Chapitre 9 : Prise au dépourvue …


Je ne dirais pas que j'avais envie de faire demi-tour, mais presque. Pourquoi ?

Pourquoi voulais-je faire demi-tour ?

Parce que c'était eux. Le club de volley. La présence de n'importe qui d'autre ne m'aurait pas autant dérangé, ça m'aurait un peu embêté, car je voulais faire ma séance avec le moins de présence humaine possible, mais c'était tout. Ce qui me poussait à me poser une seconde question.

Pourquoi diable avais-je ce ressenti à leur encontre ?

Techniquement, ils ne m'avaient absolument rien fait qui méritait un tel comportement de ma part. Au contraire, ils avaient même été particulièrement amicaux avec moi quand j'avais partagé mon repas avec eux lors de nos croisements matinaux. Ils avaient toujours demandé si j'allais bien, si je me sentais bien dans l'école, qu'ils étaient disponibles si j'avais besoin de quoi que ce soit. Vraiment, c'était même très attentionné de leur part.

Donc, pourquoi ?

Outre le fait qu'ils avaient bien pris l'habitude de m'appeler Princesse, je n'avais aucun autre grief à énumérer. Il y avait quelque chose que je n'arrivais pas à élucider et cela m'agaçait.

- Ça ne va pas senpaï ? Questionna Kira à côté de moi qui pencha sa tête un peu vers l'avant pour pouvoir voir mon visage.

Je me rendis compte à quel point je devais avoir l'air bien conne d'être plantée devant la porte à les fixer sans réagir, totalement perdue dans mon propre débat interne.

- Si, excuse-moi, je suis juste surprise, d'habitude c'est vide à cette heure-ci, lui répondis-je avec un sourire de circonstance.

Je m'avançai dans la pièce vivement illuminée par des spots incrustés au plafond. La salle était grande, tout un pan de mur était habillé par des miroirs et le reste étaient peint d'un ton gris clair, donnant un effet plus lumineux et plus spacieux. Le sol était recouvert d'un parquet ciré parfaitement entretenu et les machines disposées étaient variées, toujours en double pour permettre à tout le monde de pouvoir utiliser ce qu'on voulait selon notre programme.

- On va vraiment faire du sport avec le club de volley ? Me chuchota-t-elle avec timidité.

- Cela te met mal à l'aise ? Demandais-je en observant la teinte rosée envahir ses joues.

Elle n'eut malheureusement pas le temps de me formuler sa réponse, même si cela était parfaitement évident qu'elle était gênée de faire ses débuts de musculation devant des garçons baraqués comme des portes de prisons. Je pense que cela m'aurait moi-même intimidé si nos rôles étaient inversés.

- Tu viens pour pousser de la fonte ? Questionna Tendo qui s'était avancé jusqu'à nous avec son sourire malicieux sur ses lèvres.

- Oui, et aussi pour entraîner la nouvelle recrue de mon club, lui répondis-je d'un ton amical.

Il se décala d'un pas afin de pouvoir voir la pauvre Kira qui tentait tant bien que mal de se cacher derrière moi, je l'entendis déglutir quand le grand rouquin posa ses yeux sur elle. Je pouvais presque l'entendre couiner comme un chiot apeuré.

Semi Eita qui était jusqu'à là sur un banc à lever des poids avec ses jambes, termina sa série le temps de notre court échange et sauta presque jusqu'à nous. Parmi les garçons qui constituaient ce club, c'était incontestablement le blond qui était le plus mignon. Il était grand, musclé, des cheveux en bataille mais qui avaient l'air d'être doux, un regard franc, un visage symétrique et pas une seule impureté sur sa peau. La nature l'avait vraiment gâté.

- Bonjour Princesse, s'exclama-t-il avec son petit sourire au coin.

