Chapitre 26
- Alors ? Vous voulez bien m'aider ?
Ginny était assise en tailleur à même le sol, les yeux naviguant entre ses deux amis, hésitante. Elle venait tout juste de leur raconter son escapade de la journée précédente et ne savait plus tellement si les informer sur la Chambre des Secrets était une bonne idée. Bien sûr qu'elle leur faisait confiance, en eux plus que n'importe qui, mais elle voulait surtout les protéger plus que tout. La jeune fille avait déjà perdu assez de personnes, elle ne pouvait pas se permettre de risquer la vie de davantage.
- Bien sûr que l'on va t'aider ! N'est-ce pas Sev ? s'exclama Marlène, en donnant un coup d'épaule au brun silencieux, adossé contre le mur du couloir.
- Hum. Tu es sûre de vouloir que je rentre dans ta tête, Lil's ? Ça sera douloureux et je ne maitrise pas assez la Légilimencie pour trouver directement le souvenir dont tu nous parles. Je serais obligé de chercher.
- Severus, je te fais entièrement confiance. Tu feras ce que tu auras à faire.
- Et pour James ? Regulus ?
- Ils seront là, avec nous. Regulus est directement concerné par cette histoire, étant donné que Voldemort veut se servir de lui. Quant à James, il a insisté pour venir et je ne pouvais pas lui refuser. Pas après l'avoir blessé comme je l'ai fait.
Marlène lui sourit avec compassion, prenant sa main dans la sienne, tandis que Severus s'approcha pour lui frotter gentiment le dos. Ils avaient beau ne pas approuver tous ses choix, cela ne signifiait pas qu'ils allaient la rejeter ou la rabaisser ensuite. Les amis se soutenaient, peu importe les décisions prises.
- Et bah alors Rogue ? On se fait deux pour le prix d'une ? Après ça ne m'étonne pas, toutes les Gryffondors sont des putains. Il semblerait que leur propre Maison ne sache pas les satisfaire.
C'était un Serpentard de dernière année qui venait d'émettre ce doux commentaire, debout à l'autre bout du couloir, entouré de sa bande de moutons qui rigolait bêtement à ses paroles. Il les regardait avec dégout, moquerie et une certaine pointe de fierté, brillant dans ses pupilles noires et cruelles. Entendant ces insultes, Severus voulut se relever et lui montrer à quel point lui aussi pouvait être cruel, n'étant pas un Serpentard pour rien, mais Ginny l'en empêcha en grinçant des dents. D'un coup de tête, elle montra le nouvel arrivant qui se dirigeait droit sur eux : Lucius Malfoy, Préfet des Serpents.
- De toute façon, ça n'en valait pas le coup, Sev, le rassura Marlène du bout des lèvres, bien que choquée par les insultes à son égard. Ce n'était certes pas la première fois, mais jamais on ne les avait calomniés aussi frontalement et violemment.
- Vaut mieux ne rien faire, Malfoy en profiterait pour nous mettre tout ça sur le dos, dit Ginny en fixant le blond qui marchait d'un pas impérial, comme si les lieux lui appartenaient. Tous les élèves s'écartaient sur son passage, le silence résonnant sur les pierres du château à mesure qu'il s'approchait.
- Bien, bien, bien, sourit le blond, en observant tour à tour le groupe assis et celui de sa propre maison, debout en face de lui. Son sourire n'avait rien d'un vrai sourire, n'atteignant pas les yeux glacials du jeune homme. C'était plutôt une grimace carnassière, celle d'un animal sauvage face à sa proie enfin acculée.
- Nous ne faisions que rappeler leur place à ces saletés de Gryffondors, Lucius, s'empressa de dire le Serpentard qui les avaient insultés, une expression semblable au chien qui ramène la balle à son maitre, trônant sur son visage. Le reste de la bande ne fit qu'hocher la tête avec énergie devant la mine interrogatrice du blond.
Derrière eux, Severus s'apprêtait à dégainer sa baguette, une punition ne lui faisant pas peur s'il en venait à lancer un sort pour défendre ses amies. Il n'était pas sûr de ce que Lucius allait faire. Même s'il ne le voyait plus comme un démon sans pitié, cela n'indiquait pas quel comportement il aurait avec lui, surtout devant des témoins. Il était prêt à combattre, se plaçant devant les deux jeunes filles, la tête haute.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsque le blond brandit en effet sa baguette, mais pas en sa direction. Oh non, elle était bien tendue, mais contre le torse de ce Serpentard, maintenant livide comme un fantôme. Lucius avait empli l'espace, l'étouffant de son aura à présent presque démoniaque. Ses yeux gris semblaient être tournés au noir, brûlant de colère, alors que le pauvre garçon en face de lui se ratatinait contre le mur. Tous ses soi-disant amis s'étaient écartés, complétement effrayés, observant la scène avec de grands yeux. De loin, elle était toute aussi terrifiante : le blond dominait l'autre de toute sa hauteur, sa baguette sur son cou, et sa main libre placée à côté de sa tête, refermée en un poing blanchi par la fureur.
