Hey !

Eeeet le dernier chapitre que j'avais en réserve. Je vais me remettre à écrire en vitesse, du coup. Bon, j'ai déjà un semblant de plan, ça devrait le faire !

Les choses commencent enfin à bouger ! Il est pas trop tôt, d'ailleurs. Mais voilà. Xemnas remue la situation.

Merci à Mijoqui pour sa review, encore une fois ! (J'ai peu de temps pour répondre avec le taf mais promis, je m'y attèle dès que je peux !)

Bonne lecture !


Le feu au loin

.

– C'est comme ça que tu accueilles ton frère.

Riku cligne des yeux. Son frère. Son frère, à Vanitas. Et donc à Sora.

– Tu voulais quoi ? Un tapis rouge et des trompettes, peut-être ? Un orchestre ? Faut bien ça pour égaler ton égo, hein ?

– Du respect, pour commencer.

– Genre.

Vanitas ricane comme si tout allait bien. Il affiche ce rictus mauvais, plonge ses mains pâles dans ses poches sans lâcher le regard mordoré qui lui fait face. Des yeux comme les siens. La même liqueur.

Non, ça ne veut rien dire. Hein ?

Ce type ne ressemble pas au corbeau, à Sora encore moins. C'est... impensable. Oui, c'est le même regard, et la même peau sombre que celle qui a découverte il y a deux ans de ça. Mais le reste, cette stature, le poids immense qui le broie depuis que le vampire est entré et ce fourmillement en lui, son corps minable...

Leur frère ? Sora n'a jamais mentionné d'autre frère que Vanitas, et Vanitas n'a jamais mentionné d'autres frères que Sora.

Il y a des mots qui passent entre eux sans qu'il ne les entende, un univers à part qui leur appartient. Leur propres nébuleuses. Des étoiles que Riku ne peut atteindre et qu'il contemple, misérable, depuis la terre sèche.

– Je suis satisfait de constater que tu as enfin franchi le pas, Sora.

Il ne comprend pas tout de suite qu'on parle de lui, pas plus qu'il ne saisit la raison de ce bonheur feint. Mais il perçoit, à nouveau, les yeux de cet homme. L'amusement qui les frappe, avant qu'il ne se détourne.

Il se sent comme au centre d'une blague qui lui échappe. Peut-être parce qu'il en est la chute. Mais le fait est que personne ne rit, et que l'homme s'éloigne alors qu'il ne lui a pas adressé un seul mot. Il n'y a plus que son dos, alors, et Aqua qui le rejoint. Murmure à son oreille.

Les regards effilés se dispersent. On les observe moins, ou mieux discrètement. De petits coups d'œil de ci de là comme on grignote les morceaux d'un film. Et puis plus rien.

Xemnas adresse au sien des mots qu'il n'écoute pas. Il se laisse tomber contre le dossier du canapé, mille nouvelles années enfoncées sous sa peau. Bon. Il inspire, croise les bras, réalise que la main de Kairi est encore posée sur son épaule. Un talisman protecteur.

Il précipite ses doigts vers le sien. Le verre est toujours aussi froid sous sa paume.

– Riku ? Eh, ça va ?

La voix de Sora lui passe au travers. Il faut attendre que la foule s'apaise, que les ombres se dispersent alors que Xemnas remonte les escaliers pour retrouver un semblant de légèreté. L'attraction terrestre se calme lentement et il réalise qu'il sait encore comment respirer.

Mais ses mains fragiles se souviennent. Son cœur tremblant n'oublie pas qu'il a battu, comme ses épaules portent encore la marque de ce spectre écrasant.

Il n'est rien, il se rappelle. Rien. Même pas une poussière. Le temps l'avalera, et un jour, il n'existera plus. Sera oublié, et n'aura jamais existé. Alors que cet homme...

Comment peut-il avoir cet effet sur les gens ?

– Je crois ?

– Tu crois bien ou tu crois mal ? Sora insiste.

Il n'a pas la force de trouver un sens à cette question.

– T'en fais pas pour Xemnas. Il fait toujours cet effet aux humains.

Sa voix est douce, et pourtant elle fait mal. Une caresse sur une peau écorchée. Riku hoche la tête. Il est épuisé.

