Disclaimer : Je considère que si Rowling autorise Cursed Child, elle autorise toutes les autres fanfictions, même celles qui naissent dans mon esprit tordu personnel. Btw, Jo, Trans Rights are Human Rights.
Attention : Rated T pour le langage et les scènes violentes.
RAR :
Shadow:
Salut ! Merci beaucoup pour ta review !
Je suis contente que la rencontre entre Maellyn et Sirius t'ait plu (je suis un peu désolée de t'avoir fait pleurer, et un tout petit fière d'y être parvenue). Je doute de réaliser tous tes vœux pour les parties à venir mais, promis, j'ai des bonnes surprises en stock !
Narcissa risque de ne pas passer un très bon moment, ça c'est certain.
Je te laisse avec la suite ! Bonne lecture !
Kaala :
Hey! Merci beaucoup pour ta review ! Et bienvenue par ici !
Je suis très contente que ma fic ait mérité un binge!reading (c'est un très beau compliment ^^)
Merci pour Pansy et Draco ! Ce sont deux personnages que j'aime beaucoup écrire ! (et merci aussi pour la Révélation)
Pour le moment, Maellyn accuse encore le coup. Il va falloir lui laisser le temps de digérer la nouvelle pour savoir ce qu'elle en pense vraiment. (Narcissa va aussi devoir se montrer patiente car elle est bien placée pour savoir à quel point les Black peuvent se montrer rancuniers).
Je ne sais pas tellement à quel point je vais dévier du canon dans les parties à venir. Pour le moment, je le suis de près, mais comme je n'ai pas toujours la main sur ces charmants gamins, je ne vais pas m'avancer…
Pour les Sombrals, Harry non plus ne les voit pas avant sa cinquième année, alors qu'il a assisté à la mort de Lily quand il était bébé. Mon interprétation du canon est qu'il faut avoir conscience de ce qu'est la mort pour les voir… Harry et Maellyn étaient bien trop petits pour vraiment réaliser ce qu'ils se passaient.
Je te laisse avec la suite ! Bonne lecture !
Lupa :
Hello! Merci beaucoup pour ta review !
Comment vas-tu de ton côté ? (moi ça va, je suis en vacances – 'fin déjà à la moitié mais c'est pas grave –). En vacances aussi ?
Merciiii pour tes compliments sur le dernier chapitre ! Je suis contente qu'il t'ait autant plu !
C'est mal connaître Draco et Maellyn que de les croire incapables de se fourrer dans une aventure à l'aulne de celles de Harry Potter ! Je t'avoue que j'ai un peu galéré avec cette histoire de Retourneur de Temps (on a pas toujours la même logique avec Rowling) mais je suis assez fière du résultat !
La vérité est carrément compliquée à digérer pour Maellyn (et non, Pansy ne se doutait pas, elle est juste surprenante comme ça parfois. Et loyale jusqu'à la mort surtout).
Je doute que les retrouvailles entre Sirius et Maellyn auraient pu se dérouler autrement (même si j'aurais aimé qu'ils échangent au moins un câlin, parce que quand même!). Dans tous les cas, je suis contente que tu ais aimé (et soulagée, j'avoue).
Je n'aime pas Fudge non plus, et j'ai peut-être un peu forcé le trait, mais cette scène avec Maellyn est un bon résumé de ce que je pense de lui. Quel connard ! (Dumbledore est au courant, oui. Ou, du reste, il a lu entre les lignes. Il est pas stupide).
Ah bah ça c'est sûr que ça ne va pas être des vacances très très sympas pour Narcissa (mais c'est un peu mérité pour le coup).
Je te laisse avec la nouvelle partie. J'espère que je continuerai à me montrer à la hauteur du défi ! Merci à toi pour ta super fidélité ! Bonne lecture !
Juliette :
Hi! Merci beaucoup pour ta review !
Ah ! Je suis contente d'avoir réussi à te surprendre ! Ça fait un moment que je sais que Maellyn se trouverait dans la Cabane Hurlante (because Drama) et je suis assez contente du rendu final ! Et le fait qu'elle en apprenne un peu plus sur Sirius au passage est un véritable bonus (ou le début des emmerdes, à voir).
Elle avait toutes les pièces du puzzle, mais faut avouer que c'est tellement gros comme mensonge qu'elle ne pouvait pas comprendre par elle-même (encore moins quand ça la concerne aussi directement...)
Je te laisse la surprise de la temporalité dans le chapitre qui suit. Bonne lecture !
Merci àShadow, mimi70, TigresseOtaku, Sun Dae V, tzvine, henrismh, apko,Tiph l'Andouille, Kaala, MAHA1959, Merly Flore, Lupa etJuliette pour leur review sur la fin de la partie III. C'était des reviews finish qui m'ont fait super plaisir !
Bonjour à toutes et à tous !
Bon alors j'avoue que j'ai un peu plus de retard que ce que j'avais imaginé à la base (qui était de poster il y a deux semaines donc) mais j'ai déménagé pour commencé et vous pouvez aussi blâmer Jean-Michel (Blanquer) pour ça aussi.
Bon, entre ça et le reste, j'ai pas tellement était d'une productivité éblouissante (qu'en plus, j'avais retrouvé un petit rythme posé sur 17 et tout avant le déménagement. Je vais mettre à profit les vacances (et la pluie bretonne, au rendez-vous) pour avancer un peu quand même).
Sinon, que vous dire de plus ? Que j'aime beaucoup ce premier chapitre (et j'en suis carrément fière en plus) mais qu'il donne un peu le ton pour toute la partie Supernova. Je vous laisse donc juge. Bonne lecture !
Un grand merci à Sun Dae V pour la relecture et les retours ! Et je ne le dis peut-être pas assez, mais sa fic La Course au Chien Sauvage est un must-read si vous aimez Sirius Black !
Black Sunset
Partie IV : Supernova.
Chapitre 1
Supernova: cataclysmic explosion caused when a starexhausts its fuel and ends its life. Supernovae are the most powerful forces in the universe.
Samedi 18 Juin 1994, Manoir Malefoy, Angleterre.
Narcissa passa la première dans la cheminée. Elle savait que Draco, Christopher et Maellyn suivraient et elle savait aussi que si sa filleule arrivait la première au manoir, elle aurait le temps de disparaître avant son arrivée pour s'enfermer dans sa chambre.
Elle devait absolument lui parler dès qu'ils seraient tous loin d'oreilles indiscrètes.
Même si elle savait que, quoiqu'elle dise, il était déjà bien trop tard.
Le silence du manoir était irréel après le brouhaha de la gare et elle prit une profonde inspiration avant de se tourner vers la cheminée, se préparant au pire, se répétant qu'elle avait fait de son mieux et que personne ne pouvait lui reprocher ça.
Christopher arriva en premier, l'air encore assommé par la révélation de Maellyn. Elle surprit le regard méfiant qu'il lui glissa tandis que les flammes viraient au vert à nouveau.
Draco apparut quelques secondes après et son cœur se serra quand il croisa enfin son regard.
Ses yeux gris étaient particulièrement durs, ses lèvres si serrées qu'elles semblaient avoir disparu, et il eut un rictus mauvais.
Pour tout ce qu'elle savait, Draco avait l'air d'avoir pris le parti de Maellyn, ce qui était au moins une bonne nouvelle.
Elle gérait sa colère plus tard.
Finalement, sa filleule les rejoignit à son tour. Elle resta dans la cheminée, ses yeux fermés – ce qui accentuait davantage ses cernes presque noires – et quand elle bougea, Narcissa crut qu'elle allait s'évanouir.
Elle fit un geste vers elle.
Son fils s'interposa aussitôt, une expression dangereuse sur le visage, comme s'il se retenait de justesse de sortir sa baguette magique pour l'attaquer.
- Draco, ne soit pas ridicule, plaida-t-elle. Crois-tu vraiment que je veuille lui faire du mal ?
- C'est déjà fait. Elle ne veut pas te parler.
Elle ne se souvenait pas avoir déjà entendu la voix de son fils être aussi grave, sans doute parce qu'elle ne l'avait jamais vu aussi furieux.
Il ne hurlait pas, mais ce n'était pas l'envie qui semblait lui manquer, tout comme il semblait avoir du mal à se retenir de se jeter sur elle.
Elle reporta son attention sur Maellyn, juste à temps pour la voir sortir de la cheminée et commencer à s'éloigner en direction de l'escalier.
Sans doute allait-elle s'enfermer dans sa chambre et lui en interdire l'accès, ce qui ne rendrait rien plus facile.
- Maellyn, je t'en prie... Je pense que tu as besoin de parler de toute cette histoire...
Sa propre voix avait bien du mal à ne pas trembler, mais elle réussit au moins à stopper sa filleule. Son cœur se serra à nouveau quand elle remarqua son dos crispé et ses poings serrés.
- Si c'est pour entendre de nouveaux mensonges, ça ne m'intéresse pas, grogna-t-elle finalement, sa voix terriblement rauque.
Narcissa aurait aimé se porter à sa hauteur et la prendre dans ses bras pour la bercer, ou au moins pouvoir croiser son regard, mais il n'y avait pas l'ombre d'une chance pour que Maellyn la laisse faire.
- Je suis désolée de t'avoir menti, Maellyn, dit-elle finalement. Je n'ai pas eu le choix, et je l'ai regretté chaque jour.
A la façon dont Maellyn se redressa et agrippa soudainement deux pleines poignées de ses cheveux, Narcissa comprit que sa réponse n'était pas celle qu'il aurait fallu. Maellyn se retourna finalement, les yeux rouges mais les joues sèches, et Morgane son regard...
Jamais elle n'en avait croisé un aussi sombre – même quand Sirius ou Bellatrix avaient été au sommet de leur colère – et elle avait l'impression que Maellyn essayait de la réduire en poussière par la seule force de son regard.
- Tu avais le choix, gronda-t-elle, un doigt accusateur pointé sur elle, ses traits si déformés qu'elle eut presque du mal à la reconnaître. Parce que tu savais la vérité depuis le début ! Et tu as choisi de me MENTIR ! JE N'AI PAS EU LE CHOIX !
La douleur que cachait ses cris – sans y parvenir une seule seconde, au contraire – firent accélérer les battements de son cœur, au point où elle eut l'impression qu'il était remonté dans sa gorge. Ses mots, eux, lui donnèrent l'impression d'être giflée à chaque syllabe.
Elle fit un geste vers elle, sa filleule recula vivement, et sa main retomba mollement le long de son flanc.
- Laisse-moi t'expliquer mes raisons, Maellyn... Je t'en prie.
Sa voix se brisa sur le dernier mot et elle eut les plus grandes difficultés à ne pas se mettre à pleurer.
Douce Viviane, comment allait-elle supporter de voir sa filleule aussi malheureuse et se voir refuser le droit de la consoler ?
Maellyn prit son visage entre ses mains pendant une seconde, renifla sèchement, puis lui fit face à nouveau, même si son regard n'était pas vraiment pointé sur elle.
- Je me fiche bien de savoir pourquoi tu l'as fait, reprit-elle, sa voix à peine plus forte qu'un murmure. Tu l'as fait et je te hais de toute mon âme pour ça.
Son menton se mit à trembler, mais elle serra les lèvres, fronça les sourcils et se détourna, avant de s'éloigner vers l'escalier d'un pas vacillant. Christopher se précipita vers elle et passa un bras autour de ses épaules pour la soutenir, tandis que Draco se mettait à nouveau entre elles deux.
Narcissa porta une main tremblante à ses lèvres pour contenir le sanglot qu'elle sentait remonter dans sa gorge, tandis qu'une larme lui échappait, sans qu'elle ne puisse rien y faire.
Sans qu'elle ne puisse décider ce qui était le plus douloureux entre le désespoir de Maellyn et son ton définitif.
Tu l'as fait et je te hais de toute mon âme pour ça.
Un frisson secoua son corps et son cœur se serra douloureusement. Elle savait depuis le début qu'elle devrait faire face aux reproches de Maellyn quand elle lui apprendrait la vérité, mais elle s'était convaincue qu'elle réussirait à lui faire comprendre qu'elle avait toujours eu ses intérêts à cœur…
Elle s'était de toute évidence fourvoyée.
Elle suivit sa filleule jusqu'à ce qu'elle ait disparu puis reporta son regard sur Draco. Si son fils était resté et avait laissé sa cousine aux bons soins de Christopher, ce n'était sans doute pas une bonne chose pour elle.
Elle croisa les bras sur sa poitrine et releva le menton pour faire face à la tempête. Elle connaissait assez bien Draco pour savoir qu'il ne mâcherait pas ses mots, pas quand elle avait fait du mal à sa cousine et qu'elle lui avait menti, à lui aussi.
-Comment as-tu pu lui faire ça ?! siffla-t-il finalement, sa voix prenant les intonations de celle de Lucius sans même qu'il ne s'en rende compte.
Elle soupira et essaya de reprendre le dessus sur les battements désordonnés de son cœur. Si elle réussissait à adoucir Draco, elle aurait peut-être une chance d'en faire autant avec Maellyn.
- Je l'ai fait pour la protéger, Draco.
Il eut un rictus.
- De quoi ?! Bellatrix est à Azkaban !
Elle ferma les yeux une folle seconde.
- Tu es bien naïf si tu penses que Bellatrix est ce qui peut arriver de pire à Maellyn. Crois-moi, Draco, j'ai toujours essayé de faire au mieux.
- En mentant ?! Depuis le début ? Sur tout ?!
Narcissa ouvrit la bouche pour se défendre – même si elle n'était pas certaine que Draco accepte de l'écouter – mais que pouvait-elle répondre à cela ? Elle n'avait jamais essayé d'entretenir une sorte de doute quant à l'identité de Maellyn – son surnom excepté –. Toutes les histoires qu'elle lui avait racontées… Chaque réponse qu'elle avait donnée à sa filleule quand elle lui posait des questions sur ses parents… Chacune de ses paroles avaient toujours été adressée à Alya Lestrange, pas à Maellyn Black.
Elle se sentit blanchir et un goût amer se diffusa dans sa bouche, comme si elle allait vomir. Elle serra ses bras autour d'elle-même, essayant de reprendre le contrôle sur ses émotions. Draco serait sans doute satisfait de la voir s'écrouler sous la force de ses mots, mais elle restait sa mère.
Elle ne pouvait pas le laisser avoir le dernier mot.
- J'ai promis à Sirius que je m'occuperais d'elle et que je la protégerais. Je tiens toujours mes promesses, quoiqu'il m'en coûte.
