Mon dos calé contre le torse de Katsuki, mes jambes emmêlées à celles de Eijiro, je fais aller mes mains dans l'eau distraitement. En levant les yeux, je vois Eijiro reposer sa tête contre le mur carrelé, soupirant d'aise. Sa queue s'agit, tandis que ses ailes lui servent de coussin. Il sourit en fermant les yeux et repose ses bras sur le rebord de l'imposante baignoire. Je souris à mon tour, attendrie. Eijiro a des airs mignons, et cela contraste parfaitement avec son caractère. Je n'oublie pas sa beauté, continuant de regarder son torse musclé, mais ne peux m'empêcher d'aimer ses côtés attendrissants.
Contre moi, Katsuki est dans le même état d'esprit. Son souffle est régulier, et mon corps se soulève au rythme de sa respiration. Sa queue s'est faufilée entre mes cuisses pour reposer près de mes jambes. Je souris en la voyant s'enrouler autour de ma cheville à travers l'eau. Je décale ma main pour venir caresser les écailles, appréciant toujours autant leurs duretés. La tête de Katsuki vient se loger dans ma nuque et je sens son sourire contre ma peau. Me laissant faire, je repose ma tête, la faisant glisser sur son épaule. Je lui offre ainsi ma nuque, désireux de recevoir de l'attention. Il ne se fait pas attendre pour embrasser ma peau délicatement, déposant à peine ses lèvres sur ma chaire tachetée. Il remonte le long de ma clavicule pour atteindre ma jugulaire. Arrivé sous mon oreille, il me mordille la chaire tendre sans pour autant me marquer. Je souris plus encore, fermant les yeux. Il n'y a pas meilleur instant que celui-ci. Juste nous, et un moment de bien-être.
- Serais-tu sur le point de te rendormir ? Katsuki dépose des baisers humides dans mon dos, me déplaçant sur le côté. Je sens en moi des papillons voler dans mon ventre. C'est tellement bon d'être aimé.
- C'est ton traitement qui m'apaise. Dis-je en quémandant plus, penchant ma tête. Continue. J'ouvre un œil, et vois une nouvelle fois ce fameux regard. Rouge et tendre.
Il reprend donc ses baisers et déguste ma peau de sa langue. Il trace des lignes, s'attarde sur un grain de beauté avant de lécher des plaques de tâches de rousseurs présentes sur mes épaules. Je gémis sans aucune retenue. Ce son fait écho dans la pièce pour revenir dans mes propres oreilles. Je n'ai plus honte des sons que je produis sachant qu'il n'y a aucun mal à émettre pareil bruit. C'est naturel et plaisant. Mes compagnons gémissent bien plus que moi et je suis le mieux placé pour savoir à quel point ce bruit est pure ambroisie à entendre.
- Continue, ne t'arrête pas. Surtout pas. Je mets une main derrière moi pour la passer dans ses cheveux, lui intimant de continuer. Il grogne contre moi, faisant traverser le son dans mon corps.
- Comme si j'en avais l'intention. Il accompagne ses paroles de ses mains qui viennent se poser sur mes hanches pour caresser mon corps. Je gémis de plus belle. Je sais que nous n'irons pas plus loin, c'est d'ailleurs aucunement pour cela qu'il me touche. Nous avons simplement besoin de nous retrouver, encore, et encore.
Quand il vient toucher un point sensible sous mon oreille, mes orteils se crispent dans l'eau. L'une de mes jambes bouge sans que je ne puisse l'en empêcher. Elle tape le flanc de Eijiro qui semble sortir de ses songes. Ma bouche s'assèche alors que mon regard se dépose sur lui. Il a les yeux braqués sur nous, et passe sa langue sur ses lèvres gourmandes.
- Vous êtes bien vils de me faire un coup pareil. Il se lève et écrase mon corps avec le sien. Il prend appuie sur ses mains, les déposant sur les cuisses de Katsuki. Je souris fière de moi, étant enfin entouré comme je le souhaite. Ne me regarde pas avec ce regard. Je lève mes mains pour les déposer dans son cou, nouant mes doigts.
- De quel regard parles-tu ? Derrière moi Katsuki continue de me faire subir ses assauts mais un rire s'échappe d'entre ses lèvres.