– J'ai chialé, la première fois que je l'ai vu, elle poursuit. Je sais pas comment il s'y prend, il faut des siècles pour pouvoir faire un truc pareil. Mais c'est juste dans ta tête.

Non. C'était dans son corps. Un séisme.

– Faut que t'ailles dormir. T'es complètement mort là, non ?

– Oui.

Sa voix. C'est sa voix. Il s'entend parler. Il ne pensait pas un jour éprouver tant de soulagement en remuant les lèvres.

– Allez, viens. Ton chevalier servant va se faire un plaisir de te raccompagner jusqu'à ta chambre.

Chevalier. Il relève la tête. Voit qu'elle regarde Sora, Sora qui plisse les yeux, comprend et se redresse. Un ressort sur patte. Il ne comprend pas d'où lui vient cette énergie, surtout si tard. Et puis, il se souvient que le brun n'a pas besoin de dormir.

Il se relève sans demander son reste. Sans même trouver la force d'en vouloir aux autres, de ne pas l'avoir prévenu. De toute façon, Larxene l'avait mis en garde. Pas clairement, mais quand bien même. Il aurait dû se méfier. S'interroger, au moins. Poser des questions sur cet homme - est-ce qu'il peut parler d'homme ? - dont la volonté de fer guide le destin de ce clan depuis tant d'années. Mais non. Il était trop occupé à...

Vanitas.

Il redresse la tête.

– Eh, tout doux ! Sora s'inquiète.

– Ton frère.

– Quoi mon frère ?

– Il est où ?

Pas là. Vanitas a disparu. Aucune trace de lui dans le hall, pas d'ombre au bout du couloir. Les escaliers sont presque vides, ne reste qu'Axel et Reno qui tapent la discute. Et le ciel infiniment noir derrière une fenêtre qu'il aperçoit. Un rideau repoussé et la nuit, pour toujours. Et rien d'autre.

Riku soupire. Vanitas est parti sans lui.

– Il a filé, comme tout le monde, Kairi lui répondre.

Il sent sans le voir le regard que les deux autres échangent. Les idées qui passent, là, comme autant de murmures. Vous vous plantez, il veut leur dire. C'est pas ce que vous croyez. Mais qu'est-ce qu'ils croient, au juste ? Et lui ? Lui, qu'est-ce qu'il croit ? Qu'est-ce qu'il pense ?

Il pense qu'il cherche encore, dans chaque coin de la pièce, un reflet noir. Une ombre qui s'efface. Un sourire perfide. Mais il ne trouve rien, et il est désespérément fatigué.

Sora lui prend la main. Il le suit, doucement, alors que ses idées s'éclaircissent. La boule d'émotions qui tangue en son ventre s'apaise et se dilue à l'intérieur de lui. Mais il avance, quand même. Jusqu'à sa chambre. Jusqu'à son lit. Où il se laisse tomber. Il se démène vaguement pour enlever une partie de ses vêtements.

Dans le couloir, des murmures qu'il ne comprend pas. Et dehors, le vent. Le vent comme une sempiternelle mélodie qui tape contre les carreaux de sa fenêtre. Une vie qu'il ne soupçonne pas.

Il enfonce sa joue dans le tissu frais de l'oreiller.

Dehors, les ombres prennent des formes qui font des monstres sur les rideaux. Mais lui, il y voit une tignasse noire. Des épis.

Il ferme les yeux, mais l'image est encore là.

xoxoxox

– Alors ?

Aqua s'impatiente. Son pied tape contre le vieux plancher alors qu'elle contemple son supérieur, assis face à elle. Son corps musculeux enfin débarrassé du manteau lourd qui l'obturait. Sans sa capuche, elle distingue la longue tignasse qui colle sur ses épaules. Une rivière. Cliché, comme comparaison. Mais c'est l'effet que ça lui fait. Une rivière qui coule à travers le temps.

– Les nouvelles ne sont pas bonnes.

Elle serre les dents. Ce n'est pas la réponse qu'elle espérait. Mais au moins, Xemnas ne perd pas de temps.

– Les clans sont tendus.

– Encore ?

– Oh oui. Et ça n'ira pas en s'arrangeant.

Elle s'assoit à même la table dans son dos. Bien. C'est une mauvaise nouvelle qui en cache d'autres, ça.

– Certains commencent à remettre en cause le choix que nous avons fait de rester cacher aux yeux du monde.

