les bras l'un de l'autre.

- So cute, s'extasia une autre voix plus féminine que la première.

Les deux adolescents se redressèrent, se retrouvant nez à nez avec un homme chauve, habillé comme une fée, des ailes en tulle bleu flottant derrière lui, son visage maquillé de bleu et de paillettes violettes. Ce dernier leur fit un grand sourire.

- Désolé de vous réveiller, dit-il en anglais avec un fort accent américain. Mais si vous voulez participer à la parade, il faut vous lever.

- La parade ? s'étonna Izuku.

Une femme, maquillée comme un chat et habillée de cuir, surgit derrière l'homme-fée et répondit avec un immense sourire :

- La gay pride ! Vous êtes bien venus pour ça ?

Les deux garçons se jetèrent un rapide coup d'œil avant que Katsuki ne réponde dans un anglais parfait :

- Oui, bien sûr...

Mais avant qu'il n'ait le temps de dire autre chose, Izuku se pencha vers lui et souffla :

- Kacchan, qu'est-ce que tu fais ? T'es sûr que c'est la gay pride ? S'il faut payer...

Katsuki l'interrompit rapidement :

- Laisse-moi faire bordel !

Se tournant vers les deux autres qui les regardaient, amusés, il reprit dans un anglais impeccable :

- Je m'appelle Katsuki et voici Izuku. On s'est enfui de chez nous pour venir, et malheureusement nous n'avons plus d'argent. Alors nous ne sommes pas sûr de pouvoir assister à la parade. Vous pourriez nous indiquer un endroit où la regarder gratuitement ?

Le drôle de couple éclata de rire et l'homme-fée s'empressa de lui répondre :

- Ne t'inquiète pas, Katsuki. C'est totalement gratuit ! Et puis pourquoi l'observer quand vous pouvez participer ? Je m'appelle Greta et elle c'est Honey.

- Vous pouvez rester avec nous, assura Honey, on va tout vous montrer. Vous allez voir, on va s'éclater !

Katsuki hocha la tête et se leva, Izuku l'imitant plus timidement. Rapidement, ils replièrent la couverture qui les couvrait encore avant de la fourrer dans le sac Hello Kitty que le blond portait sur le dos.

- Trop bien vos tenues les gars ! s'exclama Honey en souriant. Mais il manque deux trois trucs pour bien vous mettre dans l'ambiance.

Sans attendre, elle s'approcha d'Izuku, une trousse dans les mains. Voyant le jeune homme reculer légèrement, elle le rassura :

- Je vais juste te maquiller, Izuku. Tu es asiatique, n'est-ce pas ?

Izuku hocha la tête. Il jeta un regard interrogateur vers Katsuki qui haussa les épaules, l'air de dire qu'il faisait comme il voulait. Finalement, il laissa la jeune femme le maquiller, répondant timidement à ses questions.

A quelques pas de là, Katsuki discutait avec Greta. Ce dernier avait remarqué les bandages du blond et s'inquiétait de savoir d'où cela venait. Un sourire moqueur étira les lèvres de Katsuki qui haussa le ton pour répondre, voulant être sûr qu'Izuku l'entendrait :

- La cheville, je me la suis foulée en tombant. Une sale bestiole m'a mordue le doigt et pour le dos... Disons que cet abruti ne maîtrise pas le fouet aussi bien qu'il le pense...

Greta éclata de rire, rire qui monta en puissance quand un Izuku rougissant bafouilla un truc incompréhensible, avant de crier un "Kacchan" réprobateur.

- Ah, le fouet... on a tous du mal au début, le rassura Greta hilare. L'essentiel c'est que tu le soignes bien après.

Devant les rougeurs de plus en plus accentuées d'Izuku, Honey le rassura :

- Il te taquine. Tu n'as absolument pas la tête de quelqu'un qui aime blesser son petit ami. Il est très beau d'ailleurs, tu as bon goût.

En entendant la réponse de la jeune femme, Katsuki manqua s'étouffer et Izuku fut certain de sentir de la fumée sortir de ses oreilles.

- Ah non, Kacchan et moi on n'est pas ensemble, s'empressa-t-il de dire en anglais.

- C'est la gay pride mon cœur, lâcha Greta. Ici, inutile de vous cacher ! Personne ne vous dira quoique ce soit ! Bien au contraire.

Honey sourit, laissant Izuku pour se tourner vers Katsuki, ses pinceaux en mains.

- A toi, beau blond ! lança-t-elle.

Septique, ledit beau blond jeta un œil sur le visage de son ami d'enfance, notant les arabesques fleuries qui y étaient dessinées.

- Pas de fleurs, dit-il finalement avant de laisser la jeune femme faire ce qu'elle voulait.

