Résumé : "Hahaha ! Tout va bien..." rassura l'entité qui n'était pas le Choixpeau directement dans son esprit. "Pourquoi ?" rigola-t-il. "Car la cavalerie est là !" Où Harry Potter reçoit plus d'aide qu'une épée tombant d'un chapeau dans la Chambre des Secrets.
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Le Pourfendeur de Basilic
Le soleil de ce dernier jour de mai disparaissait lentement de l'horizon montagneux, transformant le ciel en une aquarelle de nuances pourpres. Les cieux se reflétaient sur le Grand Lac qui cernait une partie de l'école Poudlard, prolongeant l'immensité céleste jusqu'à la terre. Ce spectacle enchanteur semblait sortir tout droit d'un conte de fée, avec le château hérissé de tours reposant sur un lit de pelouse verdoyant. Les ultimes rayons de lumières effleuraient les pierres grises millénaires, les parant de mille et une couleurs chatoyantes. Pourtant, ce paysage magnifique dissimulait une atmosphère bien différente à l'intérieur même de l'école de sorcellerie.
Effectivement, tout au long de l'année scolaire, le château avait été le théâtre d'une succession de pétrification perpétré par le mystérieux Héritier de Serpentard. La Chambre des Secrets avait été rouverte et le monstre de Serpentard libéré pour tuer les Nés-Moldus. La peur s'était alors progressivement emparé de l'école et lorsqu'on découvrit qu'Harry Potter pouvait parler aux serpents, les soupçons s'étaient immanquablement tournés vers lui. Mais le jeune Gryffondor de douze ans était innocent et avec l'aide de ses deux meilleurs amis, Ron Weasley et Hermione Granger, ils avaient tenté de démasquer le vrai coupable. Malheureusement, tout comme avec la pierre philosophale de l'an dernier, leur enquête avait tourné en rond et n'avait rien révélé de satisfaisant jusqu'à ce qu'il soit presque trop tard.
Hermione, pétrifiée depuis un mois, avait compris que le monstre de Serpentard était un Basilic susceptible de se déplacer dans les canalisations du château. Incapable de leur dire cette information capitale, la jeune sorcière avait pourtant réussi à la leur transmettre, bien qu'avec des semaines de retard. Cet après-midi même, Harry et Ron relièrent tous les indices en leur possession et comprirent que l'entrée de la Chambre des Secrets se trouvait probablement dans les toilettes de Mimi Geignarde. Cependant, avant même qu'il ne puisse parler à McGonagall de leur soupçon, l'Héritier frappa une nouvelle fois et enleva une étudiante, laissant un second message en dessous du premier.
Harry et Ron, alors cachés derrière les manteaux et capes dans la salle des professeurs, espionnèrent leur conversation. Les adultes paraissaient déjà certains que l'élève était morte, l'école n'avait plus aucun espoir de demeurer ouverte, tous les étudiants seraient renvoyés chez eux dès le lendemain. Jusqu'à l'arrivée de Lockhart -de toutes les personnes !- aucun ne parla d'organiser une recherche de la Chambre ou de contacter les forces de l'ordre ministériel. Même Harry remarqua que les autres professeurs essayaient davantage d'éloigner l'imposteur que de réellement sauver la fille. C'était comme s'ils abandonnaient l'élève à son sort et quand Madame Bibine demanda qui était la victime, Ron sortit en furie de la penderie en entendant le prénom de sa petite sœur.
Le rouquin cria et invectiva les professeurs pendant qu'Harry tenta de raconter à McGonagall ce qu'ils avaient découverts. Mais personne ne prit même la peine de les écouter et Rogue leur jeta carrément un sortilège de Mutisme pour les faire taire. Ce ne fut que la compassion des autres professeurs pour "le pauvre Mr. Weasley", ainsi que la situation critique qui les empêcha d'être directement sanctionnés. Ils furent conduits à leur salle commune où on expliqua à tous les Gryffondor que le Poudlard Express les ramènerait à Londres dès demain et qu'ils devaient donc emballer leurs valises ce soir. McGonagall prit à part le reste des Weasley et livide comme un linceul leur annonça que Ginny avait été enlevée par le monstre de Serpentard. Un professeur se chargeait déjà de contacter leurs parents et il les amenerait ici dès leur arrivés. Un fois que leur chef de Maison quitta la salle commune, Fred et George se précipitèrent sans un mot dans leur dortoir et s'y enfermèrent à double tour. Percy, après avoir tapoté maladroitement l'épaule de son petit frère, partit écrire une lettre à Dumbledore le suppliant de revenir.
Voyant que son meilleur ami était à un cheveux d'exploser, Harry le traîna jusqu'à leur dortoir vide et verrouilla la porte derrière eux. Ron poussa un hurlement de rage mêlé de désespoir et se mit à balancer tout ce qui lui tombait sous la main. Des insultes fleuries à l'égard des professeurs et des interrogations à moitié formulées sur le sort de Ginny s'écoulèrent de ses lèvres blêmes. Harry demeura silencieux pendant la tempête mais ne quitta jamais Ron du regard. Cela faisait bien longtemps qu'il avait perdu toute confiance envers les adultes et il comprenait en quelque sorte le sentiment de trahison que ressentait son ami. Quand les mots de colère se transformèrent en sanglots hachés, Harry s'avança et lui serra doucement le poignet, lui communiquant sans parole qu'il était là et qu'il ne l'abandonnait pas.
À sa grande surprise, le rouquin beaucoup plus grand se rapprocha encore plus, posa son front sur son épaule et enroula fermement ses bras autour de lui. Ne comprenant pas tout de suite ce qu'il se passait, Harry demeura figé pendant de longues secondes avant de finalement retourner l'étreinte gauchement, réalisant que c'était la manière de Ron d'obtenir du réconfort. C'était étrange d'être aussi proche d'un autre être humain. Brusquement le sixième garçon Weasley devint encore plus réel pour ses sens. La chaleur de son corps appuyé contre le sien, le picotement de sa magie, la texture de son uniforme usé, l'odeur de ses larmes et de la lessive de Poudlard... C'était vraiment écrasant pour Harry, mais pas d'une mauvaise manière.
Ron était important. Il était son meilleur ami. C'était la première fois qu'il le voyait pleurer et vu le tourbillon de sentiments qui tordait actuellement sa poitrine, il n'appréciait absolument pas cela. Ron avait besoin de lui et il ferait n'importe quoi pour lui venir en aide. L'enchevêtrement d'émotions dans sa poitrine se cristallisa alors en une féroce détermination. Le sorcier de douze ans ne resterait pas les bras croisés à attendre que les professeurs les renvoient chez eux. Il allait aider à délivrer la petite sœur de Ron ! Il ne pouvait pas croire qu'il était déjà trop tard, pas quand le mystère de l'Héritier était à son dénouement. Ses yeux verts brûlant de but, il serra plus fort Ron contre lui et le laissa pleurer, se jurant que ce n'était pas terminé.
Finalement, après que les sanglots se soient taris, le rouquin de treize ans se détacha de lui. Ses yeux bleu bordés de rouge l'évitaient et Harry lui donna un coup de coude dans les côtes signifiant que tout allait bien entre eux. Ils partagèrent un petit sourire complice, leurs joues roses d'embarra du moment précédant. Mais bien vite, l'expression de son ami se fit à nouveau tourmentée.