- De celui-là. Il lève sa main pour la déposer sur ma joue. Je laisse ma tête frotter contre ses doigts tandis qu'il sourit tendrement. Son pouce vient frotter sous mon œil, comme si il effaçait une larme invisible. Il se baisse et n'attend pas pour embrasser mes paupières. Je les ai fermé au moment même où il s'est abaissé vers moi, comme si je savais ce qu'il allait me faire. Il se place sur ses genoux et prend mon visage en coupe. Ses lèvres parcourent mon visage, n'oubliant aucune parcelle de peau. Katsuki fait de même, continuant d'embrasser ma nuque.
- Vous êtes trop bons avec moi. J'encercle les reins de mon amant rougeoyant avec mes cuisses pour le presser contre moi et sentir la chaleur de son corps. Il gémit, pressant de lui-même ses lèvres fortement contre ma joue.
Je subis, ou plutôt je prends plaisir à les laisser me toucher de la sorte pendant plusieurs minutes.
Quand le bain vient à devenir tiède et que je me met à claquer légèrement des dents, ils arrêtent de m'embrasser et Eijiro me sort de l'eau. Porté tel un prince, il me dépose sur le lit défait prenant soin de me placer au centre. La seconde d'après je suis entouré par quatre bras puissants, deux souffles chauds caressant ma chevelure. Je ne sais pas quelle heure il est, ni quel jours. Le temps semble passer plus lentement quand nous sommes que tous les trois et j'apprécie cela. Qui voudrait arrêter pareil voyage ? Malgré quelques mésaventures, et je suis certain qu'il y en aura d'autres, j'aime passer du temps avec eux. Nous nous connaissons à peine, apprenant encore à nous apprivoiser et pourtant, nos cœurs semblent vouloir aller plus vites. Quand ils me tiennent de la sorte, je sent leurs organes vitaux tambouriner tel des affamés. Ce n'est pas l'excitation qui les rend ainsi, mais bel et bien autre chose. Il faut plus de temps pour nous pour arriver à donner un nom à notre relation. Pour beaucoup je suis considéré comme le compagnon du roi, rarement on m'associe à Eijiro et cela me peine beaucoup. Je veux que les Drākõn sachent que je suis le compagnon de Katsuki mais aussi de Eijiro. Ils sont à moi tout comme je suis à eux.
À la simple pensée qu'il puisse m'appartenir, je me lève d'un bon du lit. Nous n'avons jamais parlés à cœur ouvert de ce genre de chose ou alors, très vaguement. Je me rends compte que ce qui semble être une évidence ne l'est pas forcément. Nous laissons nos corps parler, à chaque fois mais, je suis un homme de raison. C'est en ruminant plusieurs minutes que je comprend que pour mon propre bien, j'ai besoin d'entendre certains mots. Je ne souhaite pas paraître exigeant ou trop rapide mais, j'ai besoin de ça. C'est sans doute un comportement typiquement humain de vouloir entendre de la bouche des autres à quel point nous sommes aimés et indispensables. C'est même un peu égoïste et vaniteux, mais c'est essentiel pour moi.
Toujours assis, je me retourne pour voir si je les ai réveillé. Par chance, ils dorment toujours profondément. Leurs mains n'ont pas quittées mes reins et leur queue sont toujours emmêlées à mes jambes. Au départ, je ne comprenais pas ce besoin presque maladif d'avoir un contact physique avec moi. Mais maintenant que j'ai goûté à certain plaisir avec eux, je comprends ce besoin. C'est un sentiment rassurant de sentir sous ses doigts la chaire chaude et le cœur battant de l'être que nous aimons. Une façon de se rassurer qu'il est bien en vie mais surtout, que tout ceci est bien réel. Le cœur léger, je me recouche près d'eux. Ils doivent me sentir bouger puisqu'ils raffermissent leur prise sur moi. Ce n'est pas douloureux, bien au contraire. C'est toujours chaud et doux. Je repose ma tête sur l'oreiller et ferme les yeux. Les souffles réguliers semblent avoir cessés. Je fronce les sourcils puis rouvre les yeux. Qu'elle ne fut ma surprise de voir mes deux amants penchés sur moi.
- Tu sembles soucieux. Quelque chose te tracasse ? Katsuki remet une mèche de cheveux derrière mon oreille et penche la tête sur le côté, me couvrant du regard.
- Tu sais très bien que tu peux tout nous dire. Eijiro caresse ma tempe, souriant de toutes ses dents. À cette vue, mon cœur se serre.
