Chapitre 8 : Faible lueur d'espoir
Deux semaines s'étaient écoulées depuis que j'avais décidé de mettre un mur entre moi et la vie en communauté au sein du lycée. Deux semaines où mes communications avec les autres élèves du campus se limitaient au strict nécessaire. Est-ce que je le supportais bien ? Moyennement. Cela impactait mon sommeil, mes cycles étaient souvent interrompus, me donnant la sensation d'avoir peu dormis au réveil. Je n'appréciais pas la solitude et je me sentais tristement seule pendant mes semaines d'internat. Bien que j'avais des airs calmes et posés, j'étais une personne qui aimait être entourée d'amis, un peu tactile avec les autres et même si je n'étais jamais celle qui animait une ambiance en sein d'un groupe, j'étais toujours l'oreille attentive et la voix de la raison.
Heureusement, je pouvais avoir un semblant de vie sociale quand je retournais à Tokyo, sinon j'aurais provoqué ma propre déchéance en venant dans cette école.
Heureusement pour moi, Mina, Rino et Raph existaient dans ma vie.
Je pouvais aussi compter sur eux pour recevoir des messages de leur part pendant la semaine, nous avions même créé un groupe sur messagerie instantanée pour pouvoir interagir tous ensemble, et ma foi, ce groupe était très souvent actif. Chose qu'on aurait dû faire bien avant que je me retrouve séparée d'eux. Cela m'aidait beaucoup à supporter cette ambiance qui s'alourdissait sur mes épaules. Quand j'avais un excès de colère à cause d'une altercation avec les deux morues, je pouvais libérer ma fureur en me défoulant sur ce groupe, ce qui avait permis à mes amis de découvrir cette petite part sombre de ma personnalité qu'ils avaient toujours soupçonnés, mais qu'ils n'avaient jamais pu en avoir la preuve. C'était chose faite maintenant, et ça les faisaient beaucoup rire. Au moins, tout le monde trouvait midi à sa porte.
Les regards à mon encontre n'avaient pas vraiment diminué, mais ils étaient cependant moins intenses. Ils ne pouvaient pas s'empêcher de me fixer quand je passais devant eux, mais ils ne s'y attardaient moins. Les chuchotements suivaient le même processus. La seule chose qui n'avait absolument pas changé, c'était cette guerre entre moi et le club des cheerleaders, cela avait même empiré, car c'était l'intégralité du club qui se liguait ouvertement contre moi maintenant.
Nos querelles quotidiennes étaient devenues un sujet de conversation qui intéressait l'intégralité des élèves. Chaque fois qu'une altercation houleuse avait lieu, l'ensemble du corps étudiant était au courant avant la fin de la dernière sonnerie de la journée. Il y avait même deux groupes distincts qui s'étaient créés : la Team Princesse et la Team Cheerleaders. Ce qui alimentait le conflit entre elles et moi de mille feux, ces morues adoraient être au centre de l'attention, et à cause de moi, ou grâce à moi, elles y étaient totalement. Fort heureusement, notre guerre se limitait qu'à des paroles, et je croisais des doigts pour que cela n'évolue pas dans un harcèlement aux conséquences plus déplorables, car je serai affreusement perdante en étant seule contre toutes ces filles.
Le côté positif à cet isolement, c'était que j'avais réussi à me faire une routine plutôt simple. J'avais pris la décision de me lever plus tôt comparé à l'horaire que j'avais adopté à la rentrée, mais j'avais aussi décalé l'heure du réveil plus tard que la fois où j'avais croisé l'équipe de volley, expressément pour ne pas à les croiser justement. Ils n'étaient pas méchants, mais s'ils n'avaient pas commencé à m'appeler Princesse, peut-être que le reste des élèves ne l'auraient pas fait, car ici, ce club, c'était un peu comme les petits princes de Shiratorizawa. Ce qu'ils faisaient ou disaient étaient copiés par les autres pour être dans la même vibes qu'eux.
