Hello ! Cette histoire a été écrite dans le cadre du secret Santa du FoF pour Almayen ! J'espère sincèrement que cet OS plaira ! C'est la première fois que j'écris sur ce fandom, mais j'ai adoré prêter ma plume à ce personnage que j'aime tant.

Un tout grand merci Moira-chan pour avoir bêta ce texte ! Ton avis m'a également beaucoup rassurée ! Merci pour tout !

Je vous souhaite une bonne lecture et surtout un joyeux Noël !


Les cicatrices de la solitude

Thomas avait toujours été considéré comme un bel homme. Son charisme lui avait bien été utile tout au long de son existence. Pourtant, Thomas ne s'était jamais trouvé beau. Lui, plus que quiconque, avait conscience de sa laideur. Et s'il lui venait l'envie de l'oublier, ses cicatrices immondes étaient là pour le lui rappeler. Celles de sa main, quand il avait voulu fuir la mort. Celles de ses poignets, quand il avait voulu fuir la vie. Mais même ces cicatrices-là paraissaient si fades par rapport à celles de son esprit.

Malheureusement, Thomas ne connaissait que trop bien la douleur de la solitude. Son père s'était chargé de la lui enseigner à grands coups de rejet et de mépris. Le Duc de Crowborough lui avait montré l'horreur de la trahison. Edward Courtenay lui avait fait comprendre l'étendue de son impuissance en se donnant la mort. Au milieu de toute cette souffrance, Jimmy lui était apparu comme un sauveur. Mais le retour de flammes avait été pire que tout. Thomas avait appris, ce jour-là, que l'espoir était le sentiment le plus dangereux qu'il puisse éprouver. Toutes les blessures que ces hommes lui avaient infligées avaient laissé en lui d'éternelles cicatrices.

Au fil des années, Thomas avait pourtant tenté d'accepter sa condition, tenté de se satisfaire de son sort. Mais il n'y était pas parvenu. Le dégoût qu'il éprouvait envers lui-même était bien trop fort. Son mal-être était profondément lié à ce qu'il était... à cette préférence anormale qu'il ne pouvait pas changer. Il n'arrivait pas à supporter sa situation. Son statut social le rendait ivre de colère. Sans doute aurait-il pu l'accepter s'il avait eu quelqu'un à ses côtés. N'importe qui. Il n'avait même pas besoin d'être aimé de façon romantique. Etre aimé tout court lui aurait suffi. Thomas n'était pas fait pour être seul. Mais qui voudrait de quelqu'un comme lui ? Ses cicatrices l'enlaidissaient jusqu'au plus profond de son âme, le poussant à la faute, à la méchanceté.

Tout le mal qu'il produisait autour de lui ne faisait qu'entacher sa supposée beauté. Il ne le savait que trop bien. Ses actes étaient la cause même de sa profonde solitude. À cause d'eux, monsieur Carson n'avait fait que se comporter de manière froide envers lui, alors que Thomas aurait tant voulu voir en lui une figure paternelle. À cause d'eux, Thomas avait même perdu sa plus fidèle alliée et confidente, madame O'Brien. Bien qu'elle ait sa part de responsabilité, si Thomas avait su se montrer plus généreux, leur lien ne se serait jamais estompé. Thomas avait enchainé tant d'erreurs. Même auprès d'Anna et de Bates. Tous deux lui avaient tendu la main, mais il n'avait pu que les repousser.

Parce qu'il était incapable de faire autrement. C'était sa seule manière de s'en sortir. Il devait évacuer sa haine. Son envie ravageait chacun de ses traits. Sa jalousie le pourrissait de l'intérieur. Tout petit déjà, Thomas avait appris que la meilleure des défenses était l'attaque. Il n'avait donc jamais hésité à mordre. Il s'en prenait aux autres en premier. Que ce soit justifié ou non. C'était son mode de vie. Ou, du moins, ça l'avait été jusqu'à ce que son existence devienne trop lourde à supporter.

Depuis ce geste qui aurait dû lui être fatal, Thomas tentait de changer, de ne plus s'en prendre aux autres. Mais, quoi qu'il fasse, ses cicatrices étaient si visibles qu'elles le défiguraient. Ses actes ne s'effaçaient pas. Il ne pourrait jamais modifier le passé, tout comme il ne pourrait jamais devenir quelqu'un d'autre. Il n'y avait rien de beau en lui. C'était une vérité qu'il acceptait. Il l'acceptait tant et si bien qu'il avait perdu tout espoir de combler le moindre recoin de sa solitude.

Mais un jour, sans qu'il ne s'y attende le moins du monde, ses certitudes se fissurèrent. Il croisa son chemin et tout commença à s'effondrer. Thomas n'aurait jamais pu imaginer avoir la chance de rencontrer un homme comme lui dans sa vie. Richard Ellis. Pourtant, il n'osa y croire au début. Il ne connaissait que trop bien les dangers de l'espérance. Mais Richard fit tomber toutes ces barrières. Au moment où il posa son doigt sur ses lèvres, dans cette allée juste derrière le commissariat, le cœur de Thomas aurait tout aussi bien pu exploser en mille morceaux. Et pourtant, il ne s'engagea toujours pas sur le chemin de l'espoir. Jusqu'à ce que Richard ne l'embrasse. Et qu'il ne lui laisse un souvenir précieux à chérir en son absence. Thomas ne put alors que le remercier. De le voir. D'être attiré par un homme tel que lui. De lui laisser une chance.

Seulement Richard, lui, n'avait aucune cicatrice. Thomas se sentait comme un papillon de nuit attiré par la lumière, en sa présence. Il s'attendait toujours à ressentir une vive brûlure. Mais les jours se mirent à s'écouler. Puis les semaines. Et enfin, les mois, sans qu'elle ne lui parvienne. Richard ne le rejeta pas, le méprisa encore moins. La trahison redoutée ne vint jamais. À aucun moment, Richard ne le fit se sentir impuissant. Et chaque espoir qu'il faisait naitre en son coeur fut assouvi sous peu.

La solitude commença alors à le quitter. Mais la peur était toujours là. Il craignait tant que Richard ne finisse par le quitter en voyant l'étendue de son ignominie. Pourtant, plus il se taisait, plus il sentait son âme s'enlaidir. Le mensonge, qui lui seyait tant habituellement, n'avait pas sa place dans leur relation. Alors, malgré ses craintes, Thomas dévoila ses cicatrices à Richard. Une par une. Lentement. Par lettres échangées, la plupart du temps. À mots murmurés, quand ils avaient le bonheur de se voir. Et Richard le lisait, l'écoutait, sans le juger. Peut-être ses yeux affutés avaient-ils déjà vu l'étendue de sa noirceur. Dépourvu de toute terreur, Richard embrassa chacune de ses plaies, lui promettant de les soigner, de les chérir. Parce qu'elles avaient toutes contribué à faire de Thomas l'homme dont il était tombé éperdument amoureux.

Sans aucune réserve, Richard accepta toute sa laideur, aima toutes ses cicatrices. Et lentement, Thomas finit par les apprécier à son tour. Les années s'enchaînèrent, emmenant avec elles ses craintes et sa haine. Jusqu'à ce matin où Thomas se perdit avec délice dans le regard de Richard. Il lui en avait fallu du temps, mais à présent...

Oui, à présent, Thomas se sentait beau dans les yeux de son amant...


Merci de m'avoir lue ! Je vous souhaite une très belle fin d'année :)