- Dans ce cas, Black aurait dû te faire promettre de ne pas lui faire du mal ! Parce que c'est tout ce que tu as réussi à faire ! Est-ce que tu sais seulement qu'elle a passé la semaine à pleurer et qu'elle fait des cauchemars toutes les nuits ?! Le reste du temps, on dirait une coquille vide ! Tout ça, c'est de ta faute ! Jamais je ne te pardonnerais ce que tu lui as fait !
Il se détourna à son tour, non sans lui avoir adressé un regard meurtrier, et ce fut à son tour de prendre son visage dans ses mains, tandis qu'elle titubait jusqu'à la causeuse la plus proche.
Douce Viviane, qu'avait-elle fait ?
…
Samedi 18 Juin 1994, Manoir Malefoy, Angleterre.
Sans Christopher contre lequel m'appuyer, je me serais sans doute écroulée au bout de trois pas, comme si les quelques mots que j'avais craché au visage de ma grande cousine m'avait vidée du peu d'énergie qu'une semaine de cauchemar m'avait laissée.
Je me laissai guider en direction de l'étage, essayant de me concentrer sur chacune des marches que je gravissais, tout en ravalant mes larmes, au moins pour le moment.
Je ne savais pas vraiment qui j'espérais tromper. J'avais l'impression de ne pas avoir arrêté de pleurer depuis des jours, au point où mes joues me brûlaient à chaque nouvelle larme.
Je n'avais pas envie d'être ici, je ne voulais pas voir Narcissa, sauf que le manoir était le seul endroit où je pouvais être avec Draco et Chris, ce qui était déjà mieux que rien à défaut d'être parfait.
Envoie un hibou si tu veux passer une partie des vacances chez mes parents.
Les mots d'adieux de Pansy me redonnèrent un peu de courage. Je n'étais pas obligée de rester ici et Narcissa pouvait bien essayé de s'interposer, elle n'avait plus voix au chapitre après tous ses mensonges.
Christopher resserra son bras autour de mes épaules tandis que nous traversions le couloir qui menait à ma chambre. Il poussa la porte pour moi.
Je me figeai à la vue de la pièce.
Rien n'avait changé depuis les dernières vacances, à l'exception de la parure de draps – des fleurs sauvages brodées avec des fils de soie avaient remplacé les motifs des roses en bouton – mais le lit à baldaquins aux rideaux crème, le bureau en bois précieux vieux de plusieurs siècles, la bibliothèque remplie de livres collectionnés au grès de mes anniversaires et la malle de Bellatrix sous la fenêtre qui me faisait face étaient tels que je les avais laissés.
J'eus un haut le cœur.
Ce n'était pas ma chambre.
C'était celle d'Alya Lestrange, héritière de deux familles des Vingt-Huit Consacrées, Sang-Pure et nièce adorée de Narcissa Malefoy.
Mon estomac de souleva à nouveau et un goût amer envahit ma bouche. Je me dégageai de l'étreinte de Christopher avec urgence et rejoignis la salle de bain aussi rapidement que possible, avant de m'écrouler près des toilettes.
Je n'avais presque rien avalé ces derniers jours et le mélange qui remonta de mon estomac me donna l'impression que ma gorge était en feu. Les spasmes me laissèrent avec la sensation d'être définitivement vidée de toute énergie, le corps tremblant et couvert d'une pellicule de sueur froide, mon cœur battant bien trop vite.
Le monde tournait étrangement autour de moi. J'attendis que le malaise passe pour me relever et me rincer la bouche, puis le visage. En relevant la tête vers le miroir, la personne qui me faisait face me fit presque peur.
Mon teint était livide, mes cheveux tombaient sans grâce autour de mon visage, mes traits s'étaient creusés chaque jour un peu plus au cours de la semaine, et les cernes qui soulignaient mes yeux étaient sans doute les pires que j'avais jamais eu.
Pourtant, ce n'était pas la raison pour laquelle j'avais du mal à reconnaître mon propre reflet.
Narcissa n'avait pas été la seule à me mentir. J'avais fait un très bon travail toute seule – comment étais-je censée faire autrement ? – en m'inventant des ressemblances avec les portraits de Bellatrix et Rodolphus. La fossette au creux de mon menton – elle –, l'angle aigu de ma mâchoire – lui –, mes cheveux noirs – elle –, la forme de mon nez – Druella –, et combien d'autres encore ?
La vérité était que mon visage m'était devenu étranger, comme le reste de mon existence.
A cette pensée, mon cœur s'accéléra à nouveau – si vite qu'un voile noir passa brièvement devant mes yeux – et je serrai les poings pour reprendre le contrôle sur mes émotions.
Dans un craquement sinistre, le miroir qui me faisait face se fendit sur toute sa longueur, barrant mon reflet en deux.
Les pas précipités derrière moi me firent relever les yeux vers la porte et Christopher apparut à son tour dans le miroir, ses lèvres serrées et son regard inquisiteur.
- Aly, tout va bien ?
La mention de mon surnom me tira une grimace et mon cœur fit une nouvelle embardée, envoyant comme une vague de chaleur à travers mon corps.
- Ne m'appelle pas comme ça, grognai-je en fermant les yeux, comme si j'allais réussir à retrouver un semblant de calme en me plongeant dans le noir.
Sauf que ce ne fut pas l'obscurité que je trouvais derrière mes paupières, mais l'éclair vert qui précédait mes pertes de conscience à chaque fois que je me trouvais en présence d'un Détraqueur, suivit par l'expression torturée de Sirius Black tandis qu'il me dévisageait, son regard semblant voir jusqu'à mon âme.
Tu n'étais pas censée découvrir tout ça de cette façon. Je suis désolé, ma fille.
La chaleur qui saturait mon corps sembla augmenter encore, et les battements de mon pauvre cœur se firent désordonnés, et douloureux, cette fois.
Une succession de petits claquements aigus me replongèrent dans la réalité et je me forçai à rouvrir les yeux. Si la semaine passée m'avait appris une chose, c'était bien que mes souvenirs ne s'emballaient jamais plus facilement que lorsque je serrais les paupières.
Le miroir était entièrement craquelé cette fois, comme si je l'avais frappé à plusieurs reprises à l'aide d'un objet lourd pour détruire mon reflet.
Un frisson remonta ma colonne.
Ce n'était pas la première fois que cette idée me traversait la tête, et j'aurais sans doute préféré m'y prendre à la moldu plutôt que ma magie s'en charge à mon insu, ce qui commençait à devenir une habitude.
Le miroir céda soudainement, les centaines d'éclats se détachèrent en même temps, créant une vague de verre qui m'obligea à reculer pour ne pas être blessée.
Je me retrouvai face à morceau de mur nu, sur lequel mon reflet ne pouvait pas se réfléchir. Une main se posa sur mon épaule et je me dégageai sèchement, réalisant en me retournant que mon cousin m'avait finalement rejoint.
J'ignorai son regard implorant pour rejoindre ma chambre et chaque nouveau détail que je remarquai faisait battre mon cœur plus vite et trembler mon corps. Je détestai cette pièce presque autant que je haïssais désormais Narcissa Malefoy, et je voulais effacer son existence même, à défaut de pouvoir effacer celle d'Alya Lestrange !
Mon regard accrocha la vitrine qui trônait fièrement au milieu de ma bibliothèque, exposant nombre de trophées d'enfant, ainsi que mon faire part de naissance, ma première tenue et la photo de mariés de Bellatrix et Rodolphus.
Il ne me fallut que quelques pas pour atteindre la chaise de mon bureau et je la projetai de toutes mes forces contre la vitrine, brisant la porte et chacune des étagères dans un fracas de tous les diables. Emportée par mon élan, je m'écroulai à genoux dans les morceaux de verre, libérant enfin le cri de rage qui me torturait la poitrine depuis la Cabane Hurlante.
J'eus vaguement conscience des bras qui se refermèrent autour de moi tandis que les larmes revenaient à la charge, toujours plus brûlantes que celles qui les avaient précédées.
Il y avait comme une odeur de brûlé quelque part, mais je n'eus pas la possibilité de découvrir d'où elle provenait car l'obscurité m'engloutit une fois de plus.
...
Dimanche 19 Juin 1994, Manoir Malefoy, Angleterre.
Je rouvris les yeux dans un sursaut, comme si j'étais tombée dans mon rêve, sans que je ne puisse me souvenir de l'histoire improbable que mon cerveau avait bien pu imaginer pendant mon sommeil, une première depuis une semaine.
Le ciel de lit qui me surplombait ne m'était pas familier – en soie bleue ciel, brodée de constellations – et un soupir soulagé passa mes lèvres.
Mon message avait été reçu et je n'avais plus aucune envie d'entrer dans mon ancienne chambre.
- Comment tu te sens, Maellyn ?
Je tournai la tête vers la droite, découvrant Christopher à mon chevet, un livre à la main et l'air définitivement inquiet tandis qu'il me dévisageait.
Je pris une seconde avant de répondre, faisant l'inventaire des signes que me renvoyaient mon corps. J'étais un peu moins fatiguée que les jours précédents, mes yeux me parurent moins bouffis, mais la lourdeur au fond de mon cœur demeurait, immuable.
J'allais sans doute devoir m'y habituer à défaut de pouvoir la déloger.
Finalement, je haussai les épaules.
- Je suis restée inconsciente combien de temps ?
Christopher fronça les sourcils et glissa un regard vers la porte, avant de répondre.
- Plus d'une journée. Lady Malefoy a appelé le Médicomage Perrin et je crois que tu as interdiction de quitter ton lit pour la semaine. Il a dit que tu étais épuisée, aussi bien physiquement que nerveusement, et que c'était une bonne chose que tu sois en vacances.
- Il n'a pas cherché à savoir pourquoi ?
- Ta tante...
Mon feulement le coupa.
- Elle n'est pas ma tante !
Mon ton agressif lui tira un soupir.
- Lady Malefoy a blâmé les examens de fin d'année.
- Évidement, grognai-je. Elle a menti une fois de plus.
Au cours de la semaine passée, j'avais eu largement le temps de découvrir à quel point les mensonges saturés toute mon existence. Il y avait eu ceux de Narcissa pour commencer – le plus cruel d'entre tous – et il y avait ceux que je m'étais fait à moi-même pour être une parfaite héritière Sang-Pur – mes ressemblances inexistantes avec Bellatrix et Rodolphus, les excuses que je trouvais à Deloris, certains de mes goûts et autant d'envies ignorées –.
Sans oublier que ce n'était sans doute que le début.
Christopher prit ma main dans la sienne avec douceur, et la légère pression de ses doigts me sortirent de mes pensées.
- Que s'est-il passé exactement, Maellyn ?
Je fronçai les sourcils.
- Draco ne t'a rien dit ?
- Il m'a dit que c'était à toi de me le dire. Je pense qu'il a raison.
Je déglutis un peu bruyamment et mon cœur s'accéléra douloureusement, comme à chaque fois que je repensais à cette nuit de cauchemar – simple prélude à la semaine effroyable qui l'avait suivie –.
- Je...
Il serra ma main un peu plus fort.
- Ce n'est pas grave si tu ne veux pas en parler maintenant... Juste, si tu veux en parler, je suis là.
Il n'avait pas besoin de me le préciser. Depuis que j'étais en âge de me souvenir, Chris avait toujours été mon premier confident, comme j'avais été le sien. Je devais être celle qui en savait le plus sur ce qu'il avait vécu l'année dernière au manoir Rowle, et même si je n'étais pas convaincue que lui parler allait changer grand chose pour moi, je lui devais au moins la vérité.
Parce que je ne supportais plus les mensonges.
Je pris une profonde inspiration avant de commencer mon récit, du moment où nous avions aperçu Potter et Granger voler l'hippogriffe, jusqu'à ma rencontre avec Sirius Black dans le bureau du professeur Flitwick.
- Tout avait beau pointer dans la même direction, je ne voulais pas y croire... Mais Black n'a rien démenti quand je l'ai confronté et...
Ma voix se brisa, sans pour autant que de larmes ne s'échappent, tandis que le souvenir de ma brève rencontre avec mon vrai père rejouait dans un coin de mon crâne. Je ne pouvais pas remettre en cause la sincérité de ses regrets, non plus que je pouvais prétendre avoir mal compris les mots d'adieu qu'il m'avait soufflés avant de s'enfuir.
J'avais toujours douté que Bellatrix m'aimât – et sans doute ne m'aimait-elle pas, ce que j'espérais – mais tout cela était sans importance car mes vrais parents m'aimaient et je haïssais les Lestrange de tout mon cœur.
Un jour, je me vengerais.
- Draco a laissé entendre que Sirius Black était innocent... C'est vrai ?
- C'est ce que Nott soutient et il a sans doute raison.
- Tu n'y crois pas ?
J'eus un soupir. Ce n'était pas que je n'y croyais pas, mais plutôt que je ne savais plus vraiment qui ou quoi croire depuis une semaine.
- Parce que s'il n'était pas Mangemort, et s'il n'a pas trahi les Potter, tout ce qu'on sait de lui devient un peu plus crédible, surtout si Pettigrow était un Animagus non déclaré.
Ça avait été la diatribe favorite de Pansy, tandis que Draco et elle essayaient d'intégrer tout ce que nous avions appris au cours d'une même nuit, et je n'avais aucun argument contre. J'avais toujours trouvé l'histoire de Black bancale et illogique et, avec du recul, j'étais étonnée qu'aucun de nous quatre n'ait pensé à la possibilité que Black soit tout simplement innocent et victime d'un affreux concours de circonstance
- Je sais...
Un silence s'installa entre nous, et je fis de mon mieux pour occuper mes mains – et un peu ma tête – en attrapant le verre d'eau sur ma table de nuit, entouré par un large choix de potions qui me tirèrent une grimace. Le médicomage Perrin prescrivait en général le moins de potions possibles, arguant que le corps était capable de se soigner par lui-même, et qu'il y ait une dizaine de fioles différentes ne pouvait signifier qu'une seule chose : j'étais plus mal en point que ce que je pensais.
L'eau soulagea ma gorge sèche, sans pour autant réussir à réveiller l'appétit qui aurait dû me torturer le ventre après tout le temps que j'avais passé inconsciente.
- Finalement, tu es plutôt chanceuse, je trouve.
C'était la dernière chose que je pensais entendre comme conclusion, et je tournai la tête.
- Pardon ?
Christopher ne détourna pas le regard, tout juste haussa-t-il les épaules, une moue étrange sur les lèvres.