Après tout, il avait eu le temps de regarder un peu autour de lui, et clairement, la plupart des personnes présentes étaient bizarrement vêtues et maquillées de manière excentrique. Ils se tenaient sur une grande pelouse, parsemée d'une foule de gens habillés comme pour un carnaval. Fées, licornes et chats côtoyaient bikers en cuir, pom pom girls et infirmières sexys. Les costumes étaient portés indifféremment par des hommes ou des femmes, donnant un joyeux mélange hétéroclite.

L'ambiance était festive, des rires et des chants retentissant de toutes parts. Katsuki nota qu'avec leurs tenues colorées, enfantines et clairement féminines, Izuku et lui se fondaient parfaitement dans le décor. Qu'on les prenne pour un couple ne le dérangeait finalement pas plus que ça. Surtout que la plupart des couples autour d'eux étaient homosexuels. Au moins, ils ne feraient pas tâche, même s'ils devaient se tenir les poignets ou les mains pour ne pas se perdre dans cette foule.

Honey se recula, admirant son œuvre.

- Voilà, j'ai fini ! C'est parfait !

Elle lui tendit un miroir, lui permettant de regarder les arabesques qu'elle avait dessiné. Elles ressemblaient beaucoup à celles sur le visage d'Izuku mais au lieu de fleurs elle avait dessiné des feuilles. Katsuki dû admettre que ça lui allait étrangement bien... Même s'il ne l'avouerait jamais à voix haute.

Un autre homme-fée arriva, rose et barbu celui-ci, hélant Greta qui lui sauta au cou en riant. Honey se joignit au couple, délaissant les deux adolescents. Izuku en profita pour se rapprocher de Katsuki, agrippant son bras.

- Kacchan... On fait quoi ? On reste avec eux ou on s'en va ?

- J'en sais rien, bordel, avoua Katsuki. Ils ont pas l'air méchant, et puis ça pourrait être marrant. Mais, si tu préfères qu'on se barre, on se barre.

Izuku réfléchit, regardant attentivement autour de lui. Non, il n'y avait absolument rien de menaçant pour eux ici. C'était assez évident. Il avait vu des images des gay prides à travers le monde sur internet. Cette fête n'avait plus court depuis longtemps à leur époque. L'homosexualité n'était plus cause d'exclusion. Dans leur monde, avec des alters et des physiques aussi divers que variés, la sexualité des gens n'était plus un critère de discrimination. Tant que ça restait dans le cadre légal, chacun pouvait aimer qui il voulait. Bien sûr, il y avait toujours quelques esprits grincheux pour critiquer. Mais c'étaient les mêmes qui critiquaient les gens pour leurs attributs physiques ou pour tout et n'importe quoi. Ils étaient minoritaires et personne ne les écoutait jamais.

- Mais, souffla-t-il finalement. Ils croient qu'on est... en couple...

- On s'en fout de ça, grogna Katsuki. Ils peuvent croire ce qu'ils veulent, ils vont pas nous demander de baiser devant eux non plus !

Izuku hocha la tête. Il avait très envie de participer à la parade. Vivre ça de l'intérieur et pas juste via de vieilles vidéos trouvées sur internet. Sa décision prise, il glissa sa main dans celle de Katsuki et le tira derrière lui, rejoignant Honey et Greta.

Ceux-ci leur présentèrent Romuald, le second homme-fée et compagnon de Greta. Celui-ci était armé d'un appareil photo et prit une photo des deux adolescents. A leur grande surprise, la photo sortit instantanément de l'appareil et il la leur tendit en souriant. Katsuki et Izuku regardèrent étonnés le carré blanc qui se teinta progressivement de couleurs jusqu'à dévoiler leurs visages peinturlurés. Ils n'avaient jamais vu de polaroid.

- Vous êtes trop mignons ensemble ! s'exclama Honey.

Sans attendre, elle avança à travers le parc, les encourageant à la suivre. Izuku rangea la photo dans son sac Peppa Pig et suivit la jeune femme, tirant Katsuki derrière lui par leurs mains jointes. Le couple de fées leur emboîta le pas, expliquant à Katsuki qu'ils allaient rejoindre le point de départ de la parade.

Ils zigzaguèrent entre les différents groupes, s'arrêtant régulièrement quand leurs accompagnateurs s'arrêtaient pour saluer des connaissances. Romuald prit plein de photos, distribuant celles-ci avec joie. Les deux adolescents durent prendre la pause quand le photographe réquisitionna l'une de ses amies pour prendre une photo de leur petit groupe. Coincé entre Izuku et Honey, Greta et Romuald derrière lui, Katsuki sourit légèrement pour la postérité, inconscient du cœur que forma le couple dans son dos, juste entre lui et son ami d'enfance. Mais il le vit quand Romuald lui tendit l'un des clichés, tout en lui lançant un clin d'œil complice. Katsuki se contenta de lever les yeux au ciel avant de tendre la photo à Izuku qui la rangea sans même la regarder, trop occupé à discuter avec Greta.

