Disclaimer : Les personnes trans sont tous·tes merveilleux·euses. Celleux qui oeuvrent contre leurs droits méritent qu'on leur crache au visage.
Attention: Rated T pour le langage et les scènes violentes.
RàR :
Katimyny :
Coucou ! Merci beaucoup pour ta review ! Et oui, la vie se dresse entre moi et ce site ces derniers temps ^^ Je suis contente que le dernier chapitre t'ait plu ! J'aime bien m'appuyer sur les points de vue des différents adultes pour élargir un peu l'histoire et ne pas rester bloquer à Poudlard ! Je suis d'accord, il y a beaucoup de choses à creuser du côté du passé de Sirius et de ce que son retour Square Grimmaurd peut provoquer chez lui (pauvre, pauvre bichon).
Dans ma tête, la dernière fausse couche de Bellatrix est un moment pivot de sa folie, mais je ne vais pas manquer de développer ce sujet-là aussi. Je te laisse avec la suite ! Bonne lecture !
Merci à Katimyny, tzvine, Surion1243,Tiph l'Andouille, henrismh, jane9699 et Sun Dae V pour leur review. Sans vos messages, j'aurais eu encore plus de mal à mettre à jour ici !
Bonjour à toutes et à tous !
Tout d'abord, une bonne année à tous·tes. Je ne vais pas me risquer à fâcher le destin en vous souhaitant des trucs trop exotiques pour 2022, mais déjà un peu plus de douceur, ça serait pas mal, non ?
De mon côté, je me souhaite de terminer l'écriture de Supernova et de faire en sorte que Gravity ne devienne pas trop incontrôlable quand je me remettrais à plancher dessus.
Depuis la dernière fois, j'ai quand même réussi à ajouter un chapitre de plus à cette histoire (non sans mal) et je devrais attaquer le dernier sous peu !
Je vous laisse avec la suite, bonne lecture !
La honte doit changer de camp.
Si vous ne laissez pas de reviews, vous n'êtes plus les bienvenu·e·s sur mes histoires. Au fond, ça ne change rien pour moi.
Un grand merci à Sun Dae V pour son travail de bêta ! Et je ne le dis peut-être pas assez, mais sa fic La Course au Chien Sauvage est un must-read si vous aimez Sirius Black !
Black Sunset
Partie IV : Supernova
Chapitre 17
Supernova: cataclysmic explosion caused when a star exhausts its fuel and ends its life. Supernovae are the most powerful forces in the universe.
Samedi 25 Juin 1995, Manoir Malefoy, Angleterre.
Les aiguilles de l'horloge, installée sur le manteau de la cheminée, semblaient s'être figées, quand bien même chaque tic et tac résonnait dans le salon bleu.
Elle déglutit et ce fut comme si elle ravalait les battements de son cœur qui résonnaient dans sa gorge depuis le départ de Lucius.
Elle avait oublié.
Merlin.
Elle avait oublié.
Quatorze ans plus tôt, elle était habituée à voir la Marque des Ténèbres sur l'avant-bras de son mari. Elle ne s'étonnait même plus quand son expression se figeait et qu'il s'excusait pour rejoindre le Seigneur des Ténèbres dès que le tatouage le brûlait.
Si elle se fiait à la réaction de Lucius un peu plus tôt, elle n'était pas la seule.
Pour une fois, ils avaient dîné ensemble et, au lieu de se retirer dans son bureau, il avait pris place près de la cheminée et demandé un verre d'alcool fort aux Elfes quand elle s'était contentée d'une tasse de thé.
Elle l'avait détaillé en silence, essayant de deviner la raison derrière ce changement dans ses habitudes. Lucius n'avait cessé de devenir de plus en plus distant depuis l'été dernier. Elle le croisait à peine une fois par jour et leurs obligations sociales n'étaient pas l'endroit pour l'interroger sur les raisons de son absence.
Un instant, il était perdu dans ses pensées, son regard abîmé dans les flammes de la cheminée, l'instant d'après, son verre s'écrasait au sol, son bras gauche plaqué contre sa poitrine et son teint verdâtre.
Elle s'était précipitée à ses côtés. Elle n'avait pas vu le tatouage en entier, mais la pointe de la queue du serpent était plus noire que dans ses souvenirs.
Le reste de la Marque devait être de la même couleur.
- Il est de retour, avait grogné Lucius. Je dois Le rejoindre.
Son front était trempé par la sueur et ses yeux étaient écarquillés.
Il avait raison d'avoir peur.
Le Seigneur des Ténèbres n'allait pas lui réserver un accueil chaleureux.
Elle l'avait aidé à se lever et avait essuyé son front à l'aide de son mouchoir.
- Tu ne peux pas Le faire attendre. Je serais ici.
Il avait hoché la tête puis il avait transplané.
Depuis, elle attendait.
Les aiguilles continuaient à bouger lentement. Il était près de deux heures du matin, ce qui n'était pas bon signe. Le Seigneur des Ténèbres n'était pas un homme clément. Il pourrait décider que la trahison de Lucius méritait la mort.
Ou peut-être lui avait-il infligé trop de Doloris pour qu'il puisse transplaner.
Elle passa une main tremblante à travers ses cheveux.
Douce Circé, qu'allait-il se passer maintenant ?
Quatorze ans plus tôt, le fait que Lucius soit un Mangemort n'avait de conséquences que pour lui. En cas d'arrestation, ils s'étaient mis d'accord pour qu'elle affirme qu'elle ignorait tout de ses agissements et elle avait toujours pris soin de rester en retrait : après tout, son rôle consistait à assurer la prochaine génération de Sang-Purs. Seule Bellatrix avait dérogé à cette règle tacite.
Elle ferma les yeux une brève seconde.
Bellatrix.
Combien de temps avant qu'Il ne la fasse sortir d'Azkaban ? Dans quel état serait-elle ? Elle n'avait plus guère de nouvelles de la forteresse depuis l'évasion de Sirius, mais elle doutait que sa folie se soit améliorée… Elle serait aussi fanatique qu'avant – plus, même – et elle exigerait que Maellyn marche dans ses pas, puisqu'il n'y avait pas plus grand destin à ses yeux que de servir le Seigneur des Ténèbres.
Sa respiration devint sifflante et elle dut s'accrocher au dossier de l'un des fauteuils.
Comment allait-elle protéger Maellyn ?
Douce Circé, comment allait-elle protéger Draco ? Son seizième anniversaire arriverait bien trop vite maintenant, et il n'aurait pas d'autre choix que de prendre la Marque. Elle le connaissait assez pour savoir qu'il n'était pas Lucius.
Devenir Mangemort allait le détruire de l'intérieur.
Il eut un pop derrière elle. Elle porta une main tremblante à sa bouche pour étouffer un cri qu'elle refusait de pousser.
Le visage de Lucius était ensanglanté. Ses longues mèches blondes étaient maculées de terre et collées à son crâne par la sueur.
Il tituba jusqu'au fauteuil le plus proche et s'y laissa tomber lourdement dans un gémissement. Elle s'agenouilla à ses côtés.
- Par Viviane, Lucius… Je commençais à craindre le pire… Es-tu gravement blessé ?
Sa respiration était sifflante et des spasmes secouaient ses membres comme seul le Doloris savait le faire.
Il secoua la tête et fit un geste vague de la main.
- Je ne pense pas.
Le silence revint, à peine troublé par le tic et le tac de l'horloge. Narcissa serra la main gauche de son mari avec douceur, puis ordonna à Patty de faire couler un bain.
Ce n'était pas la première fois que Lucius se faisait punir par le Seigneur des Ténèbres. Elle savait encore comment apaiser les effets du Doloris.
- Comment a-t-il fait pour retrouver ses pouvoirs ? demanda-t-elle, tandis qu'elle l'aidait à se relever.
- Grace à un ancien rituel de Magie Noire. Il… Il ne ressemble plus vraiment à un être humain, Narcissa.
Elle garda pour elle le fait qu'elle doutait qu'il en ait un jour été un. Elle avait des dizaines de questions à poser à Lucius – il lui faudrait le plus d'informations possibles si elle voulait protéger Draco et Maellyn – mais tout cela devrait attendre quelques heures.
Pour le moment, Lucius avait besoin d'elle.
…
Lundi 3 Juillet 1995, Manoir Malefoy, Angleterre.
Je fus réveillée par la chaleur du médaillon contre ma gorge. Il me fallut une poignée de secondes pour reconnaître le ciel de lit au-dessus de moi – celui brodé de constellations – et je me redressai en grimaçant, cherchant ma baguette à tâtons. Si le soleil se levait à peine, et malgré le fait que je n'avais pas fermé les volets la veille, il faisait encore sombre dans ma chambre.
Ma main se posa sur le corps chaud de Christopher et je secouai la tête. Nous avions de la chance que Lucius soit préoccupé par le retour du Seigneur des Ténèbres ou nous aurions pu connaître un réveil bien plus désagréable.
Une fois ma baguette retrouvée – sous mon oreiller – je lançai l'incantation du plus de la légère sensation de fraîcheur qui se diffusait depuis la pointe de la baguette jusqu'à mes extrémités, m'arrachant un délicat frisson, le deuxième battement de cœur près du mien était chaque jour un peu plus net que la veille. Un sourire émerveillé étira mes lèvres et je plaquai ma main sur ma poitrine, même si je savais que le battement était plus lié à ma magie qu'à mon cœur.
Désormais, il ne manquait plus qu'un orage se déclare et je pourrais effectuer ma première transformation dans des circonstances optimales.
Je refermai les yeux dans l'espoir de me rendormir – je n'avais pas fait de cauchemar cette nuit, mais j'avais toujours du sommeil en retard –, en vain. Je rouvris les yeux avec un soupir et je me redressai sur mes oreillers, mes yeux fixés sur le ciel qui s'éclaircissait derrière mes fenêtres et l'oreille tendue pour déceler les bruits familiers du manoir Malefoy.
A cette heure, seuls les elfes devaient être levés et ils s'affairaient sans doute dans les cuisines pour préparer nos petits-déjeuners.
Je grimaçai.
La veille au soir, le dîner avait été l'un des plus tendus dont je pouvais me souvenir ces dernières années. Lucius s'était caché derrière son exemplaire de La Gazette – comme s'il ne l'avait pas déjà lu –, Narcissa avait essayé de faire la conversation avant de se résigner faute de réaction de notre part et Draco n'avait pas prononcé le moindre mot, pas plus qu'il n'avait croisé mon regard malgré mes nombreuses tentatives.
Il s'était ensuite enfermé dans sa chambre.
J'ignorai donc ce que Lucius avait bien pu lui dire lors de leur entretien dans son bureau, mais je mettrais ma baguette à brûler que cela avait un lien avec le Seigneur des Ténèbres. Peut-être que Lucius avait promis d'initier mon cousin à la magie noire ou peut-être lui avait-il déjà annoncé qu'il lui faudrait prendre la Marque lors de son seizième anniversaire…
Je baissai les yeux vers mon avant-bras gauche. Dans la demi-pénombre qui étreignait encore ma chambre, ma peau blanche semblait phosphorescente et mes veines formaient un dessin délicat à sa surface.
Ce n'était pas une partie de mon corps à laquelle j'avais beaucoup prêté attention jusqu'ici, mais peut-être ferais-je mieux de graver dans ma mémoire ce à quoi elle ressemblait maintenant parce que cela pourrait très vite changer.
Mon regard remonta mon avant-bras pour se poser sur ma tâche de naissance. Sa couleur rouge ressemblait à un mauvais présage.
Je veux lui faire payer. Je veux la détruire.
La confidence que j'avais faite à Christopher la veille résonna à nouveau à mes oreilles et une bouffée de haine fit battre mon cœur plus vite.
J'ignorais encore comment j'allais m'y prendre. Rongée ou non par la folie quand elle sortirait d'Azkaban – ce dont je ne doutais pas –, Bellatrix restait l'une des Mangemorts les plus redoutables et le bras droit du Seigneur des Ténèbres. Je n'étais pas prête à l'affronter magiquement – même si Christopher réussissait à me faire progresser en duel, il ne maîtrisait pas la magie noire – et, en toute honnêteté, l'Avada ne suffirait pas à lui faire payer tout le mal dont elle était responsable.
Non, il faudrait que je trouve autre chose.
- Tu es déjà réveillée ?
Le sommeil avait rendu la voix de Christopher encore plus grave que la veille, ce qui me rappela qu'il avait bel et bien grandi pendant son année à Durmstrang, et pas seulement parce qu'il me dépassait de plus d'une tête alors qu'il faisait la même taille que moi à la fin de l'été dernier.
- Je n'ai pas vraiment le choix, répondis-je, après avoir étouffé un bâillement. Le professeur McGonagall a parié avec mon père que je serais une Animagus avant lui, et elle me tuerait si je la faisais perdre à cause d'une panne de réveil.
Christopher eut un bref éclat de rire, puis se leva.
- C'est une excellente chose si ça t'oblige à devenir matinale. Debout !
- Quoi ? Pourquoi ?!
Il était encore très tôt. J'espérais bien réussir à me rendormir !
- J'ai promis de t'aider à détruire Bellatrix Lestrange et je vais commencer dès maintenant. Nous allons courir.
J'écarquillai les yeux.
Courir ?
A cette heure-ci ?
- Tu es fou !
Il croisa les bras sur son torse – qui devait avoir doublé de volume depuis l'été dernier – et haussa les sourcils.
- Crois-moi, c'est pour ton bien. Debout !
J'eus beau protester – qu'il était trop tôt, que je n'avais jamais couru, que je n'étais pas équipée pour ça, que Lucius allait me tuer s'il me surprenait –, aucun de mes arguments ne réussit à le faire changer d'avis. Il me prêta un short orné du blason de Durmstrang trop petit pour lui, ainsi qu'une paire de basket et trouva un t-shirt dans mes affaires qui sembla lui convenir. Une fois changée, il m'obligea à boire un grand verre d'eau.
Sans vraiment savoir comment, je me retrouvai sur le perron du manoir.
- Il fait un temps magnifique en plus !
Je me surpris à le détailler de la tête au pied. Ses cheveux, coupés très courts, avaient perdus les délicates boucles blondes que j'avais longtemps connu. Il n'était pas si grand que ça – plus grand que moi, certes, mais plus petit que beaucoup d'autres garçons que je connaissais, Draco compris – mais ses épaules s'étaient élargies, le faisant paraître solide.
Il n'était plus le petit garçon frêle avec lequel j'avais grandi.
Il se retourna vers moi et je me corrigeai en silence quand je croisai son regard brillant.
Il avait juste changé, mais il était toujours mon meilleur ami.
- On va commencer en douceur. Tu vas courir pendant dix minutes et récupérer pendant les dix suivantes. Allez !
Il se mit à trottiner devant moi et je le suivis avec un soupir. Il prit tout de suite la direction du bois à l'arrière de l'immense parc du Manoir – ce qui nous garantirait une certaine forme de tranquillité –.
Au début, je réussis à calquer mon rythme sur le sien, même si j'avais l'impression que chacun de mes pas était plus grotesque que le précédent. J'avais pourtant eu l'habitude de passer des après-midis entières à courir dans le parc, inventant mille jeux avec Draco. Je ne me souvenais pas de m'être posée autant de questions à l'époque – est-ce que je posais bien mon pied au sol ? Est-ce qu'il fallait que je lève plus les genoux ? Valait-il mieux que mes mains soient fermées ou ouvertes ? Et comment étais-je censée respirer, déjà ? –.
Christopher me jetait un coup d'œil de temps en temps. Il semblait à l'aise, son corps habitué à la discipline de Durmstrang, sa foulée régulière et une certaine puissance dans ses gestes.
J'eus bien vite le souffle court, ce qui me força à ralentir. Mon cœur battait à grands coups dans ma poitrine, mes jambes pesaient une tonne chacune et j'avais comme un poignard planté entre mes côtes.
Merlin, je ne me souvenais pas que courir pouvait être aussi douloureux.
Christopher ralentit pour ne pas me semer. Sa présence à quelques pas devant moi m'empêcha de me mettre à marcher – il y avait comme un défi silencieux dans son regard à chaque fois qu'il se retournait – et je ne pus que le maudire en silence jusqu'à ce qu'il m'indique que dix minutes – seulement – s'étaient écoulées.
- Je te déteste, grimaçai-je.
Pliée en deux, mes mains sur mes genoux et le corps trempé de sueur, je regrettai amèrement d'avoir cédé.
- Tu dis ça maintenant, mais tu y auras pris goût avant la fin des vacances !
Si je n'avais pas eu tout le mal du monde à reprendre mon souffle, j'aurais sans doute ricané. Il était hors de question que je répète cette erreur.
- Marche, tu récupéreras plus vite.
Mes jambes protestèrent et les premiers pas me donnèrent l'impression que le poignard entre mes côtes s'enfonçait plus profondément encore.