- Ça n'a aucun sens Harry, se lamenta-t-il, accablé. Pourquoi l'Héritier irait enlever Ginny de toutes les personnes ? C'est pourtant une Sang-Pur, non ?
Le jeune sorcier se mordit la lèvre, il croyait avoir trouvé la réponse à cette question.
- Je pense qu'elle savait quelque chose à propos de la Chambre des Secrets et c'est ce qu'elle essayait de nous dire ce matin. Je pense que l'Héritier l'a entendu et a décidé de la capturer avant qu'elle ne révèle quoi que ce soit.
Toute couleur quitta le visage de Ron, faisant ressortir ses tâches de rousseurs de façon alarmante.
- Tu crois... tu crois qu'elle est... qu'elle est...
Harry secoua la tête avec force et serra la main glacé de son ami dans la sienne.
- Non ! Nous savons que le monstre est un Basilic et où pourrait se trouver l'entrée de la Chambre. Allons demander à Mimi Geignarde comment elle est morte.
Ron opina mais ses sourcils restaient froncés.
- Pourtant même si on localise l'entrée, les autres professeurs ne nous croiront jamais. Ne vaudrait-il pas mieux aller voir Lockhart et lui révéler ce que l'on sait ? Il va essayer d'entrer dans la Chambre après tout et même si c'est un imbécile de première, McGonagall l'écoutera peut-être lui.
Harry n'avait pas du tout eu l'intention d'aller voir les adultes et avait plutôt l'idée de se passer d'eux. D'autant plus qu'il était persuadé que Lockhart était un imposteur doublé d'un lâche. Néanmoins, il acquiesça à la proposition de Ron et les deux se faufilèrent hors de la salle commune pour se diriger vers le bureau du professeur de Défense contre les Forces du Mal. Hélas, l'instinct du Gryffondor brun ne l'avait pas trompé, Lockhart était en train de fuir l'école lorsqu'ils le rejoignirent. Harry voulut immédiatement se diriger vers les toilettes désaffectées mais Ron confronta l'homme blond à ce sujet, déclarant que c'était l'occasion idéale pour effectuer un autre exploit digne d'être raconté. Lockhart perdit toute contenance et leur révéla par inadvertance qu'il s'était attribué les mérites d'autres sorciers. Quand l'usurpateur se rendit compte de l'erreur qu'il avait commise, il tenta de leur effacer la mémoire et ils ne durent leur salut qu'aux réflexes vifs d'Harry. Le jeune sorcier était prêt à pétrifier le professeur désarmé mais Ron insista pour qu'il vienne avec eux interroger Mimi Geignarde. Tout ceci était une perte de temps de son avis, mais il comprenait le désir du rouquin de mettre toutes les chances de leurs côtés.
Malheureusement, un fois arrivé là-bas, le fantôme n'était pas présent et il durent inspecter la salle d'eau pendant des heures avant de trouver quoi que ce soit. Le ciel se parait de teintes rougeoyantes lorsqu'Harry dénicha enfin la petite gravure de serpent sous un robinet qui ne fonctionnait pas.
- Essaye de dire quelque chose en Fourchelang, le pressa Ron, exalté.
Le jeune Gryffondor se concentra. Les seules fois où il avait réussi à parler cette langue était face à un vrai serpent. Il fixa des yeux le petit dessin en s'efforçant de croire qu'il était réel.
- Ouvre-toi, murmura-t-il.
Il se tourna vers son ami qui secoua la tête.
- Non, t'as parlé normalement.
Harry regarda à nouveau le serpent en pensant de toutes ses forces qu'il était bien vivant. Quand il remuait la tête de droite à gauche, il eut même l'impression que le serpent bougeait à la lueur des chandelles.
- Ouvre-toi, répéta-t-il.
Cette fois, ce fut un étrange sifflement qui sortit de sa bouche et aussitôt, le robinet se mit à briller d'une lueur blanche en tournant sur lui-même. Un instant plus tard, le lavabo bascula et disparut, laissant apparaître l'entrée d'un gros tuyau suffisamment large pour permettre à un homme de s'y glisser. Harry observa un instant l'ouverture et prit sa décision.
- J'y vais, annonça-t-il.
Maintenant qu'ils avaient réellement découvert l'entrée de la Chambre, s'il restait la moindre petite chance de retrouver Ginny vivante, il n'était plus question de reculer. Au diable les professeurs incompétents, Harry sentait qu'ils n'avaient plus le temps de les prévenir.
- Moi aussi, dit immédiatement Ron, déterminé à ramener sa petite sœur.
Ils se tournèrent vers Lockhart d'un même mouvement.
- Eh bien, je crois que vous n'avez plus besoin de moi, marmonna-t-il avec un rictus qui n'était plus que l'ombre de son habituel sourire. Je vais...
Il fit un pas vers la porte, mais les garçons pointèrent aussitôt leur baguette magique sur lui.
- Passez donc le premier, grogna Ron à la consternation du brun.
Les traits du visage moulés dans un masque de peur, privé de sa baguette, Lockhart s'approcha de l'ouverture béante du tuyau. Il protesta faiblement mais, excédé, Ron le poussa d'un coup de pied et il disparut avec un cri aigu dans le passage secret. Harry regarda son ami roux, estomaqué par son culot. Il n'était pas sûr que ce soit la meilleure idée qu'il ait jamais eu, mais trouva sage de ne pas le mentionner tout de suite. À la place, il inspira vivement pour se donner courage et se glissa à son tour dans le tuyau, se laissant tomber pied en avant.
Il eut l'impression de dévaler un toboggan obscur, visqueux et sans fin. Au passage, il aperçut d'autres canalisations qui partaient dans toutes les directions mais aucune n'était aussi large. Harry fut secoué en tous sens par les sinuosités qui le précipitait dans des profondeurs insoupçonnées de Poudlard, bien loin des cachots. Derrière lui, il entendit Ron glisser avec des bruits sourds chaque fois qu'il traversait un coude.
Puis soudain, le tuyau redevint horizontal et Harry fut projeté sur le sol humide d'un tunnel aux parois de pierre, juste assez haut pour s'y tenir debout. Un peu plus loin, Lockhart se relevait, aussi pâle qu'un fantôme et couvert de boue. Harry s'écarta pour laisser passer Ron qui jaillit à son tour du boyau et retomba à quatre pattes, son uniforme déchiré à plusieurs endroits.
- On doit être à des kilomètres en dessous du château, constata Harry d'une voix qui se répercuta en écho dans le tunnel obscur.
- Sous le lac, sans doute, ajouta Ron en voyant les parois couvertes de vase.
- Lumos ! chuchota Harry et sa baguette magique s'illumina d'une douce lueur à la pointe. Suivez-moi et n'oubliez pas, recommanda-t-il à voix basse aux deux autres, si jamais vous entendez quelque chose bouger, fermez immédiatement les yeux.
