Hello!
Ce OS est un bel exemple d'un récit qui m'a un peu échappé et a fait sa vie sous mes doigts sur le clavier. Je l'avais promis à LénaFMA et Hawkeye59 pour janvier, et le voilà!
Je me suis librement inspirée d'une partie de l'épisode 14 du drama Vincenzo pour la mission d'infiltration et pour la surprise.
Alors, prêts à voir Fuery découvrir le plus gros secret du siècle? L'histoire se passe entre le premier et le deuxième OS de ce recueil, et tous les membres de l'équipe ont leur grade du manga.
Bonne lecture!
— Monsieur Haven ? Mademoiselle Vincero ?
Havoc sourit au couple qui s'avançait vers lui dans la gare d'East City. Lui, grand et blond, de belle prestance, et elle, un peu plus petite, aux longs cheveux auburn, accrochée au bras de son compagnon. Ils sourirent en retour.
— C'est vous qui devez nous emmener à la galerie Docien ? Demanda Andrew Haven, l'un des participants involontaires de la mission de l'équipe Mustang. Il avait un fort accent aerugonien, comme attendu.
— En effet, répondit Havoc en les invitant à le suivre.
Il devait inspirer le plus possible confiance au couple avant qu'ils se rendent compte le plus tard possible que leur soirée ne serait pas celle qui était prévue. Ils prirent place dans la voiture que le colonel leur avait prêtée pour l'occasion. Lui utiliserait une qu'il avait louée aux frais de l'armée pour la mission.
— Je suis impatiente de découvrir ce que tu m'as préparé ! S'exclama Martha Vincero avec enthousiasme.
D'un coup d'œil dans le rétroviseur, Havoc la vit prendre la main de son compagnon et plonger dans ses yeux. Malgré son sourire, le sous-lieutenant ne put s'empêcher de grimacer intérieurement. Il espérait de tout cœur qu'ils apprécieraient la vraie surprise, qui n'était pas du tout le programme d'Andrew.
Parce que le programme d'Andrew, c'était Mustang et Hawkeye qui allaient en profiter, pour accomplir leur part de la mission, la plus importante.
— Tout est en place ? Souffla Roy dans son oreillette.
« Tout va bien, colonel, je vous entends et je vous vois, » répondit Fuery. « Havoc a récupéré nos clients à la gare. »
— Alors en scène.
Roy sortit de la voiture et la contourna pour ouvrir la portière de Riza, lui offrant galamment son bras avec un sourire. Elle le prit en lui rendant son sourire, et le cœur de Roy s'emballa. La jeune femme s'était surpassée pour cette mission d'infiltration, et il ne put manquer la longue jambe qui sortit de la fente de sa jupe lorsqu'elle mit le pied hors de la voiture.
OK mon gars, il y a une mission en jeu, un fichier clé à récupérer dans cette galerie, des gars corrompus à arrêter, ce n'est pas le moment de te laisser distraire par les jambes magnifiques de ta subordonnée. Qui est tout autant magnifique d'ailleurs.
Roy déglutit et ajusta le nœud de sa cravate alors qu'ils s'avançaient vers l'entrée de la galerie d'art, la main de Riza glissée dans le creux de son coude. Une femme à la coupe au carré et au costume de créateur les attendait en haut des quelques marches.
— Monsieur Haven et mademoiselle Vincero, je suppose ?
— Absolument. Vous êtes madame Docien ?
— Elle-même, répondit la femme en étendant une main manucurée de rouge. Soyez les bienvenus, j'espère que la visite sera à votre goût.
— J'apprécie tellement les œuvres modernes ! S'exclama Riza, d'un air convaincu.
Roy rit intérieurement, se rappelant la réaction de son lieutenant lorsqu'ils avaient jeté un œil sur le net aux différentes œuvres exposées dans la galerie. « J'allais dire que j'aime les couleurs, mais même ça ne me permet pas de comprendre l'objectif de l'artiste, » avait-elle déclaré en fronçant les sourcils.
— Je suis certain que tu les adoreras, chérie, déclara-t-il tendrement. N'est-ce pas vous qui avez remporté la dernière œuvre de Skyban aux enchères ?
— En effet, c'est notre galerie ! S'exclama Docien avec enthousiasme. Comme elle est très précieuse, je la garde dans mon bureau. Mais je crois qu'il y a une œuvre qui vous intéressera beaucoup plus, monsieur Haven.