C'était pire que des influenceurs Instagram ce club de volley.
Les seules fois où ma route croisait la leurs le matin, c'était quand j'étais de corvée de nettoyages des box. Ce qui se limitait à une fois toutes les semaines un peu près. Bien évidemment, Tendo me poussait à manger avec eux, ce que j'acceptais sans joie. Mes interactions sociales avec lui n'avaient pas vraiment évolué non plus, je lui adressais des politesses avec un sourire sincère, et c'était le seul qui en bénéficiait actuellement.
Si j'avais choisi de commencer mes journées en avance, c'était pour éviter Aïna et me préparer sans avoir une horde de filles qui se bousculaient aux douches. Mais aussi pour me poser dans ma salle de classe avant tout le monde et étudier un peu. J'espérais que cela serait productif puisque j'étais bien plus réceptive à l'apprentissage en début de journée.
- Tu vas à ton club ? Me questionna Tendo alors que je rangeai mes affaires dans mon sac une fois la fin du dernier cours de ce mercredi.
- Comme tous les jours, répondis-je en fermant mon sac. Bon courage pour ton entraînement Tendo-san, poursuivais-je en lui souriant légèrement.
- À plus tard ! Dit-il en haussant la voix pour être sûr que je l'entende alors que je quittai la pièce.
L'avantage de mon club d'équitation, c'était que nous ne partagions pas le bâtiment réservé aux clubs pour se changer, nos vestiaires étaient dans l'écurie. Alors aucune chance de croiser ces pouffiasses insupportables.
Quand j'entrai dans le vestiaire des filles, je n'étais pas la première arrivée. Maiko Suzumi, une 3ème année, était déjà là, en sous-vêtement. Elle avait de court cheveux châtain foncé avec de grand yeux noisette dissimilés par une paire de lunette ronde. Je pouvais m'avancer en disant que c'était avec elle que mes relations étaient le moins cordiales parmi les membres du club. Elle ne me l'avait jamais clairement dit, mais j'avais la sensation qu'elle n'appréciait pas ma présence. Restait à savoir si c'était juste dans ce club ou si cela s'élargissait au lycée.
Cela m'embêtait un peu, j'aurais au moins voulu bien m'entendre avec l'intégralité de mon club, vu que nous allions passer beaucoup d'heures ensemble. Enfin beaucoup, tout était relatif. Alors, je voulais me donner la peine de tenter de désamorcer la tension invisible qui nous liait.
- Bonjour Suzumi-senpaï, saluais-je en me dirigeant vers mon casier pour récupérer ma tenue.
- Bonjour … La princesse, dit-elle sans me regarder alors qu'elle enfilait un legging marron.
Malheureusement, cette foutue rumeur s'était évidemment propagée jusqu'à mon club, et ça m'irritait beaucoup. Autant les autres, j'avais réussi à faire avec grâce au mépris que je leur donnais en retour, mais vu que je n'avais aucune mauvaise intention pour les membres de ce petit club, c'était bien plus difficile à rester de marbre.
- Ta journée s'est bien passée ? Demandais-je en voulant être amicale.
- Très bien merci, et la tienne ? Je n'ai entendu aucun nouvel exploit de toi aujourd'hui, répondit-elle avec un ton un peu sarcastique alors qu'elle terminait de se revêtir d'un polo blanc.
J'aurais voulu répondre, c'était bien la première fois qu'elle me parlait avec ce ton. Je ne pouvais plus avoir de doute sur son ressentit envers moi. Maintenant, c'était parfaitement limpide. Mais la présidente du club avec la seule et unique recrue de 1ère année, entraient dans la pièce avant que je ne puisse ouvrir la bouche.
- Bonjour les filles ! S'exclama la plus jeune.