Ils s'enfoncèrent alors dans le tunnel, pataugeant bruyamment dans les flaques d'eau qui recouvraient le sol. Il faisait si sombre que leur champ visuel ne s'étendait qu'à un ou deux mètres. À la faible lueur de la baguette de houx, l'ombre de leurs silhouettes prenait une forme cauchemardesque. Plus inquiétant encore, le conduit était aussi calme qu'un tombeau. Le premier bruit bizarre qu'ils entendirent fut un craquement sonore lorsque Ron marcha sur quelque chose qui se révéla être un crâne de rat. Harry éclaira le sol et ils virent qu'il était jonché d'os de petits animaux. Se convaincant que Ginny ne finirait pas ainsi, Harry reprit son chemin devant les deux autres et suivit le virage que formait la canalisation principale.
- Il y a quelque chose, là-bas, avertit Ron d'une voix rauque en agrippant avec force l'épaule d'Harry.
Tous trois s'immobilisèrent de frayeur. Harry distingua les contours d'une chose énorme et courbe qui s'étendait dans un boyau secondaire. La chose ne bougeait pas et l'instinct du garçon lui murmura que cela ne semblait même pas vivant. Il fit signe aux deux autres de demeurer silencieux -Lockhart avait carrément plaqué ses mains sur ses yeux- et s'approcha très lentement, les paupières quasiment fermées. Son cœur battait si fort qu'il lui faisait mal et Harry eut de la peine à stabiliser son bras tremblant pour mieux voir. La lueur qui brillait à l'extrémité de sa baguette montra la gigantesque peau verte vif d'un serpent qui avait mué. La peau vide était entortillée sur elle-même en travers du tuyaux. La créature à laquelle elle avait appartenu devait mesurer au moins une dizaine de mètres.
- Putain de merde, souffla Ron d'une voix faible.
Il y eut soudain un bruit de chute derrière eux, les jambes de Gilderoy Lockhart s'étaient dérobées sous lui. Harry ne comprenait pas pourquoi son ami avait insisté pour l'amener avec eux. L'homme était plus une gêne qu'autre chose et indigne de confiance de surcroît ! Les minutes suivantes lui donnèrent malencontreusement raison. Lockhart parvint à dérober la baguette cassée de Ron, élaborant un plan pour se sauver de cette situation désastreuse. Cependant, au moment où il incantait son sortilège d'Amnésie destiné à les rendre complètement fous, la baguette explosa avec la force d'une petite bombe. Harry se protégea le visage de ses bras et s'enfuit à toutes jambes, pour échapper aux énormes morceaux de roc qui se détachaient du plafond et s'écrasaient sur le sol dans un bruit de tonnerre. Bientôt, il se retrouva seul face à un mur d'éboulis.
- Ron ! hurla-t-il, terrifié. Tu n'es pas blessé ? Ron !
- Je suis là ! répondit la voix étouffée de son ami, derrière l'amas de pierre. Moi, ça va, mais l'autre connard en a pris un coup.
Il y eut un bruit sourd suivi d'une exclamation de douleur, comme s'il venait de donner un coup de pied dans les tibias de Lockhart.
- Ouais, il est toujours vivant, clarifia Ron, presque déçu. Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? poursuivit-il d'un ton anxieux. Je n'arriverai jamais à passer de l'autre côté. Ça nous prendrait un temps fou de creuser un trou dans ces rochers...
Harry leva les yeux vers le plafond du tunnel. De grosses lézardes y étaient apparues. Il n'avait jamais essayé de briser d'aussi gros rochers à l'aide de sa baguette et ce n'était pas le moment idéal pour faire l'expérience, la structure risquait de s'effondrer sur toute sa longueur. Ils étaient en train de perdre du temps. Il y avait maintenant plusieurs heures que Ginny était prisonnière de la Chambre des Secrets et Harry sut qu'il ne restait plus qu'une seule chose à faire.
- Attends-moi là avec Lockhart, ordonna-t-il à Ron. Je continue. Si je ne suis pas revenu dans une heure...
Il y eut un instant de silence poignant.
- Je vais essayer de déplacer un peu ces rochers pour que tu puisses passer à ton retour, certifia le rouquin d'une voix qu'il s'efforçait de rendre la plus ferme possible. Et.. euh.. Harry...
- À tout à l'heure, coupa-t-il en cachant de son mieux le tremblement de sa propre voix.
Harry repartit tout seul, dépassant la mue du serpent géant. Le bruit que faisait Ron en tentant de creuser un passage dans les pierres éboulées l'accompagna un moment puis s'évanouit à mesure qu'il avançait. Tout comme le soleil disparaissait à présent au-delà de l'horizon, le jeune garçon de douze ans s'aventura dans les profondeurs inexplorées de Poudlard. Le tunnel ne cessait de tourner et de descendre. Les nerfs à vif, il lutta pour garder sa respiration stable et ne pas se perdre dans les innombrables embranchements qu'il parcourut.
Enfin, après une dernière courbe, Harry se retrouva devant un mur sur lequel étaient gravés deux serpents entrelacés. De grosses émeraudes étincelantes étaient serties à la place des yeux. Il touchait manifestement au but mais il n'éprouva aucune joie, redoutant ce qui se cachait derrière cette paroi rocheuse. Malgré tout, le jeune Gryffondor s'approcha, la gorge sèche. Il n'eut aucun mal à imaginer que ces serpents-là étaient bien réels, leurs yeux brillaient avec une telle vivacité qu'ils paraissaient vivants. Harry devina ce qu'il avait à faire. Il s'éclaircit la gorge et la lueur des yeux d'émeraudes sembla frémir.
- Ouvrez, commanda-t-il dans un sifflement rauque.
Les deux serpents se séparèrent aussitôt, provoquant la séparation des deux pans de mur sur lesquels ils reposaient. Quelques instants plus tard, ils avaient entièrement disparu, laissant la voie libre. Harry, les muscles crispés d'angoisse, franchit l'ouverture pour se retrouver dans une longue salle faiblement éclairée. D'immenses piliers de pierre, autour desquels s'enroulaient des serpents sculptés, soutenaient un plafond noyé dans l'obscurité et projetaient leurs ombres noires dans une atmosphère étrange et verdâtre. Il y était enfin, réalisa-t-il, dans la Chambre des Secrets. Le cœur battant, le jeune sorcier s'immobilisa, l'oreille tendue dans le silence glacé. Le Basilic était-il tapi dans l'ombre d'un pilier ? Où se trouvait Ginny ? Il espérait de toute son âme qu'elle allait bien, qu'elle n'était pas...
Il secoua la tête pour se concentrer sur l'ici et maintenant et agrippa plus fort sa baguette en bois de houx. Harry reprit sa progression parmi les colonnes, chacun de ses pas répercuté en écho par les murailles obscures. Pendant un instant, il songea à retirer les chaussures de Dudley pour être plus silencieux mais abandonna rapidement l'idée. Il gardait les paupières à peine entrouvertes, prêt à les refermer à la moindre alerte, son ouïe s'affutant comme cela lui arrivait parfois lorsqu'il le souhaitait vraiment fort. À plusieurs reprises, il crut voir bouger l'un des serpents de pierre dont les orbites creuses semblaient suivre ses mouvements et il se résolut à se fier davantage à ses oreilles.