- Qui t'a donné l'autorisation de m'appeler par mon prénom ? gronda-t-il, sa voix résonnant comme le tonnerre dans le couloir figé par la scène.
Lucius Malfoy n'était pas connu parmi ses pairs pour élever le ton. Son regard glacial et son charisme menaçant faisait largement l'affaire quand quelqu'un voulait se frotter à lui. Il paraissait donc toujours froid et impassible, complétement maitre de lui-même, du genre à vous tuer juste après vous avoir salué respectueusement. Mais pas cette fois-ci, oh non pas aujourd'hui. Ce que le reste du couloir pouvait contempler dans leur frayeur n'était jamais arrivé auparavant : un Malfoy resplendissant d'une colère noire, qui semblait s'échapper de lui en sombres volutes de fumée, impatiente de détruire la moindre personne qui s'approcherait.
- Je… Je…, fut tout ce que le pauvre Serpentard formula, les dents claquant d'effroi, des tremblements secouant son corps abandonné au sort qui dépendait de cette fameuse baguette, pointée très distinctement sur sa gorge aussi sèche que le désert.
- Ne m'adresse plus jamais la parole. Ne m'adresse plus jamais ne serait-ce qu'un seul regard, une pitoyable pensée dans ton misérable cerveau. Ou sinon la mort te paraitra bien douce face à ce qu'il t'attendra, murmura-t-il à son oreille, d'une voix aussi douce que le poison, retraçant le chemin de sa trachée à l'aide de sa baguette.
L'autre ne put que déglutir et filer à toutes jambes, lorsque son Préfet le relâcha sans un autre regard. A la place, il rangea soigneusement sa baguette et releva son visage, son regard froid de nouveau en place, dévisageant le couloir immobile et silencieux. Son petit signe de tête fut comme un déclic, et soudainement tout reprit vie, les tableaux bavardant gaiement entre eux, les fantômes traversant les murs et les élèves piétinant les couloirs. Seuls restaient en face de lui, sur leur garde, Severus, Marlène et Ginny, l'observant tous d'un œil méfiant. Un sourire féroce à nouveau plaqué sur ses lèvres, le blond se tourna vers eux avec son flegme habituel.
- Evans, Mackinnon, les salua-t-il d'un hochement de tête, qu'elles lui rendirent sans bruit. Severus.
Celui-ci l'observait, tendu, crispé par le regard assombri qui le scrutait. Ses prunelles interrogatrices étaient incapables de comprendre ce qu'il venait de se passer. Il avait vu, il avait même vécu un Malfoy en colère. Toutefois, c'était bien la première fois qu'il croyait fermement que ce dernier allait réellement tuer quelqu'un. Qu'est-ce qui avait bien pu déclencher une telle envie meurtrière ? Ce ne pouvait être la simple mention de son prénom, il le faisait bien régulièrement lui et aucune représaille n'était venu l'assassiner ensuite. Que se passait-il donc encore dans la vie bien compliquée du Serpentard ?
- Lucius, répondit-il avec un bref singe de tête. Il aurait voulu en dire plus mais le blond ne semblait pas de cet avis, puisqu'il tourna directement les talons et repartit d'où il venait de sa démarche nonchalante.
- Bordel, qu'est-ce qui vient de se passer au juste ? Severus ?
Ce dernier ne répondit pas tout de suite aux interrogations de Lily, son attention toujours focalisée sur la silhouette qui s'éloignait tranquillement d'eux, incapable de s'en détourner, incapable de savoir pourquoi.
- Je n'en ai pas la moindre idée.
Marlène était assise dans la Bibliothèque profitant de son après-midi de libre pour lire des livres sur le Fourchelang. Elle voulait pouvoir faire la plus parfaite imitation du souvenir de Lily afin de l'aider le plus possible. C'est pour cela qu'elle s'acharnait depuis une heure à répéter des sifflements qui franchement se ressemblaient tous, jusqu'à même sentir ses pauvres lèvres anesthésiées par les vaines répétitions. Elle soupira de découragement, elle devait faire mieux, elle était obligée sinon tout partait en l'air.
- Bouh !
Sursautant de surprise, la brune laissa tomber le livre qu'elle avait entre les mains et se retourna automatiquement vers la source de ce bruit, pour découvrir son petit-ami, le visage habité par un énorme sourire contagieux.
- Peter ! s'exclama-t-elle, dans un mélange de réprimande et de tendresse. Qu'est-ce que tu fiches dans la librairie ? Tu n'es pas censé avoir cours d'Histoire de la Magie, toi ?
- Hum, euh… Disons que Binns ne remarquera pas mon absence, vu à quel point il est impliqué dans la troisième guerre gobeline.
Marlène éclata de rire, ramassa son livre qu'elle s'empressa de fourrer dans son sac, puis s'approcha enfin du jeune homme, l'enlaçant.
- Tu me manquais trop, lui chuchota-t-il, respirant entre les boucles brunes et les mains serrées autour de sa taille.
