Elie est en colère en descendant du salon privé. Elle n'aime pas les brûlures biotiques. Pas les fouets. Quelque part, en elle, les fouets sont terrifiants. Et elle ne veut plus avoir peur. Elle prend deux pilules rouges, une pilule noire, et se dirige vers le bar. Kalena l'accueille avec un sourire et un clin d'œil. Elle réciproque, sans la chaleur. Elle boit son whisky, sirote ses bières. Essaie de tamiser sa colère. Mais rien n'y fait. Elle a une mission à accomplir, qui pourrait l'aider dans sa colère. Kelly. Elle regarde en haut, vers l'antre d'Aria. N'a pas envie de retourner là-haut, pas tout de suite. Alors elle va vers Bray, et lui demande l'adresse de la psy. Il n'essaie même pas de cacher le fait qu'il demande à Aria s'il peut la lui donner. Elle accepte et son corps vibre à l'idée d'accomplir une mission.

Dans la rue, elle marche vite, finit par tenir son chapeau car il tombe constamment. Quand elle arrive devant l'appartement de Kelly, elle essaie de sourire. C'est un rictus. Elle ne peut rien fournir de mieux, tant pis. Elle essaie de ne pas trembler mais abandonne aussi. Elle sonne. Au bout de quatre temps, elle voit apparaître le visage de la psychologue. Elle paraît surprise de la voir. Elie convoque sa voix la plus douce et demande :

« Kelly, enfin je vous retrouve. Est-ce que vous pouvez m'ouvrir s'il vous plaît ?

- Shepard ? Je… Je suis occupée. On peut s'appeler si vous voulez, plus tard ?

Sa voix tremble, son regard est fuyant, mensonge flagrant, spécialiste, pense Elie. Elle lance un programme de contournement de la sécurité en même temps qu'elle essaie de la convaincre d'ouvrir.

- Je ne serai pas longue. C'est juste histoire de bavarder un peu. Ouvrez.

- Commandant, je vais raccrocher, j'ai beaucoup à faire, désolée.

- Ouvrez ! » hurle Elie en tapant la porte.

Son programme achève sa mission et la porte s'ouvre, juste à temps pour voir une Kelly terrifiée qui essayait d'utiliser son omni. Elie est sur la jeune femme en une seconde et broie l'omni juste après en le jetant biotiquement contre le mur. La rouquine est absolument terrifiée et Elie se rend compte qu'elle aime cette odeur. La peur mélangée à l'ézo. Elle attrape la jeune femme et la plaque contre un des murs. Se ravise, la jette à terre et se dirige lentement vers la porte. Là, sous le regard horrifié de Kelly, elle verrouille le sas, se retourne vers elle et lui offre son plus beau sourire. Un sourire de prédateur.

Dans un hôtel pas trop miteux d'Oméga, Liara interrompt ses plans pour piéger Shepard quand elle voit la provenance de la plus récente de ses notifications, l'agent chargé de surveiller Kelly. Quand elle lit ce qu'il dit, elle secoue violemment Miranda, qui dormait depuis quelques minutes après une nuit à chercher des solutions à des problèmes infinis. Liara reçoit presque un coup de poing de l'humaine avant que la situation se clarifie pour Miranda.

« Désolée, mais il faut qu'on bouge. C'est une urgence.

- Shepard ? Elle va bien ?

- C'est Kelly, Shepard s'est enfermée chez elle, avec elle.

- Quoi ? Mais pour quoi faire ?

- Kelly avait promis à Shepard de ne parler à personne de sa présence ici… Et tu es arrivée… Mais c'est peut-être notre chance. On n'a pas de suppresseurs biotiques, mais à nous deux, on doit pouvoir la maîtriser un moment.

- Ok, alors, qu'est-ce qu'on attend ? » Dit Miranda en sautant du lit.

Les deux femmes sortent et prennent les chemins les moins peuplés pour rejoindre l'appartement de Kelly. Quand elles arrivent devant la porte, elles comprennent qu'elles doivent faire vite. A l'intérieur, des cris.