La directrice de la galerie les invita à la suivre, et avant d'ouvrir la porte lança un clin d'œil à Roy. OK, ça c'était bizarre, pensa-t-il en essayant de garder un visage neutre. Riza resserra sa prise sur son bras, et il esquissa un petit sourire avant de poser une main rassurante sur celle de sa subordonnée.
« J'ai le visuel de l'intérieur de la galerie, Colonel, » déclara Fuery dans son oreille. « Si vous m'avez compris, extasiez-vous devant le premier tableau. »
Le premier tableau en question était un aplat de noir avec un unique trait blanc qui traversait la toile. Roy ricana intérieurement. Sacré Fuery ! Il profite de sa position, là ! Je le retiens sur ce coup !
— C'est très sobre, j'aime beaucoup, déclara-t-il en observant l'œuvre.
— C'est un peu comme… un espoir au milieu de la nuit, souffla Riza.
Roy se tourna vers elle. Il comprenait parfaitement ce qu'elle pouvait ressentir en disant cela. Le souvenir de la guerre d'Ishbal était encore trop prégnant dans leurs esprits, et la perspective d'un espoir était encore bien faible.
Il se pencha vers elle.
— J'aime votre interprétation, lieu… Martha, se corrigea-t-il.
Riza lui adressa un fin sourire, mais son regard portait un avertissement. Vous avez l'habitude des missions d'infiltration, colonel, ne ruinez pas celle-ci !
Ils continuèrent la visite, et chaque tableau ou sculpture fut commenté par la directrice. Jusqu'à ce qu'ils arrivent à l'un d'entre eux, qui représentait un arbre où nichait une multitude d'oiseaux.
— Dites, où nous emmenez-vous ? Demanda Andrew Haven, l'air inquiet. Je ne crois pas que la galerie est au bord de la rivière, j'ai vérifié sur Alchimaps avant de venir !
Ah, ça y est, ils réagissent, constata Havoc avec un sourire.
— C'est normal, nous avons prévu d'autres activités pour vous. Je suis certain que vous en profiterez bien plus qu'à la galerie.
— Mais il y avait… Haven s'interrompit avant de lancer un regard contrit vers sa compagne. Il soupira. J'espère juste que ce n'est pas un traquenard pour touristes innocents.
— Croyez-moi, j'ai d'autres choses à faire que de détrousser les pauvres gens. Mes collègues et moi-même vous avons préparé une soirée dont vous garderez le plus beau des souvenirs !
Du coin de l'œil, Havoc vit le couple échanger un regard et un sourire résigné.
— Très bien, tant que vous nous laissez partir si nous n'apprécions pas votre programme.
— C'est noté monsieur !
Havoc gara la voiture à côté d'une péniche amarrée au quai. Une jolie péniche colorée, louée par le colonel pour la soirée. Décidément, pour une mission qui dévoilerait les noms de chefs de gangs qui détournaient et blanchissaient de l'argent volé, Mustang avait mis les moyens ! Havoc ignorait quelle part de son argent perso il avait mise dans cette opération, mais elle devait être plutôt importante.
— C'est tellement joli ! S'exclama Martha Vincero lorsque Andrew l'aida à descendre de la voiture.
Havoc les invita à entrer, et Breda et Falman prirent le relais. Ils aidèrent le couple à s'installer sur une banquette confortable qui dominait la péniche et donnait la vue sur toute la rivière et ses berges. Falman prit ensuite la parole.
— Bienvenue à bord de L'esprit d'aventure. Cette croisière surprise vous est offerte aux frais de notre employeur, qui tient à s'excuser de tous les désagréments que cet imprévu pourrait vous occasionner. Nous espérons toutefois que vous apprécierez la visite d'East City et l'histoire de ses plus beaux sites. Je serai votre guide durant la prochaine heure. Si vous avez la moindre question, n'hésitez pas à m'interrompre. Et Bernard ici présent – il désigna Breda – se fera une joie de vous servir les boissons que vous désirez.
Cinq minutes plus tard, la péniche avait largué les amarres et s'avançait au milieu du fleuve tandis que Falman exposait sa connaissance encyclopédique de l'histoire d'East City au couple ébahi.
