Bonjoir, voici la suite du chapitre 3, comme vous le remarquerez celui-ci est vraiment conséquent. Merci beaucoup pour vos petits mots d'encouragement, ça me fait énormément plaisir. J'espère que ce nouveau passage vous plaira, continuez à me dire ce que vous en pensez !
Bonne lecture !
Autour d'un verre de whisky, Parker contempla le fait que plus rien ne semblait avoir de sens. Leur arrangement n'était plus compatible avec leur parade quotidienne. Alors que les glaçons commençaient à fondre dans le liquide ambré, elle réalisa que c'était plutôt l'inverse. Elle eut le sentiment d'être prise dans une impasse. Les rapports qu'elle entretenait avec Jarod prenaient une place croissante dans son esprit comme dans son existence. La solitude se tarissait au fur et à mesure qu'ils partageaient ces moments. Ils parvenaient à créer une parenthèse qui contrastait drastiquement avec leurs quotidiens.
Durant les cinq dernières années, la jeune femme s'était constamment efforcée de s'isoler des autres pour mieux se protéger. Elle avait fait l'expérience de se dévoiler ne serait-ce qu'une once avant que son bonheur nouvellement trouvé lui soit arraché. Elle ne pouvait plus supporter un autre drame. Or, à la lumière des événements de la journée, une tragédie semblait inévitable.
Malgré tout, elle ne parvenait pas à se dire qu'ils devaient cesser leur relation nocturne. Paradoxalement, l'absurdité de leurs existences et la densité des problématiques qui les peuplaient ne faisait plus le poids face à quelques heures de répit. Elle avait besoin de répit.
Elle s'autoflagella un instant, pensant qu'elle était totalement inconsciente.
Face à son anxiété et ses constatations angoissantes, elle décida qu'un deuxième verre serait le meilleur des remèdes.
Alors qu'elle se servait dans sa cuisine faiblement éclairée, la porte qui menait à son jardin s'ouvrit doucement. Jarod apparut alors dans la pièce. Lorsqu'elle posa son regard sur lui, elle remarqua que ses traits étaient tirés. Il avait l'air grave et épuisé. Elle pensa au fait que cette scène était porteuse d'une flagrante ironie : elle était comme le miroir de celle qui, quelques mois auparavant, annonçait le départ de leur jeu nocturne.
Ils s'observèrent un moment avant qu'il ne prenne la parole :
« Je ne peux plus faire ça » déclara-t-il de son timbre grave, sans jamais la quitter du regard.
Elle posa la bouteille de whisky, et sans dire mot, elle se tourna pour attraper un verre sur le plateau placé derrière elle. Une fois leurs deux verres côte-à-côte sur le marbre, elle prit un temps avant de le regarder dans les yeux. Pour la première fois depuis des années, elle choisit l'honnêteté.
« Moi non plus. »
Elle lut l'étonnement dans ses yeux. Il ne s'attendait visiblement pas à ce qu'elle admette la même chose.
« Attends, qu'est-ce que tu ne peux plus faire ? demanda-t-il, l'air inquiet.
_ A ton avis ? rétorqua-t-elle de façon sèche, vexée qu'il ne comprenne pas immédiatement.
_ Je suis sérieux Parker. Je faisais personnellement référence à… ce qu'il se passe le jour. »
Elle baissa de nouveau la tête pour cacher son ennui face à la réaction du prétendu génie. Elle se recomposa brièvement afin de pouvoir le regarder de nouveau en face.
« Je sais » dit-elle simplement, sans ciller.
L'expression de Jarod changea et son corps se détendit. Néanmoins, il ne bougea pas, ne sachant pas comment réagir.
Pour rompre l'inertie de la situation, elle leva la bouteille et lui demanda silencieusement s'il voulait partager un verre avec elle. A sa surprise, il acquiesça et s'approcha du comptoir derrière lequel elle se tenait. Il enleva sa veste pour la poser sur l'une des deux chaises hautes avant de prendre place sur l'autre. Choisissant de ne pas le regarder, elle lui servit un verre de whisky et remplit le sien. Elle jeta deux glaçons dans chacun des récipients, fit glisser celui de Jarod sur le comptoir et leva enfin les yeux.
« Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? » demanda Jarod en faisant tourner la glace dans son verre. Sa question resta sans réponse le temps qu'elle n'avale une première gorgée. Elle reposa alors le cristal sur le marbre et planta son regard dans le sien. Lasse, elle lui répondit : « Je n'en sais absolument rien Jarod ».
Il y eut un silence durant lequel ils se jaugèrent. Il la quitta des yeux pour gouter le liquide ambré. Du coin de l'œil, il la vit se pencher sur le comptoir pour y déposer ses coudes. Il l'entendit soupirer en passant ses deux mains dans son épaisse chevelure.
« Je pensais que tu n'allais pas être là ce matin » déclara-t-elle, sa voix portant un certain détachement, de toute évidence pour se protéger.
« Moi non plus, je ne sais pas ce qu'il s'est passé. Il s'autorisa à sourire légèrement et à faire preuve de légèreté. Je suis un peu distrait en ce moment. »
Sa tentative de relâcher la tension présente dans leur échange retomba directement. Elle leva la tête de façon abrupte et le regarda l'air dur.
« C'est bien ça le problème. Jarod, on est totalement inconscient. »
Sans rien ajouter, Parker porta son verre à ses lèvres et le termina presque. Puis, elle empoigna la bouteille pour se resservir. Tout était si absurde et complexe, ce soir, elle ne voulait pas être sobre pour y faire face. Elle se pencha légèrement pour ajouter du liquide au cristal de son partenaire, sans lui demander son avis. Elle décida qu'il méritait lui aussi de perdre un peu de bon sens. Lorsqu'elle eut fini, elle souffla et quitta la pièce son verre et la bouteille en main.
Jarod la trouva assise à la grande table qu'elle n'utilisait certainement jamais. Les yeux dans le vide, elle croquait ce qu'il restait d'un glaçon. Il prit place à la tête de la table, non loin d'elle mais lui laissant de l'espace. Après quelques minutes de silence, il s'adressa de nouveau à elle :
« Tu ne veux plus me ramener au Centre ? »
Elle leva la tête, visiblement vexée. Ayant conscience de leur histoire complexe, elle savait pertinemment qu'il pouvait encore avoir des doutes sur ses motivations. Néanmoins, après ces derniers mois, elle s'avoua qu'elle aurait espéré qu'il en soit autrement.
« Non, et tu sais très bien que ça fait un moment que ça n'est plus le cas. » Sa voix était sèche, mais sa gorge serrée ne lui permettait pas d'être aussi cinglante qu'à son habitude.
« Mais ça ne veut pas dire que j'ai une idée de ce qu'il va se passer. A part que l'on va probablement finir par se faire tuer. »
Il souffla, forcé de constater qu'elle n'avait pas tort.
La dangerosité de leur arrangement se dévoilait peu à peu à eux. Grisés par cette relation secrète et le réconfort qu'elle leur apportait, ils ne s'étaient pas arrêtés sur les conséquences potentiellement désastreuses de celle-ci. Ou du moins, ils choisissaient de les ignorer.
Ils restèrent silencieux un moment, avalant à intervalles plus ou moins réguliers de petites gorgées de whisky. Ils ne se regardaient pas vraiment, chacun perdus dans leurs pensées. Parker rompit le silence alors qu'elle sentait l'alcool commencer à faire effet :
« J'ai assassiné verbalement deux nettoyeurs. »
Jarod ne put s'empêcher de rire doucement. En réaction, elle sourit malgré elle. Elle devait s'avouer que les piques lancées à l'encontre de ses sous-fifres avaient été particulièrement terribles. Après avoir traité l'un d'entre eux de débile profond et d'incapable, elle avait comparé sa tonicité aux algues moites et fripées qui flottent à la surface d'une soupe miso réchauffée.
Sans réfléchir, elle fit part de cet élément à Jarod. Il rit alors bien plus franchement. Elle l'imita, dans une certaine retenue, les idées encore alourdies par le danger qu'ils encouraient. Néanmoins, elle remarqua rapidement qu'il ne s'arrêtait pas de rire. Elle fut emprise d'une certaine confusion face à la réaction du génie.
En ricanant toujours, il secoua la tête et s'adressa enfin à elle :
« Parker, tu es vraiment très drôle. Tu as une capacité à trouver des analogies terribles… ». Il leva la tête, toujours souriant et la regarda directement, peut-être pour la première fois depuis quelques minutes.
