« Bella je...
L'index de la Serpentard se posa sur la bouche de la Gryffondor, la sommant de se taire.
- Ne dis rien s'il te plaît, supplia-t-elle, Pas maintenant. »
La jeune femme détailla minutieusement l'expression de Bellatrix. Ses prunelles noires presque luisantes, ses lèvres tremblantes et sa mine figée, il ne fallait pas être un génie pour comprendre que la sorcière noire avait peur. Cette peur, Hermione la connaissait, en vérité elle ne la connaissait que trop bien. Si la femme était effrayée, apeurée voire complètement terrifiée, c'était tout simplement par qu'elle redoutait sa réponse. Elle avait jeté ce "je t'aime" de plein fouet et ne se sentait à présent plus apte à en payer les conséquences. Parce qu'un refus serait bien trop dur à supporter, la sorcière préférait un silence à des mots trop douloureux. Des mots trop douloureux, c'était tout ce que la Gryffondor était disposée à lui donner, elle le savait, elle en était persuadée, elle le sentait. Et elle avait raison de le penser...
Bellatrix insinua un nouveau baiser, espérant ainsi faire taire son amour à jamais.
Hermione aurait pu se laisser faire, se laisser embrasser, embrasser en retour, toucher sa peau d'albâtre, chérir son corps frêle, lécher ses lèvres rouge sang, mordre sa mâchoire saillante, pousser sa silhouette féline au fond de l'alcôve, la plaquer contre le mur de pierres, glisser ses mains le long de son buste, griffer ses côtes du bout des ongles, saisir sa taille, soulever son poids plume, sentir ses fines jambes s'enrouler autour d'elle, frémir sous les caresses de ses gracieuses mains, agripper ses hanches, arracher sa belle robe de soie noire, la réduire à néant, abimer ses dessous en dentelle, les déchirer et les envoyer valser au sol, mordiller son épiderme porcelaine, y déposer des baisers par centaines, dévorer sa délicieuse anatomie des yeux, la parcourir de la pulpe du doigt, la goûter de bout en bout, faire du bien à sa personne tant désirée, lui faire tant de bien qu'elle ne pourrait s'en remettre, lui faire tant plaisir qu'elle serait incapable de s'en passer.
Oh oui elle aurait pu, seulement elle ne le fit pas, loin de là.
« Bella..., reprit-elle en se dégageant de la prise de son amante, Je... Il faut qu'on mette les choses au clair. »
Le regard noir braqué dans le brun, la peur de Bellatrix n'en était que plus lisible, que plus évidente.
« Je..., recommença-t-elle en s'alarmant de ses propres dires , Je suis avec Louis maintenant. Je suis heureuse avec lui, se sentit-elle obligée de justifier.
Presque imperceptibles, ils étaient pourtant bien là, les spasmes qui agitaient la sorcière noire alors que les émotions se faisaient trop fortes, trop difficiles à supporter.
- Est-ce que tu l'aimes ?, formula-t-elle du bout des lèvres.
- Je..., débuta Hermione sans vouloir répondre.
- Est-ce que tu l'aimes ?, réitéra Bellatrix un peu plus sévèrement, la voix plus forte et le ton plus strict.
- Je suis heureuse avec lui, répéta la Gryffondor avec l'espoir vain que cela suffise à la Serpentard.
- Tu ne réponds pas à ma question. », reprocha cette dernière.
Le silence se fit de nouveau, laissant les deux êtres se faisant face bouillonner chacun de leur côté.
« Est-ce que--
- Oui, je l'aime !, lâcha Hermione, Tu es contente maintenant ?!, ajouta-elle au bord des larmes.
Une profonde fissure venait de se créer dans le cœur de la sorcière.
- Contente ? Comment diable pourrais-je l'être..., soupira Bellatrix la mort dans l'âme, essayant tout de même de garder la face.
Une première larme dévala la joue de la Gryffondor.
- Ça ne veut pas dire que je regrette ce qui vient de se passer, voulut se rattraper la jeune femme, ne faisant en vérité qu'enfoncer davantage le couteau dans la plaie béante qu'elle venait de créer.
- Oh épargne-moi ta culpabilité s'il te plaît Hermione!, condamna la sorcière noire, Je pense que tu en as déjà assez fait comme ça.
- Je... Je suis désolée, s'excusa-t-elle.
- Je... Je..., imita Bellatrix d'un ton amer, Peut-être que si tu arrêtais de ne penser qu'à ta petite personne, tu ferais moins de mal autour de toi.
Plusieurs larmes avaient à présent trouvé chemin sur les joues de la Gryffondor.
- Pourquoi est-ce que tu fais comme si tout était de ma faute ?, articula-t-elle difficilement, Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tu t'abolies de toute responsabilité ?
Bellatrix arqua les sourcils devant ce qu'elle pensait être un caprice.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?, rebondit-elle, Tu insinues que c'est de ma faute ?, railla la femme aux boucles ébènes.