Fuery quitta l'écran qui donnait sur la péniche – il avait posé une caméra là au cas-où, mais n'avait pas de son. Il reporta son attention sur les vidéos de surveillance de la galerie et trouva rapidement celle où se trouvaient ses supérieurs. Mustang et Hawkeye observaient un tableau présentant un grand arbre pendant que Mme Docien parlait de l'histoire d'amour de son artiste. Enfin, c'était ce que Fuery comprit à travers les oreillettes que les deux officiers portaient. Il vit leur posture se figer lorsque la directrice de la galerie frappa des mains. Une dizaine de musiciens apparurent et commencèrent à jouer une sérénade.
« Ce n'était pas prévu, » murmura Mustang. « J'ignorais que Haven avait prévu cette surprise. »
— Ce ne serait pas une surprise si tout le monde était au courant, colonel, déclara Fuery. Jouez le jeu et tout ira bien.
Sur son écran, Mustang comme Hawkeye paraissaient surpris. La directrice semblait les encourager, et elle tendit un écrin au colonel. Celui-ci le prit et s'agenouilla devant le lieutenant, qui porta ses mains à sa bouche dans une posture digne d'une actrice de comédie romantique.
« Martha Vincero, amour de ma vie, précieuse lumière dans mes obscurités, tu as saisi mon cœur le premier jour où je t'ai vue. Veux-tu m'épouser ? »
La conviction dans la voix de Mustang était saisissante, presque réelle. C'était comme s'il était vraiment en train de faire sa demande, mais pas au personnage que jouait le lieutenant. Non, il demandait vraiment à Riza Hawkeye de l'épouser. Fuery n'en croyait pas ses oreilles. Il était en train d'assister à un événement unique. Il avait toutefois quelques doutes : jamais le colonel n'avait paru intéressé par son assistante, malgré les échanges animés qu'ils pouvaient avoir, et le lien de confiance évidente qu'ils partageaient. Et puis il sortait régulièrement avec des femmes, alors…
« Chéri… » commença Hawkeye d'une voix tremblant d'émotion.
Soit Hawkeye jouait très bien son rôle, soit elle était réellement émue.
« J'attends ce moment depuis si longtemps, » souffla la jeune femme. « Bien sûr, oui, je veux t'épouser ! »
La sincérité transparaissait si parfaitement à travers la voix de Hawkeye que Fuery en resta muet de saisissement. Jamais il n'avait imaginé que ces deux là puissent s'aimer de cette manière. Il fut d'autant plus abasourdi lorsqu'après avoir glissé la bague au doigt du lieutenant, le colonel l'embrassa. Sentant le rouge lui monter aux joues en voyant ses supérieurs s'embrasser ainsi, libres, il détourna le regard. Il était loin d'eux mais se sentait de trop. C'était un moment qui ne devait appartenir qu'à eux.
Lorsqu'ils se séparèrent, ils restèrent plongés dans le regard de l'autre. Il ne bougèrent que lorsque Mme Docien leur adressa la parole.
« Veux-tu dîner, chérie ? » demanda Mustang en glissant un bras autour de la taille de Hawkeye.
« Pas pour le moment, je suis encore tellement remuée, je crois que je ne pourrais pas me poser à une table avant au moins une demi-heure. Mais vous avez dit au début de la visite que vous aviez une œuvre de Skyban, n'est-ce pas ? »
Un jeu de négociation s'amorça alors entre le couple qui voulait absolument voir cette œuvre exceptionnelle, et la directrice qui semblait réticente à les laisser entrer dans son bureau. C'était là que tout se jouait pour la mission. Ils devaient accéder à l'ordinateur de Mme Docien pour trouver les fichiers incriminants, et permettre d'arrêter toute la chaîne qui corrompait une partie de l'armée et des gens influents dans la région Est.
Finalement, leur interlocutrice parut accepter et les invita à la suivre. Fuery fit de même, passant de caméra en caméra jusqu'au bureau, une belle pièce joliment meublée. Il prit ensuite son téléphone et envoya un court message : En scène, Catalina !
Le bureau dégageait une atmosphère de richesse et de modernité qui n'était pas vraiment du goût de Riza. Elle fit cependant de son mieux pour complimenter les tableaux sur le mur et le mobilier de créateur. Son regard fut ensuite attiré par une structure de verre qui protégeait une sculpture d'homme.
— Voici l'Homme de Skyban, déclara Mme Docien avec fierté. Une sculpture à taille réelle représentant un homme dans les détails.
Riza constata en observant l'œuvre que la directrice avait raison : l'artiste était entré dans tous les détails.
