Après plus de quinze minutes, Hanji sorti de sa cachette et s'étira. Elle avait enfin réussit à semer Hannes et Auruo. Elle avait eu peur que le Valgulfr lui donne du mal, mais une fois qu'elle s'était rendu compte qu'il adorait papoter avec ces congénères ou faire connaissance, il était facile de s'éloigner sans qu'il ne le remarque. Contrairement à Auruo qui la connaissait et savait détourner ses pièges. Jusqu'à ce qu'elle parle du commandant ou encore de Petra.
C'était trop facile.
Arrivant dans l'une des artères principale, elle sourit en voyant le monde qui l'animait. Quand elle était arrivée, quelques semaines auparavant, il n'y avait que peu d'âme qui y vivait et elle était ravie de voir que malgré la paix plus que récente, les Valgulfr et les Humain avaient trouvé le fil de l'entente.
Pas encore parfait, mais au moins, ils s'entendaient. La plupart d'entre eux étaient curieux quand à la manière de vivre de l'autre, c'était une bonne chose. Surtout pour Hanji qui s'amusait à questionner sur tout et n'importe quoi.
Elle huma tout ce qu'elle pouvait sur les différentes étales de nourriture, observa les tissus et vêtements que présentaient les magasins Valgulfr et passa un long moment à simplement examiner les passants.
Plus d'une heure s'écoula jusqu'à ce que Hannes arrive dans son champ de vision. Pestant contre les Valgulfr et leur odorat, elle s'éclipsa de l'artère Horizon, et s'engagea dans une ruelle adjacente.
Le nom de l'artère était assez simple quand on savait que c'était pour nommer celle qui traversait d'Est en Ouest la ville. Celle qui la traversait de Nord en Sud s'appelait la Verticale. Les Valgulfr avaient une simplicité dans leur coutume et dans le nom des choses qui étaient… étonnantes.
Les deux artères remises à neuf récemment se rejoignaient sur la grande place, où on trouvait le temple de Freya.
Hanji s'arrêta dans sa marche et se rendit compte d'une chose : Si elle voulait vraiment trouver la bonne planque, en tant qu'Humain, elle n'avait qu'à aller dans le temple ! Elle n'y avait mis les pieds qu'une fois et de ce qu'elle avait pu constater, mis à part Livaï, aucun de leur espèce n'osait y aller ! Ses gardes n'iraient pas la chercher là-bas et elle pourrait disparaître assez longtemps pour leur faire peur !
Dans un éclair de joie, elle reprit sa marche en sautillant.
Elle connaissait la ville comme sa poche, désormais et en était plutôt fière.
— Ellie !
Hanji s'arrêta et reçut de plein fouet une boule poil dans les jambes. Elle s'étala de tout son long et évita par miracle de tomber sur le louveteau.
— Oh par Freya ! Pardon ! Vous allez bien ? Ellie, bon sang !
Surprise, Hanji se releva vivement, la petite dans ses bras. Sa fourrure était d'une douceur incroyable, dans des tons jaune et gris.
— Waouh, t'es tellement douce !
La mère s'approcha, rassurée :
— Je suis désolée, ravie de voir que vous allez bien.
— Oh, oui, parfaitement !
Le louveteau passa dans les bras sa mère.
— Elle a quel âge ? demanda Hanji.
— Quatre ans le mois prochain, navré, vous ne devez pas avoir l'habitude…
Hanji réhaussa ses lunettes et se permit de gratouiller les oreilles du bébé.
— Effectivement, c'est la première fois que je vois un enfant sous forme de loup ! C'est trop chou~!
La mère rit un bon coup.
— Comme tout enfant, je suppose. Ils ont tendance à passer d'une forme à l'autre sans le vouloir, c'est difficile d'apprendre à maîtriser ses émotions et ses transformations, parfois jusqu'à l'âge de six ans, expliqua-t-elle.
— Oh… Donc après, ils sont capables de le faire que quand ils le veulent ?
— C'est ça, comme les adultes.
— Je pensais qu'il n'y arrivait que plus tardivement… fit-elle, songeuse.
Une expression douce, l'inconnue ajouta :
— Nous faisons en sorte qu'ils y arrivent rapidement, il n'est pas simple de vivre sous forme de loup continuellement et même si nous sommes capables de nous comprendre, les mots sont importants. C'est ce qui nous différencie des autres, après tout.