- Quand tu auras 17 ans, tu pourras laisser la société Sang-Pur derrière toi et personne ne songera à te retenir, de quelque façon que ce soit, parce que tu es une Sang-Mêlée. Je ne serais pas le seul à t'envier à ce moment-là.
Cette fois, il eut une grimace que je connaissais bien – celle qu'il avait toujours eu quand il retenait ses larmes – et je sentis ma gorge se serrer.
Christopher n'avait jamais été le parfait petit héritier dont avait rêvé ses parents – trop réservé, presque timide, et toujours critique face à la doctrine Sang-Pur – et depuis qu'il avait passé presque une année entière enfermé au manoir Rowle, il ne cachait plus qu'il ne voulait plus rien avoir à faire avec la société Sang-Pure.
Ce n'était pas pour rien qu'il avait refusé que Narcissa lui organise une fête d'anniversaire digne de ce nom pour ses quatorze ans : Euphémia et Thorfin Rowle avaient perdu leur héritier depuis longtemps.
Quelques mois plus tôt, j'admirai encore son courage : je n'étais pas Deloris, je n'arrivais pas à me conformer parfaitement aux attentes de la société Sang-Pur à l'égard d'une héritière des Vingt-Huit Consacrées, mais je m'étais résignée à mon sort. Le mieux que je pouvais espérer était d'épouser quelqu'un avec qui je pourrais m'entendre. Le contraire signifier tirer un trait sur la seule famille que j'avais et c'était une certitude qui me terrorisait.
Tout était différent maintenant. Ma tante n'était pas ma tante, Draco ne semblait pas décidé à me tourner le dos malgré le sang qui coulait dans mes veines, et, Black ou non, j'étais la fille d'un rebelle notoire.
Lorsque la vérité éclaterait, les portes de la société Sang-Pur allaient se fermer pour moi plus vite que ce que j'étais capable d'imaginer...
Un éclair de douleur, quelque part au fond de mon crâne, me tira presque une grimace, et je décidai d'en rester là concernant mes hypothèses.
- Tu es mon meilleur ami. Tu tomberas en disgrâce avec moi, soufflai-je finalement.
Chris eut une moitié de sourire avant d'ouvrir la bouche pour rajouter quelque chose, mais il fut interrompu par l'entrée fracassante de Draco dans ma chambre.
- Ah, tu es réveillée ! Tu te sens mieux ?
Je hochai la tête – même si c'était presque un mensonge – et j'attendis qu'il m'explique pourquoi il avait son air des mauvais jours – regard sombre, sourcils froncés et lèvres pincées – qui le faisait tant ressembler à son père.
Il vint s'installer en tailleur au pied de mon lit en silence, échangeant au passage un regard avec Christopher, comme s'ils avaient mis au point un moyen de communication pendant que j'étais inconsciente.
- Tu as l'air moins fatiguée.
- J'ai dormi plus d'une journée, ça doit y être pour quelque chose.
- Tu as faim ? On peut demander à Patty de monter quelque chose.
- Non, merci, répondis-je. Que s'est-il passé ?
Ce n'était pas tout à fait vrai. Mon dernier repas remontait au train – où j'avais grignoté quelques confiseries pour acheter ma tranquillité auprès de Pansy – mais j'avais encore l'impression d'avoir le goût de ma bile dans la bouche et je m'étais habituée à l'inlassable bourdonnement de mon estomac.
Draco soupira.
- Ma fête d'anniversaire aura lieu samedi soir et ma mère voulait revoir le programme avec moi une dernière fois, comme si on avait pas assez perdu de temps là-dessus pendant les dernières vacances... Bien sûr, tout ça n'était qu'une excuse pour me parler... Je la déteste !
J'eus une grimace compatissante, sans pour autant être vraiment surprise. Narcissa Malefoy n'était pas du genre à renoncer facilement. Elle allait vouloir tirer les choses au clair et nous faire entendre sa version de l'histoire.
Si elle espérait obtenir mon pardon – ou celui de Draco – elle allait devoir faire usage de la magie – ce dont je la savais déjà capable –. Elle m'avait menti sur tout, depuis le début, et elle avait tout fait pour me transformer en la parfaite petite héritière Lestrange, alors qu'elle devait être l'une des rares personnes à savoir que je n'étais pas faite pour ça pour commencer.
Ce n'était pas pour rien que Lucius soutenait que je n'étais rien d'autre qu'une petite sauvageonne plus jeune, ce qui m'avait valu un nombre incalculable de remontrances de sa part. La seule raison pour laquelle je m'étais tout de même forcée à rentrer dans le moule était la peur d'être séparée de ma marraine – et de Draco – si je ne me montrais pas à la hauteur.
La possibilité que Lucius me jette à la porte était presque tentante aujourd'hui.
Je pris une profonde inspiration pour reprendre mon calme, de peur de réveiller le mal de crâne que je sentais latent au fond de mon cerveau.
- Qu'a-t-elle dit ? demandai-je finalement.
Un rictus mauvais étira ses lèvres.
- J'ai quitté la pièce dès qu'elle a commencé à évoquer le sujet. Je me fiche de ses excuses. Elle a eu tord de faire ce qu'elle a fait.
Sans compter que nous ne savions sans doute pas tout. J'avais beau avoir passé la dernière semaine dans une espèce d'état second, alternant des crises de larmes que je n'arrivais pas à contrôler, et de longues périodes durant lesquelles j'arrivai à contenir toute cette histoire dans un coin de mon crâne, je savais que Pansy et Draco s'étaient creusés la tête pour déterminer à quel point Narcissa Malefoy avait menti et pourquoi.
- Pansy ne va pas être contente de toi...
- Pansy n'est pas là et elle n'osera pas me frapper le jour de ma fête d'anniversaire.
Il faisait sûrement preuve de naïveté – Pansy n'avait pas hésité à m'entraîner dans une mission d'espionnage le jour de ma fête l'été dernier – mais il ne pourrait pas dire que je ne l'avais pas prévenu.
- Père m'a dit qu'on allait fêter mon anniversaire ce vendredi. Apparemment, c'est lui qui a eu l'idée de ma surprise...
De mémoire, c'était une véritable première, puisque Narcissa Malefoy s'occupait personnellement d'organiser quelque chose de mémorable à chacun de nos anniversaires, et Lucius devait vraiment avoir eu une idée hors du commun pour que sa femme le laisse s'en charger.
Une autre fois, j'aurais sans doute essayé de deviner quoi – Lucius ne brillait pas particulièrement pas son imagination, c'était loin d'être infaisable – mais cette histoire d'anniversaire me renvoyait toujours au mien.
Mon ventre se serra une fois de plus, menaçant presque de me faire courir aux toilettes.
Je déglutis difficilement, ma gorge si serrée que la douleur manqua de m'arracher des larmes.
Bellatrix t'as enlevée quelques jours après ta naissance.
J'ignorais ce que Black pouvait bien entendre par « quelques jours » mais je savais que cela signifiait que je n'avais jamais fêté mon anniversaire à la bonne date pendant toutes ces années, tout comme j'ignorais où j'étais née, ou encore le nom de ma grand-mère maternelle.
C'était comme si j'étais un puis sans fond de questions sans réponse, et chacune d'entre elle tournait en rond dans ma tête, grignotant mon cerveau chaque seconde un peu plus.
Ma dernière pensée déclencha un éclair de douleur aiguë quelque part au niveau de ma tempe gauche, accompagnée par un bourdonnement désagréable au fond de mes oreilles, et je ne pus retenir une grimace.
Ce n'était pas la dernière fois – et sans doute pas la dernière non plus – aussi m'obligeai-je à compter les secondes, les dents et les paupières serrées, priant pour que ça ne dure pas plus d'une interminable minute comme trois nuits auparavant.
J'étais arrivée à vingt-sept quand la sensation reflua. Des points noirs dansaient devant mes yeux et il me fallut quelques secondes pour y voir plus clair.
Naturellement, Draco et Christopher me dévisageaient avec la même inquiétude.
- C'est rien. J'ai juste un peu mal à la tête.
Draco serra les lèvres et Christopher haussa un sourcil impérieux, celui qui précédait toujours une remarque que je n'allais pas aimer.
Je n'eus toutefois pas l'occasion de l'entendre, car la porte de ma nouvelle chambre s'ouvrit à nouveau sur Narcissa Malefoy.
Comme toujours, elle semblait tout droit sortie d'un magasine de mode : tout, de son chignon élaborée à la paire d'escarpin en cuir blanc, était parfait.
Je l'avais toujours admirée pour cette exacte raison – quelques semaines plus tôt, une part de moi espérait lui ressembler plus tard – mais la seule chose que je voyais maintenant était une façade trop éblouissante pour ne pas être suspicieuse.
Après tout, chacun de ses sourires avait caché un secret, et sans doute était-ce toujours le cas.
Je détournai bien vite le regard, incapable de croiser le sien sans avoir envie de me jeter sur elle.
- Je vois que tu es réveillée, Maellyn.
Je ne répondis pas et un lourd silence s'installa dans la chambre. Draco se leva, les bras croisés sur sa poitrine, parfaitement positionné entre sa mère et moi.
Narcissa eut un soupir exaspéré mais ne commenta pas.
- Je suppose qu'une discussion n'est toujours pas à l'ordre du jour ?
Mes dents grincèrent à force d'être serrées trop forts et la douleur au fond de mon crâne changea de forme, pulsant au même rythme que les battements de mon cœur au niveau de mes tempes.
- En attendant, il est grand temps que tu prennes tes potions. Patty ne devrait pas tarder à apporter ton repas.
- Elle n'a pas faim, l'informa Draco, son ton mordant et sans aucun doute une expression mauvaise sur le visage.
- L'appétit vient en mangeant.
Je reconnus sans mal l'inflexion autoritaire dans sa voix, celle qui avait toujours été le dernier avertissement avant une punition quand Draco et moi allions trop loin.
Cela aurait sans doute réussi à faire entendre raison à Alya Lestrange – après tout, sa tante se montrait toujours inventive quand il s'agissait de trouver une punition déplaisante et éducative – et je n'avais jamais eu pour habitude de pousser ma chance, parce que ce n'était pas digne d'une jeune fille de bonne famille.
Exceptée que je n'étais pas une jeune fille de bonne famille et qu'à la seule pensée de devoir avaler quelque chose, j'avais envie de vomir.
- Je n'ai pas faim, grondai-je, relevant les yeux une brève seconde pour lui jeter un regard aussi noir que mon nom.
J'eus le temps de la voir hausser un sourcil, ce qui n'avait jamais été bon signe.
- Le Médicomage Perrin a été très clair : il te faut du repos, de bons repas et tes potions. Je ne vais certainement pas te laisser t'affamer, même si je dois te donner la béquée moi-même !
- Laisse-moi tranquille ! Je n'ai pas faim et JE NE VEUX PAS TE VOIR ! VA-T-EN !
Une vague de chaleur me traversa et je vis Narcissa trébucher en arrière sur plusieurs pas, peinant à retrouver son équilibre, perchée comme elle l'était sur ses talons. Elle se rattrapa sans grâce à la commode, manquant de faire tomber le vase en porcelaine qui la décorait.
Si elle ne tomba pas, son masque aimable se fissura et si je n'avais pas eu autant de mal à reprendre le dessus sur ma respiration saccadée, sans doute aurais-je été satisfaite de lui découvrir une grimace de douleur et des yeux brillants.
Elle redressa le menton et lissa des plis invisibles le long de sa robe.
- Si c'est ce que tu souhaites, Maellyn.
Je la suivis du regard jusqu'à ce que la porte soit à nouveau fermée, avant de m'affaler contre mes oreillers. Des points noirs dansaient à nouveau devant mes yeux, le monde tanguait étrangement et mon mal de crâne me donnait l'impression d'avoir enfiler un casque bien trop étroit.
Malgré tout, le poids sur ma poitrine était comme un peu moins lourd.
Draco se hissa à mes côtés, son dos contre la tête de lit, et passa un bras prudent autour de mes épaules. Je laissai ma tête rouler dans sa direction, et il commença à caresser mes cheveux avec douceur.
Comme si ma petite démonstration de magie instinctive avait consumé toute l'énergie que ma longue nuit m'avait permis d'emmagasiner, je ne tardai pas à sombrer à nouveau.
…
Jeudi 23 Juin 1994, Manoir Malefoy, Angleterre.
A côté de Narcissa Malefoy, Madame Pomfresh passait presque pour une garde malade permissive. Si elle n'avait pas essayé de m'imposer une visite – même si je la soupçonnais de passer quand je dormais – la marque de son autorité demeurait indéniable.
Parky avait déserté les jardins du Manoir pour me tenir compagnie – et me surveillait avec attention, calquant ses siestes sur les miennes –, Christopher avait été tenu de m'expliquer que si je continuai à ne pas vouloir prendre mes potions quotidiennes, je serais privée de visite de sa part et de celles de Draco, et qu'elle n'excluait pas la possibilité de m'envoyer à Sainte Mangouste si ma santé déclinait encore. J'étais également tenue de garder le lit – tout juste avais-je le droit d'utiliser la salle de bain – et ma seule distraction, outre les visites, était la radio.
Entre deux programmations musicales et autre émission futile, j'étais donc régulièrement informée de la progression des Aurors dans leur chasse à l'homme : Sirius Black demeurait introuvable.
C'était sans doute la seule pensée qui me permettait de supporter la journée sans avoir envie de hurler.
Sirius Black continuait à échapper aux Aurors du pays, sans doute parce qu'il abusait de sa forme Animagus, peut-être aussi parce qu'il pouvait traverser toute la Grande-Bretagne en une nuit s'il avait vraiment quitté Poudlard sur le dos de ce maudit hippogriffe – ce qui, d'après la dernière théorie de Draco, était tout à fait possible –.
L'autre nouvelle qui revenait encore plus souvent était la finale de la Coupe du Monde de Quidditch, qui verrait s'affronter l'Irlande et la Bulgarie. Depuis que Lucius avait annoncé qu'il avait obtenu des tickets dans les tribunes officielles, c'était aussi la nouvelle obsession de mon cousin.
Ça, et rendre la vie de sa mère la plus désagréable possible.
Il était parfaitement capable d'imaginer tous ses stratagèmes seul, mais je soupçonnai Pansy de lui souffler quelques idées. Il refusait de parler à sa mère directement, il ne voulait pas mettre un orteil dans l'atelier de peinture qu'elle avait fait installer dans une annexe du jardin d'hiver pour son anniversaire, et il abusait de toutes les mauvaises habitudes qu'elle avait essayé de lui faire passer – le langage négligé, sa posture avachie, son impertinence ou encore faire craquer ses doigts –. Je le soupçonnai d'avoir prévu quelque chose pour sa fête d'anniversaire...