— C'est un beau spécimen qu'avait Skyban comme modèle, déclara-t-elle avec un sourire et un regard en coin vers Roy.
Celui-ci afficha un air faussement outré avant qu'elle n'ajoute que son spécimen à elle était celui qu'elle préférait. Elle glissa une main dans son dos, profitant de sa proximité. Elle savait que leur comédie ne durerait pas. Ils ne pourraient plus camoufler leurs vrais sentiments de cette manière. Mais elle voulait en profiter tant qu'elle le pouvait. Elle espéra brièvement que Fuery leur laisserait quelques minutes de plus avant d'appeler. Elle sentit ses joues s'échauffer lorsque Roy déposa un baiser sur sa tempe.
— Et j'ai la chance d'avoir le meilleur élément du genre féminin dans mes bras, murmura-t-il à son oreille.
Ils contemplèrent la sculpture un peu plus longtemps avant que le téléphone ne sonne sur le bureau de la directrice. Celle-ci décrocha.
— Oui ? … Comment ça ? … Et elle ne veut rien entendre ? … Bon, j'arrive !
Mme Docien raccrocha le téléphone avec colère et souffla.
— Quels incapables !
Lorsqu'elle se tourna vers le couple, elle avait repris un sourire professionnel.
— Veuillez me pardonner, j'ai une urgence à gérer. Je vous laisse observer les œuvres ?
— C'est ce que nous voulions faire encore un peu, répondit Roy en décochant un sourire charmeur.
Riza opina.
Une fois la femme sortie de la pièce, Roy la saisit par les bras et plongea son regard dans le sien.
— Riza… Tout ce que j'ai dit tout à l'heure… tout ça est vrai. Ce sont mes vrais sentiments. Mon cœur est tien, ma vie est tienne, et si j'en avais la possibilité je t'épouserais sur le champ. Si tu veux bien de moi, ajouta-t-il dans un murmure.
Le cœur de Riza battait à tout rompre en entendant ses paroles. Elle dégagea doucement ses bras pour glisser ses mains dans celles de Roy.
— J'attends ça depuis si longtemps, souffla-t-elle. Je sais que nous ne sommes pas libres, mais je ne veux pas nier plus longtemps les sentiments que j'éprouve pour toi, Roy. J'accepte ton cœur et je te donne le mien. J'accepte ta vie et je te donne la mienne. Je te veux toi et pas un autre.
Les lèvres de Roy sur les siennes la surprirent un instant avant qu'elle ne réponde avec tendresse à son baiser. Lorsqu'ils se séparèrent, hors d'haleine, elle sourit.
— Je crois que nous avons un travail à faire, déclara-t-elle. Et que toute notre conversation a été entendue. N'est-ce pas Fuery ?
Elle s'étonnait elle-même de son assurance.
« J'ai tout vu et tout entendu, » murmura timidement le sergent.
Roy éclata de rire.
— Devrons-nous négocier votre silence ?
Fuery répondit au bout d'un court silence.
« On en parlera plus tard, colonel. Pour le moment nous avons une mission à accomplir. »
— Il a raison, colonel. Ne nous dispersons pas, renchérit Riza.
Elle glissa une main dans son décolleté et en sortit la clé USB. Elle ne manqua pas le regard intéressé de Roy et sourit intérieurement alors qu'elle branchait le périphérique et allumait l'écran.
Dommage que Fuery nous regarde, j'aurais pris un grand plaisir à taquiner mon cher supérieur avec des positions plus que sexy appuyée à ce bureau. Mais nous avons un travail à faire.
Pour quelqu'un qui avait des documents top secrets et très compromettants, la directrice de la galerie n'avait pas vraiment de connaissances en sécurité informatique. Il y avait besoin d'un mot de passe, mais le post-it collé sur l'écran leur donna le code dont ils avaient besoin. Fuery n'eut même pas à intervenir à distance comme c'était prévu à l'origine. Roy ouvrit l'explorateur de fichiers.
— Quel dossier ? Demanda-t-il, concentré.
— « Clients région Est », normalement, répondit Riza.
Fuery confirma dans leur oreillette. Roy afficha les dossiers cachés et fit une simple recherche. Le dossier demandé apparut après une minute. Il nécessitait sans doute un mot de passe, mais le sergent s'en chargerait facilement. Il fut glissé dans la clé USB.
— 10Go ? S'étonna Riza. Ils ont stocké un film dans le dossier ?