Kira Sasaki était une demoiselle frôlant le mètre cinquante avec son poids plume dans la quarantaine de kilos. Autant dire que je me sentais grande et grosse comparé à elle. Elle avait un visage angélique, et elle l'était. Naïve et innocente, elle semblait comme immunisée contre le mal de ce monde. Qu'importe que vous la connaissiez ou pas, quand vous la voyiez, quand vous l'écoutez, vous avez juste envie de la prendre de vos bras comme si c'était une peluche. Enfin, c'était mon cas en tout cas.
La présidente nous salua, plus froidement, comme à son habitude, et j'avais compris que son comportement était le même avec tout le monde, et pas seulement à mon égard comme je l'avais cru lors de notre première rencontre. Elle se stoppa avant d'atteindre son casier et son regard jongla entre moi et Suzumi.
- Ok, ça ne continuera pas comme ça, dit-elle en faisant demi-tour.
Elle ferma la porte à clés et se retourna pour nous faire face, croisant ses bras sur sa poitrine avec un regard sévère.
- Vous ne sortirez pas de cette pièce tant que l'abcès ne sera pas crevé, gronda-t-elle d'un ton qui ne laissait aucune place à la négociation.
- De quoi tu parles Mori-senpaï ? Quel abcès ? Demanda Kira dans toute sa naïveté.
- De ces deux-là, lui expliqua-t-elle en gigottant un doigt pour me désigner moi et Suzumi. Rien qu'en entrant dans cette pièce j'ai senti de la tension, et ce n'est pas la première fois.
- Je ne vois pas de quoi tu parles Seikyoo, répondit Suzumi en jouant les ignorantes tout en croisant elle aussi ses bras sur sa poitrine.
- Pas de ça avec moi, je ne tolère aucune tension dans mon club, donc on règle ça ici et maintenant.
Je soupirai. Elle avait raison, j'avais déjà assez avec 99% des élèves de cette école, alors si je pouvais au moins dissiper le malentendu avec le 1% qui les constituaient, ça serait une petite victoire. Je raclai ma gorge pour attirer l'attention sur moi en m'asseyant sur le banc.
- J'aimerai aborder un sujet, mais avec tous les membres du club, commençai-je.
- Commence par nous, me dit la présidente qui sonnait plus comme un ordre.
Cette autorité naturelle me fit légèrement sourire. Je la trouvais intimidante malgré mon habitude à côtoyer un monde politique qui était bien plus effrayant.
- C'est à propos de cette histoire de surnom me concernant, annonçais-je en faisant une pause. Cette rumeur, elle est fausse.
J'entendis Suzumi ricaner.
- Si t'as quelque chose à dire Maiko, dit le, sinon, écoutes jusqu'à la fin, la réprimanda Seikyoo.
La concernée se contenta de s'asseoir à côté de moi en croissant les jambes et de me regarder un peu avec dédain.
- Vous n'êtes pas sans ignorer mon conflit avec les cheerleaders, et cette rumeur, elles l'ont inventées de toutes pièces. Je n'ai jamais voulu qu'on m'appelle ainsi, surtout que dans leur bouche, c'est simplement une insulte.
- Parce que se faire appeler « Princesse » par tout le lycée c'est une insulte maintenant ? Rétorqua Suzumi, peu convaincue.
Un simple regard de notre présidente la réduit à nouveau au silence.
- Le jour où elles sont décidées de ce surnom, c'était en me comparant à des princesses de contes, mettant en avant ma différence avec vous, les japonais. Je sais bien que je suis une occidentale, je ne risque pas de l'oublier, mais ce n'est pas pour autant qu'elles sont le droit de le dire comme si c'était quelque chose de mal, dis-je en prenant le temps de les regarder chacune leur tour. Et ce surnom, ça me rappelle tous les jours cette conversation où elles n'ont eu que des propos racistes et que cela n'avait choqué personne parce qu'elles ont mis des gants. Je marquai une pause pour reprendre mon souffle. Je suis française, mais j'ai un visa en règle qui me permet de rester au Japon. Je n'ai peut-être pas la nationalité, mais ça ne veut pas dire qu'elles peuvent, librement et sans impunité, me traiter comme une étrangère pour ce pays, terminais-je non sans trembler de la voix lorsque je prononçais les derniers mots.