« Bon, je dois t'avouer que je ne comprends pas toujours à quoi tu fais référence, mais je suis sûre que si je savais, je trouverai ça pertinent. »
En observant la sincérité et la bienveillance qui émanaient de Jarod, elle prit conscience qu'il lui faisait un compliment.
Parker recevait rarement des compliments, outre les remarques sur sa beauté, son sang-froid et sa précision. Elle se sentit alors touchée qu'il puisse relever un tel élément. Elle avait toujours fait preuve d'un humour particulier, si peu de fois encensé par ses paires. A la réalisation qu'il venait de complimenter cette facette de sa personnalité, elle sentit le coin de ses lèvres s'étirer. Rapidement, un sourire franc fendit son visage et son rire clair se fit entendre. Un rire de ceux qui vous déconnectent.
En quelques secondes, la gravité de la situation s'éloigna également de l'esprit de Parker. Ancrée dans leur échange, elle sentit son corps se détendre. Inconsciemment, elle s'installa plus confortablement, une jambe repliée sur sa chaine. Toujours souriante, elle remarqua que son verre était à présent vide. Un rapide coup d'œil en direction de celui de Jarod, et elle se décida à les resservir tous les deux.
Il accepta en faisant une grimace, il était peu accoutumé à l'alcool, encore moins lorsque ce qu'il consommait dépassait quelques degrés. Parker le releva, un sourire en coin et le menton légèrement levé, comme pour lui lancer un défi :
« Tu n'as pas l'habitude de boire, n'est-ce pas ?
_ Non, je n'aime pas me sentir dépossédé de mes moyens. Lui répondit-il avec un air légèrement peiné.
_ Parfois, ça fait du bien. » Ajouta Parker avant de boire une autre gorgée. Il haussa les épaules, quelque peu sceptique. Un silence léger s'installa entre eux.
« Au deuxième nouvel an que j'ai célébré après ma sortie, je me suis retrouvé dans une fête vraiment particulière à New York. »
Elle leva la tête, impatiente d'en savoir plus. Imaginer les expériences rocambolesques de Jarod était déjà fascinant, alors l'entendre les relater promettait d'être d'autant plus intéressant. Il poursuivit son récit, sans remarquer qu'elle l'observait, attentive :
« Il y avait un type qui faisait des cocktails… Il fit une brève pause, planta son regard dans celui de Parker et haussa les sourcils. Un ''Mixologue''. »
Elle ne put s'empêcher de rire, elle avait toujours trouvé cette appellation ridicule. Et visiblement, Jarod partageait son opinion.
« Bref, je crois qu'il avait envie de finir la soirée avec moi... »
Elle remarqua qu'il mentionnait des avances proférées par un homme sans montrer de gêne. Elle apprécia cet élément, et fut incapable d'arrêter de sourire.
« Donc, il m'a préparé ses meilleurs cocktails, m'offrant une dégustation spéciale. »
Il s'arrêta, et presque dramatiquement ajouta :
« Parker, qu'est-ce que j'ai bu ! ».
Il l'entendit s'esclaffer. Elle savait déjà que cette histoire finirait avec Jarod penché au-dessus d'une cuvette.
« J'ai fait tous ces mélanges, sans connaître mes limites. C'était terrible. Je me suis retrouvé dans les toilettes de cet appartement. Elles étaient pleines de néons et de guirlandes, c'était insupportable. ».
Il revivait cette expérience peu agréable en la lui relatant. Néanmoins, le doux rire de Parker le connecta au caractère comique de son récit, malgré lui, il riait aussi.
« Et le lendemain ! Mon dieu le lendemain… »
Ils rirent un moment. Puis, Jarod s'adressa directement à la jeune femme :
« Comment c'était la première fois que tu t'es retrouvée dans cet état ?
_ Pareille, enfermée dans une salle d'eau et une incapacité totale le lendemain, répondit-elle en haussant les épaules.
_ Non mais, comment c'est arrivé ? demanda-t-il. Elle reconnut immédiatement le garçon avec lequel elle partageait autrefois ses expériences de tous les jours. L'intérêt de Jarod pour sa réponse transparaissait sur son visage. Cela l'encouragea à lui faire part de ce souvenir.