Lorsqu'il arriva au niveau des deux derniers piliers, une statue lui faisait face, adossée au mur du fond qui mesurait toute la hauteur de la pièce. Harry dut tendre le cou pour apercevoir la tête de la statue : elle représentait un sorcier simiesque avec une longue barbe mince qui tombait presque jusqu'au bas de sa robe où deux énormes pieds grisâtres reposaient sur le sol lisse. Entre les pieds, une petite silhouette vêtue d'une robe noire était allongée face contre terre, ses cheveux roux flamboyant répandus autour d'elle.
- Ginny ! s'écria Harry.
Oubliant toute prudence envers le Basilic, il se précipita et s'agenouilla auprès d'elle.
- Ginny ! Ne sois pas morte ! Je t'en supplie, ne sois pas morte ! pria-t-il avec ferveur.
Il ne pouvait même pas imaginer ce que cela ferait à Ron ou à Fred et George, ou mon Dieu à Mr. et Mrs. Weasley ! Il fallait que Ginny soit vivante. Glissant sa baguette magique dans sa ceinture, il attrapa la première année par les épaules et la retourna difficilement sur le dos. Son visage était blanc et froid comme le marbre, mais ses yeux n'étaient pas ouverts, ce qui signifiait qu'elle n'avait pas été pétrifiée et... oui, il pouvait juste entendre le son de sa lente respiration. Ses mains sales et tremblantes sentirent même le pouls faible de la rouquine. Le soulagement d'Harry l'écrasa presque de par son intensité, il avait été si certain de la trouver mangée par le Basilic ! Les Weasley seraient si heureux...
- Ginny, je t'en supplie, réveille-toi, murmura Harry d'une voix serrée.
Elle était peut-être vivante, mais ils n'étaient pas encore sortis d'affaires. Il secoua Ginny avec force, se fichant d'être trop rude tant que la petite sœur de Ron ouvrit les yeux. Mais sa tête ballottait de droite à gauche, sans que même un frémissement ne perturbe son corps.
- Inutile, elle ne se réveillera pas, dit alors une voix douce.
Harry sursauta, son cœur sortant quasiment de sa poitrine et tourna la tête, resserrant de manière protectrice sa prise sur Ginny. Un adolescent de grande taille, les cheveux noirs, l'observait, adossé contre un pilier. Ses contours étaient étrangement flous comme si Harry le regardait à travers une fenêtre aux vitres givrées. Mais il était parfaitement reconnaissable pour le jeune sorcier.
- Tom... Tom Jedusor !
Jedusor approuva d'un signe de tête sans quitter Harry des yeux.
- Qu'est-ce que vous voulez dire par "elle ne se réveillera pas" ? questionna-t-il, son attention revenant à la fille dans ses bras. Elle n'est pas... je suis sûr que...
- Elle est toujours vivante, confirma Jedusor, mais c'est tout juste.
Harry l'observa, son instinct lui criant qu'ils étaient en danger. Tom Jedusor avait été élève de Poudlard cinquante ans auparavant et pourtant, il était là, devant lui, baigné d'une lueur brumeuse qui brillait autour de lui, avec le même visage qu'il avait à seize ans. Il y avait quelque chose de mal à ce sujet, de cela il en était certain.
- Vous êtes un fantôme ? demanda-t-il d'une voix hésitante, même s'il n'y croyait pas trop. Son apparition avait juste une aura sinistre que les autres fantômes de Poudlard ne détenait pas.
- Disons plutôt un souvenir, répondit Jedusor d'une voix paisible. Conservé pendant cinquante ans dans un journal intime.
Il pointa l'index vers les orteils géants de la statue. Le petit livre noir qu'Harry avait trouvé dans les toilettes de Mimi Geignarde il y a quelques mois était ouvert sur le sol. Pendant un instant, Harry se demanda comment diable il était arrivé là, mais il avait d'autres soucis plus urgents. Le mystère de Jedusor pouvait attendre qu'ils soient tous en sécurité.
- Il faut m'aider Tom, plaida Harry en soulevant à nouveau la tête de Ginny. Nous devons sortir d'ici le plus vite possible. Il y a un Basilic. Je ne sais pas où il se trouve, mais il peut surgir à tout moment. S'il vous plaît, aidez-moi à la ramener en lieu sûr.
Mais à sa grande consternation, Jedusor ne fit pas un geste. Harry se détourna sans plus le considérer et le visage ruisselant de sueur, parvint à hisser Ginny en la portant du mieux qu'il pouvait. Cela n'allait pas fonctionner, comprit-il après seulement quelques pas. Elle pesait plus lourd que lui et il ne parviendrait jamais à la traîner jusqu'au tunnel si l'autre garçon ne l'aidait pas. Changeant de tactique, il l'allongea délicatement à terre et sortit sa baguette pour incanter un sortilège de Lévitation. Il se sentait assez confiant pour pouvoir soulever Ginny ainsi. Mais au moment où il prononçait la formule, sa baguette s'arracha de sa poigne moite pour aller se loger dans les mains de Jedusor. Un sourire angélique ornant ses lèvres, il commença à faire tourner la baguette de houx entre ses longs doigts.
- Que faîtes-vous ? s'exclama avec indignation Harry. Rendez-la moi !
S'il ne voulait pas l'aider, très bien, mais de là à lui voler sa baguette magique ! Peut-être qu'il ne comprenait pas la situation, mais tout de même ! Harry se força à garder son calme face à l'adolescent nonchalant.
- Écoutez, raisonna-t-il, il faut partir le plus vite possible. Si le Basilic arrive...
- Il n'arrivera pas tant qu'on ne l'aura pas appelé, informa Jedusor avec le plus grand calme.
Le sang du jeune sorcier se glaça dans ses veines. Il ne souhaitait pas comprendre où tout cela les menait.
- Qu'est-ce que vous voulez dire ? Il essaya une dernière fois, par pure obstination. Donnez-moi ma baguette, je vais en avoir besoin pour nous faire sortir d'ici.
Le sourire de Jedusor s'élargit, devenant plus maniaque que charmant.
- Non, non, tu n'en auras pas besoin, chantonna-t-il avec joie en la rangeant dans sa poche.
Harry le regarda avec des yeux ronds, muet par la peur qui germait dans son estomac.
- J'ai longtemps attendu ce moment, Harry Potter, psalmodia Jedusor. Le moment de te voir, de te parler.
Le jeune sorcier ferma les yeux et admit juste pour lui-même que tout cela était encore à cause de sa foutue renommée. Jedusor était là pour lui et peu importe comment, la petite sœur de Ron n'avait été que le moyen pour l'attirer jusqu'ici. C'était sa faute si elle gisait sur ce sol de pierre glaciale et humide.
- Qu'est-il arrivé à Ginny ? interrogea-t-il lentement, contrôlant l'effroi qui s'amplifiait à chaque seconde qui s'écoulait.
- Voilà une intéressante question, répondit Jedusor d'un ton aimable. C'est une longue histoire. La raison pour laquelle Ginny se trouve dans cet état, c'est qu'elle a ouvert son cœur et révélé tous ses secrets à quelqu'un qu'elle ne connaissait pas et qu'elle ne pouvait même pas voir.