D'après Chris, l'ambiance était particulièrement pesante dans le manoir, au point que Lucius semblait réaliser que quelque chose n'allait pas.
Il n'était pas exclu qu'il m'inflige une visite pour m'accuser d'être la responsable du comportement de Draco.
C'était en partie vrai, mais mon cousin ne faisait que défendre mes intérêts avec sa démesure habituelle.
Quelque part dans le manoir, une des nombreuses horloges – l'arrière grand-père de Lucius avait été un fin collectionneur – annonça dix-sept heures et j'eus un soupir.
Patty n'allait pas tarder à arriver avec le plateau de thé, accompagné d'un assortiment de pâtisseries, fruits frais et sandwichs divers. Christopher ne manquerait pas de me rejoindre et il allait encore négocier quelques bouchées de ma part, avant de me faire la lecture – pas un livre sur la Métamorphose, mais plutôt un roman moldu, à croire qu'il avait découvert une étagère secrète dans la bibliothèque du manoir –.
Je n'avais toujours pas retrouvé l'appétit et c'était ce qui semblait inquiéter le plus le médicomage Perrin.
Ce n'était pas ma faute si chaque bouchée avait un goût de terre. Je préférai ne rien avaler que supporter l'arrière goût désagréable qui restait collé à mon palais pendant des heures.
Il y eut un léger coup à la porte de ma chambre et je retins un grognement.
- Entrez.
Ni Patty, ni Christopher apparurent, et je plissai les yeux en voyant Narcissa. Elle m'adressa un sourire hésitant.
- Je ne reste pas, Maellyn. Tu as de la visite.
Je crus une folle seconde que Pansy avait réussi à s'inviter – elle en était capable et, si je pouvais compter sur elle pour me distraire avec ses histoires, cela signifiait aussi que j'allais devoir jouer finement si je ne voulais pas vomir le peu que je réussirais à avaler – mais ce fut une silhouette bien plus haute qui entra, une fois que Narcissa se fut effacer.
Mon premier coup d'oeil fit accélérer mon cœur et une sueur froide perla à la base de ma nuque.
Non, elle est à Azkaban.
Je repris le dessus sur ma respiration trop rapide en quelques inspirations.
Ce n'était pas Bellatrix.
C'était seulement sa sœur.
- Bonjour, Maellyn, dit-elle après m'avoir dévisagée avec attention.
- Bonjour, Madame Tonks, soufflai-je, incapable de me montrer aussi sèche que d'habitude en présence de Narcissa.
Elle eut un sourire délicat.
- Andy suffira, ou je vais me sentir obligée de t'appeler Miss Black.
- Du moment que ce n'est pas Miss Lestrange, je m'en fiche.
Son regard appuyé me donna presque l'impression qu'elle pouvait lire mes pensées.
- Cela serait bien inapproprié, puisque tu n'as rien d'une Lestrange, ma douce.
Le surnom affectueux me fit presque sursauter. Narcissa l'utilisait souvent, et depuis que j'étais en âge de me souvenir, mais je ne l'avais jamais entendu dans la bouche de quelqu'un d'autre.
Malgré le fait qu'elle soit de ma famille, Androméda Tonks demeurait une parfaite étrangère et je n'étais pas sûre d'aimer cette marque de familiarité de sa part.
Sauf si Narcissa était restée à la porte pour espionner et l'avait entendue.
Tandis qu'Androméda s'installait sur la chaise près de mon lit, ce fut à mon tour de la dévisager. La dernière fois que je l'avais vue, c'était sur le Chemin de Traverse. Je m'étais rejouée la discussion qu'elle avait eu avec Narcissa des dizaines de fois depuis la Cabane Hurlante, les sous-entendus évidents maintenant que je savais la vérité.
Pour tout ce que j'en savais, Androméda avait découvert ma véritable identité par elle-même, et sans doute en voulait-elle aussi à sa sœur.
Ce qui était loin d'expliquer sa visite.
Patty apparut soudainement avec le thé, qu'elle déposa sur un plateau entre Androméda et moi. Tout comme moi, elle ne mit pas de lait ou de sucre, et souleva sa tasse avec suffisamment d'élégance pour me rappeler qu'elle avait grandi dans le même monde que le mien.
- Que faites-vous ici ?
Elle prit une gorgée de thé avant de répondre.
- Ma très chère sœur m'a appelée à l'aide. Elle semble convaincue que tu aurais besoin de réponses maintenant que tu as découvert la vérité.
Demander de l'aide était loin d'être le premier réflexe de Narcissa Malefoy, et encore moins à sa sœur reniée. Elle devait vraiment se sentir acculée pour s'y résoudre.
Bien fait pour elle.
Toutefois, le choix de Narcissa était des plus surprenants. Pour tout ce que j'avais compris – et j'avais passé plus d'une semaine à disséquer chaque souvenir qui aurait pu m'apporter des informations, quelles qu'elles soient – Androméda Tonks ne connaissait la vérité que depuis peu de temps, possiblement l'été dernier, si je me fiais à l'étrange discussion que j'avais surprise avant notre départ pour la France.
- Vous saviez, lui rappelai-je.
Ses traits s'affaissèrent et elle eut une grimace.
- C'est vrai. J'ai toutefois essayé de convaincre Narcissa d'arrêter de te mentir, à plusieurs reprises, ce qu'elle n'a pas vraiment apprécié. J'ai failli t'écrire, à de nombreuses reprises, mais je n'ai que trop conscience que nous sommes des étrangères l'une pour l'autre. Je doute que tu m'aurais cru.
Je déglutis, autant pour ravaler la bouffée de haine qui avait fait accéléré mon cœur – Narcissa s'était montrée encore plus égoïste que ce que je pensais – que pour débarrasser ma bouche du goût amer des regrets.
Si j'avais reçu une lettre d'Androméda Tonks – ou bien encore de Sirius Black – m'annonçant que j'étais Maellyn Black et que la femme que je considérai alors comme ce que j'avais de plus proche d'une mère me mentait sur tout, depuis le début, qu'aurais-je fait ? Cela aurait-il été vraiment mieux que la façon dont j'avais tout découvert ? Ou pire ?
Je pris une profonde inspiration pour calmer les battements de mon cœur et je décidai de changer de sujet.
- Pourquoi vous ?
Elle s'apprêtait à prendre une nouvelle gorgée, mais stoppa son geste et reposa sa tasse dans la saucière en faisant tinter la porcelaine.
- Parce que je suis celle qui a le plus fréquenté Sirius après qu'il ait été renié, puisque nous étions la seule famille digne de ce nom qui restait à l'autre... Et je dois être l'une des rares personnes au Royaume-Uni à avoir rencontré ta mère.
Mon cœur rata un battement, ma gorge se serra subitement et je sentis mes yeux commencer à me brûler. En comparaison de tout ce que Narcissa m'avait appris sur Bellatrix, et de toutes les anecdotes que j'avais glané ici ou là au fil des années, ma mère biologique était une véritable énigme, dont je ne connaissais que le nom.
Judy Adler.
- Comment était-elle ?
Ma voix était tremblante et je reniflai sèchement pour garder les larmes à distance. Je ne tenais pas particulièrement à m'écrouler devant Androméda Tonks pour commencer, et une fois que je commençai, j'avais du mal à arrêter.
Elle eut un sourire triste.
- Je ne l'ai vue qu'une fois, quelques mois avant ta naissance. Elle m'a donné l'impression d'être une jeune femme forte, sûre d'elle, et un peu rebelle. Elle était de toute évidence très vive d'esprit et elle était dotée d'une répartie très acérée. Sirius et elle étaient très bien assortis et je pense que j'ai rarement vu Sirius aussi heureux que cette fois-là.
C'était comme si j'étais un désert et que ses mots étaient l'eau providentielle que j'attendais depuis une éternité. Mon cœur battait plus fort et un peu moins douloureusement, et si mes yeux me brûlaient encore, j'avais moins l'impression d'être sur le point de m'effondrer.
- Ils étaient vraiment amoureux ?
Son regard se perdit une folle seconde au loin et son sourire devint encore plus triste.
- Oui... Je pense vraiment que oui.
Je n'étais vraiment pas sûre de savoir ce que cela pouvait bien signifier. Dans le monde Sang-Pur, les mariages d'amour étaient une exception. J'aurais bien eu du mal à désigner un seul couple qui puisse donner l'impression de s'aimer, et je pourrais encore me tromper tant les apparences pouvaient être trompeuses.
Personne ne savait vraiment ce qui se passait au cœur des manoirs, une fois que les fêtes étaient terminées.
C'était une idée un peu étrange que mes parents aient été amoureux, même si cela n'aurait pas dû me surprendre de la part de Sirius Black, puisqu'il semblait avoir tout fait pour que sa vie échappe aux règles de la société Sang-Pur.
- Ils se sont rencontrés à Poudlard ?
Androméda resta une longue seconde silencieuse dans ses pensées, ses yeux perdus au loin et une expression étrange sur son visage.
- A Poudlard ? Non, Judy était américaine, Maellyn.
Mes entrailles me donnèrent l'impression de sombrer avant de remonter dans ma gorge, juste avant que mon cœur se lance dans une étrange course contre la montre. Mes mains se mirent à trembler avec tellement de force que je renversai du thé sur les draps avant de réussir à la reposer sur le plateau près de moi.
C'était trop.
Je pris mon visage entre mes mains, essayant de garder le dessus sur ma respiration, priant pour que les larmes refluent, parce que j'étais fatiguée de pleurer pour tout et pour rien.
Les révélations qui se succédaient me donnaient l'impression d'être coincée au milieu d'une tempête. Le retour du beau temps semblait impossible et il allait bientôt ne plus rien rester de moi.
S'il restait encore quelque chose.
Mes parents n'étaient pas mes parents, ma tante n'était pas ma tante, mon nom n'était pas mon nom, mon anniversaire n'était pas mon anniversaire, et maintenant, mon pays n'était pas mon pays ?
Le matelas s'affaissa, précédent un bras autour de mes épaules et une étreinte définitivement maternelle.
- Tu as le droit de pleurer, Maellyn... Vu ce que tu traverses, personne ne pensera à te le reprocher, à commencer par moi.
Je voulus me recroqueviller, me faire si petite que je finirais peut-être par disparaître, mais Androméda resserra son étreinte et commença à caresser mes cheveux avec douceur.
Un long frisson remonta le long de mon dos et mes larmes y virent comme un acte de rédhibition. Les sanglots déchirèrent ma gorge, secouant mon corps avec force, au point de faire claquer mes dents les unes contre les autres.
Au point où j'avais du mal à reprendre mon souffle.
Androméda ne me lâcha pas durant toute ma crise de larmes, murmurant des paroles apaisantes à mon oreille, caressant mon dos avec douceur, traçant des cercles lents sur lesquels je finis par calquer ma respiration.
Quand j'eus retrouvé mon calme, je me sentais plus fatiguée que jamais. Une part de moi voulait que je ferme les yeux pour que le sommeil m'emporte. Inconsciente, je n'aurais plus à me soucier de rien, et je me sentirais sans doute un peu moins mal à mon réveil.
L'autre partie de mon cerveau était bien décidée à profiter de la visite d'Androméda jusqu'au bout, parce que je n'avais pas la moindre idée si une telle chose se reproduirait. Narcissa était capable de monnayer ce genre de privilège et j'avais toujours autant besoin de réponses.
Je me forçai donc à me redresser, conjurant mon entêtement pour une bonne cause.
- Tu te sens mieux ?
Ma gorge me brûlait, mes yeux me donnaient l'impression de vouloir sortir de leur orbite et mes lèvres asséchées s'étaient fendues. Les larmes avaient toutefois eu le mérite de ralentir mes pensées et de me laisser plus détendue.
J'hochai donc la tête et Androméda desserra un peu son étreinte, me laissant la possibilité de me redresser un peu.
- Si elle était américaine, comment a-t-elle rencontrer mon père ? soufflai-je finalement, la voix trop éraillée pour parler plus fort.
- Je ne connais pas toute l'histoire, Maellyn... Sirius avait un seul confident à l'époque, et il s'appelait James Potter. Mais je peux essayer de me renseigner. Je pense que Remus Lupin doit s'en souvenir.
Je ravalai ma déception, mais je décidai de la croire. Rien ne l'y obligeai et elle était venue pour répondre à mes questions.
- Est-ce que je lui ressemble ?
Elle m'obligea à relever la tête vers elle pour croiser son regard. Ses yeux étaient aussi gris que ceux de Narcissa, mais ils auraient pu être d'une toute autre couleur tant ils en dégageaient une lumière différente.
- Judy Adler était blonde et c'est bien la seule chose qui vous différencie toutes les deux. Tu as ses yeux, son nez, sa bouche... Quand je t'ai vu l'année dernière à Fleury et Botts, c'est elle que j'ai reconnu.
Je ne fis rien pour retenir le soupir de soulagement qui passa mes lèvres. Narcissa n'avais jamais essayé de me faire croire que je ressemblai à Bellatrix – il était évident que ce n'était pas le cas et je n'étais pas aveugle – mais une part de moi s'était convaincue que je devais bien avoir un air de famille avec elle, même un peu.
Maintenant que je savais qu'elle avait assassiné ma mère, je préférais savoir que j'étais bien plus Adler que Black, au moins physiquement.
La fatigue était en train de prendre le dessus – malgré tout le temps que je passais à dormir, en partie à cause des potions du médicomage Perrin, j'étais encore épuisée et pleurer n'avait certainement pas aidé – mais je ne voulais pas abandonner.
Pas tout de suite.
- Vous pouvez me parler de la fois où vous l'avez vue ?
Androméda serra une dernière fois mon épaule avant de retrouver la chaise à côté de mon lit. Le thé était froid sur le plateau, et les plateaux de gâteaux étaient intactes. Elle réchauffa le thé d'un coup de baguette et me tendit l'assiette de scones.
- Mange pendant que je parle ?
Je n'avais pas vraiment faim – mes derniers sanglots m'avaient donné l'impression que j'allais vomir – mais cela ne semblait pas négociable.
Je portais un morceau de scone à ma bouche : Androméda eut un sourire et prit une nouvelle gorgée de thé.
