Keep holding on-Avril Lavigne


Plongée dans ses pensées, Natasha regardait dehors. Le ciel était gris et ne faisait que se couvrir davantage depuis le début de la matinée, comme s'il était en osmose avec les sentiments de la jeune femme. A dire vrai, elle-même était incertaine de ce qu'elle ressentait après cet appel avec les Avengers. Elle croyait toujours que quelque chose allait se produire, après cinq ans, mais les autres étaient là pour lui rappeler qu'elle devait impérativement arrêter de se faire des idées. Sauf qu'elle n'y parvenait pas. Elle n'arrivait pas à « oublier », comme y parvenaient certains. Pour elle, cela relevait de l'impossible. Entre cette défaite qu'elle était incapable d'accepter, la nouvelle dissolution des Avengers et les bêtises que faisait son meilleur ami sur un autre continent, elle ne savait plus quoi penser.

Elle se sentait très seule, elle ne pouvait le cacher. Rhodes avait son programme d'entrainement, Steve dirigeait des groupes de parole… Tout le monde autour d'elle avait trouvé quelque chose à faire de sa vie, pour faire passer le temps. Cinq ans… Et toujours aucun espoir de revenir en arrière pour rendre justice comme elle y avait été habituée depuis son intégration au SHIELD.

–Natasha ?

La jeune femme se retourna bras croisés, et se rendit compte que les hologrammes de Freya, Elrion et Manleth étaient toujours activés. Ils avaient gardé le contact avec les ambassadeurs des différents royaumes de l'Yggdrasil, et il leur arrivait de temps en temps de faire le chemin jusqu'à la terre pour voir si tout allait bien -ce qui, du point de vue de la rouquine, n'était absolument pas le cas-.

–Je disais que nous allions devoir y aller, nous avons des responsabilités sur nos planètes respectives, expliqua l'autre femme. Mais j'espère que vous saurez remettre nos amitiés à votre groupe, précisa-t-e-elle, ne pensant en réalité qu'à une seule personne depuis un bon moment.

–Bien sûr, opina Natasha, toujours un peu ailleurs. Merci d'avoir appelé. Prévenez-moi si jamais vous avez du nouveau, j'y tiens vraiment.

–Cela sera fait, Miss Romanoff, lui promit l'ambassadeur d'Alfheim. Prenez soin de vous, acheva-t-il avant que les trois individus ne disparaissent en même temps, laissant l'ancienne tueuse à gage seule avec ses pensées, complètement dépitée et malheureuse au possible.

Natasha se laissa tomber sur un fauteuil en cuir et se pinça l'arête du nez en se forçant à retenir les quelques larmes qui menaçaient de couler sur ses joues roses. Elle avait réellement envie de pleurer. Elle ne savait plus où donner de la tête depuis que Thanos avait fait disparaitre la moitié de l'Univers et trouvait le temps incroyablement long. Avec ce temps, les gens avaient appris à faire leur deuil, mais pas elle. A chaque fois qu'elle fermait les yeux, elle se revoyait là-bas, au Wakanda, au beau milieu de cette plaine où avaient disparus un nombre impensable de soldat, redevenant poussière. Elle entendit à peine Steve arriver et lui adresser quelques mots, probablement de réconfort, ce à quoi elle répondit que s'il comptait lui dire de voir le bon côté des choses, elle lui balancerait son sandwich au beurre de cacahuète à la gueule.

Ils discutèrent durant quelques minutes, Natasha expliquant à l'homme qu'elle en avait marre de constamment faire semblant en prétendant que tout va bien et qu'elle s'est remise de leur cuisant échec passé, car c'était loin d'être le cas. Au contraire, elle s'en voulait un peu plus chaque jour qui passait, parce qu'elle avait failli à sa mission, qui était de protéger la planète Terre de toute menace extraterrestre. Elle y était parvenue une fois en deux-mille douze, une seconde fois en deux-mille seize mais deux ans plus tard, elle avait échoué et s'en voulait constamment. Steve avait beau lui répéter inlassablement qu'ils étaient tous concernés et que le seul fautif dans l'histoire était le titan, elle faisait la sourde oreille et ne voulait rien entendre, étant bien trop bornée pour ça. Tout ce qu'elle aurait voulu était une chance de se racheter, d'effacer une bonne fois pour toutes cette marque au fer rouge gravée sur sa conscience.

