Chapitre édité! Merci à celleux qui m'ont inverti sur les problèmes de syntaxe dans les chapitres. Il y avait effectivement un problème, je m'en excuse. Il y a eu un énorme bug informatique entre le passage de mon ordinateur au site Fanfiction (alors que je m'étais relue à chaque fois!). Peut-être cela vient-il du traducteur automatique du site qui est en anglais.

Tout est normalement à jour. Encore merci de m'avoir averti! J'espère que la lecture sera plus agréable ainsi.

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Le premier weekend d'octobre, Hermione retrouva Harry aux Trois Balais, à l'occasion d'une sortie à Pré-au-Lard. Elle se jeta dans ses bras en le voyant l'attendre patiemment près de l'entrée, sentant l'émotion la saisir. C'était tellement étrange de faire de nouveau cavalier seul au quotidien… Elle n'avait pas réalisé que l'absence de ses deux meilleurs amis se ferait aussi cruellement ressentir. Il fallait qu'elle réapprenne à vivre avec elle-même.

"Tu m'as manqué, Harry" Souffla la jeune femme, ravalant tant bien que mal ses larmes.

Harry la serra de toutes ses forces, le visage dans ses cheveux, avant de l'embrasser affectueusement sur la joue en l'attirant dans le pub. Ils commandèrent deux Bièraubeurres auprès de Madame Rosmerta avant de s'installer dans un coin pour éviter les regards insistants. Partout où ils allaient en public, les gens se tournaient et murmuraient sur leur passage…

"Alors comment se passe ta formation d'Auror?" Demanda Hermione, sincèrement curieuse et le cœur plus léger qu'il ne l'avait été ces dernières semaines. Revoir les yeux verts de son meilleur ami la rassurait, encore plus en constatant qu'après toutes ces années, ils étaient enfin apaisés.

"Épuisante! Mais je ne regrette rien. Ma formation est presque finie, dans la mesure où je suis déjà… Formé au combat. L'armée de Dumbledore a forgé notre génération, c'est un plus pour moi" S'amusa-t-il avant de remercier Madame Rosmerta qui venait de déposer leur boisson devant eux. "Seul point noir au tableau: la paperasse. Tu croirais qu'avec la magie, toutes les procédures se feraient d'un coup de baguette. Mais les sorciers sont pires que les Moldus, Mione. Ils archivent absolument tout!" Soupira Harry, au grand amusement de la brune.

Harry n'avait jamais été très scolaire et son écriture était des plus affreuses, même après des années d'efforts de la part d'Hermione pour le forcer à être plus lisible. Ils échangèrent sur la formation d'Harry dans les détails, sur la reconstruction du Ministère, et sur qui était nommé à quel poste. Puis Harry regarda autour de lui, l'air soudain plus prudent. Il se pencha sur la table pour se rapprocher d'Hermione.

"Il y a des rumeurs… Les Aurors sont inquiets. Kingsley essaye de garder l'information secrète mais tout se sait au Ministère. Il y aurait bien plus de Mangemorts dans la nature que ce que le laissait penser la Gazette cet été."

Les sourcils froncés, Hermione se pencha à son tour en direction d'Harry, un horrible pressentiment nouant déjà ses tripes. "Plus de Mangemorts? C'est-à-dire, approximativement?"

"Officiellement? Pas plus d'une dizaine. Officieusement? Plus d'une quarantaine. Et je ne parle que de ceux britanniques. Il paraît que Voldemort avait des bataillons à l'étranger, et que ses partisans les auraient rejoint. La Russie, la Roumanie, la Bulgarie, la Suède… Le Ministère recrute des Aurors en masse pour contre-carrer cette résistance. Il paraît même qu'il souhaiterait écourter la formation. Ils ne veulent pas agir comme a pu le faire Cornelius Fudge en cinquième année, en réfutant la menace jusqu'au déni… Kingsley veut anticiper. Je pars pour la Roumanie dans trois semaines."

