Hey ! Voici le troisième chapitres, j'espère qu'il vous plaira tout autant que le précédent :)
Et merci Morgane pour ton commentaire :D En ce qui concerne la longueur de ce récit... je pense que tu ne seras pas déçue haha
Bonne lecture !
- Lundi matin, 8h12 -
« Je t'attends devant. » murmura dans un sourire équivoque la jeune femme en fermant la portière.
Ce qu'elle portait sur le visage donnait aux yeux des spectateurs qui l'entourait l'image parfaite de cette terrible balafre qu'était l'amour chez les adolescents. Ce sentiment qui, dans l'esprit des possédés, devait durer éternellement. En vérité, dans le crâne de ces individus, il ne s'agissait pas que d'un sentiment volage, quelconque, mais bien d'une magie que l'on retrouvait sans trop farfouiller dans les séries américaines pour ado appréciant le fantastique ou le surnaturel.
Ouais, c'était ça l'amour. Une balafre suintante de clichés. M'enfin bon, peu de personne le voyait comme ça.
Surtout Clarke. Non, définitivement, pour elle, l'amour était bien plus que cela. Ce n'était pas une balafre mais une magnifique plaie ouverte emplit de bonheur.
Elle fit un minuscule signe de la main avant d'enjamber, dans un joyeux bond, le trottoir.
Toujours ce sourire d'idiote.
Remettant son sac sur ses épaules d'une manière ridicule – ou stylée, cela dépendait souvent des points de vue – elle attrapa son portable dans sa poche arrière de jeans afin d'y tapoter un message voire une recherche internet futile. Cette fille si heureuse d'être présente sur ce territoire aimait ressembler à ses congénères ; elle adorait fixer l'écran bleuté de son téléphone pendant des heures sans posséder de véritable objectif. Clarke était cette adolescente basique que constituait la foule du lycée de Holbrook, dans l'État d'Arizona, tout au sud-ouest des États-Unis. Bien coincé entre désert, montagne et vide.
Toujours ce fichus rictus joyeux, pensa son frère qui ne l'avait pas lâché du regard depuis son arrivée.
Il tira une nouvelle taffe sur sa cigarette tordue. Celle-ci pendait mollement vers le bas comme si le tabac voulait fuir son futur chez-lui, il ne voulait pas finir dans les poumons d'un autre imbécile d'humains.
Aden était l'humain en question. Humain qui avait dépensé ses derniers dollars dans ce paquet, alors il n'était pas question que ce tabac s'échappe ainsi. Non. Hors de question. Sa valeur ne pouvait se perdre aussi bêtement. Bien qu'ainsi amochée, il continuait donc de tirer dessus à grand coup de fortes respirations hachées et fébriles. Il sentit qu'il était plus complexe qu'auparavant de soutirer une toxicité quelconque et il se fit la réflexion que, la prochaine fois, il veillerait à ne pas écraser son paquet de clopes sous ses manuels d'histoire et de géographie en partant de chez son amie.
Les yeux braqués sur la silhouette de sa jumelle au loin, il écoutait également d'une oreille distraite les dires de ses camarades qui, d'après ce qu'il avait réussit à capter jusque là, se disputaient à propos du dernier album d'un artiste anodin.
« J'y crois pas... marmonna énervée sa voisine. Le solo de guitare était carrément claqué au sol, même Maya aurait mieux gérée que ce mec,
- Oh, merci Raven, Ricana la concernée.
- C'était ironique. T'es aussi douée qu'un singe,
- Oh, parce-que t'as déjà vu un singe jouer de la guitare ?
- Non et justement, ça veut tout dire sur ton niveau merdique. »
Les deux jeunes femmes échangèrent un long regard avant de se détourner l'une de l'autre, préférant passer leur temps de pause à autre chose qu'à se disputer.
Elles tirèrent d'un même geste vif sur leur cigarette respective et, si le blond avait prêté la moindre attention sur ses deux camarades, il aurait remarquée leurs regards impatients, brouillés.
« Tout ce que je voulais dire c'était que par rapport à ce qu'ils avaient produit avant, l'album était pas si nul que ça, reprit Jasper en tentant de calmer la tension.
- Pas si nul que ça... » répéta simplement Raven, se retenant de faire une nouvelle mauvaise remarque.