Kelly n'a jamais vu personne vibrer autant de colère que Shepard à ce moment là. Son œil est si brillant qu'elle doit tourner la tête pour ne pas être aveuglée. Elle regarde Shepard mettre calmement son chapeau sur la tête, lui sourire sans aucune gentillesse puis se rapprocher d'elle. Elle essaie de reculer mais se retrouve vite contre le mur, le spectre à quelques centimètres d'elle. Il faut qu'elle parle, sinon…

« Shepard… S'il vous plaît. Calmez-vous, on va parler, c'est d'accord.

- Mensonge.

La voix du spectre est si grave qu'elle semble sortir directement de sa cage thoracique.

- Pourquoi êtes-vous en colère Shepard ?

- Je vous avais dit de ne rien dire. De ne pas dire que j'étais là et après j'apprends que Miranda est là ? Pourquoi m'avoir trahie, Chambers ?

- Je ne voulais pas vous trahir, Commandant, je voulais, je veux vous aider. Vous avez besoin d'aide.

- Arrêtez avec le « Commandant », je ne commande rien ! Hurle-t-elle en même temps qu'un poing frappe le mur à quelques centimètres de la tête de Kelly. Elie. Appelez-moi Elie.

- D'accord, Elie. Est-ce qu'on pourrait aller s'asseoir et discuter tranquillement ?

- Sournoise petite fouine. Vous ne bougez pas d'ici. Où est Miranda ?

- Elle est repartie, hier je crois.

- Mensonge. Chambers, que des mensonges.

- Si elle est encore là, alors je l'ignore, Com… Elie. Je vous assure.

Kelly n'a pas le temps de constater le mouvement qu'une main se retrouve autour de son cou et commence à serrer. Et le spectre se met à hurler :

- Vous étiez sensée être mon alliée, la seule ici. Une douce personne. Honnête. Vous aussi, la guerre vous a changée. Regardez les monstres que nous devenons tous. Ici c'est un endroit de monstres. Vous n'auriez pas du être là. Vous n'auriez pas du être dans la base des Récolteurs, ni à la Citadelle et ces putains de Moissonneurs. Mais c'est comme ça, les bonnes choses ont une fin. Vous ne devriez pas être là. Oméga, c'est pour les monstres, pour ça que c'est si près de l'Oméga 4, pour les monstres, un saut et hop on se fait liquéfier. Ha non, les monstres ne meurent pas, ils tuent. En permanence, ils tuent. Ils torturent, ils…

Le bruit de l'ouverture de la porte interrompt Elie, qui jette, comme si c'était un pantin, Kelly contre le mur du fond de la pièce et sort son pistolet. Elle charge le premier assaillant, une femme aux cheveux marrons, sans armure mais aux biotiques chargés. La femme est projetée contre le mur. Elie allait tirer quand elle remarque le second assaillant, en armure celui-ci. Elle plante une nova surpuissante, qui renvoie le deuxième ennemi à l'extérieur. Elle va pour reverrouiller la porte quand la première femme lui donne un coup de poing renforcé par les biotiques dans la mâchoire. Rien de méchant pour Elie. Elle charge à nouveau la biotique et cette fois utilise son poids pour l'écraser contre le mur. Alors qu'elle allait placer ses mains pour casser la nuque de l'ennemie, celle-ci hurle :

« Shepard ! C'est moi !

Elle connaît cette voix. Elle s'arrête dans son élan et regarde convenablement la femme qui commence à lever les mains devant elle, en signe de reddition.

- Miranda ? Kelly !?

La rage est revenue d'un coup et elle retourne vers Kelly, qui est au sol, dans l'autre bout de la pièce, blessée. Elle l'a saisie par le menton, la soulève et se place derrière elle. Elle montre Miranda de sa main gauche et demande :

- Alors, c'est quoi, ça, Chambers ? Expliquez-vous ou je broie votre mâchoire avec mes doigts.

Pour l'exemple, elle sert un peu plus fort. Les gémissements de douleurs de la psychologue provoquent en Elie des réactions contradictoires. Du plaisir, celui du combat, de la violence. Et puis de la honte et de la haine de soi, et Elie ne comprend pas ça.