"Si tôt? Harry, tu termines à peine ta formation et tu te jettes dans la gueule du loup dès ta première mission?" S'indigna Hermione, redoutant de plus en plus cette conversation. "Si ces rumeurs sont vraies… Tu courrais un grave danger. Tu as une cible dans le dos, tu es Harry Potter! Tout Mangemort qui respire voudra ta peau bien plus que celle de n'importe quel autre Auror!"

Harry secoua doucement la tête, souriant d'un air qui se voulait rassurant. Mais il n'y croyait pas lui-même, c'était écrit sur son visage. Hermione soupira en s'enfonçant dans sa chaise. Elle n'en croyait pas ses oreilles. La guerre était terminée et voilà qu'Harry se mettait déjà en danger.

"Harry, nous étions des enfants et nous sommes partis en guerre. Nous avons sacrifié notre adolescence et sacrifié nos derniers souvenirs à Poudlard en partant à la recherche de ces Horcruxes. Tu ne penses pas qu'il serait temps de laisser faire les autres et de penser à toi avant tout? Ginny est-elle au courant? Ron?" poursuivit Hermione, croisant les bras sur sa poitrine.

En voyant le regard fuyant et l'air coupable sur le visage d'Harry, Hermione eut sa réponse, et celle-ci ne lui plut pas du tout. Elle vida sa Bièraubeurre d'un cul sec avant d'en commander une nouvelle.

"Il faut que tu leur en parles, surtout à Ginny. Elle a presque renoncé à sa dernière année à Poudlard parce qu'elle voulait commencer une nouvelle vie avec toi. Elle ne parle que de toi et de vos futurs projets. Elle t'a attendu suffisamment longtemps tout en te sachant constamment en danger. Tu ne peux pas lui faire ça, du moins pas sans lui en parler auparavant" insista Hermione.

Harry soupira en fermant les yeux, se triturant les doigts sur la table. Elle savait que c'était plus fort que lui et que tôt ou tard, il finirait par partir en Roumanie. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de le mettre en garde et de l'inviter à bien faire les choses. Bon sang, la guerre était finie depuis à peine cinq mois, et voilà que la menace était de nouveau à leur porte. Et si ces Mangemorts parvenaient à réellement s'organiser et à trouver un chef à leur tête suffisamment charismatique pour reprendre l'entreprise de Voldemort? Qu'adviendrait-il du monde des sorciers? Serait-il de nouveau en danger? Les Moldus seraient-ils de nouveau menacés d'extinction? Les razzias, les disparitions, les meurtres reprendraient-ils? Des enfants seraient-ils obligés de repartir à la guerre?

Perdue dans ses pensées, Hermione sursauta lorsque deux mains chaudes vinrent envelopper les siennes. Elle leva les yeux et croisa le regard chaleureux d'Harry.

"Je vais parler à Ginny. Et je te promets d'être prudent. Je veux simplement que mes proches vivent dans un monde en sécurité, où ils n'auront pas à craindre pour leur vie ni à avoir honte de leurs origines. Maintenant, parle-moi de ta nouvelle vie à Poudlard. Est-ce que les choses ont changé?" demanda-t-il, tenant toujours ses mains dans les siennes, ses pouces caressant leur dos.

Hermione pencha doucement la tête sur le côté, se remémorant ces quatre dernières semaines à Poudlard, avant d'esquisser un petit sourire.

"Pas tellement non. Le château a été reconstruit à l'identique, c'est assez impressionnant à voir. Les professeurs sont les mêmes, hormis le professeur de Défense contre les Forces du Mal qui est correct, Mr. Spruell. Slughorn a repris son poste, il s'occupe des Potions. McGonagall est directrice, ça c'est nouveau! Elle prend son rôle très à cœur. Hum… Retourner en cours m'avait manqué, ça ça n'a pas changé." Hermione jeta un regard noir à Harry qui s'était mis à ricaner.

