Chapitre 4 : Messieurs Collins et Wickham

POV d'Elizabeth :

Nous rentrâmes à Longbourn et Mère commanda un petit morceau d'aloyau pour le dîner. Père nous annonça qu'un convive viendrait partager notre repas du soir. Nous apprîmes de qui il s'agissait : c'était Monsieur Collins, un cousin de notre père.

Nous sortîmes avec Mary et Charlotte à Meryton pour prendre l'air. Je fis part de nos inquiétudes concernant ce cousin à Charlotte qui se demandait pourquoi il pouvait nous chasser de chez nous quand il le voulait. En effet, il devait hériter de tout le domaine et pas nous car nous étions des femmes.

Monsieur Collins arriva vers les huit heures du soir pour dîner avec nous. C'était un prêtre anglican et était habillé tout en noir. Un silence de plomb s'était installé au repas et Monsieur Collins l'interrompit en disant :

-Quelle pièce joliment meublée et quelles succulentes pommes de terre bouillies. Voilà des années que je n'avais pas goûté de semblables légumes. Laquelle de mes belles cousines dois-je complimenter pour ses talents de cuisinière ?

Mère fut offusquée par ces paroles :

-Monsieur Collins, nous avons les moyens de nous offrir une cuisinière, je vous rassure.

Il lui répondit :

- Parfait, je me réjouis de constater que vos biens vous assurent pareil confort. J'ai l'immense honneur d'avoir pour bienfaitrice Lady Catherine de Bourgh. Vous en avez entendu parler je suppose. Mon modeste presbytère est contigu à sa propriété Rosings Park, et sa Grâce daigne souvent passer près de mon humble demeure dans son petit feuilleton attelé de poneys.

Mère lui demanda si cette dame avait de la famille. Monsieur Collins répondit :

- Une fille, héritière de Rosings et d'une fortune des plus impressionnantes. J'ai souvent fait observer à Lady Catherine que sa fille semble être née pour être duchesse car on reconnait dans ses traits et ses manières le signe évident d'une haute naissance. Ces petites délicatesses sont le genre de compliments toujours appréciés des dames et que j'estime être de mon devoir de placer quand le moment s'y prête.

Il se tourna vers Jane.

Père sembla s'amuser de ces mots :

-Quel bonheur pour vous, Monsieur Collins, de posséder le talent de flatter avec tant de délicatesse.

Cet homme était décidément ridicule et je me décidai à lui parler :

- Ces charmantes attentions vous viennent-elles sous l'impulsion du moment ou faut-il que vous les prépariez à l'avance ?

Jane, outrée par mes propos, me donna un coup de pied sous la table.

Monsieur Collins me répondit :

-En général, elles me viennent spontanément. Et bien que je m'amuse parfois à préparer d'avance certains de ces jolis compliments, je m'efforce de leur donner une résonance aussi naturelle qu'il est possible.

Je faillis me moquer de lui et lui répondit :

- Oh Monsieur, personne ne soupçonne vos manières d'être parfaitement étudiées

Lydia eut un rire étouffé et je lui tapai dans le dos.

Monsieur Collins nous proposa de nous lire les sermons de Fordyce après le dîner concernant les questions morales et demanda à Jane si elle les connaissait. En effet, cet ouvrage concernait des sermons destinés à éduquer les jeunes filles.

Monsieur Collins nous lut donc quelques sermons et partit discuter avec Mère.

POV de Jane :

Nous rentrâmes à la maison et Mère commanda le dîner. Père nous annonça que Monsieur Collins, un de ses cousins éloignés et son héritier viendrait se joindre à nous pour dîner.

Monsieur Collins était un prêtre anglican et était vêtu de noir. Un silence de plomb s'était installé au repas et Monsieur Collins l'interrompit en nous complimentant sur la qualité des meubles et du repas. Il s'ensuivit une joute verbale entre Mère et Monsieur Collins concernant le fait que nous avions les moyens d'avoir une cuisinière. Il nous parla de sa bienfaitrice Lady Catherine de Bourgh et nous avoua qu'il aimait faire des petits compliments aux dames. Concernant les compliments, il me regarda fixement, ce qui me mit mal à l'aise, car j'étais amoureuse de Monsieur Bingley et non de lui.

En effet, je ne trouvai pas cet homme séduisant et je détestai les compliments forcés, étant de nature sincère. Puis Elizabeth décida de lui parler en critiquant la sincérité de ses compliments. Gênée pour Monsieur Collins, je donnai un coup de pied sous la table à ma sœur. Monsieur Collins se défendit seul en lui disant qu'il essayait d'être le plus sincère possible. Mais Lizzie ne le croyait pas.

Monsieur Collins nous proposa de nous lire les sermons de Fordyce après le dîner. Ce livre concernait des sermons destinés à éduquer les jeunes filles et me demanda si je les connaissais. Je ne l'avais jamais lu même si j'allais souvent à la messe. J'étais plutôt romantique comme Lizzie.

Monsieur Collins nous lut donc quelques sermons et partit discuter avec Mère.

