Assis, le dos droit comme un i, je regarde Keigo dans le miroir malmener mes cheveux sans vergogne. Je sais qu'ils sont indomptables, mais sûrement pas à ce point. La pauvre brosse semble perdre de plus en plus d'épines alors que mon crâne commence à me faire souffrir.
- Le but est de le coiffer, pas de lui arracher les cheveux. Vocifère Yuga assis sur le lit blanc. À cette allure, il n'aura plus un seul cheveu sur le caillou d'ici la cérémonie.
- Ne dis pas n'importe quoi. Je te ferais rappeler que j'ai eu trois enfants, je suis le mieux placé pour savoir comment coiffer une tignasse rebelle. Il agrémente ses paroles d'un nouvel essai, alors que la brosse se fixe dans mes mèches. Tu aurais dû voir Toya à sa naissance, trois cheveux sur la tête et maintenant il est comme toi, impossible de faire quoi que ce soit avec.
Je rigole discrètement, ne voulant pas attirer leur foudre, mais c'est peine perdue puisque Yuga me dévisage d'un drôle d'air.
- Ne rigole surtout pas. Ma tenue sans tes cheveux ne vaudra plus grand chose.
Derrière moi, Keigo pousse un énième soupire avant de rendre les armes. Il s'assoit sur la chaise en bois et dépose la brosse, où du moins ce qu'il en reste, sur la coiffeuse.
- J'abandonne, impossible de les lisser ou de faire baisser leur volume. Tu as vraiment des cheveux rageants. Je passe ma main dans mes boucles vertes, les remettant comme elles étaient au départ. Tout mon travail jeté aux oubliettes. Il se lève et rejoint Yuga, s'étalant de tout son long sur le drap en soie.
- Ce n'est pas plus mal, en fin de compte. Je n'avais pas envie de ressembler à quelqu'un d'autre de toute façon. Je me lève et tournois avec mon costume. Il est à la pointe de la mode et de la modernité, ce que l'on peut attendre de Yuga pour ce type d'événement. D'une jolie couleur lie-de-vin avec des broderies sur le col et les manches, accompagné d'une courte traîne qui m'arrive aux chevilles, j'ajuste un bouton rebelle en me regardant dans le miroir. Le vêtement est parfait car j'ai vraiment besoin de quelque chose de plus masculin. La qualité est flagrante et j'ai déjà peur de faire une tâche ou pire, un accro. Je n'imagine même pas la réaction de Yuga si je viens encore à déchirer l'une de ses créations. Alors, qu'en pensez vous ? Je demande en leur faisant face.
Keigo porte une main à sa bouche et je vois ses yeux devenir humide. Il secoue sa tête et ne perd pas de temps pour venir vers moi. Ses bras se referment sur moi et il m'enlace avec force.
- Tu as raison, tu es parfait comme tu es. Il se recule et me regarde droit dans les yeux. L'émotion qui les traversent me fait frissonner et je viens moi aussi à me trouver beau à travers ses pupilles bleutées. Je sais que tu n'es pas mon fils mais c'est tout comme à mes yeux. Je ne pouvais espérer mieux pour toi qu'un mariage tel que celui-ci.
- Keigo... Je fourre ma tête dans le creux de son épaule et me sens défaillir. L'émotion me submergeant enfin.
Déjà deux semaines que la bataille est fini et la paix enfin instauré sur Silvania. Drakna et Drākõnia sont enfin reliées, sans barrière pour les séparer. Il n'aura pas fallut attendre des jours pour que les portes de la cité humaine nous soient grandes ouvertes. Grâce à l'intervention de Toya et celles de quelques nobles, nous sommes arrivés bien vite au château pour arrêter les derniers partisans du roi déchu. Quand sa mort a été annoncé, il n'y eu ni larme, ni colère, juste un profond soulagement et même, quelques cris de joie. Il a bien évidemment eu quelques personnes réticentes, dont des chevaliers fidèles à la couronne. Avec l'aide du peuple de Féliame, ils n'ont pas tardé à changer d'avis et je ne veux pas savoir comment ils ont procédés. Il a fallut une semaine entière pour instaurer le calme et Yagi savait qu'il faudrait plus de temps pour qu'un climat de confiance prenne place dans la capitale. Il a, au plus grand étonnement de tous, accepté la couronne d'or. Il est désormais le nouveau roi de Drakna, le roi légitime. J'ai eu une bref larme en le voyant prendre place sur ce trône. Il m'a fallut prendre mon courage à deux mains pour franchir le portail, tant de mauvais souvenirs m'ont assaillis au même moment. Je sais désormais que tous ceci est derrière moi et que maintenant, je dois aller de l'avant. Je suis heureusement bien entouré et je n'aurais jamais pu rêver mieux comme famille. Je sais que tout là haut, quelque part dans les cieux, mes parents et Ateas me regardent, et il ne m'en faut pas plus pour être comblé.