"Je passe le plus clair de mon temps à la bibliothèque, à rattraper le retard que j'ai pu prendre l'année dernière." Elle ignora Harry qui marmonnait avec sarcasme sur son "retard" et se creusa la tête, cherchant à savoir ce qu'elle pouvait lui apprendre de plus. Des yeux gris surgirent derrière sa rétine sans qu'elle puisse contenir le souvenir. Hermione récupéra l'usage de ses mains en sentant brusquement son pouls battre à ses tempes. Elle desserra l'écharpe autour de son cou, pour venir la déposer sur ses genoux. Elle ne pouvait décemment pas parler de ses escapades nocturnes avec Malfoy à Harry. Il ne comprendrait pas, n'est-ce pas?

"Et… Tes cauchemars? Tu en fais toujours? Ils sont toujours aussi violents?" L'interrogea Harry d'une voix douce et prudente. Il savait qu'il s'aventurait en terrain miné mais il s'inquiétait sincèrement pour Hermione. Il n'oublierait jamais les terreurs nocturnes et les paralysies du sommeil qu'elle avait eues tout l'été, de toute évidence profondément meurtrie par la guerre, bien plus profondément que certains, et surtout bien plus profondément que quiconque aurait pu l'imaginer chez la grande et brillante Hermione Granger.

Cette dernière se crispa sur sa chaise et se refusa à croiser le regard de son meilleur ami. Oui, ses cauchemars étaient toujours présents et toujours aussi violents. Avait-elle envie d'en parler? Non, certainement pas. Ils lui volaient déjà ses nuits, elle ne voulait pas qu'ils lui volent ses journées.

Hermione s'éclaircit la gorge en affichant ce sourire soigné qu'elle maîtrisait de plus en plus.

"Non, ils sont de plus en plus rares. Je n'en ai pas fait depuis plus de deux semaines! Peut-être que Poudlard y est pour quelque chose? Tu peux demander à Ginny, je dors comme un loire, pas un bruit ne sort de ma bouche" S'amusa-t-elle, son sourire rassurant Harry qui se mit à sourire lui aussi, visiblement satisfait de sa réponse.

Après cela, ils discutèrent encore une heure avant d'aller se promener dans Pré-au-Lard, faisant une halte à Honeydukes pour faire quelques réserves de sucreries. Hermione regagna le château aux alentours de dix-huit heures, revigorée par cette après-midi passée avec son meilleur ami. L'évocation des Mangemorts l'avait inquiétée, mais elle avait su garder la face sans sombrer et se faire submerger par une crise de panique. Par-dessus tout, elle avait réussi à convaincre Harry de l'amélioration de son état mental. Elle n'avait pas besoin qu'il s'inquiète, encore moins à l'approche de son départ pour la Roumanie…

Ce soir-là, elle resta plus longtemps au souper avec ses amis, discutant avec Ginny de sa journée avec Harry. Il devait la voir le lendemain… Elle espérait qu'il tiendrait sa promesse en évoquant sa future mission à l'étranger.

Alors qu'elle savourait son dessert, Hermione sentit un regard peser sur elle. Levant la tête, elle s'aperçut que Malfoy la regardait de la table des Serpentards, comme perdu dans ses pensées. Ses sourcils étaient froncés et son visage fermé, comme d'ordinaire. Pansy se pencha sur lui pour souffler quelque chose dans son oreille, mais il n'en fit pas cas. C'était à se demander s'il l'avait entendu…

Hermione rompit leur contact visuel en entendant Seamus parler du blond, captivant l'attention de plusieurs Gryffondors. Elle tendit l'oreille sans toutefois rentrer dans la conversation.

"Son procès commence à la fin du mois. Il paraît que le Ministère veut en faire un exemple pour compenser la fuite de ces salauds de Mangemorts. Malfoy n'a aucune chance, il rôtira à Azkaban avant la fin de l'année, c'est moi qui vous le dis" ricana Seamus, suivi par plusieurs de ses camarades.

Fronçant les sourcils, Hermione ne put s'empêcher de leur jeter un regard noir en serrant le gobelet en métal qu'elle avait dans la main. Un exemple? Draco Malfoy ne méritait pas de servir d'exemple. Il n'était qu'un adolescent qui avait été la marionnette d'un sorcier sociopathe, sacrifié par les mauvais choix de ses propres parents. Où était la justice là-dedans? Malfoy n'avait officiellement commis aucun crime punissable devant le Magenmagot.