Et bien sûr, je n'étais pas dupe de ses tentatives de charmes, et cela me prenait souvent au dépourvu. Pour l'instant, il ne m'avait pas clairement invité à sortir ou quoi que ce soit d'autre donc c'était relativement facile de jouer les ignorantes. Je n'étais pas contre l'idée de me trouver un copain dans cette école, mais j'avais encore des doutes sur l'utilité de la chose. Cela serait compliqué, je n'habitais pas dans la région alors l'unique possibilité de se voir serait pendant les pauses et après les cours. Et une fois le lycée terminé, ça signerait la fin de la relation, et si entre temps je m'étais attachée, je récolterais une vilaine peine de cœur. Pourtant, ce blond, il était vraiment mignon et il pourrait presque me faire oublier ce que ma raison m'avait dicté.

- Bonjour Semi-san, lui répondis-je. Vous venez souvent ici ? Questionnais-je en feintant un air innocent.

Le but était bien de glaner quelques informations sur leurs habitudes et quoi de mieux que de profiter du blond en papillonnant des yeux pour l'amadouer.

- D'habitude c'est le vendredi le jour de musculation, mais demain on a un match d'entraînement, et c'est la tradition de faire une petite séance la veille après le club, me répondit aussitôt Semi en posant sa serviette sur sa nuque.

Si je n'étais pas en public, j'aurais levé le poing en disant un « Yes ! » de triomphe. C'était bien un cas exceptionnel, alors je pouvais conserver cette routine du mercredi sans problème. Me demandant encore une fois pourquoi je voulais absolument les éviter. C'était de plus en plus intriguant ces drôles de réactions de ma part.

- Si ça te dit, tu peux venir voir notre match demain, enchaîna le garçon en m'offrant son incroyable sourire de tombeur.

Il rayonnait, il était beau, il n'avait d'yeux que pour moi, et je n'avais pas l'habitude d'être courtisée par les beaux gosses. Si j'avais de la popularité maintenant au Japon, cela n'avait pas été le cas en France. Dans mon ancienne école, à Tokyo, j'avais bien sûr été abordée par des garçons, mais rien de comparable avec Mina, qui avait écourté un nombre incalculable de déclarations.

- Oui, lui murmurais-je sans réfléchir, troublée par son sourire ravageur.

C'était quand je le vis bomber le torse et la fierté illuminer son regard que je me rendis compte que je venais littéralement d'accepter de venir assister à leur match alors que cela n'avait jamais été mon intention. J'étais carrément en train de battre des cils, presque envoutée, que cela m'avait fait accepter sa proposition sans même y avoir réfléchis sérieusement deux secondes. Et si je revenais sur mes mots sans une bonne raison, ça serait extrêmement impolie de ma part.

Avait-il fait exprès de me sourire comme ça ?

- Nos adversaires arrivent vers 16h, je suis impatient de te voir dans les gradins nous encourager maintenant !

Dans ma tête, j'étais en PLS. Mon regard bascula sur Tendo qui me fixait avec son petit sourire de lutin, comme s'il pouvait lire mes pensées et qu'il avait parfaitement vu que j'avais réussi à me faire manipuler par son coéquipier. Il semblait amusé de la situation dans laquelle je m'étais mise.

Je pouvais toujours utiliser l'excuse de mon club, mais vu que nous partagions la structure avec les collégiens, nous n'avions pas assez de chevaux pour tous participer. Étant propriétaire, personne ne montait Drogon sans mon autorisation, et je ne l'avais pas accordé aux collégiens. Drogon était un cheval doux mais dynamique, il aimait sauter et courir comme un fou, parfois, il ne voulait pas s'arrêter. Il fallait donc avoir un bon niveau pour prétendre monter mon cheval à la robe noire. De ce fait, j'utilisai le paddock pour m'entraîner sur des obstacles à mon niveau toute seule pendant ces jours-là. Je pourrais mentir, mais la présence de Kira n'était pas en ma faveur.

- T'as entendu ça Wakatoshi-kun ? Prudence-chan vient nous voir demain, chantonna Tendo.

