Ironie, quand tu nous tiens …

Harry, vingt-six ans, avait appris la nouvelle dans les journaux quelques heures avant que son avocat ne le contacte. Et maintenant, il se trouvait dans un cimetière, à l'enterrement de sa tante Pétunia et son mari Vernon. Il avait tenu à rester dans les derniers rangs mais ce n'était pas pour autant qu'il n'avait pas signalé sa présence à Dudley, aux premières loges.

Ses anciens tuteurs – il ne leur avait jamais vraiment reconnu le rôle de famille – étaient morts lors d'un tragique accident de voiture. Comble de l'ironie, après enquête de police et autopsie, il s'était avéré que le taux d'alcool de Vernon était deux fois supérieur à la limite légale et que Pétunia n'était pas toute fraîche non plus. Le pire avait été que lors de l'accident, le fils de Dudley était dans la voiture avec eux et que son grand-père avait sciemment pris le volant malgré son ivresse manifeste. Heureusement, l'enfant de deux ans s'en était sorti qu'avec un bras cassé.

Dire que Pétunia et Vernon lui avaient craché sans cesse pendant son enfance que c'était de cette façon que ses parents étaient morts …

Quand les cercueils furent mis en terre, une partie des invités se rendit au 4 Privet Drive pour soutenir la famille dans leur deuil. Harry attendit que le gros de la foule ait présenté ses condoléances pour s'approcher de Dudley.

-Je sais qu'il s'agissait de tes parents mais je ne tiens pas à faire preuve d'hypocrisie, aujourd'hui encore moins, déclara Harry. Je comprends ta douleur mais je ne la partage pas. Je ne suis pas là pour eux mais pour toi.

-Je sais, sourit Dudley.

L'attaque des détraqueurs avait été l'électrochoc qui avait toujours manqué dans la vie de Dudley pour lui faire comprendre que la vision des choses imposée par ses parents ne lui garantirait certainement pas une place dans la société. Les cauchemars qui avaient suivi lui avait fait perdre beaucoup de poids au point d'alerter l'infirmière scolaire qui lui avait proposé un rééquilibrage alimentaire efficace – puisque ses parents n'étaient pas là pour le saboter « par amour » – et d'être suivi par une psychologue. L'adolescent s'était totalement confié à cette femme qui lui avait fait comprendre que le comportement de sa famille à l'encontre d'Harry était clairement anormal et qu'ils allaient au-devant de très gros ennuis si le brun décidait d'enfin parler. La dépression de Dudley avait également eu pour conséquence de lui faire comprendre qu'il pourrait avoir beaucoup plus de choses s'il n'usait pas automatiquement de ses poings et s'il travaillait ses cours. Ses notes avaient commencé à remonter et il avait entrevu qui était Dudley Dursley sans l'« amour » de ses parents. Ainsi, l'année suivante, il avait laissé tranquille Harry et avait fait en sorte que ses parents ne s'en prennent pas à lui non plus.

L'été de ses dix-neuf ans, malgré les pleurs de Pétunia et de Vernon, Dudley avait quitté la maison familiale pour s'installer au plus près de son université. Il avait alors découvert la vie réelle et avait eu un frisson glacé quand il s'était rendu compte qu'il aurait être à la place en prison s'il avait continué d'être le petit con soigneusement éduqué par ses parents. Il s'était orienté vers des études de commerce et ce fut dans l'un de ses cours qu'il retrouva Harry. Les deux cousins s'étaient redécouverts et avaient désormais une relation plus sereine, surtout quand ils avaient pu échanger leurs points de vue sur leur enfance au sein du foyer Dursley.

Dudley avait également pu construire une relation saine et non parasitée par ses parents avec Eleanor, une étudiante en histoire, qui devint par la suite la mère de son fils Andreas. Elle ne correspondait absolument aux critères de la belle-fille idéale – c'était d'ailleurs pour cela qu'il l'avait choisi – et avait su tenir tête à ses beaux-parents dès la première fois qu'elle les avait rencontrés, deux ans après leur mise en couple.

Malgré la mort de ses parents, Dudley leur en voulait beaucoup. Il n'ignorait pas que ses parents avaient toujours été alcooliques – sa mère avait été plus discrète que son père – mais qu'ils aient osé conduire dans un tel état avec son fils dans la voiture l'avait mis dans une fureur noire. D'ailleurs, ce n'était que parce qu'il n'avait pas eu d'autres solutions qu'il avait confié Andreas à ses parents pour la nuit. L'enfant n'était en présence de ses grands-parents paternels que quand ses parents étaient présents et jamais pour plus de vingt-quatre heures, les rares fois où Eleanor avait dormi chez les Dursley l'avaient convaincu que Dudley avait eu de la chance d'aussi bien tourner.

Des éclats de voix retentirent dans le salon. Les deux cousins soupirèrent.

-Je me serais bien passé de la présence de Marge, grogna Harry.

