La nuit fut étonnement calme et reposante, Harry n'avait pas dormi comme ça depuis longtemps. Peut-être que la fatigue du voyage ou le fait de changer un peu d'air , lui avait fait du bien. Tout le monde descendit déjeuner. Ils avaient rendez-vous ce matin chez Fernand Mondiel, l'ami d'Hagrid, et Hermione expliqua :
- Comme ça ne choque personne ici, nous allons louer des balais pour nous rendre chez Monsieur Mondiel.
C'est ainsi que les quatre sorciers s'envolèrent pour Chevigny-Saint-Sauveur, un village de la banlieue dijonnaise. En atterrissant, Drago Malefoy manqua une occasion de se taire :
- Saint-Sauveur ! Mais POTTER, ils ont nommé cette ville en ton honneur ! ricana-t-il.
Ron excédé, empoigna le Serpentard par le col et le souleva presque de terre :
- Ecoute-moi bien, toi, encore une remarque de ce genre et on rentre au bercail ! Je te signale qu'on est tous ici à cause de toi, alors ferme-la !
Il n'y avait rien à ajouter, sauf peut-être que Ron Weasley était fin prêt pour devenir professeur, vue l'autorité dont il faisait preuve. Les Mondiel habitaient une grande maison de style Moldu, à l'orée d'une petite forêt communale. Hermione frappa à la porte et une dame mince aux cheveux blancs leur ouvrit, les accueillant dans un anglais plus que correct :
- Entrez mes enfants, nous vous attendions. Je suis Clarisse, la femme de Fernand. Asseyez-vous je vais le chercher.
La vieille dame leur indiqua le salon et revint un instant plus tard, portant un plateau avec du thé, du café et des biscuits, et suivie par un vieil homme robuste, avec une courte barbe blanche. L'un de ses yeux était marron et l'autre était bleu très clair avec une toute petite pupille noire. Malefoy exposa donc sa requête et le vieil homme s'approcha pour étudier la marque sur l'avant-bras du jeune homme. Il la frôla des doigts, puis apposa la paume de sa main caleuse, et enfin pointa sa baguette magique dessus et prononça : « Ipsum revelare »... Rien. Puis il essaya : « Finite Incantatem », et Malefoy expliqua que cet anti-sort avait déjà été essayé, sans succès. Alors Mondiel continua son examen :
- Ta marque est-elle douloureuse, jeune homme ?
- Non.
- As-tu des visions, ou des pensées qui ne sont pas les tiennes ?
- Non.
- As-tu développé des pouvoirs particuliers depuis que tu as été marqué, ou parles-tu aux animaux ? Aux serpents ?
- Rien de tout ça...
Il s'adressa ensuite aux autres sorciers présents :
- Vous devriez peut-être nous laisser un instant … ?
- C'est bon, ils peuvent rester, je n'ai rien à cacher. Répondit Malefoy, qui craignait de rester seul avec ce sorcier.
- Alors dans ce cas … Etais-tu consentant quand Voldemort …
- Non ! Pas du tout !
- Il t'a lancé le sortilège de l'Imperium ?
- Non, c'est juste qu'il l'a fait devant mes parents, et d'autres Mangemorts. J'étais mort de peur, je n'ai pas pu dire non, il m'aurait tué si je m'y étais opposé.
Hermione trépignait, et osa demander à Mondiel :
- C'est un Horcruxe ?
- Non jeune fille, ce n'est pas un Horcruxe. Mais nous avons à faire à une sorte de magie noire tout aussi complexe. Voldemort a certainement voulu léguer une partie de ses pouvoirs pour les pérenniser, espérant que quelqu'un reprenne son œuvre …Elle semble en latence pour le moment.
Malefoy s'était rassis, et tenait sa tête entre ses mains. La figure de Ron s'était décomposée :
- Ca ne s'arrêtera donc jamais?! gémit-il.
- Je vais avoir besoin d'aide, je ne peux pas t'enlever cette marque seul, ajouta Mondiel. Je vais demander à Adrien, c'est un Auror qui est aussi shaman. Il a beaucoup voyagé et appris sur la magie noire.
Les quatre jeunes sorciers étaient atterrés. Fernand Mondiel ajouta à l'attention de Malefoy :
- Encore une chose, jeune homme. Pouvez-vous me montrer votre baguette s'il vous plaît ?
Malefoy regarda Harry, gêné. Le sorcier brun, qui détenait sa baguette depuis la bataille finale contre Voldemort, la tendit au vieil homme :
- C'est moi qui ai sa baguette, tenez.
- Mais qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Fernand, désabusé.
- C'est une baguette de chez Ollivander's ! De grande qualité ! C'est ma mère qui me l'a achetée, elle a coûté très cher !