Je pouvais voir la silhouette imposante du brun, derrière Tendo, se lever d'une machine faite pour travailler le haut du dos. Il prit sa serviette et s'essuya la nuque alors que son regard bascula vers notre petit troupeau. Il était couvert de sueur, sa bouche était entrouverte pour reprendre son souffle dû à l'effort qu'il avait dépensé. Vêtu d'un simple tee-shirt et d'un short, je pouvais admirer avec plaisance son corps bâti par les années et les heures d'entraînements me faisant oublier la façon dont Tendo m'avait appelé. Autant je pouvais battre des cils devant Semi, mais devant Ushijima, je pourrais presque baver sans pouvoir détourner mon regard de lui. Il prit sa gourde d'eau qu'il termina d'une traite, me donnant le loisir d'admirer son muscle sterno-cleido mastoïdien outrageusement développé. J'étais même persuadée que je ne pouvais pas enserrer complétement son cou avec mes deux mains.

- J'ai entendu, répondit-il en posant sa gourde vide sur le sol.

- Ça veut dire qu'il va falloir que tu te donnes à fond, ajouta le rouquin.

Il s'avança vers nous en fixant son ami.

- Je me donne toujours à fond, se contenta de dire le brun comme si cela été une évidence.

- Wakatoshi-kun, quand une jolie fille vient te voir à un entraînement ou un match, il faut toujours faire plus que d'habitude pour l'impressionner, lui dit Tendo en posant ses mains sur ses hanches d'un ton presque réprobateur.

- Je ne savais pas, répondit-il au rouquin avant d'ancrer son regard olive dans le mien. Je t'impressionnerai demain, me dit-il de son éternel ton neutre.

Mon cœur rata presque un battement et je sentis mes joues chauffer. Il m'avait dit cela avec une légère détermination dans son regard, et je ne savais pas comment interpréter tout ça. Bien trop de choses venaient de se passer en seulement quelques minutes et mon cerveau avait presque court-circuité.

De 1, Semi Eita était plus redoutable que je ne l'aurais cru, il avait réussi à me faire accepter sa proposition avec un seul sourire. Je devais m'en inquiéter.

De 2, le « Prudence-chan » sortit si naturellement de la bouche de mon camarade de classe. Étant occidentale, je n'avais aucun problème à ce qu'on utilise mon prénom, mais je savais qu'au Japon, utiliser le prénom était plus significatif. S'ajoutait à ça le préfixe, le chan. Je ne savais pas comment je devais voir ma relation avec le roux, étions-nous amis ?

Et de 3, et pas des moindre, Ushijima Wakatoshi. Partout où mon regard le captait dans mon champ de vision, j'étais obligée d'y porter attention. C'était presque plus fort que moi de le mater en douce quand je le croisais dans le couloir, ou l'apercevait au loin. Et sa réaction me coupait le souffle. Je ne savais pas trop si je pouvais la qualifier de pragmatique avec un soupçon d'arrogance. Tendo lui avait naturellement dit quelque chose qu'il semblait ignorer, et il s'était corrigé en voulant adopter l'attitude dictée par son ami sans se rendre compte des conséquences. Il m'avait dit « Je t'impressionnerai demain » comment pouvais-je rester de marbre avec ça moi ?

Je ne pouvais pas. Étant blanche de peau, les rougeurs sur mes joues ne devaient pas passer inaperçues et j'en avais perdu mon latin à rester muette face à cette déclaration.

- Moi aussi je t'impressionnerai, il n'y a pas que notre champion qui est fort, dit Semi en gonflant le torse, pratiquement en défiant Ushijima du regard.

- Heee, c'est un concours ? Dans ce cas-là, je me sens obligé de devoir marquer au moins la moitié des points, s'exclama Tendo en regardant ses amis tout en plissant ses yeux malicieux.

- Un concours ? J'participe, je laisserai moins de dix balles par set toucher le sol, s'ajouta Hayato.

- Je participe aussi, mais on gagne quoi à la fin ? Questionna Reon, le dernier de la troupe.

Cinq pairs d'yeux se tournaient vers moi, attendant que je trouve la réponse à la question. Mais je n'avais aucune réponse à apporter, je les regardais, chacun leur tour, les yeux grands ouverts, voulant leur faire comprendre par ce biais que j'étais complétement larguée dans cette conversation et n'avait rien à proposer.

Ils étaient en train de programmer un combat de coqs dans le seul et unique but de faire les malins sous prétexte qu'une fille, moi, qui était tombée dans un piège, venait voir leur match. Et qu'en prime, ils demandaient une récompense ?

