Bonjour !

Les textes de ce recueil ont été écrits dans le cadre de la quatrième édition du défi "Sur Votre 31" organisé par la page "Bibliothèque de fictions". Il s'agit d'écrire un recueil de 31 drabbles entre 100 et 1000 mots centrés sur le même duo avec un thème par texte et de les publier chaque jour à partir du 1er décembre.

Mon choix s'est cette fois porté sur Cersei et Sansa, deux personnages que j'adore. J'espère que ça vous plaira !

Le titre du recueil est un vers de Baudelaire.

Thème du jour : Début

Contexte : AU S2. Sansa est ici âgée de dix-huit ans.


La bataille de la Néra sonna le début de la fin pour Cersei Lannister et Sansa Stark.

Confinées dans la Citadelle de Maegor et contraintes à attendre qu'on veuille bien les informer de ce qui se passait, toutes deux tuaient le temps chacune à leur manière : Cersei noyait son angoisse dans le vin tandis que Sansa l'élevait jusqu'aux cieux de sa voix douce à travers des prières auxquelles elle ne croyait pas vraiment. Après tout ce temps passé à Port-Réal sans que les dieux ne viennent lui porter secours, elle ne voyait vraiment pas pourquoi ils daigneraient se soucier de son sort aujourd'hui, et ce même si la mort était littéralement à sa porte.

Cersei lui avait dit d'un air dédaigneux que Stannis ne lui ferait pas de mal en raison de sa valeur – si Robb venait à tomber, ce serait elle qui deviendrait l'héritière du Nord – et Sansa était disposée à la croire, mais ce ne serait pas Stannis qui franchirait les portes du Donjon Rouge le premier.

Sansa n'était pas une idiote, et Cersei n'avait pas hésité à briser les derniers faibles espoirs qui animaient son cœur. En temps de guerre, au beau milieu d'un champ de bataille, les hommes pouvaient se changer en véritables monstres assoiffés de sang et de chair.

Au mieux, elle serait violée à plusieurs reprises. Au pire, elle serait violée à plusieurs reprises, puis tuée. Stannis avait probablement donné des ordres la concernant, mais il lui apparaissait largement possible que ses soldats les oublient en posant les yeux sur elle.

Plus la nuit avançait et moins les nouvelles étaient bonnes. Le feu grégeois avait certes fait des ravages mais ça avait été insuffisant pour stopper l'avancée de l'armée Baratheon. Le roi Joffrey avait disparu et n'était nulle part en vue – Sansa ne fut pas certaine que Cersei réalisait ce que ça signifiait, et elle-même était trop terrifiée pour s'en réjouir. Elle sentit ses jambes se dérober sous elle quand un soldat Lannister paniqué vint leur apprendre que l'ennemi allait pénétrer dans le château d'un instant à l'autre.

Cersei la rattrapa avant qu'elle ne s'effondre sur le sol.

« Nous ne pouvons plus rester ici. »

Sansa la trouva exceptionnellement lucide pour quelqu'un qui avait avalé autant de verres de vin.

« Mais... je croyais... »

Elle lui avait dit qu'elle ne se laisserait pas capturer vivante.

« Je refuse de donner à Stannis le plaisir de monter ma tête sur une pique. Viens avec moi. »

Les protestations que Sansa voulut lui adresser restèrent coincées dans sa gorge quand Cersei referma les doigts autour de son poignet et l'entraîna à travers les couloirs obscurs du Donjon – les échos de la bataille se rapprochaient à chaque seconde. Le temps leur était compté.

« Où... où allons-nous ? »

« Tais-toi et suis-moi. »

Sansa soupçonnait Cersei de ne pas avoir de plan en tête mais lui obéit sans faire d'histoires. Quel choix avait-elle, de toute façon ? Elle n'avait ni confiance en les hommes de Stannis, ni en Stannis lui-même. Et, malgré leurs rapports pour le moins... compliqués, elle connaissait Cersei.

Sansa avait toujours favorisé ce qui lui était familier par rapport à l'inconnu, et ce jour ne faisait pas exception à la règle.

La reine l'entraîna dans les souterrains du Donjon Rouge, une partie du château qu'elle n'avait jamais visitée, et elle comprit ce qu'elle avait en tête. Il n'était nullement question pour elles de se cacher en priant pour que Tywin Lannister et son armée arrivent miraculeusement à temps pour les sauver.

Cersei voulait vivre, et pour vivre, il lui fallait s'enfuir et laisser derrière elle tout ce qu'elle connaissait et aimait – y compris le pouvoir.

Sansa aussi voulait vivre, et non pas simplement survivre en devenant une nouvelle fois la prisonnière d'un monarque qui ne la voyait que comme un objet ou un pion à déplacer sur l'échiquier du pouvoir.

Quand elles sortirent du Donjon Rouge, qui n'avait plus rien d'un endroit sûr, elles ne regardèrent pas en arrière et, sans savoir où elles allaient, disparurent dans la nuit.