- Toi aussi tu me manquais, Pete. Mais je ne sais pas si je dois être flattée ou indignée que tu sèches le cours de Binns pour venir me voir.
- Flattée. Prends ça comme une preuve de mon amour, lui dit-il avec un clin d'œil. Viens, il faut que je te montre quelque chose d'important !
- Quoi ?
- Si tu ne me suis pas, tu ne le sauras pas.
Et il repartit, la tirant délicatement par la main, la menant vers cette chose si capitale, qu'il voulait tant lui montrer. Ils sortirent de la Bibliothèque, se dirigeant vers la Tour d'Astronomie. Sa curiosité finalement piquée, elle le suivit dans l'escalier en pierre interminable, ne cessant de lui demander qu'est-ce que c'était. Ils arrivèrent enfin au bout de leur montée, le souffle court et les joues rouges, quand la respiration de Marlène s'envola.
Ce n'était plus à cause des marches qu'elle était en manque d'oxygène, mais bien grâce à la scène qui s'offrait à son regard ébahi. Devant la sorcière s'étalait une grande nappe pourpre muni de coussins, d'une douce couverture et d'un gros panier en osier contenant de quoi nourrir une armée d'enfants en carence de sucre. Elle releva le regard vers Peter, qui l'observait, clairement gêné, en l'attente d'une quelconque réaction outre le silence.
- Tu as fait tout ça pour moi ? chuchota-t-elle, presque inaudible, les yeux s'humidifiant.
- Ou.. Oui, ça ne te plait pas ? demanda-t-il, une lueur d'appréhension commençant à transparaitre.
- Bien sûr que si, c'est merveilleux ! Mais, pourquoi ?
- J'ai remarqué que tu n'avais pas vraiment mangé aujourd'hui et je sais que c'est un signe d'angoisse pour toi. Alors je me suis dit que j'allais te préparer quelque chose, et je connais ton addiction au sucre, alors voilà ! Bon, c'est Remus qui m'a conseillé cet endroit et puis, James et Sirius m'ont aidé à voler et transporté toute la nourriture ici… J'espère que ce n'est pas trop.
- C'est… C'est juste parfait. Merci ! lui répondit-elle en le prenant dans ses bras, les larmes coulant à présent sur ses joues.
Jamais personne ne s'était autant soucié de son bien-être ! Elle n'avait pas l'habitude de recevoir autant d'attention et d'affection, surtout en amour, et ce geste de Peter resterait à jamais un souvenir précieux qu'elle chérirait au fond de son cœur. Quant au jeune homme, il était soulagé devant sa réaction et espérait sincèrement que le stress qui la retenait pourrait enfin s'en aller.
Ils s'installèrent tous les deux sur la nappe, la couverture les recouvrant entièrement, tandis que Peter s'asseyait, adossé contre le mur, et que Marlène s'allongeait entre ses jambes, la main dans le panier, à la découverte de ce qu'il contenait. A cet instant précis, un sourire de pur bonheur illuminait son beau visage, un trésor que même une photo n'aurait su capturer, une scène éphémère que l'on voudrait éternellement contempler.
Lucius était assis dans sa salle commune, face aux étendus noires et impénétrables du lac, l'esprit aspiré par ses profondeurs sans fond. Les quelques bruits qui résonnaient dans la pièce s'effaçaient sous le poids de ses propres pensées. Il ne savait plus quoi faire. Que devait-il faire ? Qu'avait-il envie de faire ? Qui était-il ? Seulement l'ombre de lui-même, incapable d'agir par lui-même, incapable de ressentir, un pion dans un jeu qu'il ne connaissait, ni contrôlait. Impuissant, voilà ce qu'il était.
Il pensait au début que la Marque lui apporterait la liberté et le pouvoir qui lui manquaient tant. Pourtant il ne s'était jamais senti aussi faible, dépendant et enchainé de toute sa vie. Il était devenu esclave de cette part sombre en lui, qui l'empêchait de penser, de ressentir. Il n'avait plus le choix que de faire ce qu'on attendait de lui. De toute façon, il n'avait jamais pu choisir. Mais il n'avait pas non plus cette force qui poussait Regulus à résister. Il était faible, détruit, asservi.
Il fallait que Regulus s'en sorte, il ne voulait pas que la seule personne qui l'avait toujours aidée subisse le même sort que lui. Mais il ne pouvait aller contre la volonté du Seigneur, Il le saurait si Lucius mentirait. Si Il voulait Regulus, Il l'aurait. Tout ce que Lucius était capable de faire pour l'instant était de lui donner un peu de répit, du temps. Peut-être que le plan de son ami réussirait, mais il se faisait peu d'espoir là-dessus, le Seigneur des Ténèbres était bien trop puissant. Il valait mieux s'agenouiller devant lui que subir ses foudres. Pourtant connaissant la détermination de Regulus, il ne voyait que deux issus : la mort de l'un ou de l'autre. Lucius était réaliste, il savait qui probablement en succomberait. Il voulait protéger son ami, mais il ne pourrait jamais le détourner d'une décision prise. Alors la seule chose qu'il lui restait à offrir était donc le temps.
