Hello, hello ~ Cette histoire a été écrite dans le cadre du secret santa de Bungo Stray Dogs pour la meilleure des meilleures, j'ai nommé Moira-chan ! J'espère sincèrement que ça te plaira !

Comme mon inspiration s'est un peu importée, je suis partie sur un texte à plusieurs chapitres. Différents couples et relations platoniques seront mis en avant. Je vous laisse les découvrir au fil de l'histoire :)

Attention, cette fanfiction est classée M car il y aura du smut dans l'un des chapitres.

Je vous souhaite de très bonnes fêtes de fin d'année ! Bonne lecture...


Lundi

Mori sortit de la voiture qui venait tout juste de s'arrêter, satisfait d'être arrivé à destination. À ses côtés, Elise semblait avoir froid dans sa robe bien trop fine. Mori allait devoir lui acheter d'autres vêtements. Oh, il se faisait une joie de découvrir les boutiques environnantes pour trouver une tenue chaude qu'il lui irait à merveille. Il se mit à sourire. Cette semaine s'annonçait bien sur tous les points. Heureux de cette perspective, il glissa ses mains dans ses poches, puis se tourna vers le petit groupe qu'il avait constitué. Eux, en revanche, avaient tout sauf l'air heureux. Ils affichaient une mine peu réjouie, comme s'ils étaient sur le point de se rendre à l'échafaud.

« Allons, allons, chantonna alors Mori, vous devriez être contents. Regardez autour de vous. N'est-ce pas un paysage idyllique ? L'air frais va vous faire du bien ! »

Il écarta les bras vers les montagnes qui trônaient derrière lui. Juste en dessous d'elles se dessinait un petit village qui semblait tout à fait chaleureux. De plus, il avait neigé la veille. L'atmosphère n'en était que plus belle. Un peu plus loin, un sentier entièrement recouvert de blanc descendait vers un complexe de petits chalets touristiques. Il y en avait une vingtaine qui se tenait donc un peu à l'écart du village. Par sécurité, Mori les avait tous réservés.

« Ça nous ferait du bien si l'on n'était pas obligé de le partager avec eux ! râla Chûya.

—Certes, mais tu connais le dicton, n'est-ce pas ? Garde tes ennemis encore plus près que tes amis. Et puis, nous sommes alliés à présent. Des heures sombres nous attendent à Yokohama. Il est urgent d'apprendre à collaborer avec eux.

—Peut-être qu'on pourrait avoir plus d'informations sur ces fameuses heures sombres, fit observer Kouyou.

—Plus tard, plus tard ! éluda Mori. En attendant, profitez de cette semaine pour vous rapprocher d'eux. C'est votre mission. Ne me décevez pas ! »

Il leur sourit d'une façon un peu inquiétante. Plus personne n'osa alors lui répondre. La mort dans l'âme, ils commencèrent leur marche vers les petits chalets. Chûya s'occupa de leurs bagages en les faisant léviter au-dessus de lui sans aucun effort. La neige crissait sous chacun leur pas. Mori inspira profondément. Ah, il savait qu'il allait se sentir bien ici. Cela faisait une éternité qu'il n'avait plus pris de vacances. Il l'avait bien mérité. Il avait laissé Hirotsu s'occuper de la maintenance à Yokohama. Il restait joignable, bien sûr. Mais il n'avait aucun doute sur le fait qu'il n'aurait pas besoin de lui cette semaine...

Lorsqu'ils atteignirent le premier chalet, ils virent alors que les membres de l'Agence des détectives étaient déjà là. La tension dans leur rang monta aussitôt d'un cran. Enfin, sauf chez Mori. Il ne semblait n'avoir d'yeux que pour Fukuzawa. Une étrange émotion se reflétait dans son regard.

« Mon cher Fukuzawa, quel plaisir de te revoir. »

Ses yeux glissèrent ensuite vers la droite.

« Toi aussi, Dazai.

—Ah là là, toujours aussi pompeux, Mori », soupira ce dernier.

Dazai n'était clairement pas content de la situation et le montrait bien. Si ça ne tenait qu'à lui, il ne se serait jamais laissé embarquer dans une telle galère. Lorsque son regard se tourna vers Chûya, il fit une moue de dégoût, aussitôt imité par Chûya. Mori, quant à lui, retint difficilement un rire.