-Tu n'es pas le seul, soupira Dudley.

Marjorie Dursley, la sœur de Vernon, avait réussi à s'aliéner son neveu d'abord en insultant Eleanor puis en critiquant vertement Andreas. S'il avait pu, le désormais orphelin n'aurait jamais invité sa tante à cet évènement solennel mais malheureusement pour lui, elle faisait partie de la famille.

-Si on l'entend d'ici, c'est qu'elle a atteint son minimum, déclara Dudley. Mieux vaut qu'elle ne te voie pas ou sinon, les voisins vont pouvoir confirmer tous les défauts de mes parents.

-Merci de me libérer de mon calvaire, ricana Harry. A la prochaine.

-Salut cousin, répondit Dudley.

§§§§§

Le notaire observa les trois personnes convoquées dans son étude. Autant les deux plus jeunes, cousins, avaient été d'une politesse exquise, autant la plus âgée était une vieille rombière qui ne supportait pas la contradiction, encore plus quand elle était en tort. La première impression avait été très mauvaise.

-Bien, fit Me Dean. Vous êtes réunis ici pour l'ouverture du testament de Pétunia Evans épouse Dursley et son mari Vernon Dursley. Le couple avait à disposition les biens suivants : la propriété du 4 Privet Drive, Little Whinging ainsi que la propriété à Birmingham, où est actuellement logée mademoiselle Marjorie Dursley ici présente. Vernon Dursley possédait également des actions dans l'entreprise Grunnings Inc. et Pétunia Dursley plusieurs objets de collection entreposés dans une banque mise à part un service de porcelaine ancienne, le tout issu de l'héritage de ses propres parents. Après examen du testament, Dudley Dursley hérite des objets de collections, des actions mais également des dettes de ses parents. Il lui est possible de liquider les actions pour les rembourser. Les propriétés reviennent à Harry Potter, leur neveu.

-QUOI ?! rugit Marge

Pendant qu'elle tempêtait, Harry eut un sourire en coin. Quand il avait repris son titre de lord Potter et de lord Black, il avait exigé un audit de tous les mouvements qui avaient eu lieu depuis la mort de ses parents. Parmi les lignes, il avait appris que les Dursley touchaient une rente faramineuse pour ses besoins et son éducation dont il n'avait pas vu un seul cent. Maître Mawry, l'avocat des Potter, s'était pointé chez Pétunia et Vernon et avait exigé chaque facture correspondant aux dépenses de la rente. Après avoir prouvé par A + B qu'elle avait d'abord servi leurs intérêts puis éventuellement dans de très rares cas ceux d'Harry, il avait exigé au nom du clan Potter le remboursement de toutes les sommes versées s'ils ne voulaient pas faire face à un procès retentissant pour maltraitance. Ils étaient finalement tombés sur un compromis où leurs biens reviendraient à Harry à leur mort en guise de remboursement. Quand le brun avait été assez à l'aise avec son cousin, il l'avait immédiatement prévenu que ses parents ne s'étaient pas contentés de le maltraiter mais avaient également volé l'argent qui lui revenait. Dudley n'était donc pas étonné de voir qu'il n'héritait donc de pas grand-chose de ses parents qui avait l'habitude de jeter l'argent par les fenêtres pour bien se faire voir.

-C'est impossible !

-Parce que tu crois vraiment qu'avec le seul salaire de papa, ils auraient pu s'acheter deux maisons, changer de voiture tous les ans et me payer une scolarité complète dans l'une des écoles les plus chères du pays ? s'agaça Dudley

Pétunia et Vernon avaient même voulu payer tous ses frais d'université et un appartement luxueux en plein cœur de Londres mais le jeune homme avait mis le holà à leur folie des grandeurs et avait insisté pour tout choisir lui-même, y compris son travail à mi-temps.

-Ce moins que rien te vole ton héritage ! cracha Marge

-Dans le sens où Pétunia et Vernon ont pris l'argent que l'avocat de mes parents leur versait pour mon éducation et que je n'en ai jamais vu la couleur pour payer tout ça, non, ce n'est pas l'héritage de Dudley mais le mien, déclara fraichement Harry. D'ailleurs, il doit y avoir un document qui le stipule. Mon avocat a le double qui a été authentifié par mon notaire.

-Il a raison, confirma Me Dean. Le document est valide.

-Mécréant ! rugit Marge

-Si vous le dites, haussa des épaules Harry en prenant le stylo que lui tendait Dudley pour signer la prise de connaissance du testament. En attendant, je vous laisse trois mois pour quitter cette maison. Passé ce délai, ce sera la police qui vous délogera et tout ce qui restera à l'intérieur sera définitivement ma propriété.

-Tu me le paieras ! siffla Marge

-A votre guise, ricana Harry. Oh, et pendant que j'y pense, pour vous, ce sera lord Potter-Black. A jamais, Marjorie !