La terre ne tourne pas rond.

- Je sais, celui qui l'aura le plus impressionné aura droit au baiser de la princesse, proposa Semi en planta ses orbes noisettes dans les miens avec son sourire de tombeur.

Reon et Hayato qui étaient restés en retrait jusqu'à là, se rapprochaient de notre groupe.

- Je n'embrasse pas d'inconnus sur la bouche, répondis-je aussitôt d'un ton net et tranchant, ayant subitement repris mes esprits.

Les garçons, excepté Ushijima qui avait gardé l'éternel contrôle de son faciès, rougissaient à mes mots.

- Non, évidement, je pensais à un bisou sur la joue, tout simplement, approfondit Semi en se grattant la joue, mal à l'aise.

- Ahh, si ce n'est que sur la joue, ça ne me pose pas de problème, soupirais-je soulagée en posant une main sur ma poitrine.

Cette fois, c'était six pairs d'yeux qui me fixaient en variant les expressions en fonction de la personne. Kira semblait avoir perdu son âme, Tendo avait les yeux et la bouche grande ouverte, Semi, Reon et Hayato rougissaient encore plus, et Ushijima, cette fois-ci cligna plusieurs fois des yeux en me regardant.

C'était à nouveau à mon tour de me sentir mal à l'aise de leurs réactions et mis plusieurs secondes avant de comprendre : J'étais au Japon, à parler à des japonais de bisou. À ma décharge, en Europe, on pariait rarement pour quelque chose d'aussi banale qu'un bisou sur la joue, étant donné qu'on le fait tous les jours pour saluer une personne proche de notre entourage. Mais j'avais omis le fait que les gestes tactiles dans ce genre, étaient moins courants et ne faisait pas partit des mœurs de ce pays. Je me sentais obligée de me défendre.

- Je suis française, chez nous, on se fait la bise pour dire bonjour à notre famille et à nos amis.

J'aurais juré que cela avait empiré la situation vu leur regard.

- Attends, attends, attends, dit Tendo en secouant la tête comme pour reprendre ses esprits. Tu embrasses tes amis sur la joue ? Tous les jours ?

- Oui, répondis-je d'une voix hésitante.

- On peut devenir ami ? Me demanda aussitôt Semi.

Soudainement, je sentis quelque chose agripper ma veste et tournai mon regard pour voir une Kira, la tête levée vers le haut, vers les têtes des garçons qui avaient finis par nous encercler. Je trouvais les garçons déjà grands de mon point de vue, j'arrivais sous leurs mentons pour la plupart, alors que j'avais vingt centimètres de plus que la petite brune. À ses yeux, ils devaient ressembler à des géants et y'avait de quoi avoir l'horrible sensation de se retrouver prise au piège par ses hommes aussi grand que musclés. Mais c'était l'occasion parfaite pour mettre un terme à cette discussion qui avait terriblement dérapée.

- Bien, ce n'est pas le tout, mais vous effrayez notre cadette avec votre taille et vos muscles en nous encerclant comme ça, dis-je en tapant une fois des mains comme pour rétablir l'ordre des choses.

Comprenant la situation pour certainement l'avoir déjà vécu vu leur gabarit, ils prenaient de la distance et ils s'excusaient en se penchant légèrement vers l'avant. Je trouvais ça presque mignon, ces grands gaillards qui pourrait faire peur à n'importe mais qui étaient très disciplinés.

Je passai une main sur le dos de Kira pour l'inciter à me suivre dans un coin de la pièce afin de récupérer des tapis de sport et de commencer quelques étirements. Les garçons avaient repris leur entraînement et ne nous accordaient pas plus d'importance que de simples coups d'œil de temps à autre. Je montrai à la petite brune quelques exercices de gainages qu'elle devrait travailler un peu tous les jours dans sa chambre. Bien sûr, pour une première fois elle montrait des difficultés à tenir le temps imparti, mais je la réconfortai dès que je voyais son regard attristé de son l'échec.