Elle évita définitivement de réengager le moindre sujet en sentant les yeux noirs de Maya la toisant. Son caractère la poussa tout de même à lâcher un soupire bien trop exagéré pour être réaliste afin de prouver son désaccord total. Il n'était certainement pas question qu'elle cède aussi simplement, sa voisine pouvait lui lancer autant de mauvais regards qu'elle le souhaitait, ça ne changeait rien au fait que oui, cet album était nul. Même un sourd aurait fini par supplier qu'on arrête la musique.
Les trois jeunes finirent par se détendre, progressivement, en suivant de leurs pupilles encore un peu fatiguées le rythme de la fumée qu'ils recrachaient dans l'air chaud de ce début de journée. Leur petit silence, auparavant tendu, était continuellement entrecoupé par la venue d'autres lycéens tout aussi endormie.
Le banc sur lequel étaient assis les fumeurs longeait le bord d'une immense allée menant à l'entrée principale du bâtiment A. Cette allée, si vous vouliez l'avis de Raven, n'était rien d'autre qu'un moyen pour des centaines de petites fourmis de pavaner sous le joug de l'hypocrisie. Oh, évidemment, ce n'était que la vision d'une adolescente. N'importe qui d'autre aurait trouvé un terme plus adéquat. Cependant, un point se devait d'être souligné : les fourmis. Le matin entre sept heures cinquante et huit heures dix défilaient ici des centaines de lycéens qui, d'un regard extérieur, faisaient ressortir cette allée comme l'artère principale d'une fourmilière.
La fatigue n'empêchait pas l'endroit d'être pris dans une grande animation.
Aden tira une nouvelle taffe en observant ces deux jeunes hommes discuter et faire de grands gestes, comme s'ils se disputaient. Pas loin derrière eux un petit groupe d'une dizaines de filles se mirent à le fixer du coin de l'œil, marmonnant des paroles qu'il préférait ne pas connaître. Ces adolescentes en manque d'attention fixaient également ses amis d'un drôle de regard. Rond et curieux et moqueur. Un mélange correct pour donner un aperçu de ce que pensait la moitié du lycée à propos d'eux.
Fumer n'était pas très... respectable, ici.
« Tu l'as trouvé comment l'album Aden ? » finit par demander Jasper, souhaitant enfin avoir quelqu'un de son côté.
Raven et Maya le fusillèrent immédiatement de leurs regards perçants, soupirant d'avance quant à la relance du sujet et oubliant même de recracher la fumée qui avait lentement emplit leurs poumons. Aden prit un peu plus de temps pour comprendre que l'on s'adressait à lui et détacha finalement ses pupilles du dos de sa sœur. Il fit mine d'être à l'écoute totale de son camarade lorsqu'il croisa ses yeux noisettes étirés en un sourire.
« Je dirais qu'il était... potable,
- Potable ? S'étonna Raven en toussotant. Enfin je veux dire, juste... potable ?
- Yep. »
Son large sourire penchant légèrement vers la droite qui, habituellement était si convaincant, fit mouche dans l'esprit de ses amis mais ils ne dirent rien, préférant garder pour eux leurs questionnements intempestifs. Malgré la misérable tentative de relance d'un sujet si tabou par Jasper, tout le monde abandonna ce chemin. Cela était plus fatiguant qu'autre chose, surtout à cette heure de la matinée.
Et puis la sonnerie annonçant leur futur ennuie allait bientôt retentir dans l'enceinte du lycée, autant ne pas perdre de temps inutilement.
« Je reviens. »
Raven qui se préparait déjà à lâcher un soupir exaspéré face à l'entrain soudain de ses amis pour un sujet aussi futile se stoppa nette en remarquant l'énergie qu'avait mis son camarade dans ses mots. Elle le vit se lever d'un bond étrange en manquant de bousculer Jasper posté juste en face. Elle le vit aussi attraper son sac posé maladroitement sur le bord du banc avant de bloquer sa clope entre ses dents puis de partir en grande enjambée en direction du parking extérieur.
Ils furent tous surpris de ce soudain entrain et Jasper voulut le retenir un instant pour le questionner sur ses agissements étranges mais il ne réussit qu'à trébucher sous le regard moqueur de Maya.