Le banquet qui suit, deux jours auparavant, était le plus impressionnant et le plus animés que je n'ai jamais vu. Humains et Drākõn se sont mêlés, ont dansés, bus et discutés ensemble. Les rires et les histoires étaient au rendez-vous. Homme et femme n'étaient pas plus effrayés que l'on aurait pu le penser. La curiosité l'a emporté et c'est avec joie que j'ai vu déjà des couples se former et des alliances se créer. Jusqu'au bout de la nuit et même encore à l'aube, le feu de joie nous a tenu éveillé. C'était mon premier banquet, mais aucunement le dernier. Nous l'avons fait à Drakna, à même la place du marché. J'ai pu découvrir cette cité qui autrefois m'était interdite d'accès. Avec Eijiro et Katsuki, l'évidence est bien là. J'ai beau apprécier l'endroit et l'atmosphère accueillante, ma place est à Drākõnia.
Revenant au présent, Keigo me fait reculer et essuie le coin de ses yeux du bout de ses doigts.
- Je vais finir par faire couler mon maquillage. Nous rions de bon cœur, alors qu'au même moment, mon oncle entre dans la pièce.
- Izuku. Il perd ses mots, me regardant de la même manière que Keigo et vient à ma rencontre. Tu es magnifique. Il prend ma main, me faisant tourner. Vraiment magnifique.
Je sens mes joues rougir et je tente de cacher mon embarras en reculant pour m'asseoir. Yuga se lève à son tour et vient caresser ma joue.
- Tu es rayonnant, encore plus que le jour de notre première rencontre. Tu as changé, énormément, mais tu restes le même. Il s'abaisse, se mettant à ma hauteur. Aujourd'hui, c'est le grand jour. Te sens-tu prêt ?
Je les regarde tour à tour et pose mes mains sur mes joues. J'attends ce moment depuis si longtemps que maintenant qu'il est à porté de main, j'ose douter. Je ne doute pas de mes compagnons, Eijiro et Katsuki sont parfaits, mais je doute de moi. Une ombre plane au dessus de ma tête et noircie ce magnifique tableau.
- Pensez-vous que je serais un bon père ? Je les vois froncer les sourcils, se regardant tour à tour.
- Quelle question bête. Répond Keigo en premier. Je ne connais pas d'homme plus doux que toi.
- Tu as cela en toi. Me rassure Yagi. Ta mère était une femme aimante et attentionné. Il en est de même avec toi.
- Tu seras un père exemplaire. Yuga dépose son front contre le mien et m'oblige à loucher pour le regarder. Et je t'interdis de penser le contraire. Il me donne un léger coup de tête qui m'enlève cette pensée, me faisant sourire.
- Tu en mets du temps, papa. Natsuo surgit de l'encadrement de la porte et se fige en me voyant. Ses yeux s'écarquillent et Keigo vient vers lui pour lui asséner une tape derrière la nuque.
- Non mais, on frappe avant d'entrer. Natsuo sourit et fait une révérence.
- Désolé. Il s'adresse à moi. La cérémonie commence dans quelques minutes. J'étais venu voir si vous étiez tous prêt. Je vois Yuga s'affoler.
- Déjà ? Mais vite, dépêchez vous ! Dit-il à l'intention de Yagi et Keigo. Izuku, on te laisse le temps de peaufiner mais hors de question de filer en douce. Je rigole et les regarde partir en fermant la porte derrière eux.