- Je crois que j'ai bien failli ne jamais rencontrer ta mère et, à vrai dire, si la seule distraction de James et Lily Potter n'avaient pas été un excès de correspondance, je n'aurais sans doute jamais su que Sirius allait être père... Ils sont arrivés chez moi un après-midi d'été – en juin je crois – en moto et Sirius a essayé de se faire pardonner pour ne pas m'avoir prévenue pour toi. Je me souviens à quel point j'étais furieuse contre lui, surtout que Narcissa m'avait envoyé une lettre sous-entendant que Judy et lui s'étaient mariés en secret, et sans m'inviter. J'ai laissé Judy entrer et Sirius est resté à la porte. A sa place, j'aurais sans doute été intimidée, et si elle l'était, elle n'a rien laissé paraître. Je ne me souviens plus exactement de tout ce que je lui ai raconté – principalement des histoires embarrassantes à propos de Sirius, juste pour lui faire regretter sa bêtise – mais je sais qu'elle était fille unique, qu'elle a étudié à Salem, que sa mère est décédée quand elle était très jeune et qu'elle était férue de mécanique... Elle travaillait comme serveuse dans un bar moldu, elle...
La voix d'Androméda se brisa et son regard devint étrangement brillant. Elle tenta de cacher son malaise dans sa tasse de thé, mais ses mains tremblaient.
Le silence s'étira un long moment, durant lequel je fus incapable de la lâcher du regard, mon scone oublié. J'attendais la suite, gravant chaque information sur ma mère dans un coin de ma tête, afin de ne jamais les oublier.
C'était très peu, mais c'était certainement mieux que rien.
Androméda reposa sa tasse de thé vide sur le plateau et croisa à nouveau mes yeux, un sourire un peu crispé aux lèvres.
- Je pense qu'elle était une belle personne, Maellyn. Elle ne méritait pas ce qui lui est arrivé, pas plus que toi.
De toute évidence, elle m'avait dit tout ce qu'elle savait et mes entrailles se serrèrent. Ma mère restait une inconnue dont je ne connaissais quasiment rien, surtout comparé à tout ce que je savais sur Sirius Black.
Ma gorge se serra à nouveau. A part elle, mon père et Remus Lupin, qui pouvait se vanter d'avoir connu Judy Adler ? Elle devait bien avoir des amis ou encore un peu de famille aux Etats-Unis, sauf que trouver des moldus dans un pays aussi grand, sans plus d'information que le nom d'une femme décédée près de treize ans plus tôt, semblait frôler l'impossible.
La seule personne qui pourrait m'aider était en cavale et je doutais que Sirius Black soit assez idiot pour risquer d'être repris en entretenant une correspondance.
Si seulement je pouvais au moins obtenir un nom, juste un seul...
Burt White
Ma pensée fulgurante me fit l'effet d'une claque. Mes larmes refluèrent tandis que mon cœur se mettait à battre plus fort, diffusant ce qui ressemblait beaucoup à de l'espoir dans mes veines.
La lettre !
Androméda avait joué les messagères pour Burt White à notre arrivée pour les vacances de Pâques. Il était moldu – si je m'en tenais au papier de la missive –, elle devait l'avoir rencontré !
- Qui est Burt White ?
Androméda me dévisagea, ses yeux écarquillés et la bouche entrouverte.
Elle le connaît !
Je me redressai contre mes coussins, ma fatigue oubliée.
- Comment connais-tu ce nom ?
Elle semblait vraiment curieuse.
- Narcissa a brûlé la lettre que vous lui avez remis à Pâques, mais Draco a réussi à en sauver un morceau. Il ne restait pas grand chose de lisible, mais il y avait ce nom. Qui est-il ?
Elle me dévisagea à nouveau, un plis entre ses sourcils, avant de soupirer.
- Je te promets que je répondrai à cette question, Maellyn, mais pas aujourd'hui. Dans ton état, je crains que...
- Ne changez pas de sujet ! Qui est Burt White ?!
Mon ton agressif fit exploser le verre posé sur ma table de nuit, libérant de l'eau sur le parquet lustré. Un éclat de verre toucha ma joue et la soudaine douleur transforma ma colère en quelque chose de plus sombre.
Ma gorge se serra, puis un sanglot la déchira. Ma respiration devint incontrôlable – chaque bouffée d'air une torture – et le monde se mit bientôt à tanguer autour de moi, me donnant presque la nausée.
J'avais l'impression d'avoir un demi-million de questions et j'avais besoin de réponses, juste pour m'aider à mettre du sens au milieu du chaos dans lequel je vivais depuis près de deux semaines.
Androméda se releva lentement, ses mains levées, comme pour me montrer qu'elle ne me voulait aucun mal, alors que je voulais juste qu'elle me dise la vérité !
- Je vais aller chercher Narcissa. Je reviens.
Je voulus lui hurler de rester et lui rappeler que je ne voulais pas voir Narcissa – elle avait trop menti, pendant trop longtemps, pour que je veuille écouter ce qu'elle pourrait répondre – mais seul un râle quitta mes lèvres.
La porte s'ouvrit avant qu'elle ait pu la rejoindre, et Narcissa apparut à nouveau, les bras croisés sur sa poitrine, et l'air plus abattue que je ne l'avais jamais vue.
Elle joue la comédie, me souffla une petite voix dans ma tête, celle qui avait pris les intonations de Pansy au cours des derniers jours.
- Dis-lui, Androméda...
Un an plus tôt, j'aurais sans doute eu envie de pleurer en entendant sa voix tremblante et en la voyant détourner les yeux. Aujourd'hui, j'avais envie de lui jeter le plateau de thé en plein visage.
Je tournai la tête vers Androméda, me préparant au pire – puisque le meilleur semblait avoir disparu pour l'éternité –.
Elle mit un long moment à détourner les yeux qu'elle avait rivé sur sa sœur.
- Burt White est l'oncle maternel de Judy Adler, dit-elle finalement. Lui, ainsi que ton grand-père, étaient sur Londres il y a encore quelques mois.
Il me fallut quelques secondes pour comprendre toute sa phrase – ma mère avait encore de la famille ? J'avais un oncle et un grand-père, quelque part ? – mais quand mon cerveau eut enfin pris la pleine mesure de la réponse d'Androméda, je sentis presque physiquement une nouvelle pièce du puzzle trouver sa place dans les méandres de mes souvenirs.
J'ai vu Androméda Tonks hier, comme convenu. D'après elle, Lady Malefoy aurait effacé la mémoire de la famille moldue de Judy Adler, et les aurait renvoyés aux Etats-Unis sans autre forme de procès.
La voix de Miss Ross étaient aussi claire dans mon esprit que le jour où je l'avais entendue, mon oreille plaquée contre la porte du bureau du professeur McGonagall.
Mon corps se mit à trembler, hors de contrôle, et j'avais l'impression que mon cœur voulait s'échapper de ma poitrine en passant par ma gorge. Quand je rouvris les yeux, ma vision était trouble et comme obscurcie.
- Que leur as-tu fait ? grognai-je, ma voix terriblement rauque à mes oreilles.
Narcisssa semblait sur le point de s'écrouler, ce qui était sans doute une première, et elle s'accrochait à l'encadrement de la porte pour ne pas vaciller.
Elle resta toutefois silencieuse et un cri passa mes lèvres, précédent un frisson qui remonta le long de ma colonne. Un bruit de verre, suivi d'un courant d'air, m'apprit que ma magie venait de faire exploser les fenêtres derrière moi.
- QUE LEUR AS-TU FAIT ?!
Narcissa passa des mains tremblantes sur son visage, avant de se redresser.
- Je ne leur ai pas fait de mal. Je les ai juste renvoyés chez eux. Ils voulaient te voir, mais j'ai estimé que tu étais trop jeune pour apprendre la vérité, et j'avais raison. Essaye de retrouver ton calme, Maellyn, tu vas finir par te faire du mal...
Elle fit un pas vers moi.
- NON !
Ma magie m'échappa à nouveau, la projetant avec violence en arrière, l'éloignant de moi.
Je ne voulais pas qu'elle me touche, je ne voulais plus la voir, et je ne voulais plus jamais lui parler. Elle m'avait mentie, toutes ces années, et elle avait décidé de me priver de la famille de ma mère.
Ma famille.
Ils voulaient te voir.
C'était déjà beaucoup plus en quelques mois que les Lestrange en douze ans.
Ils voulaient te voir.
Je voulais les voir.
Lady Malefoy aurait effacé la mémoire de la famille moldue de Judy Adler, et les aurait renvoyés aux Etats-Unis sans autre forme de procès.
Existai-je seulement encore pour eux ? A quel point Narcissa avait-elle voulu les mettre hors d'état de nuire ?
Et s'ils ne se souvenaient plus de ma mère ? Si elle avait tout effacer ?
Un spasme me déchira le ventre et je n'eus même pas le temps de rejoindre le bord du lit avant que mon estomac ne se vide, remplaçant le goût du sang dans ma bouche par celui de la bile. Soudainement plus faible, je m'écroulai sur le côté, un voile noir obscurcissant peu à peu ma vision.
Je voulus lutter.
Arracher des détails à Narcissa. Savoir si, oui ou non, j'avais disparu aux yeux de ma famille moldue...
Echouai.
Je fus happer par le vide, encore, et j'accueillis l'inconscience avec un soupir de soulagement.
Ne plus penser, c'était ne plus souffrir, et j'avais besoin d'un répit.
Juste quelques secondes.
...
Samedi 25 Juin 1994, Manoir Malefoy, Angleterre.
Le reflet dans le miroir me donnait envie de hurler.
Narcissa avait beau avoir déniché une robe d'un rouge profond – une couleur que je portais rarement – c'était comme si rien n'avait changé.
Kristina – la coiffeuse attitrée de la famille – avait camouflé mon teint pâle et mes cernes avec beaucoup trop de maquillage pour une fille de mon âge – comme d'habitude, elle s'était abstenue de tout commentaire – et mes parfaites anglaises étaient de retour, tout comme mon éternelle frange.
La seule concession de Narcissa avait été le médaillon des Lestrange – que j'avais bien failli jeter au fond du lac à Poudlard –.
Je n'avais pas envie de descendre parader auprès des Vingt-Huit Consacrées. Je n'avais pas eu le droit de quitter mon lit depuis mon retour au manoir et voilà que je devrais passer la soirée à feindre que tout allait bien ?
Si j'arrivais à garder le contrôle sur ma magie jusqu'au départ des invités, ça serait sans doute un miracle.
Trois coups à ma porte annoncèrent l'entrée de Draco – très élégant dans un smoking noir surmonté d'une cape verte foncé, ses cheveux parfaitement plaqué en arrière – et je forçai un sourire sur mes lèvres pour atténuer le plis entre ses deux yeux.
Même s'il râlait depuis notre retour, nous savions tous les deux que sa fête d'anniversaire serait loin d'être banale ce soir. Il avait fêté ses quatorze ans au début du mois, il faisait désormais parti des grands, ceux qui avaient le privilège d'assister aux bals avec les adultes et de terminer la coupe de champagne distribuée au moment du toast.
Cela signifiait aussi qu'il était d'âge à se retrouver fiancé – même si l'annonce officielle ne serait pas faite avant ses dix-sept ans – et que son père n'allait sans doute plus tolérer ses caprices très longtemps. Il allait passé l'été à étudier ce qui pourrait lui être utile au moment de reprendre les reines de la fortune Malefoy, et peut-être même que Lucius allait l'initier à la Magie Noire, quitte à s'attirer une nouvelle fois les foudres de Narcissa.
Si la fête de ce soir n'avait pas été donnée pour son quatorzième anniversaire, je serais sans doute restée alitée et j'aurais laissé Narcissa se débrouiller avec les rumeurs.
J'avais essayé de l'envoyer au diable hier, quand elle était venue m'apporter ma robe repassée, et j'avais compris trop tard qu'elle n'avait plus le moindre espoir de réussir à m'amadouer.
Elle avait donc changer d'approche et je n'étais pas certaine d'aimer le retournement de situation.
- Il me semble que Draco ne mérite pas d'être puni, surtout pas quand il se montre aussi loyal envers toi. Tu as déjà brillé par ton absence à la célébration familiale, tu vas donc faire l'effort d'être présente à sa fête officielle, même si tu ne restes qu'une paire d'heures. Et avant d'imaginer la mise en scène d'un scandale digne des frasques de ton père, je te rappelle que le premier qui en pâtira sera Draco, pas moi.
J'avais serré les dents et j'avais gardé le silence, n'ayant plus d'arguments à énoncer pour échapper à la corvée mondaine.
Je serais là pour l'anniversaire de Draco – et sans doute devrai-je également me montrer lors de la fête en l'honneur de mon propre anniversaire – mais Narcissa pouvait toujours rêver si elle pensait que j'allais la suivre dans les fêtes qu'elle jugerait digne d'elle. Draco n'était pas le seul à pouvoir inventer des excuses improbables.
- Tu as l'air d'aller mieux, me souffla Draco.
- Il semblerait que Kristina soit plus douée pour me donner bonne mine que le mécidomage Perrin... Christopher est prêt ?
- Je crois qu'il est déjà en bas. On y va ?
Il me présenta son coude et j'y glissai ma main. Nous traversâmes le manoir en silence et rejoignîmes le hall d'entrée en quelques minutes. Comme souvent, Narcissa et Lucius portaient des vêtements coordonnées – une robe traditionnelle pour Lucius et une robe en dentelle pour Narcissa – d'un bleu profond, et Christopher était plus discret dans son ensemble gris anthracite.
Pour un peu, j'aurais pu croire qu'ils étaient tous en deuil. Narcissa préférait des couleurs plus claires une fois l'été venu.
Je saluai Lucius d'une révérence, ignorant la légère grimace qui avait salué mon arrivé au bras de son fils. Sans surprise, il ne s'était pas préoccupé une seule seconde de mon état de santé, ce qui était sans doute mieux ainsi. J'étais incapable de prédire de quelle façon ma magie aurait bien pu l'accueillir.
Je pris place à la droite de Christopher, ce qui m'éloignait le plus possible de Narcissa et j'inspirai profondément pour affronter la suite. Je n'avais pas envie d'être là, mais Christopher m'avait promis de m'aider à m'éclipser dès que possible.
Bien entendu, entre l'accueil des invités, le toast en l'honneur de Draco et l'heure de politesse, « dès que possible » ne voulait pas dire grand chose.
Les Flint furent les premiers à arriver, Caelina en tête. Elle serra Narcissa dans ses bras, puis nous embrassa chacun à notre tour.
- Tu es très élégante, Alya.
C'était la première fois que quelqu'un s'adressait à moi en utilisant ce prénom et une soudaine bouffée de chaleur m'obligea à baisser les yeux pour ne pas assassiner Caelina du regard.