« Je suis tellement heureux de vous voir tous ici, reprit-il alors d'une voix forte. Comme Fukuzawa a dû vous l'expliquer, nous sommes là pour apprendre à collaborer du mieux possible. À cette fin, nous avons donc décidé de vous répartir dans les chalets en fonction des affinités à améliorer. »

Quasiment tout le monde se tendit en entendant ces mots. Mori se délecta de leur angoisse. Ah, s'ils savaient ce qui les attendait... Il s'approcha alors de Fukuzawa qui tenait les clés dans une boîte qu'il avait déjà récupérée auprès de la réception. Mais avant qu'il n'ait pu dire quoi que ce soit, Ranpo s'avança vers eux. Il leur sourit grandement, tout en tendant une main dans leur direction. Sans hésiter, Fukuzawa prit une clé et la lui donna. Ranpo s'éloigna ensuite tranquillement avec Poe qui trainait leurs bagages derrière eux.

« Pourquoi lui, il peut choisir sa chambre ? se plaignit Higuchi.

—Il est l'exception qui confirme la règle, répondit Mori en balayant sa question d'un geste de la main. Bon, je commence. »

Tout le monde frissonna. Ils craignaient tous de découvrir avec qui ils allaient devoir partager leurs nuits tout au long de cette semaine.

« Alors... Yosano et Kouyou, vous avez le chalet numéro trois. »

Les deux femmes s'observèrent longuement. Ça aurait pu être pire. Même si elles ne se faisaient clairement pas confiance, elles savaient qu'elles parviendraient à cohabiter sans trop de peine.

« Kunikida et Tachihara, le chalet numéro cinq. »

Kunikida fronça les sourcils. Il n'aimait vraiment pas cette idée. Il ne comprenait pas pourquoi il devait passer du temps avec des membres de la Mafia. Mais il connaissait par cœur les arguments de Fukuzawa et il ne pouvait pas s'y opposer. Suivre les recommandations du président faisait partie de ses idéaux, après tout. Il ferait donc un effort pour montrer à la Mafia comment se comportait un membre de l'Agence. Et peut-être qu'en une semaine, son attitude exemplaire pourrait déteindre un peu sur eux. Même s'il avait du mal à y croire. Tachihara, de son côté, n'était pas plus ravi que lui. Il afficha une moue dédaigneuse. Il n'appréciait pas du tout l'Agence, encore moins ce fichu Kunikida. Mais Hirotsu lui avait déjà bien remonté les bretelles avant de partir et Tachihara ne voulait pas le décevoir. Il essayerait donc de prendre sur lui.

« Kyoka, Gin et Higuchi, vous vous partagerez le chalet huit. »

Les trois filles ne furent pas vraiment surprises par cette répartition, vu qu'il ne restait plus que des hommes, en dehors d'elles. Gin et Higuchi s'entendaient bien. Et ni l'une ni l'autre n'avait quelque chose contre Kyoka. Cette dernière aurait clairement préféré être avec un membre de l'Agence, mais tant qu'elle n'était pas avec Kouyou, elle savait qu'elle pourrait gérer la situation.

Mais lorsque Mori leur donna leur clé, la tension n'aurait pas pu être plus forte. En dehors de Fukuzawa et de Mori lui-même, il n'y avait désormais plus que Dazai, Atsushi, Chûya et Akutagawa. Ce dernier tentait de rester de marbre. Mais il priait intérieurement pour être placé avec Dazai. Malheureusement pour lui, Mori avait bien d'autres plans en tête.

« Atsushi et Akutagawa, le chalet sept.

—Il n'en est pas question ! rugit aussitôt Akutagawa. Je refuse de partager quoi que ce soit avec lui !

—Ça ne me plait pas non plus, répondit Atsushi tout en fronçant les sourcils.

—Dazai et Chûya, reprit Mori comme s'il n'avait pas été interrompu, vous aurez le chalet neuf. »

Dazai s'y attendait, mais il soupira, malgré tout. C'était n'importe quoi. Une semaine dans des chalets pour resserrer les liens de leurs deux organisations ? Dazai n'y croyait absolument pas. Il comptait bien découvrir la véritable raison de leur venue ici. Mais il aurait clairement préféré le faire sans avoir à supporter la présence d'une limace dégoûtante.

Chûya, quant à lui, donnait l'impression d'avoir une attaque. La bouche grande ouverte, il lui fallut un moment avant d'exploser.

