Et un dernier pour la route ! Toujours pour la nuit du FoF, sur le thème Ecoute. J'avais vaguement eu cette idée en regardant Desperate Housewives, plus précisément, suite à une scène avec Gabrielle qui m'a fait tiquer. Et comme j'associe Gabrielle à Joshua, voilà.

(Du coup, tout est de la faute de Lae, qui est en partie responsable de mon attrait pour Twewy ET de mon revisionnage de cette série.)

TW en fin de page !

Bonne lecture !


Résumé : Un jeu à boire, quelques mots de trop. Et Neku ne sait pas quoi penser.
Rating :
T
Genre : Angst/Romance (un peu Hurt/comfort)
Univers : Canon alternatif, post TWEWY

Personnages : Joshua, Neku
Pairing : JoshNeku


L'illusion du choix

.

Shiki attrape le goulot de la bouteille et tapisse le fond de son verre d'un rhum pas cher attrapé au supermarché du coin, avant de recouvrir le tout de jus d'orange, sous le regard perplexe de Joshua.

Soit. Lui, il préfère les alcools distingués. Mais il sait que ses goûts sont loins de correspondre à ceux de la plèbe. Alors il contemple son propre verre, encore à moitié rempli de bière, et il retient sa grimace.

– J'ai jamais conduit bourrée, Shiki lâche.

– T'as jamais conduit tout court, Neku fait remarquer.

– Ça compte quand même.

Grand silence. Et puis, Beat lève son verre et avale une gorgée d'un mélange que Joshua préfèrerait ne jamais goûter, et qui implique du jus d'ananas.

– Beat !

Rhyme lui donne un coup de coude.

– C'est arrivé qu'une fois ! il proteste. Ou deux.

La petite pousse un sourire désespéré, et un instant, Joshua se demande qui est le plus âgé de la fratrie. Oh, il sait, bien sûr. Mais quand il voit ce grand rustre à côté de cette petite futée, le doute est permis.

Il baisse les yeux vers son verre, puis les tourne vers Neku. Le seul qui jette un coup d'œil à son téléphone alors que les autres piaillent contre l'irresponsable du groupe. Initialement, il n'a accepté de venir que pour faire plaisir à son ami - petit ami ? - mais la soirée se révèle amusante, maintenant que les jeux à boire entrent dans l'équation. Il aime bien ces petits secrets qui sortent entre deux gorgées, ces aveux honteux. C'est aussi un moyen indirect d'en apprendre plus sur les gens ici présent, une manière comme une autre de mieux les cerner.

Mais pour son plus grand malheur, le participant le plus intéressant - après lui - semble être celui qui a le moins d'anecdotes à partager.

Allez, Neku a bien quelques histoires honteuses planquées dans ses tiroirs, hein ? Il n'a pas pu traverser dix-neuf ans d'existence sans déraper de temps à autre.

– J'ai jamais couché avec quelqu'un de plus âgé que moi, Beat lâche.

Ah ! Là, déjà, c'est plus intéressant. En témoignent les trois verres qui se lèvent, donc le sien. Joshua n'apprend rien en ce qui concerne Neku, et il doit faire un effort pour ne pas recracher la bière qui envahit son palais de son odieux goût. Le tintement du verre de Rhyme, en revanche, c'est une surprise. Mais pas autant que le regard effaré de Beat.

– Quoi ?

– Bah, trois mois de plus, c'est trois plus de plus.

– Mais t'as déjà...

– Elle a seize ans, Beat, Shiki lui fait remarquer.

– Mais-

– Et c'est pas arrivé qu'une seule fois, la concernée surenchérit.

C'est qu'elle s'affirme, la petite. Et c'est amusant à voir. Le pauvre grand frère va devoir s'y faire. Elle coupe court à toutes ses protestations et, pour la peine, elle boit une deuxième gorgée - elle peut bien, pour le peu que Beat chargé son cocktail. Sa moue fermée est à mourir de rire.