Me retrouvant enfin seul, je me laisse choir en une position peu adéquat. Je réprime un soupir pour finalement sourire si fort que j'en ai mal aux joues. J'ai peu de minute devant moi, peut-être à peine le temps d'avancer jusqu'à l'autel mais les événements se sont enchaînés si vite qu'un besoin de souffler est le bienvenue. Le moment n'est pas le mieux choisi, certes, et quand bien même on m'aurait réprimandé, je n'en ai que faire. Aujourd'hui, c'est mon jour et je compte bien passer les prochaines heures comme bon me semble. J'ajuste ma redingote, pour éviter qu'un pli ne vienne gâcher mon costume. Je me regarde une nouvelle fois dans le miroir, essayant d'enlever l'émotion beaucoup trop présente dans mes yeux. Après un exercice pour calmer mon stress, je sors de la chambre et descend les escaliers. Quand je sors de la maison prêtée pour l'occasion, c'est un chemin de pétale de rose blanc qui m'attend. Le soleil est en train de se coucher et la lumière est magnifique. Un mélange d'orange et de rouge chaud réconfortant. Je souris une nouvelle fois encore, ne pouvant m'empêcher de montrer ma joie.
Le village de Yulïna est désert car tout le monde m'attend dans la forêt enchantée. Je marche donc, appréciant avec délice le contact de la mousse fraiche sous mes pieds. J'ai pris soin de retirer mes chaussures pour ne faire qu'un avec la nature. Ayant toujours aimé cet environnement, c'est un passage obligatoire pour moi. Le vent se lève doucement et une brise caresse ma joue tendrement. Je quitte le village et passe les arbres, suivant le sentier. Les arbres s'élèvent haut dans le ciel et la lumière se fait plus rare. Mais je n'ai pas à m'inquiéter, une nuée de luciole s'envole dans les branches, me montrant le chemin. Il me faut peu de temps pour arriver à destination et l'endroit est encore plus beau que dans mes rêves les plus fous. L'arbre sacré est aussi fort qu'une montagne peut l'être. Son feuillage touffu et son tronc cicatrisé démontrent bel et bien que même malgré une blessure fatale, n'importe qui peut se relever. Au pied de l'arbre, Eijiro et Katsuki m'attendent, Sorahiko en maître de cérémonie. Je regarde les bancs en bois où des populations entières se lèvent à ma venue. Des sourires par millier, des larmes par dizaine, je suis l'homme le plus entouré. Humain et Drākõn se tiennent debout pour moi et je ne peux être plus comblé. Une musique se joue autour de nous et je remarque alors les musiciens, dont Natsuo fait partie. Un piano, des violons et une multitude d'instruments dont le nom m'échappe. Le Drākõn de glace commence à chanter et la mélodie m'emporte. Je laisse mes pieds me guider, le corps léger, le cœur en fête.
J'aperçois le petit papillon Lila passer près de moi et disparaître dans la forêt. Toya n'est pas là aujourd'hui, mais je sais que ce papillon est une part de lui. Nous avons beau ne pas nous connaître personnellement, savoir qu'il pense à moi actuellement me réchauffe le cœur. Quand j'approche de mes amants, je vois Yagi dans les bras de Oboro, des larmes dévalant ses joues. Il en est de même de Keigo, qui contrairement à Yagi, garde un peu de contenance. Mes proches passés, je viens compléter le duo, me mettant dos aux invités, alors que Eijiro et Katsuki sont l'un en face de l'autre. Ils me tendent tous les deux une main que je saisie, le cœur palpitant. Qu'ils sont beaux mes Drākõn. Tout comme moi ils portent un costume de haute qualité, mais sur eux, ce n'est pas la même chose. Il fait plus animal, plus féroce. Le contraste est vraiment excitant. Nous regardons ensuite Sorahiko en tenue de cérémonie et attendons ses paroles.
- Mes frères, si nous sommes réunis en ce jour de fête c'est pour unir ces trois âmes. Dans ses mains il tient des cendres qu'il fait jaillir, retombant sur nos épaules. Nous unissons en ces lieux sacrés, non pas trois hommes, mais bien trois cœurs. L'amour est fait de hasard et de chance, et pourtant, leur destin était lié depuis la nuit des temps. Ils se sont reconnus et se sont aimés sans que les dieux ne puissent rien y faire. Le bonheur existe et il se trouve dans l'amour. Ils nous l'ont démontrés à bien des égards. Il arrête de parler et nous désigne de ses mains. Je vais vous laisser la parole pour que vous puissiez vous dire quelque mot.
Katsuki me regarde immédiatement, ainsi que Eijiro.
- Je ne sais pas combien de temps nous avons tous les trois, mais je me sens mieux quand je marche à vos côtés, ma main dans la vôtre. Je n'ai jamais été aussi heureux et comblé qu'en cet instant précis. Katsuki dépose un baiser sur nos paumes et je vois dans ses yeux un voile passer.