"Tout va bien, Hermione?" Souffla Ginny à ses côtés, les yeux baissés sur le gobelet qu'elle tenait toujours dans la main.

Hermione sursauta en se rendant compte que sa magie avait agi en miroir de sa colère, faisant bouillonner l'eau dans son verre. Clignant des yeux, elle le relâcha et s'éclaircit la gorge.

"Je vais bien, Gin'. Ces commérages me donnent juste la nausée" répondit-elle d'une voix qu'elle voulut neutre mais où transparaissait la colère.

Parvati qui se trouvait à la droite de Ginny, se pencha sur les deux jeunes femmes les lèvres pincées, ayant parfaitement suivi ce qu'il venait de se passer. "Tu as peut-être quelque chose à dire, Hermione?" demanda-t-elle d'un ton dégoulinant de sarcasme qui ne manqua pas d'attirer l'attention.

D'un coup, une tension palpable s'installa à la table des Gryffondors qui tendirent tous l'oreille. Hermione ne se démonta pas – il lui en fallait plus – et se tourna vers Parvati en affichant un faux sourire.

"Oh, je ne sais pas. Je songeais à quel point notre maison était tombée bien bas avec tous ces commérages, et les uns qui se réjouissent du malheur des autres. La paix si durement acquise est belle, n'est-ce pas?" Minauda-t-elle d'un ton faussement guilleret, son sourire devenu glacial.

Parvati plissa les yeux et Seamus se leva violemment, bousculant le banc sur lequel il se trouvait et renversant un pichet qui se trouvait près de lui. Son regard était meurtrier lorsqu'il s'approcha en deux grandes enjambées pour venir surplomber Hermione de toute sa hauteur.

"Tu ferais mieux de dire les choses clairement plutôt que de passer par des sous-entendus, Granger. Tu sonnes presque comme une Serpentarde, avec ses tours et ses détours" cracha-t-il avec dégoût.

La brune se leva à son tour, faisant face à Seamus, l'air se réifiant alors qu'ils se tenaient à quelques centimètres l'un de l'autre.

"Tu veux que je sois claire? Très bien, Seamus. Je te trouve de plus en plus pathétique à mesure que les jours passent, à dévorer le moindre article écrit par cette maudite Rita Skeeter qui ne pense qu'au profit et à déformer la moindre vérité à son avantage. Je te trouve pathétique de croire à ses mensonges après tout le mal qu'elle a pu faire à Harry, simplement parce que cela t'arrange. Je trouve pathétique de t'entendre cracher à longueur de journée sur le dos de Malfoy qui s'est montré bien plus cordial en une journée que toi en un mois!" Rugit la lionne, les poings serrés le long de son corps, ignorant les professeurs qui s'étaient levés de leur chaise au fond de la salle, ignorant également les centaines de regards vrillés sur eux à mesure que le silence s'était installé à toutes les tables. "Les vrais Mangemorts, ceux qui représentent encore un danger pour notre communauté, sont à des milliers de kilomètres d'ici, à se terrer comme des rats! Ceux qui sont restés seront jugés par un tribunal, au passage biaisé par cette guerre. Tu n'as pas besoin d'en rajouter des couches et des couches à chaque heure de la journée, du matin jusqu'au soir, Seamus! J'en ai assez de te voir agir et parler comme si nous étions encore en troisième année alors que nous avons survécu à une guerre, par Merlin! Tu n'honores pas tous ces morts en répandant ton venin et ta haine à chaque coin de couloir, tu leur fais honte!" Hurla-t-elle, s'interrompant seulement lorsque Seamus, rouge de colère, de rage ou de honte, elle ne savait pas, lui décolla une gifle qui lui dévissa la tête.