Et aujourd'hui, comme si le ciel avait entendu ses prières, il leur envoya quelqu'un qui amenait avec lui une potentielle solution. Le supposé disparu Scott Lang frappa à la porte de leur QG en leur demandant s'il pouvait entrer et subitement, Natasha eut l'impression de se sentir renaitre.

. . . . . . . . .

Il leur avait fallu un moment afin d'assimiler tout ce que Scott avait à leur expliquer, avant de se décider à contacter les autres afin de rassembler l'équipe et tenter ce que quelques heures plus tôt, ils auraient jugé parfaitement impossible, voire peut-être même absurde. Ils devaient continuer à se battre, et quelque part, Natasha avait toujours senti que la partie n'était pas terminée, qu'ils devaient continuer d'y croire pour qu'ensuite, leur rêve le plus cher se réalise enfin. Ils allaient pouvoir réparer ce qui avait été briser, et pour cela, ils avaient besoin d'être réunis. A nouveau ensemble pour une dernière mission. Peut-être même la mission de toute une vie. Celle qui définirait si oui ou non, ils étaient dignes de porter le titre de Défenseurs de la Terre.

La première personne qu'ils avaient contactée avait été Rhodes, qui avait débarqué dans la demi-heure au QG des Avengers, un milliard de questions lui trottant dans la tête à l'adresse de Scott qui, malheureusement ne pouvait pas y répondre toute à la fois. Pendant que le militaire s'occupait ensuite de passer quelques coups de fil, il fut décidé que Natasha, Steve et Scott iraient chercher Tony Stark, puis Bruce Banner afin de mettre leur plan improbable à exécution, en espérant que les deux hommes accepteraient de se joindre à eux dans une telle aventure qui leur demanderait bon nombre d'efforts et d'énergie à fournir. Mais quelque part, au plus profond d'eux-mêmes, ils y croyaient suffisamment pour que cela fonctionne. Tout simplement parce qu'il le fallait. Cette fois, ils se devaient de réussir, ne plus jamais décevoir les gens.

Une fois les trois individus partis, James contacta en premier lieu Nebula, qui accepta de revenir immédiatement, puis il composa le numéro d'un mutant avec qui il n'avait jamais eu énormément d'affinité, mais lorsqu'ils se voyaient, ils avaient l'habitude de se taquiner un peu comme de grands enfants. Quelqu'un répondit à la troisième sonnerie.

Portable de Peter, j'écoute ?

–Maximoff ? demanda Rhodes en soupirant, reconnaissant la voix de l'autre homme au bout du fil. C'est James. J'ai quelque chose d'important à te dire.

Tu attends un gosse ? plaisanta le mutant, avant de récupérer un brin de sérieux. Bon, vas-y, je t'écoute, mais dépêche, parce que je n'aurai bientôt plus de réseau.

–Attends, où est-ce que tu es encore allé te fourrer ?

Tu vois les montagnes avec de la neige ? Bah c'est un peu pareil. Mais sans les montagnes. Et sans la neige.

–Peter…

–Oui bon, accouche !

–Ecoute-moi, c'est très important. Je vais devoir contacter Rocket après toi, et j'aimerais que tu prêtes attention à ce que je vais te dire, parce que c'est très sérieux, déclara le militaire en serrant son téléphone dans sa main tremblante, tant l'émotion qui l'animait était grande. On va ramener tout le monde.

Il y eut un moment de silence à l'autre bout du fil, ce que James comprit, et il lui laissa le temps d'assimiler la nouvelle. Après tout, il venait d'annoncer indirectement à son collègue qu'il allait bientôt retrouver sa sœur jumelle, cela devait donc lui faire un sacré choc d'entendre de telles paroles après cinq longues années passées sans elle à ses côtés. Pendant un instant, Peter crut avoir halluciné en entendant le soldat lui parler, être en plein rêve. Après tout ce temps, se pouvait-il réellement qu'il retrouve sa sœur, celle qu'il aimait tant et sans qui, cinq ans plus tôt, il crut ne pouvoir survivre ?

–Peter ? Tu es toujours là ? demanda doucement rhodes afin de ne pas le brusquer.

–… je serai là dans vingt minutes. Envoie quelqu'un au sur Lexington avenue, immeuble 33, appartement 147. Il se peut que l'on ait besoin de renforts sur ce coup-là. Et, James…

–Oui ?

–Merci, soupira le mutant.

–Je t'en prie. A bientôt.