Le garçon observa son ami se faufiler entre la foule de lycéens et son bras revint mollement pendre sur son flanc.
« Le solo de guitare tenait finalement assez debout comparé à toi, dit Raven.
- La ferme. » grommela le garçon en prenant la place d'Aden.
Les trois tirèrent en même temps sur leur cigarette grillant le dernier centimètre de tabac encore disponible.
« Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vue marcher aussi vite, lança Maya.
- La dernière fois s'était quand on était en retard pour le jour des frites au self,
- En retard à cause de qui, j'aimerais bien le savoir... » marmonna Raven en donnant une tape à l'arrière du crâne du jeune homme.
Le souvenir de s'être tapée les haricots verts pas cuits au lieu des frites restait encore lourdement bloqué en travers de la gorge de l'adolescente et elle n'était pas prête de pardonner ce déshonneur à son camarade.
La silhouette d'Aden, loin d'être enquiquiner par les mauvais souvenirs de ses amis, se mouvait avec une non-délicatesse habituelle entre la masse que formaient les autres adolescents. Ceux-ci lui jetaient par instant des regards méfiants ou se mettaient à le dévisager, comme s'il venait juste d'apparaître dans leur vie et qu'ils ne l'avaient jamais remarqué auparavant.
Il évita un sac jaune et finit par atteindre l'emplacement où se tenait toujours bien droite sa sœur. Celle-ci continuait de tapoter vivement sur son écran de téléphone et, elle était tellement accaparée par cette activité, qu'elle ne vit pas surgir sa silhouette à sa gauche.
« Clarkie ! »
Elle sursauta et manqua de faire tomber son portable sur le coup de la surprise. Le récupérant de justesse, elle en profita pour réajuster ses lunettes sur le bout de son nez d'une telle manière que son frère se demanda si ce n'était pas plus un geste nerveux qu'autre chose.
« Je t'ai déjà dit d'arrêter de m'appeler comme ça... » siffla la jeune femme en se tournant vers lui.
Aden la scruta un petit moment, dubitatif.
Le rouge et or claqua dans l'air comme un mauvais signal d'alerte attirant malencontreusement les pupilles du garçon.
Bon sang qu'il détestait cette veste trop grande qui lui faisait des épaules de géante alors qu'en vérité, elle avait une musculature plutôt fébrile comparée aux autres joueuses. Oui, cette veste d'archère si adulée était bien ridicule sur sa fine silhouette, et en plus de ça, cette veste était moche et mal taillée. Puis ce rouge criard qui se mélangeait avec passion au jaune poussin donnait plus envie de gerber que de sauter de joie.
Il secoua le visage et se mit à décrypter celui de son acolyte de toujours.
Sa lèvre supérieure était retroussée vers le haut et ses narines bougeaient imperceptiblement. Son minuscule grain de beauté sautait aux yeux de son frangin comme une agression sauvage. Ce fichu grain de beauté que tout le monde trouvait si parfait ne faisait que de prouver au jeune homme la splendide et mensongère image d'une Clarke bien dans sa peau qu'elle essayait de se donner. Pas une mèche de cheveux qui ne dépassait de l'amas blond, pas un cils qui ne se mouvait à l'encontre de l'unisson des autres, pas un bouton mal caché.
Rien.
Une peau lisse. Des yeux qui, lorsqu'il se laissait sourire, renvoyaient une image de joie. Des cheveux bien travaillés et enfin, un nez droit et légèrement arrondis que Aden lui enviait dès qu'il en avait l'occasion.
Il n'osait même pas regarder cette mâchoire rondement tracée.
Cependant, quelque chose clochait et il pouvait le voir à son nez un peu trop froncé et aux coups d'œil que sa jumelle ne pouvait s'empêcher de jeter en direction du parking, comme si la venue de son copain allait la sauver d'une catastrophe imminente. Ses sourcils ne formaient plus qu'un grand V sur son front et Aden osa presque s'en moquer mais il se rappela bien vite qu'il possédait cette même caractéristique ridicule lorsqu'il se mettait en colère.
Les joies d'être de parfaits jumeaux...
Clarke serra machinalement la lanière de son sac dans sa main droite et rangea à la hâte son portable.