Ensuite, je lui expliquai le fonctionnement de quelques machines, privilégiant celles qui faisaient travailler les jambes, les cuisses, le fessiers et le dos. Tant qu'il y avait la présence des garçons, je ne lui enseignai pas à faire des squats, car si déjà un bisou sur la joue mettait en émoi tout le monde, que se passerait-il de nous voir pencher les fesses en arrière.

- Celle-là, c'est pour les adducteurs, on va en faire un peu, lui dis-je en prenant place sur la machine. Mets juste 10kg pour commencer et tu t'adaptes, si c'est trop lourd ou trop léger. On commence par l'extérieur, donc tu cales tes cuisses contre les deux éléments, et après tu les repousses ok ?

Elle hocha la tête avec beaucoup de sérieux et s'exécuta, je l'observai s'affairer quelques instants pour voir si elle n'avait pas de soucis à se familiariser avec son futur instrument de torture.

- 3 séries de 30, espacées par 1 minute de repos, ordonnai-je.

Rien qu'avec ça, elle allait ressortir en boîtant, mais c'était le but. Je reportais mon attention vers l'équipe de volley, ils étaient en train de nettoyer les machines qu'ils avaient utilisés et rangeaient leurs affaires. Seul Ushijima continuait à faire son sport, allongé sur un banc à soulever une barre munie par des poids certainement plus lourd que moi.

Mon esprit s'égara sur la conversation survenue il y a moins d'une heure avec cette équipe de volley, revenant tout particulièrement sur le concours. Étant sportive, je comprenais que la déclaration d'Ushijima à m'assurer qu'il allait m'impressionner était d'une arrogance qui stimulerait n'importe quel esprit de compétition présent. Parce qu'il n'avait pas dit « j'essayerai », non, ça avait été une belle affirmation « Je t'impressionnerai » et dit sans le moindre doute de sa part. Quand bien même ses mots étaient prétentieux, son attitude et le ton de sa voix ne l'avait pas été. Le grand brun avait un caractère qui sortait du lot, il était introverti mais pas dans le sens timide, car il répondait dès qu'on lui adressait directement la parole. Seulement, ses réponses étaient d'une franchise sans tact déconcertante.

Ça me donnait envie de découvrir qui était ce champion.

- J'ai finis, ça fait mal, me dit Kira le souffle court.

- C'est bien, maintenant tu fais l'intérieur, les éléments cotés intérieur de tes cuisses et cette fois tu dois les ramener à toi, même série qu'avant.

Je l'entendis gémir de protestation, mais cela me fit plus sourire qu'autre chose.

- Prudence-chan ? Entendis-je la voix de Tendo.

Je tournai mon visage pour voir le garçon s'avancer vers moi. Ça me perturbait cette façon de m'appeler, mais d'un côté, j'étais contente, il utilisait mon prénom et non ce surnom que l'on m'avait attribué.

- Est-ce qu'on peut te confier notre champion ? Il veut continuer à s'entraîner, mais nous, on a assez donné pour ce soir, me demanda-t-il les traits tirés par la fatigue.

- Et bien je … commençai-je hésitante.

- Il ne s'arrêtera pas tant qu'il peut continuer, c'est pour ça qu'il faut le surveiller, est-ce que tu veux bien prendre soin de notre champion ? Me demanda-t-il cette fois-ci avec son incontestable sourire malicieux sur les lèvres.

Je m'apprêter à refuser, car j'avais déjà ma camarade de club à superviser.

- S'il te plaît, ajouta-il en joignant ses mains en signe de prière avec un petite voix suppliante. Je te revaudrai ce service.

- Bon, et bien d'accord, répondis-je loin d'être certaine que c'était la bonne décision à prendre.

Un sourire s'étira sur son visage, ravi de m'avoir refilé le bébé. Alors que moi, j'étais encore un train de me demander dans quoi je m'étais encore engagée. Les côtoyer semblait vraiment être une mauvaise idée, c'était peut-être pour ça que je tenais à les éviter, mon esprit reptilien avait capté le traquenard.

- Merci Prudence-chan ! Dit-il en posant sa grande main sur le sommet de mon crâne et me caressa les cheveux alors que j'étais encore assise sur la machine des adducteurs.

Je clignai des yeux, je crois que mon esprit venait de buguer.