« Je ne partage pas un chalet avec le gaspilleur de bandages ambulants ! On n'a qu'à échanger ! Je vais avec Atsushi et Dazai avec Akutagawa ! »

Ce dernier arrêta de lancer des éclairs à Atsushi et se mit à regarder Mori avec espoir. Mais le chef de la Mafia secoua la tête, impitoyable.

« Les binômes ont été décidés à la suite d'une très longue réflexion, Chûya. Si tu veux mener à bien la mission, tu n'as pas le choix. Je sais que ce sera difficile, mais je sais aussi que je peux te faire confiance. »

Il lui sourit avec une fausse bienveillance. Akutagawa fut complètement déprimé. L'espace de quelques secondes, il y avait cru...

« Tsk, très bien ! Mais toi, hurla alors Chûya en menaçant Dazai de son poing, t'as pas intérêt à me chercher ! »

Sur ces mots, il ne laissa même pas le temps à Dazai de lui répondre et s'éloigna furieusement en direction de son chalet. Mori, de son côté, souriait toujours, clairement enchanté par la situation.

« Bien, bien, c'est parfait, fredonna-t-il. Mon cher Fukuzawa, il ne reste plus que le chalet dix-neuf pour nous deux. »

Il prit la dernière clé, une lueur brillante dans le regard, avant de se tourner vers les autres.

« Vous avez quartier libre pour la semaine. Profitez-en bien pour vous rapprocher ! »

Sous le regard ébahi de certains de leurs membres, Fukuzawa et Mori s'éloignèrent alors vers leur propre chalet. Puis, petit à petit, sans beaucoup de conviction, tout le monde finit par en faire de même. Enfin, presque tout le monde. Akutagawa refusait toujours de partager son chalet avec le tigre-garou. Plus que fâché, il se réfugia dans un silence meurtrier. Atsushi en profita pour s'approcher de Dazai, un peu inquiet.

« La proposition de Chûya n'était pas insensée, souffla-t-il. On ne peut vraiment pas échanger ? »

Dazai sourit largement et posa une main sur son épaule.

« Ne t'en fais pas, Atsushi, tout se passera bien. »

Il lui fit un clin d'œil avant de hausser la voix, pour être sûr qu'Akutagawa l'entende bien.

« Je serais très déçu si votre cohabitation se passait mal. Je ne pourrais jamais reconnaitre la valeur d'une personne qui ne peut réussir une tâche aussi simple. »

Akutagawa se figea totalement, les yeux grands ouverts. Atsushi fronça les sourcils, n'approuvant pas du tout les méthodes de Dazai. Mais il dut bien reconnaitre qu'elles fonctionnaient à la perfection. Akutagawa se ressaisit rapidement et s'approcha d'eux d'un pas déterminé.

« Je réussirai la mission, Dazai-san ! Je serai à la hauteur de-

—Oh, c'est parfait alors, le coupa Dazai. Pendant que tu y es, tu peux amener mes affaires dans mon chalet ? Merci, Akutagawa, je savais que je pouvais compter sur toi. »

Dazai leur fit un vague signe de la main, avant de s'éloigner. Atsushi n'en revenait pas. Il était prêt à arrêter Dazai, mais la lueur dans le regard d'Akutagawa l'en empêcha. Ce dernier semblait... heureux ? Atsushi se sentit complètement déstabilisé. Jamais encore il ne l'avait vu ainsi. Akutagawa utilisa ensuite Rashomon pour porter sa valise, ainsi que celle de Dazai. Ça ne semblait lui poser aucun problème, alors Atsushi resta silencieux. Mieux valait ne pas déclencher une autre dispute. Mais Atsushi se promit d'avoir quand même une conversation avec Dazai à ce sujet. Il ne pouvait pas passer la semaine à traiter Akutagawa comme ça. Ce n'était pas correct. Enfin, dans un soupir, il se dirigea à son tour vers son chalet.

Cette semaine s'annonçait déjà bien compliquée...


Mais alors que tout le monde rangeait ses affaires, Dazai, lui, en profita pour faire du repérage. Il remonta le sentier pour rejoindre le village, puis se mit à arpenter ses rues. Il devait reconnaître que c'était un endroit agréable, bien qu'un peu trop commercial à son goût. Ses yeux balayèrent rapidement les boutiques qui se tenaient de tous côtés. En d'autres circonstances, il aurait aimé ces quelques jours loin du travail. En d'autres circonstances, oui...

