Petit mot de l'auteure : warning : allusion à de la violence infantile
Jour 21 : Parler
Contexte : UA post saison 8
Bronn avait toujours été du genre réservé.
La plupart des gens ne s'en rendait pas forcément compte, puisque le mercenaire avait la plaisanterie facile. Il trouvait toujours la bonne occasion pour placer un bon mot, taquiner tous ceux qui croisaient sa route, s'incrustait dans toutes les conversations possibles. Ainsi, on pouvait le qualifier de « social ». Pourtant, dès qu'il s'agissait de parler sérieusement, le mercenaire se refermait totalement. De ce fait, si Jaime sortait avec lui depuis deux ans, son partenaire ne s'était jamais vraiment livré à lui. Tout ce qu'il avait réussi à savoir, c'était que Bronn était allé au nord du Mur lorsqu'il s'était enfui de chez lui. Même s'il se doutait qu'il n'était sûrement pas parti sur un caprice, Jaime n'avait jamais réussis à en avoir la raison. Ce fait le rendait malade, d'autant plus qu'il savait que Bronn s'était déjà un peu plus livré à Tyrion. Or, c'était bien avec lui qu'il sortait, non ? Mais comme son frère lui avait dit, le brun s'était laissé à échapper une confidence seulement parce qu'il avait bu. Et Jaime n'était pas vraiment le genre à tirer les vers du nez de ses proches à coup d'alcool. Il en était ainsi réduit à attendre qu'il veuille bien s'ouvrir.
Ceci se produisit finalement lorsque Jaime expliqua une énième fois pourquoi il pensait que Tywin Lannister était un père de merde. À ceci, Bronn avait levé les yeux au ciel, et explosé :
- Oh mais par les sept, il t'as juste forcé à lire bordel ! C'est pas horrible ! Moi mon vieux il me pétait la gueule tous les matins pour dessoûler !
Évidemment, sa phrase fut accueillie par un petit blanc.
- Tu veux en parler ? Finit par proposer Jaime en posant une main sur la sienne.
- Non. Il n'y a pas grand chose à dire, tu sais. Mon père était un con, ma mère aussi, fin de l'histoire. Puis parler de ses sentiments, c'est vraiment un truc de con d'aristo.
- Pourtant, tu aimes un de ces cons d'aristo, fit remarquer Jaime avec un petit sourire. Écoute, je ne veux pas t'obliger à en parler si tu ne veux pas. Simplement, si tu veux, je suis là.
Jaime attendit quelques secondes que Bronn passa à fixer la table. Il était sur le point de se relever lorsque le mercenaire serra sa main.
- T''as vraiment un melon pas possible pour croire que je t'aime.
- J'ai dit un con d'aristo, j'ai jamais dit que c'était moi. Mais le fait que tu penses que je parlais de moi est assez révélateur.
- … T'es vraiment con.
- Je sais, sourit de toutes ses dents Jaime. J'essaye de me mettre à ta hauteur.
La réplique fit sourire Bronn. Toutefois, son sourire disparut rapidement.
- Tu as toujours su me faire sentir mieux, murmura-t-il. C'est pour ça que je n'ai jamais voulu t'en parler. Je me sens bien avec toi et... je ne veux pas que cette petite bulle explose.
- Je te promets qu'elle ne va pas exploser.
Bronn considéra ses propos, et finit par hocher la tête. De sa bouche s'échappèrent alors des mots qu'il n'avait jusqu'alors jamais prononcé. Il parla de la peur dans laquelle il avait grandit, l'impression d'avoir toujours fait quelque chose de travers sans vraiment savoir quoi, les coups, les cris, l'envie de disparaître, l'impression de mourir, la douleur. Il lui parla du moment où, jeune adulte, il avait décidé de partir sans rien, préférant les brigands et les tueurs à ses propres parents. Il avait alors découvert sa propre force, et pourtant la peur de son enfance qui ne le quittait jamais. Même maintenant, il détestait les matins, souvenirs de l'heure où rentrait son père de la taverne et où il en profitait pour dégriser sur lui.
À la fin de son récit, il tremblait tout contre Jaime, qui l'avait prit dans ses bras.
- Ils ne peuvent plus te faire du mal maintenant, murmura doucement Jaime.
Les deux hommes restèrent quelques minutes silencieux. Après de telles confidences, il n'y avait rien de facile à dire. Ce fut ainsi Bronn qui finit par reprendre la parole.
- Je suis désolé d'avoir dit ça pour ton père. Je sais très bien que vos problèmes allaient beaucoup plus loin qu'une simple histoire de lecture.
Jaime lui rendit son sourire et se furent main dans la main qu'ils allèrent se coucher, espérant que la nuit pansent les blessures ravivées.