– Mais quand ?

– Arrête, tu veux pas savoir, Neku lui fait remarquer.

Et vu la grimace du skateur, son partenaire a vu juste. Le gloussement de Rhyme sonne comme une clochette délicate. C'est à ce moment précis que Joshua décide qu'il l'aime bien.

– J'ai jamais utilisé de faux papiers, elle enchaîne.

Encore au tour de son frère de boire. Lui, il doit commencer à voir flou. Sa main n'est plus aussi ferme qu'avant, quand il repose son verre.

– J'ai jamais couché avec quelqu'un pour de l'argent.

Rien, d'abord. Et puis, Joshua attrape son verre. Il fait tourner le liquide, savoure les regards qui se tournent vers lui. Surtout celui de Neku. Oh, sa jolie bouche entrouverte, c'est parfait.

Il avale d'une traite sa gorgée.

– Genre.

– Quoi, ça t'étonne tant que ça ?

Les autres sont moins surpris, même s'il voit Shiki et Rhyme échanger un regard curieux. Et Joshua aime qu'on s'intéresse à lui. Elles n'auront pas les détails, évidemment. Il y a des histoires que même Joshua ne peut pas raconter. Mais il savoure.

– Même pas.

Ça le choque quand même, il sent. Oh, il ne le pensait pas si prude. Ça n'en est que plus amusant. S'il avait su qu'il ferait cette jolie grimace… Non, peut-être qu'il ne lui en aurait pas parlé plus tôt. C'est amusant à évoquer, mais en toute honnêteté, ce n'est pas le meilleur souvenir de Joshua.

– Pour combien ?

– Mm, ce n'était pas de l'argent à proprement parler. Disons plutôt que j'ai rendu quelques services d'ordre sexuel pour qu'on m'achète quelque chose ?

Il échappe au regard de Neku pour retourner vers son verre, admire le reste de liquide doré qui dort entre ses doigts. C'est joli. Dégoûtant, mais joli. Quand il n'y a pas de mousse par-dessus. Mais à choisir, il préfère toujours le vin.

Face à lui, Beat surveille sa sœur. Sans doute par peur que l'aveux ne lui donne des idées.

– C'est arrivé souvent ? Neku demande.

– Quoi, ça t'intéresse ?

Le Compositeur roucoule comme il glisse un regard dans sa direction.

– Pour toi je fais ça gratuitement, tu sais.

– N'importe quoi.

Et voilà, il rougit et il regarde ailleurs. Gagné. Joshua retrouve son sourire de fouine, et il repose son récipient sur le parquet.

Pour autant, l'arrière goût amère de la bière ne quitte pas son palais.

– Je n'ai jamais…

Tiens, qu'est-ce qu'il n'a jamais fait ? Il doit bien pouvoir trouver quelque chose, non ? Son palmarès n'est pas si large.

– Vendu une quelconque forme de drogue illicite.

Et voilà, c'est encore au tour de Beat de boire. Il l'entend pester, une première fois pour la question, une deuxième quand Rhyme l'imite.

Shiki rit, les protestations fusent, mais Joshua ne suit plus vraiment. Il caresse distraitement le rebord de son verre. L'alcool ingurgité embrume doucement son cerveau.

Il passe ses doigts dans ses bouclettes, tire sur cette mèche trop longue qui vient caresser sa mâchoire. La soirée n'est plus aussi amusante, soudain. La fatigue s'enroule autour de lui.

Il regarde par la fenêtre comme il faisait chez lui, du temps où il ne s'était pas encore pendu au grenier.

Quand il revient à lui, il réalise que Neku l'observe.

xoxoxox

Le matelas est plus confortable qu'il n'y paraît, même si Neku commence à avoir l'habitude des lits de fortune du squat. Il a déjà aidé Beat à en récupérer, des matelas abandonnés au pied des apparts. Joshua, en revanche, ça doit le changer de son immense lit double de riche avec baldaquin et couette moelleuse sans doute beaucoup trop cher pour ce qu'il en fait. Oh, et il oublie le tapis qui doit sans doute coûter plus que le smic que Beat touche, les mois où il bosse. Enfin.