Le jeune homme se redressa dans le fauteuil de cuir noir, les mains sous le menton et les coudes sur les genoux. Il soupira, les yeux toujours perdus dans le gouffre sombre et abyssal. Et puis il y avait Severus Prince Rogue. Lui aussi, il voulait le protéger. Une sorte d'instinct, d'impulsion protectrice l'emparait sans qu'il y ait un mot à dire lorsqu'on en venait à lui. Encore une question sans réponse qui le gardait éveillé la nuit. Il connaissait Severus depuis leur première année, il l'avait toujours vu comme un solitaire sarcastique et surdoué, comme une silhouette ou parfois un outil. Ils avaient d'ailleurs échangé autant de mots au cours de ces cinq dernières années que durant cette sixième. Alors pourquoi donc ce Serpentard superflu lui importait tant ?
Il ne pouvait pas contrôler ses pulsions mais il ne pouvait pas non plus les montrer. Cela trahirait le masque impassible qu'il avait établi depuis qu'il était entré à Poudlard, celui qui lui avait valu cette réputation de monstre cruel et glacial. Déjà qu'il avait franchement failli dérapé ce matin, il fallait qu'il trouve une solution à ce nouveau problème. Et lorsqu'il n'y en avait pas, Lucius savait à quoi recourir. Souriant à présent de cet air carnassier et familier, il replaça son dos contre le fond du fauteuil, satisfait, immobile au milieu des affres noires et dévorantes.
- Aïe ! Marlène ! s'exclama une rousse dans un gémissement douloureux, se retenant de frotter son pied, sous peine de tous les faire tomber.
- Eh, ce n'est pas de ma faute si on est collé comme des sardines ! répondit celle-ci sur la défensive.
- Chut ! La cape nous rend invisibles certes, mais pas insonore, les réprimanda James, attentif au moindre mouvement dans les couloirs déserts du château.
Il se tenaient tous les trois sous une cape très intéressante qui avait le pouvoir de les rendre invisible. James avait expliqué à sa petite-amie que c'était un objet de famille, sans approfondir davantage le sujet, cependant celle-ci se rappelait bien de la cape, pour l'avoir vu dans les affaires d'Harry un nombre incalculable de fois. Ginny était même étonnée que James lui fasse à ce point confiance pour le lui révéler. Même s'ils étaient un peu trop proches sous le léger tissu, elle n'allait toutefois pas se plaindre de l'avantage non négligeable qu'il leur apportait.
- Encore un couloir et on arrive aux toilettes de Mimi Geignarde.
- Super ! J'ai l'impression d'étouffer là-dessous. Par contre, j'espère que Sev et Regulus seront à l'heure.
- Ne t'inquiètes pas Mar, connaissant leur rigidité à tous les deux, ça m'étonnerait qu'ils soient en retard.
- Arrivés ! souffla James, interrompant la discussion.
Ils enlevèrent enfin la cape d'invisibilité, pouvant maintenant respirer et marcher en toute liberté. Ils n'attendirent pas longtemps, car seulement 5 minutes plus tard, deux silhouettes masculines se glissèrent à leur tour dans les toilettes du deuxième étage. Saluant rapidement ses amis, Ginny mena la petite troupe vers le bon robinet, montrant du doigt le serpent gravé.
- Waouh ! je n'avais jamais remarqué ce symbole, constata Marlène avec étonnement, inspectant le lavabo comme si c'était une preuve clé dans une enquête pour crime.
- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? interrogea James, fixant la rousse, une lueur d'inquiétude dans le regard. Il n'avait aucune appréhension à son propre égard, mais pour Lily, qui semblait de plus en plus fébrile à mesure que les secondes s'écoulaient.
- Sev, à toi de jouer, répondit la sorcière, se campant fermement sur ses pieds, les yeux fermés. Une main se glissa autour de sa taille et une présence rassurante l'entoura.
- Je suis là, quoi qu'il arrive, chuchota James à son oreille, tandis qu'elle émit un petit sourire.
Severus se plaça en face d'elle, baguette à la main, alors que Regulus et Marlène était de part et d'autre de lui, prêts à intervenir au moindre problème.
- Legilimens !
Une spirale blanche sortit de la baguette du Serpentard, entourant la tête rousse, qui se sentit immédiatement perdre conscience. En face d'elle, Severus grimaça de concentration, entrant enfin dans son esprit.
« Severus ? »
« Je suis là Lil's. »
C'était une sensation bien étrange pour les deux adolescents : aucun d'eux n'avaient ou voyaient l'autre sous son apparence matérielle, mais sentaient pourtant sa présence. Ils se trouvaient devant un chemin dont on ne voyait pas le bout, entourés d'une blancheur aveuglante.