Harry n'eut même pas besoin d'ouvrir la bouche pour encourager Jedusor à parler. Ce dernier semblait se délecter de raconter toutes ses machinations pour contrôler la rouquine à travers son journal intime et ouvrir la Chambre des Secrets par son biais. Le jeune sorcier se sentait si mal pour Ginny, il n'avait rien fait pour l'aider alors qu'il avait remarqué qu'elle n'allait pas bien. Il se sentait si coupable de ne pas avoir agi lors de ses derniers mois, de ne pas l'avoir confronté ou encouragé Ron à lui parler... À cause de lui, Hermione et les autres avaient été pétrifiés et maintenant, Jedusor aspirait la vie de Ginny pour sortir de son journal. Il ne semblait plus du tout intéressé par causer plus de victimes avec le Basilic mais bien par Harry lui-même et sa manière d'avoir survécu deux fois au Seigneur des Ténèbres.
- Qu'est-ce que ça peut vous faire ? craqua le Gryffondor, fatigué que ce souvenir le harcèle pour des réponses qu'ils n'avaient même pas. Voldemort a vécu après votre temps.
- Voldemort, affirma Jedusor d'une voix douce, est à la fois mon passé, mon présent et mon avenir, Harry Potter...
Une étrange lueur rougeâtre dans son regard avide, il sortit de sa poche la baguette magique d'Harry et écrivit dans l'air en lettres scintillantes : Tom Elvis Jedusor. Puis il la bougea et les lettres de son nom s'assemblèrent dans un ordre différent. À présent, on pouvait lire : Je suis Voldemort. L'esprit du garçon se paralysa de terreur, écoutant d'une oreille engourdie la tirade mégalomaniaque de celui qui avait tué ses parents et tant d'autres. L'Héritier de Serpentard était Voldemort ! Comment n'y avait-il pas pensé ? Sa vie semblait toujours tourner autour de cet être abject, il aurait dû être leur premier suspect, bon sang.
Des images confuses de sa confrontation avec Quirrell l'année dernière flashèrent dans son cerveau. Il l'avait vaincu -tué Harry, tué- mais au prix d'une douleur telle qu'il était resté inconscient pendant trois jours. Et même un an plus tard, le jeune sorcier ignorait comment son corps avait pu réellement brûler ainsi l'hôte de Voldemort. Cela fonctionnerait-il aussi aujourd'hui ? L'amour de sa mère le protégerait-il à nouveau ? Que pouvait-il faire d'autre ? Harry n'avait plus sa baguette, ils étaient à des kilomètres sous le château, Dumbledore était partit, les professeurs n'essayaient même pas de chercher Ginny... Que lui restait-il d'autres comme option pour sauver la jeune Weasley ? Jedusor devenait de plus en plus solide à mesure que les minutes défilaient, il ne restait plus beaucoup de temps à Ginny, de cela, il en était convaincu.
Résolu à secourir sa camarade Gryffondor, le jeune sorcier bondit en avant sans avertissement, coupant Jedusor dans son monologue. Pendant que sa main droite tentait de saisir sa baguette, la gauche heurta la joue de l'adolescent plus âgé, comme s'il voulait le gifler. Cependant, au lieu que Jedusor se mette à brûler, ce fut Harry qui éprouva une souffrance terrible à l'endroit exact où se trouvait sa cicatrice en forme d'éclair. Désorienté, Harry fut repoussé aisément par le Serpentard furieux qui pointa la baguette de houx sur lui.
- Misérable garçon ! Crois-tu pouvoir t'opposer une troisième fois au sorcier le plus puissant de monde ? Tu vas le payer, promit-il juste avant d'incanter une malédiction plus vite qu'Harry ne l'avait jamais vu. Endoloris.
Le monde d'Harry se consuma dans l'agonie pure. Il avait l'impression que chaque muscles de son corps étaient lacérés, que chacun de ses nerfs étaient en feu, que sa tête se fendait de par et d'autre de sa cicatrice. C'était pire que la douleur d'une fracture ou de sentir tous les os de son bras repousser, pire que la ceinture de l'Oncle Vernon ou la poêle de Tante Pétunia fracassant son crâne, pire que cette fois-là il y a un an avec Quirrell. La souffrance était omniprésente, implacable, débilitante. Il ne parvenait à rien entrevoir au-delà de cette agonie écrasante. Harry hurla et hurla et hurla jusqu'à penser qu'il était en train de mourir.
Et puis subitement, plus rien. La douleur disparut aussi brutalement qu'elle s'était manifestée, ébranlant un peu plus son système nerveux. Le jeune Gryffondor ouvrit des yeux flous, la respiration haletante. Il s'était effondré sur le sol en pierre mouillé, ses membres agités de spasmes violents, des larmes dévalaient ses joues à torrent et sa bouche avait un ignoble goût de sang. Il savait au plus profond de lui que la torture n'avait durée que quelques secondes et pourtant, c'était comme si des heures avaient passés. Réprimant un lourd sanglot, Harry força ses muscles à coopérer pour se relever. Car malgré tout cela, il n'avait qu'une seule idée en tête : protéger la petite sœur de Ron. L'adrénaline coulant dans son sang, Harry réussit à se mettre en position assise, ses bras vacillant le soutenaient à peine.
Il essuya sommairement ses yeux avec sa manche et tâtonna autour de lui pour retrouver ses lunettes. Lorsqu'elles furent à nouveau sur son nez, il put enfin distinguer Jedusor à quelques mètres de lui. L'utilisation de la malédiction semblait l'avoir également affecté. Il était plus translucide, presque comme un vrai fantôme, son souffle était court et pantelant et Harry jurerait le voir osciller sur ses pieds. Bien, au moins cela prouvait que l'Héritier de Serpentard n'avait pas récupéré l'accès à son plein pouvoir. Le jeune Gryffondor pouvait se battre avec cet espoir, du moins s'il parvenait à faire fonctionner ses jambes tremblantes. Leurs regards se croisèrent finalement et celui de Jedusor bouillonnait de haine et de rage. Harry releva le menton de défi, il n'allait pas courber l'échine devant ce... ce parasite qui avait pétrifié Hermione et menacé la vie de Ginny.
Jedusor ouvrit la bouche, son visage plissé dans un ricanement hautain mais se figea avant d'émettre un mot. Harry savait pourquoi, lui aussi l'entendait, une faible musique retentissait au loin. Rempli d'espoir, le jeune sorcier regarda autour de lui mais hormis eux trois, la Chambre des Secrets était déserte. Pourtant, la musique s'intensifiait de seconde en seconde, devenant plus forte et perceptible. La mélodie était quelque chose qu'Harry n'avait jamais entendu. Comme un chant étrange et homérique qui provoquait des frissons le long de l'échine. Les cheveux d'Harry se dressèrent sur sa tête et son cœur battit au même rythme que la mélopée. Il trouva la force en lui de se lever, électrisé par ce chant guerrier. Bientôt, la musique atteignit une telle intensité que le jeune sorcier la sentait vibrer dans sa poitrine. Une explosion de flammes surgit alors au sommet du pilier le plus proche.