- Je vous aime dans le temps et je vous aimerais jusqu'au bout. Quand le sablier sera terminé et que le dernier grain tombera, alors je vous aurais aimé jusqu'à mon dernier souffle. Et il n'y a pas plus belle mort que celle où le rosier prend racine sur nos corps liés. Eijiro nous embrasse le dessus de la main, une larme trahissant ses pensées.
Leurs mots, dit avec tant d'émotion, me vont droit au cœur, transperçant ma chaire. Finalement, ils sont extrêmement doués avec les mots et encore plus que je ne le pensais. Je comprends alors que c'est à mon tour et n'ayant rien préparé, je parle avec mon cœur, m'étant le plus de sentiment possible dans mes paroles.
- Si un jour on m'avait dit que je finirais en ces lieux, m'unissant à deux Drākõn pour la vie, je l'aurais pris pour un fou. Je ne voyais pas ma vie se passer ainsi, aussi bien entouré. J'étais destiné à m'éteindre, c'est du moins ce que je pensais. Vous m'avez, plus d'une fois, prouvé le contraire. Votre amour est si fort qu'il m'étouffe de bonheur et je ne voudrais supporter rien d'autre que le poids de vos sentiments. Je me jure de vous aimer jusqu'à ce que je ne puisse plus et de nous offrir la famille à laquelle nous rêvons depuis toujours. Peu importe le temps passé ensemble depuis le premier jour, cela est surfait. Ce qui compte en cet instant, c'est nous.
Je sers leurs mains, liant mes doigts aux leurs, et c'est la première fois, et je pense peut-être la dernière, où je les vois pleurer en silence. Katsuki a les yeux si humide que je peine à voir ses pupilles, tandis que Eijiro préfère regarder Sorahiko comme si de rien était.
- Les âmes ont parlés, vous vous jurez donc fidélité et amour, jusqu'à ce que votre âme quitte votre corps pour le repaire des dieux. Il se tourne vers l'arbre et lève les mains bien haut. Les lucioles viennent se poser sur les feuilles, éclairant les alentours. Qu'Ateas vous regarde et vous bénisse. De son pousse, il fait une légère traînée de cendre sur nos fronts à chacun. Mes enfants, je vous déclare unis par les liens sacrés du mariage.
Je n'ai pas le temps de dire un mot que je me retrouve entre deux torses puissants, ma bouche ravagé par leurs langues brûlantes.
Autour de nous, des pétales de fleurs tombent du ciel et les applaudissements vont bon train. Tous hurlent de joie et je me sens si apaisé et heureux que je ne parviens pas à prononcer une phrase. Je regarde les invités partagés entre deux émotions, pleurant et hurlant vers nous. Les sourires sont peint sur chaque visage et le vent se lève une dernière fois vers moi avant de s'éteindre. Pris entre Katsuki et Eijiro, je les suis vers le banquet, la soirée pouvant se prolonger, car nous avions encore un repas à partager avant la nuit de noce.
Nous rigolons bien fort, Shoto se renverse un peu de bière sur lui, Natsuo à moitié avachi en travers de la table. La bonne humeur perdure et je partage leur allégresse. Assis sur les genoux de Eijiro, le bras de Katsuki sur ses épaules, je peine à garder les yeux ouvert. La lune est déjà haut dans le ciel et les étoiles brillent de mil feu. Le centre ville de Yulïna commence déjà à se vider, la population retournant chez elle peu à peu. Je baille discrètement, une main devant la bouche. Katsuki baisse les yeux sur moi, un fin sourire sur son visage.
- Tu commences déjà à fatiguer ? Je dépose mon front contre son épaule et il cajole mes cheveux.
- Un peu, je vais aller me chercher à boire.
Je me lève, quittant difficilement mes amants et m'approche du bar d'appoint. Une échoppe a mit en avant deux tables qui servent de stand pour les boissons. Quand je prend mon verre, et boit une gorgée, je manque de m'étouffer alors qu'une main frappe mon épaule un peu trop fortement. C'est Denki et Hanta, bras dessus dessous, les compagnons d'armes de Eijiro, qui se trouvent derrière moi.
- Izuku, félicitation. Dit le jaune bien fort, passant son bras autour des reins du noiraud.
- Prends bien soin de notre commandant. Me dit à son tour Hanta avec un énorme sourire que je lui rends.