Ces mots, elles les attendait. Elle les a craints tout du long du voyage de Xemnas. Le choc n'en est pas moins rude.

Bien. Elle déglutit.

– Ils comptent se montrer au grand jour ?

– Je ne pense pas. Pas encore, en tout cas. Mais c'est une éventualité qui pourrait bien prendre forme dans les années à venir.

Une éventualité qu'elle aurait aimé ne jamais avoir à affronter. Mais quand on traverse l'éternité, il y a des peurs auxquelles on n'échappe pas.

– Quand tu dis dans les années à venir...

– Nous n'avons pas à nous inquiéter dans l'immédiat. Les Gainsborough ont pris position contre cette possibilité.

Rien d'étonnant - mais son soulagement n'en reste pas moins immense. Elmyra s'est toujours positionnée contre la divulgation de notre existence, et sa parole pèse lourd dans le milieu. Aerith, sa fille, semble suivre le même chemin.

– Mais les Izunia perdent patience.

Aqua soupire. Sa méfiance à leur égard n'a jamais baissé, depuis des siècles qu'ils se terrent dans leur coin. Des trois clans les plus importants du continent, elle sait que les Izunia sont les moins dignes de confiance. Et qu'Ardyn, sous ses belles paroles, est un homme qui mérite sa méfiance. Ça fait longtemps qu'il nourrit les tensions entre les différentes factions.

Diviser pour mieux régner. C'est sa devise, et il l'applique. Trop bien pour leur propre bien.

– Les autres clans savent que nous nous portons mieux cachés. C'est le secret de notre existence qui nous protège, elle lui rappelle.

– Le doute s'est installé.

– Si les humains découvrent que nous existons, ils trouveront un moyen de nous éliminer.

– Je sais.

Jadis, ils vivaient au grand jour. Et dans de petites contrées de Roumanie, leur existence n'est pas tant un secret qu'une vérité qui ne déborde pas au-delà des frontières. Mais pour le reste du monde...

– Fut en temps où nous ne risquions rien à nous montrer, et certains s'en souviennent.

– Cette époque est révolue.

Aujourd'hui, la technologie des humains est trop avancée. Ils sont débrouillards et futés. S'ils venaient à découvrir qu'il existe une race de bêtes comme la leur, si puissante, et pourtant pleine d'incroyables faiblesses...

Ils prendront le dessus, Aqua n'en doute pas.

– Ça, c'est à Ardyn qu'il faut le dire.

Elle serre le rebord de la table. Oui, bien sûr. Xemnas est de son côté - là-dessus, au moins. Il est trop futé pour envisager de révéler leur existence. Le maître sait où se trouve son intérêt.

– Il étend son influence, il poursuit.

– On ne peut pas le laisser faire.

Elle déteste énoncer de telles évidences, mais c'est bien tout ce qu'elle peut faire. Et ça la broie. Depuis le temps qu'Ardyn dilue son poison dans les esprits, ils ne renverseront pas la donne pas de simples discours. Les vampires ont cet orgueil de se croire plus puissants qu'ils ne sont. Elle le sait, elle en fait partie. Et, d'une certaine manière, c'est vrai. Pas assez vrai, cependant, pour qu'une vie au grand jour soit envisageable.

– Nous nous occuperons de ce problème en temps et en heure.

Comme Xemnas croise les bras, elle relève la tête et rétorque.

– C'est une urgence.

– Une urgence, oui. Contre laquelle nous ne pouvons rien.

– Si Ardyn a pu établir son influence, c'est parce que nous avons tardé à agir.

Une pliure au coin de ses lèvres. Le maître n'aime pas cette remarque. Il est des vérités moins agréables à entendre que d'autres, et Aqua vient d'en enfoncer une qui ne lui convient pas.

– Nous devons prendre contact avec Gainsborough ! Elles seront de notre côté.

– Les Gainsborough ont déjà pris conscience de la situation.

– Ça ne suffit pas. Nous devons nous organiser. Et pas seulement avec elles, il nous faut d'autres alliés. Des gens qui seront prêts à agir si Ardyn tente quelque chose.

– Ça demande du temps.

– Alors commençons maintenant.

– Aqua.

