Aria attend dans la chambre de la clinique. Elle a l'impression d'y avoir passé mille heures depuis le jour où Elie a perdu sa main. C'était il y a trois jours. Ils ont trouvé la mercenaire, après deux heures et demi de recherches , baignant dans son sang, avec plusieurs blessures béantes à la tête. Aucune trace de T'Soni. Et sur ce point, Aria est impressionnée par la sang-pur : infliger des blessures pareilles à sa compagne, ça demande des nerfs d'acier. Les médecins ont dit que le cerveau de l'humaine avait gonflé. Elle a désormais une nouvelle cicatrice, sur le sommet du crâne, une petite fenêtre sur un cerveau éclaté. Elle montre des signes d'éveil, alors elle est venue. Elle veut savoir ce qui s'est passée. Elle refuse de se dire qu'elle attend dans cette chambre, en observant le visage de cette femme, depuis déjà trois heures, parce qu'elle est inquiète. Non, elle se dit qu'elle est furieuse contre la mercenaire qu'elle ait perdu l'asari. Qu'elle est là pour sonder sa mémoire et puis voir si il faut punir. Alors elle observe, en silence. Et commence à sentir un vrombissement biotique désormais familier… Elle sourit, son humaine se réveille.
Elie se réveille et la première chose qui l'accueille, surprise, c'est un monde de douleur. La seconde, c'est une présence, une caresse biotique rassurante, qui lui dit qu'Aria est là. Elle se blottit dans cette caresse, y répond par les siennes. Elle essaie d'ouvrir les yeux, est prise de nausée, abandonne. Elle sent une main se poser délicatement sur sa joue, un échange de biotiques, et elle sourit doucement au contact. Alors qu'un pouce dessine doucement des motifs le long de sa mâchoire, Aria lui dit, la voix basse et douce :
« Les médecins ont dit que tu aurais du mal à ouvrir les yeux, alors ne force pas. Ton cerveau a pris des coups. Tu es restée inconsciente trois jours.
- T'Soni ?
- Aucune trace. Je vois que ta mémoire est encore là. Dès que tu es prête, dis-moi ce dont tu te souviens.
La main quitte la joue et Elie soupire longuement. Elle se concentre sur les biotiques, sur le vrombissement doux au fond de son crâne. Enfin, après un moment, elle dit :
- Elle m'a frappée avec un caillou…
- Sacré caillou, vu les entailles. Elle t'a frappée au moins deux fois, Elie. Tu n'as pas d'autres détails ?
- Elle a lancé une singularité, je ne m'y attendais pas car je ne savais pas qu'elle était dans une impasse. Elle m'a envoyée ce morceau en pleine gueule. Et après…
- Après ?
- J'ai couru… Elle m'a encore frappée mais je ne sais plus comment…
- Je vais voir tes mémoires. Concentre toi sur la dernière fois que tu as vu T'Soni.
Elie obéit et sent à nouveau la main sur sa joue. Elle ne voit pas les yeux noirs d'Aria mais la sent joindre son esprit. Aria prospecte, inspecte, c'est un échange purement informatif. Elle sort doucement de l'esprit de l'humaine et reprend :
- Tes mémoires sont incomplètes. Certainement qu'avec tous ces coups à la tête… Passe à l'Afterlife quand ils t'auront laissée sortir. »
Et l'humaine replonge dans le néant doucement, le crâne aussi brisé que son esprit.