Ce qui suivit m'apprit très vite que j'allais avoir du mal à tenir jusqu'au toast. La succession des invités, tous engoncés dans des tenues de plus ou moins bon goût, arborant des sourires particulièrement faux, et dont la grande majorité me dévisageait ouvertement, comme si j'étais un monstre de foire. Je n'arrivais pas à me souvenir s'il s'agissait d'une nouveauté, ou si la vérité m'avait juste ouvert les yeux, transformant ce que je prenais pour une forme d'admiration en du voyeurisme affiché.
Après tout, j'étais censée être l'héritière la plus en vue des Vingt-Huit Consacrées.
Quand les Parkinson arrivèrent enfin – Pansy éblouissante dans une courte robe argentée, ses bras recouverts de dentelles noires, ses parents vêtus de tenues bien plus traditionnelles et sobres – mon cœur semblait battre des tambours de guerre, le monde tanguait à chaque pulsation et j'étais à deux doigts de tourner les talons pour regagner ma chambre.
Elle me prit dans ses bras, manquant de m'étouffer tant elle était incapable de la moindre démonstration de délicatesse.
- Tâche de ne tuer personne ce soir, Black. Organiser ton évasion d'Azkaban risque des se révéler pénible.
Un sourire m'échappa et elle s'éloigna, non sans un dernier clin d'oeil, sa démarche assurée malgré sa paire de talons.
L'effet de son arrivée ne dura pas longtemps et quand elles revinrent à la charge, mes palpitations n'étaient pas loin de me voler mon souffle, sans parler de la sueur froide que je sentais couler le long de ma nuque. Magie ou non, le dos de ma robe n'allait pas tarder à être trempé.
Le bon côté, c'est que j'aurais une excuse pour quitter ce cirque.
Deloris finit par apparaître dans la cheminée, précédant ses deux frères comme à son habitude. Je la vis exécuter deux parfaites révérences devant Lord et Lady Malefoy, offrir son sourire le plus éclatant à Draco, en plus de ses meilleurs vœux d'anniversaire, avant qu'une expression plus neutre ne se glisse sur ses traits quand elle se tourna vers Christopher et moi.
Elle n'avait jamais été fan de Chris pour commencer – sûrement parce qu'aussi gentil soit-il, il était difficilement manipulable – et de toute évidence, elle m'en voulait encore pour avoir refusé de me confier après la Cabane Hurlante, quand il était évident aux yeux de tous que mon monde s'était écroulé.
Pansy s'était chargée de propager sa propre rumeur – j'avais été le Dernier Voeux de Sirius Black et la rencontre m'avait secouée – mais Deloris avait voulu des détails.
J'avais refusé, très sèchement. Elle s'était vexée et j'avais au moins eu la paix jusqu'au banquet de fin d'année.
Sa révérence se fit raide devant moi, et j'en fis de même sans même avoir besoin de me forcer. J'étais tellement crispée face au défilé des invités que mes mouvements manquaient certainement de grâce.
Après l'arrivée des Greengrass – Daphné semblait parfaite dans sa robe rose pastel – nous rejoignîmes la salle de balle. Chacune des familles des Vingt-Huit Consacrées méritaient d'être accueillies en personne, mais le reste des invités – une majorité de hauts fonctionnaires du Ministère à qui Lucius voulait sans doute présenter son fils unique – se contenteraient d'être annoncés par Parky.
Je fus presque immédiatement kidnappée par Pansy.
Elle m'attira vers les musiciens – l'orchestre habituel, qui devait assister à plus de fêtes d'anniversaires qu'Anthea Yaxley – et me dévisagea, ses yeux noirs perçants.
- Comment tu vas, petite ?
J'eus un sourire dur.
- Tu veux dire l'on ne peut pas lire ma joie de vivre sur chaque trait de mon visage ?
Elle haussa un sourcil et eut un rictus qui découvrit ses canines étrangement pointues. Elle ressemblait presque à une créature sauvage sur le point de se jeter sur une proie.
Et j'étais la proie.
- Inutile de gaspiller ton énergie à jouer les insensibles, Black. Tu es nulle à ce jeu-là pour commencer, et Draco m'a envoyé jusqu'à deux lettres par jour depuis la semaine dernière.
J'eus un soupir et je croisai les bras sur ma poitrine.
- Je suis en guerre ouverte avec Narcissa et je n'ai pas la moindre envie de devoir supporter tous les autres dans le grand salon.
Pansy s'adoucit légèrement.
- Draco m'a demandé de te tenir compagnie ce soir. Retrouve moi dix minutes après le toast de Lord Malefoy dans le hall. Et rassure-toi, j'ai déjà mis Yaxley au parfum.
- Comment ça ?
- Je lui ai promis mille souffrances s'il lui prenait l'envie de remettre votre dispute sur le tapis ce soir. Avec un peu de chance, Flint et Avery garderont aussi leurs distances et Draco est censé contenir la curiosité de Nott. Tu devrais être tranquille.
Je voulus la remercier, mais Christopher vint me chercher pour que je rejoigne Draco. Le toast de Lucius était imminent et ma place était avec eux.
Chris me tendit une coupe de Champagne et je me surpris à détailler les bulles délicates qui remontaient le long de la parois du verre d'une façon presque hypnotique.
Mon cousin se tenait entre ses deux parents, le visage rosi de plaisir – il aimait être au centre de l'attention – mais essayait malgré tout de garder un air détaché, fixant son regard quelque part au-dessus de la tête des invités.
Christopher et moi étions en bas de l'estrade, aux premières loges mais pas tout à fait autorisés à partager la lumière qui brillait sur les Malefoy ce soir.
Puisque je n'avais aucune envie de faire face à tous ces idiots de la société Sang-Pur, c'était sans doute pour le mieux, et cela valait aussi pour Christopher.
- Mes chers amis, salua Lucius, un sourire presque sincère aux lèvres. Merci à toutes et à tous d'êtres venus pour célébrer l'anniversaire de mon fils unique, et héritier, ce soir. J'ai parfois l'impression que c'était hier qu'il bouleversait nos vies, à sa mère et moi, et le voilà déjà sur le point de vivre une nouvelle naissance. Ce soir, tu fêtes tes quatorze ans, mon fils. Tu ne deviens pas encore notre égal, tu peux désormais y prétendre. Puisse cette soirée te porter chance et puisses-tu trouver ta place dans notre monde où tu es bien plus que le simple bienvenu. Joyeux anniversaire, mon garçon.
Lucius leva son verre avant d'attirer Draco dans une embrassade presque historique.
Je portai le Champagne à mes lèvres, juste après avoir répété mes vœux de bon anniversaire – que je pensais vraiment, ce dont tout le monde ne pouvait pas se vanter – et je bus deux longues gorgées. Les bulles explosèrent dans ma bouche, puis la fraîcheur céda la place à un goût fruité rappelant vaguement la poire et la noisette, avant que l'alcool prenne le dessus et devienne plus brûlant sur ma langue.
Je n'avais guère manger aujourd'hui – je n'avais simplement pas faim, et le dernier repas que Narcissa m'avait littéralement forcé à avaler avait fini dans les toilettes – aussi je sentis presque aussitôt la chaleur remonter de ma gorge jusqu'à mes tempes.
Le monde vacilla, agréablement cette fois.
Je n'étais pas censée terminer ma coupe – je n'avais pas encore quatorze ans – mais je me fichais particulièrement de ça ce soir, et je reposai mon verre vide en lançant un regard provoquant en direction de Narcissa.
La meilleure partie fut sans doute qu'elle me détaillait déjà et que je ne fus pas émue une seule seconde par son air réprobateur.
Quelques mois de cela, je me serais ratatinée sur moi-même à cette seule pensée, mais j'étais déjà pour ainsi dire punie – alitée comme je l'étais – et je voyais difficilement comment elle pourrait empirer ma situation.
Et une part de moi s'en fichait royalement.
Christopher me tendit son bras pour me conduire en direction du Grand Salon, et je pris une profonde inspiration pour affronter le pire.
J'étais la cousine de Draco Malefoy, tout le monde pensait que j'étais Alya Lestrange, nièce de Narcissa Malefoy. Je devais jouer le rôle d'hôtesse, comme je l'avais toujours fait depuis mes sept ans, quand bien même j'étais loin d'être assez âgée pour cela.
Deloris avait toujours eu un don pour toute cette mise en scène – du choix de la décoration, à celui de musique, en passant par des activités pour les plus jeunes – mais j'avais toujours trouvé cela pénible.
Ce soir, c'était sans doute pire que tout.
Christopher et moi furent les premiers dans le Grand Salon, décoré aux mêmes couleurs que la Salle de Bal – noir et vert, rappelant le blason des Malefoy –. Un buffet était aligné au fond de la pièce, regorgeant de canapés, de petites pâtisseries et de confiseries. La musique – provenant d'un tourne disque – ne tarderait pas à chasser le silence, tout comme les jeux des plus jeunes.
- Pansy veut que je la rejoigne dans dix minutes, soufflai-je à Christopher.
Il hocha la tête. Il m'avait promis la veille de faire diversion et de garder Deloris à distance – ce qui ne devrait pas être un problème – pour que je puisse m'eclipser le plus tôt possible.
J'avais prévu de trouver refuge dans la bibliothèque, mais Pansy avait sûrement une autre idée.
Nous fîmes vite rejoins par les autres. Deloris m'ignora complètement, perchée au bras de Blaise Zabini – qui ne fêterait ses quatorze ans que dans une semaine – et ce fut Sven qui m'adressa le regard le moins hostile.
Après une semaine passée dans ma chambre, le silence à peine troublé par la radio magique ou les lectures de Christopher, le bruit devint de plus en plus oppressant. Je n'attendis pas que les dix minutes s'écoulent et je ne pris même pas la peine d'attendre une diversion.
Je tournai les talons, et qu'importe si on me voyait partir – on finirait bien par s'apercevoir que j'avais disparu –.
Pansy était assise sur la première marche de l'escalier principal, sa nonchalance semblant mettre le reste de l'univers au défis de lui demander ce qu'elle faisait là.
- On y va ?
- J'enlève cette maudite robe avant.
Elle me jeta un regard moqueur avant de se lever.
- Je ne te pensais pas capable de pousser ta rébellion jusqu'au nudisme, petite.
Je ne pris même pas la peine de répondre et nous prîmes la direction de l'étage, Pansy en tête, comme si elle était la maîtresse des lieux.
Je ne fus pas assez rapide pour la stopper tandis qu'elle poussait la porte de mon ancienne chambre.
- Merlin tout puissant ! Que s'est-il passé ici ?!
Je jetai un coup d'oeil, surprise que Narcissa n'ait pas fit disparaître les dégâts d'un simple geste de baguette, puisque cela semblait être sa spécialité quand il s'agissait de maintenir les apparences.
Je ne leur ai pas fait de mal. Je les ai juste renvoyés chez eux. Ils voulaient te voir, mais j'ai estimé que tu étais trop jeune pour apprendre la vérité, et j'avais raison.
Je fermai les yeux une folle seconde.
Pas maintenant.
La pièce était méconnaissable. Les volets fermés et l'obscurité ne suffisaient pas à cacher le fait que les fenêtres n'avaient plus de vitres, que la bibliothèque avait subi une violente attaque, et l'odeur de brûlé était sans équivoque.
- J'étais en colère, soufflai-je finalement.
Pansy haussa un sourcil.
- Je vois ça. Draco n'est pas le seul à avoir un sale caractère de toute évidence.
- Tu peux parler.
Elle se contenta de sourire et me suivit jusqu'à ma nouvelle chambre, plus proche de celle de Draco, au bout du couloir.
Narcissa avait fait déplacer mes vêtements dans le dressing et j'attrapai un short et un tshirt datant de notre voyage dans le monde moldu, l'été dernier.
Etait-ce parce que mes origines venaient en partie de ce monde que je m'y étais sentie aussi bien ?
J'aurais sans doute encore plus profiter de mes vacances si j'avais su la vérité.
Il ne me fallut qu'une minute pour changer de tenue et quand je revins dans la chambre, Pansy reposait le dernier roman que Christopher m'avait lu avec une grimace de dédain.
- Où se trouve ce fameux observatoire ?
Je me figeai.
L'observatoire était sans doute l'endroit que j'avais toujours préféré au manoir, d'aussi loin que je puisse me souvenir. Draco et moi y avions passé de longues soirées avec Narcissa, à apprendre le noms des étoiles et des constellations en buvant un chocolat chaud pour lutter contre le froid apporté par le vent.
Qui pouvait me dire que ma magie ne détruirait pas la tour cette fois ? Outre le fait que je gâcherais la soirée de Draco, je serais aussi certaine de passer tout l'été dans ma chambre.
Pansy me détailla et son expression s'adoucit.
- Je trouve que la place d'une Black est sous les étoiles, mais on peut aussi s'enterrer dans cette bibliothèque de malheur, et lire des manuels de Métamorphose jusqu'à succomber d'ennui.
Comme pour me faire une démonstration, elle se laissa tomber en arrière sur le matelas.
Un éclat de rire m'échappa malgré moi.
- Etant donné que je n'ai pas le droit de lire autre chose que des romans insipides – et quand je dis lire, je suis généreuse – ça constituerait un plus grand acte de rébellion que ce que tu sembles penser.
Elle releva la tête, son regard noir étrangement brillant et une sourire dangereux à nouveau sur ses lèvres.
- Oh, ne t'inquiète pas, j'ai tout prévu pour faire enrager Lady Malefoy.
Ce fut sans doute parce que je savais qu'elle menait une vendetta sans pitié contre sa propre mère que je sentis mes réticences battre en retrait.
- Très bien...
Elle fut sur ses pieds en un bond.
- Après toi, très chère.
Il faisait plus frais que ce que j'imaginais au sommet de la tour d'observation et ma tenue n'était pas une alliée. Pansy semblait de mon avis car elle se précipita vers les malles et me lança une couverture en plein visage, rien face à mes mauvais réflexes, avant de venir me rejoindre, une bouteille de champagne dans sa main gauche.
- D'où sors-tu ça ?!
- Selon toi, petite ?
Je compris que Draco s'était encore faufilé dans les cuisines à l'insu des elfes pour mettre une bouteille de côté, ce qu'il faisait à chacun de ses anniversaires depuis son entrée à Poudlard.
Pansy se battit un peu avec le bouchon et faillit bien en mettre partout, avant de porter la bouteille à sa bouche et de boire une longue gorgée.
- Lucius Malefoy a une panoplie de défauts, mais il s'y connaît en matière d'alcool.
