Cela faisait une demi-heure que Jaime et Bronn s'étaient couchés, et une demi-heure qu'ils ne dormaient pas.
Jaime parce que Bronn n'arrêtait de tourner sur lui-même encore et encore, et Bronn parce que.. et bien pour la même raison, à savoir qu'il n'arrêtait pas de changer de position. Pourquoi, Jaime l'ignorait. Après un énième retournement de la part du brun, le blond lui demanda si tout allait bien.
- Impeccable, grommela le mercenaire.
Comme pour appuyer ses dires, il cessa de gesticuler.
Pendant environ deux minutes. Très rapidement, la danse repris, de manière plus énergique, faisant exploser Jaime.
- Si c'est une punition parce que je t'ai dit que je ne voulais rien faire ce soir, c'est bon, t'as gagné ! Quitte à rester réveillés, autant s'envoyer en l'air ! T'es content ?
Bronn parut surpris par son le ton agacé de son compagnon. Il fallait dire que celui-ci n'avait pas pour habitude de perdre patience de cette manière mais la journée, qu'il avait passé à régler maintes problèmes liés à sa condition de lord de Castral Roc, avait été plutôt longue. Comme il l'avait fait remarquer au brun au moment de se coucher, il était complètement lessivé. Sa fatigue fut si manifeste que Bronn cessa de bouger.
- Désolé. Je ne voulais pas te maintenir réveillé comme ça, dit-il piteusement.
- Pas grave, répondit doucement Jaime. Mais dit moi ce qui ne va pas. Tu es blessé ? Malade ? Cauchemar ? Mau...
- C'est ce fichu lit ! Finit par répondre Bronn.
Sa phrase tomba dans l'obscurité de la pièce.
- Le lit ? S'étonna Jaime. Qu'est-ce qu'il a, le lit ? Je croyais que tu l'aimais bien.
- Oui, il est joli, l'acajou c'est super classe, la soie magnifique. Mais justement. C'est un peu trop classe pour moi. Et surtout trop confortable. J'ai toujours dormi par terre, tu comprends ? Alors quelque chose d'aussi raffiné et agréable, et bien... Ca va pas à mon dos.
Jaime médita l'information avant de faire remarquer :
- Mais ça fait une semaine qu'il est là. Je n'ai pas eu l'impression que ça tu dérangeait, avant.
- C'est parce qu'au bout d'une journée éreintante et quelques galipettes, mon seigneur s'endort rapidement et ne me voit pas tourner, railla Bronn.
- Ah, répondit Jaime en rougissant. Mais tu aurais dû me le dire, on aurait repris les anciens lits et matelas. Pourquoi tu as gardé ton inconfort pour toi ?
- Parce que pour toi, ça, c'est le confort, marmonna le mercenaire. T'as grandi dans des lits en acajou et des draps de soie. C'est habituel pour toi. Et j'avais peur qu'en te rendant compte que pour moi, ce n'était pas le cas, tu te rappelles que... Qu'on vient pas du même monde. Et que tu décides de me quitter.
- Je vois, finit par répondre le blond. Tu sais... Tu insultes tous les seigneurs qui mangent à ma table avec un langage particulièrement... fleuris. Et tu passes ta vie à mettre tes pieds crottées sur mon bureau. Donc je ne risque pas d'oublier qu'on ne vient pas du même monde. Alors non, je ne vais pas te quitter pour ça. Désolé. Mais je reste. Et je ne vais pas partir.
Comme à chaque fois qu'une quelconque émotion autre que l'ironie ou le dédain le saisissait, Bronn ne répondit rien. À la place, il se contenta de s'approcher de Jaime pour se caler contre son torse. Le connaissant, ce dernier ne rajouta rien excepté un baiser sur ses cheveux bruns.
La dernière pensée de Bronn avant de finalement s'endormir fut qu'il arriverait peut-être à se faire à ce lit si Jaime continuait de lui servir d'oreiller.
