La Chambre des Secrets
'Tu ne ressembles pas autant à ton père que je le pensais,' dit-il enfin avec une nette froideur dans la voix. 'Pour James, c'était justement le risque qui était amusant.'
La déception de son parrain glaça Harry.
'Écoute Sirius…' Il tenta d'expliquer. Mais Sirius le coupa brutalement et, avant que Harry ne puisse ajouter quoique ce soit, il disparut de la cheminée.
Les yeux de Harry restèrent figés sur les braises rougeoyantes qui semblaient aussi brûlantes que le regard de ces amis sur sa nuque. Il réussit, cependant, à feindre une contenance suffisamment convaincante pour pouvoir se retirer dans son dortoir sans à avoir à répondre à des questions gênantes. Il s'allongea sous ses couvertures, mais le sommeil semblait le fuir. Il n'arrivait pas à déterminer ce qu'il ressentait. Il était certain que ce n'était pas de la honte. Il ne ressemblait pas à son père et cela ne l'affectait pas plus que ça. Beaucoup de personne lui avait dit qu'il leur rappelait aussi sa mère qui, de ce qu'il avait compris, était plus réservée. Elle semblait de nature à peser le pour et le contre avant de s'aventurer dans des situations risquées. Harry n'était pas étranger aux situations dangereuses, mais il essayait de s'en tenir le plus éloigné possible.
La colère l'envahit, et la cicatrice due à ses retenues avec Ombrage commença à le démanger. C'était quoi le problème de Sirius, au juste? Harry avait affronté bien plus de dangers que n'importe quel adolescent de quinze ans. Le Seigneur des Ténèbres était à ses trousses, et la seule personne pouvant le défendre, Albus Dumbledore, l'évitait de manière inexplicable.
Il s'assit sur son lit, sentant son sang bouillir dans ses veines. Sans réfléchir, il attrapa sa Cape d'Invisibilité et quelques minutes plus tard, il s'aventurait dans les couloirs de Poudlard. Le souvenir de son mentor le fuyant avait achevé de le pousser à bout. Il avait besoin de trouver un endroit où se calmer. Il se cacha derrière une statue et ouvrit la Carte du Maraudeur.
Pourquoi y avait-il autant de professeurs dans les couloirs ce soir?
Il y avait tant de patrouilles qu'il se rendit compte qu'il ne trouverait aucun endroit suffisamment calme pour se poser. Il soupira et commença à plier la carte. Il n'avait plus qu'à retourner dans son dortoir et espérer de trouver une manière de se calmer, au milieu des ronflements de ses camarades de classe. Alors qu'il se dirigeait vers la tour de Gryffondor, il entendit un bruit étrange en provenance de l'intérieur du mur. Sans doute le système de canalisations de l'école faisait encore des caprices, mais cela lui rappela autre chose.
Un endroit perdu et mystérieux… Un endroit où personne ne pourrait le déranger et où il pourrait être seul. Personne ne le suivrait là-bas. À dire vrai, il y avait bien une personne qui en avait le pouvoir. Cependant, la probabilité que cela arrive était infime voire inexistante. Il sentit ses pieds se diriger d'eux même et se laissa guider. C'était comme s'il traversait un rêve. La seule chose qui le liait à la réalité était l'adrénaline qui avait remplacé la colère dans ses veines, faisant battre son cœur violemment dans sa poitrine. Une fois devant le lavabo sur lequel était gravé le serpent marquant l'entrée du tunnel, il jeta un œil aux alentours pour vérifier que Mimi Geignarde ne le verrait pas. Une fois qu'il se fût assurer qu'il était bien seul, il émit un sifflement étrange, ouvrant ainsi le passage vers la Chambre des Secrets.
Il jeta un œil au trou béant et noir. Cette fois-ci, Fumseck ne viendrait pas à sa rescousse. Après une courte réflexion, il estima que le sortilège Ascendio serait suffisant pour le tirer de là, de la même manière qu'il lui avait permis de s'échapper du lac l'année passée.
Sans plus attendre, il sauta en prenant garde à lancer l'ordre pour fermer l'ouverture derrière lui. Ce soir, personne ne le trouverait. Le repaire du monstre qu'il avait pourfendu trois ans auparavant serait maintenant le sien. Un monde à part qui deviendrait son royaume. Alors qu'il traversait les canalisations géantes, il entendit l'écho de gouttes d'eau tombant au loin se réverbérer sur les parois des tuyaux, et un frisson lui parcouru l'échine.
'Est-ce que cela était suffisamment risqué pour son 'parrain'? Il ne put s'empêcher de penser sombrement.
Il émergea dans la longue salle humide menant à la gigantesque statue blanche représentant Salazar Serpentard. Les immenses piliers de pierres noires, ornés de serpents sculptés, étaient toujours faiblement éclairés par les lumières verdâtres suivant le chemin qui traversait la salle. Harry l'emprunta, surveillé par les ombres des serpents dansant sur les murs. Il s'approcha de la carcasse du Basilic qui semblait être encore en un bon état. Une trainée noirâtre marquait le rebord de la fontaine non loin de la tête du monstre. Harry se massa brièvement le bras où le Basilic l'avait frappé, en se souvenant de la douleur qui le transperçait alors qu'il plongeait le croc empoisonné du serpent dans le journal de Jedusor.
Il s'assit à côté de la trace noire et laissa son regard flotter sur l'eau transparente de la fontaine. Petit à petit, il sentit sa nervosité et sa colère le quitter. Son esprit s'apaisa et ses pensées s'éclaircirent. Il s'étira et regarda autour de lui, laissant l'étrange réconfort que lui apportait la Chambre l'inonder. Au travers du silence, son esprit vagabonda, réfléchissant aux récents évènements,
Dumbledore, Ombrage, Sirius… Voldemort. Son regard s'arrêta sur sa main. La cicatrice infligée par Ombrage commençait à disparaître et ses picotements se faisaient plus rares. Il n'avait pas les mots pour décrire la haine qu'il ressentait envers cette immonde femme, ainsi que tous ceux qui le traitait de menteur. Pour être honnête, quasiment tout le monde le traitait de menteur. Son esprit se rebella et, sans s'en apercevoir, il se remis debout et commença à faire les cent pas devant la fontaine.
Il avait tant fait pour le monde des Sorciers et plus encore pour l'école. Personne ne se rendait compte de ce qu'il avait dû affronter ou ce dont il avait été témoin. Et cela le rendait fou. Sans lui, cette école aurait dû fermer ses portes, et personne n'aurait su que Lord Voldemort était de retour. Et en rétribution, il n'avait que des insultes ou de l'indifférence. Tout était si injuste… Dumbledore était injuste! Son regard agité tomba sur l'une des statues reptiliennes et ses poings se serrèrent. Le sang battait à ses tempes et il pouvait sentir quelque chose grandir en lui. Un désir ardent de détruire, de blesser.
La statue qu'il avait fixée jusque-là explosa soudainement, et le souffle le projeta en arrière. Les fragments de pierre noire tombèrent sur le sol avec un bruit sourd sous ses yeux incrédules.
'Jeune homme, que vous osiez remettre les pieds ici ne me dérange pas, même après les dégâts que vous avez causés,' dit une voix derrière lui. 'Mais vous serez bien aimable de ne pas abîmer le mobilier.'