Seulement Dazai détestait l'idée de passer du temps avec des membres de la Mafia. Sans parler du fait de devoir être aussi proche de Chûya. Ce n'était pas la première fois qu'ils se retrouvaient à partager une chambre, bien entendu. Mais pour rien au monde, Dazai ne voulait repenser à ce passé. Il continua donc sa marche, en orientant plutôt ses réflexions sur Mori. Dazai avait toujours une longueur d'avance sur la plupart des gens, mais Mori était bien l'un des seuls à pouvoir encore le surprendre. Voilà pourquoi Dazai voulait se montrer prudent. Ce village avait-il quelque chose de particulier ? Dazai explora toutes les pistes possibles qui pouvaient expliquer cette étrange semaine. Mais il avait beau tout retourner dans sa tête, il ne restait, chaque fois, qu'une seule réponse possible. Au bout d'un moment, Dazai se rendit à l'évidence. Cette fois-ci, Mori ne le surprendrait pas. Il soupira. Oui, maintenant qu'il avait vu les environs, il en était sûr. C'était forcément pour ça que Mori et Fukuzawa avaient organisé ces vacances communes. Quelle perte de temps...

Enfin, Dazai parviendrait bien à y trouver du profit. Peut-être que cette semaine permettrait à Atsushi et à Akutagawa de se rapprocher. Tout ne serait alors pas perdu. Oui, Dazai allait se concentrer uniquement sur leur duo. Le reste n'avait pas la moindre importance. Encore moins maintenant qu'il savait pourquoi Mori les avait tous emmenés ici. Dazai n'avait pas le temps pour ces bêtises. Il avait lui-même un plan à mener à bien.


Tandis que Dazai échafaudait des stratégies pour parvenir à entrainer Atsushi et Akutagawa sans qu'ils s'en rendent compte, de son côté, Chûya terminait de ranger toutes ses affaires. Le chalet qu'il occupait était confortable, bien que pas très grand. Il était composé d'une petite cuisine fonctionnelle, d'un salon avec une télévision, d'une salle de bains et d'une chambre qui comportait deux lits. Chûya avait décidé de prendre celui près de la fenêtre. Avec autorité, il plaça la valise de Dazai, amenée par ce pauvre Akutagawa, sur l'autre lit. Dazai n'avait qu'à être là s'il voulait choisir. Puis, Chûya alla pendre ses vestes dans l'armoire, avant de poser sa valise dans un coin de la pièce. Là, il était satisfait comme ça.

N'ayant plus rien à faire, Chûya décida ensuite de sortir un peu. Après ce long trajet en voiture, il avait hâte de se dégourdir les jambes. Il se mit à se promener entre les habitations, observant les environs. L'endroit était vraiment magnifique. Il semblait perdu loin de tout. L'air y était si pur. C'était très agréable de pouvoir se balader sous les flocons qui commençaient à tomber en douceur.

Chûya se rapprochait du sentier lorsqu'il aperçut Mori sortir de son propre chalet avec Elise. Il alla alors à sa rencontre. Mori lui sourit avec plus de douceur qu'auparavant.

« Chûya, tu tombes bien ! J'allais justement faire quelques achats pour Elise. »

Mori n'avait pas besoin de lui poser la moindre question. Chûya décida aussitôt de les accompagner. Il aimait beaucoup la présence d'Elise. Peut-être qu'il pourrait lui choisir plusieurs bonnets de laine tout à fait adaptés au froid. Ils se dirigèrent donc tous les trois vers le village. Sur la route, Chûya put voir Kunikida et Yosano discuter ensemble. Mais, en dehors d'eux, Chûya n'aperçut personne. Malgré lui, il se demandait où avait bien pu passer Dazai. Avait-il déjà trouvé le meilleur endroit pour commettre une tentative de suicide ? Cette question amère n'amena aucun sourire sur le visage de Chûya. Il n'était pas idiot, contrairement à la croyance de Dazai. Il savait très bien que ce maquereau ne se sentait pas bien auprès de la Mafia. Allait-il tenir le coup toute une semaine ? Rah, pourquoi fallait-il qu'il s'en préoccupe ?! Les états d'âme de Dazai n'étaient pas son problème ! Du moins, ça ne l'était plus depuis que cet enfoiré était parti... Mais quand même... quand même... ça restait dans un coin de son esprit...