J'attrapai la bouteille et je l'imitai. Le champagne me fit une nouvelle fois tourner la tête et je m'affaissai contre les coussins.
- C'est Narcissa la vraie connaisseuse, soufflai-je. Les Black ont un fin palais et la seule chose en laquelle Lucius est un expert est la cruauté gratuite.
Pansy me dévisagea, avant de hausser les épaules et de tendre sa main vers la bouteille, impérieuse.
- Je suppose que je ne suis pas vraiment surprise.
Enveloppée dans ma couverture, l'alcool faisant battre mon cœur un peu plus vite, et les étoiles au-dessus de nous, je me sentais calme pour la première fois depuis la Cabane Hurlante.
Comme si rien ne pouvait m'atteindre ici.
- J'ai une surprise pour toi, moi aussi, reprit finalement Pansy, quelques gorgées de champagne plus tard et sans avoir essayé de meubler le silence, ce qui était une habitude chez elle.
Elle sortit un petit paquet de la pochette assortie à sa robe et me le lança.
Je le saisis au vol, surprise de voir que j'avais encore quelques réflexes, et je fus incapable de me souvenir à quoi le « n°6 » faisait référence. En l'ouvrant, je découvris de petits tubes blancs et je relevai la tête vers Pansy.
Elle me fixait, l'air particulièrement fière d'elle.
- Où as-tu eu ça ?
Elle eut un sourire en coin.
- J'ai des contacts, petite.
- Sérieusement !
Elle sembla se délecter de me laisser dans le noir et garda le silence pendant un long moment.
- Disons simplement que lorsqu'on sait à qui demander, on peut acheter beaucoup de choses venant du monde moldu à Poudlard. A quel point Lady Malefoy sera furieuse si elle découvre que tu as fumé ?
Je baissai les yeux vers le paquet entre mes mains. Narcissa avait toujours trouvé que fumer était une habitude vulgaire, et la société Sang-Pur dans sa globalité regardait l'acte comme indigne. Certains hommes fumaient le cigare – produit à fort coût en Amérique du Sud – mais je ne me souvenais pas avoir vu une seule femme s'y risquer.
Il était fort possible que je reçoive la pire leçon de morale possible, surtout si c'était Lucius qui me surprenait.
Je sortis une cigarette du paquet.
- Comment ça marche ?
Pansy me fit un clin d'oeil et me prit la cigarette des mains, puis sortie une petite boîte d'allumettes de sa pochette. Elle craqua une allumette, alluma le bout de la cigarette et prit une ou deux bouffées, avant d'expirer un nuage de fumée dont l'odeur me fit grimacer.
Je n'étais pas vraiment surprise de la voir si assurée dans ses gestes.
- C'est assez simple. Tu aspires comme si tu buvais à la paille, tu gardes la fumée dans ta bouche quelques secondes, tu inspires, puis tu souffles. Je te conseille de prendre des petites bouffées au début, ou tu risques d'être vraiment malade.
Elle me tendit la cigarette et je la portai à mes lèvres, mon cœur battant plus fort dans ma poitrine.
Un mois plus tôt, je n'aurais jamais imaginé faire ça un jour, encore moins quand le gratin de la société Sang-Pur se trouvait dans la salle de balle, quelques étages plus bas.
Voir Pansy faire avait semblé facile, la pratique était une autre histoire. La fumée était presque brûlante dans ma bouche, le goût était nouveau – et amer –, et je me fis violence pour ne pas tout recracher à la seconde où se fut dans ma bouche.
Inspirer la fumée s'avéra une très mauvaise idée.
Une quinte de toux m'arracha la gorge et me donna l'impression que j'allais littéralement vomir mes poumons sur la terrasse de l'observatoire. Quand je pus enfin retrouver mon souffle, la cigarette continuait de se consumer par terre, mes joues étaient humides et mes yeux brûlants, et j'avais la nausée.
Je réalisai finalement que Pansy était écroulée de rire contre les coussins, son visage caché entre ses mains et incapable de retrouver son calme.
Je faillis vider la bouteille de champagne sur elle, mais je me ravisai et avalai une longue gorgée dans l'espoir de soigner ma pauvre gorge.
Aurai-je repris une bouffée de fumée que cela n'aurait pas été pire.
J'eus une nouvelle quinte de toux, interminable, et le fou rire de Pansy sembla repartir de plus belle.
Il me sembla qu'une éternité passait avant que je ne puisse me redresser à nouveau et attendre que Pansy arrête de se moquer de moi en la fusillant du regard.
- Je savais que ça serait une catastrophe ! Mais si ça peut te rassurer, tu t'en es mieux sorti que Draco : il a vomi.
Cela ne me fit pas me sentir mieux – au contraire, mon estomac se serra par sympathie, comme si l'idée lui semblait intéressante – et j'aurai bien aimé que mon cousin soit là pour me raconter à quel point Pansy avait été malade la première fois qu'elle avait fumé une cigarette.
Même s'il y avait de bonnes chances pour qu'elle s'y soit risqué seule, afin de n'avoir aucun témoin.
Dans tous les cas, j'aurai aimé pouvoir boire de l'eau et calmer ma gorge douloureuse.
Pansy, elle, porta ce qui restait de la cigarette à sa bouche et expira la fumée dans ma direction avec un air goguenard.
Un mois plus tôt, je lui aurai tiré la langue.
Je choisis de lui tendre mon majeur. Mon geste eut au moins le mérite de sincèrement la choquer, avant qu'un sourire en coin n'étire ses lèvres.
- Tu apprends vite, Black. Tu ne tarderas pas à devenir une vraie petite sauvage.
Malgré moi, j'eus un sourire et je m'affalai un peu plus contre les coussins, et portai mon regard vers les étoiles au-dessus de nous.
Bellatrix était absente, comme tous les étés, et c'était également le cas de Sirius. Je retrouvai sans mal beaucoup d'étoiles qui apparaissaient dans l'arbre généalogique des Black, et à défaut de la constellation Canis Major, Androméda et Alphard me donnèrent l'impression de veiller sur moi.
Car il était presque inévitable que je marcherais un jour dans leurs pas, moi qui n'était qu'une Illégitime et la fille unique du plus grand rebelle de sa génération.
La tête de Pansy roula sur mon épaule, et son doigt désigna la constellation d'Andromède.
- Draco m'a dit que tu avais reçu sa visite, cette semaine.
Mon cœur s'accéléra à peine et j'eus juste un soupir lasse. Draco n'avait pas semblé aimer ce que je lui avais raconté quand je lui avais expliqué tout ce que sa tante m'avait appris. Christopher m'avait expliqué ce matin qu'il avait été encore plus désagréable que d'habitude envers sa mère, ce qui semblait compliqué à accomplir étant donné ses derniers exploits.
Je fermai les yeux, réalisant un peu tard que mes tempes pulsaient étrangement, et que j'avais plus chaud que ce que je devrais étant donné le vent frais.
Sûrement l'alcool.
- Je ressemble à ma mère, au moins physiquement. Elle était blonde, rebelle et américaine. Mes parents étaient amoureux. Narcissa a effacé la mémoire des deux seuls membres de ma famille qui me restent. Je crois que je la hais plus que Bellatrix, et elle a tué ma mère.
Je rouvris finalement les yeux. Le visage de Pansy était particulièrement proche du mien, et j'eus l'impression de pouvoir lire les pensées qui se formaient dans ses yeux noirs.
Elle eut une grimace, déglutit, puis se redressa pour attraper la bouteille de champagne et me la tendre.
- Je crois que tu as bien mérité de terminer ça, petite.
- Ça ne va rien arranger.
- Non. Mais avec un peu de chance, tu auras un mal de crâne ravageur demain et tu ne seras pas en état de planifier l'assassinat de Narcissa Malefoy.
Je pris la bouteille et avalai une nouvelle gorgée.
- Merci, Pansy.
Elle haussa les épaules et désigna les étoiles d'un signe du menton.
- Donne-moi le nom d'une étoile, Black. J'ai trouvé un livre d'histoire salace sur l'astronomie dans la bibliothèque de mes parents. Certaines sont à mourir de rire.
Rire s'avérait difficile depuis la Cabane Hurlante, mais Pansy était bonne conteuse et cela me donnerait quelque chose à quoi penser en attendant que l'alcool transforme mon cerveau en pudding.
- Polaris...
…
Mercredi 29 Juin 1994, Manoir Malefoy, Angleterre.
Quelque chose de frais était posé sur mon front mais le reste de mon corps me semblait particulièrement lourd. Lever ne serait-ce qu'un doigt me paraissait hors de portée, sans même parler d'ouvrir les yeux.
L'appel de l'inconscience était, lui, presque irrésistible, et il m'avait presque emportée à nouveau quand quelque chose d'humide caressa mon visage. De l'eau passa mes lèvres, juste assez pour m'obliger à déglutir et l'effet fut immédiat.
Mon estomac se contracta douloureusement, ma gorge se serra et si quelqu'un ne m'avait pas aidé à basculer sur le côté, je me serais sans aucun doute vomi dessus.
L'odeur âcre failli être de trop, mais elle disparut presque aussitôt et je rouvris les yeux difficilement. Le monde était flou, la lumière agressive et tout cela faisait déjà beaucoup trop pour moi.
- Miss Lestrange, comment vous sentez-vous ?
La voix m'était inconnue et je ne pus qu'émettre un gémissement, ma langue trop malhabile pour autre chose.
L'inconnue m'aida à me redresser en douceur, passa à nouveau un linge humide sur mon visage, puis agita sa baguette au-dessus de moi pendant une longue minute.
- Vous vomissez tout ce que vous avalez, Miss. Je vais vous administrer une potion d'une autre façon. La sensation est désagréable, mais indolore.
Je dus fournir un véritable effort pour ne pas sombrer, luttant pour garder mes paupières ouvertes et ne pas m'évanouir à nouveau.
Un nuage de couleur passa dans mon champ de vision, précédent une sensation de chaleur le long de mon bras gauche, puis des picotements qui remontèrent de mes doigts jusqu'à mon épaule.
L'effet fut toutefois immédiat : ma vision redevint nette, ma fatigue se fut moins oppressante et j'eus l'impression que le brouillard qui entourait mon cerveau s'était levé, au moins en partie.
- Mieux ? me demanda la femme.
Brune, les cheveux frisés, le visage rond et une tenue d'infirmière, elle devait avoir une cinquantaine d'années.
J'hochai la tête, mais ses yeux clairs continuèrent à me dévisager avec attention.
- Vous avez fait une belle frayeur à votre tante et au Médicomage Perrin, Miss.
J'essayai de remonter le fil de mes souvenirs et échouai à trouver autre chose que de vagues sensations – froid, chaud, douleur –.
- Que m'est-il arrivé ?
- Selon toute vraisemblance, vous avez bu plus que de raison lors de la fête d'anniversaire de votre cousin. Vous avez été malade le lendemain, sauf que les vomissements ne sont pas calmés après vingt-quatre heures, et que vous rejetiez tout ce que vous avaliez, y comprit de l'eau...
Je n'avais aucun souvenir de tout cela.
- Suis-je malade ?
Le visage de l'infirmière devint grave.
- Si c'est le cas, le médicomage Perrin ignore encore de quelle maladie vous souffrez... Votre tante est partie le faire prévenir pour qu'il vous ausculte maintenant que vous êtes consciente. Avez-vous des douleurs ?
Je me sentais fatiguée et mes pensées passaient au ralentit dans mon cerveau, mais, mise à part ma gorge en feu, le reste de mon corps semblait indemne.
- J'ai juste mal à la gorge.
Ma voix avait rarement été aussi rauque.
- Oui, c'était à prévoir...
J'aurais aimé pouvoir boire un verre d'eau, mais mon estomac se tordit à la seule pensée, et je n'eus pas le temps de le faire remarquer à l'infirmière, car la porte de ma chambre se rouvrit sur la petite silhouette du médicomage Perrin, suivit par Narcissa.
- Miss Alya, comment vous sentez-vous ?
- Ça peut aller.
- Nous allons vérifier ça, n'est-ce pas ?
Il passa un long moment à agiter sa baguette au-dessus de moi, conjurant des formes et des couleurs auxquelles je ne sus donner sens, avant de prélever un peu de sang et de faire des mélanges avec différentes potions.
- Mise à part une légère déshydratation et quelques signes de malnutrition dus à tous vos vomissements, vous êtes en parfaite santé. J'ignore ce qui provoque votre état, Alya. Il y a-t-il quelque chose que vous ne m'auriez pas confié dimanche ?
Je ne me souvenais que très vaguement ce que j'avais bien pu lui dire ce jour-là pour commencer, mais s'il ignorait ce que j'avais, j'étais dans le même cas que lui.
La contrariété avait toujours eu tendance à me couper l'appétit et j'étais clairement plus qu'abattue par tout ce que j'avais appris ces dernières semaines...
Peut-être était-ce cela, peut-être étais-je vraiment malade...
Dans tous les cas, je n'avais pas l'énergie pour penser à ça.
Je secouai la tête, espérant que cela suffirait à mettre fin à sa visite.
Il me détailla une minute de plus, puis se tourna vers Narcissa avec un soupir.
- Madame Crane continuera d'administrer des potions à votre nièce pendant quelques jours, puis nous essaieront de la réalimenter petit à petit. Il ne reste que la piste d'un méchant virus et il faut laisser le corps l'évacuer...
Elle eut un sourire crispé.
- Je m'en remets à votre expertise. Puis-je avoir un instant avec ma filleule ?
- Bien sûr.
Je fermai les yeux avec un soupir. J'étais malade et je voulais juste me rendormir en espérant que le sommeil effacerait le reste.
Ça n'avait pas très bien marché jusqu'ici, mais cela ne faisait pas de mal d'espérer.
- Je sais que tu ne dors pas, Maellyn. Plus tu vas m'ignorer, plus je vais rester longtemps.
Je fis mine de ne pas l'avoir entendue et gardai les yeux fermés.
Seulement, la potion que l'infirmière m'avait donnée était plus efficace que ce que je pensais, et je me sentais plus réveillée à mesure que les secondes passaient.
- Maellyn ?
J'eus un soupir agacé.
- Quoi ?!
Elle haussa un sourcil face à mon regard noir, même si je le connaissais assez pour savoir que ses yeux soulignés de rouge et son teint trop pâle racontait une autre histoire que l'indifférence.
- Je ne sais pas ce que tu essayes de prouver en te rendant aussi malade, mais à part passer les deux prochains mois dans ce lit, cela ne va pas t'apporter grand chose.