Le moment de reprendre arriva plus vite que ce que j'aurais voulu. J'eus beau traîner des pieds –manquant de tomber par la même occasion – et gémir, Christopher ne se laissa pas émouvoir.
- Allez, Black ! Mets ce foutu entêtement familial à contribution !
Il me fallut au moins ça pour ne pas mourir en chemin. A la fin de notre parcours, mes jambes étaient deux blocs de plomb, j'étais trempée et je puais. Le soleil s'était déplacé dans le ciel, m'indiquant qu'il ne devait pas être loin de huit heures, ce qui restait bien trop tôt pour le premier jour des vacances.
Je pris la direction du manoir avec la ferme intention de prendre un bain pour obtenir le pardon de mon corps après une telle épreuve, mais Christopher me retint par le bras.
- Si tu ne t'étires pas, tu ne seras pas en mesure de quitter ton lit demain matin.
J'eus un sourire mauvais.
- Et cela serait une mauvaise chose car ?
Il haussa un sourcil.
- Tu as accepté mon aide, Maellyn. J'entends bien te faire goûter au régime spécial de Durmstrang pendant tout l'été.
Je jurai entre mes dents. Merlin, l'ancien Christopher – qui était un vrai rat de bibliothèque – allait finir par me manquer !
Il me fit faire des étirements, ne montrant pas plus d'empathie face à mon manque de souplesse qu'il n'en avait montré face à mon absence d'endurance.
Quand je fus enfin dans mon bain, de l'eau chaude jusqu'aux épaules et un parfum de rose entêtant, je ne pus que reconnaître que je me sentais étrangement bien. Une sorte d'énergie pulsait doucement dans chacun de mes muscles sans que je n'aie l'impression d'être énervée.
Au contraire, je me sentais calme pour la première fois depuis le retour du Seigneur des Ténèbres.
Auquel je n'avais pas pensé depuis que je m'étais levée !
Je déglutis difficilement à cette pensée, incapable de décider s'il s'agissait d'une bonne chose ou non. D'un côté, ressasser la situation ne servait à rien – Pansy me l'avait assez répété – : mon imagination réussissait toujours à m'entraîner vers des scénarios qui me laissaient avec un goût amer dans la bouche et des entrailles glacées. De l'autre, je préférais de loin savoir à quoi m'en tenir afin de pouvoir imaginer une stratégie et réagir plutôt que subir – ce qui était un état d'esprit que Crystal n'avait pas manqué de saluer –.
La vérité, c'était que je n'avais pas la moindre idée de ce qui m'attendait dans les mois à venir. J'eus un soupir et je me laissai glisser dans l'eau et sous la mousse.
Tout serait terriblement plus simple si je demandais à Crystal de m'arranger un aller simple aux États-Unis !
Je m'obligeai à profiter de mon bain jusqu'à ce que l'eau tiédisse. Il était juste l'heure de prendre le petit-déjeuner – ce qui tombait bien puisque mon ventre avait commencé à grogner – et je me résignai à enfiler une robe de jeune fille modèle – quand bien même je courrais dans les bois du domaine Malefoy une paire d'heures plus tôt –.
Christopher et Draco étaient déjà installés à table, dressée uniquement pour nous trois. Je pris place en face de mon cousin. Puisqu'ils avaient déjà commencé à manger, je me servis en œufs brouillés et en toast, presque surprise par mon appétit inhabituel.
Mon regard se porta ensuite sur mon cousin. Je remarquai tout de suite ses traits tirés et les cernes impressionnantes qui se détachaient encore plus nettement que les miennes sur son teint pâle. J'eus une grimace.
Merlin, que lui avait dit Lucius ?
- Ça va, cousin ?
Son regard noir me fit froncer les sourcils.
- Ouais. J'ai juste mal dormi. Et c'est de ta faute.
Je crus voir le sourire amusé de Christopher du coin de l'œil, ce qui ne me rassura qu'à moitié.
- Vraiment ?
J'ignorais ce que j'avais bien pu faire pour qu'il en perde le sommeil – ce qui ne lui ressemblait pas beaucoup –.
Je compris un peu mieux quand il déposa sa game-boy sur la table.
- C'est une machine infernale, grogna-t-il. Il m'a fallu des heures pour en comprendre le fonctionnement et j'allais gagner le jeu quand elle s'est coupée. Impossible de la rallumer depuis !
Christopher essaya d'étouffer son éclat de rire, mais il n'y parvint vraiment pas. De légères tâches rouges apparurent sur les pommettes de Draco, ce qui n'était pas un bon signe.
- Peut-être que tu y as trop joué ? tentai-je.
- Oui, ou alors c'est de la pacotille ! J'espère pour toi que Malhorne pourra arranger un remboursement !
Je pris l'objet et je tentai de l'allumer – comme Crystal m'avait montré – et seul le message « piles faibles » apparut.
Je serrai les lèvres tout le temps qu'il me fallut pour m'empêcher de rire, ce qui vexerait Draco, peut-être pour plusieurs jours.
Crystal m'avait prévenue que cela risquait d'arriver à un moment, et qu'il faudrait juste changer les piles pour que la machine fonctionne à nouveau.
Selon elle, Draco était censé être tranquille pour plusieurs semaines s'il y jouait de façon raisonnable.
C'était à se demander si elle avait un jour rencontré mon cousin.
- Ce n'est rien. Je vais arranger ça.
Il grogna et récupéra sa game-boy d'un geste sec, la cachant sous sa serviette de table.
Le reste du repas se déroula dans un calme étrange après des mois passés à Poudlard. Christopher et moi échangeâmes un grand nombre de regards amusés tandis que Draco déchiquetait son pauvre croissant en charpie avant de le manger.
Je me surpris à me resservir : ma séance de sport matinale m'avait plus ouvert l'appétit que ce que je pensais.
Au moment où je reposais ma tasse de thé vide et que Christopher repliait soigneusement sa serviette, la porte de la petite salle à manger s'ouvrit sur Narcissa, Patty et Ponny sur les talons.
Je me levai. L'année écoulée n'avait pas effacé la colère que je ressentais pour elle. Aussi, je comptais bien appliquer la même politique que l'été dernier : ne pas rester dans la même pièce qu'elle dès que l'occasion le permettait et ne pas lui adresser la parole si je pouvais l'éviter.
Elle fit un geste de la main.
- Nous devons parler, Maellyn.
J'eus un éclat de rire mauvais.
- Tes mensonges ne m'intéressent toujours pas !
Elle releva le menton.
- Il ne s'agit pas de cela. Je serais brève.
Je baissai les yeux vers Draco. Il se contenta de hausser les épaules. Christopher me désigna ma chaise d'un geste du menton. Je me rassis avec un soupir, croisant les bras sur ma poitrine pour faire bonne mesure.
Les elfes firent disparaître les restes de notre repas en quelques minutes, puis Narcissa s'installa sur l'une des chaises libres, son dos parfaitement droit. Elle lissa les plis inexistants de sa robe vert d'eau, puis croisa ses mains devant elle.
- Je sais que je ne vous apprends rien, mais le Seigneur des Ténèbres a retrouvé ses pouvoirs et il rassemble d'ores et déjà ses partisans. Vous êtes encore trop jeunes pour rejoindre officiellement ses rangs, mais cela ne garantit pas que vous n'allez pas être amenés à le croiser avant vos seize ans… C'est pourquoi il est impératif que vos défenses mentales deviennent impénétrables.
- Tu nous a déjà appris l'Occlumencie, dit Draco.
- Seulement les bases. Le Seigneur des Ténèbres est un excellent Légilimens, peut-être le meilleur que j'ai jamais croisé. Il se sert ouvertement de cette aptitude pour sonder les esprits de ses partisans. Il ne manquera pas de le faire avec vous, parce qu'il pense que vous serez amenés à le rejoindre. Et parce qu'il est plus simple d'arracher des secrets à des adolescents qu'à des adultes.
Elle braqua son regard dans le mien.
- Il ne peut pas découvrir la vérité à ton sujet, Maellyn.
Je déglutis. Je savais très bien cela. Fille de Sirius Black ou non, ma mère était une Sang-Mêlée et j'étais une Illégitime. Je m'en sortais mieux que d'autres – je n'étais pas Née-Moldue – mais cela ne ferait pas une différence longtemps.
- C'est pourquoi chaque matinée sera dédiée à des leçons d'Occlumencie intensives.
Draco grogna, je serrai les dents et Christopher hocha la tête.
- Je vais faire en sorte que Pansy Parkinson puisse assister à certaines d'entre elles.
Une autre fois, je l'aurais envoyée au diable – je n'avais pas envie de passer autant de temps avec elle durant l'été – mais je n'avais pas le choix si je voulais survivre à cette nouvelle guerre.
- Bien. C'est tout ce que j'avais à vous dire. Des questions ?
Seul le silence lui répondit. Elle se leva.
- Nous commencerons demain, après le petit-déjeuner.
Elle laissa derrière elle un silence pesant. Draco fixa un long moment la porte derrière laquelle sa mère avait disparu, un pli entre ses sourcils et sa mâchoire verrouillée. Finalement, il me fit face, une lumière étrangement familière dans son regard gris, même si je n'arrivais pas à la replacer.
- C'est stupide, grinça-t-il. Comme si on allait devenir assez bon en Occlumencie pour tromper le Seigneur des Ténèbres. Tout ce qu'on va réussir à faire, c'est le convaincre qu'on lui cache quelque chose et il va nous torturer pour obtenir la vérité !
Je me tendis. La peur, que je n'avais apprivoisé qu'en partie, enveloppa mon cœur, à la façon d'une main géante, puis se mit à serrer, amplifiant ses battements affolés.
- Et que proposes-tu pour protéger le secret de Maellyn ? demanda Christopher, son ton calme mais son expression dure.
Draco serra les lèvres, décocha un regard en coin à Chris, puis me fit face à nouveau.
- Je me fiche de protéger ton secret. Je veux te protéger, toi. Je suis sûr que la grand-mère de Malhorne peut te faire disparaître dans le monde moldu le temps qu'elle retrouve ta famille.
Je serrai les poings. La vague de chaleur qui me traversa fut si soudaine qu'elle m'arracha un sursaut et libéra mon cœur de l'emprise de la peur.
- Et que crois-tu que le Seigneur des Ténèbres fera quand il apprendra que Narcissa et toi avaient fait disparaître l'héritière Illégitime de la famille Black, hein ?!
Ma voix sonna plus rauque à mes oreilles. Draco releva le menton, exactement comme sa mère quelques minutes plus tôt.
- Je suis le seul héritier de la famille Malefoy, grinça-t-il. Il ne me tuera pas. Et je suis sûr que ma mère saura trouver le bon mensonge pour le convaincre de l'épargner.
Je fermai les yeux une brève seconde. Derrière mes paupières, mon imagination peignit une scène qui était souvent revenue dans mes cauchemars. Draco, Christopher, Pansy et Narcissa, leurs silhouettes comme brisées sur un sol en pierre recouvert de sang. J'avais beau les fixer, leurs poitrines ne se soulevaient jamais.
La vision d'horreur me rappela pourquoi j'étais prête à recevoir la Marque s'il le fallait.
- Je ne fuirai pas, repris-je, ma voix glaciale.
Draco plissa les yeux.
- Ne sois pas stupide, Maellyn, répliqua-t-il, l'inflexion de sa voix me rappelant celle de Pansy. C'est la meilleure solution.
Je m'obligeai à prendre une profonde inspiration, appliquant l'un des exercices d'Occlumencie par réflexe.
Évidemment.
Durant la semaine passée, Draco et Pansy n'avaient pas abordé une seule fois la question de mon secret. Quand Crystal m'en avait fait la remarque, je m'étais convaincue qu'ils ne voulaient pas prendre le risque que des oreilles indiscrètes nous surprennent, surtout maintenant qu'une bonne partie des Serpentards nous épiaient de loin.
Je pouvais me tromper, mais une petite voix me soufflait que Draco et Pansy avaient bel et bien discuté du problème. Ils s'étaient juste arrangés pour ne pas le faire devant moi.
- Je ne fuirai pas, répétai-je, me retenant à grand peine d'hurler pour que le message traverse son crâne épais.
Draco eut une imprécation.
- Chris, raisonne-la !
Chris haussa ses deux sourcils puis bascula contre le dossier de sa chaise, les bras croisés sur sa poitrine, une expression nonchalante que je ne lui connaissais pas.
- Je suis d'accord avec elle. Fuir n'est pas la bonne solution.
Draco en perdit le contrôle sur sa mâchoire. Quand il réussit à refermer sa bouche, ce fut pour serrer à nouveau les dents. Il pâlit et j'eus l'impression que ses yeux étaient plus brillants.
- S'Ildécouvre la vérité, Il va te tuer, Ely', dit-il d'une voix tremblante.
Je forçai un sourire rassurant sur mes lèvres, essayant d'ignorer les battements douloureux de mon cœur dans ma poitrine.
- Il ne découvrira pas la vérité, Draco, dis-je en attrapant sa main.
Cela ne sembla pas le convaincre mais il serra mes doigts quand même.
- De toute façon, Potter va lui régler son compte avant qu'Il ne devienne un vrai problème, non ?
Il eut un bref sourire, qui me donna l'impression d'avoir remporté une petite victoire. Nous mîmes fin à cette conversation – pour le moment – et j'échangeai un long regard avec Christopher tandis que nous prenions la direction de nos chambres.
Draco risquait de ne pas aimer la résolution que j'avais prise la veille.
…
Samedi 9 Juillet 1995, Manoir Malefoy, Angleterre.
Deux coups secs sur la porte de ma chambre furent ma seule mise en garde avant que Pansy n'entre, sans même attendre ma réponse.
- Ah, tu es là ! Encore le nez plongé dans un bouquin ? C'est les vacances, tu sais ?
Je pris le temps de glisser un marque page dans le livre que m'avait donné Narcissa, et je relevai les yeux vers elle.
- Que fais-tu ici ? Je croyais que tu n'arrivais que dans la soirée ?
Elle eut un sourire carnassier.
- C'est ce que ma mère pensait. J'ai réussi à la convaincre qu'il valait mieux pour tout le monde que je vienne ici. Et puis, je voulais te donner ça.
Elle déposa une petite boîte sur mon bureau. Je défis le ruban qui la tenait fermée et j'eus un sourire en découvrant l'objet qu'il contenait. Ovale, en argent, la constellation Sagittaire délicatement gravé dans le métal, il était à peine plus grand que la paume de ma main.
Au dos, un seul mot était gravé.
Chris
C'était parfaitement ce que j'avais imaginé. Il ne me restait plus qu'un détail à vérifier.
Je le rapprochai de mes lèvres.
- Ton secret est mon secret.
Il y eut un délicat clic, semblable à celui que faisait mon médaillon quand le mécanisme s'actionnait. En glissant le bout de mon ongle dans la fente qui était apparue, je l'ouvris facilement. Il n'y avait pas de photos – pas encore – à l'intérieur mais je comptais bien m'en charger, et pas plus tard qu'aujourd'hui.
- Ça te va ?
- C'est parfait. Merci d'avoir été le récupérer.
Elle haussa les épaules.
- Je doute que ma mère ait remarqué mon absence… Tu ne veux toujours pas me dire quel secret Christopher cache ?
- Certainement pas.
Elle fit la moue, à la façon d'une enfant de cinq ans, mais elle n'insista, ce pourquoi je lui fus reconnaissante. Je remis la miniature dans la boîte, que je rangeai dans le tiroir de mon bureau, essayant d'ignorer le regard de Pansy sur moi.
Ce n'était pas la première fois que je la revoyais depuis la fin des cours. Par deux fois déjà, elle était venue au Manoir pour prendre des leçons d'Occlumencie avec Narcissa, lesquelles se passaient plutôt bien d'après ce que j'avais entendu. Sans que je ne me l'explique, je n'avais fait que l'apercevoir. Sa leçon avait lieu en milieu d'après-midi, un moment où Christopher essayait de m'apprendre les bases du combat magique.
- Draco m'a dit que tu allais courir tous les matins avec Christopher dans la forêt du Manoir ?
- J'ignorais que Draco l'avait remarqué. Il passe tellement de temps sur sa game-boy que j'ai été obligée de demander à Tonks de me fournir plusieurs boîtes de piles.
Ce que ma cousine avait trouvé hilarant si je me fiais au ton de sa dernière lettre.
- Évidemment qu'il est obsédé par ce truc. Il y a un score et un classement. Donc tu cours ? Pour de vrai ?
Ce fut à mon tour de hausser les épaules.
- Christopher a insisté.
- Et comme tout le monde le sait, les Black sont si influençables que tu as immédiatement accepté.
- Que veux-tu, je ne peux pas lui dire non.
