La Fin du Voyage
'Aucun des deux ne peut vivre tant que l'autre survit,' sourit Voldemort. 'Tu vas partir pour de bon ce soir, Potter.'
'Encore en train de suivre les règles?' Dit Harry d'un ton déçu. 'Ça ne te fatigue pas à la fin? Ne t'es-tu jamais demander ce qui se serait passé si tu avais ignoré la Prophétie?'
'L'ignorer et laisser grandir celui qui aurait eu le pouvoir de me vaincre?' Siffla Voldemort agressivement.
'Alors ton plan a superbement bien fonctionné,' répondit Harry d'une voix sarcastique. 'Tu as essayé de m'arrêter et j'ai quand même réussi à grandir avec ce pouvoir.'
'S'agit-il d'amour, encore une fois ?' Demanda Voldemort, une expression railleuse sur son visage. 'La solution préférée de Dumbledore, l'amour, dont il prétendait qu'il était plus fort que la mort. Et qu'est ce qui t'empêchera de mourir exactement quand je lancerai mon sortilège?'
'Toi,' répondit simplement Harry. 'Car tu ne lanceras pas le sortilège.'
'Et pourquoi pas?'
'Pour la même raison qui t'a poussée à me suivre ici, Tom. Tu veux des réponses. Tu as réalisé que tu t'étais trompé. Ne me mens pas et, s'il te plaît Tom, ne te mens pas à toi-même pour la deuxième fois de ta vie.' La voix de Harry était maintenant pleine compassion. 'Écoute moi et écoute toi. Laisse-moi te montrer.'
'Je ne veux pas de ta pitié, Potter!' Cracha Voldemort. Mais sa voix trembla légèrement. Comment le garçon pouvait-il voir à travers lui aussi facilement? Il avait essayé d'envahir l'esprit de Harry plusieurs fois après l'avoir rejoint dans la clairière mais il était impénétrable. Cependant le garçon lisait en lui comme dans un livre ouvert.
'Je ne t'offre pas de la pitié,' dit calmement Harry en levant sa main. 'Je t'offre ce que tu n'as jamais réussi à trouver dans ta vie. Je t'offre l'amour.'
Voldemort regarda la main et Harry à nouveau… Quoi? Il explosa de rire pendant que Harry demeurait impassible.
'Mais est-ce que tu t'entends parler?' S'exclama Voldemort.
Mais quand son rire s'éteignit, la main était toujours levée et Harry le regardait paisiblement. Il réalisa que le garçon était sérieux et il regarda la main à nouveau, hésitant.
Ils entendirent les échos d'un combat au loin.
'Nous n'avons pas beaucoup de temps, Tom,' dit Harry alors que le bruit s'estompait.
Le doute se répandit dans l'esprit de Voldemort et avec, les émotions qu'il avait tenté d'étouffer pendant toute sa vie. Certaines lui étaient si étrangères qu'il pensa qu'il était sur le point d'être malade. Ce soir aurait dû marquer sa victoire contre le monde des Sorciers. Sa revanche sur tout le monde. Mais il réalisa qu'il y avait quelque chose qu'il désirait bien plus que ça. Il voulait savoir.
Comment se faisait-il qu'un nouveau-né ait réussi à le vaincre alors que son pouvoir était au plus haut? Comment se faisait-il que ce même garçon ait réussi à percer ses secrets les mieux gardés? Pourquoi lui offrait-il à lui, le meurtrier de ses parents, le mage noir qui l'avait traqué toute sa vie, cette étrange chose appelée l'amour?'
'Mettons que j'accepte ton offre,' dit soudainement Voldemort. 'Imaginons que tu arrives à me convaincre. Que se passera-t-il alors?'
'Je ne sais pas,' répondit Harry d'une voix sincère. 'Mais que dirais-tu qu'on le découvre ensemble?'
Le mot résonna dans l'esprit de Voldemort. Ensemble. Pas seul. Les défenses qui lui restaient volèrent en éclat et, dans un silence absolu, ses yeux rivés sur ceux du jeune homme, Lord Voldemort leva sa main à son tour et saisit celle de Harry Potter.
Il vit… il était le jeune garçon en train de ramper vers le placard sous les escaliers en tentant d'esquiver les coups de son oncle et sous le regard dédaigneux de sa tante. Son propre sang. Cela lui rappela l'orphelinat, la méchanceté des enfants et le cruel instituteur. Il vit Poudlard émerger, scintillante sous la nuit, alors que ses mains agrippaient le rebord du frêle esquif leur faisant traverser le Lac Noir, et il sentit la chaude sensation de l'espoir se répandre en lui. Celui lui rappela quand il s'était enfin sentit chez lui.
Harry guida Voldemort dans son esprit. Il lui montra ses discussions avec Serpentard. À propos de meurtres et d'erreurs. Il lui montra l'amour de son ancêtre dont la seule mission dans ses dernières années avait été d'assurer la sécurité de son Héritier. Un amour qui avait survécu à travers les âges pour être confié à son ennemi juré. Celui qui l'avait vaincu et qui était supposé recommencer. Il vit le garçon rejeter l'idée pour finalement l'embrasser. Il vit Tom Jedusor s'ouvrir à ce garçon. Tom Jedusor… Cette étrange alter ego du passé. Il était si jeune et possédait un regard si vieux. Mais il le vit changer en parlant avec Harry. Il le vit rire, il l'entendit plaisanter et il l'entendit raconter ce douloureux passé dont il ne voulait pas se souvenir. Mais il devait se souvenir. Il réalisa l'erreur qu'il avait commise et qui l'avait condamné à cet avenir maudit.
Il vit les yeux de Bellatrix Lestrange perdre leur dernière étincelle de folie alors qu'elle subissait le sortilège d'Amnésie, pour prendre une lueur calme et sereine. Des yeux qu'il avait contemplés autrefois quand un autre avenir s'était offert à lui. Ce même avenir que Harry lui avait offert quelques secondes auparavant… minutes? Il ne savait pas. Il naviguait dans les souvenirs de Harry. Certains faisaient l'effet d'une mer déchaînée et d'autre celui d'un lac apaisé.
À travers l'esprit de Harry, Tom se retrouva et Voldemort s'évanouit.
Quand Harry relâcha la main, les yeux violets s'étaient assombris. Il remarqua que le visage de Voldemort n'avait jamais semblé aussi humain. Ses traits demeuraient inchangés mais il pouvait deviner l'homme que le Seigneur des Ténèbres aurait pu être.
'Tom?' Demanda Harry incertain.
Alors que le visage du sorcier s'éclairait d'un sourire doux et sincère qu'Harry n'avait encore jamais vu, ils entendirent des pas précipités autour d'eux et, avant qu'ils n'aient pu faire quoique ce soit, ils se retrouvèrent encerclés par les membres de l'Ordre. Tom leva les yeux et croisa le regard de Dumbledore.
Tout se passa très rapidement. Tom tourna à nouveau son regard vers Harry dont le cœur se serra quand il vit la souffrance qui y régnait. La souffrance de quelqu'un à son dernier recours. Il acquiesça lentement et sourit en fermant les yeux. Il laissa tomber sa baguette au sol. Il avait fait tout ce qu'il pouvait, il était maintenant temps de se reposer.
'Non!' Ce cri était d'autant plus terrible qu'il n'aurait jamais imaginé, même en rêve, que Dumbledore puisse émettre un tel son.
L'éclair vert étincela dans le verre de ses lunettes et Harry l'accueillit à bras ouverts.