Ils ne me laissent pas le temps de répondre qu'ils disparaissent entre les bâtisses. Je secoue la tête et termine mon verre, regardant autour de moi les dernières personnes présente. Près de l'auberge du village, Tokoyami discute avec Shoji, son compagnon venu de Aquariã exprès pour l'occasion. Avec eux, Oboro tient fermement Yagi dans ses bras tandis que Shota discute avec Ren et Alioth. Lindel et Yuga sont déjà repartis après m'avoir salué, le couturier trop fatigué pour tenir debout. Je ne vois pas Sorahiko, du moins, jusqu'à ce que ce dernier ne surgisse de nul part sur ma gauche.
- Vous vous êtes passé le mot ? Il me regarde en fronçant les sourcils et je fais mine de rien. Vous désirez ?
- Simplement m'entretenir avec toi. Dit-il en m'invitant à m'asseoir. Je le fais non sans jeter un regard vers la table plus loin, là où mes compagnons discutent gaiment. J'ai été honoré d'être celui qui vous a unie. C'était une très belle cérémonie pleine d'émotion.
- Je dois bien avouer que ce fut compliqué de ne pas verser une larme. Dis-je en frottant ma nuque, gêné. C'était encore plus beau que je ne l'aurais espéré. J'étais entouré et aimé, je n'en demandais pas tant.
- Tu as sacrément grandis depuis notre dernière rencontre. Je suis fière d'en être témoin. Il tapote mon bras et je souris timidement.
- Je le sens aussi dans mon cœur, il est plus épanouie qu'avant. Je pose une main sur mon poitrail et sourit encore plus. Mais une ombre plane toujours. Nous sommes à Yulïna mais je n'ai toujours pas rencontré le soigneur de la cité. Vous m'aviez dit qu'il était le seul à pouvoir me dire si mon corps était apte à porter la vie.
Il sourit en coin et se met à rire.
- Désolé de t'avoir mentit, du moins, en partie. Il ferme les yeux, ramenant ses mains contre son cœur et je vois une lumière vive émaner de son corps. Il se met soudainement à changer de forme. Ses mains s'allongent de quelques centimètres et je me rends compte qu'elles deviennent palmées. Peu à peu, sa queue se raccourcis et ses ailes changent de forme. J'ai en face de moi un Drākõn semblable à Orenji. Me voilà sous ma forme de guérisseur.
- Vous pouvez changer de forme ?
- Grâce à ma magie je peux faire énormément de chose et changer mon apparence en fait partie.
- Alors vous auriez-pu nous aider beaucoup plus tôt !
- Voyons, ce voyage était un passage obligatoire pour vous trois et puis, peu de gens sont au courant de ma capacité. Il se penche vers moi et parle tout bas. J'aimerais que cela reste entre nous. Je hoche la tête et il se remet droit sur sa chaise. Passons, maintenant que tu as accomplis ton destin, tu peux passer ton temps comme bon te semble mais surtout, je peux t'offrir ce que tu attends depuis tout ce temps. Il lève la main, agitant ses doigts.
- Donc vous pouvez bel et bien savoir si je peux porter la vie ? Je m'assois au bord de ma chaise, impatient.
- Évidemment, c'est même mon principal atout. Dit-il en approchant sa main de mon ventre. Puis-je ?
Je regarde mes compagnons une dernière fois avant de reporter mon regard sur Sorahiko.
- Je vous en prie, dites moi.
Il dépose sa paume contre mon ventre et ferme les yeux. Je sens une étrange aura envahir mon bas ventre, réchauffant mes intestins. La même lueur que tantôt submerge ma chaire et je regarde ses doigts bouger. Cela ne dure que quelques secondes et j'ai l'impression que cela fait une éternité qu'il a ses mains sur moi. Quand il s'éloigne enfin, c'est avec un demi-sourire.
- Alors ? Je demande en saisissant ses poignets.
- Izuku, nous te cherchions partout. Des bras passent sous mes épaules et je me sens soulevé dans les airs, porté tel un prince. Je tombe nez à nez avec Katsuki qui me serre encore plus contre lui.
- J'étais en pleine discussion avec... Je ne termine pas ma phrase, Sorahiko ayant disparu.
- Avec qui ? Demande Eijiro en déposant sa tête sur l'épaule du blond.
- Ce n'est rien. Je me rends compte que je suis toujours dans ses bras et je rougis fortement. Tu peux me déposer au sol ?
- Pourquoi ça ? Il dépose un baiser sur mes lèvres, me laissant pantelant. La nuit est déjà bien avancée et nous avons de longues journées qui nous attendent.