— Je pense que ce sont les photos des répliques d'œuvres qui sont utilisées pour faire passer les transactions et garder une trace de chaque pot-de-vin versé, expliqua Roy.
— C'est bien que des malfrats soient aussi méticuleux, ça nous facilite vraiment la tâche.
Le transfert du dossier était à 80 % lorsque la voix alarmée de Fuery retentit dans leurs oreilles.
« Catalina est en train d'être mise dehors, sa mission de diversion n'a pas duré assez longtemps. Dépêchez-vous, Docien revient à son bureau ! Et elle n'a pas l'air content... »
Riza échangea un regard avec Roy. Il y avait une lueur dans ses yeux qui annonçait clairement qu'il avait un plan. Et un plan qui risquait de lui plaire. Elle réprima un sourire.
— Reçu Fuery. Préviens-nous quand elle est à moins de dix mètres de la porte, déclara Roy.
« Entendu. »
Avec une appréhension grandissante, Riza observait la progression du transfert. 85, 90, 92 %… à 94 %, Fuery leur annonça l'arrivée imminente de la directrice. Riza se retrouva soudain sur les genoux de Roy, ses lèvres pratiquement sur les siennes et une main dans son dos. Il ne bougea pas plus, et elle remarqua que son regard était fixé sur l'écran et sa main prête à saisir la clé USB. Les talons de Docien se rapprochaient.
96… 97… 98… 99… 100 %!
Roy enleva la clé et Riza éteignit l'écran une fraction de secondes avant que leurs lèvres ne se rencontrent et que la porte s'ouvre brusquement. Riza sentit Roy glisser une main dans son décolleté pour y déposer la clé et sourit contre sa bouche.
Alors, qui avait raison sur le soutien-gorge comme cachette pour les petits objets ?
— Que faites-vous ? S'exclama la directrice d'un ton empli de colère.
Le couple se sépara en feignant la surprise – Roy – et l'embarras – Riza. Ils se levèrent du fauteuil comme deux enfants pris en faute.
— Oh ! Je suis vraiment navré, nous nous sommes laissés un peu emporter par notre nouveau statut de fiancés, et l'art nous est un peu sorti de la tête...
Docien grommela et sembla les croire. Riza feignit alors une fatigue soudaine et s'appuya à Roy.
— Chéri, je crois que je ne tiens plus debout, ces émotions m'ont épuisée.
— Oh mon amour, je suis désolé, souffla Roy en la prenant contre lui. Veux-tu que nous allions à l'hôtel maintenant ?
Riza hocha la tête et Roy posa une main dans le bas de son dos. Ils remercièrent la directrice pour son accueil et pour la magnifique surprise montée par ses soins sur l'idée d'Andrew Haven. Leur sortie de la galerie se déroula sans accro, et une fois dans la voiture, ils purent enfin se détendre. La pression retomba et Riza enleva ses escarpins avec délice. Ils lui défonçaient les pieds depuis la moitié de la visite du musée mais elle n'avait pas osé le dire à Roy. Après tout, c'était lui qui les lui avait offertes pour le mariage de Hughes et Gracia.
— Merci pour le soutien, Fuery. Où en sont les autres ? demanda Roy.
« Sur le point d'amarrer de nouveau l'Esprit d'aventure, colonel. »
— Bien. On se retrouve tous à l'hôtel dans l'heure.
« Bien colonel. »
— Et pas un mot de ce qui s'est passé aux autres.
« Uniquement la mission réussie, compris. »
Avec un sourire et un soupir de soulagement, Roy coupa la communication. Ils enlevèrent tous deux leur oreillette et Riza les récupéra pour les ranger dans leur boîte.
— Allons-y, lieutenant.
Le trajet vers l'hôtel fut silencieux, mais la main de Roy posée sur la cuisse de Riza parlait pour lui et la jeune femme profita de sa chaleur, entrelaçant leurs doigts lorsqu'il n'avait pas besoin de changer de vitesse. Juste avant que Riza n'ouvre la portière, Roy la retint un instant et embrassa ses doigts tendrement, la faisant frissonner sous son toucher et son regard.
— Soyons professionnels, lieutenant, murmura-t-il avec un sourire charmeur.
— Vous savez bien que c'est mon maître-mot, colonel, répliqua-t-elle avec un clin d'œil.
Ils retrouvèrent Fuery, le reste de l'équipe et leurs deux invités dans l'un des salons privés de l'hôtel. Roy se présenta à Andrew Haven et Martha Vincero et les remercia pour leur coopération dans une opération qui permettrait de mettre à jour un réseau régional de blanchiment d'argent.