Il y eu un silence, j'avais l'impression d'entendre que ma respiration qui s'était rendue irrégulière parce que j'étais en proie à l'émotion jusqu'à dans ma gorge. Je serrai très fort mes poings sur les pans de ma jupe que cela me fit mal quand je relâchais la pression en me rendant compte que tout mon corps s'était tendu à l'extrême. Je n'avais pas mentionné la particularité de mon visa diplomatique et j'espérais qu'elles ne poseraient aucunes questions à ce sujet, sinon je serais obligée de leur mentir. J'excellai dans le mensonge, mais si je pouvais avoir le choix, je préférais éviter d'avoir à utiliser ce genre de ruses avec elles.
- C'est ta parole contre la leur, répondit finalement Suzumi.
Je me sentais un peu dans une impasse, je ne savais pas comment les convaincre, je n'avais aucune preuve, à part ma parole. Mais soudainement, Kira, qui s'était assise à la place libre à mes côtés pendant ma tirade, se pencha vers moi et elle me prit dans ses bras, collant son front contre ma tempe.
- Moi je te crois, tu es gentille avec moi, tu prends même le temps de me donner des conseils alors que je n'ai jamais fait d'équitation avant d'arriver à Shiratorizawa, dit-elle d'une voix douce et sincère en caressant mes cheveux.
Ça me donnait presque envie de pleurer, elle me tenait dans ses petits bras aussi frêles que des brindilles, mais c'était tellement réconfortant. J'adorais la sensation de ses caresses dans mes cheveux.
- Je te crois aussi, car c'est leur méthode de fabrique ce genre de choses, s'exprima Seikyoo d'un ton presque amer.
Ce ton me disait qu'elle devait avoir vécu une mauvaise expérience avec le club de cheerleaders. Ça attisait ma curiosité, mais je n'étais pas assez proche de la présidente pour pouvoir lui poser directement la question. Cependant, son avis en ma faveur, réchauffait mon cœur. Ça me faisait du bien de voir qu'elles croyaient ce que je leur avais raconté, que j'avais réussi à faire connaître la vérité à quelques personnes.
- Je ne sais pas si je dois te croire, je verrai avec le temps, répondit Suzumi d'un ton bien moins agressif qu'au début de la conversation.
Je soupirai, légèrement soulagée qu'au moins, elle n'avait pas totalement refusé ma version des faits en fin de compte. C'était mieux que rien, il me suffirait de lui faire preuve de ma bonne foi avec le temps.
- Bien, maintenant que c'est réglé, dépêchez-vous de vous mettre en tenue, ordonna la présidente en déverrouillant la porte. Les garçons doivent déjà nous attendre.
Nous exécutions ses ordres sans protestation et enfilons la fidèle tenue de notre club qui était simplement composé d'un polo blanc avec le nom du lycée inscrit dans notre dos, d'un pantalon en tissu marron et des bottes en cuir noir. Et si le froid était trop mordant, nous avions la veste blanc et violet que tous les élèves inscrits dans cet établissement possédaient. Nous sortîmes des vestiaires avec nos bombes sous le bras et rejoignirent les garçons qui discutaient au milieu de l'allée des box.
- Je croyais que c'était une légende urbaine les conversations interminables des filles dans les vestiaires, plaisanta un brun coupé court qui faisait la même taille que moi.
- Ryo, ne sois pas aussi bête que tes pieds comme quand tu es sur ton cheval, répondit Suzumi du tac au tac avec un sourire taquin.
- T'es en train de comparer mon sublime humour avec mes pieds et ma façon de monter ? Dit-il d'un ton aussi joueur que le sien.
- Silence, vous êtes presque des adultes, comportez-vous comme tels, les interrompit Seikyoo.
- Oui chef, répondirent-ils en cœur.