- Cher ? Mon ami, ce n'est pas le sorcier qui choisit sa baguette ! C'est la baguette qui choisit son sorcier ! Vous allez me faire le plaisir de vous rendre à la boutique « Aux Milles Baguettes », passage Dauphine, à Dijon, et vous en procurer une qui vous convienne !
Pour détendre un peu l'atmosphère, Clarisse Mondiel proposa aux jeunes britanniques de rester déjeuner. Ils burent l'apéritif et en profitèrent pour discuter de choses un peu plus futiles :
- Alors, vous avez visité une peu Dijon ? demanda Fernand.
- Non pas encore, nous sommes arrivés hier, mais je suis déjà venue avec mes parents, je vais pouvoir leur faire une visite guidée ! dit fièrement Hermione.
Les quatre jeunes sorciers restèrent une bonne partie de l'après-midi chez le couple, puis retournèrent en ville, à la boutique de baguettes magiques. Marie, une sorcière d'une quarantaine d'années, les accueillit, ne parlant que français. L'échoppe proposait essentiellement des baguettes en bois de vigne car c'est ce qui convient le mieux aux sorciers bourguignons. Malefoy essaya plusieurs modèles sans succès.
- Mmm, un client difficile ! dit Marie, avec un petit sourire en coin.
Finalement, il se passa quelque chose quand le sorcier blond pris en main l'une des baguettes et Marie récita :
- 27,3 cm, rigide, bois d'ébène, corne de serpent cornu... Mmm, très intéressant !
Fier d'être à nouveau en possession d'une baguette bien à lui, Malefoy resta tout de même sensible et grognon toute la journée, suite à la visite chez Fernand Mondiel. Hermione proposa de leur montrer encore quelque chose :
- Il est temps de rentrer à l'auberge, mais avant, je voulais vous montrer le symbole de la ville de Dijon : la Chouette. Une légende dit que si l'on touche cette sculpture de la main gauche et que l'on fait un vœu, il sera exaucé.
- Mais où est-elle cette chouette, j'ai plein de vœux à faire moi ! s'écria Ron, les yeux pétillants.
- Dans la même rue que la Maison Millière, on y va ?
Arrivé devant la sculpture, Malefoy laissa exploser sa mauvaise humeur :
- C'est une chouette ? Mais ça ne ressemble à rien ! N'importe quoi franchement, c'est bien des croyances de Moldus ça !
La sculpture était en effet tellement polie par toutes ces mains la touchant qu'il était difficile de reconnaitre de quel animal il s'agissait.
- Ca ne coûte rien d'essayer ! dit Ron qui apposa sa main gauche sur la statuette en marmonnant des choses entre ses lèvres.
- Attention Ron, il ne faut pas que quelqu'un entende ton vœux, sinon, ça ne marche pas ! s'écria Hermione. Allez, à moi !
Puis ce fut au tour d'Harry, qui ne su pas quoi demander à la chouette. Il eut quelques vagues images au sujet du séduisant sorcier blond qui hantais ses pensées, mais rien de précis, il fit donc semblant de faire un vœux. Le beau blond en question, lui, était en train de bouder, comme d'habitude, et il leur tournait le dos.
Le petit groupe dîna à l'auberge puis chacun regagna ses pénates pour la nuit. Malefoy était au plus mal et n'avait pas décroché un mot durant le repas. Puis il s'était rué dans la salle de bain et Harry commençait à s'inquiéter, car l'eau de la douche coulait depuis plus de 20 minutes. Pris d'une peur panique, il décida d'aller vérifier si son camarade n'avait pas fait une bêtise. Malefoy s'était enfermé, il pris donc sa baguette et prononça « Alohomora » et la porte s'ouvrit avec un petit cliquetis. Harry jeta un œil à l'intérieur et fut soulagé de ne pas trouver le sorcier blond à terre dans une marre de sang, ou ce genre de chose. La parois de la douche laissait entrevoir le corps nu de Drago, malgré la buée produite par l'eau chaude. Le regard vert émeraude d'Harry s'attarda sur la courbe de sa chute de reins et le trouble étant trop grand, il referma la porte tout doucement et alla s'asseoir sur son lit pour respirer un grand coup. Quand Malefoy sortit de la salle de bain, torse nu, une serviette nouée à la taille, Harry le fixa et le blond demanda, interloqué :
- Quoi ?
- Rien.
Les deux garçons se glissèrent au lit, lampe de chevet allumée et Harry s'endormit en moins de deux. Une nuit apaisée, ponctuée de rêves un peu gênants, mais agréables... Après tout, ce n'était que des songes ...