Lentement mais sûrement, leur équipe reprenait peu à peu forme, comme autrefois, avec des membres en plus et d'autres en moins, mais la même énergie les animait tous, car ils avaient un même objectif, qui était de défaire ce que Thanos avait commis. Après avoir envoyé un message vocal à Rocket, il appela Nebula et lui demanda de passer là où Peter voulait les envoyer. S'il avait jugé important de le mentionner, c'est que cela devait être important pour leur mission. Il reçut une réponse positive quelques secondes plus tard de la part de la femme génétiquement modifiée, qui lui assurait qu'elle irait y jeter un coup d'œil.

Rhodes s'étira en soupirant, faisant craquer son dos. Il avait encore du mal à y croire. Après cinq ans, voilà qu'ils avaient une chance de revenir en arrière et ce grâce à un voyage dans le monde quantique effectué par Scott Lang. Jamais il n'aurait cru cela possible. Il se rappela alors de ses débuts en tant que « super-héros » et trouva que cela remontait à déjà bien loin. Les années avaient passé sans qu'il s'en rende compte, et il était désormais temps pour eux de déjouer le Destin lui-même, de reprendre ce qui leur avait été volé. Cela allait être leur chant du cygne, leur ultime travail d'équipe, il le sentait. Il s'inquiétait bien sûr de la tournure que prendraient les événements, mais il demeurait néanmoins suffisamment confiant pour ne pas trop s'en faire, car il avait confiance en eux et en le travail d'équipe qu'ils fourniraient.

Il reçut alors un texto de la part de Natasha, qui lui indiquait que Tony ne comptait pas se joindre à eux. Il soupira, s'en étant un peu douté. Il connaissait bien l'inventeur, et maintenant qu'il avait une vie de famille stable, il ne voulait pas risquer tout perdre en s'amusant avec le temps comme ils comptaient justement le faire. James aurait néanmoins aimé revoir son ami de longue date, n'ayant pas eu l'occasion de lui rendre visite depuis un bon moment. Il avait assisté au mariage, avait également été là pour les premiers pas de Morgan, mais avec le temps, les relations entre tous les Avengers s'étaient tassées pour finir dans un tiroir poussiéreux dont on aurait presque volontairement perdu la clé.

Il leur restait maintenant à réunir le reste de l'équipe en espérant que tous ne se montreraient pas aussi réticents à cette idée. Il avait déjà une bonne idée de qui serait plus réticent à venir, et qui n'hésiterait pas une seule seconde, mais du fond du cœur, il s'attendait à voir débarquer tout le monde comme au bon vieux temps.

. . . . . . . .

Nebula était désormais habituée à ce qu'on la regarde étrangement dès qu'elle quittait le QG des Avengers, où elle résidait. Elle n'était pas humaine, et certains terriens avaient encore du mal à se faire à l'idée que d'autres créatures que les midgardiens pouvaient fouleur leur sol désormais. Beaucoup de chose avaient changé en cinq ans, après tout. C'était pourquoi en général, elle ignorait les regards des curieux et rabattait vivement sa capuche afin d'éviter tout type de questionnement concernant sa condition, surtout lorsqu'elle n'était vraiment pas d'humeur. Se cacher derrière une capuche lui permettait parfois de laisser libre court à ses sentiments, de penser à sa sœur disparue qui lui manquait bien plus qu'elle n'osait l'avouer. Gamora n'était lus, et jamais Nébula n'avais eu l'occasion de lui dire à quel point elle l'aimait.

Encapuchonnée, elle entra dans l'immeuble indiqué par James Rhodes et demanda où se trouvait l'appartement numéro cent quarante-sept. Le concierge lui indiqua qu'elle devait se rendre à pied jusqu'au sixième étage, car l'ascenseur était en panne depuis plusieurs semaines déjà. Elle soupira à la simple pensée de devoir gravir toutes ces marches, mais le fit sans protester, pestant néanmoins intérieurement contre les appareils presque obsolètes des habitants de cette planète. Les marches de bois craquaient sous chacun de ses pas et la pluie battait désormais contre les fenêtres de l'escalier en colimaçon qu'elle gravissait à son aise. Le temps s'en mêlait, désormais, comme pour les avertir qu'ils s'apprêtaient peut-être à commettre une immense erreur, mais elle n'en fit rien. Elle ne croyait plus au Destin depuis longtemps. Depuis que Thanos lui avait volé sa sœur.