De l'autre côté, Miranda observe la scène, mains levées, sans bouger. Elle est terrifiée pour Kelly. La force de Shepard est phénoménal. Elle regarde rapidement vers la porte et voit que Liara observe discrètement, espérant se faire oublier. Mais c'est compter sans Shepard, qui se remet à hurler, d'un coup :

- Celle qu'est dehors, entrez et verrouillez derrière vous. Ensuite vous allez à côté de votre copine là-bas. Kelly, je vous écoute. Vous m'expliquez pourquoi Miranda et une asari ont décidé de m'attaquer alors qu'on discutait ?

- Shep...Elie, on ne discutait pas, vous hurliez. Vous hurlez toujours.

La mercenaire observe les faits et gestes de l'asari qui a obéi à ses ordres et s'est placée près de Miranda, mains levées également.

- Vous, vous êtes l'asari de… je ne sais plus quand. Celle qui me suivait. Qui êtes-vous ?

L'asari commence à lever les mains vers son casque, ce qui incite Elie à placer sa main gauche en position pour briser la nuque de Kelly. L'asari comprend le message et ne bouge plus.

- Shepard, c'est moi. C'est Liara.

Les deux biotiques voient alors une tempête d'émotions se jouer sur le visage de la mercenaire. Une grande confusion, un peu d'incrédulité, du doute et la colère reprend enfin le dessus. Elle agrippe l'arrière du crâne de Kelly avec une main et son menton de l'autre et hurle :

- Non. Tu...Vous ne devez pas être là. C'est la place des monstres. Vous ne devez pas être là. La corruption. Les monstres. Vous ne devez pas être là où sont les monstres. Allez-vous-en, Liara.

Le sang de Liara se glace quand elle entend la voix de sa femme la vouvoyer, la mettre à distance. L'asari essaie de chercher dans la tension, dans les biotiques, ce lien qu'elle ne retrouve pas, ce qui la panique.

- Laisse partir Kelly, Shepard, tu lui fais mal. Elle n'y est pour rien dans tout ça, répond Liara, de sa voix la plus douce.

- Pour rien ? Pour rien ? Elle m'a trahie. Elle est ici depuis trop longtemps. Si on est pas un monstre, ici, on le devient.

- Vouloir aider, c'est trahir, Shepard ?

- Ne m'appelez pas Shepard, asari, crache Elie.

- Et à qui je parle, alors ?

- A personne. Vous et Miranda, vous partez d'Oméga. Je finis de parler avec Kelly. Et tout le monde sera content.

- Moi je ne le serai pas, Eléanor. Tu sais très bien pourquoi, réplique Liara, tout doucement.

- Ne m'appelez pas comme ça je vous dis, maudit alien.

Pour la deuxième fois, Liara retient sa nausée en entendant la voix de Shepard l'appeler d'une façon si froide, si injurieuse.

- Alors dis moi à qui je parle. Je veux juste parler. S'il te plaît. Tu sais qui je suis. Tu sais qui nous sommes, toutes, ici. Nous sommes tes amies. Tes alliées. On ne va rien te faire que tu ne veuilles pas. Relâche juste Kelly. Laisse-moi la soigner...

Elie reste silencieuse longtemps, sa main gauche est douloureuse, alors elle détend sa prise sur Kelly, et essaie d'attraper une pilule noire, dans sa poche, avec ses trois doigts, mais tremble trop. Elle tend la boîte à Chambers et lui dit :

- Kelly, prenez moi une pilule et donnez la moi.

LA psychologue obéit, terrifiée, tuméfiée. Elie avale la pilule, attend un moment. Les deux biotiques observent la scène, cherchant un moyen de désamorcer la situation. Mais c'est Kelly qui finit par parler :

- Elle s'appelle Elie, Liara. Elie Whelps.

- Vous ai-je autorisé à parler, Chambers ? Grogne Elie en lui tordant le visage.

- Elie, stop. Pourquoi est-ce que tu fais ça ? l'interrompt Miranda.

