Épilogue : Un Appel aux Armes
"Ce n'est pas plus stupide ou dangereux que d'autres trucs qu'on a fait," chuchota Fred, alors qu'ils se faufilaient discrètement par la porte de derrière.
"Si, ça l'est carrément," répondit George. "La boutique est surveillée ; elle l'est depuis qu'on a déguerpi."
"On doit aller dans la cave, on a besoin de plus de stocks. Ils n'ont pas trouvé l'entrée, s'ils l'avaient fait on l'aurait su. Et si les rumeurs que Papa a entendu sont vraies, les Mangemorts ont à se soucier de quelque chose de plus important que Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux aujourd'hui."
"On ne peut pas ramener le matériel ici," protesta George. "Si on essaie de monter un vrai système de production dans notre chambre, Muriel va vraiment nous tuer."
"On pourra se disputer plus tard, George," siffla Fred. "On doit partir maintenant, avant que qui que ce soit ne remarque qu'on a quitté la maison."
"Trop tard," leur dit Ginny en faisant un pas hors de la pénombre. "Je pense savoir à quel endroit vous essayez de filer."
"On prend juste l'air, Ginny," chuchota Fred. Sa sœur le fixa, suspicieuse.
"Ne fais pas de nœuds dans ta jolie petite tête à cause de nous," essaya George, utilisant son plus charmant sourire ; il regretta immédiatement son choix de mots. Ginny plissa les yeux, sortit sa baguette et souffla furieusement.
"Il faut juste que tu restes ici, Ginny, et que tu ne dises rien, s'il te plaît," implora Fred.
Ginny secoua la tête. "Choisis !" ordonna-t-elle.
"Choisis quoi ?" demanda Fred.
"Soit elle reste ici, soit elle ne dit rien," expliqua George.
"Tu ne peux pas venir avec nous, Maman nous tuerait," implora Fred.
Ginny croisa les bras. "Pas de chance, soit je viens avec vous et je garde le silence, soit je reste et je fais du bruit, voilà vos options. Moi aussi Muriel me rend dingue, vous savez."
"Ils sont partis depuis longtemps, tu en as conscience, hein ?" dit George à Ginny.
"Personne ne sait si c'était vraiment eux," observa Ginny, "mais Rogue a envoyé l'Épée de Gryffondor à Gringott, donc peut-être qu'ils en avaient vraiment besoin." Elle garda tristement ses frères. "J'aimerais qu'on ait réussi à la voler pour eux."
"Vous avez eu de la chance de vous en tirer avec seulement des retenues, avec ce vieil Assassinus Rogue aux commandes," lui dit George.
"Mais quand même, simplement arriver dans le Bureau du Directeur était un exploit," complimenta Fred. "On a jamais réussi."
"Rogue n'est pas Dumbledore," lui dit Ginny. "Le seul moyen que vous auriez eu quand Dumbledore était Directeur aurait été qu'il le veuille bien."
"On va devoir voler," Fred prévint sa sœur. "Il y a un sortilège Anti-Transplanage sur tout le Chemin de traverse, et on ne peut pas utiliser le Réseau de Cheminette, on se ferait repérer. Ça fait presque deux-cent cinquante kilomètres sur un balai."
"J'ai volé de Poudlard au Ministère sur un Sombral il y a deux ans," rappela Ginny à ses frères, "et je ne pouvais même pas voir ce maudit machin. Après ça, ce sera facile. En plus, vous avez besoin de moi, parce que j'ai quelque chose que vous n'avez pas."
"Quoi ? demanda Fred.
Ginny sortit une grosse clef de fer. "La clef de la remise à balais de Muriel," leur dit-elle prétentieusement.
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Fred gémit et démonta avec soulagement de son balai.
"Je crois qu'il y a quelque chose qui ne va pas avec ce sort de coussinage," dit-il en se frottant le fessier.
"Est-ce que c'était clairement inconfortable quand tu es monté dessus ?" demanda George à sa frère. "Ou est-ce que c'est juste devenu de plus en plus inconfortable à mesure que tu étais assis dessus ?"
"Qu'est-ce que tu as fait, George ?" sourit Ginny.
"Le sortilège Duro," dit George, "enfin, en quelque sorte. Je ne voulais pas que ce soit trop dur au moment où il est monté dessus, il l'aurait remarqué."
"Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ?" Fred paraissait blessé.
"Tu m'as laissé tout seul avec Muriel hier soir," rappela George à son jumeau. "Le balai n'était que l'échauffement. Ta vraie punition commencera demain ; je vais te faire souffrir, Fred."