Devant mon mutisme, c'est Eijiro qui poursuit.
- N'oublie pas que ce soir, c'est notre nuit de noce. Je rougis encore plus, même si c'est techniquement impossible puisque je suis à mon maximum, et balbutie quelque mot incohérent. Ne t'en fais pas, nous avons toute la nuit devant nous.
Et sans crier gare, Katsuki s'envole avec moi dans ses bras, Eijiro à nos côtés.
- Que faites-vous ? Dis-je précipitamment, ayant soudain une impression de vertige.
- Il nous faut un endroit calme. Pour cela, nous avons trouvé le nid parfait. Me répond Katsuki.
Il nous faut à peine quelques minutes pour atterrir et je reconnais sans mal l'endroit où nous sommes. Je reconnais la cascade ainsi que le lac bleuté où les étoiles se reflètent sur sa robe. J'en perd mes mots devant la beauté des lieux baignés dans la lumière de la lune. Je m'approche du lac, captivé par l'eau accalmie. Ensorcelé par les mouvements, je me déshabille entièrement, exposant ma peau tacheté. Mes compagnons s'approchent de moi et leurs baisers se font humides sur ma chaire.
- Allons à l'abri. Je quémande en fermant les yeux pour ressentir leurs lèvres sur mes épaules.
La seconde suivante, je sens la douceur caractéristique d'une peau de bête dans mon dos et j'entends le bruit particulier des vêtements qui tombent. Quand je daigne enfin ouvrir les yeux, mes amants s'embrassent à en perdre haleine, leur torse me faisant de l'œil. Je me jette sur le téton rosé et dur de Katsuki, pinçant de ma main ceux de Eijiro. Ils grognent et je gémis alors qu'une paire de main caresse mon dos. Je suce le bouton de chair, les sentant se coucher sur le lit, et continu mon manège. Je les regarde du coin de l'œil pour les voir s'embrasser encore et toujours, leur sexe prenant de la vigueur. Cette simple vision m'excite, faisant gronder mon bas ventre. Je descend plus bas, parsemant à chacun leur peau de baiser et de caresse. Leur queue se mettent à remuer, frappant le matelas d'un rythme soutenu.
Quand j'arrive près de leur aine, j'embrasse les os visibles et je sens le sexe de Katsuki frotter contre mon torse tandis que je prends en main celui de Eijiro.
- Izuku ! Hurlent-ils de concert.
Je commence à embrasser la longueur imposante de Katsuki, tout en bougeant mes doigts sur celle de Eijiro. J'ai toujours eu envie de goûter leur sexe et j'ai enfin le cran nécessaire pour le faire. J'embrasse le gland, passant ma langue sur la fente, et suce le bout avec ardeur. Je fais tourner ma langue ainsi que mes lèvres pour lui apporter le plus de sensation possible. Voulant en savourer davantage, je prends en bouche son sexe épais jusqu'à la moitié, ne pouvant en prendre plus. Je commence des mouvements de va-et-vient tandis qu'il remue sous moi. Ne voulant absolument pas faire de jaloux, je m'approche de Eijiro pour lui offrir le même traitement. Leurs gémissements me parviennent aux oreilles, m'incitant à aller encore plus loin. Ma propre excitation monte en moi par vague, et j'ai soudainement envie de plus. Mes Drākõn m'arrêtent avant de jouir, alors que j'essuie ma bouche sans élégance. Ils me placent là où ils étaient, leur corps surplombant le mien. Je ne me lasserai jamais de leurs yeux noirs de désir. Ils m'attirent vers eux comme un aimant.
Leur bouche à porté de main, nous nous embrassons en mêlant nos langues hors de nos bouches dans un bruit humide. Leurs mains prennent place sur ma peau, me caressant de toute part. Je gémis bruyamment, laissant des sons obscènes sortir d'entre mes lèvres. Très vite, ma peau se recouvre de sueur et de salive, leur bouche étant partout sur moi. Ils finissent entre mes cuisses, se partageant ma verge. Ils me sucent, me mordillent et me lèchent. Quand la langue pointue de Eijiro vient taquiner mes bourses, suçant la peau sensible, mes orteils se crispent et je gémis longuement. Katsuki en profite pour englober mon sexe jusqu'à la garde, mon gland tapant le fond de sa gorge. Mes mains se perdent dans sa chevelure blonde, mes reins poussant vers lui. Quand mon sexe sort de sa bouche en un "plop" bruyant c'est Eijiro qui prend le relais, et je n'ai pas le temps de prendre une grande bouffée d'air qu'il m'aspire avec avidité. À tour de rôle ils lèchent mon corps, sucent ma peau. Je suis actuellement en train de me faire dévorer et j'aime cela. Je m'abandonne complètement à eux, me soumettant de la plus délicieuse des manières.