« Il faudra un peu de temps pour que tout le monde s'habitude à la situation, lui dit alors Mori comme s'il avait lu dans ses pensées.

—J'imagine, souffla Chûya. Patron... est-ce que tout ça est vraiment nécessaire ?

—Oh oui, Chûya. C'est plus que nécessaire. »

Mori avait l'air si sûr de lui que Chûya ne put le contredire. Il soupira. Enfin... Dazai mis de côté, Chûya devait bien admettre qu'il n'était pas à plaindre, non plus. Il aimait vraiment beaucoup cet endroit, tout comme l'atmosphère du village. Et si sa seule mission de la semaine consistait à se rapprocher de l'Agence, eh bien... peut-être allait-il pouvoir souffler un peu ? En plus, il n'était pas obligé de s'occuper spécifiquement de Dazai. Il pouvait très bien se rapprocher de... de Kunikida par exemple. Le pauvre... Chûya ne pouvait que compatir avec lui, en sachant qu'il était le nouveau partenaire de Dazai. Ça leur faisait déjà un point en commun.

Mais... même si Chûya passait le plus de temps possible à l'extérieur, il resterait toujours les nuits... Chûya avait beau dire le contraire, ce n'était pas la rage qui le dominait à présent. Partager à nouveau une chambre avec Dazai... Il n'était pas sûr d'en être totalement prêt. Pas après ce qui s'était passé la dernière fois. Chûya pouvait encore sentir les mains de Dazai sur son corps. Tous les sentiments qui l'avaient traversé... Chûya avait tout fait pour l'oublier, mais la chaleur de Dazai le hantait encore parfois.

Il ne pouvait s'empêcher d'y penser alors qu'il suivait Mori et Elise dans les magasins. Il aurait aimé savoir à l'avance qu'il devrait être aussi proche de Dazai. Il aurait pu s'y préparer. La perspective de cette nuit à venir ne l'enchantait vraiment pas... Rah, non, il fallait qu'il arrête d'y penser ! À tous les coups, Dazai ne songeait même pas à tout ça. Il ne méritait pas que Chûya perde son temps pour lui. Chûya pouvait bien dormir dans la même pièce que lui. Il ne lui ferait pas le plaisir de montrer que ça le touchait. Il passerait le moins de temps possible au chalet et ce serait très bien comme ça !

« Chûya, se plaignit Elise, le sortant de ses pensées, dis à Rintaro que ses goûts sont horribles ! »

Chûya toussa pour cacher sa gêne. Il préféra ignorer sa phrase. Puis, sous le regard dépité de Mori, il trouva à Elise d'autres robes d'hiver, chaudes et très à la mode. Il sourit lorsqu'il vit qu'Elise était enchantée. Sa bonne humeur suffit à chasser pour de bon ses pensées. Être avec elle l'aidait à se détendre. Peu importe ce qu'elle était réellement, Chûya tenait beaucoup à elle. Il avait toujours eu un faible pour les enfants. Et Elise ne faisait pas exception. Une douce chaleur se répandit dans son corps. Oubliant totalement Dazai, il continua à fouiller dans les rayons pour trouver d'autres tenues. Il l'entraina ensuite au fond du magasin à la recherche d'un chapeau magnifique. Elise essaya plusieurs modèles, lui demandant chaque fois son avis. Chûya prit ça très au sérieux. Mais alors qu'il détaillait les qualités des différents chapeaux, Chûya sentit le regard de Mori s'alourdir dans son dos. Il connaissait ce signal. Mori commençait à s'impatienter. Si le patron de la Mafia laissait volontiers Chûya passer du temps avec Elise, ces moments n'étaient jamais illimités pour autant. Chûya finit donc par conseiller à Elise un beau chapeau rouge.

« Bien, approuva sans surprise Mori. Nous avons tout ce qu'il nous faut, maintenant.

—On peut aller jouer alors ! s'écria Elise. Tu viens, Chûya ? »

Ce dernier lui sourit. Il aurait beaucoup aimé faire des bonhommes de neige ou de la luge avec elle. Mais il pressentait déjà la réponse du boss.

« C'est impossible, annonça celui-ci avec un sourire sinistre. Chûya a une mission à mener à bien. N'est-ce pas, Chûya ? »

Ce dernier baissa aussitôt la tête.

« Bien sûr patron. »

Même si Chûya n'était vraiment pas emballé par cette mission, jamais il ne désobéirait à un ordre de Mori. Il lui avait juré fidélité.