Fred sourit malicieusement et se frotta les mains avec allégresse. "Je t'attends, petit frère."
"Attendez," ordonna Ginny, alors que les jumeaux se préparaient à sortir de l'allée où ils avaient atterri. "On va être reconnu, on a besoin de se déguiser."
Fred et George la regardèrent, attendant.
"Qu'est-ce que tu attends ?" demanda Fred.
"La Trace !" cracha Ginny, levant les yeux au ciel. "Fais-le, George, un charme de changement de couleur sur nos cheveux devrait suffire."
George tapota d'abord sa baguette sur la tête de Fred, puis sur celle de Ginny, et enfin sur la sienne. Leurs cheveux changèrent de couleur, de rouge à un brun très sombre. Un second tapotement supprima leurs tâches de rousseur.
Fred était impressionné. "C'est probablement le seul déguisement dont on ait besoin," dit-il. "Personne ne remarque quoi que ce soit à part la rousseur. La plupart des gens ne savent même pas de quelle couleur sont mes yeux."
"De quelle couleur sont tes yeux, Fred ?" demanda avec curiosité George.
"La même couleur que les tiens, évidemment," sourit Fred.
Les trois Weasley s'enveloppèrent de leurs capes. George releva la capuche de la sienne pour masquer ses oreilles. Le voyant faire, Fred fit de même. Ensemble, ils sortirent de l'ombre et s'avancèrent sur le Chemin de Traverse.
L'endroit était encore en pagaille, pire que jamais. Plusieurs sorcières et sorciers étaient dans la rue, réparant leurs boutiques ou observant simplement la scène. Au loin, les trois Weasley pouvaient voir une horde de Gobelins se tenir devant Gringott, beaucoup d'entre eux armés.
Ginny et les jumeaux passèrent lentement devant la banque endommagée. La façade était prête à s'effondrer. Plusieurs sorciers la retenaient par magie, pendant que les gobelins s'affairaient pour réparer les plus importants dégâts. Les immenses portes de métal gisaient, tordues et brisées, au milieu de la rue, propulsées hors de leurs cadres par une force colossale. Des gobelins armés agitaient leurs épées et leurs lances furieusement dès que la foule qui observait faisait un pas vers l'entrée. Les spectateurs bougeaient vers l'avant ou l'arrière sous leur influence.
Un Officier de Police à la barbe grise était maintenu à distance par les lances de plusieurs gobelins. Les jumeaux reconnurent le Shérif qui avait mené la fouille de leurs locaux quelques semaines plus tôt.
"Personne n'entre," cria un gobelin au Shérif. "Absolument personne."
"Qu'est-ce qui s'est passé ?" demanda George à un sorcière âgée en gardant sa tête baisée.
"L'Élu," déclara la sorcière, "il a cambriolé la chambre forte de Vous-Savez-Qui en utilisant un dragon et il lui a volé tous ses trésors."
"C'est pas ce que j'ai entendu," dit le sorcier à côté d'elle. "J'ai entendu dire que Vous-Savez-Qui avait enfermé Harry Potter dans une cellule, là dessous, et qu'il l'a torturé pendant des mois, mais Potter s'est évadé sur un dragon volé."
Une autre sorcière avait une histoire entièrement différente ; il était évident que personne ne savait réellement ce qui s'était passé.
"Merci," dit Fred. Ils partirent et reprirent leur chemin en direction de la boutique.
"C'est une bonne chose qu'on sache où Harry était jusqu'à ce matin," dit George à Ginny, la serrant contre lui tout en s'éloignant de la banque. "Je me demande ce qu'ils faisaient vraiment. S'introduire dans Gringott, et s'échapper sur un dragon," sa voix était un murmure de vénération, "Est-ce qu'on peut faire plus impressionnant ?"
"Avec un peu de chances," dit Fred, "les Mangemorts seront trop occupés à pourchasser Harry pour se soucier de surveiller notre boutique."
"Oh," dit tristement George quand ils approchèrent de leur boutique. C'était la ruine résultant d'un bombardement de sortilèges. Plusieurs murs alentours portaient toujours des graffitis rose vif 'Soutenez Harry Potter', et il semblait que personne ne surveillait l'endroit.
"Attendez," siffla Ginny alors que Fred marchait prudemment en direction de la porte d'entrée. Elle tira sur une chaîne d'argent autour de son cou, et sortit son Gallion de l'AD. de l'intérieur de ses robes. Les jumeaux la regardaient avec curiosité.
"Il chauffe quand un message est envoyé," leur rappela Ginny. "En le gardant contre ma peau, je vois les messages immédiatement."
"Lumos," murmura-t-elle. Se yeux s'illuminèrent lorsqu'elle lut.