Elle plissa les yeux et je lui offris un sourire éclatant – bien qu'un peu moqueur –. Je ne savais pas encore quoi penser de ma nouvelle routine matinale, parce que cela ne faisait que six jours que je la pratiquais. Christopher venait me cueillir vers six heures du matin, nous courrions pendant au moins une heure – entrecoupée de plusieurs pauses pour moi – puis il insistait pour que nous nous étirions. Ensuite, je prenais un bon bain et je redescendais déjeuner.
J'ignorais ce que j'étais censée retirer de cet exercice, mais j'avais remarqué que j'avais un meilleur appétit et que je n'avais fait qu'un seul cauchemar cette semaine.
D'un point de vue médical, il était fort possible que le Médicomage Perrin approuve.
- Je finirai par avoir le fin mot de cette histoire, petite. En attendant, qu'as-tu décidé de mettre ce soir ?
Le changement de sujet me fit regretter qu'elle n'ait pas insisté sur celui qui le précédait.
- Je n'en ai pas la moindre idée. Je ne sais pas ce que je suis censée porter pour une assemblée de Mangemorts et leurs fidèles épouses.
Pansy leva les yeux au ciel.
- Quand je pense que tu vas être livrée à toi-même au milieu de tous les enfants, je crains le pire.
- Vois le côté positif : il n'y aura ni Deloris, ni Sven.
Pour ma part, c'était la seule raison qui m'empêchait de hurler quand je pensais à la fête de ce soir. Je serais isolée de tous mes amis – puisque je n'avais pas encore quatorze ans – mais cela me donnait une excellente raison pour ne pas adresser la parole à Deloris de la soirée. Qui plus est, je pourrais sans doute m'éclipser plus tôt que prévu, puisque personne ne me prêterait beaucoup d'attention.
Sans me demander mon autorisation, Pansy ouvrit mon dressing et étudia chacune de mes robes. Certaines d'entre elles terminèrent au sol, sans que je n'arrive à décider si c'était parce qu'elle les trouvait acceptables ou si elle comptait les réduire en pièce pour s'assurer que je ne puisse jamais les remettre.
- Comment c'est, chez toi ? demandai-je en m'asseyant en tailleur sur mon lit.
- Bizarre. J'ai l'impression que mon père a pris plusieurs années depuis les dernières vacances et il semble inquiet. Ma mère passe le plus clair de son temps au lit, soit-disant parce qu'elle est affligée de migraines. Si tu veux mon avis, elle est terrifiée par le retour du Seigneur des Ténèbres et elle espère que tout cela n'est qu'un cauchemar… Il paraît que Lucius s'est transformé en courant d'air ?
Je soupirai.
- C'est sans doute l'euphémisme de l'année… Non pas qu'il me manque ou quelque chose comme ça, mais je me demande ce qui peut bien lui réclamer autant de temps et d'énergie…
Pansy abandonna mes robes pour mes chaussures, qui eurent également le droit à un tri drastique. Elle me jeta un regard.
- Je m'oblige à lire La Gazette chaque matin. Il n'a pas été fait mention d'attaques ou de meurtres étranges. Je doute qu'il passe son temps à tuer des moldus.
Christopher m'avait tenu à peu près le même discours deux jours plus tôt. Selon lui, Lucius devait préparer la chute du Ministère. Peut-être qu'il infligeait l'Imperium à tout un tas de gens, ou peut-être qu'il se contentait seulement d'arroser tous ceux qu'il pouvait de pots-de-vin, mais dans tous les cas, il travaillait sur Ses ordres.
Quand elle eut fini de fouiller dans mon placard, Pansy contempla sa sélection de haut, ses sourcils froncés et une main accrochée à son menton. Depuis mon lit, j'avais l'impression qu'elle était en plein dilemme.
- Vais-je devoir m'y rendre nue ?
Un sourire étira ses lèvres.
- Je garde cette carte-là pour ton bal de Débutante.
Le rappel me tira une grimace. Narcissa avait essayé par deux fois d'utiliser nos leçons d'Occlumancie individuelle pour évoquer le sujet, et je lui avais dit que je me fichais des détails.
Elle s'était arrangée pendant toutes ces années pour qu'il s'agisse du bal de Débutante de sa chère filleule Alya Lestrange, je ne voyais pas en quoi cela me concernait.
- Je suppose que tu sais changer la couleur d'un tissu ?
Ce fut à mon tour de hausser un sourcil. La dernière fois que je m'étais prêtée au jeu, j'avais presque réussi à me métamorphoser en Centaure.
- Je vais prendre ça pour un oui.
Elle ne garda qu'une robe moldue simple que Narcissa m'avait achetée en Italie et la robe que j'avais porté pour mon dixième anniversaire – et qui était trop petite –. La première était d'un joli jaune pâle et la deuxième d'un vert profond.
- Ne t'inquiète pas, Black, je sais ce que je fais.
A ma plus grande surprise, elle rangea le bazar qu'elle avait mis avant de me rejoindre sur mon lit.
- Des nouvelles de ton père ?
Je me laissai basculer en arrière. Par habitude, mes yeux tombèrent aussitôt sur la constellation du Chien brodée sur le ciel de lit.
- Je lui ai envoyé une lettre, il ne m'a toujours pas répondu.
- Si Dumbledore a vraiment besoin de lui pour remettre en route son organisation secrète, il doit être pas mal occupé.
Je fermai les yeux.
Le Seigneur des Ténèbres n'avait pas commencé à attaquer des moldus à travers le Royaume-Uni, mon père n'était pas plus en danger que moi.
Pour le moment.
- Tu as sûrement raison…
- Évidemment. Je vais te laisser à tes devoirs, j'ai de la couture à faire et je ne veux pas louper la prochaine crise de nerfs de ton cousin. Le voir s'énerver sur sa machine est à mourir de rire !
Pour faire bonne mesure, elle m'embrassa sur la joue, puis quitta ma chambre.
Je me redressai avec un soupir, essayant d'enfermer mon inquiétude concernant mon père dans un coin de mon crâne, de préférence un de ceux que le Seigneur des Ténèbres ne saurait trouver.
Il m'avait promis qu'il allait se montrer prudent. J'ignorais en quoi pouvait bien consister son rôle au sein de la société secrète de Dumbledore, mais au regard de son statut de meurtrier en cavale, je ne le voyais pas distribuer des coups de poings à des Mangemorts ou tirer sur eux avec une arme moldue.
Non pas qu'il serait contre l'idée, surtout en l'absence de sa baguette magique.
Je déglutis.
Merlin, j'allais devoir demander une nouvelle faveur à Crystal.
Je pris une profonde inspiration. J'allais bientôt recevoir une lettre de sa part, et je pourrai essayer d'en apprendre un peu plus sur ce qu'il faisait, même s'il ne me dirait sans doute rien.
Et de toute façon, je n'hésiterai pas à envoyer une lettre à Remus Lupin si sa réponse tardait trop.
Ce fut sur cette bonne résolution que je quittai mon lit pour mon bureau. Je ressortis le coffret, puis la photo que Ranatus Lomonosov m'avait laissée. Dessus, Christopher et Anton partageaient toujours le même baiser, qui me parut encore plus tendre que la dernière fois que j'y avais jeté un coup d'œil. Le sourire de Christopher me donna aussi l'impression d'être plus lumineux, aussi décidai-je d'y voir un bon présage.
Je sortis une paire de ciseaux et un crayon à papier.
- Tu n'as pas le droit à l'erreur, Black, soufflai-je.
Il me fallut moins de temps que ce que j'avais imaginé pour obtenir un résultat très respectable. Je rangeais la miniature dans sa boîte et je repris la lecture de l'ouvrage d'Occlumencie que j'étais bien décidée à apprendre par cœur pour progresser encore plus vite – et m'épargner mon tête-à-tête quotidien avec Narcissa –.
Je n'eus qu'une paire d'heures de tranquillité. Pansy réapparut dans ma chambre après le thé, son expression plus sombre.
- Je retire ce que j'ai dit. Tu as fait un très mauvais choix stratégique en offrant cette machine à Draco !
Puisque je n'avais pas imaginé que Pansy aimerait tenir compagnie à Draco pendant qu'il se montrerait obsessif, ce n'était pas vraiment de ma faute, aussi me gardai-je de commenter.
Elle déposa ma nouvelle robe sur mon lit. L'assemblage était pour le moins étrange. Elle avait récupéré la dentelle de la robe de mon dixième anniversaire pour en orner le buste de ma robe moldue et elle avait ajouté une épaisseur de jupe taillée dans un voile léger.
Entre le jaune, le vert et le beige passé, cela faisait beaucoup.
- Je voudrais qu'elle soit de cette couleur précisément.
Je baissai les yeux vers le nuancier qu'elle me montrait. Il s'agissait d'un joli rose pastel, une couleur que je ne portais pas souvent.
- Allez, Black, je vais sans doute avoir des retouches à faire et je dois encore aider ton cousin à se rendre présentable. Sans oublier Christopher.
Je pris le temps de bien visualiser la couleur qu'elle souhaitait avant de saisir ma baguette.
- Mutatio Rosae.
La couleur rose – l'exacte même teinte – se diffusa sur le tissu depuis la pointe de ma baguette à la manière d'une tâche d'encre. A mesure que le rose prenait le dessus sur les trois autres couleurs, je pus commencer à apercevoir le potentiel de ma tenue.
Pansy eut un geste de la tête appréciateur.
- Enfile-là, petite. Et pas de soutien-gorge, ça gâchera l'effet.
Quand Pansy était en pleine session de création, il valait mieux éviter de la contredire, sur quoique ce soit, à moins de se nommer Millicent Bulstrode.
Je filai dans la salle de bain et je me dépêchai autant que je le pus, puisque Pansy me sembla encore moins patiente que d'habitude.
Je me battais avec la fermeture quand elle rouvrit la porte sans même frapper. Je reçus deux tapes sèches sur mes mains malhabiles, il y eut des doigts glacés sur ma peau puis un zip caractéristique.
Elle me poussa sans ménagement devant le miroir à pied de ma chambre.
Le résultat me prit par surprise.
Le bustier était parfaitement ajusté, les fines bretelles réussissaient malgré tout à habiller mes épaules et le décolleté était très discret. La jupe, elle, était à la fois vaporeuse et simple. L'avant cachait juste mes genoux et l'arrière touchait mes chevilles.
Je ne ressemblais plus à une petite fille.
- Tu as vraiment repris du poids depuis Halloween ! J'étais convaincue que le haut serait trop lâche. Il faudra que je te mesure à nouveau. La jupe tombe bien, je suis contente.
- C'est magnifique, Pansy.
Elle fit un geste de la main.
- Tu n'oublieras pas de préciser que je suis ta couturière officielle si on te pose des questions. Maintenant, je me demande ce que je vais faire de tes cheveux...
Elle prit deux pleines poignées de mèches brunes et les arrangea de façon approximative.
- L'idéal, ça serait de les couper.
Je grimaçai et elle leva les yeux au ciel.
- Ça repousse, Black ! Ça aurait au moins le mérite de te démarquer des autres petites héritières.
- Vu les derniers événements, je ne suis pas contre un peu d'anonymat.
- Hmmm… Je pense qu'un chignon bas fera l'affaire dans ce cas. Et je vais rajouter une ceinture.
Elle sortit un mètre ruban d'une de ses poches, mesura mon tour de taille, puis me poussa en direction de la salle de bain. Une fois qu'elle eut récupérer sa robe, elle quitta ma chambre comme elle y était entrée.
Douce Circé, elle me donnait presque le tournis.
Je contemplai la possibilité de sortir voler un peu – le ciel était clair même s'il y avait un peu de vent – puisqu'il me faudrait au moins ça pour survivre à la soirée d'anniversaire de Draco, quand Christopher passa la tête dans entrebâillement de ma porte.
- Est-ce que Parkinson est venue t'imposer une tenue pour ce soir ?
J'eus un sourire.
- Elle me considère comme sa vitrine préférée depuis qu'elle s'est découverte une passion pour la couture… Je crois que je dois m'estimer heureuse de pouvoir avoir le dernier mot quant à ma coiffure. Elle a trouvé quelque chose à son goût pour toi ?
Il leva les yeux au ciel, mais les coins de ses lèvres frémirent.
- Je suis sommé de porter mon uniforme de cérémonie.
- Et je te déconseille de lui désobéir.
Il eut un bref éclat de rire.
- Il fait beau et on a encore du temps devant nous… Tu veux descendre à l'étang avec moi ?
Il avait une serviette sur son épaule et un éclat de malice dans son regard.
- Donne-moi deux minutes.
J'enfilai mon maillot de bain puis une robe d'été et je pris également une serviette de bain. Christopher m'offrit son bras et nous traversâmes le manoir d'un pas léger, sans qu'aucun de nous deux n'ait besoin de parler.
L'étang se situait au sud du parc, à l'opposé du bois. Le soleil se reflétait sur l'eau, m'obligeant à plisser les yeux. C'était un des endroits que je connaissais le mieux : entourés de roseaux et d'une herbe grasse et haute. Parmi tout ce vert, quelques plantes sauvages apportaient une touche de couleur à partir du printemps. Les intempéries, le soleil et les rayons de la lune avaient lavé les planches du ponton au fil des années et Parky veillait toujours à ce qu'aucune sorte de mousse ne s'y accroche.
Cette année, il y avait une nouveauté.
Narcissa – puisqu'il ne pouvait s'agir qu'une de ses idées – avait fait installer une pergola en bois sur la berge ouest. Des voilages blancs se balançaient au rythme de la brise légère, laissant entrapercevoir un salon d'extérieur en bois exotique et une pile de serviettes élégamment pliées.
Ce fut ce détail qui me laissa penser qu'elle avait pensé cette installation pour nous plus que pour elle.
Narcissa ne s'était pas baignée dans l'étang avec nous depuis des années.
Malgré moi, je me tendis, ce qui me valut un haussement de sourcils de la part de Chris.
- Lady Malefoy te connaît assez pour savoir que ce genre de surprises ne suffira pas à ce que tu la pardonnes, me dit-il.
- Mais ça ne l'empêche pas d'essayer, juste au cas où, grognai-je.
Il leva les yeux au ciel.
- Ou alors, elle sait que Draco et toi adoraient cet endroit et elle a décidé d'en améliorer le confort, ce que j'approuve tout à fait. Il y a quelque chose de comparable chez Anton et c'est très appréciable quand il y a du soleil.
Je voulus relever la mention d'Anton mais il me tourna le dos pour enlever ses vêtements. Je l'imitai, jurant intérieurement pour cette opportunité fuyante.
Christopher avait évoqué Anton à plusieurs reprises depuis le début des vacances et, à chaque fois, j'étais trop lente pour lui confier que je savais ou, au moins, l'inciter à se confier de lui-même.
Il rejoignit le ponton en petites foulées, sa nouvelle assurance ne cessant de me surprendre.
D'une seule impulsion, il bascula sur ses mains, ses jambes tendues au-dessus de lui, les muscles de ses bras saillants tandis qu'il marchait la tête en bas jusqu'à atteindre le bout du ponton. Il resta en équilibre une folle seconde, un sourire hilare sur le visage, puis il se laissa basculer.
Il percuta la surface du lac dans un splash retentissant.
Je restai figée sur les premières planches, parfaitement consciente que ma bouche était ouverte, tandis que je peinais à me convaincre qu'il s'agissait vraiment de Christopher.
Je le vis sortir de l'eau au ralenti, ses gestes emprunts d'une maîtrise parfaite. Il me sembla que chacun des muscles de son torse étaient en relief.
Christopher mit à profit ma soudaine incapacité à bouger pour me soulever du sol, m'arrachant un cri. Cette fois, il courut à pleine vitesse sur le ponton et il sauta avec moi dans l'eau.
Il riait à gorge déployée quand je remontai à la surface, et je l'imitai, la mélodie de son rire irrésistible.
- Tu es fou, soufflai-je, une fois calmée.
Il me fit un clin d'œil puis il nagea jusqu'au ponton, ses gestes puissants. Il se hissa à nouveau hors de l'eau avec une facilité qui allait rendre Draco jaloux quand il s'en apercevrait. Il courut à nouveau, à plus petite foulée, et il fit une pirouette dans les airs – une sorte de galipette même s'il devait existait un mot, quelque part, pour la qualifier – pour atterrir dans l'eau les pieds en avant.
Il essaya de me convaincre de l'imiter – apparemment, c'était une activité populaire à Durmstrang – mais je doutais d'avoir assez de coordination et de force pour réaliser la moindre de ces figures.
Je restai donc dans l'eau, battant des mains et des pieds pour me maintenir à la surface, un large sourire sur mon visage tandis que j'observai les plongeons de mon meilleur ami.
Je n'arrivais pas à me souvenir de la dernière fois où je l'avais vu aussi heureux.