Ryo Kobayashi était un 3ème année que je n'avais jamais vu sans un large sourire sur ses joues. Très amical avec les autres, il aimait par-dessus tout rigoler avec tout le monde, sauf avec moi. Sans pour autant montrer des signes d'aversion à mon égard, il ne semblait pas à l'aise d'aborder une conversation en ma compagnie et me fuyait dès qu'il en avait la possibilité avec un air souvent gêné.
- On va continuer à s'entraîner à ce qu'on a vu au CSO de lundi, nous avons beaucoup de travail à faire avant de passer à une étape supérieure, annonça la présidente.
Le CSO, Cours de Saut d'Obstacle, de lundi avait été dispensé par un coach, extérieur à l'académie, qui était présent uniquement le lundi et le jeudi. Les cours avec les collégiens étaient le mardi et le vendredi, ce qui nous laissait uniquement le mercredi pour s'entraîner entre nous selon notre bon vouloir. Et j'étais d'accord avec son raisonnement, il était important de prendre son temps, de bien maîtriser ses foulées et de les visualiser ainsi que de bien travailler les bases pour aborder un saut quel que soit le type d'obstacle et sa hauteur. Et cela, demandait du temps et de la patience, car ce n'était pas un travail individuel, mais en binôme. J'avais une idée et je voulais soumettre, elle était venue soudainement dans mon esprit.
- Puis-je faire une proposition ? Demandais-je directement en regardant la présidente.
Tous les regards convergeaient vers moi, mais cela ne me déstabilisait pas pour autant.
- Je t'écoute, me répondit Seikyoo.
- Sasaki-san vient à peine de faire ses débuts dans le monde de l'équitation et cela doit être difficile autant pour elle que pour vous d'ajuster le niveau, donc je voulais proposer de m'occuper de son apprentissage en utilisant le paddock pendant que vous utilisez la grande carrière juste à côté.
La présidente semblait peser le pour et le contre.
- Ça serait bien mieux pour elle en effet, mais je suppose que c'est à elle d'en décider, répondit-elle en se tournant vers la petite cadette.
- Humpf ! Couina-t-elle en sursautant. Et bien je-je ne voudrais pas déranger ! Je-je sais que je ne suis pas de votre niveau et que je fais que vous gêner dans vos entraînements, mais je-je ne veux pas vous causer de problème et-et puis ça voudrait dire que Prudence-senpaï ne montera pas et je ne veux pas être un poids pour vous tous, énuméra-t-elle en trébuchant sur ses mots tout en tortillant ses doigts en même temps, les joues rouges de timidité en n'osant pas lever son regard vers nous.
- Si je propose de te donner des cours particuliers, c'est que cela ne me dérange pas du tout, lui dis-je d'une voix douce pour la rassurer.
- Vraiment ? Questionna-t-elle d'une petite voix digne d'une enfant.
Je m'approchai d'elle en posant ma main sur son épaule.
- Vraiment, lui dis-je avec le sourire.
Un sourire irradiait instantanément son visage et elle me sauta dessus en enroulant ses bras autour de mon cou. Surprise de son acte, je faillis perdre mon équilibre, mais je ne la repoussai pas pour autant.
- J'accepte alors ! Se réjouit-elle avant de me libérer de son étreinte.
- Bien, mais avant de préparer nos chevaux, je voudrais ajouter une règle dans notre club, reprit Seikyoo après avoir eu le consentement de l'équipe sur le programme du jour. Je ne veux plus entendre l'un d'entre vous l'appelez « Princesse », ajouta- telle en me pointant du doigt. Elle a un prénom et c'est Prudence, avez-vous une objection ?
Le visage des garçons était un mélange entre la surprise, et l'incertitude sur ce qu'ils devaient répondre. Alors ils affichaient une moue un peu penaude et se contenta d'acquiescer quand Seikyoo reposa sa question d'un ton plus ferme qui exigeait une réponse immédiate.