_ J'avais seize ans, c'était un gala de charité organisé par mon internat en Suisse. Avec cette peste de Louisa, on a décidé de finir tous les verres laissés par les invités. Une des bonnes sœurs qui nous servait de chaperonne s'en est aperçu. Outre la pire gueule de bois de toute ma vie, je n'ai pas eu le droit de quitter ma chambre pendant deux semaines. »
Jarod lui sourit. A vrai dire, son sourire ne quittait plus son visage depuis plusieurs minutes. Il se sentait totalement à l'aise, et bientôt ivre. Il observa la jeune femme en face de lui et remarqua son langage corporel qui faisait miroir à sa propre attitude. Elle n'était plus sur ses gardes, elle était si proche de celle qu'il avait rencontré des années auparavant dans un laboratoire aseptisé. Il retrouvait là la complicité construite des mois durant après cet événement. Ils étaient deux individus si proches devenues étrangères par la force de leurs existences. Jarod prit conscience que leur situation n'était pas si différente de bien des personnes qu'il avait pu rencontrer. L'originalité de leurs rapports tenait à des drames inconnus du commun des mortels. Etonnamment, cette réalisation le fit se sentir « normal ». Face à l'horreur omniprésente dans leurs existences, elle représentait une constante, un élément d'ancrage au reste de l'humanité de laquelle il se sentait si souvent étranger. Il se sentit soudainement immensément reconnaissant. Qu'importe l'issue, il choisit de tout faire pour préserver la seule chose qui le rendait véritablement humain.
Après quelques secondes de silence suite au partage de son anecdote, elle remarqua que Jarod réfléchissait plutôt intensément. Elle l'observa froncer les sourcils puis adoucir immédiatement son expression. Quand il tourna la tête, la bienveillance et la dévotion avec laquelle il la regarda, affecta sa capacité à respirer correctement.
« Tout ça est un peu compliqué… Enfin, on n'a pas choisi la solution la plus simple. Mais, je ne regrette rien. » déclara-t-il après quelques secondes de silence. Il emprunta une voix si douce et sincère qu'elle sentit son cœur se serrer.
Le sourire discret de Parker réapparut au plus grand soulagement de Jarod. Elle sentit monter une forte envie de le toucher. Ils étaient assis trop loin l'un de l'autre pour qu'elle ne puisse la satisfaire. Alors, elle choisit de se lever doucement. Elle attrapa son verre d'une main et passa près de son partenaire pour se diriger vers le sofa. Ce faisant, elle posa quelques secondes sa main sur son épaule, dans un geste discret mais d'une intimité inattendue. Inconsciemment, il ferma les yeux à ce bref contact. Lorsqu'il ne sentit plus sa présence, il se dépêcha de la rejoindre, choisissant de s'asseoir plus près d'elle cette fois-ci.
Il prit conscience de son ivresse en se levant. Elle observa ses actions et remarqua la démarche singulière du génie puis la façon avec laquelle il se laissa presque tomber à ses côtés. Elle ne put s'empêcher de rire doucement. Le voir ivre était une expérience nouvelle et elle en appréciait tous les aspects.
Elle replia ses jambes et s'installa confortablement au coin du canapé. Non loin d'elle, il se pencha en avant, posant ses coudes sur ses cuisses pour se frotter les yeux avec ses paumes. Elle l'observa ouvertement, se délectant des lignes de son visage accentuées une barbe naissante.
« Tu devrais te laisser pousser un peu de barbe, ça te va bien. » remarqua-t-elle, avant de prendre une énième gorgée. Il tourna la tête, interloqué. Elle lui répondit sans s'en apercevoir avec un léger sourire.
Elle avait remarqué durant ces derniers mois qu'il n'était pas conscient de sa beauté. La vanité n'avait pas de place dans l'esprit du génie. Toute son existence ce fut son intelligence qui fut le centre de l'attention. Il ne parvenait que difficilement à se voir. D'ailleurs, Parker n'avait jamais évoqué de ses mots son appréciation pour le physique de son partenaire.
« Tu sais que je te trouve beau, n'est-ce pas ? » dit-elle, un sourcil haussé et les yeux rieurs.
