Chapitre 6 : La véritable apparence de Sasori

Hidan attendit quelques secondes, puis il retira sa main du caleçon de Sasori, qui luttait contre lui même pour retrouver sa lucidité, ayant lui aussi entendu l'exclamation, mais son corps tremblait. L'immortel aux yeux indigos avait toujours son grand sourire. Il parla enfin.
- Allez c'est bon, sors de l'armoire, t'es grillé.
Deidara, toujours interloqué de ce qu'il venait de comprendre, ouvrit la porte et sortit, balayant les deux hommes des yeux. Hidan soutint son regard, mais Sasori gardait les yeux détournés sur le sol, encore trop impacté par les sensations qu'il avait ressenties pour retrouver son sang froid.
- La blondasse, s'amusa le ninja aux cheveux d'argent. Qu'est ce que tu foutais dans la chambre de ton équipier ? Tu voulais te rincer l'oeil en me regardant lui faire des saloperies ?
- Non ! répondit aussitôt Deidara, sur la défensive. Je voulais juste lui parler, mais j'ai eu peur qu'il se fâche en me voyant ici, alors je me suis caché, je pensais pas que…
Il ne termina pas sa phrase.
- que tu me verrais révéler ses envies débauchées ? compléta Hidan, qui, vraisemblablement, trouvait ça de plus en plus amusant. Tu ne savais pas qu'il était aussi pervers, n'est ce pas ?
Le blond ne répondit pas, il fixait Sasori avec attention, cherchant à comprendre pourquoi son apparence avait tant changé. Hidan sembla alors saisir ce qu'il se passait, il comprit le regard perdu de Deidara sur Sasori, et il vit encore plus le malaise du marionnettiste qui gardait les yeux baissés. Il sourit davantage.
- Oh, je vois. Tu ne savais pas que ton partenaire était une telle bombe érotique. Tu croyais qu'Hiruko était vraiment lui, tu croyais qu'il était son corps.
Il fit glisser ses mains sur le corps de Sasori, qui se contint de gémir de nouveau du mieux qu'il put, tandis qu'Hidan continuait.
- Ce corps là est bien mieux, n'est ce pas ? Si sensible, en plus… Je ne vois pas d'inconvénient à ce que tu assistes à ce spectacle, tu apprendrais beaucoup sur ton partenaire en me voyant m'occuper de lui.
Sa main se faufila entre les jambes de Sasori, qui semblait tétanisé.
- Non… souffla-t-il, à peine inaudible.
L'immortel ne semblait pas se soucier de ce qu'il venait de dire, il continuait ses caresses, et le marionnettiste se retrouva incapable de réagir, de lutter.
- Non ! répéta alors Deidara en fronçant les sourcils. Hidan, tu vois bien qu'il ne veut pas !
- Oh, souffla l'homme aux cheveux d'argent, Saso, tu ne vas pas faire ton timide juste parce que ton équipier vient de découvrir à quoi tu ressembles…
- Non mais je rêve ?! explosa le blond, furieux. Tu vas pas le forcer non plus ? Le consentement, c'est une notion qui te parle ? En plus d'être un crétin, t'es aussi une ordure ?
Hidan lâcha Sasori en sifflant, faussement admiratif.
- Mais c'est qu'il est piqué dites moi, qu'est ce qui t'arrive, mon petit Deidara ?
Le jeune ninja le fusilla du regard.
- Je suis énervé parce que tu me dégoûtes, et je ne suis pas ton petit Deidara. On est peut être des criminels, mais c'est pas une excuse pour commencer à être des violeurs, il y a des choses que je ne supporte pas, et ça, ça en fait partie !
- Violeurs, tout de suite les grands mots, on voit que tu ne l'as pas vu quand il écarte les cuisses pour moi.
- Mais ferme la, je l'ai entendu dire non, ça aurait du suffire pour t'arrêter.
Il y eut un long silence, Hidan semblait contrarié, mais paradoxalement, il était aussi amusé.
- Bien, de toute façon, je crois que vous avez beaucoup de choses à vous dire. Je serais bien resté pour écouter ça, mais malheureusement, j'ai vraiment envie de cul, et puisque vraisemblablement, le moment est mal choisi pour m'occuper de celui de Saso, je vais aller trouver autre chose.
Sur un dernier rire méprisant, il sortit de la chambre, laissant les deux artistes dans un silence pesant. Après un long moment qui parut une éternité, Deidara comprit que Sasori ne parlerait pas le premier, il prit une grande inspiration.
- Je vous présente mes excuses, je n'aurais pas du entrer. Je voulais seulement vous parler.
- Qu'est ce que tu voulais me dire ?
La voix de Sasori n'avait pas son intonation glaciale et cassante, elle n'avait plus aucune assurance. Deidara fut décontenancé par ce changement d'attitude, bien qu'il en comprenne la raison. Il lui était également étrange d'entendre cette voix si grave avec cette apparence juvénile, presque enfantine, cela semblait paradoxal.
