Hello tout le monde,

Voici l'avant dernier chapitre de ma fanfiction !

Il est enfin temps que je vous donne ma version des retrouvailles entre Arthur et Lancelot. Dans mon écriture, j'ai été largement inspirée par certains commentaires de fans qui comparaient leur combat dans le film à celui entre Luke Skywalker et Dark Vador dans Star Wars. Du coup, je me suis demandé ce que cela pourrait donner d'écrire leur bataille en m'inspirant des enjeux et de l'état d'esprit d'un autre duel emblématique de la saga... le combat fratricide entre Obi-Wan Kenobi et Anakin Skywalker.

C'est un style décalé et plus sombre que celui d'Alexandre Astier mais j'espère qu'il vous plaira malgré tout.

Bonne lecture !


Arthur était enfin parvenu au sommet de la forteresse. Il avait emprunté le passage qu'il avait lui-même construit pour échapper à une pareille situation. Il n'avait été que brièvement surpris à l'idée que Lancelot puisse lui-même s'en souvenir. D'une certaine manière, cet ancien secret formait à présent un pont qui les réunirait une fois de plus après tant d'années de séparation. Il se débarrassa très vite de la bande de traitres à la petite semelle qui entouraient Lancelot. En réalité, il ne se préoccupait que très peu de leur sort. Il les connaissait suffisamment bien pour savoir qu'ils seraient du genre à s'enfuir dès qu'il s'approcherait d'eux. Ce n'était naturellement pas le cas de leur monarque qui avait toujours été d'une autre espèce. Il n'avait jamais manqué de courage ou de volonté. Arthur le savait très bien. Son successeur se battrait autant qu'il le pourrait pour conserver son royaume si durement acquis. Mais il n'était pas découragé pour autant. Il était même plus décidé que jamais maintenant que son rival était en face de lui.

Approchant lentement tandis que Lancelot effectuait un pas en arrière, il prit le temps de l'observer attentivement. La dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés l'un en face de l'autre c'était à Tintagel, alors que Lancelot était venu se recueillir sur le lit du roi mourant. C'était également le jour où Arthur avait confié tous les pouvoirs à son vieil ami. A cette époque, il était encore capable de voir l'homme derrière la folie qui commençait à le ronger. Aujourd'hui, il était incapable de soupçonner ne serait-ce qu'un peu d'humanité chez lui. Ce n'était pas tant le costume trop grand pour lui qui le gênait outre mesure. Même si ce dernier avait immanquablement un côté grotesque et ridicule.

Ce qui le surprenait réellement c'était son regard. Où était donc passée cette lueur de détermination et de dévotion qu'il avait toujours pu lire en lui ? Même aux heures les plus sombres de leur histoire elle ne lui avait jamais fait défaut. Arthur avait toujours pu ressentir la vocation de jeune chevalier prêt à tout pour sauver les personnes en détresse ou achever sa quête sacrée. Mais cette étincelle semblait s'être éteinte à jamais, effacée par le tyran qu'il était devenu aux yeux de tous. Le grand héro connu et admiré du peuple breton n'étant alors plus qu'un fantôme du passé. Décidément, cette décennie ne les avait épargnés ni l'un ni l'autre.

Il aurait voulu rompre le silence pesant qui régnait dans la pièce. Mais ce fut Lancelot qui le premier lança les hostilités. Il éclata alors de rire. Un rire cynique et cruel qui confirmait les théories d'Arthur vis-à-vis du monstre maladif qu'il était devenu.

« Vous croyez que vous auriez le courage de les pendre, vous ? Sérieusement ? Je ne vous pensais pas capable de changer à ce point-là. »

« Alors que le changement semble être devenu une seconde nature chez vous. »

Cette phrase était sortie subitement, comme s'il avait besoin d'exprimer ce qui le dérangeait et le décevait le plus chez l'homme auquel il faisait front. Il avait cru sentir une certaine gêne chez son rival. Preuve peut-être que cette phrase avait eu plus d'impact qu'il ne se l'était imaginé.

« Changer peut être parfois une bonne chose lorsque l'on désire atteindre ses objectifs. »

« Et c'est pour cette raison que vous avez abandonné derrière vous tous vos idéaux et vos valeurs chevaleresques ? Vous les trouviez mal assortis à votre nouveau costume ? »

Il avait posé la question avec toute l'ironie dont il était capable. S'il ne l'avait pas revu depuis dix ans, il avait en revanche eut vent des abominations qu'il avait pu commettre dès son accession au trône. Il savait depuis des années qu'il était en proie à la folie, mais jamais il n'aurait pensé qu'elle puisse le mener jusque-là. Un nouvel éclat de rire sorti alors de la bouche de Lancelot qui parcourut l'échine de son rival d'un frisson désagréable.

« C'est vous qui me dites cela ? Vous qui n'avez eu de cesse de claironner que j'aspirais à bien trop de vertu et de perfection ? Que ma quête de pureté n'allait en rien faciliter mes recherches du Graal ? »

« Je n'ai jamais espéré que vous deviendriez un tyran despotique pour autant, Lancelot. »

Cette question de pureté avait été un éternel sujet de débat entre eux. Arthur s'était moqué durant des années des ambitions démesurées du chevalier blanc. Mais s'il critiquait ses valeurs, il ne pouvait qu'apprécier les bénéfices que sa grande moralité lui apportait. Après tout, c'est ce qui lui avait permis de devenir le meilleur de ses chevaliers. Ses actes héroïques avaient marqué d'une pierre immaculée la grandeur de l'Ordre de la Table ronde. Mais cela, il ne lui en avait jamais réellement parlé. Peut-être aurait-il dû lui témoigner plus de reconnaissance à l'époque ? Leur histoire aurait-elle alors prit une meilleure tournure ? Peu importe. Cette question n'avait aujourd'hui plus beaucoup de sens. Il ne pouvait plus rattraper ses paroles et ses actes manqués. Il ne pouvait que constater le résultat avec une certaine amertume.

« Je n'ai que faire de votre opinion, Arthur. Je sais que je deviendrais un bien meilleur roi que vous n'avez jamais été. Une fois que je me serais débarrassé de vous, Je trouverais enfin le Graal et j'apporterais la paix et la sécurité à mon royaume. Et votre soudaine envie de remonter sur le trône n'y changera rien. »

« Alors c'est que vous n'avez rien compris. »

Non il n'avait rien compris ! En réalité, Arthur avait toujours pensé que Lancelot pourrait être son digne successeur. Il s'en était fait une certitude bien avant lui avoir confié ses pouvoirs à la forteresse de Tintagel. L'idée avait toujours traîner dans un coin de son esprit. S'il ne pouvait pas avoir d'héritier avant sa mort, il laisserait son royaume au meilleur de ses hommes. Ce n'était pas qu'une divagation d'un homme mourant. Contrairement à ce que Lancelot semblait pensé, il aurait été fier que ce dernier devienne le plus grand roi que la Bretagne n'ait jamais connu. Il aurait mille fois préféré pouvoir continuer sa route ou mourir en sachant le royaume de Logres entre de bonnes mains. Il désirait seulement qu'on lui foute enfin la paix pour lui laisser vivre une vie loin de toutes ces affaires politiques. Mais il était à présent là à se battre pour récupérer un pouvoir qu'il ne souhaitait même plus. Tout cela parce que cet homme en qui il croyait si fort avait baissé les bras, s'étant laissé totalement consumer par le côté obscur de sa personnalité. Il n'avait alors plus qu'une solution. Se lancer à corps perdu dans ce combat inévitable et qui ne pourrait déboucher que sur une terrible tragédie.