Je ne parviens pas à réfléchir correctement avec eux. C'est comme si mon cerveau cesse de fonctionner quand ils sont si près de moi. Je ne sais pas si c'est bien ou mal, mais ce feu qui brûle mes reins et serre mon cœur ne peut pas être dangereux. Je le sais. Mes yeux papillonnent un long moment, car je ne peux m'empêcher de les trouver ravissants. Plus même, je les trouve magnifiques. Penchés ainsi, leurs cheveux retombent légèrement devant leurs yeux. Leurs ailes bougent de manière répétée, créant un vent doux dans la pièce. Leurs pupilles sont teintées de dorées et je ne sais même pas à quoi cela correspond mais au vu de l'éclat à l'intérieur, une tristesse profonde les accable. En suis-je la cause ?
- Ce n'est pas vous, soyez rassuré. Je pense simplement à l'avenir, à notre avenir. Je sais que cela fait tôt pour penser à ce genre de chose mais, je l'ai imaginé toute ma vie. Je baisse les yeux alors qu'ils se remettent à mes côtés, utilisant leur coude comme appuie tête.
- Et qu'avais-tu imaginé ? Demande Katsuki dans un murmure.
Je souris sans y réfléchir et commence à triturer mes doigts. Jamais je n'aurais pensé finir dans un pareil endroit avec de si belles créatures qui me désirent autant cependant, j'ai bien une légère idée sur un avenir que je n'aurais jamais eu. Dans le château où je vivais, pour moi mes jours étaient comptés alors je souhaitais simplement des choses simples. J'ai toujours été un homme simple.
- Pour êtes franc avec vous, je ne m'imaginais pas ici. Je me voyais surtout rejoindre ma mère et mon père, les retrouver dans cet univers inconnu qu'est l'au-delà. Je ne me voyais pas vivre de longues années, peut-être même me voyais-je mourir jeune et pur. Je ne sais pas qu'elles sont les conditions pour pénétrer au paradis, mais je pense que je n'ai jamais rien fait qui m'empêcherait l'accès. Je suis un homme bon, gentil et particulièrement obéissant. J'humidifie mes lèvres et continue de jouer avec le bout de mes ongles. Ces paroles, je ne les ai jamais dites à voix haute. J'avoue aujourd'hui ma plus grande honte. Pour moi, je n'ai jamais eu d'avenir. Un avenir, je n'en avais pas. C'est ce que j'ai toujours pensé, et c'est ce qu'on me faisait croire. Les murs de ce châteaux étaient infranchissables et pourtant, Eijiro a brisé ces remparts et a arraché mes chaînes. Je ne regrette pas de l'avoir suivi. Au départ, c'était effectivement par peur mais ensuite, j'ai fait mes propres choix. C'est moi qui ai choisi de rester. C'est moi qui ai choisi de vous rejoindre dans votre lit. C'est moi qui ai choisi de porter vos enfants. C'est moi qui choisi mon avenir et mon avenir est à vos côtés. Je reprend ma respiration, calmant mon cœur en déposant ma main sur mon torse. Je dois leur dire, il faut que je le fasse. Dans un murmure presque inaudible, alors que mes amants sont penchés à mes lèvres, je souffle cette phrase :
- C'est moi qui ai choisi de vous aimer et c'est pour vous que mon cœur bat aujourd'hui. Vous, et personne d'autre.
La respiration me manque, mon cœur tente par tout les moyens de s'enfuir. J'ai fermé les yeux, ma timidité revenant au galop. Je me rends compte que c'est bien plus intimidant d'avouer ses sentiments que de se mettre littéralement à nue. Je ne comprendrais jamais la logique humaine. Mon souffle se coupe quand deux paires de lèvres s'abattent sur ma bouche en même temps. Curieux, j'ouvre les yeux pour les plonger dans des iris sombres, englobées par la noirceur du désir. J'avale ma salive avec difficulté tandis qu'un bruit de gorge m'échappe. Ils me donnent l'impression qu'ils vont me dévorer, et sans jeu de mot.
- Je n'ai plus entendu de paroles aussi belles depuis mon mariage. Confesse Eijiro en fronçant les sourcils. Je peine à savoir ce qu'il ressent puisque ses yeux sont inexpressif. Nous ne sommes pas des êtres doués avec les mots. Nous trouvons cela longs et pénibles. Un acte vaut plus qu'une tirade infini. Il mord sa lèvre férocement et j'aperçois une goutte de sang s'échapper.