"Qu'est-ce que ça dit ?" demanda Fred.
"Ça vient de Neville," dit-elle à ses frères, avant de lire le message à haute voix. "'Il est à Poudlard. On va se battre. Bar Tête de Sanglier'."
Les jumeaux crièrent de joie.
"Allons-y !" dit Ginny, agrippant ses frères.
"Pas si vite, Ginny," dit George. "On doit s'assurer que tous les autres soient mis au courant. On ne porte pas tous nos Gallions contre notre peau, tu sais."
"Le Chaudron Baveur," suggéra Fred, "il y avait deux Mangemorts devant Gringott. On sait où est Harry, mais ils ne le savent pas, pas encore. Il y en a toujours quelques uns au Chaudron. On devrait être capable de les coincer sans qu'ils s'y attendent."
"Je vais remettre la couleur de nos cheveux avant qu'on y entre," dit George. "On est des Weasley, et fiers de l'être, maintenant. C'est fini le temps de ruminer et de se cacher."
"Mais..." commença Ginny.
"On va se battre, sœurette," lui assura George.
"Mais on va lui amener une armée," ajouta Fred. "George, tu contactes Lee, il pourra diffuser la nouvelle. Je contacte Kingsley."
Deux singes Patronus identiques bondirent des baguettes des jumeaux.
"Parfait," dit Fred, "il est temps d'emmener notre sœur mineure au pub."
"Je ne pense pas que maman serait très contente si on le faisait," sourit George.
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Ils avaient leurs baguettes en main quand ils arrivèrent prudemment et silencieusement à la porte du Chaudron Baveur. Le bar était animé, ils pouvaient le remarquer au bruit. Ils ouvrirent la porte de manière à ce que seul le comptoir soit visible. George retint la porte entrebaillée, les masquant de la salle, jusqu'à ce que Hannah tourne la tête pour voir pourquoi personne n'était entré.
"Mangemorts ? articula George.
"Six," articula Hannah en retour. Il y eut une soudaine agitation et elle secoua la tête, mimant quelqu'un en train de vomir et articula 'quatre'.
"La serveuse a empoisonné nos verres," cria quelqu'un.
Ginny et les jumeaux se précipitèrent dans la salle au moment où Hannah sortait sa baguette et que le vieux Tom plongeait derrière le bar. Quatre personnes étaient assises à une table dans le coin près de la sortie vers le monde Moldu, trois sorciers et une sorcière. Aucun n'était vraiment âgé, tous semblaient avoir la vingtaine. Deux de plus, un homme et une femme, étaient agenouillés par terre, tous deux se tenant le ventre, secoués de hauts-le-cœur incontrôlables, et tous deux étaient couverts de leurs propre vomissures. Une grande sorcière aux cheveux noirs lança un sort de Stupéfixion sur Hannah, que la barmaid détourna aisément.
Le premier sort de Stupéfixion de Hannah fut détourné par un homme ressemblant à un paresseux, mais l'arrivée soudaine de trois Weasley attira l'attention des Mangemorts. Ginny visa la Mangemort qui avait attaquée Hannah ; Fred et George crièrent simultanément.
"Derrick," cria joyeusement George.
"Bole," hurla Fred avec allégresse.
Chacun lança un sort de Stupéfixion à leur cible choisie. Les deux jeunes hommes aux faux-airs de gorilles furent propulsés contre la paroi séparant leur table de la suivante, qui s'effondra partiellement sous leur poids combiné.
"Stupefix," crièrent ensemble Hannah et Ginny, et l'homme à l'air de paresseux fut propulsé contre le mur.
La seule Mangemort encore debout, la sorcière aux cheveux noirs, essaya de s'enfuir. Elle glissa sur la flaque de vomi et tomba par terre. Après plusieurs cris d' 'Incarcerem', les quatre, plus les deux vomissant par terre, furent fermement ligotés.
"Du Sucre Péticœurant," répondit Hannah à la question que Fred n'avait pas posée en souriant. "Je ne me sentais pas d'essayer de m'en prendre aux six en même temps. J'aurais sûrement réussi à m'occuper de ces quatre là sans votre aide."
"Tu as eu le message, donc ?" demanda George. Hannah hocha la tête et sortit un Gallion de son décolleté. Les quatre membres de l'Armée de Dumbledore se sourirent. Le pub était devenu silencieux durant le combat, mais maintenant le murmure de conversations s'éleva, à mesure que ses occupants relevaient prudemment la tête de sous leurs tables.
"Tina Jackson," sourit Fred, repérant une tête rousse jeter un coup d'œil de derrière une table. Le jeune homme costaud qui l'accompagnait leva sa baguette.