Après un dernier plongeon – une pirouette en arrière –, il nagea jusqu'à moi et m'aspergea copieusement d'eau. Je ne manquai pas de répliquer et une bagarre sans pitié commença. Si j'étais incapable de le suivre lorsque nous allions courir ou de vraiment lui tenir tête lors de nos séances de combat magique, j'avais une véritable expérience à ce jeu-là, forgée par des étés passés à arroser Draco dès que nous nous baignions, usant de mes mains, de mes pieds et de ma bouche s'il le fallait, ajustant mes tirs pour l'aveugler.
L'arrivée de Parky mit fin à notre jeu. Quand Christopher me tendit une main pour m'aider à me hisser sur le ponton, je tirai sur la sienne sèchement et je réussis à le remettre à l'eau.
Ce fut sans doute un miracle que je réussisse à sortir de l'eau avant qu'il n'essaye de me faire couler en retour.
- Tu me le paieras, Black, me promit-il.
Allongée sur le ponton, le souffle court et le ventre douloureux, j'éclatai de rire en croisant son regard accusateur.
- Tu n'étais pas à une pirouette près !
Il leva les yeux au ciel de la façon dont il l'avait toujours fait, comme s'il essayait de me faire comprendre que j'exagérais, alors qu'il était amusé que je le fasse.
- Il est vraiment temps pour Miss Alya d'aller se préparer, ou elle risque d'être en retard.
Je me relevai, non sans retenir un grognement. Mon regard s'attarda sur la surface de l'étang – déjà lisse, sans une trace de nos jeux – puis sur la pergola.
Je préférerais mille fois rester ici et me cacher de tous les invités de Lucius et Narcissa.
Parky me tendit une serviette, puis déposa ma paire de chaussures devant moi. Ses grands yeux verts – les mêmes que Dobby, bien que les années les avaient rendus vitreux – semblaient m'implorer de me dépêcher.
- Je serais à l'heure Parky, promis.
Il fit la moue.
- Parky ne croit que ce qu'il voit, Miss.
Je secouai la tête, tout en remettant mes chaussures. Christopher et moi marchâmes bien plus vite qu'à l'aller pour retourner au manoir. Pansy m'attendait dans ma chambre, les bras croisés sur sa poitrine et les lèvres si serrées qu'elles disparaissaient presque.
Elle était déjà habillée, bien sûr. Le décolleté de sa robe noire donnait l'impression de s'arrêter au niveau de son nombril, ses épaules étaient découvertes et, pourtant, je n'arrivais pas à la trouver vulgaire. La jupe droite enveloppait ses jambes, laissant apparaître une paire de talon avec lesquels je serai capable de me briser une cheville.
Elle faisait plus que ses quinze ans.
Elle retroussa son nez quand je fus à son niveau.
- L'étang ? Sérieusement ?!
- On a pas vu le temps passer, marmonnai-je.
- Tu as cinq minutes pour te débarrasser de l'odeur de vase !
Je pris une douche éclair, bien qu'elle dura plus de cinq minutes, ce que ne manqua pas de me faire remarquer Pansy tandis qu'elle me faisait asseoir devant ma coiffeuse.
- Je te promets que je t'attacherai à ton lit le jour de ton bal de Débutante, Black.
Elle fit sécher mes cheveux d'un coup de baguette magique.
- Christopher viendra me délivrer.
- Oh, je compte m'occuper de son cas juste après.
Il ne lui fallut que quelques minutes pour rassembler mes cheveux en un chignon bas qui me rappelait celui de Minerva McGonagall, aussi ne compris-je pas vraiment pourquoi elle pestait autant contre mon retard. Elle était prête, Draco l'était sans doute aussi et elle n'avait pas besoin de maquiller Christopher.
Les premiers invités ne seraient pas là avant une demi-heure, je voyais difficilement comment je pourrais être en retard.
- Heureusement que tu n'es pas défigurée par l'acné.
Elle attrapa mon menton sèchement, plantant ses ongles dans ma peau au passage. Elle m'appliqua moins de crèmes que pour le bal de Noël mais elle se rattrapa sur le nombre de poudres en tout genre.
- Ce n'est pas trop mal. Millie aurait sans doute fait mieux, mais elle ne pouvait pas venir plus tôt… Fais attention à ne rien abîmer quand tu enfileras ta robe. Je vais voir Rowle.
- Ne l'appelle pas par son nom de famille, Pansy… Il a horreur de ça.
- Il n'avait qu'à ne pas te mettre en retard.
Si je n'étais pas uniquement vêtue d'un peignoir, je l'aurais suivie pour être certaine qu'elle le laisse tranquille.
Une fois habillée et mes chaussures enfilées – j'avais oublié que je possédais une paire d'escarpins en cuir blanc – le miroir me renvoyait une image dont je ne savais pas quoi penser.
Les traits de mon visage s'étaient affinés, accentuant la ressemblance avec ma mère, surtout depuis que j'avais renoncé à ma frange. Le renflement de ma poitrine – mis en valeur par la coupe de la robe –, les centimètres que j'avais gagné et ma taille plus marquée qu'avant étaient autant de signes que je préférais ignorer en temps normal, parce qu'ils me rappelaient que j'allais bientôt perdre la protection offerte aux petites filles dans le monde Sang-Pur.
Mon cœur s'emballa dans ma poitrine.
- Tu es très élégante, Maellyn.
L'image de Narcissa était apparue sur mon miroir. Sa robe en velours d'un vert profond tranchait singulièrement avec le rose poudré de la mienne.
Je serrai les poings et me retournai pour la fusiller du regard.
- Va-t-en, sifflai-je.
Elle releva le menton.
- Sois en bas dans dix minutes.
Le rappel était inutile – je n'avais pour habitude d'être en retard, même quand je n'avais pas envie de me rendre quelque part – et Christopher vint me chercher.
Ses camarades de Dumstrang avaient porté la même tenue lors de leur arrivée à Poudlard puis au bal de Noël, aussi ne fus-je pas vraiment surprise.
- Où est ta cape en fourrure ? me moquai-je tandis que je glissais ma main dans le creux de son coude.
- J'ai réussi à convaincre Parkinson que je n'en aurais pas besoin ce soir.
Nous rattrapâmes Draco dans l'escalier, Pansy à son bras. Ils étaient à nouveau très bien assortis avec leur tenue d'un noir profond.
Je sentis le regard glacé de Lucius sur moi et je forçai un sourire sur mes lèvres, plus pour masquer la moue dégoûtée qu'il m'inspirait que pour le provoquer.
Qu'il se méprenne sur mes intentions n'était qu'un bonus.
Je pris ma place derrière les Malefoy, entourée de Christopher et de Pansy, tandis que les flammes devenaient vertes dans la cheminée du hall d'entrée.
Je pris une profonde inspiration. Mon Mur était solide autour de mon esprit, j'avais rangé mes secrets dans un coin de mon crâne, là où personne n'irait les chercher, et je savais que mon expression lisse était ce que l'on attendait d'une jeune fille de bonne famille.
Si je souhaitais trouver un moyen de détruire Bellatrix, je ne pouvais me permettre que la société Sang-Pur ait le moindre soupçon.
Cette soirée ne serait que le premier test d'une longue série.
Les Flint furent les premiers à apparaître, accompagnés de Marcus et Hadrian. Caelina nous embrassèrent, Narcissa, Draco, Christopher et moi, mais j'eus l'impression que son sourire était plus forcé que d'habitude et son mari avait les cernes de quelqu'un qui ne dormait pas – ou très mal –.
J'échangeai un regard entendu avec Pansy.
Combien de signes semblables à celui-ci allions-nous remarquer ce soir ?
La longue procession des invités me donna l'impression de durer une éternité. J'enchaînai les révérences tout en essayant de dévisager la fine fleur de la société Sang-Pur discrètement. La majorité des adultes semblaient tendus – les expressions étaient fermées, les gestes raides et les paroles rares – mais il était plus difficile d'en deviner la raison. Avaient-ils déjà reçu des ordres ? Essayaient-ils d'échapper à la Marque ? La rumeur de Son retour était-elle leur seule source d'inquiétude ?
Qui parmi eux était un Mangemort ? Un simple sympathisant ? Des insoumis silencieux ?
- Tu es splendide, Alya.
Théodore me tendait une rose presque assortie à la couleur de ma robe. L'envie de la refuser me brûlait les lèvres, mais je sentais que Lucius m'y mettait au défi.
- Merci, dis-je donc à la place.
Il se fendit d'un sourire en coin, tout en tapotant la rose qu'il avait accroché à son col, ce que ne manquerait pas de remarquer des harpies comme Laurelaï Greengrass ou Regina Zabini.
- Je me demande quelle va être la rumeur la plus commentée ce soir, ironisa Pansy. Le retour du Seigneur des Ténèbres ou vos fiançailles.
- La ferme, Parkinson.
Elle me fit un clin d'œil et rejoignit ses parents. Je ne pus que la regarder s'éloigner avec envie.
Il me sembla que le défilé des invités dura encore une éternité avant que je sois autorisée à rejoindre la grande salle de réception. Les adultes formaient un ensemble coloré et étaient occupés à discuter un verre à la main, tandis qu'un orchestre jouait des mélodies légères.
Passé les détails du décor, toutes les fêtes se ressemblaient tellement que j'aurais été incapable de distinguer certains souvenirs les uns des autres.
- Donne-moi ta rose, me souffla Christopher, tandis que nous nous rapprochions du centre de la salle, louvoyant entre les invités.
Mon sourire crispé était en train de rendre mes joues douloureuses.
- Je comptais crever l'œil de Nott avec la tige.
Il me prit la rose avec insistance, ne garda que la fleur, qu'il accrocha à l'un des boutons de sa veste d'uniforme. J'ignorai quel message il espérait faire passer de la sorte, mais j'avais bon espoir que sa carrure et sa maîtrise du combat magique fasse réfléchir Nott – et tous mes autres prétendants –.
Comme à chaque fête, je fus obligée de monter sur la scène avec Draco et ses parents. Patty nous servit un verre de champagne et Lucius leva le sien bien haut.
Le silence se fit dans la pièce tandis que tous les visages se tournaient vers nous. Depuis mon promontoire, j'avais l'impression qu'il y avait moins d'invités que d'habitude. La majorité des visages m'étaient familiers – tous issus de grandes familles Sang-Pur – et j'avais sans doute loupé trop de bals l'été dernier pour pouvoir me faire une fine idée concernant la liste des absents, mais je savais que Pansy pourrait confirmer mon intuition.
- Mes chers amis, merci à tous et à toutes d'être venus célébrer le quinzième anniversaire de notre fils unique. Il y a un an, nous accompagnions ses premiers pas à nos côtés et, si de nombreuses choses ont changé depuis lors, cette soirée est à nouveau en son honneur. L'heure des choix et des nouvelles responsabilités viendra bien assez vite et je ne peux que te conseiller de profiter de cette soirée. Joyeux anniversaire, mon fils.
Je levai mon verre avec un temps de retard, trop occupée à déchiffrer le petit discours de Lucius. Je m'étais presque attendue à ce qu'il annonce publiquement son allégeance au Seigneur des Ténèbres et qu'il en profite pour rallier certains à sa cause. Je n'avais pas du tout imaginé qu'il puisse se contenter d'une allusion à demi-mots
Christopher m'aida à descendre de la scène et je glissai à nouveau ma main dans le creux de son coude.
J'avais la sensation d'avoir un garde du corps et la sensation était réconfortante. Toutefois, il ne m'accompagna que jusqu'à la porte.
Malgré le fait qu'il n'y avait pas eu de fête pour marquer l'occasion, il avait fêté ses quatorze ans des mois de cela et il se devait de rester avec les adultes.
- Je peux venir avec toi si tu préfères.
Je secouai la tête.
- Tu vas t'attirer les foudres de Lucius, et je ne souhaite ça à personne. Je vais survivre.
Le coin de ses lèvres trembla.
- Je compte m'éclipser après les danses d'usage. Étant donné ma position délicate, je doute que quelqu'un s'en offusque.
- N'en sois pas si certain. Pansy avait l'air décidée à faire de toi son leurre pour éviter de danser avec certains de ses prétendants.
Il me glissa un clin d'œil et se pencha légèrement pour me saluer.
Je fis un premier pas en direction du grand salon qui accueillait les réjouissances des enfants. La tentation de disparaître dans l'escalier qui menait à l'étage me fit hésiter au milieu du hall. Pour être tout à fait honnête, je doutais que mon absence soit remarquée. Personne ne m'attendait dans le grand salon, les plus jeunes devaient déjà être absorbés par leurs jeux et il y avait assez de potins pour occuper les plus âgés.
Je ne manquerai à personne.
- Alya, tu dois me dire où tu as trouvé cette robe. Elle est tout simplement divine !
Je me retournai dans un sursaut. Astoria Greengrass fit la moue avant de me rejoindre, suivie par Hestia et Flora Carrow.
Je forçai un sourire.
- Tout le mérite revient à Pansy, dis-je.
Astoria haussa un sourcil.
- Et dire que Daphnée partage son dortoir ! Elle ne m'a jamais rien dit concernant ses talents de couturière !
Je n'eus pas d'autre choix que de lui emboîter le pas en direction du grand salon.
- Je ne suis pas si sûre que ta sœur et Pansy s'apprécient.
Astoria éclata de rire.
- C'est sans doute l'euphémisme du jour ! Je crois que Pansy est tout ce que ma chère sœur déteste… Tu penses qu'elle acceptera de réaliser la robe de mon bal de débutante ?
- Je peux toujours essayer de lui en parler…
Ma réponse sembla ravir Astoria. A ma plus grande surprise, elle ne mit pas fin à notre conversation après avoir obtenu ce qu'elle désirait. Elle attrapa mon bras gauche avec ses deux mains, sa prise légère mais comme familière, puis entreprit de me raconter le début de ses vacances. Du coin de l'œil, je vis Flora et Hestia Carrow échanger des regards que je ne sus interpréter. Elles se dirigèrent vers le buffet au moment où nous passâmes le pas de la porte, les volants sur leurs robes identiques bougeant au même rythme.
Astoria eut un soupir soulagé et me libéra.
- Merci, souffla-t-elle. Plus les années passent, plus elles me fichent la frousse. J'étais terrifiée à l'idée de passer la soirée en tête à tête avec elles deux.
Même si je partageais son avis sur les jumelles Carrow – elles m'avaient toujours donné l'impression de vivre dans leur bulle et il était très difficile de deviner ce qui se tramait dans leur tête –, il me fallut quelques secondes pour réaliser où elle voulait en venir. Parmi tous les héritiers des grandes familles Sang-Pures de son âge, Astoria avait été la seule à ne pas être répartie à Serpentard. Outre la forme de disgrâce que certains y avaient vu, il était peu probable que ses amitiés d'enfance soient toujours d'actualité.
Je lui offris un sourire.
- Tu n'as pas besoin de me remercier pour ça, Astoria.
Je ne sus interpréter l'étincelle qui alluma son regard l'espace d'une seconde. Elle s'accrocha à nouveau à mon bras et me guida jusqu'au buffet.
La suite de la soirée se passa bien mieux que prévue. J'avais toujours deviné qu'Astoria était plus sympathique que Daphnée – laquelle me donnait parfois l'impression de tout juste me tolérer quand je passais du temps avec Pansy et Draco – mais je découvris qu'il était agréable de discuter avec elle d'à peu près tout – des choix culinaires de Narcissa à la Métamorphose théorique en passant par les dernières actualités –.
Après avoir salué les invités en âge d'être à Poudlard, nous nous installâmes sur l'une des causeuses d'où nous pouvions observer toute la pièce sans trop nous faire remarquer.
- Alors, où en sont les préparatifs de ton bal de Débutante ?
Je fis de mon mieux pour rester impassible face au rappel, mais je ne dus pas être très convaincante car Astoria eut une grimace compatissante.
- Ma mère insiste pour que nous commencions à réfléchir au mien… Je n'ai pas du tout envie. Et puis, avec les derniers événements, je ne sais pas trop ce que cela va donner.
Ma main se resserra autour de mon verre de jus de citrouille. Astoria n'avait pas tort. Le retour du Seigneur des Ténèbres allait changer l'équilibre dans la société Sang-Pur – cela avait déjà commencé –. Les repères que nous avions construit au fil des années ne nous seraient plus d'aucune utilité.
J'étais incapable de deviner ce qu'il se passerait lors de mon bal de Débutante.
Je serrai brièvement la main d'Astoria, tout en forçant un sourire sur mes lèvres.
- Je suis certaine que tout se passera bien. Il me semble que ton père n'avait pas pris la Marque la dernière fois, n'est-ce pas ? Tu seras sans doute épargnée.
Astoria détourna le regard. Elle plaqua ses mains sur ses cuisses pour cacher leur tremblement, sans franc succès.
