Bonjour à toutes et à tous!
Merci pour vos retours sur cette histoire! Ca me fait très plaisir de lire vos commentaires et d'y répondre :-)
Voici la suite.
Bonne lecture!
Chapitre 4
Le lendemain matin, aux alentours de huit heures et demi, Haley se réveilla en poussant un soupir de satisfaction et en s'étirant dans ce bon lit douillet que Rogue avait mis à sa disposition. Elle se plaça ensuite sur le dos, elle frotta ses paupières encore lourdes de sommeil puis elle repoussa sa couverture moelleuse et posa ses deux pieds sur le plancher de la chambre.
Après quelques minutes passées assise sur le bord du matelas, elle se leva ensuite et, toujours dans son pyjama composé d'une chemise à manches courtes bordeaux avec l'écusson des Gryffondor au niveau de son sein gauche et d'un pantalon de la même couleur, elle sortit de la petite pièce chaleureuse, emprunta les escaliers et rejoignit la cuisine à pas feutrés, au cas où son professeur de potions ne serait pas encore réveillé.
Néanmoins, arrivée à proximité de la cuisine, l'adolescente entendit le léger froissement que le papier journal produisait lorsque l'on tourne une page ainsi que le tintement d'une tasse que l'on repose sur la table, signe que le directeur des Serpentard était déjà debout. Elle passa alors discrètement sa tête dans l'encadrement de la porte, hésitant à en franchir le pas, et, quand il la remarqua, Severus déclara simplement :
« Bonjour, Miss Potter.
- Bonjour, Professeur Rogue, répondit-elle en s'avançant dans la pièce.
- Avez-vous bien dormi ? interrogea-t-il en finissant de lire une phrase de son article.
- Oui, Monsieur. Merci, acquiesça-t-elle aussitôt en joignant ses deux mains devant elle, un peu mal à l'aise face à sa soudaine sollicitude.
- Avez-vous faim pour votre petit-déjeuner ? demanda-t-il encore en repliant son journal et en se levant de table avant de poser son regard sombre sur elle, un sourcil haussé dans sa direction.
- J'ai toujours faim pour un petit-déjeuner, répliqua-t-elle en esquissant un sourire timide. Mais ne vous dérangez pas pour moi, je peux très bien…
- Asseyez-vous, Potter, et laissez-moi faire, conseilla-t-il en l'interrompant et en désignant une chaise d'un geste de la main. Vous êtes mon invitée pour ces quelques jours, alors profitez-en, ajouta-t-il en prenant une poêle à frire et en allumant sa cuisinière.
- Je n'ai pas vraiment l'habitude de profiter de quoi que ce soit… dit-elle en s'asseyant tout de même comme il le lui demandait et en l'observant s'activer derrière les fourneaux.
- Eh bien, dans ce cas, vous allez apprendre », se contenta-t-il de répondre en haussant une épaule et en commençant à cuisiner, dos à elle.
Haley esquissa un nouveau sourire, amusée par sa réponse et par son air désinvolte qui tranchait radicalement avec le comportement qu'il adoptait en classe de potions, et elle le regarda cuire des œufs au plat, des saucisses, du bacon et des haricots à la sauce tomate, griller des toasts et préparer du thé noir avec un soupçon de lait.
Lorsque tout fut prêt, Severus disposa la nourriture dans deux assiettes, il en mit une devant la jeune fille et une devant lui, posa la cruche de jus de citrouille sur la table ainsi que la théière bien chaude et se rassit à sa place avant de conseiller en disposant sa serviette sur ses genoux puis en prenant ses couverts :
« Mangez tant que c'est chaud.
- Oui, Monsieur. Merci », répondit-elle avant de l'imiter et d'entamer son petit-déjeuner qu'elle dévorait déjà des yeux.
Ils mangèrent ensemble en silence, Rogue observant discrètement la jeune fille et s'amusant de la voir déguster ce qu'il lui avait préparé avec un si grand plaisir et un si grand appétit, se remémorant malgré lui la façon dont Lily mangeait elle aussi avec bonheur lors des repas à Poudlard.