« Bien... Ne me déçois pas, Chûya. »

Mori lui lança un long regard qui ne laissait pas place au doute. Il ne serait pas clément avec lui s'il échouait. Chûya acquiesça. Il ferait de son mieux pour se rapprocher de l'Agence. Enfin... si l'on retirait Dazai de l'équation, bien sûr...

« Aussi, reprit Mori, je compte sur toi pour gérer les autres. Je sais que je peux te faire confiance.

—Les autres ? s'étonna Chûya. Mais... vous n'allez pas le faire vous-même ?

—Malheureusement, je vais être très occupé tout au long de la semaine avec Fukuzawa. Je ne veux pas être dérangé. C'est bien compris ? »

Chûya hocha à nouveau la tête, même si, en réalité, il ne comprenait pas vraiment. Pourquoi Mori les avait-il tous fait venir ici s'il ne dirigeait même pas les opérations ? Et en plus, il ne voulait pas être dérangé... Cela signifiait donc que Chûya allait devoir régler lui-même tous les problèmes potentiels pendant le séjour. Ah... C'était donc pour ça que Mori lui avait demandé de l'accompagner ? Il l'avait appâté avec Elise pour le remercier d'avance. Du moins, c'était ce que Chûya se plaisait à penser. Parce que, pour le coup, il était persuadé qu'il venait de vivre le seul moment amusant qu'il aurait de toute cette semaine...

Ces espoirs de repos venaient de tomber à l'eau. Ce fut donc passablement dépité que Chûya reprit, quelques minutes plus tard, le sentier qui menait aux chalets...


Se rendant au village à leur tour, Atsushi et Kyoka croisèrent alors Chûya sur le chemin.

« Il a l'air de mauvaise humeur, fit remarquer Kyoka.

—J'espère qu'il ne fera pas de mal à Dazai », s'inquiéta Atsushi.

Même s'il savait que Dazai pouvait très bien se défendre, Atsushi ne se sentait pas à l'aise pour autant. Toute cette histoire ne lui plaisait vraiment pas. Il ne comprenait pas pourquoi les chalets devaient être répartis de la sorte. Enfin... Pour le moment, ce qui lui importait le plus, c'était le bien être de Kyoka. Il l'emmena alors dans une petite brasserie où il commanda deux chocolats chauds. Depuis l'annonce de cette étrange semaine, Atsushi n'avait pas eu l'occasion d'en discuter avec Kyoka. Il comptait donc bien se rattraper désormais.

« Tu es bien installée ? lui demanda-t-il une fois les tasses posées devant eux.

—Oui, murmura Kyoka. Higuchi ne m'a pas adressé la parole, mais Gin m'a demandé si j'avais besoin de son aide. »

Atsushi acquiesça. C'était déjà ça.

« Et toi ? Akutagawa ne t'a rien fait ?

—Non, il ne m'a rien dit. Il était trop concentré à amener les affaires de Dazai dans son chalet. Je ne crois pas qu'il essayera de me faire du mal. Dazai s'en est assuré. »

Il fronça les sourcils. Il n'était toujours pas très content de ce qui s'était passé plus tôt. Même s'il n'appréciait pas Akutagawa, il pouvait comprendre ce qu'il recherchait en Dazai. Ce dernier n'avait pas le droit de jouer avec ses sentiments. Mais ce n'était pas le moment d'y réfléchir.

« Ce n'est pas trop difficile pour toi ? finit-il par demander à Kyoka.

—Non, ça va.

—Tu es sûre ? Je veux dire... Je comprendrais... Kouyou et... Akutagawa... Tu as le droit de ne pas vouloir passer du temps avec eux. »

Kyoka resta un moment silencieuse, avant de lui répondre.

« Je pense que ça va. Je me sens en sécurité avec vous tous à mes côtés. Et je n'ai plus envie d'être prisonnière du passé. »

Une douce sensation étreignit Atsushi. Il se sentait si fier d'elle. Et il était tellement heureux qu'elle arrive à se détacher du passé. Elle était tellement plus avancée que lui sur bien des points.