« Où est-ce qu'on est ? »
« Sur le sentier de ta mémoire. Concentre-toi, Lily, et essaye de trouver le souvenir précis que tu veux que j'extrais. Sinon, il va falloir que l'on remonte tout le chemin et je ne suis pas sûr que l'on en ait la capacité. »
« La capacité ? »
« Et bien… Tu risques de te perdre dans ta mémoire et moi d'y être complétement aspiré, si l'on n'arrive pas à trouver rapidement ce que l'on cherche. »
« Quoi ?! Tu veux dire que je peux possiblement devenir folle et toi prisonnier de ma mémoire ! Mais pourquoi tu ne m'as pas prévenu ? On aurait trouvé un autre moyen ! »
« On n'avait pas le temps Lily, et puis, quel que soit le moyen, il y aurait eu des risques de toute façon. La vie n'a pas toujours de filet de sécurité, il faut se lancer dans le vide pour le découvrir. »
« Attends, je… je crois que je l'ai ! Comment je fais ? »
« C'est comme si tu ramenais un poisson qui a mordu à ton hameçon. Mais plus il est ancien, plus il a de chance de se détacher. Il faut que tu le tires doucement vers toi, pour ne pas le perdre et le garder intact, puis une fois assez proche, saisis-le directement. »
« Je l'ai ! »
« Bien, maintenant il faut que nous y allions et lorsque nous trouverons le bon moment, je nous extrairais avec lui, d'accord ? Lily, ça va ? »
« Oui, c'est juste que, que ça fait bien longtemps que je n'ai plus eu ce souvenir en tête. J'ai tenté de l'enfouir au plus profond de moi-même pour ne plus jamais avoir à revivre ça. J'ai peur, Sev. »
« Je suis avec toi Lily, rien ne t'arrivera, je te le promets. »
« Allons-y. »
C'était comme plonger dans une piscine. Ginny se sentit complétement immerger, l'impression de flotter dans un océan silencieux la submergeant. Une poignée forte s'empara de sa main et la tira vivement, quittant la bulle paisible et mouvante dans laquelle elle dérivait. Soudainement autour d'elle, tout fut brusquement clair, brulant presque ses yeux. Instinctivement, Ginny se frotta les yeux. Puis, consciente de son geste, elle se rendit compte qu'elle avait de nouveau des mains, des jambes, un corps ! La pression était toujours présente, et à côté d'elle se trouvait effectivement son meilleur ami, à l'image exacte qu'elle le connaissait, sauf qu'il semblait légèrement plus transparent que d'habitude.
- Ne t'inquiètes pas, on n'est pas devenu des fantômes, sourit-il devant la mine interrogatrice de la rousse, c'est juste qu'on visite un souvenir dans lequel on ne peut présentement agir. Personne ne nous verra ou nous entendra, étant donné que ce n'est que ton souvenir de ce moment, et non un passé éventuel. Ne lâche surtout pas ma main, je n'ai pas envie que l'un de nous se perde.
- Ok, et maintenant ?
- Aucune idée, c'est ton souvenir, pas le mien. A toi de nous diriger maintenant. Je sais que c'est compliqué, mais est-ce que tu te rappelles d'où on est et de ce qu'il se passe précisément.
Ginny soupira et lança un regard aux alentours. Oh, bien sûr qu'elle se rappelait de cet instant, ce moment qu'elle avait voulu détruire, qu'elle haïssait plus que tout. Ils se trouvaient à nouveau dans les toilettes vides du deuxième étage. Dans quelques minutes, elle déboulerait dans la pièce, le journal dans les mains et les yeux dans le vide, entièrement à la merci de ce maudit Tom Jédusor.
- Tu es maitresse de ton souvenir, Lily. Rien ne t'arrivera, et même si tu ne peux le changer, tu peux toutefois le contrôler. Il est à toi et à personne d'autre.
- Je vais bientôt arriver, souffla celle-ci en fixant la porte, tandis que Severus sentait la pression de ses doigts se renforcer sur les siens.
A ces mots, une réplique d'elle-même, quelques années en moins, entra dans la pièce, suivant exactement la description de la rousse. Son clone semblait perdu, éteint et Ginny se rendait maintenant compte, d'un point de vue extérieur, à quel point sa possession était effrayante. Les cheveux ternes et effilés, la robe en désordre, elle semblait marmonner d'incompréhensibles paroles alors que ses orbites paraissaient vides de vie. Sa silhouette s'approcha d'eux, le journal dans ses mains, tendu presque par sa propre volonté, vers le fameux robinet.
- Ouvres-toi.
Le sifflement résonna, brisant le silence mortel régnant sur les lieux. Les deux sorciers fantomatiques froncèrent les sourcils au même instant. Car, en effet, ce n'était pas la voix encore enfantine de Ginny qui avait prononcé la formule tant désirée, mais une autre, bien plus rauque et basse, presque écorchée, qui semblait sortir même du livre à la couverture de cuir.
- Lily ?
- Je… Je croyais que c'était moi qui l'avait pourtant dit, s'étonna celle-ci, complétement surprise par le revers de situation. Pourtant dans ses vagues souvenirs, c'était bien toujours elle qui parlait Fourchelang, poussée par cette voix qui contrôlait son esprit et son corps.