Ils arrivèrent finalement sur une large avenue où un impressionnant attroupement bigarré se tenait. Se faufilant dans la foule, ils rejoignirent un groupe de femmes, toutes vêtues de cuir et maquillées à l'effigie d'animaux. Honey sauta au cou de l'une d'entre elles, l'embrassant à pleine bouche. Izuku détourna la tête, un peu gêné par les démonstrations de tendresses en public. Il vit alors Romuald lui tendre un grand gobelet rouge avec son éternel sourire.

Après avoir remercié l'homme-fée, il jeta un œil au contenu de son verre, identifiant facilement celui-ci. Tournant la tête vers Katsuki, il lui souffla :

- De la bière. Mais on a pas l'âge pour boire de l'alcool.

- Et alors, grogna Katsuki en levant son propre verre. On s'en fout. Décoince toi un peu et profite sale nerd !

Sans un mot de plus, Katsuki prit une gorgée de la bière généreusement offerte. Il grimaça et ronchonna :

- Merde, c'est hyper fade...

Amusé, Izuku l'imita, constatant qu'effectivement c'était une boisson assez fade. Pas surprenant que Katsuki n'ait pas apprécié, lui qui aimait les trucs épicés.

Tout un buvant sa bière à petites gorgées, Izuku laissa son regard naviguer sur la foule. En voyant un homme avaler une pilule colorée, il eut soudain une illumination. Lâchant la main de Katsuki, il plongea la sienne dans son sac et en ressortit les plaquettes de médicaments données à l'hôpital de fortune la veille.

- Kacchan, dit-il. Prends tes médicaments.

Katsuki tendit la main pour prendre les comprimés, mais Greta et Romuald s'en saisirent avant lui.

- Pas de drogue pour vous, décréta Greta. Vous n'avez pas besoin de ça pour vous amuser.

- C'est des antibiotiques et du paracétamol, contra Katsuki.

- Jamais je ne donnerai de la drogue à Kacchan, protesta Izuku simultanément.

Greta fronça les sourcils et fixa un regard soucieux sur Katsuki.

- Je pensais que tu plaisantais pour le fouet, dit-il.

- Qu'à moitié, admit Katsuki.

- C'est pas moi qui lui ai fait ça, assura Izuku.

- C'était un connard et ça n'avait rien de sexuel, expliqua Katsuki. Mais ça s'est infecté, d'où les médocs.

Devant les regards soupçonneux des deux hommes-fées, le blond finit par s'énerver.

- Ça va, d'accord ! Il n'y est pour rien bordel ! C'était juste un putain de connard sadique qui s'est défoulé sur ma gueule !

Romuald sourit doucement, comprenant que le sujet était sensible, et lui rendit les comprimés, non sans s'être assuré que c'était bien ce que le jeune homme avait dit.

Il se pencha vers Izuku et, avec un clin d'œil, il lui dit :

- C'est qu'il est sexy quand il s'énerve ton mec.

Izuku vira immédiatement au rouge tomate, amusant encore plus le photographe. Katsuki avala les comprimés et rendit les plaquettes à son ami d'enfance. Honey les rejoignit à ce moment-là, accompagnée de sa compagne, Natacha. La nouvelle venue tendit à Greta et Romuald deux paniers en osier et les deux hommes sourirent en les prenant, commençant immédiatement à lancer des poignées de paillettes colorées sur les gens autour d'eux, principalement sur les deux adolescents.

- Ça va commencer !

A peine Natacha eut-elle dit ça, qu'une voix retentit sur la place.

- Bienvenue à la Gay Pride 2015 de Chicago ! Que la fête commence !

Des hurlements de joie et des vivas emplirent la place, faisant sursauter Izuku qui s'accrocha à la main de Katsuki. De la musique électro se fit entendre et le cortège se mit en branle.

- Vous perdez pas les amoureux, rit Greta en leur lançant une poignée de paillettes colorées.

Izuku serra plus fort la main de Katsuki dans la sienne, conscient que dans cette foule il était facile de se perdre. Et il ne tenait pas à perdre Katsuki. Les deux adolescents suivirent le mouvement, la musique emplissant leurs oreilles. L'ambiance était festive, tous souriaient, riaient, chantaient, dansaient.