« Calme-toi, lança Aden. Tu préfères que je t'appelle Blondie ?
- Arrête ça. »
Ce fut à son tour de le dévisager sans contrefaçon.
Aden affichait toujours ce sourire radieux et énervant car empli de moqueries amères. Ce sourire que Clarke n'avait jamais réussi à imiter malgré ses efforts. Ce sourire qui le différenciait pleinement depuis leur naissance. Fin mais gracieux, loin de son propre éclat écorché et trop grand. Ses cheveux légèrement teintés de gris lui tombaient sur le contour du front, se stoppant juste au terme de ses yeux. Le jeune homme portait lui aussi sa paire de lunettes grise qui reposait bizarrement sur son petit nez. Il paraissait être en forme, prêt à se moquer de son alter-ego à tout instant. Cependant, le regard expert de Clarke scanna autre chose de différent chez lui : ces énormes poches de cernes qui s'étendaient sous ses yeux.
L'inquiétude se faufila, vicelarde dans le crâne de la blonde mais elle la balaya aussi rapidement qu'elle n'était apparue d'un haussement de sourcil hautain.
« Qu'est-ce que tu veux ?
- Quoi ? S'étonna le garçon, recrachant en même temps une bouffée de fumée qui s'évapora au-dessus de leurs deux visages.
- Pourquoi tu me parles alors qu'on est au lycée ? »
Ils échangèrent un regard étrange qui, aux yeux des autres lycéens, ne paraissait pas différent de ce qu'ils avaient l'habitude de faire. Cependant, si on se concentrait légèrement, on pouvait discerner à l'intérieur de ce combat visuel une tension bien trop importante qui, si elle continuait d'enfler ainsi, finirait par éclater en morceau en détruisant ce qu'il restait de leur compagnie. Détruisant de ce qu'il leur restait d'amitié de jumeaux parfaits.
Comme toujours, rien ne se passa et ils finirent par détourner le regard d'un commun accord.
« C'est rare, reprit Clarke en se passant une main dans les cheveux. C'est rare que tu oses me parler au lycée, alors vas-y, je t'écoute. T'as un truc à me demander en particulier ? »
Aden tira une dernière bouffée sur sa cigarette et la jeta sans trop faire attention au passage des autres lycéens sur le trottoir. L'un d'entre eux osa marmonner une mauvaise parole à son encontre mais il fit vite repris en croisant son regard.
« Je t'écoute Aden. » réitéra Clarke, tapotant du pied, impatiente de terminer cette conversation.
Le jeune homme lâcha un plus petit sourire et se força à ne pas attraper son paquet de clopes – amoché - qui le démangeait dans la poche arrière de son sac à dos bleu. Il jeta un coup d'oeil rapide au parking et aperçut l'idiot de service qui discutait avec ses meilleurs-amis comme si de rien n'était. Il songea à tout balancer maintenant sur les agissements de ce dernier mais se dit que ce n'était pas forcément le bon moment pour cela.
Il baissa brièvement le visage afin de récupérer son air hautain et ouvrit enfin la bouche pour prendre la parole, mais d'un geste brusque de la main, Clarke le coupa :
« Non, en fait, tu sais quoi ? Je ne veux même pas savoir. Je sais ce que tu veux et c'est non. J'en ai marre de ton petit jeu Aden, est-ce que tu comprends ou est-ce que t'es encore trop bourré de la veille pour ça ? La blonde capta les veines éclatées qui assombrissaient le regard de son frère. Ouais, j'en étais sûre... Qui serait assez con dans cette famille pour croire que tu passais le week-end à réviser chez Raven. Bon, écoute moi bien, si tu veux de l'argent c'est pas à moi que tu dois demander. Je me suis fait avoir de trop nombreuses fois, alors maintenant, tu te démerdes. T'as qu'à demander aux parents.
- Tu sais très bien qu'ils m'ont pris ma carte bancaire, répliqua le garçon en tirant une mèche de cheveux trop volage de devant ses yeux.
- Je sais, et c'est bien mieux comme ça. » conclut l'autre.
Aden la fixa de ce regard où la culpabilité et l'énervement grandissaient jusqu'à former un ballon qui, si on appuyait un peu trop, serait prêt à éclater à la gueule du monde.