- Bien sûr que c'est de ta faute, accusa Hermione, Je te rappelle que tout cela est de ta faute!
- Tu plaisantes j'espère ?, voulut-elle se rassurer.
- Non, bien sûr que non, appuya la jeune femme chez qui le chagrin se muait en rage.
- Et en quoi est-ce de ma faute ?, ne se démonta point la sorcière.
- Mais tout, absolument tout est de ta faute Bellatrix!, balança la Gryffondor, C'est toi qui est partie, toi qui m'a abandonnée, toi encore qui est revenue comme une fleur alors que tout allait bien dans ma vie.
Un éclat de rire passa la barrière des lèvres sanguines, éclat de rire qui n'avait rien de joueur, et qui ne faisait en réalité que refléter tous les tourments qui s'abattaient violemment sur la sorcière noire.
- À t'entendre on dirait presque que tu regrettes que je sois revenue. », moqua la Serpentard.
Le silence qui suivit se fit meurtrier pour le cœur de Bellatrix. Déjà fissuré, l'organe battant sembla se dérober entièrement de sa poitrine devant le mutisme accusateur d'Hermione.
« Tu regrettes que je sois là ? », reformula-t-elle à demi-mot, parfaitement horrifiée par cette question dont elle venait de recevoir la réponse implicite.
Là encore, le silence probant d'Hermione suffit à annihiler les quelques doutes qui osaient encore planer dans son esprit.
« Tu as raison, énonça Bellatrix la voix tremblante, Tout est de ma faute, assuma-t-elle, Si je n'étais pas partie, si je ne t'avais pas abandonnée, jamais tu n'aurais autant changé, jamais tu ne serais devenue aussi mauvaise. »
Cette déclaration faisait cruellement écho aux mots bazardés par Louis quelques heures plus tôt, blessant Hermione sur le coup.
«Tu es la pire chose qui me soit arrivée. », balança-t-elle alors que Bellatrix transplanait déjà, ayant tout juste le temps d'assimiler cet ultime affront.
Des bruits de vaisselle cassée, du verre brisé, du cristal éclaté, du mobilier abimé, des murs esquintés, un sol éraflé, un corps contusionné.
Dans la demeure, la crise faisait rage, crise qui n'avait eu lieu depuis un bout de temps, crise qui avait trouvé l'énergie, la passion de se déchaîner à nouveau.
« Bella!. », s'écria Narcissa d'une voix affolée devant la scène qui se déroulait sous ses yeux.
La cadette l'avait entendu de la voix de sa grande sœur, cela faisait maintenant des années qu'elle n'avait plus été confrontée à des épisodes de la sorte, si bien qu'elle ne comptait plus les mois sans avoir eu besoin de Philtre de paix, si bien qu'elle pensait être passée au dessus de tout cela.
Et pourtant lorsque l'amour se déchaine ainsi, pareil à la magie, il est capable du meilleur comme du pire...
« Hermione ? »
Elle ravala ses sanglots en entendant sa voix. Était-ce bien lui? Ou était-elle en plein cauchemar?
« Hermione ? », appela de nouveau le jeune homme.
Elle ne répondit pas, elle n'en avait ni l'envie, ni la force. Malheureusement elle n'en eut pas besoin, en se fiant aux bruits de pas qui se rapprochaient, il l'avait trouvée.
« Hermione ?, fit-il en la reconnaissant dans l'ombre de l'alcôve, Est-ce que ça va ?
- Oui, bien sûr que ça va, affirma-t-elle sur la défensive.
- Tu as pleuré ?, demanda-t-il d'un air soucieux.
- Non.
- Si, je peux le voir, insista-t-il en posant sa main contre la joue encore humide.
- Juste un peu, céda la jeune femme.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?, demanda Louis, Vous vous êtes disputées ?
- Quoi ?!, se figea-t-elle soudain.
Il fronça les sourcils, ne comprenant point la réaction de sa compagne.
- Je t'ai vu sortir avec Bellatrix tout à l'heure. », expliqua-t-il.
Elle blêmit, bafouilla, chercha ses mots.
« Tu m'expliqueras plus tard, rassura-t-il, Viens, retournons à l'intérieur, il fait froid ici. »
Incapable de lutter, n'ayant même plus la volonté de s'opposer à lui, Hermione acquiesça faiblement de la tête avant de le suivre.
Louis passa alors un bras protecteur dans le dos de sa bien-aimée, voulant la ramener au plus près de lui. Mais alors qu'il s'apprêtait à tourner dos à l'alcôve, ses yeux bleus eurent le déshonneur de se poser sur un lambeau de tissu reposant par terre.
Simple morceau de dentelle noire qu'il associa directement à un certain dessous qu'il avait lui-même offert à Hermione quelques mois auparavant. Dessous qui n'avait donc rien à faire ainsi échoué au sol...