Bien qu'elle fût pourtant évidente, Severus avait toujours refusé de reconnaître la ressemblance pourtant frappante qui existait entre Haley et sa mère. Elle avait la même couleur de cheveux, les mêmes si beaux yeux émeraude qui l'avaient toujours fasciné chez Lily, le même petit nez en trompette et aussi les mêmes mains fines et délicates.
Mais, malgré tous ces points communs, il les avait toujours occultés car elle portait le nom de Potter, son plus grand rival depuis qu'il avait posé le pied à Poudlard. Voilà pourquoi il ne l'avait jamais regardée autrement qu'avec mépris, amertume et rancœur. Voilà pourquoi il ne lui avait jamais laissé la moindre chance… pensa-t-il en la regardant déguster son petit-déjeuner avec appétit, ses yeux verts pétillant de plaisir.
Le maître des potions ne l'avait jamais vraiment regardée avec intérêt, se dit-il encore en continuant son examen minutieux de sa personne. C'est ainsi qu'il était passé, comme tous les autres professeurs de l'école de sorcellerie, à côté de tous les signes qui prouvaient bel et bien qu'elle était maltraitée dans sa famille. Pourtant, en cinq ans, il aurait dû avoir largement le temps de remarquer l'usure de ses mains, les petites plaies et les bleus qu'elle avait ci et là sur sa peau diaphane, particulièrement lorsqu'elle rentrait de vacances, comme il pouvait encore en voir maintenant, ses grands cernes violacés sous ses yeux, alors qu'elle n'avait pas encore seize ans, son inattention, sa lassitude mais aussi tout ce mal-être et cette angoisse qui ne la quittaient pas ainsi que la profonde tristesse de son regard émeraude…
« Vous ne mangez pas, Professeur Rogue ? demanda subitement la jeune fille, le faisant aussitôt revenir les pieds sur Terre.
- Si, si… répondit-il simplement avant de se remettre à manger après avoir brièvement croisé ses yeux verts.
- Vous… Vous ne devez pas avoir l'habitude d'avoir la compagnie de quelqu'un d'autre chez vous pour les repas… osa-t-elle faire remarquer après une petite hésitation.
- Non, effectivement, se contenta-t-il de répliquer.
- Moi non plus… »
Le directeur des Serpentard se limita à l'observer de ses yeux noirs alors qu'elle remettait une mèche de ses cheveux auburn derrière son oreille, manifestement gênée par la situation, puis il l'entendit néanmoins poursuivre la conversation et lui demander :
« Vous voulez bien me raconter comment vous connaissez ma mère, Tante Pétunia et Oncle Vernon, s'il vous plaît ?
- Je ne connais pas du tout votre oncle, Potter. Ou alors seulement de nom, répondit-il directement avant de prendre un morceau d'omelette.
- Ma mère et ma tante, alors », rétorqua-t-elle, loin de s'avouer vaincue malgré son évident embarras qui avait coloré ses joues d'une légère teinte rosée.
Rogue la fixa sans rien dire durant un long moment puis, finalement, alors que Haley était sur le point de s'excuser et pensait qu'elle n'aurait jamais réponse à sa question, il déclara soudain :
« J'ai rencontré votre mère, Lily, et votre tante, Pétunia, lorsque j'étais enfant, dans un parc, dans le quartier où je vivais. Nous habitions tous les trois dans la même ville avec nos parents et nous nous rendions à la même aire de jeux. La première fois que je les ai vues, elles se disputaient toutes les deux parce que Lily faisait éclore une fleur dans le creux de sa main. Pétunia la traitait de monstre…
- Vous aviez quel âge ? interrogea-t-elle, intriguée, en posant son menton dans sa main pour l'écouter attentivement.
- Environ huit ou neuf ans… éluda-t-il rapidement en se rendant compte qu'il en avait déjà trop dit en fronçant ses sourcils noirs avant de finir son assiette et de reposer ses couverts sur la table.
- Ça vous embête de me parler de ça ? réalisa-t-elle alors en se redressant et en frottant son bras, mal à l'aise.
- Oui, un peu, avoua-t-il honnêtement en hochant la tête.