- Elle… Vous… Partez. Le problème est simple. Vous partez. Vous pouvez prendre Kelly avec vous, mais vous quittez cette station. Il n'y a rien ici pour vous.

- Et il y a quelque chose ici pour toi ?

- C'est un repaire de monstres.

- Et tu penses que tu en es un ? Pourquoi ? Demande Miranda, constatant qu'Elie se détend un peu et que Kelly peut bouger la tête un peu plus librement.

- Évidemment. Hypocrite, si vous dites le contraire, Miranda. Vous le savez très bien.

- Non, je ne te connais pas, Elie, je connais Shepard.

- Bonnet-blanc, blanc-bonnet, Miranda. Vous jouez sur les mots. Les noms. Et mes nerfs. Peu importe. Il faut que vous partiez maintenant.

Liara et Miranda voit les spasmes de la main gauche et au niveau de l'œil gris. Quelque chose ne va pas et Elie semble avoir peur de ça.

- Je ne comprends pas de quoi on parle, ici, Elie. Pourquoi sommes-nous dans cette situation ?

- Parce que vous n'êtes pas à votre place. Il faut que je fasse quoi pour que vous compreniez ?

- Elie, quand j'étais à Cerberus, j'ai assassiné des gens pour l'organisation. Cela ne fait pas de moi un monstre ?

- Non, ça fait de vous l'employée du mois ! Un assassinat… Si c'était que ça, tout le monde ici, à part peut-être Kelly, vous avez déjà assassiné Kelly ? on serait tous des monstres. Mais c'est pas que ça, Miranda.

Liara frémit en entendant ça. Si Elie a dit ça, ça veut dire, que d'une façon ou d'une autre Eléanor sait qu'elle a assassiné des gens, et pire. Et Liara ne comprend pas comment ça peut être possible.

- Alors, dis-nous, c'est quoi d'être un monstre ? Demande Miranda, doucement.

- Tout à l'heure, j'ai torturé un homme jusqu'à en jouir, Lawson.

Le regard d'Elie, son sourire, sa main doucement posé sur le cou de Kelly et juste cette phrase, Liara ne peut pas supporter plus et se tourne, jetant son casque pour vomir une nouvelle fois.

- Vous voyez, Lawson, c'est de ça que je parle. Ça c'est une réaction normale face à un monstre. Liara, vous voulez savoir ce que Shepard a fait quand elle avait treize ans ? Un des membres du gang cherchait à entrer dans son lit, qui n'était qu'un bout de carton dans un coin, d'ailleurs, alors un soir, elle l'a attiré dehors, vers le dock. Là, elle lui a dit de se déshabiller, le con, il a obéi. Une fois nu, elle s'est assise sur son torse, dos à son visage. Il n'avait pas encore vu le couteau. Elle a saisi son…

- Ça suffit… Par pitié, monstre, tais-toi…

Liara est si pâle, elle semble prête à s'évanouir. Cette vision crée quelque chose dans son ventre qu'Elie cherche à ignorer. Elle n'arrive pas à bien penser. C'est le bordel dans sa tête, comme si deux pensées fusaient en même temps, créant une cacophonie dans son crâne.

- Kelly, attrapez la boîte au niveau de votre hanche gauche, et donnez moi deux trucs.

Kelly obéit, avec réluctance, en cache une dans son autre main.

- C'est quoi, ces pilules, Elie ? Demande Miranda, alors qu'elle aide Liara à tenir debout.

- C'est pour enlever les douleurs. Pour aller mieux.

- Et tu crois que ça marche ? Tu n'as pas l'air d'aller très bien là…

- La ferme, Frankenstein. Vous quittez Oméga, ou je tue Kelly. On a assez perdu de temps, je perds patience.

Miranda se retient de demander pourquoi Kelly est toujours en vie si Elie est un monstre, mais elle est beaucoup trop instable. Alors elle continue à chercher, à creuser, pour voir si elle peut trouver Shepard, quelque part.

- Tu sais ce qu'il y a dedans, au moins ?

- Je suis pas chimiste, même quand je dealais, la plupart du temps, je savais pas ce que je vendais…

- Shepard ?