« Tu as raison. On va quand même passer une bonne semaine. Ça va nous faire du bien. »

Atsushi lui sourit. Il voulait tant croire en cette promesse. Même si ça s'annonçait compliqué, il allait rester optimiste. Cette alliance avec la Mafia était une bonne idée. Il détestait leurs actions, bien entendu, mais depuis cette histoire avec la Guilde, il reconnaissait leur volonté de protéger Yokohama. Atsushi souhaitait donc faire de son mieux pour être à la hauteur des attentes de l'Agence. Ah... Si seulement Akutagawa pouvait y mettre du sien également... Mais Atsushi sentait bien que ce n'était pas près d'arriver, malheureusement...


Sans beaucoup de surprise, le soir arriva sans que les deux groupes tentent le moindre rapprochement. Malgré les instructions de leurs chefs, le premier pas était difficile à faire. Ainsi, à l'heure du repas, chaque clan, en dehors de Fukuzawa et de Mori qui ne se montrèrent étrangement pas, se réunit dans un restaurant différent. Ils passèrent toute la soirée chacun de leur côté, ne voulant clairement pas se mélanger. Pourtant, lorsque celle-ci se termina, ils n'eurent pas d'autres choix que de suivre les instructions.

Si certains d'entre eux choisirent de partager cette première nuit dans une indifférence polie, ce ne fut pas le cas de tout le monde...

Dans la chaleur de leur petit chalet, Ranpo et Poe se couchèrent dans un beau lit double, Karl se roulant en boule à leurs pieds. Sans aucune hésitation, Ranpo se glissa contre Poe, posant sa tête sur son torse.

« Tu peux commencer », lui dit-il alors simplement.

Poe acquiesça et prit le manuscrit qui était posé sur la table de nuit. Il s'agissait de son dernier livre. Il venait tout juste d'en terminer l'écriture. Mais, cette fois-ci, au lieu d'être plongé dedans, Ranpo voulait qu'il le lui lise. Bien que nerveux, Poe se sentait touché que Ranpo veuille connaitre son histoire. Il s'éclaircit la gorge, avant de se lancer.

« Double assassinat des plus singuliers. Ce matin, vers trois heures, les habitants du quartier Saint-Roch furent réveillés par une suite de cris effrayants ... »*

La voix de Poe berçait Ranpo. Tout en douceur, il lui lut plusieurs pages, ne s'arrêtant que lorsque Ranpo se mit à somnoler. Ranpo s'en plaignit, mais ses yeux se fermaient tout seuls. Poe reposa alors son manuscrit pour pouvoir placer correctement la couverture sur Ranpo. Ce dernier s'endormait, tout en marmonnant ses hypothèses sur l'affaire. Poe afficha un doux sourire sur son visage, le cœur battant fortement. Même après plusieurs mois de relation, il ne s'y faisait toujours pas. Ranpo le faisait totalement chavirer. Il l'embrassa tendrement sur le front, sentant le bonheur l'envelopper. Ses doigts se perdirent dans ses cheveux. Il lutta contre sa propre fatigue pour veiller sur le sommeil de son petit ami. Dire qu'il avait enfin la chance d'être en vacances à ses côtés. La rivalité entre la Mafia et l'Agence lui passait bien au-dessus de la tête. Oh oui... Peu importe les circonstances, rien n'aurait pu lui faire plus plaisir que cette semaine entière aux côtés de Ranpo...


En revanche, l'ambiance était nettement différente dans le septième chalet. Akutagawa fixait Atsushi comme s'il voulait le tuer. Atsushi ne se sentait vraiment pas à l'aise face à lui. Comment était-il censé dormir avec un type qui voulait l'assassiner ? Même si Dazai l'avait rassuré, là, tout de suite, Atsushi ne se sentait plus du tout en sécurité. Pourquoi fallait-il qu'il n'y ait qu'une seule chambre ? Heureusement, ils avaient des lits séparés. D'ailleurs, Akutagawa avait repoussé le sien le plus loin possible de celui d'Atsushi. Mais le mafieux ne semblait toujours pas satisfait. Sa voix était glaciale lorsqu'il prit enfin la parole.

« Je ferai un effort pour respecter la mission que m'a donnée Dazai. Mais ne t'avise pas d'essayer de m'approcher. »

Atsushi faillit s'étouffer avec sa propre salive en entendant ses mots. C'était une blague ?!

« Comme si j'allais t'approcher ! C'est plutôt toi qui pourrais tenter de me tuer pendant mon sommeil !

—Je ne ferais jamais ça, s'énerva Akutagawa. Retire immédiatement tes paroles !

—Parce que ce n'est pas ton genre, peut-être ?