Un oiseau écarlate, de la taille d'un cygne, venait d'apparaître sous la voûte de la Chambre, chantant les notes de la mélopée galvanisante. Les plumes de sa queue, aussi longues que celles d'un paon, brillaient d'une lueur dorée. Dans ses serres couleur d'or, il tenait une boule de chiffon. L'oiseau vola droit vers Harry un instant plus tard et laissa tomber le monceau de tissus à ses pieds. Il se posa délicatement sur son épaule, son long bec pointu coiffant ses cheveux sales et emmêlés. Il cessa alors de chanter et émit à la place un doux bourdonnement à son oreille. La chaleur de l'animal réconforta et ressourça le jeune Gryffondor comme s'il avait dormi pendant une semaine sur un lit moelleux. Le garçon appuya sa joue contre l'oiseau de feu étonnamment léger et se laissa quelques secondes à apprécier ce moment. Il n'était plus seul. D'une manière ou d'une autre, Dumbledore avait su qu'ils étaient en danger et avait envoyé son familier pour les secourir.
- Un Phénix, reconnu Jedusor avec une pointe d'admiration réticente.
Oui, Harry pouvait se souvenir maintenant.
- Fumseck, tu vas bien ? questionna-t-il avec douceur.
Il sentit les serres de l'oiseau presser doucement son épaule et son bec pincer affectueusement son oreille. Cela rappela Hedwige à Harry et il se promit de les gâter tous les deux dès qu'ils sortiraient d'ici.
- Et ça... continua l'adolescent qui regardait à présent la boule de chiffon à ses pieds, ça, c'est le vieux Choixpeau magique.
C'était vrai. Usé, rapiécé, poussiéreux, le chapeau était étalé sur le sol. Harry ne prit même pas la peine de s'interroger sur sa présence et le ramassa vivement. Si le directeur l'avait envoyé avec Fumseck, c'était qu'il lui serait forcément utile. Mais visiblement Jedusor n'était pas du même avis puisqu'il rit à plein poumon. Lugubre et effrayant, c'était si sonore que l'écho le renvoyait dans toute la vaste pièce, comme si dix personnes avaient ri avec lui.
- Et c'est ça que Dumbledore t'envoie pour te défendre ! Un oiseau chanteur et un vieux chapeau ! Voilà qui devrait te donner du courage, Harry Potter ! Tu dois te sentir rassuré, à présent !
Le jeune Gryffondor ne répondit pas, car c'était en partie vrai. Il ne comprenait peut-être pas comment Fumseck et le chapeau pouvaient bien lui servir, mais il ne se sentait plus seul au monde et il attendit avec un courage grandissant que Jedusor cesse de s'esclaffer comme un fou. Car malgré toute la bravade de Voldemort, il subissait encore le contrecoup de son sortilège de torture. Il était toujours plus translucide que solide et Harry jurerait que la peau de Ginny était encore plus pâle. Leurs vies étaient probablement liées et plus vite il arrêterait l'Héritier de Serpentard, plus vite Ginny récupérerait son énergie. Mais comment les séparer ? S'il attaquait Jedusor, cela aurait-il aussi un impacte sur sa camarade de Maison ?
- Revenons à nos affaires, se réjouit Jedusor avec un large sourire. Puisque tu ne sais visiblement pas comment tu as fait pour survivre à nos deux précédentes rencontres. J'en conclu que ce qui t'as sauvé, c'est la chance, rien de plus. Malgré nos ressemblances, tu n'as rien d'extraordinaire, proféra-t-il avec dégoût.
Le corps du jeune sorcier se tendit comme un arc, prêt à bondir dans une direction ou une autre au moment où Jedusor brandirait une nouvelle fois sa baguette magique. Mais à la place, son rictus s'élargit encore.
- Maintenant Harry, je vais te donner une petite leçon, susurra-t-il avec délectation. Nous allons mesurer les pouvoirs de Lord Voldemort, héritier de Salazar Serpentard à ceux du célèbre Harry Potter, muni des meilleures armes que Dumbledore ait pu lui envoyer.
Il lança un regard amusé à Fumseck et au Choixpeau magique, puis s'éloigna. Harry savait que c'était là une occasion de s'enfuir mais comment pouvait-il la saisir quand la petite sœur de Ron gisait inconsciente, juste à côté de lui ? Harry, qui sentait l'impuissance se répandre dans ses membres crispés, vit Jedusor s'arrêter entre les hauts piliers et lever la tête vers le visage en pierre à demi noyé dans l'obscurité. Jedusor écarta ses bras et se mit à siffler. Pour la première fois, Harry eut un aperçu du Fourchelang d'un point de vue extérieur. C'était dérangeant mais non moins compréhensible pour lui, comme si quelqu'un parlait l'anglais avec un accent.
- Parle-moi, Serpentard, le plus grand des quatre de Poudlard.
Le jeune sorcier regarda la statue, Fumseck toujours accroché de manière rassurante à son épaule. Le visage géant de Serpentard se mit à bouger. Frappé d'horreur, Harry vit les lèvres de pierre s'ouvrir de plus en plus larges, formant un immense trou noir qui mesurait presque la circonférence de la tête. Quelque chose remua alors à l'intérieur de la bouche béante, une forme sombre et gigantesque qui rampa en dehors des profondeurs de la statue.
Affolé, Harry recula jusqu'à l'humide paroi murale et ferma les yeux de toutes ses forces. Malheureusement, son mouvement brusque déséquilibra le Phénix qui s'envola de son épaule avec un croassement belliqueux. Une masse lourde tomba au même moment au sol, le faisant vibrer jusqu'aux pieds du garçon. Bon sang, ça devait être énorme.
- Non, ne me laisse pas Fumseck, gémit-il, la terreur l'envahissant dès que l'aura chaude de l'oiseau le quitta.
Et si le Phénix croisait le regard du Basilic ? Et si Fumseck mourrait par sa faute ? Non, il n'avait pas le droit de laisser cela arriver. Harry devait protéger Ginny et le familier de Dumbledore, il ne pouvait pas rester dans son coin à trembler de frayeur. Même s'il y laissait la vie, il devait se battre, ne pas abandonner. Ses sens exacerbés par la perte de sa vue, Harry sentit quasiment le gigantesque serpent tomber complètement de la bouche de Serpentard. Il entendit aussi la voix sifflante de Jedusor qui ordonnait : Tue le garçon.
Le Basilic avança alors vers lui et Harry perçut le bruit de son corps pesant ramper sur le sol mouillé. Les paupières toujours fermées, il courut à l'aveuglette en suivant le mur, les mains tendues devant lui pour s'éloigner le plus possible de Ginny. Jedusor éclata de rire et le jeune Gryffondor aurait voulu l'étrangler pour cela. Il détestait à quel point l'adolescent semblait se délecter de la situation. Il souhaitait lui faire ravaler son rire et le faire regretter de s'en être pris à ses amis. Cependant, malgré toutes ses intentions vindicatives et sa concentration sur ses autres sens, Harry finit par trébucher.
Il tomba brutalement dans une flaque d'eau, aggravant les contusions qu'il avait récolté lorsqu'il s'était débattu sous le sortilège de torture et mordant sa langue au passage. La saveur du sang emplit une nouvelle fois sa bouche et ses paumes s'écorchèrent un peu plus. Pourtant tout cela était secondaire pour Harry. Le serpent n'était plus qu'à quelques mètres de lui, gagnant du terrain à chaque seconde. Il ramassa le Choixpeau qui s'était échappé de sa prise lors de sa chute et l'enfila prestement sur sa tête tout en recommençant à courir. Il était toujours trop grand pour lui et avec l'absence soudaine de ses lunettes, il s'enfonça presque jusqu'à son nez. Bien, approuva Harry, c'était une protection de plus contre les yeux du Roi des Serpents au cas où les siens s'ouvraient par inadvertance.