- Je doute qu'il puisse y échapper cette fois, souffla-t-elle.
Son abattement ne dura pas longtemps. Elle se redressa, repoussant ses épaules en arrière, puis m'offrit un sourire à peine tremblant.
- Je refuse que tout cela vienne gâcher cette soirée. Penses-tu que nous puissions subtiliser une bouteille de champagne quelque part ?
Un sourire en coin étira mes lèvres. J'abandonnai sans regret mon verre de jus de citrouille sur le petit guéridon. Astoria insista pour que nous emportions assez de petits fours pour nourrir une dizaine de personnes avant de quitter la pièce sans qu'on ne nous remarque.
C'était l'effervescence dans les cuisines. Les Elfes étaient affairés à dresser des plateaux qui circuleraient seuls au milieu des invités. Il fut bien plus facile d'attraper une bouteille de champagne que ce que j'avais imaginé – ce n'était pas surprenant que Draco réussisse à s'en procurer une si souvent –. Je menai ensuite Astoria au jardin d'hiver de Narcissa, là où j'étais certaine que personne ne viendrait nous déranger tant il s'agissait d'un endroit privé.
L'idée de mal m'y comporter était un bonus non négligeable.
Astoria déboucha la bouteille d'un geste assuré – il était possible que ce ne soit pas la première fois qu'elle passe une soirée ainsi – et elle la porta à sa bouche sans hésiter.
- Douce Viviane, Narcissa Malefoy est du meilleur goût. Il faut absolument que mes parents se procurent ce cru, dit-elle en empochant le bouchon.
Je bus à mon tour une longue gorgée de champagne. L'alcool me réchauffa agréablement tandis que le monde tanguait un peu autour de moi. Malgré moi, je levai les yeux vers le ciel, tout à fait visible à travers le plafond de la serre, et j'eus l'impression d'être transportée dans le temps.
Je ne gardai que de vague souvenirs de cette soirée passée en compagnie de Pansy, à l'observatoire au sommet de la tour du Manoir, mais je savais qu'elle m'avait convaincue d'essayer de fumer et que j'avais beaucoup ri, ce que je n'aurais pas pensé possible à ce moment-là.
Astoria fit le tour du jardin d'hiver, observant les plantes tropicales rares de Narcissa – dont une bonne partie étaient aussi carnivores –. Nous nous passâmes la bouteille de champagne après en avoir bu une ou deux gorgées chacune. A mesure que la bouteille se vidait, les commentaires d'Astoria étaient ponctués par un nombre grandissant de gloussements.
Il me semblait que tout mon corps pulsait au rythme des battements de mon cœur et que la pièce tanguait gentiment.
La fête en l'honneur de mon cousin était bien lointaine dans mon esprit.
- Qu'est-ce que c'est ?
Astoria s'était hissée sur la pointe des pieds pour essayer de voir ce que cachait derrière le mur surmonté d'une verrière.
- C'est l'atelier d'art de Draco.
Son regard étincela.
- Vraiment ?!
Elle poussa la porte avant que je ne puisse l'arrêter. Mes jambes me semblèrent bien maladroites tandis que je courais pour la rejoindre. Si je n'avais pas pu l'empêcher de rentrer, je pouvais au moins limiter les dégâts en la forçant à sortir au plus vite.
L'atelier de Draco – surprise pour ses quatorze ans, qu'il avait investi depuis le début de cet été – était une petite pièce empiétant sur le jardin d'hiver de Narcissa. Deux des murs étaient entièrement faits de verre, tout comme le plafond – ce qui lui offrait une luminosité sans pareille. A part cela, il n'y avait qu'une immense table, des étagères qui débordaient de matériel en tout genre, et un chevalet occupé par une silhouette féminine.
Astoria la contemplait, la tête penchée sur le côté, la bouteille de champagne dans sa main gauche.
- On n'a pas le droit d'être là, Astoria. Draco va nous tuer.
Elle saisit le fusain que mon cousin avait abandonné et l'alcool ne suffit pas à repousser le froid qui glaça mes entrailles quand elle le posa sur la feuille de papier.
- Que fais-tu ?!
Elle fit la moue et ajouta quelques traits d'un geste sûr.
Je déglutis difficilement.
- Draco a horreur qu'on touche à ses dessins, gémis-je.
Elle reposa le fusain et me fit un clin d'œil.
- Je te parie qu'il me remerciera un jour. Sa perspective était complètement fausse.
J'échouai à trouver une réponse inspirée et je fus sauvée par l'arrivée de Parky dans un pop délicat.
- Miss Greengrass, vos parents n'attendent que vous pour partir.
Son sourire se transforma en grimace. Elle s'approcha de moi, me rendit la bouteille, et m'embrassa sur la joue.
- Merci pour cette soirée, Alya. Elle a été bien meilleure que ce que j'aurais pu imaginer.
Elle suivit Parky, sa démarche à peine oscillante quand j'avais du mal à garder mon équilibre. J'ignorai si je devais blâmer le champagne, mais je ne savais pas quoi penser. Je n'avais jamais trop pris le temps de m'intéresser à Astoria. Lucius lui préférait Daphnée, qu'il m'avait citée en exemple toute mon enfance. J'avais donc passé plus de temps à obtenir les faveurs de l'aînée Greegrass sans me préoccuper de la cadette.
A part le fait qu'elle était à Serdaigle, qu'elle semblait avoir un sens de l'humour qui plairait beaucoup à Pansy et qu'elle était douée en dessin, j'ignorais tout d'elle.
Ce fut en me promettant de remédier à cela dans les meilleurs délais que je pris la direction de ma chambre.
En chemin, je terminai la bouteille de champagne en deux longues gorgées. L'alcool se mit à pulser de plus belle dans mes veines, le monde vacillait un peu plus autour de moi – à moins que ce soit moi qui vacillais davantage – et je faillis tomber plusieurs fois, ce qui me décida à enlever mes escarpins à un moment.
Je trébuchai quand même en arrivant devant ma chambre. Je me rattrapai de justesse à la poignée de la porte.
Christopher salua mon entrée d'un haussement de sourcil.
- Et moi qui pensais que tu avais retenu la leçon de l'année dernière…
Il était installé sur mon lit, un livre retourné sur ses jambes croisées. Je ne pus que l'envier d'être déjà en pyjama.
Pansy avait dû échouer à le retenir.
- Rassure-moi, tu ne l'as pas bue entière seule, n'est-ce pas ?
Je jetai mes chaussures au milieu de la pièce.
- Je l'ai partagée avec Astoria.
Cela me valut un deuxième haussement de sourcils.
- Greengrass ? Ça ne m'étonne pas vraiment.
Il faudrait qu'il m'explique pourquoi un jour.
En posant la bouteille vide sur mon bureau, mon regard accrocha le petit paquet que j'avais espéré pouvoir lui offrir durant l'été.
Peut-être.
Si j'avais été un peu moins éméchée, je l'aurais sans doute laissé là où il était.
Ou peut-être pas.
Le rebond du matelas faillit me projeter au sol. Christopher m'attrapa le poignet juste avant que je ne bascule et il me hissa à ses côtés.
- Joyeux anniversaire, Chris.
Il sembla hésiter avant de prendre son cadeau.
- Mon anniversaire était il y a longtemps, souffla-t-il.
- Et je n'ai pas eu l'occasion de t'offrir quelque chose digne de tes quatorze ans.
La miniature semblait encore plus petite entre ses doigts qu'entre les miens. Il la détailla sous tous ses angles, retraçant le simple Chris écrit au dos du bout de son index.
Son regard était un peu plus brillant quand il recroisa le mien.
- Merci, Ely'. C'est magnifique.
Ce fut à mon tour d'hésiter. Depuis le début des vacances, il ne m'avait rien confié concernant Anton. Il y avait eu quelques allusions à leur amitié, mais rien de plus, même pas un petit indice.
C'était bien la première fois qu'il me cachait quelque chose aussi pleinement et je craignais qu'il n'apprécie pas que je prenne les devants.
Ce fut sans doute l'alcool qui me décida.
Je repris la miniature de ses mains.
- Ton secret est mon secret.
Le clic résonna étrangement dans le silence de ma chambre.
J'eus l'impression que Christopher pâlissait un peu, sans pouvoir en être certaine à cause de la pénombre. Mon cœur s'emballa dans ma poitrine.
Douce Circé…
Ses mains tremblaient. Il eut du mal à glisser un ongle dans la petite fente.
Il se figea quand il découvrit la photo.
J'avais l'impression que mon cœur était remonté dans ma gorge. Chacun de ses battements résonnait dans mes oreilles.
Une larme solitaire roula le long de la joue de Christopher et mes entrailles se glacèrent.
- Je suis désolée, marmonna-je, la gorge serrée. Je…
- Je voulais te le dire, Maellyn. Je ne voulais pas te mentir mais…
Ma vision se troubla. J'eus beau renifler pour retenir mes larmes, elles n'en firent qu'à leur tête.
J'attrapai sa main.
- Tu as l'air heureux, dis-je, en montrant la miniature d'un signe du menton.
Les coins de sa bouche tressautèrent et de nouvelles larmes lui échappèrent.
J'étais bien incapable de me souvenir de la dernière fois où je l'avais vu pleurer.
- Je le suis toujours avec lui.
Je l'avais vu sur chacun de ses traits sur la photo – je le connaissais trop bien pour me tromper – mais en avoir la confirmation apaisa les battements de mon cœur.
- Alors je suis heureuse pour toi.
Il me glissa un étrange regard en coin, qui sembla le convaincre de me faire face, un sourire timide sur ses lèvres malgré les larmes qui coulaient librement.
J'eus un éclat de rire humide qui me décida à attraper un mouchoir avant que la situation ne devienne périlleuse.
Je tombai malgré moi sur celui que Christopher m'avait prêté le jour du Poudlard Express, celui qui était brodé d'un A trop élégant pour un simple mouchoir.
Il éclata de rire en le reconnaissant et je ne pus que l'imiter.
Il nous fallut quelques minutes pour reprendre notre souffle, et encore quelques autres pour essuyer nos joues.
Je me laissai basculer contre lui, ma tête sur son épaule et la miniature dans ma main gauche.
- Je veux tous les détails.
Ses joues devinrent rouges, ce qui me tira un ricanement.
- Tu es impossible, Black.
…
Jeudi 14 Juillet 1995, Manoir Malefoy, Angleterre.
- Tu es prête ?
Je hochai la tête, mon geste raide malgré moi. Narcissa eut une petite grimace.
- Legilimens.
Je sentis tout de suite la pleine puissance de son attaque percuter mon Mur.
Je serrai les dents en le sentant vaciller.
Dans ma tête, il avait des allures de forteresse, dont la pierre grise rappelait celle de Poudlard. Je l'avais imaginé épais, très haut et j'avais bien l'intention de rajouter des pièges dès que j'aurai compris comment faire.
Narcissa fit une dizaine de tentatives pour le franchir, chacune plus puissante que la précédente, au point où je dus imaginer une nouvelle rangée de pierre dans le cas où elle parviendrait à passer.
Cela ne s'était pas produit depuis le début de la semaine – pas plus qu'elle n'avait réussi à sortir de ma Boucle ou de mon Refuge – et je comptais bien la maintenir hors de ma tête.
Je ne pus retenir un soupir de soulagement quand la pression reflua.
- Excellent, Maellyn, souffla-t-elle. Maintenant que les fondations de tes protections sont solides, nous allons pouvoir passer à l'étape suivante : les rendre invisibles.
Je fronçai les sourcils.
- Pourquoi faire ?
Sa posture devint plus raide. Son sourire forcé me souffla que je n'allais pas aimer sa réponse.
- Tu es une enfant, Maellyn. Le Seigneur des Ténèbres ne manquera pas de se demander pourquoi on aura pris la peine de faire de toi une Occlumens accomplie. Il ne doit pas avoir l'idée de fouiller ton esprit. La discrétion est donc de la plus haute importance.
Le grincement de mes dents me fit réaliser que j'avais verrouillé ma mâchoire à en avoir mal à la tête. Je pris une profonde inspiration pour ne pas perdre le fil. Ce n'était pas la première fois que Narcissa laissait entendre qu'une rencontre avec le Seigneur des Ténèbres était inévitable – c'était la principale raison pour laquelle ces leçons étaient obligatoires – et j'allais bien finir par me faire à l'idée.
Dans tous les cas, j'étais d'accord avec elle. Je n'avais pas non plus envie qu'Il fouille dans ma tête.
- Comment s'y prend-t-on ?
- Cela demande beaucoup de finesse et des techniques plus avancées que celles que tu connais déjà. La première que nous allons essayer s'appelle la Bulle.
J'avais déjà croisé ce nom dans un des livres d'Occlumencie.
- Il faut la voir comme une sorte d'alarme que l'on place autour de son esprit. En insistant un peu, un Légimens peut la passer sans difficulté – sans même le remarquer parfois – mais tu le sentiras forcément. Elle a aussi l'avantage d'atténuer le bruit de nos pensées. Tu es protégée, mais cela ne se voit pas au premier abord.
L'un des auteurs avait comparé cette technique à la façon dont un vase sphérique déformait l'aspect de ce qu'il contenait. On pouvait voir ce qu'il contenait mais il fallait un effort pour être sûr des détails.
- Il te faudra repenser ton Mur en quelque chose de beaucoup plus délicat et transparent. Je te laisse quelques minutes avant notre premier essai.
Je fermai les yeux et je fis le vide dans mon esprit.
Après deux semaines de leçons presque quotidiennes, j'y parvins en quelques respirations profondes. Mon Mur entourait mon esprit.
Solide.
Immense.
Impénétrable.
Mes entrailles se serrèrent à l'idée qu'il ne soit plus là pour protéger mes pensées.
Je n'avais pourtant pas le choix. Si je voulais faire payer Bellatrix, il fallait qu'Il me croit être sa parfaite héritière.
Il ne pouvait pas découvrir que j'étais la fille de Sirius Black.
Le mur devint à peine plus haut que moi avec ma première expiration. Il perdit la moitié de son épaisseur avec la deuxième.
Un frisson remonta ma colonne vertébrale quand il ne fut plus qu'un ridicule muret – une marche, tout au plus – que n'importe quel débutant en Légilimencie pourrait franchir.
J'attendis que les battements de mon cœur se calment. Narcissa ne me quittait pas des yeux, un sourire rassurant aux lèvres qui me donnait envie de lui rappeler que si j'avais accepté ces leçons, cela ne signifiait pas pour autant que je l'avais pardonnée. Elle avait toutefois posé sa baguette et je ne sentais pas son esprit autour du mien.
Personne n'allait profiter de l'occasion pour envahir ma tête.
Je refermai mes paupières. L'image d'une bulle de savon s'imposa à moi. Elle était à peine plus grande que la paume de ma main et sa surface était irisée, renvoyant la lumière de mon imagination.
Elle enfla en même temps que mes poumons se remplirent d'air.
J'eus un petit sourire.
Cela ne serait peut-être pas aussi dur que ce que j'avais pensé.
Trois respirations plus tard, la bulle éclata, ce qui me tira un soupir agacé.
- Je pense que tu es sur la bonne voie, Maellyn. Ne relâche pas ta concentration.
Par chance, le professeur McGonagall n'avait cessé de développer cela à travers les nombreux exercices de Métamorphose ces deux dernières années, aussi repris-je mes essais en essayant d'être aussi patiente qu'avec une transformation difficile.
Après plusieurs essais, je réussis à ce que la bulle englobe tout mon esprit. Elle vacillait beaucoup, en proie à des rafales de vent invisibles. Il ne faudrait pas grand-chose pour qu'elle éclate, mais elle était-là et c'était déjà beaucoup.
Je fis signe à Narcissa que j'étais prête.
Puisque mes défenses étaient redevenues solides, et que je mettais un point d'honneur à ce que Narcissa ne puisse plus les passer depuis que j'avais découvert la vérité, je dus me faire violence pour ne pas ériger mon Mur à la seconde où la chaleur que j'associais à son esprit ne touche le mien.
Elle resta à la frontière de ma protection pendant de longues secondes, en fit le tour, puis la traversa.
Un délicat pop retentit dans ma tête et j'eus un mouvement de recul.
Narcissa battit en retraite. J'eus l'impression que ses yeux étaient plus brillants tandis qu'elle me dévisageait. J'eus un rictus.
Que croyait-elle ? Qu'après m'avoir menti comme elle avait fait, je lui faisais encore confiance pour aller fouiller dans ma tête ?
Elle s'éclaircit la gorge.
- C'est très bien pour un premier essai. Tes pensées étaient encore perceptibles, mais tu n'as pas laissé de faille. Je crois que nous allons en rester là pour aujourd'hui.
Je me promis de m'entraîner ce soir, juste pour être sûre de progresser vite et de m'assurer que mes pensées resteraient privées. Narcissa serait bien capable de profiter de la situation comme elle seule savait le faire.