— Mais alors vous êtes tous militaires ? Martha se tourna vers Havoc et Falman, abasourdie.
Les deux hommes hochèrent la tête.
— Bien entendu, nous comptons sur votre silence sur toute cette affaire, intervint Roy. Les détails de son déroulement ne seront pas révélés de toute manière.
Il sortit ensuite de sa poche l'écrin qu'il y avait glissé après la fausse demande en mariage.
— Je crois bien que ceci vous appartient, déclara-t-il en le tendant à Andrew. Je ne sais pas si vous avez pu…
Martha se rapprocha de son compagnon, un sourire éclatant aux lèvres, et Roy vit les membres de son équipe hocher la tête avec l'air satisfait de ceux qui ont fait du bon travail. Andrew prit l'écrin et l'ouvrit en se tournant vers Martha.
— Oh… il est vide, constata-t-il.
— Mince, pardon ! S'exclama Riza.
Elle enleva la bague qui était toujours à son doigt et la donna à l'homme. Roy eut un pincement au cœur. La vision de Riza lui souriant, une bague – qu'il aurait choisie – brillant à son doigt, resterait encore l'un de ses désirs les plus fous.
— On s'y habitue vite, non ? Lança Fuery.
Roy savait qu'il plaisantait, mais il lui jeta tout de même un regard d'avertissement. Le jeune homme répondit par un sourire contrit. Un regard autour de lui indiqua à Roy que la remarque de Fuery était passée inaperçue grâce au couple qui se tenait parmi eux.
Andrew glissa la bague au doigt de Martha avant de l'embrasser sous les applaudissements de l'équipe.
Fuery termina la relecture de son rapport et le signa. Il savait que cette version plairait au colonel, même si elle passait sous silence la majeure partie de ce dont il avait été témoin au cours de la mission. Il se leva et alla poser les deux pages sur le bureau de son supérieur. Le colonel était en réunion, mais le lieutenant lui signalerait la présence de son rapport lorsqu'il reviendrait.
Lorsque Mustang revint dans le bureau, il ne semblait pas de mauvaise humeur. C'était bon signe. Hawkeye lui donna les dernières nouvelles survenues durant son absence avant d'indiquer le rapport de Fuery. Le colonel lui lança un coup d'œil avant de se plonger dans sa lecture. Fuery plongea derrière son écran pour continuer le codage d'une nouvelle macro qui aiderait à remplir les dossiers plus facilement. Il eut le temps de tester une fonction avec succès avant que la voix de Mustang ne retentisse dans la pièce.
— Fuery, Hawkeye, à côté.
Fuery abandonna immédiatement son clavier et suivit le lieutenant et le colonel jusqu'à son bureau privé. Au lieu de s'asseoir à son bureau comme il en avait l'habitude, Mustang prit place dans le canapé, Hawkeye à côté de lui, et indiqua un fauteuil à Fuery. Une fois qu'il fut installé, le sergent attendit patiemment que son supérieur prenne la parole.
— Que veux-tu savoir ? Demanda Mustang au bout d'une minute de regards échangés ou évités.
Fuery fixa son supérieur et son assistante, rassemblant les questions qu'il avait formées au cours des derniers jours. Il s'éclaircit la gorge, mais sa voix était quand même hésitante lorsqu'il posa sa première question. Il avait l'impression d'être un gamin devant ses parents qui allaient lui parler des premiers émois adolescents.
— Donc… vous vous aimez ?
La main de Mustang trouva immédiatement celle de Hawkeye alors qu'ils répondaient « Oui » d'une seule voix, et les joues de Fuery chauffèrent encore plus.
— Depuis combien de temps vous êtes ensemble ? Demanda-t-il.
Sa voix lui parut encore plus aiguë et il grimaça.
— Suffisamment de temps pour que l'armée nous punisse pour fraternisation, répliqua le colonel.
— Oh… Qui d'autre que moi sait ?
— Personne, répondit Hawkeye. Tu es le seul qui nous l'a signalé, en tout cas.
— C'est plutôt bon signe, non ?
— J'espère, soupira Mustang. Mais je veux m'assurer ton silence, Fuery.
— Mon silence ? Vous savez bien que je ne dirai rien à personne…
— Donne-moi ton prix. Et il se pourrait que je te confie des missions supplémentaires sur ce sujet.