- Eh bien petit lion, te voilà dans une situation bien dangereuse, gronda une voix rocailleuse à son oreille. Permets-moi de t'aider.
Harry sursauta et faillit perdre l'équilibre non pas à cause de la voix -il s'y était en quelque sorte attendu- mais parce que soudainement, il pouvait parfaitement voir ! C'était meilleur que sa vision avec ses vieilles lunettes et les ténèbres de la pièce ne paraissent plus aussi sombres. Pourtant il était certain que ses paupières étaient encore fermées.
- Maintenant, tu peux croiser les yeux du Basilic sans mourir, l'informa le Choixpeau. Je t'ai prêté ma vue.
Le jeune sorcier n'eut pas le temps de s'étonner des merveilles de la magie qu'un sifflement sonore juste au-dessus de sa tête accapara toute son attention. Instinctivement, il se jeta sur la droite pour esquiver l'attaque du reptile géant et évita de peu la mâchoire dégoulinante de venin. Mais son mouvement le fit encore tomber et l'énorme serpent se dressa au-dessus de lui avec une vitesse fulgurante. À cet instant précis, Harry fut paralysé par la vision qui le dominait.
Le Basilic était d'un vert éclatant, au corps aussi épais qu'un tronc de chêne centenaire et aussi long qu'une bonne partie de la Grande Salle de Poudlard. Mais si cela ne suffisait pas, sa mâchoire pourrait l'avaler d'une bouchée et étaient parsemées de longs crochets, fins et tranchants comme des sabres. Le pire était pourtant ses grands yeux jaunes globuleux, qui même avec la protection du Choixpeau paraissait aspirer toute sa vitalité. Le Basilic était une vision de mort et de destruction. Tout jeune sorcier qu'il était, Harry n'avait aucune chance d'en réchapper vivant. Il avait parfaitement conscience de cette réalité, à terre, sale et fourbu. Pourtant, Harry Potter souleva le menton avec défi et affronta le monstre de Serpentard avec toute l'audace qu'il pouvait rassembler.
- Laisse-moi tranquille, siffla-t-il avec fureur au moment où le serpent plongeait pour l'attaquer.
Et comme par miracle, le Basilic se figea à mi-parcours et inclina sa tête massive pour mieux le regarder.
- Moi aussi je peux parler la langue des serpents, tu n'as aucune raison de me tuer, insista Harry en se relevant, espérant que la créature pouvait être persuadée.
- Ne l'écoute pas, rugit Jedusor. Il a volé le pouvoir de Salazar Serpentard et renié la cause qu'il défendait.
Même Harry pouvait percevoir la magie contraignante derrière les mots de l'adolescent. À cela, le gigantesque serpent cracha de fureur et s'apprêta à terminer son mouvement quand Fumseck, chantant de manière perçante plongea droit vers les yeux globuleux du serpent millénaire. Le Basilic esquiva et s'engagea tout de suite dans une bataille avec le Phénix. Si le serpent était plus fort et imposant, Fumseck était beaucoup plus rapide et agile. Il virevoltait au-dessus de la tête dressée, se jouant des crochets acérés de la bête. Même alors, les serres et le bec dorés ne faisaient pas beaucoup de dégâts aux écailles dures. Harry dû éviter plusieurs fois la queue géante et chercha frénétiquement autour de lui de quoi aider le Phénix.
- Assez, tonna la voix de Jedusor. Laisse l'oiseau. Le garçon est derrière toi. Concentre-toi sur lui ! Tue-le !
La Basilic obéit immédiatement et ignora Fumseck qui continuait de décrire des cercles autour de lui, claironnant son chant électrisant. Harry se remit à courir loin du serpent géant qui avait recommencé à le chasser. Il savait que c'était futile, qu'il ne faisait que retarder l'inévitable, mais il ne pouvait pas abandonner. Ginny et Fumseck avaient encore besoin de lui. S'il vous plaît, implora-t-il dans le secret de ses pensées. Quelque chose, n'importe quoi pour que je puisse me battre, pour que je puisse les protéger. S'il vous plaît... Et tandis qu'Harry se jetait à plat ventre pour esquiver les crocs venimeux, il entendit un rire grave résonner de très loin, comme venu d'un autre monde. Le chapeau se resserra au niveau de sa tête et lorsqu'il parla, sa voix était complètement différente. Plus jeune, plus insouciante, plus tonitruante.
- Hahaha ! Tout va bien... rassura l'entité qui n'était pas le Choixpeau directement dans son esprit. Pourquoi ? rigola-t-il. Car la cavalerie est là !
Soudainement, une bulle de magie comme il ne l'avait jamais ressenti auparavant l'entoura complètement. C'était la sienne principalement mais guidée par une autre force inconnue qui la modela à sa convenance. Ce fut à la fois bref et intense et lorsque la bulle se dissolva, Harry se tenait debout dans des vêtements en cuir brun, surmonté d'un plastron, de bottes et de mitaines en peau de dragon. Une cape rouge flamboyante enveloppait ses épaules et touchait presque le sol. De la gauche, il brandissait une épée d'argent étincelante au pommeau incrusté de rubis et, miracle des miracles, sa baguette de houx reposait fermement dans sa main droite. Le rire continuait de retentir dans l'esprit du jeune garçon qui portait dorénavant une sorte de casque qui lui recouvraient la totalité du visage. Malgré tout, sa vision était aussi limpide qu'en plein jour et les globes reptiliens n'avaient plus aucun effet sur lui.
- A la charge jeune chevalier, gronda la voix. Montrons à Serpentard qu'il y a encore un véritable Gryffondor à Poudlard.
Galvanisé, le corps d'Harry s'élança de lui-même, dirigé par un instinct millénaire qui ne lui appartenait pas tout à fait. Le jeune sorcier ne pourrait pas l'expliquer même si sa vie en dépendait mais soudainement, il savait comment manier une épée, comment esquiver et parer efficacement, quelles malédictions seraient utiles contre le Roi des Serpents, quelles étaient les forces et faiblesse d'un Phénix. Le flot de connaissance était infini et écrasant, mais peu importe comment, le Gryffondor de douze ans réussit à se concentrer sur l'essentiel. Survivre. Vaincre le Basilic. Empêcher Voldemort de revenir. Sauver Ginny.
Harry combattit le monstre géant avec tout ce qu'il avait, Fumseck l'assistant comme un oiseau de proie. Il courut vers les piliers de pierre qui bordaient la Chambre, éloignant le combat de Ginny et des commandes de Jedusor. Il lança un charme pour assourdir ses pas et son odeur, puis se cacha derrière une sculpture de serpent. Fumseck attira le Basilic jusqu'à lui et lorsque la créature passa juste à côté de lui sans le voir, il abattit l'épée de toute sa puissance sur le cou musculeux de l'animal. Mais il ne parvint même pas à égratigner les écailles et il fut projeté sur plusieurs mètres quand la queue le heurta de plein fouet en représailles. Sa cage thoracique protesta de douleur et il eut le souffle coupé pendant plusieurs secondes. Le gloussement s'intensifia et Harry sut que l'entité qui l'aidait se moquait en quelque sorte de lui.