Des bombes de poudre colorée explosèrent au-dessus de leurs têtes, teintant de couleurs vives tous ceux qui étaient en dessous. Izuku rit en voyant les cheveux blonds de Katsuki devenir roses, verts et bleus, la poudre se déposant aussi sur le visage de son ami d'enfance. Celui-ci lui fit comprendre d'un simple regard qu'il était dans le même état. Un carré blanc surgit sous leur nez, tendu par un Romuald souriant. Izuku s'en saisit et y jeta un rapide coup d'œil avant de ranger la photo avec les précédentes.

Ils avancèrent lentement, au rythme de la foule en liesse, sous le soleil radieux de Chicago. Izuku était ravi. Il avait vu des vidéos, mais être en plein cœur du cortège était mille fois mieux. Il ne s'était jamais vraiment posé la question de sa sexualité, ayant bien d'autres choses en tête. Il avait juste lu un truc sur la Gay Pride dans un livre et s'était renseigné sur internet. Et il avait regretté que ce genre d'événement n'existe plus à leur époque. Parce que ça avait l'air vraiment sympa.

Et c'était au-delà de ses espérances. Surtout quand il vit Katsuki se mettre à sauter en chantant à tue-tête avec Honey, Natacha et leurs amies. Il ne regretta absolument pas d'être resté avec les hommes-fées. Sa main étant secouée par les sauts de Katsuki, il ne tarda pas à se joindre à lui, mêlant sa voix aux leurs. Leurs mésaventures des jours précédents furent balayées par cette expérience festive, haute en couleurs et rocambolesque.

Des bruits de tambours couvrirent la musique électro, attirant l'attention de tous. Katsuki tourna la tête et ses yeux brillèrent d'envie en les voyant à quelques mètres d'eux. Ils étaient une dizaine d'hommes, torse nus, des bidons en métal, sur lesquels ils tapaient avec force, accrochés à leurs épaules. Tirant Izuku à sa suite, Katsuki se faufila jusqu'à eux, voulant les voir de plus près. Natacha, Honey, Greta et Romuald les suivirent, le sourire aux lèvres.

Katsuki s'arrêta juste devant le groupe de percussionnistes, inconscient qu'il avait l'air d'un gamin à qui on venait d'annoncer Noël avant l'heure. Il adorait les percussions. Ce n'était pas pour rien que ses parents lui avaient payé des cours de batterie. Il avait vu et revu des vidéos des Tambours du Bronx et les avait souvent imités, se servant des casseroles de sa mère comme tambours. Et là, devant lui, il y avait un groupe similaire.

Il crevait d'envie de les rejoindre, de taper lui aussi sur ces barils en métal. Sans même qu'il ne s'en rende compte, il agitait sa main libre au rythme des battements sourds des tambours. Greta s'en aperçut et chopa un des percussionnistes qu'il connaissait, lui désignant le blond du doigt. Son ami sourit et hocha la tête, se rapprochant de Katsuki. Ce dernier sursauta quand une paire de baguettes surgit sous son nez.

Surpris, il fixa l'homme face à lui. Celui-ci lui fit un grand sourire et lui lança :

- Fais-toi plaisir !

Katsuki ne se le fit pas dire deux fois. Il lâcha la main d'Izuku et enfila les bretelles tenant le baril avec empressement. Il leva les baguettes puis les abattit avec force, rejoignant le rythme du groupe face à lui.

Le rythme s'intensifia, devenant plus erratique, et pourtant parfaitement coordonné. Les mains abattaient les baguettes avec force et rapidité, faisant résonner le son caractéristique des barils métalliques. Autour d'eux, la foule sautait et dansait au rythme des percussions. Katsuki s'éclatait. Il sentait son corps vibrer au même rythme que les tambours. Il se foutait pas mal d'avoir mal au dos, du poids du baril sur ses épaules, de sa cheville qui protestait à chacun de ses pas, des frissons qui le secouaient encore de temps en temps. Il s'éclatait.

A quelques pas de Katsuki, Izuku souriait de toutes ses dents, sautant et dansant en chœur avec la foule. Ses yeux ne quittaient pas Katsuki. Depuis combien de temps ne l'avait-il pas vu avec un tel sourire ? Longtemps, trop longtemps... Même lors du festival de Yuei, il n'avait pas souri ainsi. Il le revoyait enfant, quand il trouvait une image collector d'All Might dans un paquet de gâteaux. Là, c'était le même sourire...

Romuald lui tendit des photos et Izuku le remercia. Il les garderait précieusement ces images. La preuve que Katsuki savait encore sourire comme un enfant. La preuve que sous ses airs d'ours mal léché, il y avait encore un petit garçon capable de s'émerveiller. Les tambours cessèrent. Il vit Katsuki rendre le baril à l'homme qui le lui avait prêté, tous deux discutant joyeusement. Les autres percussionnistes se mêlèrent à la discussion, cachant le blond aux yeux d'Izuku.

