Bonjour à toustes, je poste ici un chapitre plutôt court. Il constitut en quelque sorte une première partie d'un nouveau mouvement. Bref, je vais essayer de poster le reste assez vite, j'espère que ça vous fait plaisir.
Merci beaucoup pour vos reviews, continuez à me dire ce que vous en pensez

Bonne lecture !


« De combien de temps,
de combien de moments on dispose
avant que tout explose ? »

Quelques jours plus tard, un vendredi, la situation évolua de façon dramatique.

Suivant une piste trouvée par Broots, Parker choisit de se plier aux règles de leur jeu diurne. Persuadée de ne pas le trouver dans cette zone industrielle abandonnée, elle se rendit sur place avec ses deux collègues ainsi qu'une berline remplie de nettoyeurs. Après tout, il fallait sauver les apparences.

L'arme au poing, elle s'était séparée de la troupe d'hommes en costards pour fouiller l'arrière d'un entrepôt avec Broots et Sydney. Lorsqu'ils atteignirent l'allée adjacente à l'édifice, une porte s'ouvrit à une vingtaine de mètres d'eux. Poussée par ses réflexes aguerris, elle leva son arme. Jarod s'arrêta net alors qu'il réalisa que les trois individus se tenaient non loin de lui. Son attention se fixa immédiatement sur celle qui le tenait en joug.

Le temps sembla s'étendre alors que leurs regards se croisèrent. Il pencha légèrement la tête et s'arrêta de respirer. Ce fut comme si quelque chose ne collait pas dans ce tableau. Elle put lire de la confusion, de la tristesse et de la surprise dans les yeux de sa prétendue proie. Sans le savoir, son expression reflétait parfaitement la sienne. Les doigts de Parker commencèrent à se desserrer autour de la crosse de son arme. Ses bras devinrent lourds.

Malgré la distance, Parker remarqua que le bleu infligé quelques jours plus tôt au côté de son visage commençait à peine à s'estomper. Ce constat la plongea dans les souvenirs de leur dernière rencontre nocturne, alors qu'à la lumière ce fut comme si elle le découvrait une nouvelle fois. L'image de Jarod l'observant avec dévotion et confiance contrastait douloureusement avec celle d'une proie confuse et apeurée.

Elle n'eut pas la possibilité de pousser cette réflexion plus loin l'écho de bruits de pas résonna dans l'entrepôt vide duquel il sortait. Le fugitif n'hésita pas une seconde de plus. Il pivota sur lui-même et se mit à courir dans la direction opposée. Alors qu'il fut à peine lancé dans sa course, trois nettoyeurs sortirent du bâtiment. A la vue de l'homme s'éloignant rapidement, ils n'hésitèrent pas à l'élancer à sa poursuite.

Parker n'attendit pas plus et se mit en mouvement, le groupe en chasse avait déjà une diaine de mètres d'avance sur elle. Rapidement, elle comprit qu'elle vivait une émotion pourtant si rare chez elle : la panique. Cette dernière la poussa à redoubler d'efforts dans l'espoir de mieux apercevoir Jarod s'enfuir. Car, elle bien qu'elle ne le réalisa pas encore, elle voulait à tout prix le voir s'échapper.

Il disparut derrière un autre bâtiment désaffecté. Elle eut le temps de voir les nettoyeurs devant elle disparaître également avant d'entendre un moteur démarrer. Malgré son accoutrement peu propice à la course, elle accéléra pour arriver au coin de l'édifice alors que les pneus de l'engin crissèrent. Le premier nettoyeur plus rapide que son confrère et sa consœur, n'hésita pas une seconde avant de tirer en direction du fuyard. Parker se mit à hurler « Ne tirez pas ! » à plusieurs reprises. Lorsqu'elle arriva à leur niveau haletante, Jarod disparaissait derrière un entrepôt duquel sortirent les deux autres nettoyeurs. Ceux-ci offrirent la possibilité à la jeune femme de déguiser son angoisse en rage.

Elle s'autorisa à hausser le ton comme elle le faisait rarement. Sa voix monta de plusieurs décibels alors qu'elle humilia presque les deux nouveaux arrivants. Sydney se sentit contraint d'intervenir, comprenant que la colère montrée par la jeune femme n'était pas due à l'issue de la course poursuite. Elle réagit en lui assénant une remarque acerbe avant de finir par se calmer. Elle enfonça ses lunettes de soleil, et sans dire un mot de plus, fit claquer ses talons jusqu'à son véhicule. Personne ne bougea durant plusieurs longues secondes. Ce fut Broots qui comprit que s'il ne rattrapait pas sa supérieure, il allait finir coincé dans une zone industrielle recluse et peu accueillante.

Durant les cinq heures de voyage retour sur les routes et dans les airs, elle demeura muette. Sydney tenta à deux reprises de lui demander ce qui l'avait poussée à laisser sa rage exploser. La première lui valut une réplique acerbe concernant sa fâcheuse habitude à se mêler de ce qui ne le regardait pas. La seconde se solda par un regard d'une noirceur rare, rapidement caché par sa paire de solaire.

Si elle apparaissait silencieuse aux yeux de ses collègues, son esprit semblait hurler. Cinq heures durant, elle s'efforça à cacher ses mains moites, sa respiration courte et difficile, ses yeux parfois embrumés et la tension dans tous ses muscles. En d'autres termes, la panique et l'angoisse qui faisaient surface de temps à autre depuis le début de sa relation secrète, occupait à présent la majeure partie de son esprit.

Une fois arrivée chez elle, dans la sécurité de son domicile, la fatigue sembla s'écraser sur elle. Pourtant, elle se sentait incapable de se laisser aller à celle-ci. Elle savait pertinemment que le sommeil ne viendrait pas. Elle savait aussi qu'il risquait de l'appeler. Elle voulait qu'il l'appelle.

Alors, elle attendit.