– Tu viens ?

– Un peu de patience.

Dehors, Joshua termine sa clope. Ça lui fait encore bizarre, de le voir fumer. Neku est à peu près certain qu'il fait ça juste pour le style, et qu'il aura arrêté d'ici deux mois, quand il aura trouvé une autre lubie. Mais il ne s'inquiète pas outre mesure. Les poumons du Compositeur ne sont sans doute pas sensibles aux ravages du tabac. Au pire, il doit pouvoir en changer en un claquement de doigts.

D'ici, il ne voit qu'un morceau de chemise, qui dépasse du cadre de la porte. Celle de la chambre qu'on leur a laissée. Au fond du jardin, séparée du reste du squat. Tranquille. Beat sait qu'il n'aime pas le monde.

Surtout, il a dû comprendre qu'il valait mieux éloigner Joshua des autres habitants du lieu, pour éviter une catastrophe.

Quand monsieur le gosse de riche arrive finalement, il défait sa chemise et l'efface d'un geste, avant de venir s'installer contre lui. Naturellement, Neku se redresse pour l'embrasser.

– Merci, il chuchote. D'être resté.

Il sait que ce n'est pas le genre d'endroit qui convient au compositeur, quoi qu'il n'ait rien contre ce genre d'initiatives. Il l'a fait pour lui.

– Avec plaisir, Neku, l'autre répond contre sa bouche. Même si, je préfère te le dire tout de suite, mieux vaut que tu ne comptes pas sur moi pour réitérer l'expérience. Pas sans une bouteille de vin pour passer la soirée, en tout cas.

– T'es vraiment un petit con de bourge.

Neku glousse, passe un bras autour de sa taille. Contre lui, la peau de Joshua se réchauffe.

– Je ne vois pas où est le mal. J'apprécie le confort. Confort dont je te fais largement profiter, il me semble.

Oh, oui. Chaque fois que le rouquin va passer la nuit chez son petit ami, il a l'impression de débarquer sur une autre planète. Tout cet espace pour une seule personne, et ce dressing plus grand que sa chambre… Enfin.

Le luxe, l'argent. Malgré lui, il repense à ce que le Compositeur a avoué, tout à l'heure. Il déglutit. Pas qu'il soit foncièrement contre ce genre de… relations économiques ? Mais ça lui fait bizarre. Est-ce que c'est comme ça qu'il est devenu à ce point friqué ? Neku pensait qu'il obtenait ces richesses de par son simple statut de quasi divinité. Mais maintenant qu'il y pense…

– Eh ?

– Oui ?

– Ton appart, là…

Il hésite. C'est un peu indiscret, comme question.

– Comment tu paies tout ça ?

– J'ai cru que tu ne poserais jamais la question.

Et ça le fait rire. Quelle petite saloperie, vraiment.

– Mais je serais curieux d'avoir ton avis à ce sujet. Quel genre de théories es-tu allé imaginer ? Oh, laisse-moi deviner. Je suppose que tu as déjà envisagé toutes sortes de trafics illégaux.

Lui alors. Il n'a pas tort, mais quand même. Pour la peine, il lui pince la hanche.

– Oh, Neku !

– T'es con.

– Oui, moi aussi je t'aime.

Il soupire. Non, vraiment, il n'y en a pas deux comme Joshua. Encore heureux. N'empêche, cette petite boule d'angoisse qui le titille ne le lâche pas. Il se fait peut-être des idées, mais… Joshua ne s'est pas montré bien loquace, le reste de la soirée.

– Tout à l'heure…

Silence.

– T'as parlé de… fin', tu vois quoi.