La réponse la déconcerta quelques secondes. L'inconnue en profita pour la saluer et s'eclipser.
— Hanji !
Auruo venait d'arriver dans la rue. Sortit subitement de ses pensées, elle se mit à courir et réussit à le perdre dans un dédale de rue. Elle en profita pour aller jusqu'à la place, animée par les enfants dans la fontaine et rentra dans le temple aussi discrètement qu'elle le pouvait. Ce qui était dommage ou bien très pratique, selon le point de vue, c'est qu'il n'y avait qu'une seule fichue entrée et bien visible de tous !
Elle alla jusqu'à la statue et se cacha rapidement derrière. Au moins, il faisait frais ici. Normalement, Auruo ne viendrait pas la chercher ici. Elle leva les yeux au ciel et fut surprise de constater une ouverture cloisonnée par du verre juste au-dessus de Freya et d'elle. Comment avait-elle pu la manquer la première fois ? Ah, avait-elle tant perdu que ça son sens de l'observation avec la paix qui se profilait ? Peut-être. Elle espérait que non, puisqu'elle avait quand même une ville entière à surveiller. Rien ne l'alarmait pour le moment et il n'y avait peut-être pas assez d'Humain pour que ce soit le cas, mais elle ne pouvait pas se relâcher.
Même si elle n'avait pas eu de nouvelle d'Erwin ces derniers temps et que rien ne la poussait à rester sur ses gardes. Elle espérait qu'il avait réussi à calmer les émeutes et à ramener un temps de calme dans leur propre pays… Et peut-être qu'elle devait avouer la raison de cette paix également à Eren. Enfin, du moins, expliquer ce qu'attendait le service médical du roi. Peut-être. Elle n'avait pas encore rencontrer de médecin Valgulfr, est-ce qu'ils en avaient, au moins ? Au vu de leur extrême résistance ainsi que de leur capacité de régénération, peut-être pas ?
Hanji soupira. Elle n'avait pas osé aborder le sujet, bien qu'elle avait papoté longuement sur leur force, elle n'avait pas demandé s'ils étaient sujet aux maladies ou autres. Cela semblait assez mal vu qu'elle s'intéresse à ça. Preuve en était, Eren et Livaï l'avait remis à sa place quand elle interrogeait des civils.
Dans une moue capricieuse, elle pesta. Qu'est-ce qu'elle était censé faire, au juste, hein ? Sans savoir ce qu'Erwin mijotait, elle était pieds et mains liées.
Un souffle lui caressa la joue.
Elle sursauta.
— Hanji, notre temple n'est pas un endroit pour se cacher, lança une voix depuis l'entrée.
Elle reconnut aisément Armin et l'entendit approcher. Il fit le tour de la statue à son tour et la rejoignit, les bras croisées.
— Auruo te cherche partout, ajouta-t-il.
— Mais pas Hannes, sourit-elle.
— Mais pas Hannes, et il va être remplacé s'il continue comme ça.
— Oh non ! Je l'aime bien, moi…
— Alors arrête de leur fausser compagnie.
Elle se leva et fit craquer son dos, avant de se tourner complètement vers le Valgulfr.
— Je suis tout le temps accompagnée depuis que je suis arrivée ! Vous me laissez jamais seule, c'est normal que je les laisse quelques heures, quand même, ronchonna-t-elle.
— Si tu évitais de te comporter comme une enfant, on ne t'aurait pas imposer ça. Tu es intenable et pour le moment, éviter l'incident diplomatique est plus important que tes états d'âme.
— Si froid.
Armin lui sourit, compatissant.
— Je sais que c'est dur mais tu es incapable de te tenir tranquille. Le Commandant nous avait prévenu, mais je ne pensais pas que ça pouvait être à ce point.
Elle grimaça et se défendit :
— Je suis juste curieuse ! On doit apprendre à se connaître, malgré tout, non ?
— Hanji…
— Quoi ?
Armin soupira et une nouvelle voix se fit entendre :
— Armin, Hanji est là ?
Petra s'avança de quelques pas et laissa ses yeux vagabonder dans le temple. Elle n'y était jamais entré, et elle ne se sentait pas du tout à sa place.
— Oui, on arrive.
Il jeta un œil à la femelle incrontrôlable et ils la rejoignirent.
— Dîtes, vous avez l'ouïe fine mais vous arrivez à entendre ce qui se passe dans le temple quand vous êtes à l'extérieur ? demanda soudainement Hanji en s'arrêtant.