- Maellyn, il faut que nous parlions de ton bal de Débutante.
Je me levai et elle m'imita. Elle réussit à se dresser entre la porte et moi, ses mains levées devant elle comme si elle craignait que je l'attaque.
Pour être tout à fait honnête, Christopher m'avait montré plusieurs techniques qui étaient très efficaces et je pourrais la mettre au sol – surtout qu'elle était perchée sur des talons ridicules –.
Ce n'était pas la question.
- Je me fiche de ce satané bal, grognai-je, croisant les bras sur ma poitrine.
Elle soupira.
- J'avais cru comprendre, demoiselle. Je ne te demande pas ton aide pour l'organiser, juste ton attention concernant le déroulé de la soirée. Tu ne peux pas te permettre de faire une erreur, encore moins maintenant.
Ma réplique passa mes lèvres avant que je ne puisse y réfléchir à deux fois.
- A qui la faute, hein ?
Elle fit claquer sa langue contre son palais en réponse. Une vague de chaleur en provenance de mes entrailles me donna envie de lui cracher au visage.
Comment osait-elle ?!
- Nous avons établi que je suis la grande méchante de toute cette histoire, Maellyn. Ce qui est fait est fait. Est-il possible de ne pas aggraver la situation ?
Ma peau me donna l'impression d'être en feu.
- Ne pas l'aggraver ?! Le Seigneur des Ténèbres est de retour ! Combien de temps avant qu'il ne libère Bellatrix ? Combien de temps avant qu'il ne découvre la supercherie ? Quoi qu'il puisse se passer lors de mon bal de Débutante, je doute que cela changera grand-chose à la fin. La seule raison pour laquelle tu ne veux pas que je fasse de faux pas, c'est que tu veux éviter qu'un scandale éclabousse le prestige de la famille Malefoy. Comme si le tatouage de Lucius n'en disait pas assez long !
- Maellyn ! Je ne t'autorise pas à me parler de cette façon !
Dans ma bouche, ma salive devint acide. La tentation était encore plus grande.
Si j'avais su cracher, je l'aurais fait.
- Je m'en contrefiche !
Je forçai le passage, la bousculant un peu quand elle essaya de me retenir. Elle eut le bon sens de ne pas insister, ce qui me déçut presque.
Cela aurait été une excellente façon de libérer la colère qui pulsait dans mes veines.
La porte claqua dans mon dos et je me mis à courir. Je traversai le manoir, manquant de percuter Patty au détour d'un couloir et m'attirant les commentaires inspirés de certains tableaux.
Le soleil de cette fin de matinée était brûlant après la fraîcheur du manoir. La lumière me fit plisser les yeux, sans que cela ne suffise à me ralentir. Je savais très bien où j'allais.
La petite dépendance à l'arrière du manoir avait abrité de nombreux chevaux du temps où les Malefoy s'adonnaient régulièrement à la chasse à courre et où il était de bon goût de posséder plusieurs carrosses.
Quand j'étais plus petite, Draco et moi adorions y passer des après-midis à inventer des jeux quand la pluie nous interdisait de courir à travers le parc.
Christopher avait décidé que l'endroit était parfait pour nos entraînements au combat magique.
Il était installé au soleil, un livre dans les mains.
Il me dévisagea tandis que je reprenais mon souffle.
- Tu étais si pressée de mordre la poussière, Black ? se moqua-t-il.
Je grognai.
- Narcissa a voulu me parler de mon bal de Débutante.
Il haussa un sourcil.
- Et je suppose que cette discussion a été un succès ? Allez, j'ai réussi à bricoler un sac de frappe à peu près acceptable.
- Tu aurais dû me le dire, j'aurais apporté une photo de Narcissa.
- Je suis certain que cela ne sera pas nécessaire.
Je me glissai dans un des boxes pour passer des vêtements plus appropriés – une de ses tenues de Durmstrang – et il insista pour envelopper mes mains avec des bandes de coton pour les protéger. Narcissa devait se douter de la nature de nos activités quotidiennes – les Elfes de maison lui étaient particulièrement fidèles et ils savaient se faire discrets – mais ce n'était pas une raison pour attirer l'attention en arrivant au dîner avec des phalanges ensanglantées.
Du reste, d'après Christopher.
Pendant l'heure qui suivit, je me pliai donc à ses instructions, encore un peu décontenancée par l'assurance qui se dégageait de lui quand il s'agissait de me guider dans les exercices. Comme à chaque fois, nous commençâmes par travailler mes déplacements – essentiels pour savoir esquiver, être au bon endroit au bon moment et pouvoir être en mesure d'attaquer – puis je pus étrenner le sac de frappe – une sorte de drap fourré de paille et d'oreillers, que Christopher avait fixé au bout d'un cordage –.
Au fur et à mesure que mes poings ou mes pieds entraient en contact avec la cible, je sentais ma colère s'apaiser. Les paroles de Narcissa ne devinrent plus qu'un vague murmure dans un coin de mon crâne, qui finit par s'éteindre quand Christopher commença à me faire travailler des enchaînements, se montrant aussi exigeant que Monsieur Bogdanow l'été dernier.
Je préférais ça.
Pour être tout à fait honnête, je serais sans doute devenue folle sans l'entraînement que Christopher me faisait subir chaque jour.
Inlassablement, il venait me cueillir chaque matin pour m'emmener courir – qu'importe la météo –. J'avais encore l'impression que mes poumons essayaient de s'échapper de ma cage thoracique et je doutais de pouvoir suivre ses foulées d'ici la fin de l'été mais, paradoxalement, je ne me souvenais pas d'avoir un jour eu autant d'énergie. Mon corps me semblait plus solide, mes réflexes étaient meilleurs, et j'avais gagné une certaine souplesse.
Les entraînements au combat magique étaient ce que je préférais. Il y avait une forme de rigueur et de logique qui me rappelait la Métamorphose. Chaque geste avait une technique précise, qui s'imbriquait dans une mécanique plus globale pour obtenir un résultat parfait. Au fil des jours, ma maîtrise des mouvements devenait plus fine, tout comme la réponse de mon corps à mes différentes sollicitations.
J'étais moins maladroite, plus puissante, plus rapide.
J'aimais le nouveau contrôle que j'avais sur mon corps.
Après plusieurs séries sur des enchaînements que Christopher considérait comme essentiels, il m'en montra cinq nouveaux – chacun mêlant des poings, des pieds et des déplacements – que je ne manquerai pas de consigner dans un petit carnet.
Enfin, nous passâmes au combat libre.
Christopher se mit en garde. Son corps semblait détendu, pourtant, l'expérience m'avait appris que ce n'était qu'une façade. Il était capable de réagir à une attaque avec une vitesse qui me désarmait plus facilement que ses coups.
Il haussa un sourcil, une étincelle de malice dans son regard bleu, et je l'imitai.
- Souviens-toi de ce que je t'ai dit hier.
J'hochai la tête. J'avais eu le droit à une leçon de morale sur ma manie de toujours vouloir attaquer au lieu de penser à esquiver et à une énième critique de ma garde trop basse.
Apparemment, il me fallait remédier à ce détail assez vite si je ne voulais pas être édentée pour mon bal de Débutante.
Fidèle à son habitude, il se montra sans pitié dès la première seconde, une faveur que j'appréciais d'autant plus qu'elle était contraire aux habitudes de la société Sang-Pur, qui voulait qu'une fille de mon âge devait être ménagée à chaque instant.
Je réussis à éviter la première attaque de Christopher, prenant soin de garder ma garde haute, et de mettre une distance de sécurité entre lui et moi. Il approuva d'un signe de tête.
La suite devint vite plus confuse. Mes attaques portaient rarement leurs fruits et je me mélangeais un peu les pinceaux entre les différents enchaînements. A côté de la puissance contenue dégagée par Christopher, j'avais l'impression que mes tentatives étaient grossières d'approximation.
Je me sentais un peu comme un jeune chiot qui courrait pour la première fois.
A la fin du premier round, j'avais le souffle court et j'étais définitivement trempée. De nombreuses mèches s'étaient échappées de ma tresse et me collaient à la peau.
- Tu réfléchis trop, me dit-il.
Je grognai.
- N'as-tu pas laissé entendre hier que je ne réfléchissais pas assez ?
- Serait-il possible pour toi de trouver un juste milieu ? Juste pour changer ?
Je lui tirai la langue, ce qui le fit rire en réponse.
- Allez, on y retourne !
Au début, je fis de mon mieux pour débrancher mon cerveau, essayant de laisser mes réflexes prendre le dessus, espérant que les enchaînements que Christopher m'avait appris s'imposeraient, et tout ce que je réussis à faire fut de retomber dans mes travers de la veille.
- Tu te comportes comme un sac de frappe qui aurait des jambes !
Mon grognement était bien plus dirigé contre moi que contre lui, ce qui n'empêcha pas Christopher de le saluer d'un clin d'œil moqueur, juste avant qu'il ne me porte un coup de pied qui visait mes côtes et que je n'évitai que par chance.
- J'ai parfois l'impression que tu es plus efficace quand tu es en colère.
Le nombre de personnes qui semblait penser la même chose commençait à m'inquiéter.
Je réussis à placer deux enchaînements de façon satisfaisante, touchant Christopher à chaque fois, avant de me mettre hors de portée.
En repoussant la mèche de cheveu qui me barrait le visage, mon regard accrocha la haute silhouette découpée par la lumière du soleil.
Mon cœur rata un battement et je me figeai malgré moi.
Christopher se montra sans pitié.
Son poing s'écrasa sur mon visage, la douleur implosa au niveau de mes lèvres et je me sentis basculer en arrière, plus surprise que véritablement sonnée. Mes lèvres pulsaient, diffusant un goût métallique dans ma bouche. En les effleurant du bout des doigts, je découvris du sang.
Je grimaçai.
- Ça t'apprendra à lâcher ton adversaire des yeux, grogna Christopher, avant de me tendre une main pour m'aider à me relever.
Je sentais le sang couler le long de mon menton. Mes lèvres devaient déjà être en train de gonfler. La meilleure des choses à faire consistait à rejoindre les cuisines pour demander une poche de glace. Et sans doute un peu d'essence de dictame.
Je ne pouvais rien faire de tout cela tant que Lucius me détaillait des pieds à la tête avec encore plus de morgue que d'habitude.
La colère que les exercices de Christopher avaient réussi à dissiper revint accélérer les battements de mon .
- Qu'est-ce que cela signifie ?!
Christopher sursauta. Il se retourna vivement vers Lucius, son corps rigide à la façon du garde à vous que j'avais souvent aperçu chez les élèves de Durmstrang.
- J'ai demandé à Alya de m'aider à m'entraîner, répondit-il sans même hésiter.
Lucius l'ignora complètement.
Je soutins son regard, serrant les poings pour m'empêcher de lui cracher ma bave mêlée de sang au visage.
- Il semblerait que tu aies oublié ta place, Alya, siffla-t-il.
S'il parlait de la place d'une jeune fille de bonne famille, il avait sans doute raison. J'étais vêtue d'un short et d'un t-shirt de garçon, mes tibias, mes genoux et mes coudes étaient maculés de bleus. Je n'étais pas coiffée et j'étais trempée de sueur.
Pour couronner le tout, le bas de mon visage devait être maculé de sang.
J'eus un éclat de rire mauvais.
- Ma place ? Et quelle est-elle, mon oncle ? Celle d'un produit rare et un peu exotique que vous essayez de vendre au plus offrant, en espérant obtenir l'ascendant sur vos alliés en politique ? Cette place ?
J'eus l'impression de le voir blêmir un peu. Sa prise se resserra sur sa canne. Christopher se décala légèrement pour se positionner entre lui et moi.
J'étais loin d'être une spécialiste du combat magique et Lucius était un duelliste aguerri, mais entre la haine qu'il m'inspirait et la rapidité dont Christopher pouvait faire preuve, nous avions nos chances.
Finalement, Lucius eut un rictus mauvais.
- La perspective d'un bon mariage est tout ce qu'on peut tirer d'une fille. Ton père te dira la même chose quand il nous rejoindra.
Pas si.
Quand.
J'ignorais si Lucius était dans les confidences de Son Maître – il l'avait trahi après sa chute – mais ce n'était pas tant la perspective d'une entrevue avec Rodolphus qui me glaçait le sang.
- Quelque chose me souffle que Bellatrix Lestrange ne sera pas de cet avis. Et entre celui du Premier Lieutenant du Seigneur des Ténèbres et un homme qui a menti pour éviter Azkaban, il n'est pas très difficile de deviner qui aura le dernier mot !
Si cela était encore possible, le rictus de Lucius devint encore plus hideux, suffisamment pour me terrifier au point de me donner envie de pleurer quand j'étais plus petite.
Aujourd'hui, j'avais juste envie de l'effacer d'un coup de poing.
- Tu n'es qu'une sale petite ingrate, Alya, gronda-t-il. Tu oublies que nous t'avons élevée et pourvu à tes besoins. Cette générosité pourrait très bien s'arrêter.
- Nous savons tous les deux qu'il est trop tard pour cela. Je doute que le Seigneur des Ténèbres approuverait et je suis certaine que Bellatrix te le ferait payer. Sans oublier Narcissa et Draco.
Il ouvrit la bouche, puis la referma sans qu'un seul mot n'ait passé ses lèvres. Les phalanges de la main qui tenait sa canne étaient devenue blanches.
Je lui offris mon meilleur sourire tordu.
- Tu regretteras cette attitude, Alya. Je te le promets.
Il tourna les talons. Sa démarche ressemblait plus à une fuite qu'à une sortie victorieuse, quand bien même il avait eu le dernier mot.
Christopher attendit qu'il ait disparu pour me tendre un mouchoir.
- J'ai cru qu'il allait te frapper avec sa canne, souffla-t-il.
L'étincelle de malice dans son regard me tira un sourire.
- J'espérais qu'il le fasse. J'aurais pu le frapper là où ça fait très mal et faire passer ça pour un accident.
- Crois-moi, Alya, tu y es parvenue sans te salir les mains. Je dois dire que je suis agréablement surpris par ton self-control.
Je levai les yeux au ciel.
- Rien ne remplace l'expérience, Chris… On reprend ?
…
Lundi 25 Juillet 1995, Manoir Malefoy, Angleterre.
Il avait fallu que Lucius choisisse ce matin pour prendre son petit-déjeuner avec nous, comme si les dîners n'étaient pas devenus assez pénibles depuis une semaine.
Installé en bout de table, penché sur l'exemplaire de La Gazette qui finirait dans la chambre de Draco avant la fin de la journée – Pansy le soupçonnait de collectionner tous les articles qui mentionnaient Potter, un sacré nombre, donc, et j'étais de plus en plus convaincue qu'elle avait raison –, il avait ce sale petit sourire narquois au coin des lèvres qui me donnait envie de lui balancer mon assiette de porridge au visage.
Toutes ces années, je pensais le haïr.
J'avais tort.
La haine que je lui vouais depuis quelques jours était en passe de surpasser celle que je ressentais pour Narcissa – qui m'avait menti, manipulée et qui s'en était prise à ma famille moldue –.
Il n'avait toujours pas digéré le fait que je lui avais tenu tête, après qu'il nous ait interrompu, Chris et moi, aussi donnait-il l'impression de tout mettre en œuvre pour me compliquer la vie. Il avait commencé par menacer de renvoyer Christopher chez les Rowle si nous ne mettions pas fin à nos entraînements, obligeant Narcissa à lui rappeler que cette décision ne lui revenait pas. Il nous imposait la présence constante de Ponny, la seule Elfe qui lui était complètement dévouée. J'avais horreur de la sensation d'être épiée et cela restreignait aussi les conversations que nous pouvions avoir. Pour couronner le tout, il exigeait que j'ouvre mon bal de débutante avec Théodore Nott, alors même qu'il était prévu depuis toujours que ce privilège revienne à Draco.
Quand il nous avait annoncé hier que la présence de Christopher serait obligatoire ce matin, j'avais failli lui avouer que j'étais la fille de Sirius Black.
Morgane en soit témoin, je lui ferais payer.
Un coup de coude dans mes côtes me fit sursauter. Draco me désigna sa mère d'un geste du menton. Je fis claquer ma langue contre mon palais : Narcissa n'avait pas intérêt à profiter de la situation pour me parler de mon bal de débutante, ou j'allais hurler.
- Je disais : dépêche-toi un peu de manger, il faut encore que tu te prépares, et il ne serait pas de bon ton d'arriver en retard.
Je n'avais pas faim. Toutefois, la journée risquait d'être longue et forte en émotions, aussi m'obligeai-je à terminer mon assiette. Du coin de l'œil, je devinais que Christopher se forçait encore plus que moi. Son teint blanc et ses poings crispés autour de ses couverts provoquèrent une nouvelle bouffée de chaleur.