- Ce n'est pas parce que je t'ai prêté mes compétences que tu as soudainement acquis ma force, petit chevalier. Ta puissance actuelle ne te permettrait même pas d'entailler la peau du serpent, renseigna-t-il jovialement.
Harry se releva péniblement et envoya Fumseck d'un geste du bras vers les yeux du Basilic. Son esprit tournait à plein régime pour tenter de trouver une idée. Il était à nouveau au milieu de la pièce, là où le plafond était le plus haut. S'il ne pouvait espérer blesser le monstre géant de l'extérieur, il devait d'une manière ou d'une autre l'atteindre de l'intérieur. Le rire grondant explosa et la voix approuva son plan avec enthousiasme.
- Un digne lion comme rarement j'en ai croisé, foi de Gryffondor !
Le garçon serra les dents, rangea sa baguette dans l'étui à sa cuisse et courut vers la statue du fondateur de Poudlard. Il pouvait entendre Jedusor lui crier quelque chose sur le fait de tricher mais il n'y prêta pas attention. Fumseck avait réussi à crever un œil au Basilic, ce qui lui laissa le temps de grimper partiellement sur la pierre froide et humide pour prendre de la hauteur. Mais le Roi des Serpents ne se laissa pas abattre et après un ordre sifflé de Jedusor, il rampa implacablement vers Harry qui se hissait sur l'épaule massive de Salazar Serpentard. Il évita difficilement la première attaque et la bête se cogna rudement contre la pierre froide, la désorientant assez pour laisser le temps au jeune sorcier de se préparer. Il agrippa l'épée à deux mains, planta fermement ses pieds sur la pierre glissante, contracta tous les muscles de son corps et clama avec tout le défi qu'il avait emmagasiné :
- Je ne suis pas encore mort, serpent de pacotille ! Viens me chercher si tu l'oses !
Le Basilic se dressa de toute sa hauteur et surplomba Harry qui était lui-même à plusieurs mètres du sol. Sa gueule hérissée de crocs luisant de venin s'ouvrit en grand et il plongea vers le jeune sorcier pour l'avaler tout entier. Mais Harry était prêt, au même moment, il pointa l'épée argentée droit dans la gueule béante avec un cri guerrier, l'entité l'encourageant d'un rugissement approbateur. La force de l'attaque du monstre permit à l'épée de transpercer son palais jusqu'à la garde, droit dans son cerveau. Harry sentit alors un flot de sang tiède ruisseler sur sa manche et une douleur fulgurante lui traversa le bras gauche, juste au-dessus du coude, là où le plastron ne le couvrait pas. Un des longs crochets venimeux était enfoncé profondément dans sa chair et se cassa net lorsque la créature cauchemardesque vacilla et tomba sur le côté, le corps agité de convulsions, l'épée profondément enfoncée dans son palais. Il avait vaincu le Basilic, mais sa mission n'était pas encore finie. Ginny était toujours en danger, Voldemort pouvait encore revenir.
Des tâches noires envahissaient sa vision et un bourdonnement aigu sonnait dans ses oreilles. Harry l'ignora stoïquement et appela le Phénix d'un sifflement bref, ne prenant même pas une seconde pour calmer son souffle haletant. À tâtons, il attrapa sa longue queue lorsqu'elle se présenta devant lui et flotta comme s'il ne pesait rien jusqu'en bas. Néanmoins, il tomba sur un genoux lorsqu'il toucha le sol de pierre. La voix de Jedusor retentissait au loin mais le jeune sorcier l'ignora aussi, notant juste que l'entité dans le Choixpeau avait cessé de rire. Il sortit sa baguette de l'étui qui était fixé sur sa cuisse et invoqua le journal maudit qui avait tout commencé. Dans un état second, porté uniquement par le but de mettre fin à tout cela, Harry arracha de son bras le crochet brisé du serpent qui diffusait du venin dans son sang. Pendant un instant, il était sûr de s'évanouir mais il lutta avec ses dernières réserves pour garder l'emprise sur sa conscience et réussit à se redresser, transperçant du regard Jedusor.
- Eh Voldemort, qu'est-ce que ça te fait de te faire battre pour la troisième fois par un garçon qui n'a rien d'extraordinaire ? nargua-t-il avec vengeance. Va en enfer ! cria Harry en plongeant le croc venimeux au cœur du livre noir.
Il y eut un long hurlement perçant et terrifiant. Un flot d'encre jaillit du livre à gros bouillons et ruissela sur les mains du garçon, s'ajoutant au sang et à la crasse. Jedusor se tordait sur le sol, agitant vainement les bras, criant de manière démentielle quand soudain... Plus rien. Il avait disparu, sa présence macabre envolée. Il n'y avait plus que le bruit faible et régulier de l'encre qui s'écoulait goutte à goutte du journal intime. Le venin du Basilic avait troué le petit livre noir, brûlant les pages de part en part. Frissonnant de tous ses membres, Harry s'effondra enfin sur le dos, terrassé par l'incendie qui se répandait dans ses veines. Il entendit un faible gémissement au fond de la Chambre et tourna difficilement la tête pour voir Ginny remuer, déjà moins translucide.
- Tu t'es battu avec honneur petit chevalier, comme un vrai griffon d'or. Tu peux reposer en paix maintenant...
Un sourire soulagé étira les lèvres du garçon de douze ans et il s'autorisa enfin à mourir, heureux d'avoir délivré la petite sœur de Ron et d'avoir la bénédiction du fondateur de sa Maison. Sa vision se brouilla et la vaste pièce se fondit en un tourbillon de couleurs ternes. Le sang continuait de se répandre sur les vêtements de cuir métamorphosés. Les extrémités de ses membres s'engourdirent progressivement, tandis que la brûlure s'exacerbait en son centre. Malgré tout, une tache écarlate attira son attention et il perçut un bruissement d'ailes se poser à côté de lui. Il devait absolument remercier son camarade Phénix avant de partir pour sa prochaine grande aventure.
- Fumseck, murmura Harry d'une voix pâteuse. Tu as été magnifique. Je n'aurais jamais réussi sans toi.
Il sentit que l'oiseau posait sa tête à l'endroit où le crochet du serpent lui avait transpercé le bras. Il distingua d'épaisses larmes, grosse comme des perles couler le long des plumes scintillantes droit sur la blessure béante. Fumseck se mit à chanter une mélodie si triste que le cœur d'Harry se brisa.
- Non, ne pleure pas mon ami, rassura-t-il d'une voix faible. Ça va aller. Ramène Ron et Ginny en lieu sûr, ça va aller...
Mais les dernières forces d'Harry le quittèrent et il sombra dans les bras tentateurs de la mort.
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Ouais, je l'ai vraiment fait pour ceux qui connaisse MHA, j'ai juste pas pu résister une fois que j'ai eu l'idée en tête :3 Sinon pour les autres qu'en avez-vous pensé ? Je sais que j'ai été dans l'excès le plus totale avec l'armure, mais je me suis dit que quitte à faire ça, autant y aller à fond, non ?
Sinon, intéressé par une suite ? J'ai peut être quelques autres idées dans mon sac ;)
Boulouakoulouzek