– D'échanger des rapports sexuels contre de l'argent ?

– Ouais.

– Oh.

Neku guette le sourire dans sa voix.

– J'aurais pu. Mais non, cette histoire date d'une époque où je n'étais pas encore Compositeur.

Ah ?

– Quand t'étais Reaper ?

Parce qu'il a bien fallu que Joshua en passe par là, non ? Il suppose. C'est bien comme ça que ça marche. A moins qu'il n'ait vaincu l'ancien Compositeur alors qu'il était encore un joueur. Mais non. Il était trop jeune.

– Encore avant.

Hein ? Non.

– Genre.

Il le fait marcher. S'il ne connaît pas toute l'histoire, il sait que Joshua est mort tôt. Début de lycée. Il avait quoi, quinze ans ? Seize tout au plus. Dix sept en ayant redoublé, et Joshua n'aurait jamais redoublé. Il ne peut pas…

– Oh, tu ne me crois pas ? Je vais me vexer, Neku. Pourquoi est-ce que je te mentirais là-dessus ?

– Parce que t'adore te moquer de moi.

– Mm, c'est vrai.

Il l'entend glousser, mais ça sonne bizarre. C'est…

Dans un étirement lascif, Joshua se tourne et s'allonge sur le dos, son torse blanc éclairé par le peu de lumière qui filte depuis la maison d'en face. Dans l'ombre de la nuit, le mauve de ses yeux ressemble à la surface fragile d'un lac. Comme un rire contenu.

– Mais c'est la stricte vérité. Même si ta réaction valait le détour.

– Mais pourquoi ?

– Tu ne poserais pas la question si tu t'étais vu dans un miroir.

– C'est pas ce que je voulais dire.

Il était jeune. Aussi jeune que Neku l'était, la première fois qu'il est mort. Et il se rappelle, oui, du garçon renfermé qui traçait dans la rue, le cœur déchiré par la foule et l'idée d'un lendemain plus noir que le jour qui se terminait. Il sait comme on est parfois à cet âge - comme Joshua était aussi, sans doute.

– Pourquoi pas ?

– T'étais jeune.

– Tu sais, beaucoup d'adolescents ont déjà des rapports sexuels à cet âge. J'oserais même dire que c'est assez courant.

Ses mirettes irréelles glissent vers la porte.

– C'est pas juste une histoire de coucher, là.

Merde. Neku ne veut pas lui donner l'impression de le juger. C'est délicat comme sujet, ça. Mais la désinvolture de Joshua, et ce sourire qui glisse sur sa bouche. Ça lui fait des trucs qu'il n'aime pas.

– Et pourquoi ? Parce que j'ai obtenu quelque chose en échange ?

Peut-être. Lui-même, il ne sait pas.

– Quand bien même j'aurais fait ça gratuitement, ç'aurait aussi été une forme d'échange, tu ne crois pas ? Qu'on cherche de l'attention, de l'affection, du plaisir ou de l'argent, l'équation reste la même.

Comme il parle il s'étire et, pour la première fois, Neku réalise à quel point Joshua a conscience du regard qu'on porte sur lui. Oh, il sait que le Compositeur aime qu'on lui donne de l'attention. Mais là, ce n'est pas une simple question d'être observé. Ses mouvements, l'angle lisse de sa mâchoire, ses yeux entrouverts qui scintillent et son torse à peine soulevé alors qu'il cambre le dos. Tout s'aligne comme une ensemble savamment travaillé. Joshua sait exactement quel effet il fait.

– J'dis pas le contraire.

Il ne veut pas le froisser. Il sent comme Josh pourrait lui échapper, là.

– C'est arrivé comment ?

– On dirait que tu parles d'un accident.

Possible.

– Désolé.

– Ce n'était pas un reproche.

Oh, lui. Ça l'amuse, de voir qu'il est géné ?

Non. Joshua n'a pas l'air amusé. Il sourit sans le regarder, et ce n'est pas agréable.