Son timbre l'écrase comme un reproche. Mais ça fait longtemps qu'elle a appris à se défaire de son emprise. La vampiresse inspire et retient loin d'elle ce souffle invisible qui accable les mortels, le dénoue comme elle tirerait sur les deux fils d'un nœud trop lâche. Ça lui demande une certaine concentration, mais l'invisible menace s'évapore. Ses yeux traversent son supérieur.

Néanmoins, elle lui laisse la parole.

– Il me semble que nous avons un autre problème à régler.

Elle tique. Il a donc remarqué. Evidemment. Nul vampire en ces lieux ne saurait ignorer ce détail.

– Un problème infiniment moins important que celui dont nous parlons.

– C'est aussi ce que nous pensions, la dernière fois.

Elle se tend.

Oui. C'est ce qu'ils pensaient. Et la catastrophe les a frôlés, de si près.

Contre ses hanches, ses poings forment une boule de muscles compacte.

– Sora ne m'avait pas prévenu.

– Je me doute.

Est-ce qu'il avait prévu son coup ? Le gamin n'est pas perfide, loin de là. Mais il est filou, et elle ne peut s'empêcher de se demander ce qu'il a ou non calculé dans cette histoire. Quoi qu'il ai fait, il n'y aura pas mis de mauvaises intentions. Mais il l'a fait, et le problème se pose.

Elle a bien vu Riku, tout à l'heure. Son regard obsédé qui avalait la pièce.

– Je les surveille.

– Qu'en est-il de Vanitas ?

– Je te laisse deviner.

Xemnas s'enferme dans un silence pensif. La conscience déserte son regard, perdu dans le vide, alors qu'il joint ses doigts sous son visage.

Pour l'instant tout va bien, et rien ne dit que la situation va basculer. Après tout, Riku est un jeune homme droit et sérieux, de ce qu'elle a pu en voir. Et puis, il est lié à Sora. Une garantie que le petit brun a pris soin d'appliquer en amenant son ami ici. Sur le papier, ils ne risquent rien.

Et pourtant.

– Garde-les à l'œil.

Elle y comptait. Son silence pour seul acquiescement, elle attend que Xemnas poursuive.

– Vanitas sort à nouveau de sa chambre, de ce que je vois.

– Plus souvent qu'avant, oui.

Un mal pour un bien. Mais qui sait quel mal et que bien cela leur fera, sur le long terme ? Aqua soupire. Peut-être qu'elle s'inquiète en vain. Elle espère. Mais il y a cette petite voix, cet instinct qui porte l'avenir et la guide depuis tant d'années. Comme une lampe dans le noir qui défait les formes obscures. Cette lampe, elle le sait, lui ment rarement.

– Tu comptes prendre des mesures ? elle demande.

Le vampire abaisse ses épaules. Il redresse un visage dur et droit, pointé vers l'unique fenêtre de la pièce. La seule ouverture offerte sur la nuit qui les protège.

– Pour l'instant, contentons nous d'observer tout ça.

Soulagement. Déception. Les deux se mêlent étrangement, et elle sait que peu importe la réponse de Xemnas, elle aurait dû les affronter. Le problème demeure. Mais il n'enfle pas. C'est le plus important, sans doute.

Elle porte assez de culpabilité en elle.

– Bien.

Il y a encore tant à dire, mais elle sent que la conversation n'ira pas plus loin. Ce qui devait être dit a été dit. Pour le reste, il faudra revenir à la charge, encore et encore. Mais elle peut déjà s'atteler à la tâche. Et elle sait qui interroger, dans un premier temps.

– Tu peux disposer.

Sans le saluer, elle se tourne et s'éloigne, quitte la pièce qui abrite leur secret. Jette un coup d'œil dans le couloir, vieux réflexe de sa vie d'humaine qui ne l'a jamais quittée. Elle l'aurait entendu, si quelqu'un s'était glissé jusqu'ici pour les épier. Mais ça la prend.

Elle baisse les yeux.

La situation n'est pas reluisante. Mais il est encore temps d'y remédier.


Et voilà. Maintenant, faut que je me bouge le cul pour écrire la suite. Aah, j'ai hâte. Ça va être chouette en vrai, en plus je sais où je vais (un peu).

S'il y a des noms qui ne vous disent rien, c'est que ça vient des FF VII et XV. C'est pas très important, come c'est juste des perso en fond, mais voilà.

A plus !