— Des missions supplémentaires ?
— T'assurer que le reste de l'équipe n'ait pas de doutes sur nous.
— Pas plus que d'ordinaire, précisa Hawkeye. Je sais que vous avez une discussion fermée entre vous quatre. « Nous les sous-fifres », c'était l'idée de qui ? Demanda-t-elle avec un sourire bienveillant.
Fuery bredouilla, abasourdi. Comment était-elle au courant ?
— Je l'ai vu lorsque Havoc a laissé son téléphone sur son bureau pendant sa pause cigarette.
— J'espère franchement qu'il garde les secrets militaires mieux qu'il ne se préoccupe de la sécurité de son téléphone, grommela Mustang. Bon, Fuery, dis-moi ce que tu veux. Du matériel, des ressources ?
Fuery prit un moment pour réfléchir. Puis les idées arrivèrent toutes en même temps.
— Je sais que vous avez les contacts qui peuvent me fournir en équipement de pointe. Un ordinateur plus performant et des pièces spéciales pour mon matériel d'écoute c'est déjà un bon début. Et puis ça sera un grand atout pour nos futures missions ! S'enthousiasma-t-il alors. Peut-être plus tard des radios GPS qui permettent de cartographier des bâtiments, et…
— Oh-là ! Un peu de calme, Fuery, le tempéra le colonel. Riza, tu notes tout ça ?
Fuery eut l'impression d'être de trop en voyant la manière dont son supérieur regarda Hawkeye alors qu'il l'appelait par son prénom. La jeune femme prit le calepin et le stylo qui ne la quittaient jamais et nota consciencieusement tout ce que Fuery disait, par ordre de priorité et préférence.
— Donc, résuma Mustang, en échange de ton silence et de ton soutien, je m'engage à te fournir les équipement dont tu aurais besoin, l'un après l'autre. Est-ce que cela te convient ?
Fuery relut la liste et hocha la tête.
— Très bien.
Il redonna le papier au lieutenant.
— Mettez-le en lieu sûr, ça pourrait servir de pièce à conviction si quelqu'un d'autre apprenait que vous êtes ensemble. D'ailleurs, il hésita un peu. Comment faites-vous pour vous voir en dehors du travail ?
Hawkeye et Mustang échangèrent un regard.
— Je pense qu'il vaut mieux que tu n'en saches rien, Fuery, répondit finalement son supérieur. Ça nous mettrait dans une situation délicate si quelqu'un t'interrogeait.
Fuery hocha la tête. Mais il souhaitait quand même se rendre utile. Il avait découvert un énorme secret, et son cœur loyal le poussa à proposer son aide.
— Si un jour vous avez besoin d'aide pour quelque chose de plus important que les autres gars, n'hésitez pas à faire appel à moi.
Hawkeye sourit.
— Merci, Kain.
— Ta loyauté ne sera pas oubliée, sois-en certain, ajouta Mustang.
Lorsque Fuery retourna à sa place, il savait que le secret qu'il portait désormais pouvait bouleverser sa vie, mais il était prêt à le garder de sa vie. Mustang et Hawkeye avaient souffert durant la guerre, mais il voulait qu'ils trouvent un peu de bonheur. Et si garder ce secret lui apportait une amélioration considérable de ses ressources informatiques, il n'allait pas cracher dessus.
— Alors Fuery, que voulait le colonel ? Interrogea Havoc dès qu'il posa le derrière sur sa chaise.
Fuery haussa les épaules.
— Juste vérifier quelques points de mon rapport sur la mission Docien. Tout va bien, ajouta-t-il en souriant.
— Une lettre pour vous, colonel, déclara Riza en lui tendant une enveloppe marron assez épaisse.
Roy la prit et remercia son assistante avec un sourire. Il aurait voulu y ajouter davantage de tendresse, mais ils n'étaient pas seuls. L'air tranquille, Riza retourna à sa place pendant qu'il ouvrait l'enveloppe.
Il prit d'abord l'enveloppe plus petite qu'il trouva.
Monsieur Mustang,
Voici comme promis les clichés pris pour la demande en mariage à la galerie Docien. Les fichiers originaux ont tous été effacés de mon appareil photo et de mon ordinateur, comme vous l'avez voulu.
Je pense que cela pourrait vous paraître un peu déplacé, mais même si c'était de la comédie, selon vos dires, j'ai trouvé que cette demande en mariage était la plus romantique et vraie de toutes celle dont j'ai pu être le témoin privilégié.