Le regard qu'il lui lança la toucha profondément. Ses yeux se mirent à briller et il baissa rapidement la tête, incapable de ne pas sourire. Elle fut ébranlée par sa vulnérabilité et se félicita mentalement d'avoir fait preuve d'honnêteté.
« Venant de toi, merci beaucoup, lui dit-il, d'un ton retranscrivant sa difficulté à réagir à cette information.
_ Pourquoi venant de moi ? » demanda-t-elle feignant l'innocence. Elle voulait l'entendre le lui dire.
Il la regarda de nouveau dans les yeux, et lui avoua avec une sincérité déconcertante : « Je te trouve absolument splendide. ».
Elle comprit que Jarod ne la complimentait pas de la même manière que les nombreuses personnes ayant déjà fait des remarques sur son apparence. Elle ouvrit d'abord la bouche pour lui répondre, mais ne parvint pas à trouver les mots adéquats. Elle choisit de se pencher délicatement en avant et d'approcher sa main du visage de son partenaire. Sans lâcher son regard, elle la posa sur le côté du visage de Jarod. Ils rompirent leur échange silencieux lorsque que Parker déposa un baiser à la commissure de ses lèvres. Elle se recula par la suite et se délecta de la façon avec laquelle il savoura cet échange encore quelques secondes après que le contact fut rompu. Lorsqu'il ouvrit les yeux, un léger sourire apparut sur son visage.
Ils échangèrent un bref regard complice avant qu'il ne se mette à bailler. Elle l'imita immédiatement, influencée par ce mystérieux mécanisme grégaire.
« Il est tard, je suis épuisée et j'ai besoin de dormir après tout ce que j'ai bu. » déclara-t-elle en se levant. Moins gracieux, il quitta le confort du sofa et resta immobile alors qu'elle commençait à éteindre les lumières de la pièce. Dans la semi-pénombre du rez-de-chaussée, elle s'arrêta à l'orée des escaliers, s'apercevant qu'il partait dans une autre direction que la sienne.
« Il te faut un verre de lait pour dormir ? dit-elle comme-ci elle s'adressait à un enfant. Crois-moi ça ne résoudra pas le mal de tête que tu vas subir demain. »
Il s'arrêta dans ses pas, pour l'énième fois de la soirée, il ne savait pas comment agir.
« Je… commença-t-il, laissant transparaître son doute dans sa voix. Elle comprit immédiatement ce qu'il devait se passer dans son esprit.
_ Tu peux venir avec moi Jarod. » dit-elle simplement avant de monter sur la première marche. Quand elle atteint la quatrième, elle sentit sa présence derrière elle. Un sourire aux lèvres, elle secoua la tête, l'imaginant grisé par cette invitation.
Quelques minutes plus tard, Parker tendait une brosse à dents neuve à son partenaire, choisissant de ne pas réfléchir aux implications d'un tel geste. Il l'observa se préparer à dormir, avec une attention particulière. Trop ivre et épuisée, elle choisit d'ignorer le regard intrigué de Jarod alors qu'elle se brossait les dents puis les cheveux. Elle s'autorisa aussi à le regarder discrètement. Non sans amusement, elle le suivit du regard quand il enleva ses vêtements de façon gauche. Elle se répéta une nouvelle fois que Jarod saoul était d'un comique sans pareil. Et, elle fut frappée par le naturel de ces scènes domestiques.
Lorsqu'ils se retrouvèrent sous les draps, il y eut plusieurs secondes d'inertie durant lesquels ils demeurèrent à une distance raisonnable l'un de l'autre, fixant le plafond et appréciant l'obscurité. Néanmoins, une tension qui leur était bien familière monta rapidement. Leurs lèvres se trouvèrent alors, comme un instinct primaire réveillé. Pourtant, leur ivresse teinta leurs gestes de maladresse, et joua sur leur fatigue. Ils furent pris d'une douce hilarité puis forcés de constater qu'ils n'étaient pas prêts à fournir les efforts requis pour coucher ensemble. Sans ressentir la moindre frustration, ils décidèrent que le sommeil fut la priorité.
Et pour la première fois, ils s'endormirent côte-à-côte et saouls, sans consommer physiquement leur relation.
J'ai hâte de savoir ce que vous en pensez, c'est une partie vraiment conséquente et importante. J'ai eu du mal à la rédiger, j'espère que les personnages restent fidèles à ce que vous attendez.