Ce dernier se faufila comme il put entre les hommes et leurs instruments pour se saisir de la main de son ami d'enfance. Il ne voulait vraiment pas le perdre dans cette foule. Sentant sa main se glisser dans la sienne, Katsuki se retourna vers lui, toujours le même sourire aux lèvres.

- C'était génial Kacchan ! s'exclama Izuku.

- Hm, répondit Katsuki. Ouais, c'était génial !

- Hey, les amoureux ! les interpella Greta attirant leur attention.

Romuald tenait son appareil, prêt à l'action, et Honey leur hurla :

- Un bisou !

Katsuki cligna des yeux, choqué. Izuku ouvrit la bouche pour protester. Mais autour d'eux, tous ceux ayant entendu la jeune femme scandèrent :

- Un bisou ! Un bisou !

- Embrasse le ton mec ! rugit une voix plus loin. Il a trop la classe !

Izuku tourna la tête vers Katsuki, notant les oreilles rouges de gêne de ce dernier. Embrasser Kacchan ? Bizarrement, l'idée ne lui semblait pas aussi dérangeante qu'il l'eut cru. Il posa sa main sur la joue maquillée et couverte de poudre colorée de son ami d'enfance, l'obligeant à tourner la tête vers lui. Et sans plus d'hésitation, il posa doucement ses lèvres sur les siennes. Il se sentit frissonner délicieusement en sentant la bouche chaude de Katsuki contre la sienne.

Autour d'eux, la foule éclata en vivats, faisant sourire Izuku qui se recula rapidement. Ce n'était qu'un simple bisou, une simple pression d'une bouche contre une autre. Rien de dramatique finalement. Et puis, c'était Kacchan... Il éclata de rire en voyant le regard totalement halluciné de Katsuki. Même la poudre rose et bleu qui teintait ses joues ne suffisait pas à cacher les rougeurs qui s'étalaient sur ses pommettes.

Mais ils n'eurent pas le temps de dire quoi que ce soit, Romuald leur sautant dessus avec la photo de ce chaste baiser. Natacha ne tarda pas à les rejoindre, riant en disant que les asiatiques étaient décidément très coincés. Et pour prouver ses dires, elle roula une pelle féroce et passionnée à Honey. Izuku rangea la photo, détournant ainsi son attention du couple près de lui. Katsuki râla, arguant que non, au Japon on ne fourrait pas sa langue dans la bouche de quelqu'un d'autre en public, et qu'il ne voyait pas en quoi c'était un problème. Un peu de tenue, merde !

Sa tirade fit rire tous ceux qui l'entendirent. Greta leur redonna un verre de bière en leur assurant que c'était justement ce qui les rendait si mignons. Romuald protesta, vite rassuré par son compagnon qui l'enlaça en lui assurant qu'il était de toute façon le plus beau pour lui. Katsuki avala sa bière d'un trait, cachant sa gêne dans son verre. Et Izuku se mordit les lèvres pour ne pas rire.

Finalement, n'y tenant plus, il se pencha vers le blond, lui soufflant :

- Et c'est moi le coincé, hein ?

- Putain, tu me fais chier, grogna Katsuki.

Puis, sans qu'Izuku ne s'y attende, Katsuki l'embrassa à son tour, écrasant ses lèvres contre les siennes en un contact un peu moins doux et un peu plus long que précédemment. Mais il n'alla pas plus loin que ça. C'était d'ailleurs largement suffisant.

Quand il se recula, il avait à nouveau ce rictus moqueur aux lèvres. Izuku sentit qu'il était rouge comme une tomate. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine.

- Souviens toi sale nerd, tout ce que tu fais, je peux le faire en mieux, claqua Katsuki provocateur.

Izuku secoua la tête, peu décidé à se lancer dans une compétition avec Katsuki sur ce terrain là. Il finit son verre, ignorant les regards amusés et complices que lui lancèrent ceux qui les entouraient.

Ils reprirent leur route, la foule ayant avancé durant cet intermède, suivant les deux hommes-fées qui continuaient à lancer des paillettes tout autour d'eux, et les deux femmes vêtues de cuir. Leurs mains enlacées ne se lâchèrent pas, même quand ils se retrouvèrent à faire la ronde avec des dizaines d'autres personnes. Ils chantèrent, dansèrent, rirent, discutèrent avec les uns et les autres. Ils mangèrent les hot dogs que Greta leur offrit, avec des frites bien grasses et du soda. Ils burent aussi... Des bières, du soda, du jus de fruits, de l'eau...

