Dans la salle de surveillance, Aria est contrariée. Ce qu'elle a vu, elle aurait du le prévoir et y pallier, il y a déjà plusieurs jours. Il faut qu'Elie se fasse arranger cette foutue main gauche. Elle a failli faire capoter sa mission à cause d'elle. Alors Aria a contacté son médecin personnel, et elle devrait arriver dans les prochains jours, avec une prothèse, qui sera toujours mieux que ce bout de nerfs et d'os qu'Elie traîne avec elle. Quand elle voit que les deux femmes se remettent en route, elle rejoint le salon privé et se sert un verre d'une vieille liqueur corsé, observant le bar, à ses pieds, les clients qui dansent et ignorent tout des douleurs de la galaxie autour d'eux.
Miranda est poussée par Elie quand elles arrivent à l'Afterlife et ses côtes lui rappellent qu'elle va avoir mal pendant un long moment. Elle sent le regard de la mercenaire sur son corps et cela la met sur les nerfs, d'une façon qu'elle ne s'explique pas. Elle a l'habitude que les gens la regardent, elle a été conçue dans ce but. C'est peut-être parce que, même si Shepard admirait son corps, régulièrement, elle ne le faisait pas comme elle, comme les autres, avec un regard concupiscent, non, dans les yeux de Shepard, c'était de la tendresse, de l'admiration, et dans certaines situations du désir. A l'intérieur, elle croise le regard de Kalena, qui semble étonnée et observe attentivement la scène. Elles montent les escaliers, doucement.
Aria observe toujours le bar. Elle sait qu'Elie et Lawson arrivent. Elle ne se retourne pas de suite, observe le reflet. Lawson souffre, tant mieux. Elie aussi. Cela ne va pas trop durer. Elle se retourne enfin et approche du canapé. Elle pose une main dessus, sirote un peu de sa liqueur, et dit enfin :
« Elie, tu n'étais pas obligée de l'amocher.
- Elle a abîmé ma veste, répond impassiblement la mercenaire, provoquant un rire chez Aria.
- Alors je comprends. Amène là ici, et après laisse-nous.
- Bien madame.
Elie escorte Miranda jusqu'au canapé, la force à s'asseoir, se tourne et, quand elle arrive à la porte, entend Aria lancer :
- Elie, un instant. Ne t'éloigne pas trop, je n'en ai pas pour longtemps.
Elie acquiesce et part. Aria se retourne et fait face à l'ex-agent de Cerberus, qui a adopté une posture faussement détendue sur le canapé. Aria sourit, et lui dit :
- Mademoiselle Lawson, moi qui pensais que vous aviez quitté ma station. Et au final, vous êtes encore là, grimée en fermière et avec T'Soni, qui plus est. Quelle ironie, tout de même. Cela fait combien de temps, quatre ans ? Quand j'aidais Cerberus et T'Soni à se battre autour du cadavre de l'héroïne de la galaxie…
- C'est comme ça que vous traitez une héroïne ? La femme qui vous a permis d'être là où vous êtes aujourd'hui ?
A ces mots, Aria s'approche et saisit le cou de Miranda, qui ne flanche pas. L'asari ferme les yeux, les rouvre, noirs comme l'espace, et dit :
- Un mot de plus et je vous fais oublier comment parler, humaine.
Elle la lâche, et doucement ses yeux s'éclaircissent. Elle poursuit :
- Vous allez m'écouter attentivement, Lawson. J'ai des amis dans le développement colonial, à Bennings, plus exactement. Donc, dans trois heures, vous allez prendre la navette qui part pour le système solaire et vous ne reviendrez plus jamais sur cette station. Sinon, mes amis du développement colonial pourraient être fâchés.
A ces mots, Miranda frémit. Oriana. Elle essaie de réfléchir à une solution mais n'en voit aucune. Elle doit partir.
- Je serai dans cette navette, Aria.
- Vous voyez, vous savez être raisonnable. Maintenant, dégagez de ma station. »
Miranda se lève, luttant contre la douleur qui gronde au niveau de ses côtes. Elle sort du salon privé, et en descendant, voit Elie, au bar, qui discute et rit avec l'asari, comme si tout était normal. Et Miranda se rend compte, et ça lui brise l'âme, que pour Elie, oui tout cela est normal. Battre une femme, l'amener à un tyran qui va menacer sa famille puis boire un verre et flirter juste en dessous… C'est la vie d'Elie et Shepard est quelque part, sous des monceaux de noirceur, à voir de plus en plus le monde dans les yeux d'une mercenaire, et de moins en moins dans les siens.