Quant à moi, si je pouvais, je l'aurais embrassé. Cette fille était une terreur, elle avait le regard, le visage, la voix froide et intimidante. Cependant, je pouvais apercevoir un peu de son bon fond derrière cette épaisse armure de glace. C'était un soulagement d'entrevoir un début de bonnes relations avec eux, je savais que tout était loin d'être gagné, mais si l'attitude de Suzumi-senpaï et l'arrêt de l'utilisation de ce surnom pendant notre activité était un nouvel acquis, c'était déjà ça de pris et je ne crachais pas dessus.
Kira n'avait plus besoin de supervision pour préparer son cheval, alors je profitai de ce petit laps de temps pour sortir Drogon et les chevaux qui n'allaient pas être monter aujourd'hui pour les amener chacun leur tour dans le grand près juste derrière l'écurie pour qu'ils puissent profiter d'un peu de liberté et qu'ils se dégourdissent les pattes jusqu'au lendemain. Ça serait cruel de laisser ces pauvres bêtes éternellement enfermées dans leur box.
Le temps de terminer, Kira était déjà entrée dans le paddock, une petite carrière destinée à la détente, c'est-à-dire à l'échauffement, et à l'entraînement. Elle avait commencé sa détente comme nous lui avons appris au cours de ces trois dernières semaines. Le temps de notre entraînement défila si vite. Je m'étais contentée de lui faire un cours à plat, lui faisant prendre l'habitude de commencer à alterner trot et galop, lui donnant des conseils pour mieux se positionner ou comment guider son cheval. Son équilibre était précaire, mais rien d'étonnant pour son niveau, je trouvais même qu'elle se débrouillait bien, son seul problème, c'était qu'elle était un peu trop stressée, et ça, son cheval le ressentait.
Le soleil déclinait quand je l'accompagnais à l'écurie pour desseller et panser l'animal avant de le remettre dans son box.
- Tu t'es bien débrouillée aujourd'hui Sasaki-san, la complimentais-je alors qu'elle était en train de donner une carotte à l'équidé pour le féliciter de ses efforts.
- Vraiment ? J'avais l'impression d'être si mauvaise pourtant.
Nous marchions vers les vestiaires et je la rassurais autant que je le pouvais. Les autres venaient à peine de sortir de la carrière et ils commençaient tout juste à s'occuper de leurs chevaux, nous étions donc que toutes les deux à franchir la porte du vestiaire.
- J'ai un peu mal aux cuisses avec cet entraînement, se plaignait-elle en s'asseyant sur le banc.
- Il faudrait que tu entames un programme de musculation, je peux t'aider si tu le souhaite, lui proposais-je en enfilant la tenue de sport banalisé du lycée.
J'avais revêtu cette tenue car j'allais justement à la salle de musculation que l'école avait mis à disposition pour tous les lycéens et pas uniquement pour ceux qui étaient dans un club sportif. J'avais intégré cette étape dans ma routine du mercredi.
- Je ne veux vraiment pas te déranger senpaï.
- Ça ne me dérange pas, je compte justement y aller, tu veux venir avec moi ?
Je succombai devant sa réaction, elle accepta en me souriant comme si je venais de lui offrir le plus beau cadeau de sa vie. J'aurais tellement voulu avoir une petite sœur comme elle. C'était peut-être de l'arrogance ou de la prétention de ma part, mais j'avais l'impression de voir de l'admiration pour moi dans son regard, et cela gonflait mon égo.
Nous saluons nos camarades avant de quitter l'écurie et de diriger nos pas vers un petit bâtiment situé à proximité d'un grand gymnase et de la structure qui regroupaient les salles des clubs sportifs. J'avais choisi le mercredi après 18h car j'avais pu constater que c'était le jour où les autres clubs finissaient plus tôt leurs activités et que de ce fait, la salle de sport était quasiment désertée. Cependant, mon visage se déconfit quand je poussai la porte de la pièce en question et que mes yeux rencontraient des silhouettes masculines parfaitement reconnaissable.
- Oh, mais c'est la princesse !