Devant eux, le robinet laissa place à une ouverture béante et obscure, tandis que la Ginny du passé laissait tomber le journal au sol, la tête à nouveau abaissée en signe de soumission. Un nuage de fumée verte s'enroula autour du livre, les sifflements s'amplifiant jusqu'à érailler les oreilles des deux adolescents, complétement déconcertés.
- Qu'est-ce qui se passe Lily ! cria Severus, la serrant à présent dans ses bras, de peur qu'ils se séparent.
-J'en ai aucune idée ! Ce n'était pas du tout comme dans mon souvenir !
Un vent violent était soudainement entré dans les toilettes, dévastant tout sur son passage. Les miroirs et vitres éclataient sous la puissance des cris stridents qui s'échappaient du petit journal. Une force invisible semblait même vouloir les détacher l'un de l'autre, déchirant leurs vêtements au passage.
- Lily ! C'est ton souvenir ! Le tien !
La jeune fille pouvait à peine l'entendre dans le carnage qu'était devenu les toilettes du deuxième étage. Tout ça n'avait plus aucun sens. Elle ne sentait plus que les doigts de son ami sur les siens s'étirer, prêts à lâcher. Leurs corps étaient devenus les jouets d'une tornade incontrôlable et bien trop puissante. Les oreilles assourdis, la vue aveuglée, quasiment seule, Ginny sentait tout son être abandonner, lâcher prise à la fois sur la main de Severus et sur tout espoir de s'en sortir. Elle voulait juste dériver, se laisser porter, disparaitre.
- Lily !
Même les cris de Severus n'étaient que de vagues échos dans le chaos qu'était devenu sa conscience. Elle voulait simplement…
Brusquement tout s'arrêta d'un coup, les deux sorciers retombèrent à terre dans un bruit sourd. Le son d'un craquement alerta la jeune fille, qui tourna directement la tête vers son ami. Le brun s'était mal réceptionné sur son bras, qui se trouvait à présent dans un étrange et inquiétant angle. Ginny ne pensait pas qu'on pouvait ressentir la douleur aussi intensément au sein de son propre cerveau. Chaque membre de son pauvre corps avait perdu la souveraineté de leurs actions, laissant la jeune fille clouée au sol, incapable du moindre mouvement.
- Sev ? Tout va bien ? demanda-t-elle, le ton rauque de sa propre voix l'étonnant elle-même. Elle n'eut pour réponse qu'un simple gémissement de douleur, suivi d'un grognement de rage. Il ne semblait pas vraiment content de la présente situation.
- Je ne sais pas ce qui s'est passé ! Je… Je ne comprends plus rien. Et j'ai l'impression qu'il m'est impossible de bouger.
- Moi aussi. Tu peux quand même mouvoir ta tête ?
- Oui.
- Bien, regarde autour de toi. Décris-moi.
- On est toujours au même endroit. La salle est en parfait état, comme si rien ne s'était passé. Mais…
- Quoi ? Lily, qu'est-ce qu'il y a ?
- J'ai disparu ! Je ne suis plus là ! Et il n'y plus non plus de journal ! Severus, bordel, qu'est-ce qui se passe ?
- Merde ! Putain de merde !
- Severus !
- Désolé. Je crois que… non c'est impossible !
- Qu'est-ce que tu crois ? Qu'est-ce qui est putain d'impossible ?!
- Lily, quelqu'un a pris contrôle de ton souvenir. On a été transféré dans la conscience de quelqu'un d'autre. Et cet enculé semble être assez doué pour pouvoir le modeler à sa volonté.
- Quoi ! C'est possible ça ? Je n'en ai jamais entendu parlé !
- Seulement les plus talentueux maitrisent cette faculté. Et ils sont tellement peu nombreux qu'on ne le mentionne simplement pas. Il faut des années pour arriver à une telle habileté, c'est extraordinaire !
- Au lieu de t'extasier, pourrais-tu trouver un truc qui nous permettrait de sortir d'ici ! Ou au moins, juste de bouger nos corps !
- Sortir ? Si tôt ? Êtes-vous à ce point pressés ?
La circulation entière de son corps immobile se glaça au son de ces mots, prononcés par une voix de velours. La peur lui noua tellement la gorge, qu'elle fut incapable de prononcer quoi que ce soit. Elle ne voulait même pas bouger, tourner sa tête pour croiser cet horrible regard qui avait hanté tant de cauchemars.
- Et bien Ginny, tu es très silencieuse. Tu ne viens même pas saluer un aussi vieil ami ? Tss, cela me déçoit fortement, ma douce.
- Lily ! Qui est-ce ? hurla presque Severus, toujours bloqué dans l'impossibilité d'émettre le moindre mouvement. Dès qu'il avait entendu cette voix à l'inflexion trop doucereuse pour être bienveillante, il avait senti chaque poil de son corps se dresser d'appréhension, lui indiquant qu'ils se trouvaient dans une situation très, très dangereuse.