POV d'Elizabeth :

Le lendemain après-midi, nous sortîmes avec Jane, afin d'acheter des rubans pour le bal de Netherfield qui avait lieu le soir même. Lydia et Kitty nous avaient devancé et nous attendaient devant la boutique de rubans. J'étais en train de critiquer Monsieur Collins quand mon mouchoir tomba. Un homme le ramassa et Lydia nous le présenta comme étant Monsieur Wickham. Kitty me dit que j'avais fait exprès de faire tomber mon mouchoir pour attirer l'attention de ce gentleman. En fait, je ne l'avais pas fait exprès mais je trouvai Monsieur Wickham plutôt beau si on le comparait à Monsieur Collins et mieux éduqué que Monsieur Darcy.

Monsieur Wickham nous proposa de nous accompagner pour acheter des rubans, ce que nous acceptâmes avec joie. Nous entrâmes dans la boutique et nous saluèrent Monsieur James, le propriétaire.

Monsieur Wickham m'avoua qu'il n'avait aucun goût pour les rubans et boucles de souliers. Je me moquai de lui en disant qu'il était trop sûr lui. Il me répondit qu'il ne l'était pas et qu'il était la risée de son régiment. Ses chefs l'ignoraient car il se considérait lui-même comme un être insignifiant.

Lydia nous interrompit en me demandant de lui prêter de l'argent pour acheter ses rubans. Je refusai car elle me devait déjà beaucoup d'argent. Monsieur Wickham lui prêta l'argent dont elle avait besoin malgré mon refus.

Nous allions rentrer chez nous quand nous croisâmes Messieurs Bingley et Darcy à cheval. Monsieur Bingley se rendait chez nous pour nous voir. Lydia lui demanda ce qu'il pensait de son ruban, il lui répondit qu'il était ravissant. Elle complimenta Jane et lui demanda d'inviter Monsieur Wickham au bal. Messieurs Darcy et Wickham se regardèrent froidement. Monsieur Darcy partit brusquement. Monsieur Bingley, aimable, invita Monsieur Wickham au bal, nous salua et partit rejoindre Monsieur Darcy.

Une fine pluie tomba et nous nous refugièrent avec Monsieur Wickham sous un arbre. Je demandai à Monsieur Wickham s'il viendrait au bal. Il me dit qu'il ne savait pas et depuis combien de temps Monsieur Darcy était là. Je lui répondis qu'il était là depuis un mois et lui demanda comment ils se connaissaient.

Monsieur Wickham me révéla qu'ils se connaissaient depuis leur enfance. Curieuse, je lui demandai pourquoi ils étaient fâchés. Il me répondit :

-Mon père s'occupait de la gestion de ses terres. Darcy et moi avons été élevé ensemble. Son père avait pour moi une grande tendresse, il m'aimait comme son fils. Nous étions à son chevet quand il nous a quitté. Juste avant de mourir, le vieil homme avait exprimé le vœu de me léguer une cure car il savait que je voulais entrer dans les ordres. Darcy a ignoré ses dernières volontés et a cédé la cure à un autre.

Surprise, je lui demandai pourquoi. Il me dit qu'il pensait que Monsieur Darcy était jaloux car il était le favori du père de Monsieur Darcy. Je fus choquée par tant de cruauté de la part de Monsieur Darcy et plaignit Monsieur Wickham de sa malchance.

POV de Monsieur Darcy :

Avant le bal de Netherfield, Charles voulut absolument voir Jane pour essayer de lui dire ce qu'il ressentait pour elle. J'accepta donc de l'accompagner pour l'aider moralement. Nous mentîmes à Miss Bingley, car elle haïssait les Bennet, en disant que nous sortions prendre l'air à cheval et elle nous laissa partir.

Sur le chemin, nous croisâmes Miss Bennet et ses sœurs et un homme. Cet homme était mon ennemi juré et mon ancien ami d'enfance Georges Wickham. Il avait brisé le cœur de ma sœur Georgiana et était maintenant lieutenant dans l'armée royale. Nous nous défiâmes du regard. Je vis que Miss Elizabeth le regardait avec inquiétude et je compris qu'elle s'était déjà attachée à lui. Bouleversé, je décidai de rentrer à Netherfield mais Charles me suivit.

Arrivés près de Netherfield, Charles me demanda ce qui n'allait pas :

-William, qu'est-ce qu'il y a ? Tu le connais ce Wickham ?

La gorge serrée par l'émotion, je réussis à parler :

-Oui, c'est ce Wickham dont ma sœur s'était entichée et qui avait essayé de l'enlever pour avoir sa dot. On est très proches et elle m'a tout raconté. J'ai chassé Wickham de Pemberley mais cet évènement a brisé Georgiana.

-La pauvre. Je suis désolée Will, je n'aurais pas dû inviter cet individu.

-Ce n'est pas grave Charles. Tu ne pouvais pas savoir. Je te laisse je vais me préparer pour le bal.

Sur ces mots, je me réfugiai dans mes appartements.