Ils n'eurent que vaguement conscience que Greta, Romuald, Honey et Natacha les surveillaient du coin de l'œil, n'étant jamais bien loin d'eux. Les quatre adultes veillaient sur les deux adolescents, ne les empêchant cependant pas de vivre l'expérience à fond. Ils s'assuraient juste qu'ils ne se perdent pas et que personne ne les droguerait à leur insu. C'était le risque dans ce type de manifestations. Même si l'immense majorité des gens présents était là pour s'amuser, certains en profitaient pour abuser des plus vulnérables. Et les deux japonais étaient jeunes, plus jeunes que la plupart des participants. Et donc des proies faciles.

Les quatre adultes les trouvaient touchants ces deux gamins. Ils avaient semblé complètement perdus quand ils les avaient trouvés, endormis dans l'herbe, dans les bras l'un de l'autre, sous une couverture kaki. Greta et Honey avaient décidé de les prendre sous leurs ailes durant cette journée si particulière. Romuald et Natacha n'avaient même pas eu besoin de le savoir pour le comprendre. Eux aussi les aimaient bien ces deux-là. Et ils veilleraient à ce qu'il ne leur arrive rien de fâcheux.

Le cortège finit par s'arrêter et la foule se dispersa dans l'immense parc. La fête continua là, des groupes de musique faisant danser les fêtards à travers tout le parc. Katsuki et Izuku suivirent les quatre adultes. Honey les traîna devant un groupe qui jouait de la musique latino et embarqua un Izuku rougissant dans une salsa endiablée. Katsuki ne manqua pas l'occasion de se moquer ouvertement de son ami d'enfance qui ne savait absolument pas danser.

Izuku aurait pu être vexé si Greta n'avait pas agrippé le blond pour le faire danser lui aussi. Mais alors qu'Izuku s'apprêtait à se moquer de ce dernier il ne put que bouder en constatant que Katsuki savait danser la salsa et qu'il dansait sacrément bien. Lui-même écrasait souvent les pieds d'Honey qui essayait tant bien que mal de lui expliquer les pas, riant aux éclats quand il essayait de se déhancher. Natacha et Romuald débarquèrent eux aussi sur la piste de danse improvisée, se mouvant avec grâce et sensualité.

Après la salsa, ils se retrouvèrent devant un groupe de rock. Romuald les poussa dans la foule sautante et hurlante. Les deux adolescents se laissèrent entraîner, même s'ils ne connaissaient pas les chansons. Ils sautaient, bousculaient leurs voisins qui le leur rendaient bien. Quand ils sortirent finalement de la masse humaine, Izuku n'avait plus de voix à force de crier et chanter.

De groupes en groupes, les heures défilèrent rapidement. Greta et Romuald disparurent, laissant les deux plus jeunes avec le couple de femmes. Celles-ci s'assirent au pied d'un arbre, à même la pelouse. Katsuki et Izuku les imitèrent, soufflant de soulagement. Katsuki ne l'avouerait jamais mais sa cheville lui faisait de plus en plus mal et son dos le brûlait sérieusement, sans compter qu'il frissonnait souvent malgré le paracétamol. Mais il passait une trop bonne journée pour s'en soucier.

Izuku se laissa tomber dans l'herbe sans aucune grâce, soupirant de bien-être. Il n'en pouvait plus. Ses jambes lui faisaient clairement comprendre qu'elles avaient besoin de repos. Ils étaient un peu à l'écart des divers groupes de musique, dans un coin plus calme où ils pouvaient parler sans avoir besoin de crier. Et c'était appréciable. Autour d'eux d'autres groupes de personnes s'étaient installés, se reposant eux aussi de cette journée festive.

- Ça fait longtemps que vous êtes ensemble ? demanda Honey à Katsuki en souriant.

Izuku, étendu dans l'herbe, tourna la tête pour voir le visage de son ami d'enfance, le voyant grimacer légèrement à la question.

- On se connait depuis tout mômes, répondit-il, éludant la question l'air de rien.

Mais les deux femmes ne furent pas dupes et insistèrent.

- Mais vous me faites chier, grogna Katsuki. On s'est rapproché depuis environ deux mois et on est inséparables depuis une semaine. Ça vous va, les deux commères ?!

Natacha et Honey éclatèrent de rire, absolument pas vexées par le ton du blond. Et Izuku sourit, amusé par le talent de Katsuki à ne pas mentir sans pour autant dire toute la vérité. C'était vrai qu'ils s'étaient rapprochés depuis à peu près deux mois, et cette semaine ils ne s'étaient pas quittés d'une semelle. Qu'il n'y ait rien de romantique dans leur relation était un détail.