Soyez toutefois assuré de mon complet silence à ce sujet. L'achat d'un appareil photo neuf et bien plus performant n'en est absolument pas la cause.
Recevez…
Roy haussa les sourcils en lisant la lettre du photographe. Paraître vrai était le principe d'une mission d'infiltration. Mais avec Riza, la comédie et le réel se mêlaient bien souvent, même s'ils n'agissaient pas en tant que Roy et Riza.
Durant la pause déjeuner, les gars partirent pour la cantine et Roy resta en arrière. Il prit le cendrier de Havoc dans la salle de pause et brûla le papier incriminant d'un claquement de doigts. Il planqua l'enveloppe remplie de photos dans un tiroir et ne la ressortit que le soir venu, lorsque le reste de l'équipe prit congé, sauf Riza.
— Lieutenant, souffla-t-il en croisant le regard de la jeune femme.
Elle se leva immédiatement et rejoignit son bureau. Il sortit les photos de leur enveloppe pour qu'ils puissent les regarder ensemble.
— Je sais qu'il va falloir les détruire, mais je voudrais en garder une, et que tu en aies une toi aussi.
Tout son corps se réchauffa lorsque Riza posa une main sur son épaule et sa joue contre sa tempe quand elle se pencha à côté de lui.
— Fais-moi voir ça, murmura-t-elle, et son souffle le fit frissonner.
Ensemble ils passèrent en revue les photos : leur surprise au moment où les musiciens étaient arrivés, l'air nerveux et sincèrement amoureux de Roy lorsqu'il s'était agenouillé devant Riza, l'émotion palpable de Riza quand elle avait répondu, et surtout, le baiser qu'ils avaient échangé ensuite.
— Je… je veux que nous ayons l'opportunité de renouveler ce moment, avoua Roy, la voix serrée. Mais cette fois-ci dans un endroit qui nous plaira à tous les deux, avec une bague que j'aurai choisie, au moment où nous le voudrons.
La main de Riza glissa sur son autre épaule tandis qu'elle lui relevait le menton vers elle. Son sourire fit gonfler son coeur de tendresse et de désir alors qu'il plongeait dans son regard lumineux. Elle posa son front contre le sien.
— Moi aussi, Roy.
Roy lâcha les photos et prit le visage de Riza entre ses mains. Il l'embrassa longuement, doucement, goûtant ses lèvres comme si c'était la première fois. Riza répondit de la même manière, et il put sentir son sourire contre sa bouche.
— Je t'aime.
Les yeux de Riza pétillèrent lorsqu'elle murmura ces mots, et Roy n'arrêta pas le sourire qui s'épanouit sur ses lèvres.
— Moi aussi, Riza.
Finalement le choix de Riza se porta sur l'une des photos de Roy agenouillé, celle où elle lui avait répondu « oui ».
— J'adore ton regard sur cette photo, et je veux voir le même lorsque tu me feras ta vraie demande, expliqua-t-elle d'un air malicieux.
Roy choisit celle où ils se séparaient après leur baiser. On voyait clairement les joues rouges de Riza et ses yeux emplis d'amour alors qu'elle agrippait encore les épaules de Roy pour garder son équilibre.
Ils détruisirent le reste des photos avec un pincement au coeur. D'abord le destructeur de documents, puis les ciseaux pour faire des confettis avec les longues bandes, confettis qu'ils répartirent dans les différentes poubelles du bureau pour éviter toute tentative de reconstitution.
Ils terminèrent de traiter les dossiers les plus urgents avant de se préparer à partir. Roy tint la porte galamment au moment où Riza sortit, lui adressant son sourire le plus charmant.
— Je vous ramène, lieutenant ? Proposa-t-il. Votre appartement est sur ma route.
— Êtes-vous certain ?
— Le soleil se couche, et je m'en voudrais s'il vous arrivait quelque chose.
Ils le savaient tous les deux que ce n'étaient que des excuses pour passer encore un précieux moment ensemble avant de se séparer pour la nuit. Ils se l'accordèrent, et alors qu'il conduisait vers la rue de Riza, sa main dans la sienne comme chaque fois, Roy pensa au moment où il serait totalement libre d'exprimer ses sentiments pour elle.
Si ce qu'il avait vécu dans la galerie était la répétition, alors la vraie demande serait parfaite.