- Qu'est-ce que j'ai dit avec ce nom ?

- J'avoue que je ne comprends pas. Tu es Shepard, ou Elie ?

- Shepard est morte il y longtemps. Plusieurs jours de ça. Quand j'ai eu mon chapeau, je crois. Où à la fin de la guerre. C'était un monstre de toute façon. Un vieux fantôme usé. Laissez les fantômes tranquilles. Déjà qu'ils ne peuvent pas pleurer...

Liara s'effondre. Elle n'arrive plus à tenir sur ses jambes. Elle observe cette chose, qui a la voix, la forme de quelqu'un de tellement différent…

- Pourquoi les fantômes ne peuvent pas pleurer? demande Kelly, d'un coup, surprenant Elie qui la tient juste d'un bras sur son torse, maintenant.

- Les larmes gèlent. C'est quoi cette question ?

- Pourquoi tu dis que Shepard est morte alors que tu utilises son corps, que tu as ses souvenirs et ses compétences ? Continue Kelly.

- Parce qu'elle m'a laissée m'installer. Ou le fameux « Ta gueule c'est magique » ! J'en sais rien, c'est vous la psy, petite rouquine...

Miranda se rapproche, tout doucement, ayant senti un glissement dans l'humeur d'Elie, sûrement du à l'ingestion des gélules.

- Ta dissociation Elie, est du et aux traumatismes, et à l'excès de substances. Tu ne voudrais pas essayer d'arrêter ces drogues, pour voir si tu ne vas pas aller naturellement mieux ? Demande Kelly.

Aucune des trois personnes présentes ne peut appréhender la vitesse à laquelle Elie est allée récupérer sa dague dans sa ceinture. Elle attrape le bras gauche de Kelly, avec sa main droite, toujours par derrière la psychologue et approche la lame de la chair, doucement, de son autre main.

- Dites-moi, Kelly, vous voulez tester un truc ? Je vous enlève la peau de toute la main, vous bousille les nerfs au passage, et ensuite je fais la même chose avec une bonne partie de votre bras ? Ha et je prends deux doigts en souvenirs ? On tente ? Et après vous vivez d'amour et d'eau fraîche.

- Je ne nie pas ta douleur, Elie. Il y a des moyens de te soigner différemment.

- Oui, Elie, ceux qui t'ont opérée étaient des incompétents, ajoute Miranda, sentant que la conversation peut s'arranger.

- Miranda, quand vous ai-je donné l'autorisation de bouger. Je n'aime pas les sournoiseries. Mais j'avais oublié que vous pouvez en faire preuve, parfois. Reculez, rejoignez l'asari. Bon, comme vous ne voulez pas bouger, Kelly et moi nous allons aller nous promener, n'est-ce pas Kelly ?

- D'accord, Elie. Miranda, Liara, c'est bon, ça va aller, ok ? Merci d'avoir voulu aider.

- Ouais ouais, blabla… En avant. »

Elle glisse le couteau sous la gorge de Kelly et de son autre main sort son pistolet, qu'elle braque sur les biotiques. La psychologue, discrètement, lâche la gélule qu'elle a récupéré sur le sol, devant ses deux amies qui ont les larmes aux yeux. Elie et son otage sortent à reculons et une fois dehors, la mercenaire s'affaire à reverrouiller la porte. Alors qu'elle se tourne pour avancer plus loin dans Oméga, elle tombe sur Bray. Il dit simplement :

« Aria a pensé que vous auriez besoin d'aller en balade. Montez.

Elie sourit comme une maniaque et pousse Kelly, mortifiée, dans le véhicule.

- Vous nous emmenez où, Bray ?

- Aria vous attend dans un joli pied à terre, vous verrez, répond Bray en montrant toutes ses dents à Kelly, qui tremble de tout son corps.

- Cool, la boss n'est pas en colère, n'est-ce pas ?

- Je ne pense pas, elle avait même le sourire quand je suis parti vous chercher.

- Je suis soulagée, la séance de tout à l'heure m'a suffit pour une année…

- Fouet biotique ?