Le souvenir des lèvres de Katsuki sur les siennes le fit brusquement rougir. Non, ils n'avaient pas ce genre de relation... Mais s'il devait être honnête avec lui-même, ça ne l'avait pas dérangé d'embrasser son ami d'enfance. Il avait même trouvé ça assez agréable. Il se demanda vaguement s'il aurait réagi de la même manière avec quelqu'un d'autre que Katsuki. Et arriva rapidement à la conclusion que non. Il chassa bien vite ces pensées perturbantes. Sa relation avec Katsuki était assez compliquée comme ça sans qu'en plus il en rajoute.

Greta et Romuald revinrent, les bras chargés de nourriture et de boissons qu'ils distribuèrent aux quatre autres. Le repas se passa dans la même ambiance que le reste de la journée, entre discussions légères, rires et chants. Les plus vieux froncèrent légèrement les sourcils en voyant Katsuki avaler des comprimés mais ne posèrent pas plus de questions. Visiblement, le jeune homme ne tenait pas à leur dire ce que cachaient ses bandages et ils ne le connaissaient pas assez pour insister. Mais pour qu'il ait besoin d'antibiotiques et de paracétamol, ça ne devait pas être beau à voir.

La nuit était tombée depuis longtemps mais la fête continuait. Après avoir bien mangé et bien bu, les adultes entraînèrent les plus jeunes vers un groupe de musique électro. Les deux adolescents se mêlèrent à la foule, dansant au rythme des sonorités électroniques et des basses puissantes qui faisaient vibrer le sol et les corps des danseurs. Les lumières éclairaient la foule, balayant de leurs multiples couleurs les corps en mouvement.

L'alcool ingéré tout au long de la journée leur tournait agréablement la tête, leur faisant oublier les jours d'avant et leurs blessures respectives. Les deux adolescents riaient pour un rien, grisés autant par les bières et les cocktails, que par la musique et l'ambiance festive de cette journée. Un brusque mouvement de foule poussa Izuku dans les bras de Katsuki qui le réceptionna tout en souplesse. Ce dernier garda son bras autour de sa taille, l'entraînant dans une danse saccadée, en parfait accord avec la musique ambiante. Izuku se laissa faire, suivant sans même y réfléchir les mouvements de son ami d'enfance, son bras agrippant la taille de ce dernier. Il commençait à se sentir bizarre.

La tête lui tournait un peu, il avait l'impression de ne plus vraiment être dans son corps. C'était une sensation étrange. Pas désagréable. Mais déroutante. Il se sentit trébucher et se rattrapa au corps de Katsuki qui le stabilisa, le regardant d'un air moqueur. Izuku fixa le visage de son ami d'enfance. La sueur avait fait couler le maquillage, les arabesques et les feuilles perdant un peu de leurs formes d'origine pour s'étioler sur la peau pâle. La poudre colorée s'accrochait encore aux pommettes et aux cheveux du blond. Les lumières faisaient briller les paillettes parsemées ici et là sur le visage de Katsuki.

Izuku cligna des yeux quand il constata, avec un certain détachement, qu'il fixait la bouche de son camarade. Pas vraiment conscient de ses gestes, il leva une main, allant effleurer du bout des doigts les lèvres de Katsuki. Il ne vit pas ce dernier froncer les sourcils. Il le sentit vaguement l'entraîner hors de la foule, son bras toujours fermement posé sur sa taille. Izuku suivit Katsuki, l'esprit ailleurs.

Sa tête lui tournait un peu et Katsuki se sentait comme sur un nuage. C'était assez agréable même si c'était un peu perturbant. Mais il se sentait maître de lui-même. Cependant, le regard vitreux d'Izuku l'inquiétait. La manière dont son ami d'enfance l'avait longuement fixé, semblant trouver le bas de son visage absolument fascinant ne lui disait rien qui vaille. Et la pâleur de son teint ne présageait rien de bon.

- Oï Deku ! Tu vas bien ? Tu me fais quoi là, sale nerd ?

La voix grave et rauque de son ami d'enfance le sortit de son état d'hébétude. Izuku constata qu'ils étaient à l'écart de la foule, sous un arbre. Une brusque nausée le prit et il porta la main à sa bouche. Il sentit Katsuki s'écarter rapidement et lui pencher la tête vers l'avant. Une nouvelle contraction de son estomac suivit et Izuku vomit au pied de l'arbre.

Trop occupé à se vider l'estomac, il n'entendit pas Romuald s'approcher et demander à Katsuki ce qu'il se passait. Ce dernier rassura l'homme-fée qui s'éloigna tout en promettant de ramener de l'eau.

- Tsss... Tu tiens pas l'alcool, sale nerd, souffla Katsuki, un peu rassuré.