- Retourne toi. Parle Katsuki d'une voix rauque, caressant mes reins. Je m'exécute, soulevant le corps, mon buste abaissé.
Deux mains viennent écarter mes globes et je sens un souffle chaud s'abattre sur mon intimité. J'enfonce ma tête dans l'oreiller, prêt à me faire prendre d'une minute à l'autre. Pourtant, c'est tout autre que je sens. Deux muscles humides puis une coulée se repend sur moi, et c'est là que je comprends. En regardant par dessus mon épaules, je vois leurs cheveux ainsi que leurs cornes dépasser et comprend qu'ils sont en train de lécher mon entrée.
- Katsuki, Eijiro... Ah !
Je gémis continuellement alors qu'ils enfoncent leur muscle en moi. C'est tellement bon, si chaud et délectable. J'aime beaucoup trop ça, ce sentiment grandissant dans mes reins. J'ai si chaud, ce n'est décemment pas normal. Quand je suis de nouveau sur le dos, leur bouche taquinant mon torse, je ne comprend toujours pas pourquoi mon corps palpite à ce point. Mon sexe est de plus en plus douloureux tellement mon envie de jouir est grandissante, alors que mon antre commence à palpiter dans le vide, en quête de plus. Leur verge se frottent à mes jambes et ils viennent embrasser ma nuque. Chacun d'eux caressent mes fesses et c'est quand je sens leurs doigts taquiner mon antre que je me crispe. Les doigts tournent autour de mon entrée sans la pénétrer et c'est leurs caresses qui me détendent. Ils prennent leur temps, titillant mon corps en quête de mes réaction. J'aime cette attention portée à mon égard.
Le premier doigt passe sans encombre et bouge en moi sans que mon corps ne s'y oppose. Les autres doigts suivent, deux, puis trois et bientôt quatre. Au quatrième, une vive douleur prend mes reins et une larme glisse sur ma joue. Eijiro la récolte de sa langue et Katsuki m'offre un baiser en guise de pardon.
- L'élixir fera bientôt effet, patiente encore quelques instant. Me rassure le rouge avec tendresse.
- L'élixir ? Je demande en essayant d'oublier la gêne dans mon corps.
Je sens leur sourire sur ma peau et bientôt tout mon corps s'embrase. La chaleur se transforme en vague de plaisir intense et mon sexe, qui s'était ramollis, devient à nouveau dur. Si l'un d'eux me touchent, je pourrais jouir sans rien de plus. Katsuki m'assois sur ses genoux et Eijiro vient se placer dans mon dos. Leur sexe se frottent sur ma chaire, glissant contre mon intimité humide. J'ai un hoquet de surprise quand ils entrent en collision en même temps, leur gland tapant contre moi.
- Détends toi. Chuchote Katsuki contre ma tempe.
- Nous serons doux. Ajoute Eijiro, sa tête contre ma nuque.
Je prends donc mon souffle, respirant par le nez, et les laisse fondre en moi en une seule poussée. Je sens chaque centimètre de leur sexe s'immiscer en moi et souffle presque de joie quand je sens qu'ils sont tout entier à l'intérieur. Mon trou est si étiré que j'aurais peur qu'il se déchire au premier mouvement. Ils restent immobiles, embrassant ma peau, ma nuque et ma clavicule. Ils me murmurent des mots doux et caressent mon sexe pour me détendre. C'est efficace car je me sens peu à peu plonger dans un plaisir profond. Leurs mouvements sont lents et tendres, et c'est tout ce dont j'ai besoin.
- Plus profond. Je souffle à peine, ma respiration se coupant.
Ils adhèrent à ma requête en fondant en moi aussi loin que mon corps leur permet. Leurs gémissements caressent ma nuque et leurs grognement agitent ma verge. Eijiro agrippe fermement mes reins, ses griffent s'enfonçant dans mes os. Je n'ai cure des marques et du sang, car je suis trop plongé dans le plaisir que me procure leur sexe. Une danse sensuelle, voilà ce que nous faisons. Nous dansons l'un contre l'autre, eux en moi. Mon entrée ne me brûle plus, seul le picotement de leur baiser me tient éveillé. Ils sont si bons avec moi que la notion du temps n'est plus un problème. Qu'ils restent éternellement en moi, qu'ils ne fassent plus qu'un avec mon corps pour l'éternité, serait-ce trop demandé ?