- C'est comme si tu nous jurais fidélité et amour pour l'éternité. Je regarde Katsuki et ses paroles font écho dans mon esprit. Mes yeux s'agrandissent de plusieurs centimètres alors que je comprend pourquoi ils sont dans un tel état d'excitation. Les mots ne sont qu'un moyen de parvenir à quelque chose pour eux, comme une sorte de passerelle pour atteindre un cœur mais les actes sont cent fois plus efficaces. En sommes, c'est comme si je venais de nous marier à même ce lit après un bain moussant de plus de deux heures. Effectivement, les humains et les Drākõn ont des coutumes et des mœurs différentes. Avant de partir en voyage avec eux, j'aurais dû faire un saut à l'école pour m'éviter ce quiproquo.
- Ce n'est pas le cas ? Je demande d'une petite voix. Puisque je suis votre compagnon et qu'un mariage est censé être prévu à notre retour, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas vous dire à quel point je vous aime. Je ne peux pas attendre aussi longtemps seulement pour quelques mots.
Ils s'échangent un regard et la seconde suivante, leurs corps nus se pressent contre le mien. Rien à voir avec nos contacts précédant. C'est beaucoup plus ardent, plus envieux. Leur verge sont si dures contre moi que je n'imagine pas quelle douleur ils subissent.
- Pourquoi êtes vous constamment si excités en ma présence ? Cela n'a rien à voir avec la conversation mais il est vrai que je trouve cela à la fois terriblement flatteur mais aussi énigmatique. Les Drākõn ont-ils une libido débordante ?
De nouveau, un regard complice se fait entre les deux Drākõn mais cette fois, Katsuki me répond en gémissant presque.
- C'est également une question que nous nous posons. Ne pense pas que nous sommes des êtres affamés. C'est la première fois que nous sommes dans un état comme celui-ci. C'est comme si ton corps entrait en résonnance avec le notre et que soudain, nous nous enflammions pour toi. Il gémit en pressant lascivement son sexe contre ma cuisse. Je sent ses bourses épaisses glisser contre ma peau alors que son sexe devient glissant. À côté de lui, Eijiro prend la parole.
- Cette attraction est peut-être forte car nous ne sommes pas encore mariés et donc l'union n'est pas encore consommé... Néanmoins, je suis certain que c'est avant tout parce que nous aussi, nous t'aimons autant que tu nous aimes.
Alors que j'ai deux Drākõn qui se frottent à mes cuisses avec empressement, je rougis à ses paroles plutôt qu'à leur acte.
- Vous m'aimez ? Je demande encore d'une petite voix discrète.
Ils grognent tous les deux, me montrant leurs crocs acérés.
- Mon cœur a battue pour toi au même moment où mes lèvres se sont déposées sur les tiennes. Ronronne Eijiro en se frottant plus fort. J'ai un frisson en me sentant réagir.
- Jamais je n'aurais pensé cela possible mais oui, nos cœurs s'aiment et battent ensemble. Katsuki plante ses yeux dans les miens et m'offre un sourire carnassier. Et cela pour l'éternité.
Je suis si ému, presque choqué, que les larmes dévalent mes joues au même rythme que leurs coups de rein contre moi.
Je me met à les rejoindre alors que nos corps se collent plus que de raison pour laisser nos cœurs se frôler et s'écouter. La pièce est remplie de gémissement, de bruit de chaire et de sanglots étouffés. J'en pleure de joie alors qu'ils embrassent mes larmes. Nous sommes heureux et amoureux, et cela pour l'éternité. Je ne doute pas de leurs paroles et encore moins de leurs sentiments. Des lèvres peuvent mentir mais certainement pas un cœur.
Quand nous sommes repus et épuisés, je prend soin d'écouter leurs battements fous et irréguliers. Il est vrai que je ne me suis jamais imaginé un avenir radieux, mais dorénavant j'ai matière à exploiter. Avec eux j'ai encore beaucoup à apprendre, tout comme eux ont encore beaucoup à comprendre.
J'ai un petit rire en les entendant se chamailler sur qui sera la petite cuillère. J'ai hâte d'être à demain car enfin nous allons visiter Rokiā.