Ma magie grésilla le long de ma peau, un signe que j'avais appris à reconnaître.
Que se passerait-il si je l'ignorais ? Si je la laissais prendre le dessus ? Lucius ne méritait rien de mieux que d'être projeté contre un mur.
De façon violente.
Plusieurs fois.
- Puis-je sortir de table ?
La voix de Christopher était rauque et les traits de son visage rigides. Je ne me souvenais pas de l'avoir un jour vu dans cet état, pas même après que Narcissa ait été le récupérer au manoir Rowle.
- Bien sûr, Christopher. Sois dans le hall d'entrée dans une demi-heure, d'accord ?
Il hocha la tête, son geste terriblement raide, puis quitta la pièce à grandes enjambées.
J'enfournai le reste de mon porridge en trois cuillerées, ce qui était le meilleur moyen pour que mon petit-déjeuner termine dans les toilettes, mais au moins puis-je me faire excuser à mon tour.
Christopher était assis au bord de son lit, les coudes plantés dans ses cuisses, ses mains agrippées l'une à l'autre. Je fis un premier pas hésitant sans qu'il ne relève la tête. La main que je posai sur son épaule le fit sursauter : son poing droit se serra par réflexe et il arma son bras. Son regard se mit à briller quand il me reconnut.
Le cœur serré, je ne pus que l'attirer contre moi, sa tête sur ma poitrine.
- Je suis tellement désolée, Chris… Il est horrible.
Un lourd soupir passa ses lèvres.
- J'avoue que j'ai longtemps pensé que tu exagérais le concernant, mais je dois reconnaître que tu avais raison.
Je resserrai ma prise sur ses épaules et il finit par passer ses bras autour de ma taille. Un lourd soupir secoua son corps, puis il me libéra avec douceur.
- Tu devrais aller te préparer. Tout cela est bien assez pénible sans que tu ne t'attires davantage ses foudres.
Je croisai les bras sur ma poitrine.
- Parfois, j'ai presque hâte que Bellatrix s'échappe pour le remettre à sa place, grinçai-je, esquissant un pas en direction de la sortie.
- Je ne manquerai pas de te le rappeler.
Patty avait placé une robe noire bien en évidence sur mon lit, ainsi qu'une paire de chaussures plates. J'étais tentée d'enfiler quelque chose d'inconvenant à la place, mais Lucius serait capable de m'interdire d'accompagner Christopher, et je ne pouvais me résoudre à l'abandonner seul face aux griffes des Rowle.
Je terminai de me préparer quand Draco frappa à la porte de ma chambre, une lettre dans sa main gauche.
Mon cœur se mit à battre plus fort.
Puisque j'utilisais exclusivement son hibou pour envoyer des lettres à mon père, je sus tout de suite de qui elle était.
- Il devient urgent que tu aies bientôt ta propre chouette. Père s'est montré un peu trop insistant quand je ne l'ai pas ouverte pour la lire sur le champ.
Lucius était vraiment décidé à me rendre la vie difficile : je doutais que le fait d'avoir ma propre chouette y change grand-chose. Je me promis de renforcer la sécurité de ma correspondance avec mon père lorsque nous reviendrons, et je cachai celle qu'il venait de m'envoyer dans l'enveloppe de la dernière lettre de Crystal.
- Tu es prête ?
Je passai ma cape d'été, glissant ma baguette dans la poche prévue à cet effet.
- Et toi ?
Il hocha la tête et nous allâmes chercher Christopher ensemble. La mâchoire de mon ami était à nouveau verrouillée, son regard bleu semblait terriblement sombre et sa démarche était raide.
Bien entendu, Lucius et Narcissa nous attendaient déjà devant la cheminée et il passa le premier.
- Cimetière Greyfriars Kirkyard, Londres !
Il disparut dans un tourbillon de flammes vertes, puis ce fut au tour de Draco.
Narcissa serra doucement l'épaule de mon ami.
- Tout se passera bien, Christopher. Je ne les laisserai pas te faire du mal.
Il se dégagea un peu sèchement et disparut, me laissant seule avec Narcissa, ce dont je me serais bien passée.
- Maellyn, je sais que tu voues une amitié sans faille à Christopher, mais un scandale ne l'aiderait en rien, et rendrait ta situation encore plus délicate.
- Je ne suis pas stupide, Lady Malefoy.
- Non, mais tu es capable de te montrer très impulsive. Tâche de faire preuve de discrétion.
Je fis de mon mieux pour ignorer le fait que c'était la troisième fois qu'elle m'incitait à faire profil bas face à Lucius, ce qui commençait à être inquiétant.
En saurait-il trop ?
La poudre de Cheminée m'emporta, reléguant cette possibilité dans un coin de mon cerveau, mon attention accaparée par la tâche qui consistait à ne pas vomir en chemin.
Le ciel était d'un joli bleu sur Londres, comme sur la majeure partie du pays, ce qui rendait encore plus étrange le rassemblement de personnes vêtues de tenues sombres.
Le dernier enterrement auquel j'avais assisté était celui de ma grande tante Cassiopée, pour laquelle l'assistance avait été très réduite.
Euphémia Rowle méritait d'être enterrée dans l'anonymat le plus total ou, à la rigueur, les huées d'une foule déchaînée, pour ce qu'elle avait fait à Christopher.
Comme je me l'étais promis, je m'agrippai au bras de mon ami, faisant crisser les graviers sous chacun de mes pas. Draco était quelques mètres devant nous, sa démarche identique à celle de son père et Narcissa fermait la marche. Une fois que nous eûmes rejoint le reste des invités, il devint plus aisé de nous perdre parmi eux. Le plan était de s'éloigner le plus possible du caveau des Rowle et d'observer le service de loin, tout en priant pour que tous les membres du clan Rowle ait le bon goût de ne pas remarquer Christopher.
Thorfinn Rowle nous intercepta avant que nous ayons eu l'opportunité de le mettre en place.
- Ta place est à mes côtés, fils.
Si cela était encore possible, Christopher se tendit davantage.
- Je ne suis plus ton fils, gronda-t-il.
Thorfinn esquissa un geste, comme s'il allait prendre Christopher dans ses bras – l'audace – ou au moins poser sa main sur son épaule – le culot de cet homme rivalisait avec celui de Lucius –.
Le regard de Christopher aurait stoppé un hippogriffe en furie.
Je libérai son bras et je lui adressai un dernier petit sourire de soutien. Il me tourna le dos sans que je ne sois sûre qu'il l'ait vraiment remarqué.
- Millie et moi, on est prêtes à se hurler dessus à la seconde où tu nous fais signe, petite.
La voix de Pansy me fit sursauter.
- J'espère qu'on aura pas besoin d'en arriver là. Lucius serait capable de dire que j'ai tout orchestré.
- Vu la haine brûlante que tu voues à Euphémia Rowle, je suis certaine que tu es tout en haut de la liste des suspects.
Je levai les yeux au ciel. Non pas que je ne trouvais pas l'idée tentante – j'aurais au moins eu la certitude qu'elle ait souffert avant de mourir – mais je doutais de la rumeur qui voulait que Thorfinn ait arrangé la mort de son épouse – d'une façon ou d'une autre – de sorte à pouvoir se remarier et mettre au monde un nouvel héritier. Euphémia était souffreteuse de nature – Christopher avait passé de nombreuses nuits au manoir Malefoy pour cette même raison – et Thorfinn avait donné l'impression de vouloir que Christopher redevienne son héritier ces derniers mois
- Peu importe comment elle est morte, soufflai-je finalement. Ce n'est que bon débarras.
Puisque Christopher avait été propulsé au premier rang, j'abandonnai Pansy et Millie pour me rapprocher à mon tour, juste pour que mon ami ait un visage amical à proximité, rejoignant Draco.
Si ma mémoire était exacte, le mage qui officiait la cérémonie était le même qui avait procédé à celle de ma grande-tante Cassiopea. Il avait grossi depuis la dernière fois et il ferait mieux de raser ce qui lui restait de cheveux sur le crâne.
Il obtint le silence de l'assemblée d'un simple raclement de gorge – magiquement amplifié quand même –.
- Nous sommes réunis aujourd'hui pour dire adieu à Euphémia Rowle. Vous tous qui êtes venus ici avaient été les témoins de sa bonté d'âme, elle qui était à la fois une épouse aimante et une mère affectueuse.
Je faillis m'étouffer avec ma propre salive. Draco croisa les bras sur son torse à ma gauche et je vis Christopher se tendre, chaque trait de son visage reflétant la haine qu'il vouait à sa génitrice.
Je pris soin d'assassiner Thorfinn du regard.
Comment osait-il ?!
- Je vais essayer de retracer en quelques mots la vie d'Euphémia, même si nous savons tous que ce que je pourrais dire ne lui rendra pas justice.
Puisque la seule façon de rendre justice à la vie d'Euphémia Rowle aurait été de traîner son nom dans un tribunal et de la faire condamner pour ce qu'elle avait fait subir à Christopher, le Mage risquait effectivement de ne pas être à la hauteur.
Il tenta de nous faire remonter le temps par la seule force de sa voix – peu charismatique, il fallait bien le reconnaître –, relatant les premières années d'Euphémia, ses études – supposément brillantes – à Poudlard, puis son mariage idéal avec Thorfinn.
- Le couple accueillit bientôt un premier fils, Carlton, débordant de vie. Il fit la fierté de ses parents dès la seconde où il poussa son premier cri. De petit garçon, il devint un jeune homme accompli, dont le futur était tout tracé. Malheureusement, le destin ne se montre pas toujours tendre… Carlton décéda quelques mois après son dix-huitième anniversaire, emporté par une guerre sanglante qui laissa de nombreux enfants orphelins et encore plus de mères aux cœurs brisés.
Je me demandai combien, parmi toutes les personnes rassemblées aujourd'hui, se souvenait vraiment de Carlton Rowle. Bien sûr, il y avait plusieurs portraits de lui au manoir Rowle et Christopher lui ressemblait beaucoup, mais il ne s'agissait que d'une image. Qu'en était-il de son caractère ? Des événements qui avaient marqués sa courte vie ? Du tatouage qui avait défiguré son bras gauche ?
Combien pour se souvenir que le Seigneur des Ténèbres avait mené un jeune homme à sa perte, et tant d'autres avec lui, au nom d'une idéologie basée sur la haine ?
Combien allait reproduire la même erreur ?
Un frisson remonta ma colonne. Mon regard abandonna la farce qui se jouait devant moi pour se poser sur le caveau des Black, seule tâche noire au milieu d'un champ de granite, attaqué par la mousse. Je savais que Regulus, mon oncle, avait connu un destin tristement similaire à celui de Carlton Rowle. J'ignorai si mon père savait ce qui lui était arrivé.
- Parfois, les miracles arrivent quand on ne les attend plus. C'est ainsi qu'Euphémia put devenir mère à nouveau avec l'arrivée de son second fils, Christopher.
Mes yeux revinrent sur lui. Il était désormais livide et je pouvais le sentir vibrer malgré la distance entre nous. Si le mage ne terminait pas rapidement son discours, il y avait de bonnes chances pour qu'il perde le contrôle de sa magie et qu'il fasse exploser le caveau des Rowle au passage.
Je portai l'ongle de mon pouce à ma bouche une fois de plus. Mes dents ne trouvèrent que la chaire. La douleur et le goût du sang échouèrent à chasser mon inquiétude, mais m'aidèrent à garder mon sang-froid.
J'étais à deux doigts de faire signe à Pansy et Millicent d'ignorer mes précédentes réserves.
Les minutes s'égrainèrent lentement. Pour une femme qui n'avait rien accompli d'extraordinaire dans sa vie, le mage avait trouvé bien des choses à raconter.
- Je vous invite maintenant à vous recueillir quelques instants dans le silence, puis j'inviterai la famille à me suivre dans la dernière demeure d'Euphémia.
Christopher refusa de baisser la tête et je l'imitai.
Nos regards se croisèrent.
Son expression me donna envie de le prendre dans mes bras. Je ne pus qu'articuler silencieusement.
- C'est presque terminé.
Il hocha la tête et repoussa ses épaules en arrière, son corps retrouvant ce garde-à-vous si familier chez les élèves de Durmstrang.
Le clan Rowle – une vingtaine de personnes pour lesquelles je n'avais pas une once de respect étant donné qu'aucun n'avait bougé le petit doigt deux ans plus tôt – entrèrent dans le caveau à la suite du cercueil en bois clair. Leurs plus proches parents restèrent à l'entrée, figés dans leur posture de recueillement. Il était d'usage de s'éloigner – ce que firent Lucius, Narcissa et Draco – pour offrir une certaine forme d'intimité à la famille de la défunte, mais je ne pouvais m'y résoudre. Christopher avait toujours été à mes côtés dans les moments difficiles, je n'allais pas l'abandonner maintenant.
Qu'importe les traditions.
Les invités qui étaient restés devant l'entrée du caveau se redressèrent tous dans un même sursaut.. Je n'eus pas le temps de comprendre ce qu'il se passait. Un cri résonna au loin – il semblait venir du caveau – qui fut repris par une dame d'un certain âge – la grande-tante paternelle de Christopher par alliance – puis mon ami apparut. Il se fraya un chemin à coups d'épaules ravageurs, quand bien même son expression suffisait à elle seule à décourager les plus téméraires. Il se mit à courir dès que la voie fut libre et je me lançai à sa poursuite.
Il s'arrêta vite, à l'ombre d'un immense chêne.
- Chris !
Il tourna un visage souriant vers moi, ce qui me laissa sans voix. Mes yeux tombèrent sur sa main droite ensanglantée.
- Tu es blessé ?!
Il haussa les épaules.
- Je suis presque sûr que je me suis cassé quelque chose, mais ça en valait la peine.
Je fronçai les sourcils.
- Que s'est-il passé ?
Son sourire retomba un peu et il jeta un regard en direction de la cérémonie. Son signe du menton m'incita à me retourner. Un attroupement s'était formé devant le caveau et la position un peu surélevée où nous étions me permis de deviner quelqu'un au sol.
Thorfinn Rowle, très probablement.
Mon sourire tordu étira mes lèvres.
- Bien joué, Chris, dis-je en lui faisant face à nouveau. Soulagé ?
- Je peux mourir heureux.
Son regard devint étrangement brillant. Je franchis la distance qui nous séparait encore pour le prendre dans mes bras, soucieuse de ne pas toucher sa main blessée.
Il eut un lourd soupir, du genre qui faisait trembler l'âme et qui précédent les sanglots. Il se contenta de plaquer sa joue sur contre le sommet de ma tête et aucune larme ne vint mouiller mes cheveux.
- Il le méritait, Chris. Et si quelqu'un ose le moindre reproche, je le change en blatte.
Il eut un bref éclat de rire. Un peu trop forcé mais un éclat de rire quand même.
Il me libéra doucement, remettant une distance plus respectable entre nous deux. Je compris un peu mieux quand je risquai un coup d'œil par-dessus mon épaule. Narcissa venait vers nous à grandes enjambées.
Elle remarqua aussitôt la blessure de Chris.
- Douce Circé, Christopher !
Elle attrapa sa main avec autorité, tirant une grimace à mon ami, et l'examina de près.
- Tu t'es bien arrangé… Rentrons au manoir, que je puisse faire venir le Médicomage Perrin.
Par souci de discrétion, nous fîmes un détour pour éviter la foule des invités, ce qui n'empêcha pas Millicent et Pansy de saluer le geste de Christopher par des pouces levés.
Dès que nous fûmes au manoir, Narcissa passa un coup de cheminette au Médicomage Perrin, puis ordonna à Christopher de plonger sa main dans une bassine d'eau où nageaient de nombreux glaçons.
Elle eut le bon goût de garder ses questions pour elle et de nous laisser seuls dans le petit boudoir du rez-de-chaussée.
- Ça va aller ?
- Oui. Ce n'est qu'une petite blessure.
L'eau de la bassine était devenue rouge et j'étais presque sûre que le truc blanc au niveau de ses phalanges était de l'os.
- Je ne parlais pas forcément de ta main.
Il détourna le regard, les lèvres serrées. Je me rapprochai un peu plus de lui, laissant rouler ma tête sur son épaule gauche.
- Dans tous les cas, je crois que personne n'est prêt d'oublier cet enterrement.
Le coin de ses lèvres frémit.
- Je crois que le côté dramatique des Black commence à déteindre sur moi.
Ce fut à mon tour d'éclater de rire, ce qui sembla amuser le Médicomage Perrin sur le pas de la porte.
- Je vois qu'il faut autre chose qu'une main en mille morceaux pour entamer votre bonne humeur ! Voyons voir cela, jeune homme ?
Le Médicomage Perrin agita sa baguette, les sourcils froncés. La main de Christopher semblait avoir doublé de volume, son index et son majeur étaient bleus et une plaie s'étendait sur ses trois premières phalanges.