Katsuki caresse mon sexe, emprisonnant le bâton de chaire dans sa paume. Je commence moi aussi à bouger, désirant plus de sensation. Encore plus, toujours plus. J'en veux plus. Je fais aller ma verge dans sa main, m'empalant sur eux. Il n'y a pas de bruit de peau assourdissant, pas de grognement bestial. Nous aurons le temps plus tard. Ce soir, en cette première nuit de noce, nous unissons nos âmes et nos corps dans la tendresse et l'amour qui nous est due. Je crois que, au fond de moi, c'est encore mieux que tout. J'aime la sensation de leur peau sur la mienne, comme un nuage. J'aime leur souffle caressant avec délice ma nuque sensible. J'aime sentir leur sueur se mêler à la mienne pour s'évaporer entre nos corps. Nous échangeons peu de mot, pour ne pas dire aucun. Seul un regard nous est suffisant pour nous comprendre.
Les heures s'écoulent, si bien que la fatigue englobe mon corps, et pourtant, nous n'avons toujours pas jouis. Enfoncés en moi, ils bougent avec plus d'ardeur. Allongé sur Katsuki, l'embrassant à pleine bouche, Eijiro dans mon dos, ils mènent la danse d'une main de maître. Je me lève, les mains à plat sur le torse du blond et colle mon dos contre le rouge, m'empalant de moi-même sur eux. C'est si bon, toujours autant qu'au début.
Soudain, je me retrouve pressé entre leur corps, couché sur Katsuki. Eijiro vient lécher mon oreille, m'offrant la plus belle proposition.
- Souhaites-tu me prendre ? Gémit-il dans ma nuque.
La gorge sèche et le sexe humide, je ne perds pas de temps quand il se met près de Katsuki, le corps offert, les jambes écartées. Je me met entres elles, pressant mon gland contre son trou serré. Voyant que je prends mon temps, le blond entre une nouvelle fois en moi, m'obligeant à prendre Eijiro en un seul mouvement. Il ouvre en grand les yeux, passant ses bras sur mes épaules. Je commence alors à aller en lui, Katsuki me laissant m'empaler sur sa verge. J'aime autant faire l'amour à Eijiro que les sentir en moi. Le plaisir est différent, mais tout aussi bon. Eijiro est serré autour de moi et son intimité est si humide que le bruit de mon sexe sortant et entrant en lui m'excite encore plus. Plus tard, alors que les rayons du soleil percent les rideaux, pénétrant dans la grotte avec aisance, c'est le corps légèrement endoloris et les yeux piquant que je me retrouve sur Eijiro, Katsuki derrière moi. Ils sont de nouveau en moi et leur visage crispés démontrent qu'ils sont bientôt sur le point de jouir. Je n'ai pas tenu aussi longtemps, remplissant Eijiro un peu plus tôt. Leurs mouvements deviennent désordonnés et ils commencent à grogner férocement. Ils viennent enfouir leur visage dans ma nuque et je sens leurs dents fendre ma chaire. Ce simple acte est assez efficace pour me faire jouir, inondant le torse de Eijiro de mon liquide épais. Ils me suivent de très près. Je sens leur semence jaillir en moi, au plus profond de mes reins, me remplissant comme jamais. Cela dure un moment et quand ils se retirent, cela coule de mon intimité tellement ils m'ont remplis jusqu'à ne plus pouvoir. Cette dernière palpite, se retrouvant maintenant bien vide et seule. Je sens alors leur semence chaude dans mes reins et cela me comble de bien être.
Je souris béatement, alors que le roi s'effondre sur mon dos, Eijiro nous recouvrant de ses ailes. Le rouge embrasse mon épaule, tout comme Katsuki qui finalement, ne dort pas.
- Merci. Je murmure, le sommeil à porté de main. Merci infiniment. C'était si bon, si...
Je ne termine pas ma phrase, Morphée m'accueillant auprès de lui. Le seul souvenir qu'il me reste est celui de murmure, de baiser doux et de mot rassurant.
Cette nuit est la première d'une longue lignée et je ne suis, et ne serais sans doute jamais assez endurant, mais je vais chérir chaque moment, chaque instant à leurs côtés, aussi futile soit-il.