Elle déboucha dans un long couloir faiblement éclairé par des appliques murales en formes de fleurs tournées vers le bas. Ses bottes tâchaient légèrement la moquette beige de mauvais goût, mais c'était là le cadet de ses soucis. Elle marcha quelques instants d'un pas décidé et s'arrêta devant la porte désirée frappée de trois chiffres en fer, sur laquelle elle frappa quatre fois afin de signaler sa présence. Durant un instant, elle crut que l'appartement était vide et que personne ne viendrait donc lui ouvrir, jusqu'à ce qu'elle entende quelques pas de l'autre côté de la porte, qui s'ouvrit sur un homme d'environ vingt-huit ans aux cheveux châtain ébouriffés et à la barbe de trois jours, vêtu d'un simple jean et d'un t-shirt à l'effigie du dernier jeu vidéo à la mode. Nebula ne lui laissa pas le temps d'en placer une qu'elle annonça de but en blanc la raison de sa présence.

–Peter Maximoff m'a envoyée vous chercher, dit-elle très simplement.

Sans rien répondre, il ouvrit un peu plus sa porte et l'invita à entrer en haussant les épaules, avant de retourner à ses occupations, qui étaient de travailler sur un ordinateur sophistiqué et amélioré à la main. La femme entra dans l'appartement sombre aux rideaux tirés et referma derrière elle très calmement avant d'ôter sa capuche, ne craignant pas de remarque désobligeante de la part de quelqu'un qui semblait connaitre l'existence des mutants -alors une femme-robot ne devrait pas trop le perturber-. Elle le regarda se réinstaller dans son siège à roulettes et se concentrer sur son écran chargé en fenêtres ouvertes et couleurs diverses.

–Vous êtes bleue, furent les premiers mots qu'il prononça sans la regarder, restant concentré sur ce qu'il faisait, se connectant à différents réseaux à la fois.

–Finement remarqué, fit-elle avec indifférence.

–J'avais des potes comme vous.

–Génétiquement modifiés ? lui demanda Nebula en observant l'intérieur des lieux, qu'elle jugea assez sobre et à peine en désordre, contrairement à ce qu'elle s'était initialement attendue lorsqu'on lui avait demandé d'aller sortir quelqu'un de sa « tanière », tout en se rappelant de tous les supplices qu'elle avait enduré à cause de Thanos lorsque ce dernier modifiait une partie de son corps à chaque fois qu'elle commettait une erreur.

–Bleus, la corrigea-t-il. Mais ils ont… « pouf », vous savez, y'a cinq ans…

–Je sais, dit-elle en masquant ses émotions qui risquaient de faire trembler sa voix.

Elle n'arrivait pas à déterminer si le manque d'attention de cet homme la dérangeait ou au contraire l'intriguait. Il parvenait à travailler de son côté tout en lui parlant, mais jamais en la regardant dans les yeux, ce qui donnait parfois à la conversation un ton à sens unique. En un sens, il la fascinait. Et d'un autre côté, cet homme l'horripilait pour son manque cruel de considération à son égard. Du moins, pour le moment. Elle se doutait que ces amis « bleus » dont ils parlaient devaient être des mutants ayant fréquenté le manoir de Charles Xavier, tout comme lui, ce qui devait réveiller de douloureux souvenirs lorsqu'il abordait le sujet. Elle décida donc d'aller directement droit au but en lui expliquant la raison de sa venue.

–Nous avons besoin de votre aide pour ramener ceux qui ont été effacés par Thanos. Vous êtes un mutant puissant et vos pouvoirs pourraient nous être d'une grande aide.

Elle le vit se raidir sur sa chaise et lâcher temporairement sa souris.

–Je n'utilise pas la violence. En général, je règle mes problèmes par chèque.

–Personne n'a parlé de faire usage d'une quelconque forme de violence, le reprit Nebula en croisant les bras, toujours en observant ses moindres faits et gestes. Votre énergie est différente de celles des autres, c'est pourquoi nous aurions besoin de vous, dit-elle, ignorant tout de même quels étaient ses pouvoirs, et pourquoi ils paraissaient si importants dans leur opération.

–… je vois. Quand ?

–Excusez-moi ?

–Quand comptez-vous commencer ? l'interrogea-t-il sans lâcher son écran des yeux, mais prêtant toute son attention aux paroles de la femme qui se trouvait dans son dos.