- Je suis désolée, Monsieur… Je ne voulais pas vous embêter… s'excusa-t-elle en mordillant légèrement sa lèvre inférieure. C'est juste que… voulut-elle ajouter avant de s'interrompre d'elle-même.
- Que quoi ? l'engagea-t-il à continuer.
- Que je n'ai jamais eu l'occasion de parler à des personnes qui ont vraiment connu ma mère et que je me pose des tas de questions à son sujet… » expliqua-t-elle seulement avant de détourner ses yeux verts.
Severus poussa un profond soupir. Il en profita pour lancer un sortilège pour nettoyer et ranger leur vaisselle sale puis, une fois que ce fut fait, il affirma de sa voix grave :
« Je vous comprends, Potter… Malheureusement, je ne sais pas si je suis le mieux placé pour vous répondre.
- Pourquoi ?
- Eh bien, parce que… commença-t-il avant de s'interrompre tout seul. À Poudlard, aucun professeur ne vous a jamais parlé de vos parents ? demanda-t-il alors, sourcils froncés.
- Un peu, mais pas beaucoup, répondit-elle en secouant sa tête auburn. Et je n'allais pas vers eux pour leur poser des questions…
- Oui, ni pour rien dire, d'ailleurs… ajouta-t-il, maussade, pour évoquer la maltraitance qu'elle avait subie et qu'elle avait gardée pour elle toutes ces années.
- Vous m'en voulez ? questionna-t-elle en relevant son visage vers lui et en plissant son nez, déconcertée par la nuance de colère qu'elle avait perçue dans sa voix froide.
- Bien sûr que je vous en veux, Potter ! Si vous aviez parlé, nous aurions pu mettre un terme à tout cela bien avant ! rétorqua-t-il, irrité, en la transperçant de son regard sombre comme la nuit.
- Je vous demande pardon… » murmura-t-elle en baissant la tête, une boule s'étant formée dans le creux de son estomac à la suite de ses reproches, les larmes aux yeux.
Rogue ne dit rien durant plusieurs secondes, observant malgré lui l'air tellement triste et abattu de la jeune fille qui lui faisait face, il grimaça, se rendant compte qu'elle n'y pouvait finalement pas grand-chose et sachant très bien qu'il était très difficile de faire confiance à une tierce personne et de parler de ce genre de choses à quelqu'un, il souffla légèrement puis déclara :
« Non… Excusez-moi, Potter… Évidemment, ce n'est pas de votre faute… Ce n'est pas contre vous que je suis en colère… C'est votre position intolérable dans cette famille que je regrette amèrement. J'aurais tellement voulu que l'on puisse vous aider et vous sortir de là plus tôt… C'est tout ce que vous avez dû endurer qui me révolte… » clarifia-t-il alors pour déculpabiliser l'adolescente.
Haley releva doucement son visage vers lui, surprise par ses paroles apaisantes et par son envie de ne pas la blesser, puis elle l'entendit encore dire à voix basse après qu'il ait légèrement hésité à parler :
« Si j'avais su… Je… Je n'aurais certainement pas ajouté une couche à tous vos tracas en vous traitant comme je l'ai fait durant ces cinq années, Potter…
- C'est… C'est gentil, Professeur… se contenta-t-elle de répondre, estomaquée par ses dires.
- Non, ce n'est pas gentil. Je n'aurais jamais dû vous traiter aussi durement, rétorqua-t-il en secouant la tête de gauche à droite, réalisant à quel point il avait été odieux avec elle pendant toutes ces heures de cours. Je vous demande… de bien vouloir m'excuser, Miss Potter… pour tout le mal que j'ai bien pu vous faire… » lui demanda-t-il ensuite en plongeant ses prunelles sombres dans son regard vert.
La Gryffondor l'observa, presque bouche-bée, totalement prise de court par ses excuses auxquelles elle ne se serait jamais attendue, pétrifiée, puis, reprenant ses esprits et retrouvant peu à peu l'usage de ses membres et de la parole, elle répondit simplement, sincère :
« C'est oublié, Professeur Rogue. Je ne vous en veux pas. Ce n'étaient que des paroles…
- Peut-être mais je sais à quel point de simples mots peuvent blesser… acquiesça-t-il avant de grimacer légèrement en repensant à l'amitié de Lily qu'il avait perdue à cause d'une stupide parole en l'air.