– C'était cool, au moins ?

– J'ai connu mieux.

Quinze ans. Est-ce qu'il avait déjà couché avec quelqu'un avant ça ? Venant de lui, ça ne l'étonnerait pas.

Le silence se taille une place entre eux. Il n'aime pas ça.

– Et qui… enfin, comment t'as trouvé quelqu'un qui…

Il n'ose même pas finir sa phrase. Juste de s'entendre, il se trouve horriblement indiscret. Ce n'est pas comme si Joshua tenait particulièrement à garder sa vie privée pour lui, remarque. Mais là, c'est différent. Et puis, il parle rarement du temps où il était en vie. A croire qu'il est venu au monde dans l'UG.

– Oh, je n'ai pas eu à chercher bien loin.

– C'est-à-dire ?

– Devine.

– Genre ? C'est quelqu'un que je connais ?

Oh non. Ce n'est pas Sanae, quand même ? Non non. Si c'est ça, il…

– Non.

Il l'entend glousser.

– C'était mon beau-père.

Et là, il y a un truc qui lâche dans le cerveau de Neku.

Son. Quoi ? Non. Il a mal compris, hein ? Joshua ne peut pas lâcher ça comme ça. C'est une blague. Il va le faire marcher cinq minutes et puis, quand il sera repu de son expression effarée, il roulera dans les draps et il lui avouera qu'il le baratine depuis le début. Parce qu'il ne peut pas dire ça sérieusement. Pas avec le sourire.

– Ton beau-père ?

– Parfaitement.

Non.

Il attend la fin de la blague.

– Le petit ami de ma mère, pour être exact. Il ne se sont jamais mariés, mais c'était tout comme. Il vivait chez elle. Un type un peu rustre, pas méchant, bon vivant. Kariya lui ressemble un peu, si tu veux te faire une idée du personnage.

Neku n'est pas sûr de pouvoir savoir. Et puis, Kariya, rustre ? A moins qu'il ne parle de ressemblance physique, mais… Merde.
C'est pas une blague, hein ? Ce que Joshua est en train de lui raconter. C'est vrai.

Il ne lui ment pas. Et, pour une fois, Neku aurait préféré.

– Ce type a couché avec toi alors que t'avais quinze ans ?

Il a l'impression de ne pas utiliser les bons mots.

– C'est ça.

– Et ta mère a rien dit ?

– Oh, je pense qu'elle ne savait pas. Tu imagines bien qu'il n'allait pas lui raconter ça. Enfin, vas savoir s'il lui en a parlé après ma mort ? Je n'ai jamais vérifié.

Est-ce qu'il a seulement conscience de ce qu'il est en train de lui dire ? Il raconte ce truc comme si c'était normal. Et Neku devrait croire que ça l'est ? A moins qu'il ne s'agisse du contraire ? Peut-être qu'il essaie de lui dire, indirectement, que… Oh, merde.

Neku ne sait pas. Ni ce qu'il doit penser, ni ce qu'il est censé répondre.

– On dirait que la nouvelle ne te plait pas, le Compositeur roucoule.

– Sans blague.

Il regrette aussitôt ces mots. Il n'a pas le droit de s'en prendre à Joshua. Pas pour ça.

– Sanae a également eu du mal à avaler la pilule.

Encore, Joshua roule et se tourne entièrement vers la porte, ne lui laissant plus que son dos.

– Laisse-moi deviner. Toi aussi tu me vois comme un petit chaton sans défense qui s'est fait avoir ?

– T'avais quinze ans. Et il devait avoir, genre… Le triple de son âge ?

– Et alors ?

Et alors Neku aussi a eu quinze ans. Il se souvient de ces doutes dans son ventre, du poids des jours. Il était perdu. Il n'aurait pas pu, à l'époque… Pas dans cette situation. Pas avec quelqu'un de cet âge. Pas dans un rapport sain.