–Maintenant, affirma Nebula, sûre d'elle, en consultant brièvement son transmetteur, répliqué sur base de ceux de Madison Stark, ne voulant plus perdre une seule minute maintenant qu'ils avaient une chance infime de défaire ce que Thanos avait provoqué.

Le silence qui suivit lui parut interminable. Elle n'en profita pas pour autant pour mieux examiner les lieux, n'attendant qu'une simple réponse de la part de l'homme, qu'elle soit positive ou négative, pour ensuite pouvoir rentrer au QG. Elle le vit alors se tourner vers elle et ses yeux bleus virèrent à l'orange vif.

–J'en suis, déclara Cole Barton.

. . . . . . . .

Convaincre Thor de revenir dans la partie. Ce dernier avait perdu espoir depuis longtemps. Depuis qu'il avait tranché la tête de Thanos sans avoir pu arranger ce qui avait été provoqué à cause des pierres d'Infinité. Il ne croyait plus en rien, pas même lui-même, et s'était enfermé dans un recoin de son esprit torturé, n'osant plus en sortir durant cinq longues années, de peur de retomber une nouvelle fois de haut. Il avait trop souffert et craignait que son cœur ne puisse plus supporter quoi que ce soit, et surtout pas un échec de plus. Il était terré dans une peur constante qui refusait de le quitter. Alors que Rocket et Bruce Banner avaient débarqué en Norvège pour le rapatrier au QG, ça l'avait terrifié.

Lui qui avait absolument tout perdu, il sentait encore qu'il pouvait tomber encor plus bas, si cela relevait du possible. Il ne se sentait pas capable d'assumer ce qui l'attendait, comme il y parvenait par le passé. Si jamais il décevait il décevait les autres, au lieu de répandre le bien comme autrefois ? Revoir ses amis d'antan lui avait bien entendu fait plaisir, mais il avait immédiatement su que ces derniers chercheraient à l'embarquer dans une nouvelle mission à gros risques, et il avait voulu se défiler. Sauf qu'en souvenir du bon vieux temps, il avait accepté, avec un pincement au cœur. En vérité, il avait terriblement peur de recroiser les autres, en particulier une personne, avec qui ils ne s'étaient plus adressé la parole depuis un bon moment. Il se demandait comment surmonter l'instant où leur regard se croiseraient. Thor craignait fortement de se retrouver face à elle.

Elle.

Son visage ne quittait pas sa mémoire depuis cinq ans, malgré tous les efforts qu'il faisait pour définitivement passer à autre chose.

Encore et toujours elle.

Elle avait réussi à rendre sa vie merveilleuse tout en la détruisant. Et chaque jour qui passait, il se demandait comment il faisait pour survivre loin d'elle, tout en tâchant d'effacer chaque petite parcelle de souvenir qui persistait douloureusement dans sa mémoire. Il ne voulait plus se rappeler des bons moments, ces derniers n'avaient pour lui jamais existé. Et pourtant… Dès qu'il fermait les yeux, il la revoyait, dansant avec lui sur la glace le soir du nouvel an, le regardant avec amour et tendresse, comme jamais personne d'autre ne l'avait regardé auparavant.

–Quel genre de bière ? avait-il demandé à Rocket lorsque ce dernier avait spécifié que son vaisseau en était repli, juste pour « l'appâter ».

Il s'était réfugié dans l'alcool assez rapidement. Trop rapidement, même, et puis ça avait été une descente brusque aux enfers. Désormais, il ne voyait plus comment se sortir de cette spirale infernale. Pas même une nouvelle aventure en compagnie de ses anciens compagnons de route. Il comptait y participer car il n'avait rien de mieux à faire, mais en réalité, il ne se voyait pas triompher. La mission s'avérait compliquée, voir presque impossible. Il avait pourtant essayé de tenir bon, au début, mais les choses avaient fait qu'il avait craqué plus tôt que prévu, après quelques mois seulement. Et ses cauchemars qui n'en finissaient pas…

Et elle.

En un mot, il était tout simplement anéanti et n'avait plus de vraie raison de vivre. Il passait ses journées à se morfondre au fin fond de ce qui lui restait de Royaume, en Norvège, se demandant pourquoi tout s'était subitement effondré autour de lui en si peu de temps. Mais il avait l'impression de ne plus rien à quoi se raccrocher pour vivre. Il ne faisait que survivre depuis cinq ans, et ça le pesait énormément. Plus que l'on ne puisse l'imaginer.