- Essayez de bouger les doigts.
Christopher essaya d'agiter ses doigts comme le lui montrait le Médicomage, ce qui lui tira une grimace douloureuse.
- Hum…
Il agita à nouveau sa baguette et, cette fois, la magie opéra. La main de Christopher retrouva sa taille normale et la plaie sembla bien moins profonde. Le Médicomage Perrin appliqua un baume épais sur ses bleus, puis enveloppa sa main d'un bandage.
- Dans quel état se trouve la partie adverse ? demanda-t-il.
- Inconsciente et peut-être même une ou deux dents en moins.
- Ça ne serait que justice. Il faudra faire attention à cette main pendant au moins une semaine, ce qui veut dire moins de boxe.
J'ignorais s'il disait ça parce que Christopher venait de balancer son poing au visage de quelqu'un ou parce qu'il savait que Christopher s'adonnait au combat magique.
Il rangea son matériel, laissant un petit pot de baume, puis se tourna vers moi.
- Je suis heureux de voir que vous semblez avoir retrouvé la santé, Miss Alya. Je ne manquerai pas de vous examiner avant la fin de l'été, mais si vous continuez sur cette voie-là, je devrais pouvoir convaincre Madame Pomfresh de vous laisser tranquille à la rentrée.
Christopher avait si bien réussi à me changer les idées au cours des dernières semaines que je n'avais pas repensé une seule fois à cette éventualité. Je remerciai le médicomage Perrin d'un sourire sincère.
Narcissa la remplaça. L'inquiétude avait quitté ses traits. Elle détaillait Christopher depuis le pas de la porte, les bras croisés sur sa poitrine, un pli entre ses sourcils. Elle eut un soupir.
- Maellyn, peux-tu nous laisser seuls ?
Je plissai les yeux, ma bouche déjà ouverte pour défendre Christopher. Mon ami avait insisté pour ne pas se rendre à l'enterrement d'Euphémia depuis l'annonce de son décès en début de semaine. Lucius s'était mis en tête que sa place était toutefois aux côtés de sa famille – son intransigeance ressemblait beaucoup à une punition pour m'avoir initiée au combat magique – et Narcissa avait échoué à faire changer son mari d'avis.
Elle était au moins aussi responsable ce que qui s'était passé que Christopher.
Il déposa sa main valide sur mon bras, m'empêchant de dire tout cela à voix haute.
- Ça va aller, Ely'. Je te rejoins après ?
J'étais incapable de dire non à son regard suppliant.
Je pris la direction de ma chambre, non sans jeter un dernier regard sombre en passant près de Narcissa. Qu'elle ne se risque pas à exiler Christopher, ou je saurais rendre sa vie misérable.
Après tout, mon père serait sans doute ravi de me donner des conseils et, qu'importe où il soit, ses réponses arrivaient beaucoup plus vites que l'été dernier.
Cette pensée me rappela que sa dernière lettre m'attendait dans ma chambre, ce qui serait une excellente distraction en attendant Christopher.
Je récupérai la lettre et rejoignis mon lit tout en enlevant mes chaussures. A force de mettre des baskets plusieurs heures pas jours, ma collection d'escarpins en tous genres était de plus en plus inconfortable.
Chaton,
J'espère que cette lettre te trouvera en aussi bonne santé que tu le prétends – non pas que j'en doute, mais je pense être plus exigeant que toi sur la question – et que tu n'as pas cédé à la tentation de tuer Lucius Malefoy – non pas que cela serait une grosse perte, mais t'aider à t'évader d'Azkaban risque de se révéler pénible –.
Si Voldemort n'était pas revenu, je t'aurais sans doute aidé à élaborer le scandale de l'année lors de ton bal de Débutante – Godric en soit témoin, j'ai su marquer les esprits lors des derniers bals des Vingt-Huit Consacrées auxquels je me suis rendu – mais, pour cette fois, je crois qu'il est plus important que tu fasses profil bas. Je suis certain que ce n'est plus qu'une question de mois avant que la grand-mère de ton amie ne retrouve les Adler. Tu seras bientôt débarrassée de tout ce cirque. Et tu seras en sécurité, ce qui est le plus important.
Te connaissant, je suis certain que tu as fait de véritables progrès en combat magique, mais que tu ne le reconnaîtras uniquement quand tout sera parfait, ce qui est un objectif ambitieux. Je ne suis pas sûr d'aimer l'idée que tu passes une partie de tes journées à prendre et à donner des coups, mais si les choses s'étaient déroulées autrement, il est fort probable que Judy t'aurait initiée à la boxe elle-même. Je te demande juste d'être raisonnable.
Si Lucius a ordonné à son elfe de te surveiller de près, il va t'être très difficile d'y échapper. Narcissa peut toutefois lui donner l'ordre de ne pas écouter ce qu'elle entend ou de fermer les yeux pendant une minute, toutes les trente secondes. Tout dépend de ce que Lucius lui a demandé de faire… Tu peux aussi utiliser le sortilège Mufliato.
Puisque tu es la première à me demander de me montrer prudent, je vais te faire la même recommandation : ne vas pas te mettre en danger en espionnant Lucius Malefoy ou n'importe qui d'autre, ce qui vaut aussi pour tes amis. Il y a une différence entre rester à l'affût des rumeurs ou des commérages et chercher à en apprendre plus à tout prix.
A part ça, tout va bien de mon côté. Je suis toujours en sécurité, et j'ai même réussi à récupérer ma baguette magique, ce qui est une excellente nouvelle. J'ai de plus eu l'occasion d'avoir une discussion très intéressante avec Ginny Weasley : il paraîtrait qu'elle t'aurait envoyée à l'infirmerie il y a quelques mois de cela. Je suis curieux d'en apprendre plus, chaton.
Tu as le bonjour de Remus et de Minerva (qui espère recevoir une lettre dès le premier éclair au-dessus du manoir Malefoy).
Je t'embrasse,
Papa.
L'ongle de mon index rejoignit mes lèvres. Je dus me faire violence pour ne pas mordre dedans, mes yeux fixés sur le deuxième paragraphe. Mes entrailles se nouèrent et je basculai la tête en arrière. Je n'avais pas vraiment été très honnête avec mon père concernant la décision que j'avais prise au début de l'été. Ce n'était pas la première fois qu'il laissait entendre que je serais plus en sécurité auprès de ma famille moldue une fois que la grand-mère de Crystal l'aurait retrouvée. Il était évident qu'il n'imaginait pas une seconde que je puisse rester au Royaume-Uni maintenant que le Seigneur des Ténèbres était de retour, et que ce n'était plus qu'une question de mois avant que Bellatrix ne retrouve sa liberté.
Si je ne devais prendre en compte que ma sécurité, c'était le choix le plus logique. Bellatrix ne viendrait pas me chercher aux États-Unis et si Grant Adler et Burt White avaient prouvé quelque chose, c'était bien qu'ils savaient disparaître.
Seulement, cette solution ne prenait pas en compte le reste – lui, Draco, Christopher, Pansy, Crystal et même Narcissa –. La culpabilité de les abandonner, tous, finirait sans doute par me rendre folle.
S'il n'aimait pas l'idée que je passe mes après-midis à me battre avec Christopher, il n'y avait pas besoin d'être devin pour imaginer sa réaction si je lui annonçais de but en blanc que je comptais bien rester.
Je veux lui faire payer. Je veux la détruire.
Si tout se passait comme prévu, je n'allais pas simplement rester.
J'attendis que la peur affole les battements de mon cœur ou que mon corps ne se recouvre d'une fine pellicule de sueur, sans succès. J'avais eu l'occasion de repenser plusieurs fois à ma décision depuis le début de l'été. Premièrement, Pansy et Draco semblaient toujours décidés à me faire changer d'avis : à les entendre, le droit de s'inquiéter pour la sécurité d'une personne qui leur était chère leur revenait entièrement, qu'importe que je puisse leur retourner chacun de leurs arguments. Au fond, la raison de leur insistance était aussi vieille que le monde : j'étais plus jeune, ils étaient plus âgés, je devais donc leur obéir.
Deuxièmement, chaque leçon d'Occlumancie me rappelait que ma survie dépendrait de mes capacités à progresser dans cette discipline. Enfin, il m'était très difficile d'oublier pourquoi je tenais autant à ne pas fuir quand je me faisais passer pour Alya Lestrange à longueur de journée.
Dans tous les cas, j'avais retourné le problème dans tous les sens. La seule issue à tout ce cirque était que je me retrouve en mesure de glaner des informations qui pourraient être utiles à Dumbledore – et Potter – pour que les héros du monde sorcier puissent nous débarrasser du Seigneur des Ténèbres.
Il y avait très peu de chance pour que j'échappe à la Marque.
Douce Circé, mon père allait en faire une apoplexie.
Juste pour être sûre, je me promis de lui parler de son frère dans ma prochaine lettre.
La porte de ma chambre s'entrouvrit plus largement, me sortant de mes pensées. Christopher vint me rejoindre sur le lit. Son expression me rappelait celle qui n'avait que très rarement quitté son visage, deux étés de cela.
- Alors, que t'as-dit Narcissa ?
Il grimaça.
- Elle a compris pourquoi j'avais fait… ce que j'ai fait…
- Mais ?
- Elle n'est pas certaine de réussir à en convaincre Lucius.
Je déglutis.
- Il ne peut pas te renvoyer au manoir Rowle, grondai-je.
Il secoua la tête.
- Oh, je doute que cela soit une possibilité. Je l'ai frappé, Maellyn. Plusieurs fois. Devant tout le clan Rowle. Il y a plus de chances pour qu'il adopte un né-moldu plutôt qu'il accepte que je revienne vivre sous son toit.
Je serrai sa main avec force.
- Narcissa ne le laissera pas te jeter à la rue.
Il grimaça, son regard fuyant tandis qu'il se dégageait de ma prise.
- Je ferais bien d'aller écrire une lettre à Anton, souffla-t-il. A plus tard, Maellyn.
Je le connaissais assez pour savoir que c'était sa façon de me demander de ne pas insister. Je le suivis du regard jusqu'à ce qu'il ait quitté ma chambre, puis je me laissai basculer sur le côté, les yeux fixés sur mon ciel de lit.
Merde.
…
Jeudi 28 Juillet 1995, Manoir Malefoy, Angleterre.
Lucius exultait et il n'essayait même pas de s'en cacher.
Assis sur le fauteuil en cuir de la bibliothèque comme s'il s'agissait d'un trône, il semblait avoir du mal à retenir le sourire – satisfait sans doute – qui faisait frémir ses lèvres.
Elle s'était montrée bien naïve en pensant que le retour du Seigneur des Ténèbres mettrait fin à ces enfantillages. Étant donné la trahison de Lucius, treize ans de cela, sa position dans les rangs des Mangemorts était précaire. Le Seigneur des Ténèbres pouvait très bien décider de le tuer pour ce qu'il avait fait, ou de l'envoyer dans une mission suicide. La seule façon d'éviter un drame était de se concentrer sur les ordres qu'Il lui avait donné et d'unir leurs talents.
Leur dispute à propos de Christopher était tout l'opposé de cela.
Elle frappa deux coups sur la porte pour le laisser savoir qu'elle était là.
Il reposa le son verre de scotch sur le guéridon à sa gauche.
Merlin, elle avait l'impression d'être une enfant dont le père s'apprêtait à lui donner une interminable leçon de morale.
- Tu voulais me parler, Lucius ?
Il lui désigna le fauteuil qui faisait face au sien. Elle s'y installa, le dos raide. Elle devait se faire violence pour ne pas sortir sa baguette magique pour lui lancer un maléfice.
- J'ai reçu une lettre de Thorfinn Rowle cet après-midi.
Elle força un sourire. Douce Circé, elle espérait qu'il souffrait encore des coups que lui avaient porté Christopher.
- Comment va-t-il ?
- Il a pleinement récupéré et il n'envisage pas de porter plainte contre Christopher.
Étant donné que cela risquait de se retourner contre lui – elle n'aurait aucun scrupule à témoigner des mauvais traitements que Christopher avait subi deux ans de cela –, ce n'était pas vraiment surprenant.
- C'est une excellente nouvelle, grinça-t-elle.
Lucius porta son verre à ses lèvres, ce qui lui arracha un soupir excédé.
- Peut-on en venir aux faits, Lucius ? Le traiteur pour le bal de Débutante d'Alya sera là dans un quart d'heure.
Cette fois, Lucius ne retint pas son sourire mauvais.
- Je peux encore changer d'avis, très chère.
- Dans ce cas, quel est l'intérêt de cette discussion ? J'ai passé l'âge de ce genre de jeux, Lucius. J'espérais que toi aussi, mais je me suis de toute évidence trompée.
Elle fit mine de se lever et Lucius se redressa.
- Très bien…
Il ménagea un silence, son visage lisse de toute expression et son esprit verrouillé, ce qui l'empêchait de deviner sa réponse.
- J'accepte que Christopher reste au manoir, mais j'ai des conditions.
Ce fut à son tour de rester impassible. Elle était prête à rendre sa vie très difficile s'il avait exigé qu'elle mette le garçon à la porte.
Ce qu'il savait pertinemment.
- Pour commencer, je veux qu'il cesse de s'entraîner avec Alya comme ils le font chaque jour. Tu aurais dû y mettre fin depuis longtemps de toute façon. C'est inconvenant pour une jeune femme de son âge.
Elle prit une profonde inspiration.
Évidemment.
Le problème n'était pas Christopher. Ou ce qu'il s'était passé lors de l'enterrement d'Euphémia. Non plus le fait que Maellyn s'entraînait au combat magique avec lui.
Le problème était qu'Alya avait cessé de s'écraser en sa présence, ce qu'il semblait incapable de supporter.
- Bien entendu, il ne nous accompagnera plus à aucune fête, y compris au Bal de Débutante d'Alya. Et c'est le dernier été qu'il passera avec nous.
Sa dernière condition lui fit plisser les yeux.
- Je serais très surprise que cela soit le cas, dit-elle.
Il ouvrit la bouche pour contester, ce qu'elle découragea en se levant.
- Christopher était, est et sera toujours le bienvenu sous mon toit.
Il eut un rictus.
- Tu es incapable de refuser le moindre caprice à ta filleule.
Elle salua sa remarque d'un éclat de rire moqueur. Parfois, il se montrait encore plus idiot que ce dont elle le pensait capable en général.
- Christopher n'est pas arrivé chez nous parce qu'il est l'ami d'Alya, Lucius. Il est sous ma protection parce que je refuse qu'il lui arrive la même chose qu'à mes cousins. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, je crois que le traiteur m'attend.
Je crois que Narcissa est vraiment convaincue qu'elle sera canonisée après sa mort pour tout le bien qu'elle aura fait au monde sorcier. Elle me fatigue un peu, parfois.
Bon, j'avoue que j'ai hâte d'avoir votre retour sur :
- Narcissa qui redécouvre les joies d'avoir un mari Mangemort (sans, semble-t-il, remettre en question le hobby du mari susnommé parce que chacun son truc, non?)
- Maellyn qui découvre les joies du footing et, surtout, le retour tant attendu de Chris ! (il ne manque pas qu'à vous, ce cher enfant!)
- La fête d'anniversaire de Draco (qui est une excellente occasion de développer un peu le personnage d'Astoria!)
- Le petit moment de choupitude absolue entre Maellyn et Chris juste après (vraiment, je les adore tous les deux!)
- Maellyn qui mouche Lucius avec brio (#Rebelle, #TelPèreTelleFille, #AdoTerrible)
- L'enterrement d'Euphémia Rowle (bon débarras!) et des coups de poings bien mérités (oui, la violence, c'est mal, mais maltraité des enfants aussi!).
Je suis encore loin de faire tout le tour de ce chapitre, alors n'hésitez pas à me dire quelle est votre scènes préférée.
FYI : J'ignore si le site fait des siennes (c'est pas impossible) ou si les habitués ont juste eu la flemme de laisser une review (ce que je peux comprendre) mais j'avoue que le petit nombre de reviews ne m'a pas non plus motivée à mettre jour. Au risque de me répéter, publier prend du temps, un temps qui m'est d'autant plus précieux que j'ai beaucoup de travail cette année et que j'ai donc moins de temps pour écrire. Si je n'ai pas de retours de votre part, ne vous attendez pas à ce que je maintienne l'effort de régularité de mon côté. Voilà.
D'ici la prochaine MàJ, n'hésitez pas à aller faire un tour du côté de Gravity, parce que mon cher Spin-Off fait partie intégrante de cette histoire !
Sur ces bonnes paroles, n'oubliez pas de me laisser une petite review avant de partir ! Sans déconner, ça prend littéralement deux minutes !
Orlane.
Mis à jour le samedi 22/01/2022