- Ho, vous y avez droit aussi ? Trois coups. Je le sens encore.

- C'est un classique, Elie. On refait jamais les mêmes erreurs deux fois après ça.

- J'avoue. »

La conversation, surnaturelle, amicale, entre un butarien et le Commandant Shepard à propos du châtiment corporel qu'ils ont en commun, donne des sueurs froides à Kelly. Et l'idée de revoir Aria l'horrifie. Ils arrivent rapidement devant un petit hangar lugubre, dans une zone industrielle de Oméga. Elie pousse Kelly devant elle, doucement. Quand elles entrent, elles voient Aria, ombre magnifique dans le clair-obscur du hangar. Au milieu de celui-ci, une cage, dedans, un drell et un humain, attachés l'un à l'autre. Aria observe les prisonniers, calmement. Elie sait que la pirate les a déjà repérées. Elle continue de pousser la psychologue, qui tremble de plus en plus visiblement. Arrivées à une dizaine de mètres d'Aria, celle-ci se retourne, son regard plongeant directement dans celui d'Elie.

« Elie, tu peux m'expliquer ? Je n'avais pas prévu de spectateurs… A moins qu'elle participe ?

- Non, Kelly est là pour qu'on finisse notre conversation en paix. On a été interrompu…

- Oui, un combat avec deux personnes. Bray a dit que tu avais l'air de te débrouiller, alors personne n'est intervenu. Tu peux élaborer ?

- J'étais en train de discuter tranquillement avec Chambers et Miranda et Liara ont débarqué de nulle part.

Le visage d'Aria passe d'amusé, à énervé pour finir par devenir une mer de sérénité. Elle avance, pousse Kelly sans ménagement, attrape violemment Elie par la nuque et l'embrasse tout aussi violemment, pour le plus grand plaisir de la mercenaire. Elles se séparent et Aria expliquent :

- Je savais que quelque chose n'allait pas, depuis quelques jours, mes instincts me disaient qu'on avait une fuite d'information quelque part. Évidemment, on a la fouineuse de Cerberus qui traîne encore ici et une courtière en information qui se balade en ville. Merci, Elie, tu me rends un sacré service. Je saurai te remercier.

Les deux amantes ressentent un frisson d'excitation à l'idée du remerciement, et Elie répond suavement :

- A votre service, Madame, c'est toujours un plaisir.

- Et maintenant, où sont l'asari et l'humaine ?

- Aux dernières nouvelles, elles pleuraient sur le sol, chez Kelly. Elles sont costauds et le terrain était pas facile pour les combattre.

- On en discutera plus tard Je m'occuperai d'elles après. Je comptais sur toi pour extirper des informations de ces deux-là mais vu qu'on sait qui est sur Oméga… Tue les, et fais ce que tu as à faire avec Kelly. Je demanderai à Bray de t'amener au loft quand tu auras fini.

- Oui, Madame, à tout à l'heure. »

Aria embrasse à nouveau Elie, tout en jetant un regard noir à la psychologue qui regarde avec intérêt toute la scène. Après un moment, elle s'écarte et puis disparaît. Elie, tout sourire, se tourne vers la rouquine et demande, l'air jovial :

« On en était où, nous ?

- Cette femme t'a infligée des sévices corporelles et tu l'embrasses ?

- Vous développez un intérêt sexuel pour votre ravisseur, Chambers ? ça a un nom, ça, je crois...

- Tu es au bord de la démence, Elie.

- Si vous commencez à m'insulter, ça risque de mal tourner, Chambers !

- Je dis des faits.

- Qui vous arrangent. Ho et puis j'en ai assez. »

Elle saisit son pistolet, vise la tempe et assomme Kelly, qui tombe violemment sur le sol. Calmement, elle se dirige vers les prisonniers qui tremblent dans la cage. La vision rajoute de la noirceur sur le cœur de Shepard et encore une fois, Elie laisse faire. Elle vise, tire, deux balles, deux têtes, deux morts. D'un pas léger, elle sort du hangar et fume une cigarette en attendant que Bray revienne la chercher.