- Je voulais m'excuser pour mon inattention ces derniers jours, cela ne se reproduira plus. J'ai du mal à gérer mes émotions, et comme vous, vous y arrivez bien, je voulais vous demander de l'aide pour apprendre.
- D'accord.
Deidara hésita.
- Danna ? Est ce que je peux vous demander quelque chose ?
- Mmh ?
- Est ce que c'est votre véritable apparence ? Je ne suis pas sûr de comprendre. Hidan a parlé d'Hiruko ? Je ne sais pas ce que c'est.
Sasori n'avait toujours pas pu poser ses yeux sur le blond.
- Hiruko est une de mes marionnettes, je suis à l'intérieur en général, c'est une arme autant offensive que défensive, c'est pourquoi j'en sors rarement, et quasiment jamais lors des missions, tu m'as toujours vu quand j'étais à l'intérieur.
Deidara comprit que ce qu'il avait aperçu dans l'atelier n'était pas une copie de Sasori mais bel et bien ce pantin, Hiruko. Sasori répondit à l'autre question que son cadet lui avait posée.
- Ce n'est pas tout à fait ma véritable apparence.
- Ah ? Je ne saisis pas très bien.
Sasori effectua un mudra, et son corps se changea. La chair se transforma en bois, son ventre se creusa en un trou béant, rempli d'un câble enroulé sur lequel du poison violet coulait, ses articulations devinrent mécaniques. Une marionnette, son aîné était une véritable marionnette vivante.
- C'est ça, ma véritable apparence.
Deidara laissa ses yeux parcourir son partenaire, il faisait encore plus jeune avec ce corps là.
- Comment est ce possible ?
- Certains de mes pantins sont mes anciens ennemis, tu te souviens de celui que j'ai déjà utilisé en mission ?
- Oui, le troisième kazekage, vous m'aviez expliqué.
- Et bien, j'ai fait la même chose sur moi, il y a des années. Je me suis changé en marionnette, dans cet état je ne ressens plus rien, je peux être mis en pièce sans mourir, dans un combat, ça peut être pratique, et même dévastateur. Grâce à ce corps, je peux manipuler une centaine de pantins simultanément, je suis bien plus puissant. Le troisième rouleau dans mon dos me permet de prendre une forme humaine, celle que tu as vue juste avant, car avec celle ci, il est plus difficile de vivre au quotidien, avec le poison, les lames, c'est trop compliqué dans le repère.
Deidara gardait le silence, il comprenait petit à petit ce que cela représentait, et il en était horrifié. Sasori s'était automutilé, sûrement au prix d'une grande souffrance, dans le seul but de ne rien ressentir. Il s'était utilisé comme cobaye pour des expériences dont il aurait pu ne pas sortir vivant. C'était un comportement dangereux, qui révélait une tendance autodestructrice, et probablement beaucoup de problèmes psychologiques. Il se rendit compte que son aîné, derrière son attitude impassible, était d'être loin d'être aussi stable qu'il le faisait croire.
- Danna, dit-il lentement, vous avez l'air encore plus jeune que moi, alors que j'avais compris que vous aviez trente trois ans… Quand vous êtes vous changé en pantin ?
- Tu as bien compris…
Sasori attendit un instant avant de reprendre.
- J'avais quinze ans.
Deidara écarquilla les yeux. Il ressentit une immense compassion pour son équipier, mais il n'en montra rien, il savait que cela lui déplairait. Il hésitait à le questionner sur ce qu'il avait vu. Il ne savait pas comment aborder le sujet. Sasori refit quelques mudras, et il retrouva son apparence humaine. Il n'avait toujours pas regardé le blond.
- Je vous présente encore mes excuses, je suis désolé de vous avoir embarrassé en assistant à ça. Je vais vous laisser.
Il se dirigea vers la sortie, mais alors qu'il venait d'ouvrir la porte, il tourna la tête vers son partenaire.
- Pardonnez aussi mon audace, mais bien que je constate que je ne vous connais absolument pas, et encore moins ce qui relève de votre vie privée, j'ai eu la forte impression que ce qu'Hidan fait avec vous n'est pas votre volonté. Même avant qu'il ne veuille recommencer devant moi, quand vous avez dit «non». Enfin… vous n'aviez pas l'air… consentant… Et j'espère sincèrement me tromper sur ce point.
- Sors.
L'ordre n'avait toujours la dureté que Sasori avait généralement, mais Deidara obéit, il comprenait que son aîné était blessé dans sa fierté, et il se doutait que mettre l'accent sur l'impression qu'il avait eu entraînerait une réaction de rejet dans un premier temps. Il espérait simplement que, s'il avait effectivement vu juste, cela aiderait Sasori à réfléchir pour ensuite réagir, ne serait-ce qu'en parler.