- Pourquoi vous étiez comme ça avec moi ? interrogea-t-elle innocemment. Vous n'aimiez pas ma maman ? proposa-t-elle au hasard.
- Hum… Non… rit-il brièvement en secouant la tête, songeant qu'elle était vraiment très loin de la vérité. C'est parce que… je détestais votre père, lui répondit-il alors honnêtement.
- Vous connaissiez mon père aussi ? rebondit-elle, étonnée, en écarquillant ses grands yeux émeraude.
- Vos parents et moi avions le même âge et nous étions tous dans la même année à Poudlard, expliqua-t-il en hochant un peu la tête.
- Vous le détestiez pourquoi ? » questionna-t-elle encore, intriguée par ses révélations.
Severus la fixa de son regard noir comme la nuit durant quelques secondes avant de pousser un soupir de dépit puis de finalement consentir à lui répondre :
« Parce qu'il se moquait de moi et qu'il me ridiculisait avec sa bande d'amis. Nous étions ce qu'on peut appeler des rivaux. Et aussi parce que je le tiens pour responsable de la fin de mon amitié avec votre mère…
- Vous étiez ami avec ma maman ? demanda-t-elle confirmation, décidant de ne pas appuyer sur sa rivalité et son inimitié avec James Potter.
- Jusqu'en cinquième année, oui…
- Je suis désolée de vous avoir rappelé de mauvais souvenirs, déclara-t-elle alors spontanément.
- Oui… Mais je me rends seulement compte aujourd'hui que ce n'était pas de votre faute et que vous ne me rappeliez pas uniquement des mauvais souvenirs mais aussi des bons… » lui avoua-t-il avant de s'abîmer dans ses pensées durant plusieurs secondes.
Haley esquissa un petit sourire, reconnaissante, en l'observant se perdre dans les méandres de ses souvenirs, son regard dans le vague, et elle demanda encore en lui faisant relever la tête vers elle :
« Vous allez me donner une seconde chance alors, Monsieur ? Comme le ministère de la Magie pour ma cinquième année à Poudlard ?
- Je vais déjà vous en accorder une première, Potter, car je n'ai pas été correct avec vous dès le départ, répliqua-t-il aussitôt.
- Merci, Professeur.
- Il n'y a vraiment pas de quoi… » dit-il en grimaçant un peu.
Le silence se fit dans la pièce et dura plusieurs minutes avant que Severus ne le rompe en décrétant soudain et en désignant les escaliers menant à l'étage de la tête à travers la porte de la cuisine qui était restée ouverte :
« Allez vous habiller, Potter. Quand vous serez prête, revenez ici. Je vous donnerais de l'argent moldu pour que vous puissiez vous acheter des vêtements décents.
- Oh mais j'ai de l'argent dans le coffre de mes parents à Gringotts, il faut juste que je… voulut-elle le dissuader, gênée qu'il lui donne de sous de sa propre poche.
- Vous me rembourserez plus tard. Je ne vous les donne pas, je vous les prête, si vous préférez. C'est ce que je voulais dire, l'interrompit-il en levant les yeux au ciel, à moitié agacé.
- D'accord alors… approuva-t-elle, soulagée, n'étant pas à l'aise avec le fait de devoir quelque chose à quelqu'un.
- Allez, oust, Potter, répéta-t-il en faisant un nouveau signe de tête.
- Oui, Monsieur », acquiesça-t-elle, amusée, en se levant de table.
Rogue l'observa se lever et rejoindre la porte dans son pyjama aux couleurs de ce satané Gryffondor, traverser le salon puis monter les escaliers et, une fois qu'elle ne fut plus visible, il poussa un nouveau soupir, ferma les paupières en passant une main sur son visage et décida de reprendre la lecture de sa Gazette du Sorcier là où il l'avait laissée avant l'apparition de la jeune fille.
Merci d'avoir lu! J'espère que ça vous a plu ;-)
A la prochaine!
Bisous ;-)