Toute la salle poussa une exclamation de surprise, retenant son souffle, figée sur place par la violence de ce qu'il passait, et sonnée par ce qu'elle impliquait. Personne ne sembla prêter attention au jeune homme qui s'était brusquement levé au bruit de la gifle, et personne ne lui prêta attention lorsqu'il traversa la salle dans de longues et gracieuses enjambées, tremblant littéralement de colère. Hermione le vit arriver dans son champ de vision, la tête encore tournée sur le côté sous la force de l'impact. Elle croisa brièvement son regard, et sut ce qu'il s'apprêtait à faire sans savoir comment elle avait saisi l'information.

"Malefoy, non!" Cria-t-elle, se jetant sur lui au même moment où il se jetait sur Seamus, le poing en l'air, prêt à lui démolir le visage. Ses mains percutèrent son torse, l'arrêtant dans son élan, le faisant chanceler d'un pas en arrière. Il était livide, les yeux plus orageux qu'elle ne les avait jamais vus. Son poing était serré si fort qu'elle pouvait presque entendre ses phalanges craquer. Elle pouvait sentir les martèlements furieux de son cœur sous ses doigts.

"Non" répéta-t-elle plus calmement, et le blond baissa les yeux sur elle, toujours tremblant de colère. Ses prunelles vacillèrent quand elles captèrent la rougeur qui s'épanouissait sur la joue d'Hermione, la trace de la main de Seamus apparaissant peu à peu. Il lâcha un souffle tremblant, dépassé par la pulsion meurtrière qui faisait pulser son sang. Il voulait défigurer ce stupide Gryffondor qui médisait sur lui depuis plus d'un mois, geignant dans son oreille dès que l'occasion se présentait. Et voilà qu'il frappait l'une de ses propres camarades, Hermione Granger… Il n'aurait pas pu tomber plus bas à ses yeux.

Draco pouvait supporter les railleries, les insultes et les menaces de mort au coin du couloir. Mais ce à quoi il venait d'assister… Cela le révoltait, lui donnait la nausée, lui donnait envie de taper dans un mur à s'en faire saigner les mains. La douleur était si sourde dans sa poitrine qu'il avait l'impression d'avoir reçu la gifle à la place de la jeune femme.

Hermione déplaça l'une de ses mains pour la déposer sur le bras de Draco et abaisser lentement son poing. Elle retint un soupir de soulagement en voyant que ce dernier ne résistait pas. Sa colère était si forte qu'elle faisait presque grésiller l'air qui les entourait. Tout le monde la ressentait, et personne n'osait bouger. Seamus avait reculé de plusieurs pas. Ginny regardait la scène avec fascination. Et les autres étaient tout bonnement choqués, incapables d'intervenir. Deux Gryffondors qui s'accrichaient aussi rudement, ça n'arrivait pas tous les jours. Un Draco Malfoy qui en venait aux mains, c'était encore plus rare. Il était toujours si composé, et laissait la violence à Crabbe et Goyle. Il ne s'était jamais montré brutal, encore moins aussi publiquement. Si son père le voyait…

"Il n'en vaut pas la peine" souffla Hermione, jetant un regard à la fois furieux, blessé et dégoûté à Seamus qui les regardait tour à tour, comme s'il s'était pris un Souafle en pleine tête. Draco était surveillé de près par le Ministère et McGonagall. La moindre incartade pouvait lui être fatale et se retourner contre lui au procès. Hermione ne savait pas pourquoi, mais la simple pensée lui retournait l'estomac. "Allons-nous en" ajouta-t-elle, l'air presque suppliant. Elle ne supportait soudain plus le poids de tous ces regards scrutateurs, décortiquant le moindre de leur fait et geste. L'école parlerait de ce qui était en train de se produire pendant des jours.

Draco sembla se détendre légèrement sous ses doigts même si son visage était toujours aussi dur, et son regard toujours aussi orageux. Il serra la mâchoire si fort qu'Hermione l'entendit craquer au-dessus d'elle. "Tu as de la chance que le Ministère m'ait dans le collimateur, Finnigan. Je me serais fait un plaisir de te montrer de quoi sont capables les Mangemorts que tu aimes tant évoquer" cracha-t-il finalement, tirant une once de satisfaction en voyant le Gryffondor pâlir sous la menace.