- Je…, la jeune sorcière était physiquement incapable de parler. Elle gardait ses yeux fermement clos, refusant la présence du propriétaire de cette voix. C'était impossible, tout bonnement impossible. Comment ? Elle sentit tout d'un coup une main glacée munie de long doigts se glisser autour de son menton, caressant au passage ses traits meurtris par la chute. Les serres aiguisées se resserrèrent autour de son visage, l'emprisonnant dans une étreinte aussi glaciale que fatale.
- Regarde-moi, lui murmura la voix au creux de son oreille, douce et suave. Regarde-moi et tu pourras enfin bouger, mon ange.
- Lily, ne fais rien de ce qu'il te demande ! cria Severus de l'autre côté de la salle, un mauvais pressentiment lui enserrant les entrailles. Ne le laisses pas te dominer, gagner le contrôle de ton esprit !
- Oh, ça, c'est déjà fait depuis bien longtemps, s'amusa la voix.
Ginny pouvait presque voir le sourire narquois et séduisant éclore. Il avait malheureusement raison. Elle voulait lutter de toute ses forces, pour sa famille, pour Harry, pour James, Regulus, Marlène et Severus. Mais ce ton si hypnotique l'avait déjà fait cédé auparavant, et aujourd'hui ne ferait pas exception. Malgré elle, la jeune fille releva lentement les paupières, appréciant la légère clarté qui vint caresser ses pupilles vertes. Puis, elle le croisa. Ce regard aussi terrifiant que fascinant. Son regard. Et malheureusement le sien, depuis leur dernière rencontre.
- Tu m'as manqué, ma douce. Le temps a semblé long et ennuyeux en ton absence, lui murmura-t-il, ses doigts caressant toujours les contours de son visage rendu livide par l'angoisse.
- Tom, chuchota-t-elle simplement.
- Je suis là. J'ai toujours été là, avec toi.
Ce magnifique visage, qu'elle avait autant aimé que détesté, penché à présent sur le sien, un doux sourire cruel l'illuminant. Ce visage, qui lui avait causé tant de malheurs, qui l'avait détruite de toutes pièces, qui avait failli lui aspirer sa dernière goutte de vie. Tom Jédusor. Si Voldemort était épouvantable et inhumain, Tom Jédusor lui était encore plus dangereux. Derrière sa beauté séductrice, sa fière arrogance et son intelligence remarquable, il cachait la cruauté la plus impitoyable, la plus sinistre et primitive. Mais jamais on ne pourrait le deviner, à moins de l'avoir soi-même expérimenté.
- Qui est donc ton nouvel ami ? la questionna-t-il, détournant ses prunelles captivantes pour scruter le corps brisé de Severus, gisant à quelques mètres.
- Ne lui fait pas de mal, l'empressa Ginny. Elle l'aurait même supplié pour éviter qu'il ne s'approche, ne touche son meilleur ami. S'il te plait.
- Hum, répondit-il simplement, retournant son attention sur la rousse allongée à ses pieds. Pourquoi cette soudaine visite, Ginny ?
- La Chambre des Secrets. On doit l'ouvrir, souffla-t-elle, inexplicablement poussée à lui dire la vérité.
- Ah, la Chambre ! Que de souvenirs, n'est-ce pas ? lui sourit-il, replaçant ses doigts glacials, cette fois dans sa chevelure enflammée. Et pourquoi la Chambre, Ginny ?
- Le Basilic. On a besoin de son venin.
Tom éclata de rire à ces mots, rejetant gracieusement sa tête en arrière, le son mélodieux se répercutant dans les toilettes abandonnées et silencieuses.
- Le Basilic, hein. Je crois que lui aussi appréciera de te revoir, lui dit-il, effleurant les joues pâles de la rousse. Tu as besoin de la formule, n'est-ce pas.
- Oui.
Il amena sa bouche à son oreille, son corps pressé dangereusement contre le sien. Son souffle polaire chatouillait innocemment sa peau, provoquant un étrange frisson le long de la colonne vertébrale de Ginny, toujours docile malgré sa volonté entre les grandes mains de Tom.
- Répètes après moi, ma douce : Ouvres-toi, Basilic montre-toi.
- Ouvres-toi, Basilic montre-toi.
- C'est bien, très bien. Tu vas de nouveau me manquer, mon ange. Nous nous reverrons bientôt, Ginny.
- Que…
Elle ne pas le temps de dire un mot de plus qu'il tourna son visage vers le sien et amena ses lèvres à la rencontre des siennes, les pressant de leur délicieux venin empoisonné. Ginny sentit comme une sensation de brûlure, picotant, enflammant sa peau, tandis que son esprit tentait de comprendre rationnellement ce qu'il se passait. Presque aussitôt, elle sentit son corps se soulever, ses membres devenus aussi légers que des plumes. Une lumière verdâtre éclatante inonda les alentours, s'enroulant autour d'eux. Avant de complétement tomber dans l'obscurité, Ginny emporta avec elle l'image de Tom Jedusor, visage contre le sien, sourire envoutant et regard perçant, la trace de ses doigts glacés restant sur ses lèvres, inoubliable.
- Lily !