- Je m'en fiche, grinçai-je. Va t'en maintenant !
- Je crois que tu ne comprends pas, Maellyn. Je savais que tu étais trop jeune pour apprendre la vérité, et si je dois t'effacer la mémoire pour que tu ailles mieux, je n'hésiterais pas.
Je serrais les poings.
- Je suis sûre que mon père sera ravie de l'apprendre ! Avec un peu de chance, il deviendra même le meurtrier que tout le monde croit !
Elle eut un sourire froid, celui qu'elle réservait à Lucius quand il dépassait les limites.
Je n'arrivais même pas à avoir peur.
- Si c'est cela ou apprendre que sa fille unique s'est laissée mourir de faim pour protester contre l'injustice qu'est sa vie, je pense qu'il se rangera à ma décision. Et puisque l'on parle de lui, tu as reçu une lettre pendant que tu étais inconsciente. Ne la laisse pas traîner n'importe où.
Elle déposa un morceau de parchemin sur mon lit puis se leva, avant de quitter la pièce d'une démarche raide.
La porte se referma un peu sèchement et j'attrapai la lettre, mes mains tremblantes et une nouvelle douleur au niveau de la gorge qui n'avait plus rien à voir avec mes trop nombreux vomissements.
C'était une chose de savoir que Sirius Black avait réussi à s'échapper de Poudlard quelques minutes avant de recevoir le Baiser du Détraqueur, c'en était une autre d'avoir une preuve qu'il était bel et bien vivant, quelque part.
Encore plus de la tenir entre mes mains.
Maellyn,
J'espère que cette lettre te trouvera rapidement. Les sorciers d'ici utilisent des oiseaux tropicaux à la place des hiboux, et j'ignore s'ils sont capables de faire des vols longs courriers...
Je te demande pardon pour t'avoir abandonner aux Détraqueurs à Poudlard. Une occasion s'est présentée pour que je puisse m'échapper et je savais que tu étais en sécurité. McGonagall et Dumbledore n'auraient jamais permis qu'ils te fassent du mal. Je ne crains rien là où je suis. Je doute que les Aurors ou les Détraqueurs me retrouvent, et je fais profil bas. Remus s'est mis en tête de retrouver Pettigrow et de me faire innocenter. Je doute qu'il y parvienne, même avec de l'aide mais, qui sait ?
Je suis inquiet pour toi, chaton... Je sais à quel point la vérité te concernant est difficile à accepter. J'ai cru devenir fou quand Narcissa m'a appris que Bellatrix était derrière ton enlèvement et la mort de Judy, et je n'ai jamais souhaité que tu découvres tout de cette façon.
Tu es en train d'abandonner, ma fille. Harry et toi, vous êtes tout ce qui me reste. Tu es tout ce qui reste à Grant et Burt. Tu es à moitié Adler, tu es assez forte pour aller de l'avant, et c'est la seule façon de faire échouer Bellatrix. Elle serait trop heureuse d'apprendre qu'elle a détruit ma fille unique et l'héritière Illégitime des Black.
Tu dois vivre, Maellyn. Je peux voler vers le nord et rejoindre le manoir Malefoy s'il le faut, et tu peux m'écrire quand tu veux, mais tu dois vivre.
Judy t'aimait, plus que ce que tu peux imaginer. Tu es devenue la personne la plus importante à ses yeux dès que tu as poussé ton premier cri, et je regrette plus que tout que tu ne l'ais que si peu connue, mais elle n'aurait pas voulu que tu te tues à petit feu. Merlin en soit témoin, elle t'aurait maudite et menacé des pires atrocités, et c'est sans parler de ce que James t'aurait réservé... Il ne reste que moi, chaton, et je suis incapable de te menacer de quoi que ce soit.
Accroche-toi. Ca ne fera jamais moins mal, mais on finit par s'habituer. J'ai bon espoir de faire payer Bellatrix, peut-être même y parviendras-tu avant moi, et je pense qu'elle souffrira plus qu'avec un Doloris si sa parfaite petite héritière la rejette.
J'attends ta réponse, chaton.
Je t'aime,
Papa.
A la fin de ma lecture, ma vision était à nouveau floue, mais j'ignorais les larmes le long de mes joues pour la relire à nouveau, savourant chaque mot, même si mon cœur semblait se briser un peu plus à chaque lettre que je retraçais des yeux.
J'étais soulagée d'apprendre qu'il était en sécurité, là où il était – sûrement dans un pays chaud s'il avait utilisé un oiseau tropical – et il risquait beaucoup moins d'être repris s'il avait enfin quitté le Royaume-Uni.
Et pour le reste de la lettre...
Narcissa avait dû lui dresser un tableau bien noir pour qu'il me propose de me rejoindre au manoir, qu'importe que cela soit un risque stupide – peut-être même espérait-elle qu'il se précipite à mon chevet pour le vendre aux Aurors –.
Pourtant, j'aurais aimé qu'il soit là.
Juste pour que je me sente un peu moins seule.
Ma mère avait beau m'avoir aimé, elle était morte, et il était la seule famille qui me restait – et après douze ans à Azkaban, c'était sans doute un miracle qu'il soit toujours vivant et qu'il se souvienne de mon prénom –, en plus de deux hommes moldus qui s'étaient vus effacer la mémoire.
Il y avait Draco et Christopher, mais ils ne comprenaient pas vraiment.
Ils n'avaient pas à affronter le vide qui menaçait mon équilibre à chaque instant.
Tu es en train d'abandonner, ma fille.
Un frisson secoua mon corps, si violent que mes dents claquèrent. J'essuyai mes joues humides, réalisant au passage à quel point mes traits s'étaient creusés.
Si c'est cela ou apprendre que sa fille unique s'est laissée mourir de faim pour protester contre l'injustice qu'est sa vie, je pense qu'il se rangera à ma décision.
Je déglutis et l'espace d'une folle seconde, la peur emplit le vide en moi à la façon d'un orage soudain, et me laissant incapable de bouger pendant ce qui me sembla une éternité,
Je ne voulais pas mourir.
Je serrai la lettre contre ma poitrine et laissai les larmes alléger mon âme.
J'allais m'accrocher.
…
Vendredi 31 Juin 1994, Manoir Malefoy, Angleterre.
Narcissa apparut au milieu d'un bosquet de tilleul et elle dut se débattre avec les branches pour retrouver le trottoir, puis marcher quelques minutes, remontant la rue où Androméda vivait.
La vue de sa petite maison aux volets bleus, les fenêtres ornées de jardinières fleuries, lui laissa un drôle de goût dans la bouche.
Si elle se risquait à fermer les yeux, elle était certaine qu'elle revivrait sa visite de la semaine dernière, dans les moindres détails.
L'état de Maellyn ne lui avait pas laissé le choix. Elle avait été obligée de venir trouver Androméda, de la supplier qu'elle l'aide à apaiser sa filleule, au moins un peu.
- Tu penses qu'elle te haie, n'est-ce pas?Attends un peu de voir ce qu'elle te réservera quand elle découvrivra ce que tu as fait à sa famille moldue.
Son cœur se serra au souvenir des mots prophétiques et il lui fallut réussir un véritable numéro d'équilibriste pour ne pas se laisser emportée par le reste.
Elle avait encore du mal à bien circonscrire ce que cela recouvrait.
Elle repoussa donc ses épaules en arrière, réajusta le col de sa robe et releva le menton tandis qu'elle appuyait sur le bouton de la sonette.
La porte s'ouvrit sur sa sœur, son expression trop neutre pour qu'elle ne se montre pas méfiante, au moins un peu.
- Bonjour, Androméda.
- Bonjour, Lady Malefoy. Après toi.
Andy se décala pour la laisser entrer et elle prit la direction du salon. La maison était calme, les voilages des fenêtres tremblaient au fil de la légère brise. L'odeur du thé fraîchement servi l'incita à s'installer sur le canapé à côté de la table basse en bois clair.
Androméda prit place sur le fauteuil le plus éloigné d'elle.
- Alors, comment va ma chère petite cousine ?
- Mieux. Le Médicomage Perrin a bon espoir d'arrêter les potions en fin de semaine, et peut-être pourra-t-elle quitter son lit par la même occasion.
Androméda eut un sourire dur, parfaitement assorti à un regard sombre.
- Toi qui voulais tant la protéger... Si la vérité ne la rendait pas aussi malade, je trouverai tout cela bien mérité pour toi.
Elle porta sa tasse à ses lèvres, mais l'eau était encore trop chaude, ce qui l'obligea à répondre.
- Je crois que j'ai déjà exprimé mes regrets sur cette question, siffla-t-elle. Si nous pouvions...
- Passé à autre chose ? la coupa Androméda, un sourire provoquant aux lèvres. C'est ce que tu comptes dire à Maellyn également ? Parce qu'au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je doute qu'elle puisse un jour passé à autre chose.
Elle serra les dents, ferma les yeux quelques secondes, et réussit à reprendre le contrôle sur ses émotions.
Viviane, elle savait tout cela. Elle pouvait le lire dans le regard meurtrier – presque fou – de sa filleule les rares fois où elle avait pu le croiser.
Elle n'avait pas besoin qu'Androméda le lui rappelle.
Elle affronta sa sœur du regard pendant un long moment. Son air hostile était devenu la norme quand elles se voyaient maintenant. Androméda semblait décidée à lui rappeler ce qu'elle avait fait pour le restant de ces jours, comme si elle s'était déclarée comme la gardienne de ses regrets.
Comme si Maellyn allait lui permettre d'oublier.
Elle se lassa en premier du silence. Elle avait laissé Maellyn seule sous la surveillance des Elfes – ce qu'elle n'aimait pas – et, après tout, elle était celle qui avait voulu ce rendez-vous.
- As-tu pu te renseigner à propos de Adler et White ?
Le visage de sa sœur s'assombrit davantage, affirmant sa ressemblance avec Bellatrix, les coins de ses lèvres frémirent – comme si elle contenait difficilement un rictus – et la porcelaine tinta sèchement.
- Ils ont disparu.
Elle sentit le sang quitter son propre visage et elle dut prendre sur elle pour ne pas perdre son sang-froid, si malmené ces derniers jours.
- Comment cela ?
- Ils m'avaient laissé leur numéro de téléphone aux Etats-Unis, dans le cas où tu prendrais des mesures drastiques, et ce dernier n'est plus attribué.
- Peut-être t'ont-ils donné un faux numéro.
- J'ai réussi à les joindre, peu de temps après que tu les as bannis de Londres. Madelyn McGonagall cherche de son côté, mais si elle échoue à retrouver leur trace, tu vas devoir expliquer à Maellyn que tu l'as sans doute privée de sa seule famille maternelle.
Elle reposa sa tasse de thé sur la table basse pour éviter que ses mais tremblantes ne renversent du thé sur le tapis. Il lui fallut une minute de plus pour reprendre le contrôle sur sa respiration.
Elle avait été prudente. Même si Grant Adler avait été difficile à corrompre – Merlin, le crâne de cet homme était plus épais que celui d'un Troll –, elle avait fini par le convaincre que Maellyn était en France, vivante mais introuvable, et que c'était une simple fausse piste qui les avaient menés à Londres. Elle lui avait laissé la certitude que sa petite-fille était vivante mais avait effacé toutes ses rencontres avec Androméda ou Nymphadora, usant à la fois de la Légilimentie et du sortilège d'amnésie.
Elle était certaine de ne pas avoir touché au reste – elle avait préféré prendre plus de temps mais être prudente – quand elle aurait pu se contenter d'effacer les six derniers mois d'un seul coup de baguette.
Toutefois, elle avait entrevu une partie de la vie de Grant et Burt, entre trafics et magouilles en tout genre, et peut-être avaient-ils fait un mauvais choix de trop.
Morgane en soit témoin, aucun des deux ne lui avaient donné l'impression d'être la raison incarnée.
- Miss Ross devrait visiter les prisons d'Idaho, dit-elle finalement, la voix tremblante.
- Je ne manquerais pas de lui faire passer le message, et j'espère pour toi qu'il s'agira de la bonne piste. Maellyn ne te le pardonnera jamais autrement.
Elle ferma les yeux pour ne pas se laisser emporter par la possibilité que la haine de Maellyn devienne permanente – et que jamais elle ne redevienne Nani à ses yeux – puis prit une profonde inspiration.
Elle n'allait pas abandonner, que ce soit Maellyn – sa filleule souffrait, par sa faute, mais cela ne signifiait pas qu'elle n'était pas capable de l'aider, même si elle devait se battre avec elle –, la famille de Judy Adler – elle les avait trouvés une fois, elle engagerait le meilleur détective privé des Etats-Unis s'il le fallait – ou encore Sirius – lui aussi était en colère contre elle, principalement à cause de ce qu'elle avait fait aux Adler, mais elle allait s'assurer qu'il ne soit pas repris, même si elle devait l'enfermer quelque part pour qu'il se montre raisonnable –.
Elle avait maintenu sa famille à flot, envers et contre tout, à la fin de la guerre.
Elle en avait vu d'autres.
…
Je tiens à préciser que j'étais aussi surprise que Narcissa par la tournure des événements concernant la famille de Judy. Ce n'était pas prévu !
Je vous avoue que j'attends avec pas mal d'impatience votre retour sur cette nouvelle partie (parce que je l'aime beaucoup, même si je suis obligée de pondre des monstres un peu trop souvent…)
Et sinon, quelles sont vos pensées sur:
- La (ou plutôt les) confrontation entre Narcissa et Maellyn. Heureusement pour Narcissa que les regards ne peuvent pas tuer…
- Draco qui prend le parti de Maellyn avec mordant.
- Maellyn en mode very bad trip qui me fend le coeur.
- Le retour de Christopher, ce cher petit que j'aime tant(et je sais que vous aussi).
- La visite d'Androméda (c'était un peu doux-amer à écrire pour être tout à fait honnête)
- La soirée entre fille de Pansy et Maellyn (qui me donne des vibes d'une dynamique à la James/Sirius que je ne saurais expliquer).
- La lettre de Sirius, of course (je ne suis pas cruelle).
- La petite surprise des Adler (qui ne m'a pas fait rire sur le moment).
Je prends les dons de câlins pour Maellyn cette semaine, je pense qu'elle en a besoin…
Les reviews marchent très bien pour me remonter le morale et me motiver. Alors à vos claviers!
En attendant la suite, je vous invite à aller faire un tour du côté du UA complet de cette histoire : There will be time.
See you !
Orlane.
Mis à jour le samedi 15/02/2020