—Parce que je l'ai promis à Dazai ! »

Atsushi soupira. Visiblement, c'était l'argument ultime pour Akutagawa. Atsushi n'aimait vraiment pas ça. Akutagawa se rendait-il compte, au moins, à quel point il était dépendant du bon vouloir de Dazai ? Enfin, il n'allait certainement pas engager cette discussion avec lui. Il tenait un minimum à la vie.

« Bien, maintenant que tu l'as dit, est-ce qu'on peut dormir, soupira-t-il, ou est-ce que tu tiens à me tuer du regard toute la nuit ? »

Akutagawa se vexa de ses paroles, ressemblant étrangement à un chat en colère (là encore, Atsushi s'abstint de toute remarque). Le jeune mafieux aurait tant voulu attaquer Atsushi. Mais il pensait aux paroles de Dazai. Ce dernier ne serait vraiment pas content s'il apprenait qu'il faisait tant d'histoires. Prenant sur lui, Akutagawa finit alors par se glisser dans son lit et éteignit la lumière, sans même demander à Atsushi s'il en avait encore besoin. Ce dernier étouffa une plainte, content qu'Akutagawa cède enfin. Malgré tout, aucun d'eux ne parvint à s'endormir rapidement, bien trop tendu par la présence de l'autre...


Un peu plus loin, l'ambiance était également très pesante. Couché pourtant confortablement dans son lit, Chûya tenait un livre de poésie entre ses mains, sans parvenir à en lire le moindre mot. L'air de rien, il écoutait les bruits à l'extérieur. Mais il n'y en avait aucun. Le silence l'oppressait. Il n'arrivait pas à y croire. Seulement les heures se mirent à s'écouler sans que rien ne change. Au bout d'un moment, il fut bien obligé de se rendre à l'évidence. Dazai n'allait même pas daigner entrer dans le chalet. Chûya était furieux. Et un peu blessé aussi. Ce sale gaspilleur de bandages ! Il ne pouvait même pas faire cet effort ?! C'était si difficile pour lui d'être dans la même pièce que Chûya ?! Chûya était bien là, lui ! Et des deux, c'était clairement lui qui avait été le plus blessé par l'autre ! Il était ulcéré par l'attitude de Dazai ! Mais aussi par ses propres sentiments... Pourquoi... Pourquoi fallait-il que cela fasse aussi mal ? C'était insupportable. Il soupira fortement et tenta, à nouveau, de se concentrer sur sa lecture. Sans grand succès. Dans le silence de la chambre, Chûya sût que la nuit allait être bien longue...


Dans le dernier chalet, au contraire, l'ambiance n'aurait pas pu être plus chaleureuse. Mori était allongé tout contre Fukuzawa et caressait en douceur son visage.

« Je continue de croire que nous aurions dû être sincères envers eux, lui dit Fukuzawa.

—Oh mon cher, tu sais pourtant que c'est pour un mieux. »

Fukuzawa ne lui répondit pas. Ce désaccord était persistant entre eux. Mais ils ne voulaient pas se disputer. Encore moins maintenant qu'ils étaient enfin ensemble. Mori sourit largement, tout en continuant ses caresses. De son côté, il ne regrettait vraiment pas ses petites manigances. Leurs subordonnés mettraient du temps avant de se rapprocher, mais ils le feraient, inévitablement. Ça ne pourrait pas faire de mal à leurs deux organisations. Et pendant qu'ils apprenaient à se connaître, Mori, lui, aurait enfin droit à des vacances bien méritées avec son tendre mari... Oui, c'était le plan parfait. Personne n'avait besoin de savoir qu'ils étaient mariés depuis des années. S'ils pensaient tous qu'il y avait une menace à venir, ils ne se poseraient pas plus de questions sur leur absence. Et pendant ce temps-là, enfin, Fukuzawa ne serait qu'à lui. Peu importe à quelles difficultés les membres de la Mafia allaient être confrontés cette semaine, Mori comptait bien ne s'occuper que de son cher et tendre dont il avait été séparé bien trop de temps déjà...

Oh oui. Définitivement, cette semaine s'annonçait merveilleuse sur tous les points...


*Extrait de « Double assassinat dans la rue Morgue » d'Edgar Allan Poe.

Merci de m'avoir lue ! J'espère que cette petite mise en place vous a plu. À bientôt pour le deuxième chapitre et pour les premiers rapprochements ! :)