– J'étais déjà capable de savoir si je voulais coucher avec quelqu'un à cet âge, tu sais ? Comme tous les adolescents qui ont ce genre de rapports.

Sauf qu'il y a une différence entre un adolescent et un adulte. Un adulte qui avait, qui plus est, autorité sur lui. Joshua n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, c'est vrai. Mais ça…

– C'est pas pareil.

– Pourquoi ? Parce qu'il était plus âgé ? Honnêtement, ça le rendait juste plus intéressant que les gens de mon âge. Les minets prétentieux du lycée ne m'ont jamais intéressé. Avec lui, au moins, j'avais l'expérience et le confort à la clef. Que du positif, tu vois ?

Neku voit, et même, il comprend sa logique. Une logique qui colle parfaitement à celle du Joshua qu'il connaît. Sauf que ça ne passe pas.

– Mais c'était…

– C'était ?

Malsain ? Illégale ? De l'abus ? Que de choix.

– J'ai pu m'amuser, et je pouvais demander ce que je voulais en échange. J'étais loin d'être à plaindre, rassure-toi. Oh, ce n'est pas le meilleur partenaire que j'ai eu, mais ça restait correct.

Dans le peu de lumière qui les atteint, son dos forme une grande ombre noire découpée sur un fond sale. Ses boucles ne sont plus qu'une seule masse.

– Josh…

– Je crois que tu accordes trop d'importance à ce genre d'histoire. Sanae aussi, d'ailleurs. Là-dessus, vous vous ressemblez. Si j'étais toi, je rangerais ça dans un coin de ma tête et j'irai me coucher.

Comme tu fais ? il voudrait lui répondre.

– Il est tard, et contrairement à moi, tu as cours demain. A moins que tu ne veuilles passer la matinée au lit avec moi ? Sache que j'en serai ravi.

– Crétin.

– Dommage. Remarque je n'en retrouverai que plus vite un lit plus confortable que ce matelas.

Il parle trop, et il ne le regarde pas. Mais qu'est-ce que Neku peut faire contre ça ? Il déglutit.

Doucement, il pose sa main sur l'épaule de Joshua. Pas un bruit. Il tend l'oreille, cherche le détail qui le trahira. Mais le Compositeur ne bouge pas. Sans chercher à lui échapper, il ne vient pas non plus se presser contre lui.

– Eh ?

Pas de réponse. Il caresse l'angle tendre qui pointe sous la peau.

– Bonne nuit, il murmure.

– Bonne nuit, Neku.

Il remonte la couverture de fortune sur eux, appuie doucement son nez contre sa nuque. Il cherche, dans le silence, le moindre bruit. Les détails traîtres qu'il croit percer dans le discours de Joshua. Son regard glissant, ses sourires dérangés. Les mots qu'il accumule pour étouffer les siens.

Et cette histoire.

Merde. C'est pas… Est-ce qu'il doit le croire ? Quand il dit qu'il était ok avec ça ?

Il passe son bras autour de sa taille pour le serrer plus fermement. Et c'est là qu'il perçoit, enfin, qu'il croit percevoir, comme un frisson. Un tremblement. Il va pour remonter sa main vers le visage de Joshua, mais le galopin l'attrape et la ramène vers son ventre. Il entremêle leurs doigts.

Neku n'ose pas parler. Il serre sa main.

Il ferme les yeux, même s'il sait qu'il ne s'endormira pas tout de suite.


[TW : Abus sur mineur/viol, jeu à boire/alcool.]

Voilà. Voilà. En vrai, je dois avoir une liste longue comme le bras de passés horribles pour Joshua. Et j'adore parler de dénie avec lui. Donc voilà. Je n'ai pas fini de l'embêter.

N'hésitez pas à laisser un commentaire, ou à fav' si jamais ça vous a plus ! (Ou à suivre, aussi. Pour pas rater les autres sombres passés de Joshua.)

A plus !