"Et Bailli Jenkins," ajouta George.
"Ne dites rien," conseilla Hannah. Fred l'ignora.
"Harry Potter est à Poudlard, on va l'aider," annonça Fred. "Qui vient avec nous ?"
"Harry Potter est à Poudlard ?" répéta le jeune Bailli. Ses yeux s'illuminèrent.
"Que tout le monde reste calme," annonça-t-il. "Je suis Bailli de la Police Magique. Je place en état d'arrestation ces six là," ils indiqua les Mangemorts ligotés, "pour..."
"Être très laids ?" demanda George avec espoir.
"Ça n'est pas plus un crime que de jouer au plus main avec un Officier de Police," sourit Jenkins.
"Ivresse et Incapacité," corrigea Jenkins. "Ils ne m'avaient pas l'air très capables de toute façon."
Fred et George rirent. "On vous paiera un verre, quand tout ça sera terminé," promit Fred.
"Je les emmène en cellule," leur dit Jenkins, et je ferais mieux d'appeler du renfort, si vous êtes certains que Potter est à Poudlard, la Police Magique va être nécessaire."
Ginny souffla furieusement, mais Fred retint son bras armé.
"Je sais à qui je peux faire confiance," dit Jenkins. "Nous sommes de votre côté, mais comment est-ce que nous pourrons rentrer dans l'école ?"
"Laissez-moi me soucier de ça, Bailli," tonna une voix grave depuis la porte. Kingsley Shacklebolt était entré en silence dans la pièce. Il était suivi d'une douzaine d'Aurors en robes bleues, leurs baguettes tirées. Ils observaient tout le monde attentivement. "Dominic, Ottilia, aidez le Bailli avec ses prisonniers, et arrêtez le Shérif, si vous pouvez le trouver."
"Il était devant Gringott il y a dix minutes," dit George.
"Merci George." Les yeux de Kingsley surveillaient rapidement toute la pièce ; Ginny ne l'avait jamais vu aussi concentré. Le Bailli et les deux Aurors firent léviter les individus ligotés vers la porte ; elle s'ouvrit à la volée et Lee Jordan se précipita à l'intérieur, baguette en main.
"Royal," dit-il quand Kingsley tourna sa baguette pour le menacer. "C'est moi, Rivière, et ça c'est Rapière." Il pointa vers Fred. Kingsley baissa sa baguette.
"Fred, George," hurla Lee, "ça fait tellement plaisir de vous voir." Il coupa les salutations effusives des jumeaux et se tourna vers Kingsley. "J'ai fait l'enregistrement, Alicia est occupée à le mettre en diffusion en boucle permanente, elle utilise nos trois émetteurs à des endroits différents. Il leur faudra des heures avant qu'ils ne puissent tout arrêter. Katie et Olivier vont l'aider ; ils seront ici dès que ce sera fait."
Il avait à peine fini de parler quand un ours Patronus bondit dans la pièce.
"Shacklebolt," dit l'ours d'une voix sourde et résonnante, "ici Robards, j'espère que ce foutu sort marche correctement. On a sécurisé la Régie Autonome des Transports par Cheminées, il ne reste presque personne au Ministère. Le jeune McLoughlin me dit qu'il sera capable de garder la connexion de cheminette ouverte aussi longtemps que votre réserve de Poudre de Cheminette durera, à moins qu'ils ne soient attaqués et submergés, ce qui semble peu probable. Bonne chance."
"Après avoir reçu un message secret, la plupart des amis de Harry Potter vont Transplaner dans le Bar de la Tête de Sanglier," annonça Kingsley au clients du pub silencieux et surpris, "mais des dizaines de personnes Transplanant dans un petit bar peut être dangereux, donc le Bureau des Aurors a décidé d'établir une connexion par cheminée à partir d'ici. J'attends encore plusieurs de vos amis," dit Kingsley aux Weasley, "et vos parents et vos frères. Qui veut y aller le premier ?"
"J'attends Justin," annonça Hannah, "il sera là rapidement ; il est juste allé chercher Colin."
"Allez, les gars," sourit Lee, "vous ne voudriez pas rater le meilleur."
Il s'avança dans les flammes vertes vacillantes suivi de Fred, Ginny et George et émergea dans la salle miteuse de la Tête de Sanglier.
"En haut," grommela Aberforth Dumbledore, indiquant du pouce une porte, "et à travers le portrait au dessus de la cheminée."
"Ça," dit joyeusement Fred, tandis qu'ils montaient les escaliers, "ça va être amusant."
FIN