Cette dernière sentit une paire de bras l'entourer fermement tandis qu'une chaude main la tâtonna.
- C'est bon, elle respire et son cœur bat ! s'écria une voix féminine au ton soulagé.
- Et Severus ?
- Il reprend connaissance tranquillement.
Dérangée par ces voix trop bruyantes, Ginny ouvrit les yeux avec difficulté pour protester en faveur de sa tranquillité. Elle avait l'impression d'avoir couru un marathon, chaque parcelle de son corps se chargeant de le lui rappeler. Une figure qu'elle connaissait trop bien se positionna face à la sienne, souriante.
- Salut toi, lui murmura James, à la fois soulagé et heureux de la voir en parfaite conscience.
- Salut toi, répondit-elle faiblement en se redressant. Ils étaient toujours dans ces sacrées toilettes du deuxième étage, faiblement éclairées par quelques chandelles voletantes. James la tenait contre elle, d'où le sentiment de sécurité, tandis que Regulus et Marlène aidaient Severus à se relever.
- Alors ? Vous avez réussi ? demanda Marlène, une lueur toute aussi impatiente qu'angoissée dans le regard.
- Oui, on a le parfait souvenir, affirma Ginny en hochant la tête, répandant une vague de soulagement dans le reste de la troupe.
- Le voyage s'est bien passé ? questionna Regulus, les sourcils froncés devant l'état des deux sorciers, qui ne correspondait pas vraiment à ce qu'il avait pu lire sur le sujet. Ginny et Severus semblaient à bout de force, tremblants et sonnés par le retour à la réalité. Quelque chose lui disait que tout ce n'était pas passé comme prévu.
- Et bien… commença l'autre Serpentard.
- … il n'y a eu aucune complication, le coupa Ginny, avec un sourire rassurant plaqué aux lèvres. Toutefois, l'échange de regards entre les deux amis en disait clairement autrement. Mais le principal était, à cet instant, qu'ils soient revenus tous les deux, entiers et avec la formule d'entrée de la Chambre des Secrets.
- Bien, allons-y, lança James, son attention se dirigeant sur le robinet à la gravure de serpent.
- Bien, répéta Severus, Lily, pense donc à l'essence même de ce souvenir et je l'extrairais ensuite. Marlène, je te le transfèrerais alors directement, donc ne sois pas surprise de le recevoir en pleine tête. Je préfère qu'il ne soit pas perdu. Je ne veux aucun bruit ou mouvement qui pourrait briser ma concentration, sinon le souvenir sera définitivement égaré et irrécupérable.
Tous lui firent signe d'assentiment et Ginny replongea dans sa mémoire, retrouvant immédiatement l'étreinte polaire et la formule délicieusement chuchotée à son oreille. Essayant de faire abstraction du reste, la jeune fille décida qu'elle se pencherait sur ce qu'il s'était passé après le Basilic. Elle aurait tout le temps de faire sa crise existentielle ensuite, mais là, tout de suite, ses amis comptaient sur elle. La sorcière répéta en boucle la voix doucereuse prononçant la succession de sifflements tant attendue, jusqu'à ce que Severus, du bout de sa baguette, posée sur sa tempe, marmonna quelque chose d'incompréhensible à voix basse. Il l'enleva délicatement et un filet vert émeraude étincelant s'étira entre la tempe et la baguette, grandissant à mesure qu'elles s'éloignaient. Bientôt, la baguette de Severus toucha la tempe de Marlène et, après avoir répété son mystérieux sortilège, le filet s'illumina soudainement, avant de s'évanouir dans les airs.
- C'est bon, maintenant c'est à Marlène de jouer.
Celle-ci avait ressenti l'arrivée du souvenir comme si quelque chose venait de lui transpercer le crâne, entrainant un furieux mal de tête. Elle se concentra sur le souvenir. Elle pouvait presque le visualiser, une boule verte, chatoyante de lumière, brulante. Mentalement, elle s'en approcha et l'effleura du bout des doigts. Elle les retira immédiatement en gémissant de douleur : ils avaient été brûlés au contact de la sphère émeraude. Ne reculant pas devant l'obstacle, Marlène prit une grande inspiration et plongea avec détermination ses deux mains vers le foyer de lumière. Retenant à grand peine des cris de souffrance, les larmes coulant sur ses joues, se battant contre elle-même pour continuer, la sorcière se saisit du cœur de la boule et aussitôt des mots résonnèrent dans son esprit. Une voix grave et masculine lui chuchotait la formule, la répétant inlassablement jusqu'à ce qu'elle le dise à son tour mentalement, puis à voix haute :
- Ouvres-toi, Basilic montre-toi !
Les sifflements brisèrent le silence tendu qui s'était tissé dans les quelques secondes d'attente entre le reste de la bande, crispé et excité. Devant eux, le robinet s'effaça dans un bruit grinçant pour laisser place à une grande ouverture, un trou noir dont on ne pouvait pas distinguer le fond. Un étrange bruissement retentit autour d'eux, les laissant inquiets et interrogateurs.
- Il est l'heure, allons affronter ce Basilic.