Hermione leva les yeux au ciel, sachant pertinemment que Draco bluffait, et le poussa en arrière jusqu'à ce qu'il rompe le contact visuel avec Seamus. Il se détourna, prêt à quitter la Grande Salle. C'était sans compter sur ce stupide Gryffondor qui attrapa Hermione par le poignet, partagé entre la culpabilité et la révulsion face à ce qu'il voyait.

"Hermione, attends. Tu ne vas tout de même pas partir avec lui? C'est Malfoy… " souffla-t-il, abasourdi.

Hermione contempla la main qui enserrait son poignet avec tellement d'insistance et de colère que son camarade finit par la relâcher. Lorsqu'elle releva la tête pour le regarder, ses yeux étaient implacables et déterminés.

"Que les choses soient claires: ne m'adresse pas la parole autrement que pour t'excuser, Seamus. En attendant, je me passerais de tes commentaires sur mes fréquentations. On croirait pouvoir faire confiance à ses propres amis mais il faut savoir ouvrir les yeux quand ceux-ci se mettent à lever la main sur toi" déclara-t-elle d'un ton sans appel avant de tirer Malfoy par le poignet et de quitter la salle toujours aussi prostrée.

Seamus se tourna vers Ginny.

"Que vient-il de se passer?" demanda-t-il la bouche ouverte.

La rouquine se tourna vers lui, haussant les épaules en disant: "Je n'en ai pas la moindre idée."

Elle s'approcha jusqu'à venir se planter devant lui.

"Mais que les choses soient claires avec moi aussi: ne gifle plus jamais ma meilleure amie" siffla-t-elle avant d'aplatir violemment sa main contre la joue du jeune homme.

Elle quitta la salle dans une tornade rousse, la tête haute et l'air satisfait.

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"Tu peux me lâcher, Granger" grogna Draco après qu'ils aient traversé des dizaines de couloirs et monter plusieurs escaliers.

"Ah! Tu me parles maintenant?" S'exclama la brune, lâchant enfin la manche du jeune homme pour venir croiser les bras sur sa poitrine.

L'adrénaline retombée, elle fulminait à présent sur place. Cette brute, ce rustre, ce prétendu ami… Elle ne savait pas ce qui l'avait arrêté de lui rendre la pareille. Elle savait que Seamus était impulsif. Et ils n'avaient jamais été bien proches si ce n'était le fait qu'ils soient dans la même maison… Mais de là à en venir aux mains? N'étaient-ils pas censés faire partie de la même famille? Ils avaient combattu ensemble! A l'humiliation s'ajoutait le sentiment d'être trahie.

Hermione refoula les larmes qui menaçaient de monter, et se força à bloquer les dernières images qu'elle avait eues de la Grande Salle. Tous ces regards braqués sur elle, inquisiteurs, jugeant sans pitié, pénétrant son intimité et ses défenses… Elle inspira de grandes goulées d'air en allant et venant dans le couloir, la tête traversée par des centaines d'informations qui entraient si violemment en collision les unes avec les autres qu'elles lui déclenchèrent une migraine aiguë en quelques secondes.

Hermione n'avait même pas conscience de la voix qui l'appelait par son nom. Elle n'avait plus conscience de la personne qui se tenait à ses côtés. Elle marchait quelques mètres, revenant sur ses pas, dans un sens, puis dans l'autre, l'air maniaque et le souffle de plus en plus court. Elle se noyait, s'enfonçant de plus en plus profondément, jusqu'à ce que…

"Granger!" L'appela Draco plus fermement, s'emparant de ses épaules pour la forcer à le regarder.

Dans un sursaut, Hermione sortit de sa transe et se noya cette fois-ci dans un océan gris, à la fois familier et tellement étranger. Son souffle trébucha avant de revenir de manière plus régulière dans ses poumons. Elle expira un souffle tremblant.

"Respire. Ils ne sont plus là pour te regarder. On est que tous les deux." Pause. "Finnigan n'est qu'un idiot. Je peux y retourner pour finir ce que j'avais commencé si tu veux."

Hermione lâcha un rire sans joie et secoua doucement la tête en fermant les yeux. Sa joue la chauffait affreusement maintenant qu'elle y faisait attention… Ce crétin de Seamus.