Petra, à une dizaine de mètres d'eux, fronça les sourcils et se rapprocha.
— Pourquoi ? Il y a quelque chose dont tu veux parler en privé ? questionna Armin à son tour.
— Pourquoi tu réponds par une autre question ? Un oui ou non c'est trop difficile ? se plaignit-elle.
Petra observa à son tour le Valgufr, puis Hanji.
— Non, il est difficile d'entendre ce qu'il se passe ici de l'extérieur, soupira Armin après un moment : "Pourquoi ?"
— Ah j'aimerais bien demander quelque chose mais tu vas encore dire que je suis trop curieuse… Ou que ça se fait pas. Ou que je devrais me taire. Ou que je menace la paix.
— Hanji !
— Ok, ok… J'aimerais bien parler de vos transformations… Et pouvoir examiner vos corps ! Vous savez, vous êtes une merveille de la nature, sans parlez de votre force puisque j'ai pu discuter que de ça, vous êtes robustes, endurants, vous vous régénérez plus vite que nous et-
— Non, coupa Armin : "Aucun d'entre nous acceptera que tu le fasses."
— Roh, alors discuter avec un de vos médecins ! Vous en avez, non ?
— Un médecin ? Tu veux parler des personnes qui sont formées à nous soigner ?
— Oui ! Vous en avez !
— Pas vraiment. Nos druides s'en rapproche le plus, je pense. Mais il n'y en a pas ici et je n'ai aucun livre qui parlerait de médecine ou de nos pratiques à te prêter.
Abattue, Hanji maugréa et s'avachit au sol. Elle était dans une foutue impasse et elle ne savait même pas comment s'en sortir !
— Je n'arrive pas à croire que vous n'ayez pas emmener de médecin avec vous ! Et si vous vous retrouviez avec des maladies ou si quiconque se blessait ? Vous avez dû y penser, non ?
— On guérit plus vite en se transformant en loup et les anciens ont assez de compétence pour remettre un os en place ou savoir quelle plante utiliser.
D'un bond, Hanji se remit sur ses pieds et prit les mains d'Armin :
— Toi ! Toi t'es une biblitohèque ambulante alors tu dois en savoir plus que tu veux me le dire, pas vrai ?
Elle approcha tellement son visage qu'Armin n'eut d'autre choix que de détourner le sien, de peur qu'elle finisse par le coller.
— Je vais prendre cela pour un compliment et je n'ai rien à dire. Si tu veux te plaindre, fais-le à Eren.
Elle lâcha soudainement ses mains, frotta ses cheveux vigoureusement et lança plus fort qu'il ne le fallait :
— Comme s'il allait me dire quoi que ce soit, il est trop occupé avec Livaï ! D'ailleurs, pourquoi ils dorment dans le même pieux et cherche à le cacher, hein ? J'ai failli mourir pour u-.
Armin la fit taire brutalement. Les deux mains sur sa bouche, il la fixa d'un regard mi agacé, mi inquiet.
Le petit "Oh" de Petra, lui fit comprendre pourquoi. Elle se dégagea et ajouta :
— J'aurais pas dû dire ça, hein ?
Armin soupira.
— Ils sont amants ? s'exclama Petra, plus que surprise : "Mais… Non, alors quand je t'ai dis que je pensais qu'il…. Enfin, c'était Eren ? Un Valgulfr ? Armin, explique-moi !"
— Ils ne sont pas amants.
Pas encore, ajouta une petite voix intérieur. Il ignora sa propre remarque et continua :
— Je… Ce n'est pas à moi d'expliquer ça et ils sont encore en train de… De comprendre eux-même et de trouver leur équilibre alors, il fusilla Hanji du regard et lança dûrement : "on a pas besoin de faire quoi que ce soit où de leur ajouter des problèmes pour le moment. Interdiction d'en parler à qui que ce soit."
Elle éclata de rire sous les yeux atterrés d'Armin. Petra, dans la confusion, ne put que la regardait sans savoir que faire.
— Je peux savoir pourquoi tu rigoles ?
— Parce qu'avec une telle information, je suis sûre qu'Eren va me laisser l'examiner !
Soudainement terrifié, Armin comprit qu'Hanji, sous ses airs de folle, était beaucoupo trop maline.
Et à ce fait, il se crispa.