« T'as un autre truc intelligent à me demander ou tu vas pouvoir me laisser aller en cours ? »
Il resta figé sur place un instant, les yeux méprisants et le cœur serré dans un étau effroyable. Le regard que Clarke lui lança n'avait rien de... comment dire... d'habituel. Avant, elle lui aurait marmonné un sermon stupide sur pourquoi et comment ne pas gâcher sa vie en trois étapes clés :
1 – Ne pas traîner avec Raven.
2 – Ne pas traîner avec Maya.
3 – Ne pas traîner avec Jasper.
Par la suite, elle l'aurait forcé à l'accompagner une demi-journée à la bibliothèque pour se convaincre – du moins plus elle que son frère– qu'en tant que jumeau de Clarke, Aden pouvait être tout aussi intelligent qu'elle. Puis pour conclure, sur le trajet du retour, elle lui aurait donné son argent en lui faisant promettre de ne rien faire de trop grave, de dangereux ou de trop débile, parce que, dans le fond, il restait son frère adoré.
Aujourd'hui, rien de tout cela n'allait se produire et ça le rendait fou d'une jalousie qu'il aurait préféré ne jamais avoir à côtoyer.
Aden la gratifia simplement d'un autre regard sombre avant de laisser filer un rire amer entre ses dents malicieuses.
« Ton beau prince charmant à l'air en forme aujourd'hui. »
Clarke se préparait à répliquer de manière sévère face au surnom quand une main froide vint se glisser sur son avant-bras, la prenant de court. Malgré tout, elle parvint à sentir une odeur caractéristique qui, en quelques instants, se figea contre ses narines pour lui redonner son large sourire. Aden retint douloureusement une autre taquine parole en les regardant.
Le nouvel arrivant ne semblait pas prêter grande attention au garçon et se contenta de poser un baisé sur la joue de sa petite-amie.
Comme c'est romantique... Pensa Aden.
Et encore du jaune poussin.
Encore et toujours cette touche de jaune qui allait finir par l'enterrer si le jeune homme ne détourner pas le regard immédiatement. Il fit maladroitement semblant d'être grandement intéressé par un des lycéens qui refaisait son lacet à côté d'eux.
Il se racla la gorge en reprenant ses esprits.
Aden maugréa intérieurement contre cette coloration jaune dégueulasse que le jeune homme s'était lui-même infligé pour, il cite '' supporter sa copine lors de ses compétitions ''.
Complètement débile. Totalement suspect.
« Je crois que je vais pas vous déranger plus longtemps, siffla-t-il en faisant volte-face.
- Oublie pas le- commença Clarke avant d'être interrompu par un chuchotement impromptus glissé dans son oreille par son voisin. Le dîner de ce soir, papa et maman ont invité les voisins ! »
Aden préféra ne pas se retourner pour les voir encore une fois roucouler comme des prépubères et leva sobrement sa main droite pour, en signe d'acquiescement, lui envoyer son majeur à la figure. La sonnerie le fit accélérer le pas et il se retrouva bien vite, accompagné d'une petite foule, emporté dans le bâtiment A.
Les longs couloirs qu'il avait la terrible habitude de fréquenter lui parurent de nouveau trop colorés, trop vifs pour des mortels. Rouge sur un mur, vert sur l'autre et jaune au plafond. Splendide ! Non vraiment, ce lycée et ses habitants avait une douloureuse relation avec les dégradés et tout ce que cela impliquait.
Il accéléra encore un peu.
Pas une seule fois Aden ne s'arrêta pour saluer l'un de ses camarades. Il mettrait ça sur le compte de son futur cours de maths s'ils venaient à le questionner. Enfin, questionner était un bien grand mot quand on savait qu'il ne leur parlait pas.
Il ne s'arrêta pas non plus pour prendre un jus de pomme à la cafétéria et se détesta d'avoir préféré parler à son abruti de jumelle au regard trop enquit d'un connard. Toutefois, malgré son pas trop pressé pour ne pas paraître suspect aux yeux des surveillants, il parvint à distinguer une voix aigus :
« Hé oh, loser ! »
Il se demanda brièvement en ouvrant la porte de sa classe qui était la nouvelle victime des pétasses - bien qu'au fond de lui, indignement, il en avait déjà une petite idée…