"Non. Comme je l'ai déjà dit, il n'en vaut pas la peine, et cela lui ferait trop plaisir de te discréditer à quelques semaines de ton procès."

Draco ne répondit pas mais quelque chose passa dans son regard, une émotion qu'Hermione ne vit pas et qu'elle n'aurait de toute manière pas su identifier. Cet homme était si énigmatique… Elle ne connaissait personne de plus pudique avec ses émotions, et le peu qu'elle voyait était recouvert de couches indéchiffrables. Draco Malfoy était le seul livre qu'elle ne parvenait pas à lire.

Hermione ouvrit les yeux et sourit lentement, l'air plus détendu. "Tu daignes enfin entendre ma voix?" demanda-t-elle avec amusement, l'atmosphère de nouveau respirable. Sa crise avait reculée et n'était plus qu'un mauvais souvenir.

Draco s'éclaircit la gorge en la relâchant enfin, et se redressa, tentant de reprendre contenance. Il leva les yeux au ciel, faussement agacé. "Disons que je me suis fait une raison. Tu ne peux de toute évidence pas te taire plus de deux minutes en cours… J'entends presque tes pensées hurler à la bibliothèque. Et tu as visiblement développé une passion dans le concours de celui qui crie le plus fort avec Finnigan. Alors oui… Je crains devoir entendre le son de ta voix malgré les besoins de ma santé mentale" soupira-t-il, l'air dramatique.

Hermione gloussa de nouveau, cette fois-ci l'air sincère, et renversa la tête en arrière, relâchant une bonne fois pour toute la tension qui tenaillait son corps. Un muscle tressauta dans la joue de Malfoy qui se retenait de sourire. Ce son chantant, il aurait aimé l'entendre dans son sommeil à la place des cris et des suppliques... Puis il la vit, à la lumière du couloir, une minuscule entaille sur la joue d'Hermione. Draco se rappela que Seamus portait une chevalière, sans doute un bijou de famille. Elle avait éraflée la peau de la jeune femme et provoquée un petit saignement.

Sans réfléchir à ce qu'il faisait, Draco s'empara du menton d'Hermione et sortit sa baguette. Il souffla d'une voix inaudible, Episkey. La blessure disparut quasi instantanément, laissant les deux jeunes gens comme suspendus dans le temps, au contact physique l'un de l'autre. Hermione sentit son visage chauffer et Draco se demanda quelle pulsion étrange l'avait pris. Ils se séparèrent au même moment, comme s'ils s'étaient brûlés.

Hermione effleura sa joue, la sensation de tiraillement ayant disparu, et s'éclaircit la gorge pour pouvoir parler sans que sa voix ne craque de façon ridicule. "Hum… Merci" tenta-t-elle.

Au loin, ils entendirent des voix se diriger dans leur direction. Le repas avait dû se finir et les couche-tôt se dirigeaient vers leur dortoir pour aller se blottir dans leur lit. Ils arriveraient dans le couloir d'une minute à l'autre. Hermione et Draco échangèrent un regard.

"Rendez-vous près des toilettes du troisième étage, à côté de la salle d'Arithmancie, après le début du couvre-feu?" débita Hermione à toute vitesse, persuadée que si elle avait attendu une seconde de plus, elle n'aurait jamais osé proposer à Draco de la rejoindre plus tard dans la soirée.

Le concerné la regarda longuement, sans rien laisser paraître. Elle chercha à voir s'il était surpris ou révulsé par sa proposition. Il la regarda si longuement qu'Hermione se demanda s'il l'avait bien comprise, s'il la prenait pour une folle ou bien s'il songeait à accepter. Il finit par hocher simplement la tête avant de la contourner et de disparaître au coin du couloir, rejoignant les cachots où résidaient les Serpentards. Hermione fronça les sourcils. Etait-ce un oui? Poussant un soupir, la lionne secoua la tête avant de rejoindre elle aussi son dortoir. De toute manière, cette soirée ne pouvait pas être pire que ce qu'elle était déjà…