Il s'était inquiété en voyant le regard vitreux de son ami d'enfance et son teint étrangement pâle. Il avait craint qu'il n'ait été drogué. Comprendre que ce n'était finalement que l'alcool qui était en cause le rassurait. Izuku s'assit, prenant soin de s'éloigner un peu du fruit de ses entrailles. Katsuki s'accroupit devant lui et lui tendit une bouteille d'eau, apportée par l'homme-fée-photographe qui était parti retrouver les trois autres pour les prévenir.

Avidement, Izuku bu l'eau fraîche, appréciant de sentir le goût de régurgitation dans sa bouche disparaître. Il soupira longuement, rejetant la tête en arrière pour la poser contre le tronc de l'arbre.

- Ça tourne encore, avoua-t-il.

Un rire moqueur lui fit ouvrir les yeux pour fusiller du regard Katsuki. Il allait rétorquer, quand un homme aux longs cheveux bruns s'approcha d'eux en dansant, chantant qu'il était une magnifique chenille et qu'il était devenu le plus beau des papillons, leur demandant s'ils voulaient danser l'ode du printemps avec lui, comme les magnifiques libellules qu'ils étaient.

Le suivant de près, un autre homme tenta de le convaincre qu'il ne pouvait pas voler puisqu'il n'avait pas d'ailes. Mais le pseudo-papillon n'en tint pas compte et continua à battre des bras pour s'envoler. Les deux adolescents regardèrent la scène, amusés. Puis Katsuki lâcha, un rire dans la voix :

- Putain, il ressemble à Aizawa-sensei.

Izuku éclata de rire, vite rejoint par son ami d'enfance. Ils rirent à gorges déployées, des larmes perlant de leurs yeux. Katsuki riait tellement qu'il s'appuya sur Izuku pour ne pas tomber. Ils ne virent pas l'ombre rampante s'agrandir sous eux. Puis, ils chutèrent. Une chute dans le noir le plus total qui leur sembla durer une éternité. Une chute qui se termina rapidement par la rencontre assez brutale de leurs fesses avec un sol dur et froid.

Les deux adolescents levèrent immédiatement la tête, regardant autour d'eux. Il faisait jour. Ils étaient devant des bâtiments plus ou moins en ruines. Un cri dans leur dos leur fit tourner brutalement la tête et ils écarquillèrent les yeux. Là, devant eux, enfin derrière eux plutôt, se tenaient leurs camarades, tous en tenue de héros. Leurs camarades de la seconde A, ceux de la seconde B et les deux enseignants : Vlad et Aizawa. A la vue de ce dernier, les deux apprentis héros repensèrent à l'homme-papillon qui voulait voler. Et, incapable de se retenir, ils éclatèrent de rire.

A suivre...


Commentaire de l'auteure :

Et voilà ! Un chapitre plus calme, plus festif aussi. Et ils sont de retour donc !

Pour la chanson ayant servi de titre à ce chapitre, c'est Amour Censure de Hoshi et ça parle du droit d'aimer qui ont veut. Ce qui est totalement raccord avec la Gay Pride. Pour la petite histoire, ce chapitre m'a été inspiré par la série Sense8 (que je vous conseille fortement) et surtout par l'épisode de la Gay Pride. J'ai d'ailleurs longtemps hésité à nommer ce chapitre What's going on, chanson emblématique de la série. Mais tous mes titres étant en français, je voulais un titre français. Donc voilà...


Bureau des plaintes et personnages martyrisés :

Pendant que Lili fixe, les yeux brillants de larmes, la télé où Wolfgang et Rajan pleurent sur le corps inanimé de Kala, Hawks essaye de calmer Aizawa.

- Elle se fout de moi !
- Mais non, Eraser... Mais non...

Devant le regard assassin de son senpai, Hawks admet :

- Bon d'accord, un peu. Mais c'est parce qu'elle t'aime bien ! Elle a une fâcheuse tendance à martyriser les personnages qu'elle aime bien.

- Et comment on fait pour qu'elle ne nous aime plus cette tarée ? rugit une voix bien connue.

Hawks se tourne alors vers le sac de couchage où deux adolescents sont toujours prisonniers sous la garde de Sasu. C'est ce dernier qui répond, un sourire sadique aux lèvres :

- Désolé blondinette mais ça c'est pas possible. Lili est d'une loyauté sans faille, et quand elle aime c'est jusqu'à la mort et même après. Sauf si tu la trahis de la pire des façons possibles.

- D'où tu m'appelles blondinette l'émo ?! tonne Katsuki. Et puis balance les dossiers, quel genre de trahison ?

- Je cherche encore, avoue Sasu dépité.

Se faisant tout petit dans le sac de couchage, Izuku se tourne vers les lecteurs :

- Je m'en sors pas trop mal moi... Du coup, vous croyez que c'est parce qu'elle m'aime pas ? Une petite review pour me le dire ?


A suivre : Chapitre 8 - La terre est ronde.